HISTORIQUE
Le canal reliant Arles à Bouc est construit entre 1828 et 1835. De cette époque datent les onze pont-levis en bois du même modèle permettant, avec d´autres ouvrages de différents types, le franchissement de la voie d´eau. De ce fait, le pont Van Gogh est le plus ancien pont à bascule de France (Recensement des monuments anciens de la France : notes sur la récupération et le remontage à Arles d'un pont levis type Pont de Langlois / Syndicat d'initiatives d'Arles. MAP / Doc. Imm. : 13004-3-013 ; MARREY 1990, p. 222).
Une maison pontière (cf Référence : IA13004519) accompagne alors chacun des pont-levis. Elle sert d´habitation au garde chargé de la manœuvre du pont et des vannes (Recensement des monuments anciens de la France / Jean-Pierre Dufoix. 1986. MAP : 00/62/87 n° 658).
En 1944, l´ensemble des ponts sur le canal d´Arles à Bouc est détruit par les Allemands (AD Bouches-du-Rhône : 1937W 516) à l´exception d´un pont de bois mobile qui n´offrait aucun intérêt stratégique, implanté à côté de l´usine de ciment de Fos (RIMEUR 1982, p. 12).
Les ouvrages détruits sont tous remplacés par des ouvrages provisoires ou semi-définitifs. Ainsi, un tablier fixe en bois et acier est créé sur l´about aval de l´écluse de Montcalde afin de rétablir un point de traversée du canal. En ce qui concerne Fos, un projet de rectification de la R.N. 568 est étudié (ibidem ; Recensement des monuments anciens de la France : notes sur la récupération et le remontage à Arles d'un pont-levis type Pont de Langlois / Syndicat d'initiatives d'Arles. MAP / Doc. Imm. : 13004-3-013).
Les travaux de la R.N. 568 prévoient la démolition du pont survivant de Fos et son remplacement par un ouvrage en béton précontraint (Référence : RA13000119). En mars 1959, Paul Greniet, président de l´Office du tourisme d´Arles, convainc alors la ville de dégager les crédits nécessaires au démontage du pont et à son transport sur un site arlésien adéquat pour en faire un lieu de souvenir du passage du peintre Van Gogh, à qui le pont-levis identique situé près de l´actuel pont Réginel (Référence : IA13004057) avait servi de modèle à de nombreuses reprises. En effet, ce dernier avait été démonté en 1930-1932, puis ses culées détruites au début des années 1970. En outre, il n´était pas possible d´installer le pont de Fos à l´emplacement de l´ouvrage figurant sur les tableaux du maître néerlandais, car il avait été défiguré par les effets de l´urbanisation. Le choix se porta finalement sur l´écluse de Montcalde (Référence : IA13004078), l´une des trois écluses aménagées sur le canal d´Arles à Bouc entre 1828 et 1835 (RIMEUR 1981, p. 11-12), où existait un pont-levis détruit en même temps que les autres en 1944, et dont le paysage était très proche de celui des œuvres de Van Gogh. Les appuis maçonnés y existaient encore, ce qui faciliterait le remontage (AM Arles : 19W 9, chemise Pont Van Gogh, documentation générale ... 1992 ; Note 1 de l'ACMH (Jean-Pierre Dufoix) du 22/02/1991. MAP : 00/62/87 n° 658 ; MARREY 1990, p. 222-223 ; RIMEUR 1981, p. 14 ; RIMEUR 1982, p. 15 ; MONTENS 2001, p. 65 ; Recensement des monuments anciens de la France : notes sur la récupération et le remontage à Arles d'un pont-levis type Pont de Langlois / Syndicat d´initiatives d'Arles. MAP / Doc. Imm. : 13004-3-013).
Le pont de Fos a été démonté avec soin en 1959 et remonté en 1962 par l´entreprise Raymond Buoncristiani d´Arles, sur dépenses contrôlées, avec maximum fixé à 480.000 F (MAP : 00/62/87 n° 658 ; Recensement des monuments anciens de la France : notes sur la récupération et le remontage à Arles d'un pont levis type Pont de Langlois / Syndicat d'initiatives d´Arles. MAP / Doc. Imm. : 13004-3-013). Toute circulation est depuis lors interdite sur l´ouvrage (RIMEUR 1982, p. 15).
Le 16 septembre 1962 a eu lieu l´inauguration de l´itinéraire Van Gogh, dont le site majeur est le pont du site de Montcalde, par Messieurs Sainteny et Ollivier, respectivement Commissaires Généraux au Tourisme de France et de la Principauté de Monaco (ibidem).
En 1991, Jean-Pierre Dufoix, ACMH, constate que le pont Van Gogh ne reçoit plus ni soin ni entretien. Un examen rapide permet de constater "la chute d´une jambe de force (partie mobile côté sud), le pourrissement de nombreuses pièces de bois, le délabrement du plancher et des balustrades, la disparition des cordages et des moufles et aussi d´observer que les grandes poutres mobiles côté nord se sont vrillées et que les tenons pourraient sortir bientôt des mortaises." Il en conclut qu´un travail de restauration s'impose. Une estimation préalable des travaux se chiffre à 350.000 / 400.000 F (Note 1 de l'ACMH Jean-Pierre Dufoix du 22/02/1991. MAP : 00/62/87 n° 658).
Le pont est restauré de janvier au 29 novembre 1997. Il est démonté le 26 février 1997. Le maître d'ouvrage est la ville d'Arles, le maître d’œuvre, Jean-Pierre Dufoix (ACMH) et le vérificateur, J. R. Cremer. Sont employées les entreprises Fouque (menuiserie charpente), Amans (serrurerie) et Mastran (maçonnerie), sous la direction de l´ingénieur Bouzid Sabeg. Les coûts se sont ainsi répartis : 73.686 F en serrurerie, 540.661 F en menuiserie, 73.277 F en maçonnerie.
"Les travaux réalisés portent sur la consolidation des structures en chêne et sur les sols aux abords immédiats de l'ouvrage. Si les portiques, les flèches et les plateaux du pont, ont été très correctement construits au siècle dernier, la vétusté naturelle nécessitait un renforcement systématique des pièces de bois dont la totalité présentait des cavités d'importance ou gravité variable. Ces orifices ont été colmatés avec beaucoup de soins en recherche. Les parties pourries ont été remplacées. La technique employée pour les colmatages de cavité a été celle des flipots. Des éléments de bois, épousant parfaitement la forme des cavités, ont été mises en place. Les cavités trop profondes ont été injectées au préalable avec une résine. Les bois ont été traités avec un mélange d'huile de lin, d'essence de térébenthine et de siccatif, suivant des techniques anciennes. Les fers ont été vérifiés et remplacés pour certaines des fixations (des fers carrés des contrepoids des balanciers du pont ont été remplacés). Les sols ont été consolidés, en particulier la calade d'accès au pont" (Correspondances et notes de l'ACMH Jean-Pierre Dufoix pour l´année 1997. MAP : 00/62/87 n° 658).
En octobre 1997, Jean-Pierre Dufoix a "un projet de recomposition des abords dans l'esprit des tableaux de Van Gogh" (Propositions de recomposition du paysage dans l'esprit des tableaux de Vincent Van Gogh. J.-P. Dufoix. 1997. MAP : 00/62/87 n° 660).
Aujourd´hui propriété de l´État, l´ensemble constitué par le pont Van Gogh (à l´exception des culées relevant du domaine fluvial), les façades et les toitures de la maison pontière a été inscrit à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 21 octobre 1986 (arrêté d´inscription n° MH.86.426.1986. MAP / Doc. Imm. : 13004-3-013), puis classé par arrêté du 14 novembre 1988 (arrêté de classement n° MH.88-IMM.120. 1988. MAP : 13004-3-013).
DESCRIPTION
Le site Van Gogh, sur la commune d´Arles, lieu-dit Mayanen, présente un ensemble de plusieurs éléments : une écluse du canal d´Arles à Bouc hors d´usage, un pont fixe emprunté par les piétons, un pont à bascule en bois inaccessible et une maison pontière inutilisée (Référence : IA13004519). Le pont basculant repose sur des assises maçonnées surmontant les quais de pierre de taille du chenal de l'écluse. Il est composé d´un tablier à deux volées en planches de bois qui peuvent se relever sous l´action de chaînes en fer et de contrepoids en bois actionnés par de grands portiques en charpente. L´ouvrage fonctionnait par basculement des volées par contrepoids sur axe déporté (1/3-2/3). Les structures en bois sont assemblées par des ferrures et des boulons. Les volées sont soutenues par des jambes de force métalliques. Quatre petits escaliers latéraux de quatre marches chacun sont installés perpendiculairement au pont et permettent d´y accéder. Le pont est long de 8 m, large de 4,10 m et sa flèche mesure 8,30 m (Plans. MAP : 00/62/87 n° 659 ; données de terrain). A l´origine, il pouvait supporter une charge maximum de 6 tonnes (RIMEUR 1981, p. 13).