Dans la Provence médiévale, les épidémies de peste favorisent, dès le 16e siècle, la dévotion à un saint guérisseur nommé saint Roch.

Saint patron de La Verdière, il y est fêté, d’après les archives de la communauté, dès le milieu du 15e siècle. La fête religieuse s'accompagne d'une bravade ou simulation de tirs festifs. Cette bravade est attestée dès le début du 17e siècle par une mention d'achat de poudre. Une bannière de procession représentant saint Roch est acquise en 1683.

Organisée autour du 16 août, la fête se déroule aujourd’hui durant quatre jours. La pratique du tir, l’utilisation de tambours et de fifres ainsi que la procession en sont des éléments constants depuis plusieurs siècles. En se rendant à la chapelle, les fidèles rendent grâce au saint : « Grand saint Roch, vous dont la mémoire / Est un parfum pour notre cœur / La Verdière eut toujours la gloire / De vous avoir pour protecteur. »

La fête comporte un aspect religieux et un aspect profane (bravade). Il s'agit d'un romérage, cérémonie populaire courante en Provence à l'époque moderne, associant fête religieuse (procession, messe) et jeux, bravade, danses, foire ou marché. Certains débordements peuvent avoir lieu, des incidents tumultueux étant mentionnés à plusieurs reprises. En 1697, la communauté décide de poursuivre les "libertins" ayant troublé la fête de saint Roch en insultant et frappant le premier consul à la sortie des vêpres. En 1765, les tirs de la bravade, qui avaient causé des accidents, furent temporairement supprimés de la fête. Le 22 août 1882, peu après la fête, une lettre du curé au vicaire général fait le récit d'un nouvel incident survenu à cause d'un bravadier qui était allé "décharger son tromblon dans le tambour de l'entrée principale" de l'église paroissiale.

Michel Palamède de Forbin d'Oppède propose une description des réjouissances dans sa monographie de La Verdière : « Le 16 août, jour de la fête, les jeunes gens se donnaient rendez-vous à la porte de l’église paroissiale, munis de tromblons qu’ils chargeaient de poudre jusqu’à la gueule. Ils faisaient ainsi retentir les échos, au moment où le clergé sortait de l’église pour se diriger vers la chapelle. Cette procession, en se développant sur le chemin en corniche de Varages, avait un aspect pittoresque auquel contribuaient encore les jeunes filles vêtues de blanc et portant des bannières de diverses couleurs. La procession arrivée à la chapelle et la messe dite, les tromblons redoublaient de fureur au moment de la bénédiction, voulant en quelque sorte imposer à l’écho une prière au grand saint Roch, suivant le dicton du pays. Dans cette journée de fête, des jeux publics étaient organisés dans les champs. Le plus curieux était celui dit de la laïdo mino. Tous les enfants de huit à dix ans se plaçaient cote à cote, sur une muraille d’un mètre cinquante de hauteur, et, là, chacun prenait de ses petites mains ses yeux qu’il tiraillait dans tous les sens, en prenant en même temps les deux coins de sa bouche. Ils parvenaient ainsi à faire d’horribles grimaces, et celui qui inspirait par là le plus d’horreur gagnait un paquet d’épingles qui lui était donné par monsieur le maire ou par monsieur l’adjoint. Vers les 5 heures du soir, on se réunissait sur une grande route, pour faire courir les chevaux. Les prix consistaient en plats d’étain que l’on conservait comme des trophées dans les maisons. On distribuait encore des écharpes et beaucoup de bonnets de coton. (…) »

La correspondance de 1882 à propos du bravadier dissident nous apporte de nouveaux éléments : « La fête s’ouvrait à six h. du matin par une belle et imposante procession, où l’on comptait autant d’hommes que de femmes. Selon un usage qui data de loin, une troupe de jeunes gens armés de tromblons et de mousquets montait la statue du patron, faisant en son honneur de fréquentes et bruyantes décharges. Après avoir parcouru les principales rues du village, la procession faisait son entrée solennellement dans la chapelle st Roch où l’on disait une messe basse au milieu d’un profond recueillement. Le Saint Sacrifice achevé, la procession se reformait pour se diriger vers l’église paroissiale où elle rentrait à 9 h. (...) La Grand’Messe commençait à 10h et ½. L’église était comble ; les hommes remplissaient le sanctuaire et les bas cotés et les femmes, la grande nef qui leur est réservée. » Le coutumier de 1865 indique qu'une seconde messe avait lieu à 8 h 30 le lendemain (17 août) à la chapelle.

Ces deux descriptions, presque contemporaines l'une de l'autre, décrivent respectivement le caractère festif, profane et pittoresque de l'événement, ainsi que son déroulement rituel.