DESCRIPTION
1.2. Situation et composition d'ensemble
La villa et le jardin sont situés sur le versant sud-ouest de la colline Sierra della Madona, sur la route de Gorbio, à environ 3 kilomètres du centre de la ville (2,20kilomètres à vol d'oiseau) et à 1,65 kilomètres de la mer. Le jardin s'étage de 51 mètres à 150 mètres d'altitude, la villa étant située à environ 80 mètres d'où elle domine l'étagement des terrasses aménagées et la perspective de l'allée et de l'escalier central. A l'arrière, la villa est adossée au bois planté d'essences locales et sillonné de sentiers.
La villa est elle-même accessible et mise en valeur par un jeu d'escaliers et de terrasses. Sur le côté une rampe à pas d'âne amène à un passage couvert voûté d'arêtes qui passant sous la travée gauche de la maison relie la partie arrière (Fig. 6 à 9).
3. Matériaux
Les matériaux ne sont pas visibles, masqués par un enduit ocre jaune mais il s'agit vraisemblablement d'un blocage de moellons calcaires. Le soubassement du corps de bâtiment ouest est en moellons calcaires bruts laissés apparents. L'encadrement de la porte est en calcaire blanc. Les toits sont couverts de tuiles creuses.
4. Structure
Élévation est. La cour du mandarinier. L'ensemble, d'un étage sur rez-de-chaussée surélevé, se compose d'un corps de bâtiment central plus bas que les autres correspondant à l'ancienne ferme, cantonné par deux pavillons, celui de gauche étant partiellement en avancée. A l'arrière, une aile nord-sud, constituée d'un portique ouvert sur un bassin, complète l'ensemble. Le résultat est celui d'une volumétrie composite où un volume de base a été enrichi par plusieurs volumes disposés de façon dissymétrique.
L'accès principal est au sud, en rez-de-chaussée surélevé. On y accède par un escalier en pierre d'une volée double à montées convergentes. A l'est, le rez-de-chaussée surélevé ouvre sur une terrasse en terre-plein dite cour du mandarinier, espace clôturé de murs et pavé d'une mosaïque de galets (calade). A l'est, un degré droit monte jusqu'à une porte aux piliers couronnés de pyramidions, d'où part la perspective d'un escalier qui se perd dans le bois.
La partie centrale est couverte d'un toit à longs pans avec une fermeture d'avant-toit en plâtre. Le corps de bâtiment occidental est couvert par un toit à longs pans à croupes, le toit du corps oriental est à longs pans, fermé par une génoise à trois rangs y compris du côté des murs pignons où le retour de la génoise des murs-gouttereaux dessine un fronton.La calade de la cour du mandarinier et la porte ouvrant sur le bois.
5. Élévations extérieures
L'élévation sud se développe sur 8 travées irrégulières. La porte d'entrée, dotée d'un encadrement en pierre mouluré est surmontée d'une petite niche ornée d'une niche et d'un fronton brisé. Le corps occidental en avancée est percé de larges baies en plein cintre au rez-de-chaussée et rectangulaires horizontales à l'étage. On retrouve ces baies sur la façade ouest en retour.
L'élévation orientale, en pignon, présente une porte-fenêtre à chaque niveau. Celle de l'étage ouvre sur un balcon en bois. Une porte en plein cintre, au vantail mouluré, donne accès à la partie arrière de la maison.
6. Distributions intérieures
Premier étage. Chambre ouest. Salle de repos ouverte sur le jardin hispano-mauresque.L'étage de soubassement n'a pas été visité. Il abritait des pièces de service.
L'entrée de la maison se fait au rez-de-chaussée surélevé dans un vestibule, au sol revêtu de carreaux rouges, qui dessert deux grandes pièces, l'une à l'ouest et l'autre à l'est, et l'escalier au nord. L'escalier, d'une volée tournante, à retours, sans jour, n'est pas visible depuis l'entrée. Il en est séparé par une porte dont le vantail est orné de plis de serviettes. La rampe d'appui du palier est en fer forgé. La pièce occidentale est carrée. Elle est éclairée par de larges baies en plein cintre sur les quatre côtés (trois au sud et à l'ouest, une au nord et à l'est). La pièce orientale est éclairée par deux fenêtres droites au sud et une porte-fenêtre qui ouvre sur la cour du mandarinier à l'est. Sur le mur nord se trouve une cheminée en pierre enduite, chantournée. Des carreaux de céramique peints ont été remployés à plusieurs endroits en revêtement de sol. La cuisine et les pièces de service se trouvaient sur l'arrière, au nord.
A l'étage se trouvaient les chambres et les salles de bains. La chambre du Major Johnston était à l'ouest dans une pièce carrée équivalente à celle du rez-de-chaussée, éclairée par des fenêtres sur les quatre côtés. La charpente est apparente. Sur le mur est se trouve une cheminée en calcaire gris local. La chambre orientale est également pourvue d'une cheminée, en bois, surmontée d'un placard, de style Régence.
Le portique nord-sud est au même niveau que l'étage. Il communique avec l'intérieur de la maison par une porte. C'est un salon d'été au sol en dalles de pierre, meublé d'une radassière, banquette de repos en maçonnerie que l'on garnissait de coussins. On peut noter que dans sa résidence anglaise d'Hidcote Manor Lawrence Johnston avait également aménagé un salon d'été ayant des points communs avec celui de Menton. Les murs sont décorés d'azulejos. Il ouvre par deux arcades en plein cintre sur un bassin à jets d'eau orné de nymphéas. Cet espace prend le nom de jardin hispano-mauresque. La référence est celle des jardins de l'Alhambra, à Grenade.
De nombreux éléments de mobilier, vantaux de portes, cheminé, carreaux de revêtement sont des remplois, certains venus d'Espagne ou d'Italie.
NOTE DE SYNTHÈSE
Le domaine de la Serre de la Madone fait partie d'un ensemble de jardins d'acclimatation de plantes exotiques créés par des Anglais sur la Riviera. On peut citer à Menton Val Rahmeh de Sir Percy Radcliffe et surtout de sa dernière propriétaire Miss Maybud Campbell, à la fin des années 1950, le Clos du Peyronnet d'Humphrey et William Waterfield, à partir des années 1950, le jardin (1859) de James Henry Bennet, médecin et "inventeur" de la station climatique de Menton et le jardin Hanbury (1867), ces deux derniers étant situés de l'autre côté de la frontière italienne. Le jardin prend souvent le pas sur la villa. A la Serre, on a affaire à une petite maison de campagne agrandie et rendue plus confortable et plaisante par l'ajout des grandes pièces ouest éclairées par de larges baies sur tous les côtés ou du salon d'été du jardin hispano-mauresque. Mais il n'y a aucun luxe ou ostentation dans l'architecture dont Johnston a lui-même dessiné les plans.
Lawrence Johnston est un Américain né en 1871 à Paris où il passe son enfance. Il quitte la France à 23 ans pour faire des études à Cambridge en Angleterre et devient sujet britannique en 1900. Passionné par l'horticulture, sa mère lui offre en 1907 une ferme dans les Cotswolds qui deviendra le jardin d'Hidcote Manor. Il s'engage dans l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale où il finira avec le grade de major. Après le guerre, il décide de créer un jardin à Menton pour y acclimater les plantes qu'il ramenait de ses voyages en Asie ou en Afrique du sud. Ce sera le jardin de Serre de la Madone.