HISTORIQUE
Dans la seconde moitié des années 1920, les établissements métallurgiques Leinekugel-Lecocq soumettent, pour le compte de Madame Santy-Lavigne, propriétaire du domaine de Chartrouse (sur la commune d'Arles, au nord du Salin de Giraud), une demande de construction d'un pont suspendu à lancer pour franchir la lône des Pilotes (AD Bouches-du-Rhône : 3S 11), un petit bras non navigable du Grand Rhône (Référence : IA13004134) formé par l'île dite ''île Destin et des Pilotes'' (aujourd'hui Île des Pilotes). Tel que l'ouvrage est projeté sur un plan daté du 20 novembre 1926 (ibidem ; Fig. 2), ce pont doit permettre aux véhicules de relier le mas de Chartrouse à l'extrémité méridionale de l'île, qui appartient au domaine de la pétitionnaire. En 2010, on exploite encore sur cette île plus de 100 hectares de céréales (OTHNIN-GIRARD, p. 2). Madame Santy-Lavigne obtient l´autorisation d'établir ce pont privé par arrêté du 27 juin 1927 (AD Bouches-du-Rhône : 3S 11). Le permissionnaire sera tenu de verser à la caisse du receveur des domaines d´Arles une redevance annuelle de 432 F (ibidem)''L 'ouvrage doit être édifié au point kilométrique 311,550. Il doit consister en un pont suspendu rigide, modèle Gisclard, de 86 m de longueur entre parements des culées. Ces culées seront elles-mêmes surmontées de pylônes métalliques de 10 m de hauteur au-dessus de l´arasement des maçonneries. Le tablier aura 86,60 m de longueur y compris les appuis sur culées. Il comportera une voie charretière de 2,60 m et deux cours de longrines de trottoirs avec garde-corps. Ce dernier sera fixé à deux cours de longrines longitudinales, formant poutres de rive, espacés de 3,20 m d´axe en axe'' (ibidem).A la fin des années 1990, alors que le domaine camarguais était déjà sous la propriété de la société Fermes Françaises (société créée en 1985 dont le siège est situé à Port-Saint-Louis-du-Rhône), il a été effectué le changement complet de la suspension de l´ouvrage dont les câbles étaient corrodés. L'entreprise Freyssinet, en charge de ces travaux de réfection, sous la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d’œuvre des Fermes Françaises, a procédé à sa mise en sécurité en 1998. ''La suspension Gisclard d´origine a été remplacée par une suspension classique, et la charge maximale portée de 12 à 19 tonnes. Ce chantier a été l´occasion de mettre en œuvre la dernière innovation en matière de câbles de suspension : le toron cohérent'' (Freyssinet Magazine, p. 12). Les anciens câbles de retenue monotorons ont été remplacés par des câbles d'une vingtaine de mètres, composés de sept torons. Les câbles porteurs, de 90 m de long environ, ont été regroupés en faisceau hexagonal, formant le toron cohérent. Les suspentes, constituées de monotorons, ont été munies à leurs deux extrémités de dispositifs d´ancrage à clavette.Tous ces câbles sont galfanisés, soit constitués de Galfan, un alliage d´acier et d´aluminium protégeant plus de la corrosion que la galvanisation (idem, p. 12-13). Parallèlement à ce changement de suspension, il a été procédé au renforcement et à la remise en peinture du tablier. Des longerons métalliques ont été mis en place ainsi qu'un nouveau platelage en bois. Les poutrelles extérieures actuelles, portant la signature de l'entreprise écossaise Lanarkshire Steel Company (Annexe n° 1), sont-elles d'origine ou datent-elles de cette restauration ?' Un revêtement bitumineux de l´ensemble de l´ossature métallique de l´ouvrage (tablier et pylône) a complété l´opération (idem, p. 13) Un essai de chargement avec un camion de 19 tonnes a validé l´efficacité de ces travaux'' (ibidem).