DESCRIPTION
Composition de l'ensemble : un retable et cinq tableaux
Localisation : chœur, contre le mur.
Analyse du retable
Dénomination : retable
Appellation : retable architecturé, retable à ailes.
Structure et formes : cinq travées, deux niveaux de soubassement, un niveau orné de tableaux, rythmé par quatorze colonnes rondes à chapiteau corinthiens. Plan pentagonal, épousant la forme du chœur, à multiples ressauts.
Matériaux et techniques : noyer, sculpté dans la masse, en réserve, en haut et bas-relief, en méplat sur fonds guillochés. Dorure à la feuille. Éléments assemblés par clous et chevilles. (Technique de la partie supérieure impossible à étudier). Une partie du décor est vraisemblablement rapportée.
Iconographie et décor : ailes :
- Soubassement : cartouches ornés d'une draperie ; cartouches ornés d'un tore de laurier, entre deux draperies ; chutes de fleurs et de fruits, retenues à un anneau par une corde, simples ou doubles ; cartouches sur montés d'une tête d'ange, avec ou sans chute de fruits ; volutes de feuilles d'acanthes, rosaces et pistils à graines.
- Registre médian : colonnes à fût orné de rameaux d'olivier et de cannelures. Panneaux entourant les cadres des tableaux latéraux : rinceaux de feuillages stylisés. Au-dessus des tableaux : tête d'ange, entre deux chutes de fruits. Entablement à rinceaux de feuillages. Corniche : perles et patenôtres, denticules, rais de cœurs ...
Balustrade avec piédestaux de statues ornés de motifs végétaux et fleurs sur fond guilloché, et balustres décorés de palmettes. Trois statues d'angelots, dont l'un s'appuie sur un cartouche, sur chaque aile.
- Partie centrale : sous le tableau : deux petits panneaux portant deux rosaces de feuilles d'acanthes. Arcade en plein cintre à caissons ornés alternativement d'une fleur en relief et d'une fleur stylisée gravée sur fond guilloché ; dans la partie en plein cintre, une deuxième rangée de caissons bordés d'un rai de cœurs, contenant chacun une grosse fleur et une bordure externe torique à course de laurier enrubannée. Au-dessus, deux anges tenant une palme et un cartouche à feuillages. Couronnement et fronton : rangées d'oves, denticules, gouttes, perles et patenôtres, rais de cœurs .. etc. Au centre du fronton : tête d'ange entre draperies. Ailerons en volutes, avec fleur et pistils à graines, reposant sur un soubassement rectangulaire orné d'un bouquet de fruits entre deux draperies.
Dimensions : H. partie centrale : 890 cm env., H. ailes : 725 cm env. ; La. aile droite : 452 cm, La. partie centrale : 353 cm.
État de conservation : dorure usée, nombreuses écailles, bordures usées, éraflures.
Inscriptions, marques : AUTEL PRIVILEGIE, en capitales romaines, dorées sur fond bleu.
Analyse du tableau central
Dénomination : tableau .
Appellation : tableau d'autel.
Titre : Annonciation.
Description matérielle : toile de forme rectangulaire verticale à bord supérieur cintré (H. 412 cm, La. 242 cm), en quatre lés horizontaux. Cadre-support en bois doré, simplement mouluré et orné de perles et patenôtres.
État de conservation : médiocre. Vernis de restauration. Partie centrale usée.
Description iconographique et formelle :
A gauche, Marie, en robe rouge et manteau bleu, appuyée contre une table ; à droite, l'ange, en robe mauve, bleue et beige, tient une branche de lis et désigne l'apparition de Dieu le père, en robe et manteau bleus, soute nu par des anges, sur une nuée. Colombe et rayons lumineux sur la tête de la Vierge. Carnations blanches, assez froides.
Analyse des tableaux latéraux
Dénomination : tableaux .
Titre : saint Véran, saint Paul de Tarse, saint Pierre, saint Louis.
Description matérielle : toile de forme rectangulaire verticale, à bord supérieur cintré (H. 165 cm, La. 75 cm), assez épaisse.
Couche picturale assez épaisse et couvrante.
Cadre-support, en bois doré, bordé d'un tore de feuilles de laurier et de perles et patenôtres, avec volutes de feuilles d'acanthes dans les écoinçons.
État de conservation : la toile de saint Louis est distendue. Restauration Vernis.
Description iconographique et formelle : Saint Véran; couvert d'une riche chape rouge brodée d'or tient son dragon enchaîné.
Saint Paul de Tarse, en robe vert foncé et manteau rouge vif s'appuie sur son épée et porte un livre dans la main gauche.
Saint Pierre, en robe bleu foncé sous un manteau ocre jaune, tient un livre ouvert dans la main gauche et ses clefs dans la main droite.
Saint Louis, en manteau d'apparat sur une robe rouge et prune, lève les yeux au ciel, une main sur la poitrine.
HISTORIQUE
Le 11 avril 1645, le sculpteur Barthelémy Grangier et le menu1s1er Jacques Perrin reçoivent la commande de la partie centrale du retable qui devra être en "bon bois noyer de Rosne" , avec des colonnes ornées de feuilles de lierre ou de laurier et cannelées dans la partie supérieure, corniche et autres ornements de l'ordre corinthien ... (A.D. 84: 3 E 32, n° 440, f° 219 V°). Le prix-fait révèle un certain nombre de détails décoratifs dont la plupart n'ont pas été exécutés ou ont été transposés, tels les "vases ardants et une croix au milieu" du couronnement ; les deux anges auraient dû porter un cartouche de 1, 70 m de haut sur 1, 25 de large avec les armes de l'évêque,le couronnement flanqué de "deux enfants de quatre pans d’hauteur ou environ". Le délai fixé pour la réalisation était de vingt mois et la somme convenue 475 écus.
La même année, mais le 25 octobre, le chanoine ouvrier de la cathédrale donne à prix-fait à Nicolas Mignard la confection d'un tableau de dix sept pans de haut sur dix de large, représentant " l'annuntiation de la Vierge glorieuse, avec la Gloire de Dieu le père et du St Esperit, avec des Anges autour de Dieu le père, la Vierge couverte d'une robe d'outre mer et l'ange couvert d'une robe satin blanc liserée d'une broderie d'or ... ". L'ouvrage sera réalisé en une année et coûtera 170 écus. (A.D. 84, 3 E 32, n° 440, f0 553 V0). Ici aussi les couleurs prévues n'ont pas tout à fait été respectées.
Le 7 août 1649, Grangier et Perrin passent un contrat pour la confection des ailes du retable, moyennant la somme de 900 livres et un délai d'un an (A.D. 84, 3 E 32, n° 444, f° 348 v°).
Le 23 mai 1650, Nicolas Mignard s'engage à peindre quatre tableaux représentant saint Pierre et saint Paul apôtres, saint Véran et saint Louis, pour être placés dans les niches des deux côtés du retable (A.D. 84, 3 E 32, n° 445, f° 321 v°).
Enfin, l'entreprise la plus coûteuse et la plus longue, la dorure, commencée en très 1675, dure jusqu'en 1682 et nécessite la présence de quatre mai Dominique Piéton et Michel Blanc, doreurs, René de Rat, batteur d'or et Barthelémy Grangier, sculpteur, qui reçoivent 1200 écus en paiement (A.D. 84, 3 E 32, n° 634, f° 491 et IV G 39, n° 145 à 55).
NOTE DE SYNTHÈSE
Cette superbe réalisation est l’œuvre d'artistes locaux, à l'exception de Nicolas Mignard, qui ont aussi participé à l'ornement des chapelles de la cathédrale. Il faut remarquer que Nicolas Mignard, dit peintre de Troyes en 1645, est qualifié de "Citoyen d'Avignon" en 1650.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.