Dossier d’œuvre architecture IA83001478 | Réalisé par ;
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie dite tour de l'Hubac
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Var
  • Commune Toulon
  • Lieu-dit Mont Faron
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    tour de l'Hubac
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

Au pied de l’éperon rocheux dit « Barre de l’Hubac », qui forme une protubérance au nord-ouest du Mont Faron, existait un épais mur de retranchement apparemment en pierres sèches, avec chemin de ronde, descendant vers la vallée de Dardennes. D’après certaines sources, jugées fiables lors des recherches sur l’origine des propriétés militaires sur le Faron effectuées en 1855, la construction de ce mur de retranchement, alors abandonné de longue date (mais qui ne sera aliéné du domaine militaire qu’en 1881), daterait de 1744 1. Cependant, il semble plutôt correspondre à un retranchement en pierre sèche réputé construit, d’après d’autres sources, sur la pente ouest du Faron, descendant vers la vallée, à l’occasion des travaux d’urgence entrepris en 1746 par le maréchal de Belle-Isle, dans le cadre d’un programme général de remise en état de défense de la place forte de Toulon.

Un premier projet pour une tour sur la Barre de l’Hubac est validé dans son principe par le Comité des fortifications en 1842, avec un schéma de plan sommaire. Il est ajourné et n’est plus à l’ordre du jour en 1843, une autre tour avec batterie étant alors projetée sur la hauteur de Lesteau, nettement au-dessus, à mi-distance à vol d’oiseau entre la barre de l’Hubac et la tour Beaumont.

Le « Plan d’ensemble des différents ouvrages de la route militaire du Faron » dessiné le 31 mai 1843 sous la direction du lieutenant colonel Dautheville, chef du génie de Toulon 2, qui figure les ouvrages en place comme les ouvrages projetés, n’indique qu’un projet insignifiant. Il s’agit d’un mur de retranchement barrant un étroit et raide passage étranglé entre la Barre de l’Hubac, laissée inoccupée, et les escarpements ouest du Faron qui règnent au sud sur 200m, jusqu’à la Barre du Bau de Midi, où est un passage plus praticable à l’ennemi, le Pas du Bau de Midi. En ce dernier point, situé en marge à l’est des lacets de la route militaire du Faron, entre le fort du Grand Saint-Antoine à la tour Beaumont, est projeté un autre retranchement en forme de rempart ou de mur fossoyé face au nord. A partir de ce même point, le plan figure, en contrebas, le tracé en projet d’un retranchement au tracé tenaillé long de plus de 300m, qui rejoindrait l’angle nord-est du fort du Grand Saint-Antoine. Vue générale sud, depuis le chemin d'accès.Vue générale sud, depuis le chemin d'accès.

Cependant, l’article 19 des projets pour 1844, présenté par le chef du génie Dautheville et dessiné par le capitaine Noël 3, propose un dispositif plus ambitieux dans ce secteur. La première pièce est un retranchement fermant le Pas du Bau de Midi, plus long que celui dessiné en 1843, et défendu par une imposante tour crénelée. Le même article propose la mise en place simultanée d’une batterie retranchée sur la barre de l’Hubac. Les deux ouvrages projetés sont desservis par le même chemin sinueux longeant le versant ouest de la montagne, qui, partant d’un lacet de la route du Faron, traverse d’abord le retranchement sous la surveillance de la tour, puis aboutit à la batterie. Cette dernière prend la forme d’une petite enceinte maçonnée compacte, bâtie à flanc de rocher, étagée en trois paliers ; l’enceinte principale est de base presque carrée, les revêtements de ses trois côtés étant en retour d’angle droit. Elle est subdivisée en deux terrasses étagées dans le sens de la pente, reliées par une rampe, et complétée, sur un rocher dominant immédiatement à l’est, d’un quartier haut de plan plus organique avec mur d’enveloppe sur l’avancée arrondie du rocher surplombant le chemin d’accès, qui tourne à gauche pour descendre vers la porte de la batterie, ménagée dans la terrasse basse. C’est dans l’enceinte de ce petit quartier haut que sont prévus le magasin et le corps de garde, bâtiments sommaires. Il s’agit donc d’un projet de batterie sans réduit défensif. Les auteurs du projet ont apporté plus d’intérêt à la tour qu’ils proposent sur le retranchement du Bau de Midi, dont la forme carrée et la configuration (structure interne quadripartite voûtée, bretèche au milieu de chaque face) sont nettement inspirés d’une tour-modèle n° 2 (pour 30 hommes) du type défini en 1811.

Le rapport d’inspection du lieutenant général Daullé en 1844 considère que le Bau de Midi, où passe le chemin carrossable montant du fort Saint-Antoine à la Tour Beaumont, peut être occupé par un corps de garde défensif pour 30 hommes (plutôt que par une tour tel que projeté), tandis que la batterie de l’Hubac, dont le corps de garde du Bau de Midi garderait le chemin, est admirablement placée et doit être aménagée en priorité. Sa position permet de battre de près le fond de la vallée au tournant nord-ouest du Faron au débouché de la vallée de Favière, tout en découvrant les pentes qui accèdent au Pas de Leydet, et celle de toute la droite du fort du Grand Saint-Antoine. De l’avis du général Daullé, ce site doit donc être occupé par une batterie avec logement pour 50 hommes, et chemin d’accès pour hommes et mulets.

Le chef du génie Corrèze, ancien capitaine devenu chef de bataillon et promu à la suite de Dautheville, estime en outre que cette batterie est aussi bien placée pour défendre le Pas de Lesteau, et le chemin entre le fort Saint-Antoine et le Bau de Midi. En conséquence, s’il faut se borner en 1845 au lancement de la construction d’une seule tour, en plus des travaux de la Tour Beaumont et du Fort Saint-Antoine, une tour crénelée associée à la batterie de l’Hubac et lui servant de réduit doit être préférée à celle proposée sur le Bau de Midi. Le chef du génie estime qu’il faut un chemin de 3m de largeur et non un simple sentier muletier pour desservir cette batterie à tour, et pour faciliter tant la construction que l’armement ; cet aménagement, jugé prioritaire, est estimé à 2500 fr

L’article 8bis du projet de 1845 marque donc un changement radical par rapport à celui de 1844 ; il s’agit désormais de « construire une tour et une batterie sur la barre de l’Hubac avec chemin de communication au fort du Grand Saint-Antoine », sur un budget estimatif de 42.500 francs, dont 29.000 demandés pour l’exercice 1845 4. Ce libellé montre accessoirement l’interdépendance défensive de la batterie de l’Hubac et de celle du fort du Grand Saint-Antoine, qui sont en co-visibilité à portée utile de canon.

Rédigé et dessiné par le capitaine Quiot, le projet 1845 de la batterie et de la tour de l’Hubac diffère du croquis annexé à l’avis du Comité de 1842. Le diamètre de la tour a été augmenté de 2,70m. On a remplacé la voûte en coupole centrale contrebutée par dix voûtes rayonnantes, inspirée du projet de 1842 pour la tour du Pas de la Masque 5, et du principe de voûtement radiant de la tour Beaumont, par une « voûte annulaire en ogive » sur laquelle est établie la plate-forme, autour d’une tourelle d’escalier centrale. La capacité d’hébergement est portée de 27 à 40 hommes. Des caves sont réservées en soubassement pour un magasin à poudres, un logement d’officier et une citerne de 36 m3 (36.160 litres). Pour ce qui est de l’apparence extérieure, la tour, caractérisée par le même type de mâchicoulis sur arcades que celles de la Croix-Faron et Beaumont, mais appliqué à un plan complètement circulaire, continue de ce fait à ressembler beaucoup, au projet 1842 de la tour du Pas de la Masque (abandonné en 1843 pour une tour type Beaumont, puis en 1844 pour la caserne défensive réalisée). La tour de l’Hubac est donc en quelque sorte l’avatar d’un modèle proposé en deux emplacements différents en 1842, et dont le dessin était déjà l’œuvre du capitaine Quiot.

Le plan de la batterie, en revanche, reprend celui, carré, à deux terrasses en gradin, proposé en 1844, en ajoutant aux deux angles de la terrasse basse des échauguettes polygonales à cul-de-lampe (du type de celles proposées simultanément pour la caserne défensive du Pas de la Masque), et en supprimant le « quartier haut ». Un petit bâtiment à usage de cuisine est proposé au milieu de l’aire de la terrasse basse. La tour est implantée, non sur le rocher à l’emplacement de ce quartier haut, mais en enclave dans la terrasse haute de la batterie, face au chemin d’accès. Ce chemin, tel que projeté, se divise en deux branches aux abords de la batterie, car deux accès avec pont-levis sont proposés, l’un, conforme au parti de 1844, par la terrasse basse de la batterie, accessible après une descente en courbe contournant le pied fossoyé de la tour par la gauche, l’autre par la terrasse haute, suivant l’axe du chemin principal sans remonter, à droite de la tour.

Le plan d’ensemble du projet indique sur le Pas du Bau de Midi non plus un retranchement, mais une autre tour, également circulaire, dont le détail n’est pas donné. Elle ne sera pas réalisée, mais un petit corps de garde très sommaire, non casematé mais crénelé sera implanté dans un lacet du chemin d’accès, au droit du Pas du Bau de Midi. Il en reste aujourd’hui des vestiges défigurés par une amorce de restauration.

L’atlas des bâtiments militaires de 1875 comporte une planche de plans sur le « casernement de la tour de l’Hubac » 6, qui montre une exécution conforme dans l’ensemble au projet de 1845, à peu de détails près, comme le remplacement des échauguettes polygonales de la batterie par de minces tourelles carrées (effectivement proposé comme alternative au projet sur une retombe de la planche de plans de 1845), ou le remplacement des jours des caves de la tour par des créneaux. D’autres améliorations ont été apportées au système défensif interne : une seule porte d’entrée à pont-levis a été retenue, la plus directe, passant par la terrasse haute, et la tour bénéficie d’une poterne dérobée débouchant dans le fossé sous le pont-levis. La légende du plan de 1875 donne à la tour une capacité d’hébergement de 30 hommes, alors que le colonel Quiot en annonçait 40 dans son projet de 1845.

Ce document ne comporte pas d’indications sur l’armement de la batterie, mais le personnel maximum pouvant être logé dans la tour, conçue d’origine comme un réduit de batterie (et intégrant à ce titre un magasin à poudres) permettait le service de six pièces d’artillerie. Cependant, dans les faits, la batterie de la tour de l’Hubac parait n’avoir jamais reçu plus de deux canons. C’est le chiffre donné dans un état non détaillé des bouches à feu armées de la place de Toulon, en date du 30 juin 1847 7. Ce chiffre est confirmé en 1891 par un rapport de la délégation des comités techniques de l’artillerie et du génie 8 et par un état de l’armement en 1903, lesquels précisent qu’il s’agit de deux pièces de campagne rayées de calibre 5 sur affûts de siège et place 9 (sur roues en fer).

Après une phase d’abandon, la tour a été utilisée comme blockhaus durant la seconde guerre mondiale, d’où quelques remaniements ponctuels : chemisage-blindage partiel en béton de son mur circulaire côté terrasse haute de la batterie, modification des créneaux du même côté, percée de six fenêtres de tir à la place de créneaux vers l’ouest/sud-ouest, reprise de la poterne, rétablissement du pont d’entrée.

Depuis quelques années, la tour a été rachetée par un particulier n’habitant pas Toulon, dont les efforts de restauration se heurtent à des actes de vandalisme (portes forcées, tags)

Analyse architecturale

Site et implantation générale

La batterie et sa tour sont implantées sur l’éperon rocheux allongé et en déclivité d’est en ouest dit « Barre de l’Hubac », à 342m d’altitude. Cet éperon constitue l’avancée rocheuse la plus extrême du secteur nord-ouest des escarpements du Mont Faron. L’ensemble est assis sur un replat très limité de l’éperon, retranché naturellement au sud par une petite ravine ; la terrasse de la batterie basse est fondée en net contrebas de la terrasse haute, elle-même immédiatement surplombée par un front rocheux assez abrupt et haut au pied duquel la tour semble abritée.

Le chemin d’accès qui se branche à quelques 800m au sud et quelques 40m plus haut sur un coude de la route militaire du Faron a été aménagé sur le flanc incurvé du versant ouest, en déroquetant par endroits le rocher, ou en construisant des portions de terrassement d’appui revêtus de pierres sèches. A proximité du point de départ du chemin sur la route, en léger contrebas au sud est le Pas du Bau de Midi où était prévu un retranchement associé au chemin de la batterie de l’Hubac. Ce point de la route militaire du Faron, dans ce secteur de montée en lacets constante, est intermédiaire entre le fort du Grand Saint-Antoine, premier ouvrage du versant sud-ouest, et la tour Beaumont, qui occupe le premier sommet du plateau supérieur de la montagne, point où la route cesse de monter pour traverser le plateau d’ouest en est jusqu’à la Croix-Faron.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues

Conçue avec un certain souci de régularité géométrique (ce que sa petite échelle rendait maîtrisable), en dépit des formes aléatoires du socle rocheux, la batterie de l’Hubac prend la forme d’une terrasse étagée sur deux niveaux dont le plan pentagonal tend à se conformer à un module carré d’environ 23m de côté hors œuvre. Fermée en retour d’angle droit sur trois côtés (Ouest, nord, sud), d’un mur de revêtement avec fruit, de hauteur variable -du fait de la pente du socle rocheux en déclivité sur lequel ce mur est fondé- la batterie s’adosse, sur son quatrième côté, soit à l’est, au front rocheux dominant. La limite de la terrasse de ce côté s’évase vers le sud-est, le front rocheux est n’étant pas parallèle au côté ouest de la terrasse, ce qui engendre un pan coupé ou cinquième côté à l’emplacement théorique de l’angle sud-est du carré du plan d’intention.

Tour, courtine d'entrée et porte de la batterie vus du sud, depuis le chemin d'accès.Tour, courtine d'entrée et porte de la batterie vus du sud, depuis le chemin d'accès. L’entrée de la batterie est ménagée dans le pan de mur de ce cinquième côté, dans l’axe du chemin d’accès.

L’organisation interne est très simple : un mur de refend et de soutènement d’axe nord-sud divise l’aire intérieure en deux terrasses étagées (3,50m de dénivelé) de surface à peu près équivalente. Ce mur, formant le revêtement ouest de la terrasse haute, avec fruit très marqué, fait un ressaut pour incorporer en son centre une large volée droite d’escalier légèrement oblique du fait du fruit de la paroi à laquelle elle s’adosse, assurant la communication entre les deux terrasses.

La terrasse basse, à l’ouest, nivelée à la cote 339 m est une aire à peu près rectangulaire de 21m de large pour une profondeur moyenne (est-ouest) de 10,50m (rendue irrégulière du côté est par le relief de l’escalier sur le mur de terrassement intermédiaire). Cette terrasse surplombe de 5,50m la déclivité rocheuse sur son front ouest, ce qui donne une hauteur de revêtement de 6,50m, parapet compris, ce revêtement étant vers son milieu consolidé par un grand arc de décharge refermé au-dessus d’une faille rocheuse, refermé d’un remplage. Ce front ouest est flanqué à ses deux angles d’une mince tourelle carrée dont la saillie hors-œuvre, s’accroit en montant du fait que ses murs verticaux se détachent progressivement du fruit du revêtement de la terrasse. Ces tourelles, pleines jusqu’à la terrasse, ne sont fonctionnellement que des échauguettes, qui au lieu de porter à faux sur un cul-de-lampe, prolongent une sorte de contrefort d’angle contribuant à la solidité du revêtement.

L’aire de la terrasse haute, nivelée à la cote 342,50m, offre un plan pentagonal d’autant plus irrégulier que la tour-réduit circulaire, de 12m de diamètre à ce niveau, y est emboîtée sur les 2/3 de sa circonférence, à la jonction du côté sud et du petit côté sud-est de la batterie. La largeur de cette terrasse haute est de 16m entre la tour et le revêtement nord, pour une profondeur de 12,50m prise le long de son côté nord.

Le pan de mur dans lequel est percée la porte de la batterie, cinquième côté sud-est du pentagone général, reliant la tour-réduit au front rocheux sur une distance de 7m, est le seul du revêtement dont l’élévation supérieure ne se réduise pas à un parapet garde-corps haut de 1m, mais forme courtine crénelée. A l’extérieur, cette courtine d’entrée est retranchée de la terrasse qui termine le chemin d’accès et règne de plain-pied avec la terrasse haute de la batterie, par un fossé profond de 3,50m et relativement étroit (3,20m), traversé par le pont-levis de la porte de la batterie (remplacé aujourd’hui par un tablier métallique fixe). La contrescarpe de ce fossé, à gauche de l’entrée, s’incurve pour envelopper aussi une partie du volume en saillie hors-œuvre de la tour-réduit, élargissant d’autant la terrasse de tête de pont. A la pointe de cet élargissement, le revêtement du chemin et de la terrasse comporte un petit escalier à volée droite descendant dans le fossé.

La porte de la batterie, non couverte, large de 2,40m, défendue latéralement par les deux créneaux biaisés de la courtine et par les créneaux de la tour, se limite à deux piliers en ressaut sur la courtine, portant sur un soubassement taluté, et comportant une feuillure pour l’encastrement du tablier du pont-levis en position levée. Ce dispositif sommaire n’autorise que deux systèmes de pont-levis, à flèches ou à bascule : le second a été choisi, pour sa moindre fragilité. Le tablier du pont se prolongeait donc côté cour sur une longueur suffisante pour faire contrepoids, au-dessus d’une fosse dans laquelle ce contrepoids s’abîmait en bascule, relevant la partie qui franchissait le fossé contre les piliers de la porte. La fosse du pont-levis (aujourd’hui couverte d’une dalle) est accessible depuis les casemates de l’étage de soubassement de la tour, et s’ouvre sur le fossé par une poterne piétonne percée dans l’escarpe sous le pont-levis, qui sert d’issue dérobée pour la tour. La fosse est munie par ailleurs de niches de retrait. Base et fossé de la tour et de la courtine d'entrée de la batterie, porte à pont-levis, vus du sud-ouest.Base et fossé de la tour et de la courtine d'entrée de la batterie, porte à pont-levis, vus du sud-ouest.

La transition entre terrasse et tablier en tête de pont est marquée par deux bornes de guidage chasse-roues.

Les terrasses ne comportent pas d’organisation de batterie spécifique, notamment aucun emplacement de tir pour canons sur affût fixe ou tournant, et aucune traverse (peu utile, le site étant bien défilé de partout), en sorte qu’elles n’étaient armées que de canons sur affuts de campagne ou affuts siège et place (sur roues de bois ferrées ou roues en fer), tirant à barbette par-dessus les parapets de 1m de haut.

La tour offre un volume plutôt tronconique que cylindrique, à la faveur du fruit assez marqué qui affecte son élévation extérieure. De 13,20m à la base (fond du fossé), le diamètre se réduit à 11,20m au sol de la plate-forme haute, soit sur 9m de hauteur (10m côté ouest, depuis le point le plus bas d’ancrage de la tour au sol extérieur).

Ce volume en tronc de cône est garni, à partir du niveau du rez-de-chaussée (sol de la batterie haute), d’une série continue de dix mâchicoulis ou « créneaux de pied » disposés au sommet d’arcades dont le relief sur le mur est obtenu par la résultante du fruit de ce mur et du plan vertical des jambes des arcades. Ce système de mâchicoulis est, on l’a vu, identique à celui appliqué à la tour Beaumont ou aux deux tours bastionnées du front de tête du fort Faron. Le parapet de la plate-forme, porté sur ces arcades, est un simple garde-corps dépourvu des embrasures découvertes qui figuraient au projet de 1845.

On entre dans la tour par une porte percée plein nord de plain-pied avec la terrasse haute de la batterie ; fermée d’un simple vantail, cette porte a été défigurée par le chemisage extérieur en béton de ce secteur de la tour. La salle du rez-de-chaussée, qui servait de dortoir de la troupe, éclairée seulement par les créneaux à fente courte et ébrasement intérieur, est de plan annulaire continu, non refendu, large de 3,35m, enveloppant un noyau creux de 3,56m de diamètre hors-œuvre. Celui-ci est la cage de l’escalier hélicoïdal à vide central qui assure la distribution verticale de la tour, des caves à la plate-forme 10. La porte de cet escalier est ménagée en vis-à-vis de celle de la tour. La salle annulaire est couverte d’une voûte en berceau fortement brisé, assurant un report des poussées proche de la verticale ; la hauteur sous voûte à la clef atteint 4,75m. L’appui des dix-sept créneaux de fusillade à peu près équidistants -en moyenne deux pour une arcade de mâchicoulis- est surhaussé à 1,70m du sol, parce que leur desserte par les hommes de garnison se faisait non pas du sol, mais debout sur la litière en bois qui bordait de façon continue le mur extérieur circulaire. Les cinq créneaux du front de gorge de la tour, regardant au nord la terrasse de la batterie haute, ont été prolongés dans le chemisage en béton en fente plus longue et étroite que celle d’origine. Six autres regardant la vallée à l’ouest/sud-ouest étant transformés en grandes fenêtres de tir rectangulaires, il n’en reste que six, battant les abords vers le chemin d’accès, conservés dans leur état primitif.

La litière circulaire du dortoir ne s’interrompait qu’au droit de la porte de la tour, avec toutefois un dégagement latéral à droite en entrant pour l’adosser au mur d’une fontaine et d’un urinoir.

L’étage de soubassement ou de caves, vouté en berceau surbaissé annulaire, est distribué par une circulation annulaire continue, mi-couloir, mi décloisonnée, tournant autour de la cage d’escalier centrale. Le palier bas de l’escalier s’ouvre au nord dans la partie couloir, qui longe un souterrain entièrement fermé, de plan en segment d’anneau, la citerne de la tour, accessible seulement à la verticale par la margelle de puits associée à la fontaine du dortoir de rez-de-chaussée. Cet étage de caves se compose par ailleurs (secteur sud et sud-ouest) de deux casemates principales de plan trapézoïdal radian entre murs de refend, segmentation du plan annulaire de base ; ces casemates sont décloisonnées de la distribution, qui passe par des portes dans les murs de refend sans former de couloir. Au-delà, vers le sud-est, le couloir s’amorce, distribuant une troisième casemate réduite en surface du fait du cloisonnement de la circulation. Chacune de ces trois casemates prend jour par un groupe de trois créneaux de fusillade. D’après le plan de projet de 1845 (qui prévoyait un jour à la place des trois créneaux) et l’état des lieux de 1875, ces trois casemates étaient affectées à des magasins, celle du milieu au magasin à poudres, malgré l’absence d’aménagements spécifiques (créneaux et non évents en chicane). La troisième, la plus fermée, communique par l’intermédiaire d’un couloir souterrain coudé, à la fosse de manœuvre du pont-levis de la porte de la batterie, et par-là, à la poterne passant de cette fosse dans le fossé, qui est donc bien une poterne de sortie de la tour réduit, non de la batterie. A l’origine, cette poterne était obturable par un vantail de dimensions normales vers l’intérieur, mais s’ouvrait dans l’escarpe par une arcade exiguë haute de seulement 0,75m sous l’arc, sans doute pour rendre incommode toute tentative de pénétration ennemie. Elle a été agrandie à un gabarit normal lors des remaniements de la seconde guerre mondiale.

L’escalier en vis central débouche sur la plate-forme sommitale de la tour sous une guérite circulaire couverte d’une coupole enduite.

Structure et mise en œuvre

Les revêtements des terrasses de la batterie offrent deux types de parement associés. L’un, surtout employé pour le haut front ouest, tourelles comprises, est assez médiocrement réalisé en moellons de pierre blanche de gabarit assez variable, mais sommairement équarris et tendant à former des assises horizontales ; l’emploi de ce type de parement se caractérise aussi, toujours à l’ouest, par la présence de nombreux trous de boulin d’échafaudage assez régulièrement disposés en assises horizontales, peut-être laissés débouchés pour servir de chantepleures, compte-tenu de la grande hauteur de terrasse soutenue par ce mur. Courtine d'entrée, porte de la batterie, tour, vues du nord, depuis la terrasse haute.Courtine d'entrée, porte de la batterie, tour, vues du nord, depuis la terrasse haute.

L’arc de décharge en plein-cintre très ample qui anime ce haut revêtement ouest vers le milieu, au-dessus d’une faille rocheuse, est clavé en moellons de même nature, un peu mieux équarris et un peu plus longs, sans extradossement. Le remplage qui l’obturait sur toute son épaisseur s’est décroché et est tombé en ruines, peut-être sous l’effet conjugué d’un tassement et de la poussée des terres. Ce parement ouest de la batterie de l’Hubac ne ressemble pas à ceux des autres ouvrages défensifs du Mont Faron. Sur les faces latérales nord et sud du revêtement apparaît en raccord un autre type de mise en œuvre, soit un simple blocage de gros moellons non équarris dressés au marteau sur une face et calé par des pierres brutes plus petites, plutôt bien réalisé. Cette mise en oeuvre rappelle celle des parements ordinaires de la tour Beaumont, ou ceux du fort Faron, qui étaient enduits, ce qui n’a sans doute jamais été le cas de ces revêtements des terrasses de batterie de l’Hubac. Les parements des tourelles carrées, variante plus soignée de celui du revêtement ouest, sans trous de boulins, emploient en outre la brique pour les chaînes d’encoignures, disposée en harpe à raison de 4 assises rentrantes et 4 sortantes.

Les tablettes couronnant l’ensemble des parapets assez épais du revêtement, tourelles comprises, sont réalisées en pierres de taille, et s’apparentent plutôt à des chaperons asymétriques, compte tenu de leur profil fortement taluté. En revanche, le revêtement interne de la terrasse haute, au fruit très accusé (parement du second type, localement enduit au ciment), la courtine d’entrée et les deux piliers de la porte sont couronnés de tablettes plates classiques. Les marches de l’escalier reliant les deux terrasses sont en pierres de taille longues encore en place, mais la tablette rampante de son garde-corps a disparu. Le parement ordinaire de la courtine d’entrée est masqué d’un enduit couvrant, comme celui de la tour, dans lequel les pierres de taille des piliers de la porte sont chaînées en harpe apparente. La transition entre ces piliers et le soubassement saillant et taluté de la porte, à chaîne d’encoignure en pierre de taille, est soulignée d’un cordon également en pierre. La pierre de taille à modénature n’apparaît autrement que pour les deux gargouilles monolithes présentes dans les revêtements sud.

A l’extérieur, la tour combine les trois types de matériaux : blocage de moellons revêtu d’un enduit couvrant bien conservé pour les parements ordinaires, briques disposées en harpe 4 par 4 pour les encadrements des créneaux et pour les chaînes d’encoignure des jambes des mâchicoulis-arcade, brique encore pour les arcs segmentaires extradossés des mêmes mâchicoulis, et pour la tablette du parapet (remaniée et dégradée) pierre de taille enfin, employée de façon très limitée mais bien visible, pour les premières assises du soubassement, pour l’assise de départ des jambes des mâchicoulis et pour l’assise supérieure des mêmes jambes, tenant lieu de sommier aux arcs de brique. La tour vue de l'est, depuis la plate-forme terminale du chemin d'accès.La tour vue de l'est, depuis la plate-forme terminale du chemin d'accès.

La guérite à coupole du haut de l’escalier est entièrement enduite, et cet enduit a été refait à neuf, ce qui ne permet pas de reconnaître le matériau de construction de cette guérite, plus probablement de la brique compte tenu de la maigreur du mur circulaire et de la coupole 11.

Le pont métallique qui a remplacé le pont-levis est un tablier à châssis pliant en deux pans posé lors de la réutilisation de la seconde guerre mondiale, de même que la grille ouvrante de la poterne et la porte en fer de la tour.

Le béton et le ciment sont employés pour les autres retouches de cette dernière période : chemisage partiel du parement de la tour côté terrasse haute, encadrement de la poterne et des fenêtres de tir.

1Vincennes SHD, 4VT 255 (1-2) 2Vincennes SHD, Art. 8 carton 30 (1 VH 1860) Projets pour 1843, fortifications, feuille 12. 3Vincennes SHD, Art. 8 carton 31 (1 VH 1861) Projets pour 1844, fortifications, feuille 14 art. 18 et 19. 4Vincennes SHD, A8 carton 32 (1 VH 1862), Mémoire sur les projets de 1845 5Vincennes SHD, A8 carton 29 (1 VH 1859) 64V T 251 (1-4) feuille 47 de l’atlas. 7Vincennes SHD, Artillerie W. 1052, état d’armement des places 1845-1848, renseignement Bernard Cros. 8Vincennes SHD, génie, STG 193 ; renseignement Bernard Cros. 9 P. Truttmann, Les derniers châteaux-forts. Les prolongements de la fortification médiévale en France (1634-1914), Thionville, ed. Gerard Klopp , 1993, p. 185. 10Faute d’avoir pu visiter l’intérieur de la tour, cette description s’appuie sur les relevés de 1875, et ignore la part des remaniements de la seconde guerre mondiale non visibles du dehors. 11 La mise en œuvre des détails d’aménagement intérieur ne peut être décrite, faute d’observation directe.

A partir de la mise en route des grands programmes de renouvellement des fortifications du Mont Faron en 1836 et jusque vers 1844, plusieurs bâtiments défensifs casematés capables d’'héberger des soldats ou des ouvriers ont été proposés en appoint des forts, redoutes et batteries alors rétablis ou bâtis sur la montagne. Certains prenaient la forme de tours, la plupart circulaires ou semi-circulaires à mâchicoulis. La première réalisée, celle de la Croix-Faron, commencée en 1840, adoptait un plan en fer-à-cheval, repris en 1843 pour celle de Beaumont et d'’autres non réalisées. Des tours plus petites simplement circulaires à mâchicoulis sont proposées en alternative sur les mêmes sites, notamment au Pas de la Masque ou celui de Beaumont, à partir de 1841. L'’implantation d'’une tour sur la barre de l’'Hubac est proposée en 1842, puis abandonnée au profit d’'autres projets : en 1843 une tour sur la barre de Lesteau, en 1844 une batterie retranchée sans tour à l’'Hubac, associée à un retranchement avec tour carrée au Bau de Midi, point de départ du chemin conduisant à l’'Hubac. En 1845, le chef du génie Corrèze revient au principe d'’une tour servant de réduit à une batterie jointive sur la barre de l’'Hubac et en confie le dessin au capitaine Quiot. Ce dernier reprend pour la tour un modèle circulaire qu'’il avait déjà proposé en 1842 pour le Pas de la Masque, où avait été réalisé depuis une caserne défensive. La construction fait suite immédiatement au projet, tranchant sur des points laissés en suspens (emplacement de la porte de la batterie), précédée par la mise en place d'’un chemin d'’accès carrossable. En 1847, la batterie est armée de seulement deux canons (alors que la capacité de logement dans la tour permettait le service de six pièces), ce qui est encore le cas en 1891 et en 1903. Durant la seconde guerre mondiale, après une phase d’'abandon, la tour est remaniée pour être utilisée comme blockhaus.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle
    • Secondaire : 2e quart 20e siècle
  • Auteur(s)

La tour offre un volume tronconique garni, à partir du niveau du rez-de-chaussée (sol de la batterie haute), d’une série continue de dix mâchicoulis ou « créneaux de pied » disposés au sommet d’arcades qui portent le parapet de la plate-forme.

On entre dans la tour par une porte percée plein nord de plain-pied avec la terrasse haute de la batterie. La salle du rez-de-chaussée, qui servait de dortoir de la troupe, est de plan annulaire continu, enveloppant un noyau creux, cage de l’escalier hélicoïdal à vide central qui assure la distribution verticale de la tour, des caves à la plate-forme. La porte de cet escalier est ménagée en vis-à-vis de celle de la tour. La salle annulaire est couverte d’une voûte en berceau fortement brisé et percée de dix-sept créneaux de fusillade à peu près équidistants dont seulement six, battant les abords vers le chemin d’accès, sont conservés dans leur état primitif. L’étage de soubassement ou de caves, voûté en berceau surbaissé annulaire, est distribué par une circulation annulaire continue, mi-couloir, mi décloisonnée, tournant autour de la cage d’escalier centrale. Le palier bas de l’escalier s’ouvre au nord dans la partie couloir, qui longe la citerne de la tour, accessible seulement à la verticale par la margelle de puits associée à la fontaine du dortoir de rez-de-chaussée. Cet étage de caves se compose par ailleurs (secteur sud et sud-ouest) de trois casemates prenant jour par un groupe de trois créneaux de fusillade. D’après les documents d'archives, ces trois casemates étaient affectées à des magasins, celle du milieu au magasin à poudres.

L’escalier en vis central débouche sur la plate-forme sommitale de la tour sous une guérite circulaire couverte d’une coupole enduite.

Les revêtements des terrasses de la batterie et de la tour offrent trois types de parement associés. moellons de pierre blanche enduits, pierre de taille, brique.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
    • brique
  • Étages
    étage de soubassement, en rez-de-chaussée surélevé
  • Couvrements
    • voûte en berceau brisé
    • voûte en berceau segmentaire
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier en vis avec jour en maçonnerie
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Protections

  • Archives du Génie de Toulon. Projets pour 1844, fortifications, feuille 14 art. 18 et 19. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 carton 31 (1 VH 1861).

Documents d'archives

  • Archives du Génie de Toulon. Service Historique de la Défense, Vincennes : Série 1 V, Art. 8, section 1.

  • Archives du Génie. Service Historique de la Défense, Vincennes : série 4V.

  • Archives du Génie de Toulon. Projets pour 1843, fortifications, feuille 12. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 carton 30 (1 VH 1860).

  • Archives du Génie de Toulon. Mémoire sur les projets de 1845. Service Historique de la Défense, Vincennes : Art. 8 carton 32 (1 VH 1862).

Bibliographie

  • CROS, Bernard. Citadelles d'Azur, quatre siècles d'architecture militaire varoise. Aix-en-Provence : 1998, 159 p.

    P. 92-93.
  • TRUTTMANN, Philippe. Les derniers châteaux-forts, les prolongements de la fortification médiévale en France (1634-1914). Thionville, 1993.

    P. 184-186.

Documents figurés

  • Projet pour 1845. Construire une tour et une batterie sur la Barre de l'Hubac. [Tour de l'Hubac, plan de situation, coupe] / Dessin, encre et lavis, 1845. Service Historique de la Défense, Vincennes : 1 V.

  • [Tour de l'Hubac. Plan]. / Dessin, encre et lavis, 1875. Service Historique de la Défense, Vincennes : 4 V.

  • Atlas des bâtiments militaires. Casernement de la Tour de l'Hubac pour l'Infanterie. [Plans, coupe, élévations.] / dessin, encre et lavis, 1875. Service Historique de la Défense, Vincennes : 4V T 251 (1-4), feuille n° 47.

Date d'enquête 2009 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble