Palais Brea : ancien musée des Beaux-Arts, caserne de pompiers, commissariat de police, et école primaire, actuellement immeuble, caserne de pompiers, boutiques et service public municipal - Inventaire Général du Patrimoine Culturel

Deux demandes de permis de construire, à un mois d'intervalle (avril et mai 1900) sont déposées par le cannois Jean Lambert pour un bâtiment bas devant abriter des magasins à l'angle de l'avenue Notre-Dame et de la rue Hancy. Les élévations dessinées, annexées aux demandes de permis, sont sommaires et ne rendent pas compte de la construction définitive qui se révèle assez monumentale, notamment sur l'angle. L'architecte de la construction n'est pas mentionné mais ce pourrait tout à fait être Annibal Carlo car le commanditaire Jean Lambert l'emploie à la même époque pour le futur bâtiment des Dames de France, avenue de la Victoire. De plus, l'édifice de l'Hôtel des postes de Nice, du même architecte, présente des façades latérales très proches de celles du Palais Brea.

Mais le bâtiment nouvellement édifié n'accueille pas de boutiques car il est loué en son entier par la commune de Nice dès son achèvement, l'accroissement rapide de la ville exigeant un développement de services publics. On y installe principalement le "Palais des Beaux-arts", c'est-à-dire le musée des Beaux-arts de la ville, auparavant localisé boulevard Dubouchage. En effet, l'exiguïté des salles est "une des choses qui impressionne de la façon la plus désagréable les étrangers à Nice". Des plans de juillet 1901, par l'ingénieur Eugène Sauvaire, montrent l'aménagement du chauffage central dans les futures salles du musée de la rue Notre-Dame. La monumentalité du bâtiment, avec dôme, résulte peut-être aussi de son changement de destination en cours de chantier. Le musée est officiellement inauguré le 3 novembre 1902. L'annuaire de Nice de 1902 révèle que le bâtiment héberge aussi le poste central des pompiers et un commissariat de police. La partie à l'angle des rues Hancy et de Paris est dévolue à une école communale de filles.

En janvier 1928, le musée des Beaux-arts déménage une fois encore pour s'installer dans le bâtiment qu'il occupe encore aujourd'hui, l'ancienne villa Thompson. Il est remplacé par des commerces et des appartements. La caserne de pompiers occupe encore les lieux en 2024. La partie de l'école est en 2024 le siège de la Direction de la santé et de l'autonomie de la ville de Nice.

Les façades du bâtiment ont malheureusement perdu la majorité de leur décor (hormis la partie qui comprenait l'école communale) lors de la surélévation de quatre étages, demandée en 1954 par les héritiers Lambert et réalisée par l'architecte Robert-Joseph Anfosso.

Le bâtiment originel s'élevait de deux niveaux pour la partie où se situait le musée (partie complétement dénaturée) et de trois niveaux pour la partie occupée par l'école communale (partie conservée). A l'angle, un dôme à base carrée avec oculus (zinc ?) était flanqué de deux putti assis. L'organisation des façades révélait le projet à l'origine commercial de l'édifice avec un caractère répétitif de travées identiques, marquées par des pilastres à chapiteau ionique. Côté musée, la destination de l'édifice aboutit à une occultation prononcée des façades : baies en hauteur grillagées au rez-de-chaussée, fausses-fenêtres au 1er étage surmontées d'oculus. La travée d'angle, avenue Notre-Dame, comportant l'entrée, conserve ses colonnes adossées en marbre et sa grande fenêtre à arc segmentaire. La toiture était rendue invisible par une balustrade avec pots-à-feu (conservée côté rue de Paris). Toiture en tuiles plates mécaniques à longs pans et croupe sur le pan-coupé de la rue de Paris. La surélévation de 1954 (quatre niveaux supplémentaires) est en retrait, en partie en gradins, couverte d'un toit terrasse non accessible.

Des descriptions du début du siècle apprennent que le rez-de-chaussée comprenait deux salles pour la gravure et la sculpture (côté avenue Notre-Dame). Les salles principales étaient à l'étage et on exposait aussi dans le volume de l'escalier. Il y avait un atelier de restauration et de dépôt d'oeuvres (sous-sol ?). Les salles du 1er étage bénéficiaient de six mètres de hauteur de plafond et d'un éclairage zénithal, prouvant que des aménagements de type muséal avaient bien été réalisés. D'après les plans, l'escalier principal ne demeure qu'en partie, étant à l'origine tournant à deux volées tournantes (pour accéder au 1er étage). Ascenseur (non présent sur les plans originels).

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