HISTORIQUE ET TYPOLOGIE GÉNÉRALE
Située à proximité de l'actuel hameau de Fabregas, l'ancienne batterie du Bau Rouge est parfois confondue avec celle de Fabregas (alias Faubrégas) située sur la même côte plus au nord, confusion favorisée par des ambiguïtés anciennes et récurrentes dans l'emploi des toponymes, celui de Fabrégas étant dans les premiers temps attribué à la future batterie du Bau Rouge, du fait de sa localisation au nord de la plage de Fabrégas, tandis que la batterie de Fabrégas est nommée batterie de La Verne. Si la batterie de Fabregas alias de La Verne est constamment entretenue depuis sa construction en 1695 selon le projet d'Antoine Niquet, directeur des fortifications de Provence, auxiliaire de Vauban, la batterie du Bau Rouge connait une période d'abandon avant d'être réhabilitée vers 1760.
Un Plan des rades de Toulon datée du 22 mars 1695, établie par Antoine Niquet et associée à un mémoire sur l'état des batteries à faire et à réparer sur la côte des rades de Toulon1 , figure une série de batteries projetées ou en cours de construction, et plusieurs retranchements projetés pour défendre l'abordage des plages, au sud de la presqu'île de Saint-Mandrier (dite alors de Cépet), sur l'isthme des Sablettes (plage St Elme) qui la relie au littoral, et sur la côte attenante au sud-ouest, jusqu'au Cap Rouge (actuelle pointe du Bau Rouge). Cette dernière partie échelonne cinq ouvrages numéroté de 1 à 5, en partant du sud depuis l'anse ou crique dite Port de Faubregas (limitée au sud par le Cap Rouge) jusqu'à la plage de Saint-Elme : le n°1 est le retranchement de plage projeté dans l'anse de Faubregas, le n°2 un épaulement de batterie projeté sur l'avancée rocheuse terminant l'anse au nord, le n°3 le retranchement projeté de la plage de la Verne, le n° 4 un épaulement de batterie déjà construit sur l'avancée rocheuse suivante (future batterie de Fabrégas), enfin le n°5 un autre épaulement déjà en place à l'extrémité ouest de la plage de St Elme, qu'elle flanque, au départ du long retranchement projeté sur cette plage. Le marché de construction de ces ouvrages sommaires est attribué à l'entrepreneur César Aguillon, qui avait construit la batterie pérenne des Vignettes, dans la petite rade de Toulon. Le 27 janvier 1696, quittance lui est donnée pour avoir construit le retranchement de Fabrégas (n° 1 du plan).
Le Plan de la ville de Toulon et de ses rades, gravé à Paris par Charles Inselin 2 et exprimant l'état des défenses lors du siège de Toulon en août 1707, reprend à peu près à l'identique les indications topographiques du plan de Niquet de 1695, pour le secteur concerné, indiquant les mêmes retranchements de plage et batteries. La première batterie en partant du nord, attenante à l'ouest au retranchement de la plage de Saint-Elme, n'est pas nommée, mais la légende lui crédite un armement de 6 canons et 2 mortiers, la seconde (le n°4 de 1695) est dite batterie de La Verne, armée de 2 canons et d'un mortier, la troisième (le n°2 de 1695) dite batterie de Faubrega, est armée de deux canons. Il s'agit de la future batterie du Bau Rouge, alors épaulement sommaire réalisée en 1695.
La carte de la rade de Toulon qui indique les forts et batteries ou l'on propose des ouvrages à faire durant l'année 1758, signée d'un officier du génie en poste à Toulon, le sieur Roquepiquet, le 15 novembre 17573, n'indique que deux batteries flanquant à l'ouest la plage St Elme (ou anse des Sablettes), la première, en partant du nord, voisine de la plage est la batterie de Marvive, la seconde, un peu plus au sud est la batterie de La Verne. La Carte des rades de Toulon 4 et le mémoire associé de l'ingénieur François Milet de Monville daté du 9 mars 1759, signalent trois batteries distinctes dans ce secteur de la côte est, la première, est toujours la batterie de Marvive (cotée C), qui est abandonnée, la seconde (cotée 2) est une "redoute et batterie sur le cap de la Verne, construite en pierres sèches pendant la dernière guerre, elle tombe en ruines, on propose de la rétablir en bonne maçonnerie"; c'est la future batterie de Fabrégas5. La troisième batterie (cotée 1) sur la plage de Faubregas (reste du retranchement devenu batterie ? ), est figurée dans le creux de l'anse occupée par la plage, entre les deux avancées rocheuses, proche de celle du nord , nommée Cap de Faubrégas, sur laquelle l'épaulement de 1695, non nommé et non coté (désarmé) fait apparemment l'objet d'un projet de réhabilitation (indication en lavé jaune sur la carte). La situation de la troisième batterie, sur la plage, est inchangée sur la carte des rade de la ville de Toulon et du Brusq avec les environs, jointe au mémoire sur la défense de Toulon de Milet de Monville, daté de 18 avril 1762 6, qui la nomme batterie de Faubrégas, Cette carte n'indique plus l'épaulement sur l'avancée rocheuse nord de la plage, toujours nommée pointe de Faubregas, non plus la batterie dite de Marvive, et nomme encore batterie de la Verne la future batterie de Fabrégas.
Le plan de la rade de Toulon de la disposition des forts et batteries de la côte joint au Mémoire sur la ville de Toulon du sous-brigadier du génie Louis d’Aguillon, daté du 1er mars 1768 7, donne à la batterie de la Verne, figurée avec sa redoute à la gorge de l'épaulement, son nom définitif de batterie de Faubrégas, et la compte au nombre des sept batteries de la rade armées en temps de guerre pour augmenter les défenses. Sur ce plan, la batterie de Marvive est absente, et l'unique batterie -simple épaulement non nommé- figurée sur la côte au sud de celle de La Verne/Faubrégas, n'est plus sur la plage de Faubrégas, mais sur la pointe au nord de cette plage : c'est l'épaulement n° 2 de 1695 réhabilité, soit la future batterie du Bau Rouge. Un état des lieux des batteries de la rade établi le 14 décembre 1770 par quatre ingénieurs du génie 8 mentionne à nouveau trois batteries distinctes dans ce secteur les deux premières sont : la batterie de Marvive, située à la partie de l'ouest de l'anse des Sablettes, son objet étant de s'opposer à la descente, puis la batterie de Faubregas, armée de trois pièces de 36 livres 9 et de trois autres de 24 livres dont deux hors d’état de servir, sans affût ni plate forme ; l’arrière de l'épaulement de celle-ci, en terre et à barbette, est établie une redoute en pierres sèches recrépies qui contient les logements et magasins. La troisième est désormais nommée la batterie de Bau Rouge, qui "consiste en 2 pièces de canon de 24 dont une mauvaise, sans affut ni platte forme, son objet est de défendre la descente dans son anse".
Durant la période révolutionnaire, en 1791, la direction des places des départements du Var et des Bouches du Rhône définit les dépenses à engager pour mettre les batteries de la côte dans un état de défense désirable. La liste n'indique aucun armement ni remise en état pour la batterie de Marvive, jugée inutile, la batterie de Faubregas justifie une dépense de 272 livres pour les réparations de l'existant, et de 5000 livres pour lui donner le degré de force nécessaire, tandis que la batterie du Bau Rouge n'appelle qu'une dépense modeste de 40 livres de réparations 10. Un état de l'armement des batteries de côte établi le 21 mars 1793, crédite celle du Bau Rouge de trois canons en fer de 24 livres, et de 500 livres de poudre11. Un autre rapport en forme de liste, sur la force des batteries de la rade du Brusc dressé le 18 prairial an 2 (6 juin 1794) par quatre commissaires nommés par le ci-devant pouvoir exécutif, indique que la batterie du Bau Rouge est désarmée dans son état au 1er germinal an 2, l'armement à lui procurer pour lui donner la force projetée étant de trois canons de 24 (livres), et de deux de 12. 12
En 1811, Napoléon valide les propositions du comité général des fortifications organisant à sa demande un projet général de mise en défense des côtes à l'échelle du territoire de l'Empire, jusqu'aux Pays-Bas au nord, et jusqu'à l'Italie et la Dalmatie au sud-est. Le programme définit et fixe des modèles architecturaux normalisés pour les batteries de côte, et en particulier, pour les réduits de batteries, en forme de tour cubique. Le programme de principe annoncé dans le rapport de la séance du comité central des fortifications du 11 avril 1812 planifie la construction de six tours modèles pour la place de Toulon, réparties d’ouest en est entre l’île des Embiez et Carqueiranne. Certaines sont proposées dans plusieurs batteries de la rade du Brusc, d'autres dans la presqu'île de Saint-Mandrier, l'une de ces dernières, proposée à l'appui de la batterie de la Carraque, sur la hauteur de la Croix des Signaux, sera la seule effectivement construite. Dans ce cadre, des trois batteries intermédiaires de Marvive, Fabregas et Bau Rouge, seule la seconde est prise en compte dans ce projet général de principe, avec une proposition de tour-modèle13. La batterie du Bau Rouge consiste à cette date en un épaulement polygonal à trois pans face au sud, flanqué d'une petite aile latérale droite à la gorge duquel s'élève un corps de garde non défensif intégrant un petit magasin à poudres.
Le directeur des fortifications de Toulon, le colonel Alexandre de Dianous (de La Perrotine), chargé des projets opérationnels, donne la priorité à ceux des batteries de la rade du Brusc, rendus en mai 1812, et à ceux de Saint-Mandrier. Le projet des deux batteries intermédiaires jugées dignes d'être renforcées, soit celles de Fabrégas et du Bau Rouge, est dessiné un an plus tard, le 28 juin 1813, par le capitaine du génie de La Salle, et devisé le 1er juillet sous la direction du directeur des fortifications et du chef du génie Tournadre, sous-directeur des fortifications. Dans le cas des deux batteries, il n'est plus question d'ajouter une tour-réduit, mais de les renforcer en les retranchant à la gorge par un mur d'enceinte crénelé de tracé bastionné, selon le principe mis en œuvre simultanément à la batterie de La Cride. Un coût de 7000 francs est estimé pour fermer à la gorge la batterie du Bau Rouge par un mur crénelé, et agrandir le corps de garde ainsi que le magasin à poudres. Le plan du mur de retranchement se compose d'un front en corne, c'est à dire encadré de deux demi-bastions, face à l'est/nord-est la porte étant ménagée au centre de la courtine médiane. Le demi-bastion Est se raccorde directement à la branche gauche de l'épaulement de batterie, celui du nord est appuyé sur le corps de garde, laissé en saillie formant redan sur l'enceinte, et relié par un segment de mur crénelé à la branche droite de l'épaulement, elle même consolidée au-dessus du rebord rocheux par un mur de soutènement. L'aile annexe droite de l'épaulement, laissée hors enceinte, est à supprimer. Le projet comporte le creusement d'un petit fossé au pourtour des fronts nord et est et ouest de l'enceinte, franchi par un pont volant, et l'adossement d'une banquette en terre à la face intérieure du mur crénelé. Sur le côté droit (sud-est) du bastion est, dominant la mer, est prévue un fossé plus large et une banquette (passive) et un glacis au revers de la contrescarpe revêtue d'un mur de pierres sèches, ce retranchement ayant pour objet de couvrir le mur crénelé des vues de la mer.
Plan des ouvrages en exécution à la batterie du Beau Rouge, 1813.
Une feuille de plan d'atlas des batteries de côte de 1817 14 donne le détail de l'état réalisé de la batterie du Bau Rouge, conforme au projet de 1813 à quelques nuances près : remblai pour la chaussée d'entrée au lieu d'un pont volant, l'angle de capitale du bastion nord abattu d'un pan coupé. Le corps de garde, en partie crénelé vers l'extérieur, a été agrandi et redistribué : salle principale du corps de garde vers la cour, adossé au local du magasin à poudres et au logement du gardien.Plan et profils de la batterie du Bau Rouge 1817.
La nouvelle commission de défense des côtes constituée en 184115 , lance un programme général de remise aux normes des batteries de côte, laissées en l'état pendant une trentaine d'années, en plaçant au premier degré d'importance celles de la presqu'île de Saint-Mandrier, mais en formulant des préconisations générales pour toutes. L’armement des batteries doit être normalisé, constitué de canons de 30 livres et d’obusiers de 22 cm en nombre égal, complété par des mortiers de 32 cm, et non plus de pièces d’artillerie hétérogènes débarquées des vaisseaux, comme dans la situation antérieure. Le programme de cette commission ne propose pas la remise aux normes de toutes les batteries existantes en 1817-1818, certaines sont abandonnées : c'est le cas pour celle du Bau Rouge, à la différence de celle de Fabrégas, dont les travaux d'amélioration sont réalisés à partir de 1846. La carte topographique détaillée de Toulon et de ses abords en 1845 16 figure clairement la batterie de Fabrégas comme active (nommée et soulignée en rouge), celle du Bau Rouge, non nommée, apparaissant comme désaffectée. L'enceinte de la batterie a cependant été remaniée, à une date indéterminée postérieure à 1818, en supprimant la saillie en redan que formait le corps de garde sur le front ouest.
L'ancienne batterie du Bau Rouge ne connaît une nouvelle occupation militaire -éphémère- que durant l'occupation allemande, après septembre 1943, comme point d'appui accessoire du système défensif antiaérien du Südwall, codé Tor ou Wn043b. L'équipement installé sur le site même de la batterie se limite à l'emplacement de l'ancien épaulement, à une cuve de Flak pour une pièce de 88mm (?) de type kriegmarine , à un petit bunker d'observation, et plus près du bord de la mer, à une cuve pour mitrailleuse de 20mm flak. Ce point d'appui allemand du Bau Rouge est complété, au sud de la plage, sur la seconde pointe rocheuse, à laquelle reste associé le toponyme "pointe du Bau Rouge", par une casemate active de type H670 pour pièce de 7,5 cm SKM/97 (f), comparable (bien que d'un type différent) à celles ajoutées à la même époque à l'ancienne batterie de Portissol.
Jusqu'à la fin des années 1950, au moins, d'après les photos aériennes de l'IGN, le mur d'enceinte crénelé de la batterie était conservé en totalité. L’état actuel des vestiges de l'ancienne batterie, très diminué, tagué, fait craindre une disparition complète des structures encore en place à brève échéance.
Vue aérienne verticale de la batterie de Bau Rouge. 1958.
DESCRIPTION
Site et implantation générale
Le site de la batterie, sur le front oriental de la côte, au sud-ouest de la presqu'île de Saint-Mandrier, forme la seconde avancée rocheuse en partant du nord, après celle de La Verne portant la batterie de Fabregas, d'où il était possible de défendre l'approche de l’anse des Sablettes et de la côte sud de la presqu’île .
La côte rocheuse, très découpée et abrupte dans ce secteur, offre une plate-forme aménagée qui domine la mer, assez directement, de 19,20m. L’ancienne batterie est axée sur une petite pointe rocheuse. Le site demeure non bâti et boisé, sans cloture formelle, à côté d'une parcelle privée close également en font de mer. Ce terrain est accessible assez indirectement par des voie de desserte locale dans une zone résidentielle, où l’on ne reconnaît plus d’ancienne route militaire.
Les éléments de fortification allemandes du point d'appui de 1944 se répartissent entre ce site de l'ancienne batterie, au nord de l'anse ou plage de Fabrégas, et la pointe un Bau Rouge, au sud. Les deux emplacements, bien que distincts et distants de plusieurs centaines de mètres sont décrits ici ensemble, du fait de leur complémentarité.
Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre
Ce qui reste de l’ancienne batterie, dans son état actuel, est très diminué et défiguré mais peut encore être décrit en relation avec les indications que fournissent les plans anciens. Les dispositions connues plus particulièrement par le plan d'état des lieux de 1817 persistent dans les vestiges actuels, entrecoupés de plates-formes de béton du XXe siècle, elles-mêmes en partie détruites et difficiles à interpréter.
On repère l’emprise au sol de l'épaulement de la batterie proprement dite, en arc à trois pans, mais ses terres de remblai ont été déblayées au point que le parapet et sa genouillère ont complètement disparu. Le mur de soutènement extérieur de la branche droite du parapet et son mur de profil, a l'angle droit ouest / sud-ouest, construits en 1813-1814 sont les témoins le mieux conservé de l'épaulement de batterie, qui, manquant d'assise sur le bord du rocher dans cette branche droite, était revêtue par ce mur de soutènement et non à terres coulantes en glacis.
Partant du mur de profil, le mur crénelé qui formait le front latéral est de l'enceinte en est le principal vestige, dépourvu du fossé qui le bordait. Ce mur n’est guère plus qu’un parapet d’infanterie percé de créneaux systématiques assez rapprochés. La portion qui subsiste sur toute l'élévation d'origine, jusqu'au raccord avec le demi-bastion nord du front de gorge, est brisée de deux angles obtus, le premier rentrant, le second saillant. Ce second angle résulte d'une reprise de construction postérieure à 1817, qui avait supprimé l'ancien corps de garde et la saillie en redan qu'il formait sur ce front ouest. Les infrastructures du demi-bastion nord demeurent identifiables, malgré la disparition de toute élévation murale dans le secteur de l’angle aigu de capitale, abattu d'un pan coupé. Ce secteur se limite aujourd'hui à une dalle de béton en léger relief du sol naturel, postérieure à 1958. Le mur d'enceinte subsiste encore sur la moitié de son élévation, dérasée en dessous des créneaux, sur une partie du front de gorge, dont le fossé est aussi comblé : portion de la face droite et flanc du bastion nord, courtine médiane jusqu'au piédroit (remanié) de l'ancienne porte d'entrée. De l'autre côté de cette porte, le tracé de la courtine et du demi-bastion de l'est sont encore matérialisés par la base du mur, réduite à une élévation de muret. Le mur d'enceinte est construit et parementé en blocage de petits moellons de tout-venant, assemblés à joints gras, sans soin ni finition particulière. Les créneaux, simples fentes ébrasées vers l’intérieur, sont encadrées de briques, celles des joues de l’ébrasement montées en partie de chant. Ce mur n’a plus de tablette ou chaperon de couvrement et tombe en ruines. Ce qui reste d'élévation dans les parties dérasées du front de gorge est recouvert d'un enduit au ciment. C’est un mur maigre, mais au, point ou il forme le profil du parapet de l’ancienne batterie, il s’épaissit à la base en talus pour offrir la résistance d’un mur de terrassement. Le mur de soutènement extérieur du parapet de la batterie, profilé en talus, est d’une mise en œuvre différente, en pierres sèches, sommairement litées et calibrées, partiellement jointoyées après coup. Reste du mur d'enceinte crénelé, front latéral est.
Restes du revêtement de la batterie et du mur d'enceinte crénelé, angle Est/sud-Est.
Au raccord du mur crénelé avec le mur de profil, et en soubassement, est ménagée une poterne qui semble déjà indiquée sur le plan de 1817 (pour descendre dans le fossé ?) mais dont l'état actuel, encadré en béton décoffré, résulte d'une adaptation, en 1944 pour le service du point d'appui défensif allemand. En effet, les deux cuves circulaires en béton disposées pour l'artillerie de ce point d'appui sont construites à l'extérieur de l'épaulement, la première au pied même de l'angle entre la branche droite et la partie médiane du parapet. Elle était destinée à l'arme de plus fort calibre, probablement de 88mm, mais elle est en partie remblayée, ce qui masque le socle de l'arme. Son enveloppe circulaire épaisse est creusée d'une série régulière de niches à munition et traversée d'une issue qui permettait de rejoindre la poterne en longeant le mur de soutènement de la branche droite de l'épaulement de 1813. La seconde cuve, un peu plus au sud et en contrebas, est assez analogue et était adaptée à une mitrailleuse de 20mm. Entre ces deux cuves, mais plus haut, sur l'emplacement même du parapet de l'ancienne batterie, subsiste -en mauvais état- la partie émergente circulaire, avec coupole ou tourelle en briques creuses cimentées, d'un petit abri ou bunker dévolu à un poste d'observation (et de direction de tir) individuel, dont l'accès n'est plus apparent.
Cuve circulaire allemande en béton de 1944 pour pièce d'artillerie de côte.
La casemate active de type H670 de la pointe du Bau Rouge, à 420m sud-ouest de l'ancienne batterie, de l'autre côté de la plage, est conservée, vandalisée. Ses dispositions caractéristiques sont bien lisibles de l'intérieur : chambre de tir de plan polygonal complexe, avec porte d'accès dans l'axe du mur du fond, façade active rentrante, réservée à l’ouverture de tir, avec muret d'appui semi-circulaire, très large du fait du débattement du canon de 7,5cm sur pivot tournant qui s’y ajustait. Cette embrasure avait son propre tablier de blindage fermant la grande baie à la manière d’une porte de garage. Il n'en reste rien, les seuls éléments métalliques apparents encore en place étant les linteaux en IPN d'armature du plafond couvrant la chambre de tir sur l'embrasure, et les fers d'armature du béton, démasqués par les écorchements. De part et d’autre de l’embrasure, les pans obliques de la façade du bloc formaient un ébrasement à trois ressauts, encore visibles, propres à faire ricocher les projectiles adverses . Le couvrement central de l’ouverture est une visière à trois pans en encorbellement sur deux ressauts, dispositif également destiné à protéger le canon verticalement et à faire ricocher les projectiles. La façade, seule partie non enterrée du bloc casemate, est méconnaissable vue de l'extérieur, du fait du placage d'un mur-écran parementé en plaquettes de pierres imitant un opus incertum rustique, avec une porte réservée dans l'axe de l'embrasure. Cet aménagement postérieur à la guerre sembla avoir eu pour objet de transformer la casemate en magasin ou cave. Au-dessus et un peu a l'arrière du bloc, un petit belvédère, de plan polygonal irrégulier, construit en blocage de moellons bruts de maçonnerie traditionnelle, semble avoir fait partie du dispositif (soit pour l'orientation des tirs, soit pour l'observation). Des escaliers à volées droites en béton descendent sur le côté de ce belvédère au dessus du bloc et se poursuivent jusqu'au pied de la façade remaniée du bloc-casemate, sur une petite terrasse postérieure à la guerre.
Casemate allemande détachée type H670 de la pointe du Bau Rouge, détail de la visière de l'embrasure.
Casemate allemande détachée type H670 de la pointe du Bau Rouge, façade remaniée.
Reste de la partie émergente ou tourelle d'un abri ou poste d'observation individuel allemand de 1944.
historien de l'architecture et de la fortification