Dossier d’œuvre architecture IA83003300 | Réalisé par
Bonan Aurélie (Contributeur)
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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  • inventaire topographique
Chapelle Saint-Jean-Baptiste dite Saint-Jean
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
  • (c) Dracénie Provence Verdon agglomération

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Dracénie Provence Verdon agglomération - Flayosc
  • Commune Comps-sur-Artuby
  • Lieu-dit Saint-Jean
  • Adresse chemin de Saint-Jean
  • Cadastre 1843 K1 214  ; 2023 K4 307c
  • Dénominations
    chapelle
  • Vocables
    Saint-Jean-Baptiste
  • Appellations
    Saint-Jean

1. Epoque médiévale

La chapelle Saint-Jean est érigée au 13e siècle, après 1233, par les bénédictins de l'Ordre du Temple. Ces derniers réalisent alors de grands travaux à Comps-sur-Artuby, notamment la fortification de l'éperon rocheux qui accueillait le château de la commanderie et l'église paroissiale Saint-André (Référence du dossier : IA83003303). Bertrand de Comps, 17e Grand Maître de l'Ordre de 1244 à 1248, pourrait être à l'origine de cette construction. En effet, Comps était le siège d'une commanderie de Templiers puis d'Hospitaliers regroupant les commanderies de Saint-Maime, La Roque d'Esclapon, Lesperel, Draguignan, Roquebrune, Lesterel, Colmars, Beauvezer puis Brovès, vers 1728 et Bargemon, vers 1742. Les revenus de ce chef lieu de commanderie étaient relativement élevés. Le plan, le mode de construction et l'aménagement intérieur de la chapelle rappelle la chapelle Saint-Didier (Référence du dossier : IA83003299), légèrement antérieure. Autre similitude : des corbeaux en pierre, évoquant une structure en bois disparue : ici des hourds, selon Yann Codou, soutenant une galerie de bois, surplombant l'à-pic. L'existence d'un dépositoire accolé au mur sud n'est pas totalement à écarter en raison de vestiges en pierre à sa base et de la mention de quelques sépultures attestées à l'époque moderne.

2. Epoque moderne

Le vocable d'origine de la chapelle est Saint-Jean-Baptiste ainsi que mentionné notamment dans les visites de l'évêque et des commandeurs, presque systématiquement au cours de l'époque moderne. Le prieur est le commandeur de Comps et la chapelle, hormis mentions ponctuelles, est "honorablement tenue". Il s'agissait d'une chapelle "sans obligation de service" (1714) : deux grandes messes annuelles de fondation y avaient lieu, l'une à la Nativité de saint Jean Baptiste, l'autre le lendemain, pour le soulagement des âmes des commandeurs successifs (1723). La chapelle n'était toutefois pas dépourvue d'objets sacrés, parfois aux armes des commandeurs (exemples : tableau du baptême du Christ par Jean le Baptiste, aux armes du commandeur Badas ou reliquaire en argent également armorié, signalés lors de la visite de 1723). Ses reliques furent momentanément conservées dans l'église paroissiale, lors du défaut de fermeture de sa porte (visite pastorale du 17 mai 1682). En 1723, le vicaire de la paroissiale utilisait ses ornements que le commandeur a dû récupérer. En octobre 1777, le curé ouvre au commandeur les portes de la chapelle Saint-Jean qu'il dessert. Ces épisodes soulignent les interactions multiples entre le clergé séculier local et les réguliers, exclusifs seigneurs du lieu depuis 1540.

On apprend le 17 septembre 1641 que "les pénitents érigés dans la chapelle Saint-Jean appartenant à la commanderie jouissent de la chapelle Saint-Jean tant qu'il plaira au commandeur et à ses successeurs" (56 H 57). En 1685, une autre visite mentionne que ceux-ci y ont érigé une tribune, "du côté de la grande porte" (1714), avec "degrés à main droite en entrant" (1723), remise en état en 1773.

En 1705, le commandeur fait placer une porte double à l'entrée et des barres de fer aux fenêtres pour empêcher que personne ne puisse entrer. Il fait également réparer la "muraille du cousté du septentrion quelle estoit tombée, réparé les degrés de la tribune et fait faire une grande muraille de pierre sèche au près de l'entrée de la dite chapelle pour la commodité du public [le tout] pour 170 livres". Dans cette visite, celles de 1714, 1720 et 1723, il est fait mention d'une chapelle des pénitents distincte de la chapelle Saint-Jean, qui serait vraisemblablement localisée à l'emplacement de l'actuelle église Sainte-Philomène.

En 1714, il est fait mention d'un petit clocher "en forme de niche" qui aurait été, comme le toit, le mur de soutènement sud et les murailles qui entourent la chapelle, consolidé depuis peu.

En 1752, l'évocation du "tombeau des sieurs commandeurs", localisé près d'une porte refaite à neuf, explique la grande messe annuelle à leur intention. Les sieurs de Villevieille, habitants Jabron, se font enterrer dans le cimetière d'une chapelle Saint-Jean à Comps, d'après les registres paroissiaux des années 1679 et 1692. Malgré l'exiguïté de l'éperon rocheux, l'absence d'une chapelle Saint-Jean à Jabron autorise la supposition de quelques tombes avoisinant la chapelle Saint-Jean-Baptiste.

3. Epoque contemporaine

En 1845 et 1847, les élévations tant intérieures qu'extérieures, et le toit nécessitent des réparations.

Dans le courant des 20 et 21e siècles, les principales rénovations portent sur la toiture et l'élévation nord. En 1979, la toiture est restaurée. Un contrefort est renforcé et des tuiles sont posées sur les deux contreforts bâtis à la chaux. La maçonnerie du cul-de-four est rejointée à la chaux hydraulique (maître d'oeuvre : Jean-Claude-Ivan Yarmola, entreprise de maçonnerie SOTRAPUCO, R. Chiocchia et Fils). En 2009-2012, Louis-Martial Fahrner et la Société Méditerranéenne de Bâtiment et de Rénovation rénovent à nouveau le toit : les tuiles sont changées sur la nef mais le chevet est désormais couvert de lauzes. Le contrefort le plus à l'ouest est démoli et des injections de chaux sont réalisées dans le mur nord.

Erigée dans le second quart du 13e siècle, la chapelle Saint-Jean bénéficia régulièrement de restaurations. Celles-ci, d'abord prises en charge par la commanderie de Comps, furent, à partir de sa protection en 1926, financées par l'Etat et les collectivités territoriales. Deux campagnes d'ampleur, l'une en 1979 (maître d'oeuvre Jean-Claude-Ivan Yarmola, entreprise de maçonnerie SOTRAPUCO) et l'autre en 2009-2012 (maître d'oeuvre Louis Martial Fahrner, entreprise de maçonnerie S.M.B.R.) sont à noter.

A l'est du village de Comps, la chapelle Saint-Jean est un petit édifice orienté, dominant les gorges de l'Artuby. Elle est construite en pierres de taille calcaire bien assisées, de grand appareil pour l'abside et de moyen appareil pour la nef. Un contrefort soutient le mur nord. Le toit de la nef à deux pans comporte des tuiles creuses (pignon couvert), tandis que le chevet est couvert de lauzes. De plan allongé, la chapelle comporte une nef unique à deux travées, divisée par un arc doubleau sur culot à quatre ressauts, et voûtée en arc brisé. L'abside semi-circulaire possède un diamètre plus étroit que le vaisseau de la nef ; elle est voûtée en cul-de-four. Deux portes en arc brisé sont percées dans les élévations : l'une à l'ouest permet l'entrée, l'autre au sud, donne désormais sur le vide (emmarchement extérieur à proximité). Elles sont surplombées par des corbeaux à crochets. Quatre baies percent pour l'une le chevet (arc brisé), pour les trois autres l'élévation sud (deux plein-cintre, une ouverture rectangulaire). Cet éclairage est complété par les présences d'un jour cruciforme, au soleil levant, sur l'arc triomphal et d'un oculus en haut du mur pignon, en façade. Les élévations intérieures sud et ouest portent les vestiges d'une ancienne tribune (traces de l'escalier, du plancher, des trous de poutraison...). De grandes dalles régulières sont posées au sol. Comme pour la chapelle Saint-Didier (Référence du dossier : IA83003299), on retrouve à l'intérieur de cet édifice, un lutrin, un placard et une niche-crédence dans le chœur, ainsi qu'une banquette de pierre qui court au bas des murs nord, ouest et sud (en partie) et une moulure en quart-de-rond à la naissance de la voûte.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse, pierre en couverture
  • Plans
    plan allongé
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • cul-de-four
    • voûte en berceau brisé
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Précision représentations

    Décor gravé et peint : croix de l'Ordre du Temple (croix de consécration, chrismation des murailles). Sept occurrences réparties à l'intérieur, sur le chevet et les élévations nord et sud de la nef.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1926/01/27
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Procès verbaux des améliorissements de la commanderie de Comps-sur-Artuby, 1566-1777. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 233.

    27 août 1685, 11 juillet 1705, 28 septembre 1714, 23 janvier 1720, 6 août 1723, 30 septembre 1734
  • Procès verbal de la visite pastorale de Comps-sur-Artuby, 25 juin 1601. Archives départementales du Var, Draguignan : 1 G 66, fol. 339 vo-341 vo.

    Fol. 340-340 vo
  • Procès verbaux des visites pastorales de Comps-sur-Artuby, 1638-1648. Archives départementales du Var, Draguignan : 1 G 65, fol. 62-64, 185-191 vo, 283 et suivants, 309 vo-316.

    Fol. 286
  • Registre paroissial de la commune de Comps-sur-Artuby, 1675-1699. Archives départementales du Var, Draguignan : 1 MI EC252R1.

    Fol. 46, 154
  • Procès verbal de la visite pastorale de Comps-sur-Artuby, mai 1682. Archives départementales du Var, Draguignan : 1 G 64, fol. 279 vo-287 vo.

  • RAYBAUD, Jean. Inventaire des archives et documents de la commanderie de Comps, ses membres et dépendances, 1701-1714. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 57 (copie).

  • Procès-verbaux des visites de la commanderie de Comps, 1734-1786. Archives départementales du Var, Draguignan : 18 H 2.

    19 août 1786
  • Procès verbal de vérification des ordonnances de visites (Ordre de Malte). Comps-sur-Artuby. 1787. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 207.

  • Renseignements statistiques sur les églises paroissiales et les presbytères du département du Var au 31 décembre 1845. Archives départementales du Var, Draguignan : 4 V 2-2.

  • Réparations à faire aux églises et chapelles de Comps, 1847. Archives départementales du Var, Draguignan : E dépôt 65/277.

  • Facture de l'entreprise SOTRAPUCO du 10 avril 1979. Archives communales, Comps-sur-Artuby : Bat Co.

  • Dossier des ouvrages exécutés à la chapelle Saint-Jean de Comps, 2012. Archives communales, Comps-sur-Artuby : non coté.

Bibliographie

  • CODOU, Yann. Les églises médiévales du Var. Forcalquier : Les Alpes de Lumières, 2009.

    P. 40, 121
  • THIRION, Jacques. Alpes romanes. La Pierre-qui-Vire (Yonne) : Impr. des Ateliers de la Pierre-qui-Vire et des Ateliers de l'Abbaye Sainte-Marie, 1980, 434 p.

    P. 51
  • MAGNAUDEIX, Irène et alii. Comps, son territoire, son histoire. Comps-sur-Artuby : 2012.

    P. 101-102, 251-252

Documents figurés

  • Plan cadastral de la commune de Comps-sur-Artuby, 1843. / Dessin, encre et lavis par Bosc, géomètre en chef, Léandre Fouques, Ricard aîné, Ricard cadet et Loup, géomètres de première classe. Archives départementales du Var, Draguignan : 3PP_044_02 à 3PP_044_50.

    3PP_044_47
Date(s) d'enquête : 2023; Date(s) de rédaction : 2023, 2024
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Dracénie Provence Verdon agglomération
Bonan Aurélie
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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