Dossier d’œuvre architecture IA06002523 | Réalisé par ;
Aliotti Jean-Marc (Enquêteur)
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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  • recensement du patrimoine balnéaire
Casino municipal, puis casino Kursaal, actuellement édifice culturel dit Palais de l'Europe
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Menton
  • Commune Menton
  • Adresse 8 avenue Boyer
  • Cadastre 2013 BK 141
  • Dénominations
    casino
  • Appellations
    casino municipal, casino Kursaal, Palais de l'Europe
  • Destinations
    théâtre, bibliothèque, galerie d'art, syndicat d'initiative
  • Parties constituantes non étudiées
    théâtre

Composition d'ensemble

Le casino développe les 75 mètres de sa façade principale le long des Jardins Biovès. Il occupe un espace approximativement carré avec quelques irrégularités dans l'angle nord coupé par les immeubles de la rue Partouneaux préexistants, et une excroissance au sud-est. Il se signale par sa monumentalité et la régularité de ses volumes en décrochements et de sa façade sur trois niveaux. Le premier niveau, ouvert sur un portique, et le deuxième niveau, rythmé par de grandes fenêtres en plein cintre, sont interrompus dans la partie centrale par les grandes arcades qui donnent accès à un espace (hall) longé par une galerie à l'étage. Au troisième niveau, l'avant-corps central et les ailes latérales sont percés des mêmes baies en plein cintre qu'au niveau inférieur mais de proportion moindre. L'ensemble est unifié par une frise ornée de guirlandes de fruits et de fleurs et par une corniche à modillons. les deux travées de part et d'autre du corps central sont couronnées d'un fronton cintré. La toiture est masquée par une balustrade de couronnement.

Vue d'ensemble.Vue d'ensemble.

C'est un édifices d'inspiration classique, aux proportions harmonieuses, où les lignes priment sur le décor, avec un équilibre entre les horizontales et les verticales, rythmé par le jeu des ouvertures. Les grandes arcades sans décor ouvrant sur le hall extérieur lui conférent un élément de modernité.

A l'intérieur, l'espace central est occupé par les circulations, halls, paliers, escalier d'honneur, ascenseur. Au rez-de-chaussée se trouvent des bureaux et des locaux de stockage à l'arrière. Aux étages, les salons qui abritaient les diverses salles de jeux et de divertissement donnent sur la façade antérieure, certains ouvrant sur les terrasses. Au nord, une vaste salle à l'italienne sur la hauteur de deux étages est l'ancienne salle de bal. Des piliers délimitent des galeries sur les quatre côtés. Ils soutiennent un entablement à décor de denticules et modillons. Cette salle est éclairée par des fenêtres au nord et par une grande verrière ovale. Dans les combles, cela correspond à un toit à longs pans vitré soutenu sur une charpente métallique reposant sur des supports en pierre. L'escalier d'honneur, tournant autour d'un jour, à trois volées droites, est protégé par une rampe en fer forgé à motifs de rouleaux à noyau plein. Le sol des paliers est revêtu de mosaïque de marbre à motifs géométriques réalisée lors de la restauration.

Escalier principal. Hall du premier étage.Escalier principal. Hall du premier étage. Deuxième étage. Salle de Grande-Bretagne. Vue prise en direction du sud-est.Deuxième étage. Salle de Grande-Bretagne. Vue prise en direction du sud-est.

Le théâtre

Le théâtre occupe le quart nord-est de l'ensemble. Il se développe sur l'ensemble des étages. C'est un théâtre à l'italienne composé de deux balcons surplombant l'orchestre et un parterre. De part et d'autre de la scène se trouve une travée de loges d'avant-scène à l'encadrement monumental. A l'origine, l'inclinaison du plateau pouvait varier grâce à une machinerie.

L'ensemble présente un décor en haut-relief, en plâtre, inspiré de la première moitié du 18e siècle. Certains éléments sont rehaussés à la peinture doré. La frise qui souligne le premier balcon alterne des visages masculins et féminins,de trois-quart, des masques de théâtre et des bouquets de fleurs reliés par des guirlandes. Celle du deuxième balcon est composée de coquilles. Les loges d'avant-scène sont les plus ornées. Le garde-corps de la loge inférieure est compartimenté en tableaux séparés par des chutes de perles. Au centre figure une acanthe en fleurs. Ce décor est souligné par une file de piastres. La frise du premier balcon se poursuit au bas de la loge centrale. La travée est couronnée par une grosse agrafe en lyre ornée d'une coquille. Dans les écoinçons figurent des visages de personnages barbus tous différents. L'ouverture de scène est encadrée d'une moulure ornée de feuilles de chêne et d'agrafes.

La salle est en partie couverte d'une coupole surbaissée en béton, masquée par une toile ou du carton peint, cernée par une moulure à guirlande de fleurs et une moulure de feuilles de laurier tenues par des rubans. Au centre se trouve un plafonnier rond à pampilles en forme de demi-montgolfière entouré de rayons biseautés.

Théâtre. Loges d'avant-scène et balcons côté cour.Théâtre. Loges d'avant-scène et balcons côté cour. Théâtre. Premier balcon. Décor de visages et de masques de théâtre en haut-relief néo-18e siècle.Théâtre. Premier balcon. Décor de visages et de masques de théâtre en haut-relief néo-18e siècle.

Théâtre. Loge d'avant-scène côté jardin. Décor sculpté : lyre cantonnée de personnages barbus. Détail.Théâtre. Loge d'avant-scène côté jardin. Décor sculpté : lyre cantonnée de personnages barbus. Détail.

Le casino municipal construit en 1909 fait suite à d'autres salles de jeu aménagées à Menton à partir de 1848 dont le Cercle des Étrangers (1859), actuel hôtel de ville. Sa construction s'inscrit dans un processus de modification de l'image de la ville au début du 20e siècle. Il s'agit de substituer au tourisme thérapeutique une villégiature de luxe et de plaisir. La réussite du casino de Monte-Carlo voisin incite la ville à élaborer le projet d'un nouvel édifice à construire en bordure des jardins du Carei, promenade de prestige à l'articulation entre les quartiers du 19e siècle et le nouveau quartier de la Condamine alors en pleine expansion. La construction a lieu en 1908 sur des plans (1906) de l'architecte danois Hans-Georg Tersling, installé à Menton depuis 1887 et déjà auteur de nombreuses réalisations réputées. Sur un pilier d'une arcade extérieure se trouve l'inscription G. TERSLING Architecte 1909. C'est le premier bâtiment de la ville entièrement équipé à l'électricité. La demande d'ouverture des jeux au public (baccara, chemin de fer, whist, petits chevaux) est déposée le 8 décembre 1909. Avec ses 38 mètres de façade et ses vastes espaces dédiés à plusieurs sortes de divertissements, l'établissement est l'un des plus grands construits alors sur la Côte d'Azur. Hormis les jeux, un théâtre accueille des spectacles de ballets ainsi que toutes les plus grandes vedettes du music-hall. On y trouve un salon de lecture et de correspondance, un restaurant, une salle de bal et surtout, pour attirer une clientèle plus jeune et plus sportive, une salle de roller skating où l'on peut patiner de 8h à 12h accompagné par la musique d'un orchestre.

Cet âge d'or ne dure que très peu de temps car les casinos et les jeux sont interdits au début de la guerre. Comme tous les grands bâtiments, le casino est transformé en hôpital militaire de 400 à 800 lits selon les moments. Il ne retrouvera jamais sa splendeur d'antan après-guerre, miné par des scandales et une mauvaise gestion. Il subit aussi la concurrence du nouveau casino du bord de mer construit en 1933, avec sa piscine et son solarium. Pendant l'occupation italienne (1940-1943), il sert d'entrepôt et on y organise des combats de boxe.

Il est acquis par la ville par voie d'expropriation en 1959 en vue de la création d'un palais des congrès et d'expositions. Bénéficiant d'une indemnité au titre des dommages de guerre, il est l'objet de grands travaux en 1960. L'escalier extérieur à volée double qui montait à la galerie du premier étage est alors détruit. Le théâtre est réaménagé en 1969. L'ensemble porte alors le nom de Palais de l'Europe. De grands travaux de restauration ont été réalisés pendant la décennie 2000.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , porte la date
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1909, porte la date
    • 1960, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Tersling Hans-Georg
      Tersling Hans-Georg

      Architecte né au Danemark, Hans-Georg Tersling est diplômé de l'Académie royale des Beaux-arts du Danemark en 1879. Il s'installe à Menton (06) en 1887 et réalise la plus large partie de ses œuvres sur la Côte d'Azur. Il crée de nombreux palaces et plusieurs villas de prestige. Il est considéré comme l'un des principaux architectes de la Belle Époque sur la Riviera. Il est entre autre l'auteur de la villa Cyrnos (1892) et du Grand Hôtel (1890) de Roquebrune-Cap-Martin, du Château Malet à Cap d'Ail (1894, de l'hôtel Bristol (1898) à Beaulieu-sur-mer, du Palais Masséna (1900) à Nice et à Menton de l'église russe (1892), du casino Kursaal (1909) de l'agrandissement du Palais de Carnolès (vers 1900) et de l'hôtel Impérial (1911).

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      architecte signature

Le casino est construit en béton armé enduit avec des éléments en pierre de taille. Les toits sont couverts de tuiles plates mécaniques. L'ancienne salle de bal est en partie couverte d'une verrière.

  • Murs
    • béton béton armé enduit (incertitude)
  • Toits
    tuile plate mécanique, verre en couverture
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés, étage de comble
  • Couvrements
    • coupole
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Autres organes de circulation
    ascenseur
  • Typologies
    plan-masse composite ; volumétrie régulière ; élévation avec axe ; caractère éclectique
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • sculpture
    • ferronnerie
    • mosaïque
  • Représentations
    • lyre, faune, homme, femme, masque de théâtre, coquille
    • volute
    • ornement géométrique
  • Précision représentations

    Les loges et les garde-corps des balcons du théâtre présentent un décor sculpté représentant des lyres, des faunes, des visages masculins et féminins des masques de théâtre et des coquilles.

    La rampe de l'escalier principal est en ferronnerie à motifs de rouleaux à noyau plein. Le sol des paliers est revêtu de mosaïque de marbre à motifs géométriques.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Éléments remarquables
    théâtre, élévation

Documents d'archives

  • Indemnités des dommages de guerre à Menton. 1946-1958. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 0001 W 0510.

    Société anonyme du Kursaal casino devenu le palais du tourisme (1961). 6 cartes postales, prospectus, 12 plans, 5 photos.
  • Acquisition du Kursaal-Casino, à Menton. 1959. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 0047 W 0004.

    Acquisition par voie d'expropriation en vue de la création d'un palais des congrès et des expositions.
  • Palais de l'Europe. Menton. 1969. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 0188 W 0006.

    Aménagement du théâtre (1ère tranche) : mémoire explicatif, devis, plans, cahier des charges.

Bibliographie

  • Travaux de la Région. Casino avenue Boyer. Dans : La Construction lyonnaise, tome 22, n° 8 avril 1906, p. 92 et n° 16 août 1906, p. 189.

  • GORZALA, Dominique. L’épopée des casinos de Menton de 1848 à 1934. <URL : https://www.departement06.fr/documents/Import/decouvrir-les-am/recherchesregionales200_08.pdf>

Date d'enquête 2013 ; Date(s) de rédaction 2013, 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Aliotti Jean-Marc
Aliotti Jean-Marc

Architecte du patrimoine. Prestataire extérieur pour l'opération de repérage du patrimoine de la villégiature de Menton en 2013-2014, de Beausoleil (06) et de Roquebrune-Cap Martin (06) en 2016 et 2017, de Nice en 2017.

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