Dossier d’œuvre architecture IA83002189 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
batterie annexe de la Piastre, dite également batterie basse du Lazaret
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Dénominations
    batterie
  • Appellations
    batterie annexe de la Piastre, batterie basse du Lazaret
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante

Construction et armement

Comme l'indique son appellation, cette batterie est un ouvrage d'appoint de la batterie de la Piastre, fondé une quinzaine d'années après la reconstruction de celle-ci en 1882 - 1886. Implantée à mi-distance et à mi-altitude entre la batterie de la Piastre, en bord de mer, vouée aux tirs de rupture vers la grande rade, et la batterie du Lazaret, ouvrage de hauteur plus important réalisé en 1880-1882 pour des tirs de bombardement tant vers la rade que vers le large, cette batterie annexe est parfois dite improprement batterie basse du Lazaret, ce qui est impropre.

Il existe dans l'absolu une fréquente confusion entre ces trois batteries, toutes des batteries ouvertes (sans enceinte), confusion due à un transfert de toponyme de la plus basse à la plus haute, en 1882. Le toponyme renvoyant au Lazaret de la marine, établi sur la côte nord de la presqu'île, est initialement commun au cap occupé par la batterie de la Piastre (qui s'est appelée batterie du Lazaret de 1861 à 1882) et à la hauteur occupée par la batterie du Lazaret, mais en 1882, le cap et sa batterie ont changé de toponyme, remplaçant Lazaret par Piastre.

Quoiqu'il en soit, la batterie annexe est fondée en 1901, c'est-à-dire après que la batterie de la Piastre ait reçu ses dernières "améliorations". L'une d'elles, en 1892, comporte la création d'un casernement adapté à 36 hommes en temps de paix (donc près du double en temps de guerre). On peut en déduire que cette capacité d'effectif permettait le service complémentaire d'une batterie annexe, en constatant que cette dernière, telle que réalisée en 1901, est totalement dépourvue de locaux voués au logement du personnel, donc sans autonomie, bien que située à une distance assez importante de la batterie principale.

Le cas de figure est tout à fait comparable, toujours sur la presqu'île, à celui de la batterie de la Croix des Signaux, fondée en 1878 (pour huit pièces vouées au bombardement vers la rade) améliorée et inversée en 1891 (vers le large), complétée en 1899-1900 par une batterie annexe de trois sections d'artillerie en ressauts pour 6 pièces de 90 mm, et , vers 1902-1903, par une autre batterie annexe armée de 4 canons de 95mm couplés dans deux sections d'artillerie, la seconde batterie annexe étant distante de la batterie principale d'environ 200m. Cependant, l'interdépendance des batteries de la Croix des Signaux est évidente, du fait du caractère isolé et décloisonné du site, ce qui porte à les considérer comme un ensemble. Dans le cas de la Piastre, l'importance limitée de la batterie principale, moins armée en nombre de pièces que son annexe, l'éloignement et l'accès indirect de cette batterie annexe, aussi proche de celle du Lazaret, portent à appréhender cette dernière, non comme une sous-partie, mais comme un ouvrage à part entière.

La batterie annexe de la Piastre est donc conçue et réalisée en 1901, moyennant 40.340 fr, pour six pièces de 100mm TR (à tir rapide), réparties en trois sections ou emplacements de tir doubles, selon une configuration identique à celle des sections doubles de 90 et 95 des batteries annexes de la Croix des Signaux. Le calibre 100mm à tir rapide, conçu pour la défense des côtes, connaît trois variantes successives, le modèle 1881, assurant trois coups par minute, et les modèles 1889 et 1897, assurant cinq coups par minute, adaptés à des affûts tournants modèle 1884, 1891 et 1897. Il est vraisemblable que la batterie annexe de la Piastre, en 1901, est pourvue des modèles les plus récents 1. Elle est documentée graphiquement, comme la plupart des autres batteries de la presqu'île, dont celle de la Piastre et celle du Lazaret, par un plan daté du 1er janvier 1903 2. Ce plan figure l'épaulement rectiligne et ses trois plates-formes doubles, séparées par des traverses peu saillantes, pourvues seulement de niches à munitions, et encadrées symétriquement par deux postes de commandement de tir découverts. A la gorge de l'ouvrage, on voit sur le plan, creusé dans la pente du terrain, un chemin en tranchée coudé desservant un magasin aux armements et un double magasin aux gargousses3 (qui était alimenté par le magasin à poudre en caverne de la batterie de la Piastre), semi enterrés. Au-devant et à droite de l'épaulement est implanté un poste télémétrique. L'ouvrage, du fait de son statut annexe, n'a pas de corps de garde ou de logement de gardien de batterie, ni d'abris casematés, son personnel étant cantonné à la Piastre bas.

En 1914, à l'entrée en guerre, la batterie est encore armée de ses six pièces de 100mm TR, mais cette artillerie est déposée avant 1918, comme celle de la batterie principale. Ni l'une ni l'autre ne sont réarmées pendant la seconde guerre mondiale. Une photographie aérienne verticale prise en 1943 4 montre en effet la batterie désarmée, mais permet d'observer la présence de remaniements et adjonctions, par comparaison avec l'état des lieux en 1903, dont un accroissement du poste de commandement de gauche, remplacé par un édifice carré, et la construction d'un bâtiment rectangulaire, de type corps de garde, à l'arrière de la plate-forme de tir de gauche.

La prise de possession de la presqu'île de Saint-Mandrier par les allemands en novembre 1943, est suivie de la réutilisation de neuf batteries de côte, coordonnées par une organisation nommée Stp Tor 016. La Piastre, réarmée pour la défense antiaérienne, est alors l'une des cinq Flakbatterien, soit batteries de D.C.A., de ce dispositif 5. Il est probable qu'il s'agit, non de la batterie principale, mais de la batterie annexe de la Piastre, à l'évidence mieux placée topographiquement pour la défense antiaérienne. Cette circonstance est implicitement confirmée par le fait que la batterie annexe est occupée un temps à la Libération par la D.C.A. américaine 6.

Par la suite, la batterie est laissée à l'abandon. Les deux magasins d'origine sont en bon état dans les années 1960. Depuis quelques années, le site est vandalisé, par l'amoncellement de gravats, qui ont condamné l'accès aux magasins, et par des déprédations et tags aléatoires.

Analyse architecturale

Site et implantation générale

La batterie annexe de la Piastre est implantée à une altitude de 73m et à une distance de 300m à vol d'oiseau au dessus et au sud de la batterie principale de la Piastre ; une distance de 250m à vol d'oiseau la sépare de l'épaulement nord-ouest de la batterie du Lazaret. Son accès depuis la batterie de la Piastre est indirect : à la sortie de celle-ci, il faut passer par la route départementale 18, vers le sud-ouest, sur une distance de 300m, puis prendre à gauche, en épingle à cheveu, l'ancienne route militaire de la batterie du Lazaret, rebaptisée "route de la Renardière", qui contourne son épaulement en contrebas et la dessert au passage 200m après la bifurcation. Le site est libre d'accès et semble voué à servir de décharge publique de gravas.

Plan, distribution spatiale, circulations et issues, structure et mise en œuvre

Dans l'état actuel des lieux (fin juin 2014), les deux magasins de batterie semi-enterrés, soit le double magasin aux gargousses, casematé et le magasin aux armements, ne sont plus accessibles à l'arrière de la batterie, du fait de l'apport de matériaux de comblement.

En revanche, le terrain en pente au devant de l'épaulement, dans la courbe du chemin, conserve les ruines précaires d'un petit bâtiment de plan carré construit en matériaux traditionnels (blocage irrégulier de gros moellons et briques, sous enduit couvrant à la chaux), jadis couvert en appentis, qui correspond à l'emplacement indiqué en 1903 pour le local du télémètre.

La batterie proprement dite est constituée d'un épaulement rectiligne long d'environ 70m, qui a conservé ses trois plates-formes ou emplacements de tir doubles de plan rectangulaire avec pans coupés dans les angles rentrants. Chaque plate-forme est constituée d'une dalle de ciment armé en léger retrait d'alignement des façades des traverses, ce retrait correspondant à la saillie de l'escalier droit à deux volées opposées qui monte de la cour ou place d'armes, aux plates-formes, surélevées de 2m. Le mur de genouillère à cinq pans qui fait transition entre plate-forme et parapet en terre est en blocage de moellons ordinaires liés au ciment, et aujourd'hui dégagé par le déblaiement des terres de la partie supérieur du parapet. Les deux petites cuves circulaires réservées dans la dalle de chaque plate-forme pour loger le socle boulonné de l'affût tournant n'est plus visible que dans l'une d'elles, ayant été rebouché par ailleurs. Emplacement de tir double pour pièces de 100mm.Emplacement de tir double pour pièces de 100mm.

Le front de gorge de la batterie juxtapose et aligne les façades des deux retours d'angle du parapet et celles des deux traverses qu'elles encadrent. Toutes sont évidées au niveau du sol de la place d'armes par des niches à munitions rectangulaires. Ces dernières sont couvertes d'un plafond horizontal et non voûtées, à la différence des modèles encore en usage jusque dans les années 1890. Les façades des retours du parapet fermant l'épaulement sur ses flancs sont élargies par le mur de profil du talus du parapet; elles sont en outre surhaussées par rapport à l'élévation des deux traverses, pour intégrer en superstructure les deux petits postes de commandement de tir à ciel ouvert, jadis enveloppés et défilés par le surcroît de hauteur (aujourd'hui déblayé) de ces retours du parapet. Ces deux postes affectent le plan habituel à ce type d'organe dans les années 1880-1900, soit une petite travée carrée flanquée d'une latéralement d'une travée identique s'avançant en abside. Les murs de ces postes sont parementés en appareil polygonal.

Le reste des maçonneries des façades, y compris l'intérieur des niches et les tablettes de couvrement des arases, horizontales ou rampantes, est revêtu d'un enduit couvrant au ciment très soigné, avec joints simulés tirés au fer imitant un moyen appareil de pierre de taille, et, au-dessus des niches à munitions, une plate-bande appareillée. Ces niches ont perdu leurs vantaux de fermeture en fer (deux par niche), dont ne restent que les gonds ; ces vantaux s'effaçaient en position ouverte dans une réservation en retrait de nu du parement prévue à cet effet de part et d'autre de chaque niche.

Détail des façades du  retour de parapet de gauche et des 2 traverses à niches à munitions.Détail des façades du retour de parapet de gauche et des 2 traverses à niches à munitions.

1Voir des exemples sur : www.fortiffsere.fr/artillerie/index_fichiers/Page2813.htm2Toulon SHD art 2, n° 1841 : Batterie de 100 TR la Piastre, Feuille d'atlas avec détails, 1er janvier 1903.3Enveloppe contenant la charge de poudre destinée à un canon.4Géoportail IGN (http://www.geoportail.gouv.fr ) Saint-Mandrier, photos aériennes anciennes, 1943.5Alain Chazette, Pierre Gimenez, Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon, Vertou, 2009, p. 136, 170.6Information donnée par J.J. Moulins.

Cette batterie est un ouvrage d'appoint de la batterie de la Piastre, fondé une quinzaine d'années après la reconstruction de celle-ci en 1882 - 1886. Implantée à mi-distance et à mi-altitude entre la batterie de la Piastre, en bord de mer, vouée aux tirs de rupture vers la grande rade, et la batterie du Lazaret, ouvrage de hauteur plus important réalisé en 1880-1882 pour des tirs de bombardement tant vers la rade que vers le large, cette annexe est parfois dite improprement batterie basse du Lazaret.

Conçue et réalisée en 1901, pour six pièces de 100mm TR (à tir rapide), réparties en trois sections ou emplacements de tir doubles, la batterie annexe de la Piastre s'apparente aux deux batteries annexes à sections doubles de 90 et 95mm de la Croix des Signaux, construites l'une en 1899, l'autre vers 1902-1903. Le calibre 100mm à tir rapide, conçu pour la défense des côtes, connaît trois variantes successives, le modèle 1881, assurant trois coups par minute, et les modèles 1889 et 1897, assurant cinq coups par minute. Il est vraisemblable que la batterie annexe de la Piastre, en 1901, est pourvue des modèles les plus récents. Du fait de son statut annexe, l'ouvrage n'a pas de logement de gardien, mais, derrière sa gorge semi-enterrés, un magasin aux armements et un double magasin aux gargousses. Au-devant et à droite de l'épaulement est implanté un poste télémétrique.

Désarmée avant 1918, non utilisée par les français durant la seconde guerre mondiale, elle est probablement réarmée après novembre 1943 pour la D.C.A. allemande : la Flakbatterie de la Piastre correspond sans doute à la batterie annexe, topographiquement mieux placée que la batterie principale pour le défense antiaérienne. Elle est du reste occupée un temps à la Libération par la D.C.A. américaine.

Après la guerre, la batterie est abandonnée.

  • Période(s)
    • Principale : 1er quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1901, daté par source

La batterie annexe de la Piastre est implantée à une altitude de 73m et à une distance de 300m à vol d'oiseau au dessus et au sud de la batterie principale de la Piastre; une distance de 250m à vol d'oiseau la sépare de l'épaulement nord-ouest de la batterie du Lazaret. Dans l'état actuel des lieux (fin juin 2014), les deux magasins de batterie semi-enterrés, soit le double magasin aux gargousses, casematé et le magasin aux armements, ne sont plus accessibles à l'arrière de la batterie, du fait de l'apport de matériaux de comblement.

La batterie proprement dite est constituée d'un épaulement rectiligne long d'environ 70m, qui a conservé ses trois plates-formes ou emplacements de tir doubles de plan rectangulaire avec pans coupés dans les angles rentrants. Chaque plate-forme est constituée d'une dalle de ciment armé en retrait d'alignement des façades des traverses, ce retrait correspondant à la saillie de l'escalier droit à deux volées opposées qui monte de la cour ou place d'armes, aux plates-formes, surélevées de 2m.

Le front de gorge de la batterie juxtapose et aligne les façades des deux retours d'angle du parapet et celles des deux traverses qu'elles encadrent. Toutes sont évidées au niveau du sol de la place d'armes par des niches à munitions rectangulaires couvertes d'un plafond horizontal et non voûtées. Les retours du parapet fermant l'épaulement sur ses flancs intègrent en superstructure deux petits postes de commandement de tir à ciel ouvert. Le reste des maçonneries des façades, y compris l'intérieur des niches est revêtu d'un enduit couvrant au ciment très soigné, avec joints simulés tirés au fer imitant un moyen appareil de pierre de taille.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    terre en couverture
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit
  • Typologies
    batterie ouverte
  • Statut de la propriété
    propriété publique

État de conservation médiocre, mais l'épaulement reste lisible, peu mutilé. Intérêt patrimonial modeste.

Bibliographie

  • CHAZETTE, A., GIMENEZ, P. Südwall, batteries côtières de marine, Port-Vendres, Sète, Fos, Marseille, Toulon. Vertou : Editions Histoire & fortifications, 2009.

    P. 136, 170.

Documents figurés

  • Batterie de 100 TR la Piastre. [Plan] / Dessin sur feuille d'atlas avec détails, 1er janvier 1903. Service Historique de la Défense, Toulon : Art. 2 n° 1841.

Date d'enquête 2015 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Articulation des dossiers
Dossier d’ensemble