Dossier d’œuvre architecture IA84000511 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique
couvent Saint-Benoît
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cavaillon - Cavaillon
  • Commune Cavaillon
  • Adresse Grand Rue

HISTORIQUE

En 1362 les Bénédictines s'installèrent dans l'église Sainte Catherine qui avait appartenu aux Chevaliers du Temple.

Le couvent aurait ensuite été reconstruit à la fin du XVIIème siècle et au dé­but du XVIIIème.

Le prix-fait de la chapelle fut enregistré par le notaire Grollier le 10 juin 1684 par devant Y. G. de Grasse, vicaire général de l'évê­que et dame Anne de Milany de Cornillon, abbesse.

Le 14 juin l'évêque J. B. de Sade s'0pposa à ce que la façade de la chapelle donnât sur le jardin, c'est-à-dire à l'ouest et exigea de l'édifier sur la Grandrue. Esprit Grangier, l'architecte, modifia ses plans en conséquence. L'exécution fut à la charge de Guy Demothe et Pierre Benoît maîtres maçons. En 1719 la coupole prévue en pierre fut réalisée en plâtre.

Après la Révolution, le couvent fut morcelé. Le cadastre de 1832 montre l'ensemble des bâtiments partagé entre plusieurs parcelles, seuls la chapelle et le bâtiment (C) étant grisés comme édifices publics ou religieux. Ce n'est qu'après cette date que la rue Saint Benoît fut prolongée jusqu'au cours Carnot.

On consolida la voûte de la chapelle en 1837, mais elle finit par être désaffectée seulement en 1938 en raison de son délabrement. Pro­priété communale, elle fut restaurée vers 1967 pour abriter la biblio­thèque municipale et des expositions contemporaines.

Ce n'est qu'au XIXème siècle que la gendarmerie S'installa dans le bâtiment (C) que l'on démolit vers 1960. Enfin, le corps de logis (F), ancienne maison de la mère supérieure fut sous la Restauration la ré­sidence du général Chabran, alors maire de Cavaillon. En 1979 l'archi­tecte Jean Coignet, de Carpentras, en fit, avec le corps de bâtiment (E) remodelé et de nouvelles constructions sur le cours Carnot en remplacement des locaux de la maison d'expédition Jean Accarie, le foyer Saint Martin pour personnes âgées.

DESCRIPTION

Introduction

L'ancien couvent Saint Benoît occupe la plus grande partie des îlots (30)et (31), actuellement différenciés du simple fait de la démo­lition du corps de bâtiment (C) au nord, et de l'aménagement de l'espace du cloître en parking entre la rue de la Gendarmerie et celle du Couvent.

Il est possible par ailleurs que le couvent ait occupé la moitié ouest de l'îlot (29) placé au sud.

L'ensemble est aujourd'hui dégradé et divisé en plusieurs parcelles indépendantes. On peut distinguer :

- îlot (31) : la chapelle (A), à l'angle de la Grand'rue et de la rue du Couvent, au sud-est de l'îlot. Le corps de bâtiment (B) attenant à la chapelle et bordant, à l'ouest, l'espace du cloître subdivisé en cours 1, 2, 3, et 4.

- Le corps du bâtiment (C a) au nord, disparu mais conserve des ar­rachements (C c) et (C e, f, g)dans les îlots (30) et (31).

- Ilot (30): le corps de bâtiment (D).

- Ilot (29): le corps de bâtiment (E), ouvrant à l'ouest sur d'anciens jardins et, au sud de celui-ci, le corps de logis (F), ouvrant au sud sur une cour accessible directement de la rue Dupuy-Montbrun.

La description considèrera d'abord la chapelle (A), puis, séparément les bâtiments (B) à (F).

La chapelle (A)

1. Situation

La chapelle occupe l'angle sud-est de l'îlot (31).

2. Composition

C'est un corps de bâtiment massif et haut qui tranche sur le bâti environnant par sa masse , sa monumentalité et la qualité de sa façade sur la Grand'rue.

3. Matériaux

- Murs sud et nord en appareil de moellons à joints gras de couleur sable, mortier récent appliqué lors de la restauration de l'édifice.

- Chaînages d'angle et encadrements de fenêtres en calcaire coquil­lier jaune.

- Contreforts : calcaire blanc dans la partie inférieure puis cal­caire coquillier. Matériaux mixtes pour le dernier contrefort au sud­ est.

- Baies des deux chapelles ouest, façade antérieure est et éléments de structure (piliers, voûtes, pendentifs de la coupole, corniches) en calcaire blanc.

- Murs intérieurs recouverts d'un enduit lisse récent.

- Auvent de la porte latérale sud en dalles de pierre.

- Clocher-mur de la façade en calcaire coquiller jaune.

- Coupole réalisée en plâtre sur un châssis de bois.

4. Structure

La chapelle est dirigée vers l'ouest. Elle comprend essentiel­lement une nef unique de quatre travées ; les trois premières sont couvertes de voûtes d'arêtes, la quatrième d'une coupole sur pen­dentifs ; de part et d'autre de la troisième travée ouvrent deux chapelles voûtées en berceau ; de part et d'autre de la quatrième travée ouvrent deux autres vastes chapelles, non voûtées et dans lesquelles on a récemment aménagé un étage auquel on accède , côté nord, par un escalier placé en (B d).

Le chœur (B a) est séparé de l'édifice : on y a installé la chaufferie.

Des contreforts épaulent l'édifice au nord et au sud. L'accès se fait à l'est sur la Grand'rue et au sud de la première travée de la nef. L'accès aux combles se fait par un escalier moderne placé en (8 d). Des fenêtres au sud et à l'est assurent l'éclairage de l'en­semble.

5. Élévations

a) Élévations intérieures :

L'ensemble comprend deux niveaux séparés par un entablement portant frise et corniche.; les murs des deux premières travées de la nef sont nus ; les murs des deux autres s'ornent d'un arc en plein-cintre à clef en console ouvrant sur les chapelles et le chœur (les arcs de la qua­trième travée ont été murés, partiellement pour les chapelles).

L'entablement repose sur des pilastres à chapiteaux composites rythmant les trois premières travées de la nef ; la quatrième est différenciée par des colonnes adossées, également à chapiteaux composites.

Au-dessus de l'entablement dont la frise s'orne de rinceaux composés de larges enroulements végétaux au nord et au sud et de feuil­les d'acanthes entre les médaillons ovales sur les murs ouest, est et à l'est de la première travée ; sur le côté nord de la quatrième travée les rinceaux enserrent un monogramme entre deux personnages ; au centre de la frise ouest, figure l'agneau portant la croix ; des têtes d'anges ornent le ressaut de la frise au droit des chapiteaux, alternent avec des palmes (à l'est) et des couronnes.

Les lunettes s'ouvrent sur l'ébrasement de fenêtres (vraies au sud ou fausses au nord) en arc segmentaire ; à l'ouest, un décor de moulures dessine un ensemble de panneaux cintrés encadrant un cercle.

Sur la quatrième travée, la coupole s'orne d'une fausse balustrade et de huit fenêtres en arc segmentaire couronnés de motifs végétaux en gypserie - des doubleaux plats délimitent huit quartiers -. La courbe de la coupole accuse quelques irrégularités.

Dans la quatrième travée, la plinthe amortie par une moulure dorique occupe tout le côté ouest, à une hauteur de quarante centimètres, sous la baie murée du chœur qui fait partie du bâtiment (B).

b) Élévations extérieures :

- façade antérieure est : elle est de proportions très étirées la faisant paraître plus étroite et s'élève, selon une composition symé­trique, sur deux niveaux.

- Le premier niveau est scandé par quatre pilastres toscans sur les­quels repose un large entablement couronné par une corniche saillante. Cet entablement est orné d'une frise de triglyphes et de métopes ornés de bucrânes, de trophées guerriers et de rosaces.

Au centre se trouve la porte que l'on atteint par trois degrés ar­rondis. Dans un chambranle mouluré et renforcé, la porte en arc seg­mentaire à clef nue possède une menuiserie sculptée, bien conservée et récemment remise en état.

Les deux vantaux sont ornés de têtes de chérubins et de motifs déco­ratifs tandis que l'imposte contient la représentation de Saint Benoît en buste accompagné d'une tiare, à gauche, d'une crosse couverte de rameaux d'olivier et d'un livre à droite.

- Le second niveau est couronné par un fronton triangulaire encadré de deux pots-à-feu.

La travée centrale délimitée par deux pilastres présente deux percements : un oculus rond surmonté d'un clocher-mur, contenant une cloche et reposant sur une balustrade de pierre, inscrit dans un arc plein-cintre dont le bas est orné de deux séries de gouttes.

Les travées latérales contiennent, chacune, une niche en cul-de-four vide et, dans la partie supérieure, deux baies rectangulaires munies d'abat-son en bois.

- Élévation sud : elle est coupée à mi-hauteur par le massif cons­titué par les deux chapelles latérales sud. La première est percée de trois fenêtres identiques en arc segmentaire garnies de grilles, la seconde d'une baie de même forme mais plus petite.

A l'extrémité est se trouve la porte latérale placée en avant du mur entre deux contreforts. Présentant la même forme et à peu près le même chambranle que la porte principale, elle est couronnée par un larmier incurvé surmonté d'une table moulurée.

Dans la partie supérieure apparaissent les cinq contreforts couron­nés de dalles de pierre entre lesquels sont disposées les fenêtres en arc segmentaire de la seconde chapelle sud et de la nef.

Deux fenêtres rectangulaires sont percées au centre à hauteur des combles.

- Élévation ouest : le mur du transept enserre une fenêtre rectan­gulaire murée ; le pignon s'élevant au-dessus du chœur n'est percé que de deux jours en forne de trèfle.

Dans l'angle sud-ouest, entre le chœur et le bras sud du transept, on distingue un arrachement jusqu'à hauteur du contrefort sur lequel est plantée une croix métallique.

- Élévation nord : La base du contrefort de la nef est visible dans un appentis qui lui est adossé. Au-dessus des constructions bâties jus­qu'à mi-hauteur se trouvent les trois fenêtres murées de la nef.

6. Couverture

La nef et les deux chapelles sud et nord sont couvertes d'une char­pente de bois à cinq fermes équarries supportant une toiture à deux versants faite de tuiles creuses. Dans les combles se dresse l'extrados de la coupole.

Le bras sud du transept et la chapelle possède la même toiture à un versant couverte de tuiles creuses.

7. Distribution intérieure

Tout le mobilier liturgique a disparu et l'aménagement récent des chapelles de la quatrième travée et des étages de la partie nord, avec construction de deux escaliers est lié à l'usage que l'on fait actuel­lement de la chapelle (installation d'une chaudière dans le chœur, de sanitaires dans la première chapelle sud, de meubles de rangement et de rayonnages dans les deux chapelles de la quatrième travée).

Le sol est composé de dalles de pierre disposées en bandes délimi­tant des panneaux de carreaux de céramique ocre dans la nef et de car­reaux de céramique beige dans les chapelles.

Le corps de bâtiment (B)

1. Situation

Attenant au côté ouest de la chapelle, il constitue le côté est du cloître dont il conserve une partie de la galerie orientale.

2. Composition

Il présente un plan en L rejoignant le corps de bâtiment nord (C) et jouxtant les maisons qui occupent l'angle nord-est de l'îlot ( 31), au nord de la chapelle.

3. Matériaux

L'ensemble est construit en blocage de moellons enduits ; arcs, chambranles, chaînages sont appareillés en calcaire blanc. En pierre calcaire jaune les parties plus anciennes (arcs, cordons, allèges).

4. Structure

Non entièrement visité car certaines parties sont effondrées. Il est néanmoins possible de reconnaître une partie massive centrale (B a - B b - B c)double en profondeur par rapport à sa façade sud et abritant deux étages carrés sur le rez-de-chaussée. L'accès se faisait en (B a) dont l'entrée se situe à l'ouest sous la galerie (B f) ; c'est une cage d'escalier à deux ou trois volées de bois suspendues autour d'un jour. L'escalier s'est effondré. A l'est, (B c) sert actuellement d'accès à l'étage de la seconde chapelle nord de la chapelle (A) au moyen d'un escalier moderne. Cet escalier prend appui sur un des deux massifs de maçonnerie qui forment des redents au sud de cette salle. La pièce (B b) occupe toute la partie sud du bâtiment. C'est une pièce nue aux angles nord-ouest et sud-ouest arrondis ; elle ouvrait directement sur la cha­pelle par une large baie en plein-cintre. Au sud, le mur de façade à une épaisseur importante sur les deux tiers de sa largeur ; le tiers restant, à l'ouest, est précédé, au premier niveau par un porche.

Au nord de cet ensemble une partie (B d) reste indéterminée, faute d'accès possible.

Enfin, tout le corps de bâtiment comprend deux étages carrés sur une galerie (B f - B e) au rez-de-chaussée : (B e) doit se composer de deux travées actuellement murées ; (B f) comprend quatre travées plafonnées ; dans le prolongement du mur de la façade ouest, la face intérieure pré­sente des vestiges d'arcs au rez-de-chaussée et à l'étage, retombant sur un piédroit englobé dans la maçonnerie du mur.

5. Élévations extérieures

- Façade sud : elle s'élève en retrait, dans les deuxième et troisi­ème niveaux, d'un arrachement bien visible contre le pignon de la cha­pelle, aligné sur l'élévation sud de celle-ci. Cette façade comprend six travées de fenêtres en arc segmentaire. Des encadrements de baies de plus grande hauteur subsistent au deuxième niveau ; au centre apparait une chaîne d'angle. Le premier niveau est partiellement masqué par le porche au large portail ; dans la partie droite s'ouvre une porte charretière récente.

- Façade ouest : élévation de six travées sur trois niveaux. Les deux premières travées sont de moindre hauteur ; les baies y ouvrent sur des cordons moulurés, au-dessus d'allèges appareillées (deuxième niveau). Les quatre autres ont un décor d'encadrement peint simulant une ordonnance régulière. Les cordons y sont remplacés par des bandeaux.

Sous la galerie (B f), deux portes en plein-cintre ouvrent sur (B a) et (B b).

Couronnements par des génoises.

6. Comble et couverture

Toitures à deux versants couvertes de tuiles creuses.

7. Distribution intérieure

Seule la partie (B b) présente quelques particularités : pas de décor (murs enduits, plafond plâtré) hormis la porte de communication avec (B c) ornée d'un haut arc en accolade de style troubadour.

Le corps de bâtiment (C)

1. Situation

Il occupait pratiquement tout le côté nord du couvent en bordure de l'ancienne rue de l'Ange (rue de la Gendarmerie).

2. Composition

Il n'en reste que les arrachements au nord du corps de bâtiment (B).

3. Matériaux

Maçonneries de moellons enduits. Arcs, piliers, cordons en pierre calcaire jaune.

4. Structure

La vue ancienne dont nous disposons complète les renseignements fournis par les rares vestiges en place (C a, C c, C d, C e, C f).

Ce corps de bâtiment comprenait deux étages carrés sur le rez-de­ chaussée double en profondeur : une série de pièces bordant la rue ouvrait au sud sur une galerie de sept travées voûtées d'arêtes. Il en reste :

- les arrachements de la sixième travée (C c) ;

- les arrachements de la septième travée d'angle (C d) sur la­ quelle ouvrent deux cellules plafonnées (C e) et (C f) ; la cellule (C e) donnait au nord par une porte en arc segmentaire.

5. Élévations extérieures

- Façade sud : il n'en reste que des vestiges dans sa partie est : - arc en plein-cintre sur impostes moulurées semblable aux deux premiers arcs de la galerie est (B e) ;

- arrachement de la dernière fenêtre du deuxième et du troisième niveau, ouvrant sur un cordon mouluré ;

- aux deux extrémités, une trompe appareillée située au niveau du sol du premier étage subsiste en partie, accessible par une porte biaise dans l'angle est.

- Façade nord : la photo ancienne ne montre que les deuxième et troisième niveaux percés de dix travées de baies rectangulaires en trois groupes de quatre, deux et quatre travées. A l'extrémité est, une par­tie plus élevée d'une travée paraît correspondre à l'alignement des pièces (C e)- (C f).

6. Comble et couverture

La photo ancienne montre une toiture à deux versants couverts de tuiles creuses.

7. Distribution intérieure

Les deux cellules (C e) et (C f) d'aménagement tardif sont indiquées, au-dessus de leur porte, par une inscription peinte en noir.

Le corps de bâtiment (D)

1. Situation

Il occupe le côté ouest de l'espace du cloître entre la rue de la Gendarmerie et la rue du Couvent.

2. Composition

On a appelé (D) toute cette partie dont il ne semble subsister en réalité que la construction de la parcelle 715. Le reste a été modifié, reconstruit ou détruit.

4. Structure

On peut en reconnaître différentes parties à l'aide de l'analyse morphologique et de la photo ancienne; ce qui reste en place se résume en ceci :

- partie (D a): arrachements de la façade ouest qui com­porte une porte charretière flanquée d'une p0rte piétonne ; cette entrée se trouvait dans l'axe de la galerie du corps de bâtiment (C). On peut encore compter deux étages sur le rez-de-chaussée.

-Partie (D b): simple épaulement des vestiges de (D a).

- Partie (D c) (parcelle 715) : corps de bâtiment simple en profondeur, ouvrant aujourd'hui à l'ouest et comprenant deux étages carrés sur le rez-de-chaussée. A cette partie sont accolés les vestiges de la travée (D e), voûtée d'arêtes, de la galerie ouest du cloître.

- Partie (D d) : entièrement reconstruite ; elle ouvre, à l'est, sur les cours (4) aménagées à l'emplacement des travées détruites de la galerie ouest.

5. Élévations extérieures

- Façade ouest : les vestiges de cette élévation comprennent une travée monumentalisée en (D a) : les deux portes rectangulaires du premier niveau ont un chambranle mouluré ; les fenêtres des deuxième et troisième niveaux en arc segmentaire ont un chambranle mouluré à crossettes.

En (D c), subsistent deux travées de fenêtres rectangulaires sans ornement sur trois niveaux.

- Façade nord : la photo ancienne montre le troisième niveau, plus élevé que celui du bâtiment (C), percé d'une seule fenêtre.

6. Comble et couverture

Toit et appentis à l'ouest : tuiles creuses.

7. Distribution intérieure

Les arrachements de la voûte d'arêtes de la travée (D e) retombent sur des impostes moulurées semblables à celles de (C c) et (B e).

Le corps de bâtiment (E)

1. Situation

Il occupe la partie centrale de l'îlot (29), entre la rue du Couvent et le corps de logis (F) au sud.

2. Composition

Ce long corps de bâtiment ouvrait sur des jardins à l'ouest et com­porte une aile en retour (E b) au nord d'une cour qui ferme au sud le corps de logis (F).

3. Matériaux

Maçonneries de moellons enduits ; chambranles des baies en pierres de taille endommagées par un incendie et cachées actuellement par un enduit récent.

4. Structure

Ce corps de bâtiment (E a) comprend trois étages carrés sur le rez-de-chaussée, éclairés par des séries régulières de fenêtres à l'est et à l’ouest. Greffée sur le côté est, l’aile en retour (E b) communi­quait au premier et au deuxième étage avec (E a) par deux baies jumelées en plein-cintre. Toute la distribution détruite par l'incendie a été refaite.

5. Élévations extérieures

- Façade ouest : mieux que l'état des lieux dressé par Jean Coignet en 1979, la photo ancienne nous montre la répartition des baies sur quatre niveaux (les trois supérieurs seuls visibles).

- Façade est : même répartition semble t-il sur la cour où n'ou­vrent que trois travées.

7. Distribution intérieure

Rénovée.

Le corps de logis (F)

1. Situation

Ce corps de logis s’étend entre le corps de bâtiment (E) au nord et la cour qui le sépare de la rue Dupuy-Montbrun, au sud et, des anciens jardins, à l’ouest.

2. Composition

Il comprend deux ailes au nord et à l'est de la cour.

3. Matériaux

Maçonnerie de moellons recouvert d'un enduit rustique récent. La travée centrale de la façade antérieure et l'escalier sont en pierre de taille calcaire blanche; les nez de marche et le retour du limon de l'escalier ont été réalisés en calcaire gris.

4. Structure

Le corps de logis orienté au sud à une distribution triple en lar­geur et double en profondeur ; il possède deux étages carrés sur le rez-de-chaussée ; un troisième étage aligné sur celui du corps de bâ­timent (E) a été ajouté.

L'aile est en retour est un ajout dont l'aménagement est récent.

5. Élévations extérieures

- Façade antérieure sud : ordonnance de cinq travées sur trois niveaux auxquels s'ajoute le quatrième niveau réparti au-dessus de la génoise à trois rangs. Cette ordonnance est centrée sur la troisième travée monumentalisée sur deux niveaux par un décor mouluré comportant deux pilastres, un balcon et un fronton.

Une sixième travée existe au troisième niveau, au-dessus de l'aile en retour.

- Élévation ouest : intégrée à celle du corps de bâtiment (E).

- Les autres élévations (au nord de la cour ; élévation ouest de l'aile en retour) n'ont pas de caractère particulier. L'ensemble est recrépi de couleur jaune et rouge au quatrième niveau.

6. Comble et couverture

Tuiles creuses. Toitures refaites.

7. Distribution intérieure

L'intérieur a été remodelé afin d'aménager plusieurs petits apparte­ments. Dans la partie sud de la maison ont été posées des cloisons mais le volume initial des pièces est encore lisible grâce aux moulurations des plafonds.

Dans la partie nord tout a été conçu à neuf avec une succession d'ap­partements auxquels donnent accès un ascenseur et un escalier moderne.

Au-delà de la porte se trouve le vestibule terminé par un arc en anse de panier à partir duquel prend place l'escalier. Il s'agit d'un esca­lier tournant vers la droite autour d'un jour en trois volées droites jusqu'au premier étage.

A partir du premier étage un escalier secondaire plus petit, situé à l'est, prend le relais ; c'est un escalier rampe-sur-rampe à marches couvertes de carreaux de céramique et à nez de marches en bois.

- Premier étage : deux appartements occupent le premier étage ; seul a été visité celui placé à l'ouest dont le sol est fait de car­reaux de céramique rouge et qui possède un potager en bon état contre le mur ouest de la cuisine.

- Deuxième étage où sont aménagés également deux appartements ; ce­lui placé à l'est dispose d'une cheminée.

- Dans l'aile en retour, l'escalier tournant vers la gauche carrelé de céramique avec nez en bois est placé derrière la porte sud.

Chaque étage comprend un petit appartement ; celui du premier étage a une cheminée sculptée avec un médaillon et deux guirlandes.

CONCLUSION

Le morcellement de l'ensemble, l'état de délabrement ou la dispari­tion de certains corps de bâtiment ne permettent plus, en l'état de la recherche, d'établir avec assurance l'emprise et la chronologie du cou­vent. Un certain nombre de remarques sur l'état de la question permet­tra ultérieurement de diriger fouilles ou recherches, investigations morphologiques et peut-être restaurations.

L'emprise du couvent parait avoir été considérable. En effet les éléments existants occupent une grande partie des îlots (29), (30) et (31)aujourd'hui différenciés en raison du percement de la rue du Couvent et de démolitions récentes. Il est donc possible de suggérer quelle était la surface du couvent à la veille de la Révolution :

- ilot (29): parcelles actuelles 719, 735, peut-être 720.

- ilot (30): parcelles actuelles 714, 715, 716, 717.

- ilot (31) : parcelles actuelles 712, 713.

- espace reliant les îlots (30) et (31).

La complexité de cet ensemble parait indiquer que le couvent a acquis progressivement des terrains, sans doute non bâtis à la limite des mai­sons bordant la Grand'rue.

La refonte de l'ensemble s'est effectuée aux XVIIe et XVIIIe siècles, la partie la lus récente étant l'extension sud dans l'îlot (29) : la maison de la mère supérieure appartient au XVIIIe siècle et constitue, avec le corps de bâtiment (E) (et peut-être l'immeuble de la parcelle 720) une annexe sans grande cohérence avec le corps principal constitué par les îlots (30) et (31). Ce manque de cohérence est accentué par le fait que toute la partie sud du cloitre a disparu.

Nous pouvons reprendre bâtiment par bâtiment les problèmes que soulève l'analyse morphologique.

Chapelle (A)

De conception et de réalisation homogènes, elle présente un parti clair centré sur la travée couverte par la coupole. On constate qu'elle est dépourvue d'un chœur solidaire du reste de la construction mais on en voit l'arrachement sur le pignon ouest de cette quatrième travée, sur presque toute la hauteur de la façade sud de (B) légèrement en re­trait ; en outre la base de cette façade a une épaisseur comparable aux autres murs de la chapelle, ainsi que le mur qui sépare (B b) de (B c) par ailleurs flanqué de deux massifs que l'on peut interpréter comme des contreforts. Ce chœur, profond de sept à huit mètres, a été remplacé par la salle (B b) plus vaste ; nous ne savons pas pour quel usage, et en relation ou non avec le reste conservé de la chapelle.

Corps de bâtiment (B)

Cette modification de la partie (B b) fut effectuée lors de la reprise complète de toute la moitié sud de ce bâtiment dans le courant du XIXème siècle : on reconstruisit en effet les quatre travées (B f) du cloitre, la cage d'escalier (B a) et le porche (B g). Mais le nouveau bâtiment s'aligna sur la façade sud de l'ancien chevet, condamnant une partie saillante alignée (sur le cadastre de 1832) sur la deuxième cha­pelle sud. De cette partie disparue, on conserva une portion de mur placé dans le prolongement des arcades de la galerie (B f), incluant au rez-de-chaussée un pilier carré supportant la retombée de deux arcs ainsi qu'un second pilier, placé à l'étage, sur lequel subsiste le dé­part d'un arc vers le sud. Ce fragment de mur sert de pignon est à la maison de la parcelle 713, moderne.

L'élévation graphique nous montre que ces vestiges ne correspondent pas au rythme actuel des arcades de la galerie est du cloitre ; d'autre part, si on restitue le rythme ancien à l'aide du report des largeurs des deux premières travées, il y a encore chevauchement de la sixième travée.

Il est donc possible d'émettre un hypothèse que des fouilles sous la rue du Couvent au devant du porche (B g) et à l'emplacement de la parcelle 713 permettraient de vérifier : la galerie est n'aurait eu que cinq travées au lieu de six ; le demi-arc en place, décalé par rapport à la sixième travée, ne serait en fait que l'entrée de la galerie sud disparue, l’écart étant compensé par un support plus long que les pi­liers, comme dans l'angle nord-est du cloitre.

La présence de la retombée de l'autre arc, au sud du pilier, ainsi que le dispositif, sans doute jumelé, de l'étage, à l'image de ce que l'on voit entre (E a) et (E b) on pourrait plus être que des baies ouvertes dans un refend reliant une cage d'escalier et des couloirs ou galeries de distribution. Nous serions donc, à l'extrémité sud du bâti ment (B) dans un endroit stratégique de la distribution, c'est-à-dire un escalier ou l'escalier principal, peut-être avec l'entrée elle-même du couvent. La disparition de cet escalier imposa son remplacement par l'escalier (B a) dans la distribution actuelle.

Le détail de l'organisation ancienne supposée ne peut être resti­tué faute de traces ou de documents actuellement disponibles.

Corps de bâtiment (C)

Bien que presque complètement disparu, il ne pose pas de problèmes archéologiques importants. Il possédait six arcades sur le jardin du cloître ; les sondages effectués en 1986 ont retrouvé le soubassement continu des arcades, sans renforcement à l'aplomb des piliers.

Corps de bâtiment (D)

Il est possible que nous ayons dans la parcelle 715 un vestige de ce corps de bâtiment dont la seule travée d'entrée (D a) avait un décor, bien que cette entrée puisse être considérée comme une entrée secondaire comprenant porte charretière et porte piétonne. Par contre, il faut s'in­terroger sur l'état de ce bâtiment du côté du cloître. Les élévations est actuelles, nues, pratiquement sans percements, non enduites en ma­jorité, forment le côté ouest de la galerie représentée par les arrache­ments des travées (C a) et (D e). Il paraît logique de restituer au de­vant de cette élévation, c'est-à-dire au-dessus de la galerie, la partie manquante du bâtiment ; cette restitution est corroborée par la présence dans l'angle des galeries (C) et (D) des vestiges d'une trompe appareil­lée qui soutenait un passage situé à l'étage. Le corps de bâtiment (D) aurait dans ce cas douze mètres de largeur contre dix mètres pour (B) et (C).

Corps de bâtiment (E)

Avec le corps de logis (F), ce bâtiment constitue une sorte d'annexe ajoutée tardivement au couvent. Sa largeur intérieure de six mètres n'autorise à chaque étage qu'une rangée de chambres, ouvrant à l'ouest, desservies par un couloir auquel la cage d'escalier (E b) donnait accès. Cependant, nous restons dans l'incertitude quant à l'appartenance au couvent de la parcelle 720 qui donnerait la clef de l'accès à cette cage d'escalier.

Le corps de logis (F)

Par la composition de sa façade avec une travée centrale monumentale, son accès direct sur la rue par l'intermédiaire d'une cour, le type de décor de son escalier, ce corps de logis s'apparente d'une part, à d'au­tres demeures civiles construites au XVIIIe siècle dans Cavaillon et, d'autre part, à certains aspects de l'hôtel de ville.

Le couvent aurait été construit au tournant du 17e siècle. Une refonte de l'ensemble des bâtiments s'est effectuée aux 17e et 18e siècles. Après la Révolution, le couvent fut morcelé. Le cadastre de 1832 montre l'ensemble des bâtiments partagé entre plusieurs parcelles, seuls la chapelle et un bâtiment accolé étant désignés comme édifices publics ou religieux..

L'ancien couvent Saint-Benoît occupe la plus grande partie de deux îlots, actuellement différenciés du simple fait de la démolition d'un corps de bâtiment au nord et de l'aménagement de l'espace du cloître en parking entre la rue de la Gendarmerie et celle du Couvent. L'ensemble est aujourd'hui dégradé et divisé en plusieurs parcelles indépendantes. On peut distinguer la chapelle et un corps de bâtiment, alors que divers autres corps de bâtiment forment actuellement un ensemble. La complexité de l'ensemble paraît indiquer que le couvent a acquis progressivement des terrains, sans doute non bâtis, à la limite des maisons bordant la Grand'Rue.

  • État de conservation
    vestiges
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général