HISTORIQUE
Le passage du Rhône à Aramon pourrait exister, selon l'historien Henri Cogoluènhe, dès la période antique. L'existence d'un bac [sans référence] est en tout cas attestée en 1461 (COGOLUENHE, livre 1, p. 51 et p. 55). Au milieu du 19e siècle, la traversée du Rhône face à Aramon se faisait encore par le biais d'un bac à traille [sans référence]. Mais le besoin d'un ouvrage fixe commençait à se faire sentir (VALLA, p. 256-257). Une demande de construction d´un pont suspendu sur le Rhône en remplacement du bac d´Aramon est présentée par la municipalité de Barbentane en 1857, en 1864, puis en 1866 (AD Bouches-du-Rhône : 2S 7 ; AD Rhône : 3959W 1791). En 1871, il est demandé, "en attendant la construction d'un pont définitif", l'installation du pont de bateaux d'Arles (Référence : IA13004098), devenu inutile depuis la construction du pont de Trinquetaille (Référence : IA13004062). Mais le projet stagne, à cause notamment du problème de son financement (AD Bouches-du-Rhône : 2S 7) et ce n'est qu'à la fin des années 1890, qu'il se concrétise enfin (sur le financement finalement opéré, voir VALLA, p. 572-574).
Le pont suspendu projeté par l'ingénieur Ferdinand Arnodin, constructeur spécial de ponts suspendus à Châteauneuf-sur-Loire, devra être dressé à l'emplacement même du bac, endroit où le fleuve a 240 m de large (AD Bouches-du-Rhône : 2S 7, voir Mémoire descriptif du 25 mars 1896 ; VALLA, p. 256-257). L’ouvrage comportera trois travées (portée principale sur le fleuve d'un peu plus de 270 m et deux petites travées de rive de 45 m (AD Gard : 3O 387 ; LEINEKUGEL LE COCQ, t. 1, p. 18 ; KIRCHNER, p. 9) et reposera sur deux pylônes hauts de 43 m. Le tablier situé à 5 m au-dessus de l'étiage offrira une chaussée de 5 m de large à double voie charretière sans trottoir (AD Bouches-du-Rhône : 2S 7, idem ; AD Gard : 3O 387 ; VALLA, p. 256-257). Le projet définitif comprend, outre le pont suspendu, le pont métallique sur la lône de rive gauche et les chemins d´accès (AD Bouches-du-Rhône : 2S 7, idem). L'ouvrage, construit en 1899, est achevé en 1900 (AD Bouches-du-Rhône : 2S 7 ; AD Rhône : 3959W 1791, Chemise Reconstruction du pont d´Aramon, voir Annexe n° 1 ; KIRCHNER, p. 9) ; son inauguration a lieu le 15 octobre (BOUT DE CHARLEMONT ; VALLA, p. 575).
En 1932, le pont, qui ne satisfait plus aux besoins de la circulation, fait l´objet d´un concours pour la réfection du tablier (mise en place d'une dalle en béton armé ; élargissement à 5,20 m pour y ménager des trottoirs) et le renforcement de la suspension (AD Gard : 3O 387). La transformation de ce premier pont suspendu en un ouvrage suspendu moderne de même portée mais à tablier rigide est engagée, dès 1934, par les Établissements Baudin de Châteauneuf-sur-Loire (AD Gard : 3O 387 ; AD Rhône : 3959W 1791, idem ; KIRCHNER, p. 9 ; GRATTESAT, p. 128). Le 12 octobre 1934, un arrêté du préfet du Gard autorise le Service vicinal du Gard à établir, pour les besoins de l´exécution des travaux de transformation du pont suspendu, un bac à traille à l´aval de l'ouvrage (AD Rhône : 3959W 1791). Dix années plus tard, afin de gêner le mouvement des troupes allemandes, le tablier du pont d´Aramon et partie de sa suspension sont détruits par les bombardements alliés en août 1944 (AD Rhône : 3959W 1791, voir aussi Annexe n° 1 ; le 17 août selon KIRCHNER, p. 11-12 ; le 15 août d'après le Site internet de la ville d'Aramon). Des travaux de reconstruction sont, semble-t-il, opérés de 1956 jusque vers 1960 (AD Rhône : 3959W 1791). Mais c'est un bac qui assurait vraisemblablement le franchissement du fleuve ; ce dernier aurait, d'après Cogoluènhe, perduré 25 ans (COGOLUENHE, livre 1, p. 58 et p. 68).
Quoi qu'il en soit, le lancement d'un nouveau pont de franchissement du Rhône à Aramon est envisagé après l'achèvement de la retenue de Vallabrègues (AD Rhône : 3959W 1791 ; Bulletin annuel AFPC, p. 115 ; notice Structurae). Les travaux gigantesques, destinés à canaliser le fleuve et à produire de l'énergie hydroélectrique, engagés dans le cadre de l'aménagement de cette retenue à la fin des années 1960 par la Compagnie Nationale du Rhône (CNR), ont permis au village d'Aramon de se mettre à l'abri des crues et des inondations fréquentes du Rhône (Site internet de la ville d'Aramon). La CNR participe ainsi à la reconstruction du pont d'Aramon, pont mis en œuvre par la Direction de l'équipement du Gard (Bulletin annuel AFPC, p. 115 ; base CNR-Oasis). Le nouvel ouvrage doit remplacer l'ancien pont suspendu Baudin [sans référence], dont les piles subsistantes doivent être détruites (AD Bouches-du-Rhône : 3959W 1791, Chemise Reconstruction du pont d´Aramon : Annexe n° 1). La reconstruction du pont d'Aramon est soumise à une ''enquête mixte à l'échelon local'' autorisée par décision du ministre de l´Équipement et du Logement prise au 20 octobre 1967 (AD Bouches-du-Rhône : idem). On possède des plans (une élévation notamment) dressés la même année par le Service central d´études techniques du ministère de l´Équipement (idem). Un rapport de l´ingénieur du Gard, daté du 19 juillet 1967, intéressant la reconstruction du pont du C.D. 402, indique que ce dernier sera édifié vers le PK (point kilométrique) 252,500, soit au kilomètre 10,3 de la retenue de Vallabrègues, et à 1 km en amont de l'ancien pont ; il aura une longueur de 484 m entre axes des appuis de rive et comportera six piles de 1,75 m de large, espacées, d´axe en axe, de 78 m (AD Bouches-du-Rhône : idem ; voir aussi Annexe n° 1). Les études et la réalisation de l'ouvrage ont été attribuées à l'entreprise Campenon Bernard (AD Bouches-du-Rhône : idem, Courrier de l´ingénieur d´arrondissement du Vaucluse à l´ingénieur en chef du service de la navigation du 16 avril 1969 ; Bulletin annuel AFPC, p. 115 ; notice Structurae). Un courrier de l´ingénieur en chef du service de la navigation Rhône-Saône, daté du 23 avril 1969, informe que les travaux de reconstruction du pont d´Aramon au PK 252,500 ont débuté par l'édification des deux piles de rive gauche (AD Bouches-du-Rhône : idem).''La construction du tablier est réalisée en encorbellement, par voussoirs préfabriqués, à joints conjugués collés, mis en place au moyen d'une poutre de lancement métallique'' (Bulletin annuel AFPC, p. 115).''La précontrainte du tablier est mise en œuvre suivant les procédés Freyssinet [avec des] câbles de douze torons de 1/2 pouce ou à douze fils de 8 mm'' (ibidem). L'ouvrage achevé en 1970 (notice Structurae) est inauguré le 20 février 1971 (Site internet de la ville d'Aramon). Il est la propriété du département du Gard (base CNR-Oasis).
DESCRIPTION
Le pont d'Aramon, portant la R.D. 402, franchit le Rhône entre les communes de Barbentane et de Boulbon, côté Bouches-du-Rhône (rive gauche), et d´Aramon, côté Gard (rive droite). Il relie deux routes perpendiculaires au pont, la R.D. 35 (route de Boulbon) sur la rive gauche et la R.D. 2 sur la rive droite.Le pont débouche en rive droite du fleuve à l'est de l'agglomération d'Aramon, commune du Gard dont l'ouvrage porte le nom. Il dessert en rive gauche la zone d'activités commerciales du Colombier sur la commune de Boulbon.Le découpage administratif fait que les deux extrémités du pont sont implantées sur la commune d'Aramon et que sa partie médiane est inscrite sur le territoire de Barbentane, sur une ''langue'' formée en partie ouest de la commune des Bouches-du-Rhône.L'ouvrage est constitué de sept travées de portées symétriques (46,82 m - 5 x 78,15 m - 46,82 m) sur une longueur totale de 484 m.Son tablier est composé d'une poutre continue à caisson unique en béton précontraint. Cette poutre, de 8,70 m de large et de hauteur variable (4,40 m sur les appuis et 1,80 m à la clé), est appuyée sur deux culées et sur six piles de forme oblongue. Piles et culées sont fondées sur des caissons foncés à l'air comprimé (Bulletin annuel AFPC, p. 115 ; notice Structurae). La chaussée routière à deux voies de circulation en double sens est encadrée par deux trottoirs : chaussée de 5,50 m de large et trottoirs de 0,75 m d'après les sources (AD Bouches-du-Rhône : 3959W 1791, Chemise Reconstruction du pont d´Aramon : Annexe n° 1).
Entreprise de travaux publics crée par Edmé Campenon après la Première Guerre mondiale. En 1920 il s'associe à André Bernard, ingénieur des Arts et Métiers, et fonde avec lui à Albi en 1920, la société en nom collectif Campenon et Bernard. Par la suite, une société en commandite par actions est crée sous le nom Campenon Bernard et Cie dont le siège est à Paris. En 1935 Edmé Campenon signe un premier contrat sur l'usage des brevets déposés par Eugène Freyssinet confirmé en 1940.