Description détaillée
Localisation
Le cimetière juif de L'Isle-sur-la-Sorgue est situé dans une plaine, au quartier des Bagnoles, à trois kilomètres de l'ancienne juiverie. Ceint d'un grillage, il est pourvu au nord-est d'un portail à deux vantaux en fer forgé, encadrés de deux piliers en pierre de taille. Il s'étend sur 9 4000 mètres carrés et est divisé en deux parties distinctes : une vaste partie ouest complantée de platanes et une partie est comportant une quarantaine de stèles réparties en enclos familiaux et tombes éparses.Vue aérienne du cimetière depuis l'est.Vue du portail du cimetière.
Principales caractéristiques
Ces enclos, au nombre de cinq (de 20 à 100 mètres carrés), sont ou ont été délimités par une clôture en fer forgé sur mur bahut en pierre calcaire : s'y trouvent les tombes des familles Créange (17 sépultures), Crémieux (3 sépultures), Carcassonne (4 sépultures et un monument), Abram (2 sépultures) et un enclos aux tombes illisibles (2). En bordure de l'enclos Créange, un monument funéraire éboulé évoque une guéniza. Quelques dalles funéraires figurent dans la partie est du cimetière, à proximité mais hors de ces enclos : certains défunts sont étrangers aux familles précitées ; d'autres dalles auraient été déplacées clandestinement, lors d'un vol avorté.
Tombes de la famille Créange.L'enclos de la famille Crémieux.Tombe d'Adolphe Michaël Israël Abram.
Sobres, les cippes et dalles horizontales sont souvent mais pas systématiquement associés.
Décor
Le décor porté par les pierres, assez rare, reprend l'iconographie chrétienne (tibias, faux, sablier, coquilles, palmettes et autres végétaux stylisés) comme tel est le cas pour la colonne-monument dédié à Casimir Carcassonne, notable l'islois. La tombe d'Adolphe Michaël Israël Abram, maire de la ville de 1870 à 1874, est décorée de la balance de la justice, de feuilles de chênes et branches d'olivier, allusion à ses fonction de juge de paix.
Inscriptions
Les inscriptions, peu originales, sont généralement courtes. Seules deux stèles possèdent une brève inscription en hébreu, actuellement illisible. Une liste de 31 personnes inhumées a été reproduite par Michèle Bitton, dans un article de L'Echo des carrières, mis en ligne par l'Association culturelle des Juifs du Pape.
Historique détaillé
D'après Roselyne Anziani, le cimetière juif de L'Isle-sur-la-Sorgue est signalé pour la première fois dans une reconnaissance datée de 1476, conservée aux Archives départementales de Vaucluse.
Sa partie ouest est dépourvue de pierres tombales conformément à la législation pontificale en vigueur à partir de 1625. Les platanes y ont été complantés au 19e siècle. La partie est, acquise en 1736, possède une superficie d'environ 4 000 mètres. Au sud de celle-ci se concentrent les stèles et enclos familiaux, érigés entre 1835 et 1939, avec une surreprésentation de la période 1860-1910. Ils témoignent de solidarités familiales mais aussi de l'intégration des Juifs dans la société civile des 19 et 20e siècles. La communauté de la commune voisine du Thor semble également y inhumer ses membres après la Révolution.
Propriété communale depuis 1906 des suites de la loi du 9 décembre 1905, délaissé après 1939, le site fut progressivement recouvert par la terre et les herbes sauvages. Il eut à subir dégradations et vols (pierres tombales et ferronneries, telles le portillon de l'enclos Créange) en 1978, à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Inscrit sur la liste supplémentaire des Monuments historiques depuis 2008, entretenu et mis en valeur depuis 2013, il est un lieu de mémoire et un site patrimonial. Les inhumations y sont désormais interdites, contrairement au cimetière juif de Carpentras (Référence du dossier : IA84001117). En 2013, en partenariat avec le département d'histoire de l'Université d'Avignon et la Direction régionale des affaires culturelles, la Direction du Patrimoine de la ville a réalisé une étude historique et archéologique dirigée par François Guyonnet. A cette occasion, les sépultures ont été dégagées.Monument funéraire (ou guéniza) dégagé. Vu depuis l'est (2013).Stèles dégagées. Vues depuis le sud-ouest (2013).
Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.