Construction d'une nouvelle église paroissiale
L’église paroissiale primitive, dédiée à saint Jacques et mentionnée dans le cartulaire de Saint-Victor à la fin du 11e siècle, était selon Cortez bâtie sous les rochers servant d’assise au château. Au 16e siècle l’accroissement du village vers la plaine conduit la communauté à construire un nouveau lieu de culte. Placé à l’est du bourg, il est en écart et orientera la future extension de l’agglomération. D’après Cortez, le seigneur d’Esparron, Gaspard d’Arcussia, aurait cédé le terrain attenant aux Aires pour bâtir l'édifice en 1545. Chaix indique que le coût de la construction fût assumé par le chapitre de Grignan, le seigneur et la communauté. Une délibération de la communauté datée de 1606 atteste du chantier en cours de la nouvelle église. Enfin, la visite pastorale de 1620 nous apprend que l'ancienne église, « toutefois encores en bon estat », a été démolie.
Vocable de cette nouvelle église
D’après la visite pastorale de 1620, le maître-autel du nouvel édifice, dédié à saint Jacques, est garni d'un retable représentant la Vierge entourée de saint Jacques et de saint Jean. La visite pastorale de 1676 mentionne néanmoins saint Jean Baptiste et non saint Jean. Les visites pastorales de 1633, 1682 et 1714 mentionnent respectivement les titres de Saint-Jacques, Saint-Jacques-le-mineur (ou "saint Jacques apostre" en 1676) puis de Saint-Jacques et Saint-Jean. En 1787-1788, Achard rapporte que la paroisse est connue sous le titre de Saint-Antoine. En 1863, on apprend que le titre de l'église est Notre-Dame-de-l'Assomption, ses patrons saint Jacques et saint Jean Baptiste. Cortez (1886-1887) le confirme mais cite à nouveau saint Jean au lieu de saint Jean Baptiste. En 1976, le chanoine Malausse indique que le vocable de l'église est toujours celui de Notre-Dame-de-l'Assomption. Le diocèse de Fréjus-Toulon la référence actuellement sous le titre de Sainte-Agathe. Cependant, d'après les paroissiens, son titre demeure celui de Notre-Dame-de-l'Assomption, sainte Agathe étant la patronne.
Vue de la façade occidentale et de l'élévation sud.
Les phases de construction de l'édifice
La couverture en tuile de l’église est achevée en 1611, son clocher est érigé entre 1615 et 1617. Sa cloche, qui sera refondue à plusieurs reprises (l'édifice en possède actuellement trois), est installée en 1618, comme le pavement de "béton". Ils seront renouvelés au fil du temps, quatre cloches et un "pavé de plastre" étant mentionnés en 1676, puis le couvrement du sol en briques en 1781 (les dalles de marbre présentes dans les chapelles Notre-Dame-du-Rosaire et Saint-Joseph correspondraient à des tombeaux seigneuriaux). L’oculus de la façade principale est percé en 1680 par Joseph Vaillant, maçon de La Verdière (village voisin).
Différentes phases de construction se lisent dans le plan irrégulier de l’édifice. Elles sont bien documentées par les archives communales anciennes. Dans la première phase de construction, l’église ne comprend probablement qu'une chapelle, celle dédiée à Notre-Dame-du-Rosaire, chapelle seigneuriale d’après la visite pastorale de 1676 et la comptabilité trésoraire de 1714. Les chaînages d'angle à bossage permettent de deviner l'édifice primitif, les parties postérieures au 17e siècle (bas-côté nord et décrochement de la façade au sud) n'en possédant pas. Seuls les bossages de l'angle nord-est de la sacristie font exception. En effet, celle-ci fut réalisée par le maçon Gallueil vers 1669, conformément aux ordonnances de 1633 et 1662 de l’archevêque d’Aix, exigeant son aménagement "à gauche du maître-autel". Du côté nord, la chapelle de la confrérie de saint Joseph est créée en 1660, comme en témoigne la date portée. Le conseil communal autorise en 1769 la confrérie de saint Eloi à construire une chapelle qui sera achevée en 1771 ainsi que l’atteste une autre date portée. Un plan dressé en 1850-1851 montre que la partie sud-ouest de l’édifice où se trouvent actuellement les fonts baptismaux n’était pas encore en élévation à cette date.
Détail de la chaîne d'angle en bossage de la façade occidentale.
D'après une archive paroissiale (1863), les trois chapelles du bas-côté sud furent construites en 1616. Plusieurs informations confirment l’existence antérieure de ces chapelles dédiées à saint Antoine, saint Honorat et sainte Agathe. En effet, Si l’on en croit Chaix, la confrérie de saint Eloi siégeait, avant l’érection de sa chapelle au nord (1771), dans celle dédiée à saint Honorat (au sud), et la visite pastorale de 1676 indique bien que la chapelle de saint Honorat contient une "image de st Eloy". Cette même visite pastorale atteste l'existence de trois chapelles dédiées à saint Antoine, saint Honorat et sainte Anne du côté de l’épître. Enfin, l'angle sud-est de ce bas-côté comporte des pierres à bossage. Les fonts baptismaux, qui en prolongeront l'extrémité occidentale au 19e siècle, étaient situés "au bas de l'église au coste de l'evangile" : ils occupaient probablement la nef au niveau de l’actuelle chapelle Saint-Eloi.
On peut restituer un édifice se dessinant au début du 17e siècle autour de la nef, de la chapelle seigneuriale de Notre-Dame-du-Rosaire et du clocher du côté nord, puis dès 1616 des chapelles de saint Antoine, saint Honorat et sainte Anne (aujourd'hui sainte Agathe) du côté sud. Dans la seconde moitié du siècle, la chapelle de saint Joseph (1660) puis la sacristie (1669) s'y adjoindront. Au 18e siècle on ajoutera au nord-ouest la chapelle saint Eloi (1771) et au 19e siècle, les fonts baptismaux qui seront bâtis à l'angle sud-ouest (1862).
Au cours des siècles, l’église doit être régulièrement réparée, comme en 1676 lorsque « pleut en divers endroictz et corrompt la voulte et murailles de l’eglize ». En 1698, la visite pastorale nous apprend que le chœur doit être blanchi. Elle répartit les charges entre les décimateurs, qui doivent faire réparer le toit du chœur et de la sacristie, et les paroissiens qui ont pour mission de restaurer le toit de la nef et la porte du clocher. En 1850, les piliers du bas-côté sud sont très endommagés par les pluies qui filtrent au travers de la toiture en mauvais état, si bien que le conseil municipal craignant un effondrement décide de faire réparer voûte et piliers, nous transmettant un plan de l’édifice. L'intérieur a été ré-enduit à la chaux en 2007.
Cimetière et presbytère
Le cimetière était accolé aux flancs nord et est de l’église paroissiale. Il fut amputé par plusieurs constructions : d’abord celle de la chapelle Saint-Joseph en 1660, puis de la maison curiale, actuelle mairie attenante à l’édifice, en 1749, puis en 1771 par la chapelle dédiée à saint Eloi. A chaque empiètement, un agrandissement du cimetière est prévu, jusqu’à ce que, devenu trop exigu, il soit transféré en 1856 à la chapelle Notre-Dame-du-Revest. Plan géométral du cimetière et de son agrandissement, s.d. (antérieur au déplacement du cimetière à la chapelle Notre-Dame-du-Revest en 1856.)
L'ancien presbytère, actuelle mairie [Référence du dossier : IA83001751], est en partie adossé à la façade occidentale de l'église. Une ouverture aménagée vers 1745 dans ce mur mitoyen permettait la communication entre les deux édifices. Au 20e siècle, elle donnait accès à la salle où était pratiqué le catéchisme.
Maître maçon à Esparron-de-Pallières au 17e siècle. Il réalise la sacristie de l'église paroissiale vers 1669.