Dossier d’œuvre architecture IA06002845 | Réalisé par
  • recensement du patrimoine balnéaire
Maison de villégiature (villa balnéaire) dite Serre de la Madone
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Menton
  • Commune Menton
  • Lieu-dit Val de Gorbio
  • Adresse 74 route de Gorbio
  • Cadastre 2016 BP 112, 113
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature, villa balnéaire
  • Appellations
    Serre de la Madone
  • Parties constituantes étudiées

DESCRIPTION

1.2. Situation et composition d'ensemble

La villa et le jardin sont situés sur le versant sud-ouest de la colline Sierra della Madona, sur la route de Gorbio, à environ 3 kilomètres du centre de la ville (2,20kilomètres à vol d'oiseau) et à 1,65 kilomètres de la mer. Le jardin s'étage de 51 mètres à 150 mètres d'altitude, la villa étant située à environ 80 mètres d'où elle domine l'étagement des terrasses aménagées et la perspective de l'allée et de l'escalier central. A l'arrière, la villa est adossée au bois planté d'essences locales et sillonné de sentiers.

La villa est elle-même accessible et mise en valeur par un jeu d'escaliers et de terrasses. Sur le côté une rampe à pas d'âne amène à un passage couvert voûté d'arêtes qui passant sous la travée gauche de la maison relie la partie arrière (Fig. 6 à 9).

3. Matériaux

Les matériaux ne sont pas visibles, masqués par un enduit ocre jaune mais il s'agit vraisemblablement d'un blocage de moellons calcaires. Le soubassement du corps de bâtiment ouest est en moellons calcaires bruts laissés apparents. L'encadrement de la porte est en calcaire blanc. Les toits sont couverts de tuiles creuses.

4. Structure

Élévation est. La cour du mandarinier.Élévation est. La cour du mandarinier. L'ensemble, d'un étage sur rez-de-chaussée surélevé, se compose d'un corps de bâtiment central plus bas que les autres correspondant à l'ancienne ferme, cantonné par deux pavillons, celui de gauche étant partiellement en avancée. A l'arrière, une aile nord-sud, constituée d'un portique ouvert sur un bassin, complète l'ensemble. Le résultat est celui d'une volumétrie composite où un volume de base a été enrichi par plusieurs volumes disposés de façon dissymétrique.

L'accès principal est au sud, en rez-de-chaussée surélevé. On y accède par un escalier en pierre d'une volée double à montées convergentes. A l'est, le rez-de-chaussée surélevé ouvre sur une terrasse en terre-plein dite cour du mandarinier, espace clôturé de murs et pavé d'une mosaïque de galets (calade). A l'est, un degré droit monte jusqu'à une porte aux piliers couronnés de pyramidions, d'où part la perspective d'un escalier qui se perd dans le bois.

La partie centrale est couverte d'un toit à longs pans avec une fermeture d'avant-toit en plâtre. Le corps de bâtiment occidental est couvert par un toit à longs pans à croupes, le toit du corps oriental est à longs pans, fermé par une génoise à trois rangs y compris du côté des murs pignons où le retour de la génoise des murs-gouttereaux dessine un fronton.La calade de la cour du mandarinier et la porte ouvrant sur le bois.La calade de la cour du mandarinier et la porte ouvrant sur le bois.

5. Élévations extérieures

L'élévation sud se développe sur 8 travées irrégulières. La porte d'entrée, dotée d'un encadrement en pierre mouluré est surmontée d'une petite niche ornée d'une niche et d'un fronton brisé. Le corps occidental en avancée est percé de larges baies en plein cintre au rez-de-chaussée et rectangulaires horizontales à l'étage. On retrouve ces baies sur la façade ouest en retour.

L'élévation orientale, en pignon, présente une porte-fenêtre à chaque niveau. Celle de l'étage ouvre sur un balcon en bois. Une porte en plein cintre, au vantail mouluré, donne accès à la partie arrière de la maison.

6. Distributions intérieures

Premier étage. Chambre ouest.Premier étage. Chambre ouest. Salle de repos ouverte sur le jardin hispano-mauresque.Salle de repos ouverte sur le jardin hispano-mauresque.L'étage de soubassement n'a pas été visité. Il abritait des pièces de service.

L'entrée de la maison se fait au rez-de-chaussée surélevé dans un vestibule, au sol revêtu de carreaux rouges, qui dessert deux grandes pièces, l'une à l'ouest et l'autre à l'est, et l'escalier au nord. L'escalier, d'une volée tournante, à retours, sans jour, n'est pas visible depuis l'entrée. Il en est séparé par une porte dont le vantail est orné de plis de serviettes. La rampe d'appui du palier est en fer forgé. La pièce occidentale est carrée. Elle est éclairée par de larges baies en plein cintre sur les quatre côtés (trois au sud et à l'ouest, une au nord et à l'est). La pièce orientale est éclairée par deux fenêtres droites au sud et une porte-fenêtre qui ouvre sur la cour du mandarinier à l'est. Sur le mur nord se trouve une cheminée en pierre enduite, chantournée. Des carreaux de céramique peints ont été remployés à plusieurs endroits en revêtement de sol. La cuisine et les pièces de service se trouvaient sur l'arrière, au nord.

A l'étage se trouvaient les chambres et les salles de bains. La chambre du Major Johnston était à l'ouest dans une pièce carrée équivalente à celle du rez-de-chaussée, éclairée par des fenêtres sur les quatre côtés. La charpente est apparente. Sur le mur est se trouve une cheminée en calcaire gris local. La chambre orientale est également pourvue d'une cheminée, en bois, surmontée d'un placard, de style Régence.

Le portique nord-sud est au même niveau que l'étage. Il communique avec l'intérieur de la maison par une porte. C'est un salon d'été au sol en dalles de pierre, meublé d'une radassière, banquette de repos en maçonnerie que l'on garnissait de coussins. On peut noter que dans sa résidence anglaise d'Hidcote Manor Lawrence Johnston avait également aménagé un salon d'été ayant des points communs avec celui de Menton. Les murs sont décorés d'azulejos. Il ouvre par deux arcades en plein cintre sur un bassin à jets d'eau orné de nymphéas. Cet espace prend le nom de jardin hispano-mauresque. La référence est celle des jardins de l'Alhambra, à Grenade.

De nombreux éléments de mobilier, vantaux de portes, cheminé, carreaux de revêtement sont des remplois, certains venus d'Espagne ou d'Italie.

NOTE DE SYNTHÈSE

Le domaine de la Serre de la Madone fait partie d'un ensemble de jardins d'acclimatation de plantes exotiques créés par des Anglais sur la Riviera. On peut citer à Menton Val Rahmeh de Sir Percy Radcliffe et surtout de sa dernière propriétaire Miss Maybud Campbell, à la fin des années 1950, le Clos du Peyronnet d'Humphrey et William Waterfield, à partir des années 1950, le jardin (1859) de James Henry Bennet, médecin et "inventeur" de la station climatique de Menton et le jardin Hanbury (1867), ces deux derniers étant situés de l'autre côté de la frontière italienne. Le jardin prend souvent le pas sur la villa. A la Serre, on a affaire à une petite maison de campagne agrandie et rendue plus confortable et plaisante par l'ajout des grandes pièces ouest éclairées par de larges baies sur tous les côtés ou du salon d'été du jardin hispano-mauresque. Mais il n'y a aucun luxe ou ostentation dans l'architecture dont Johnston a lui-même dessiné les plans.

Après avoir créé le jardin d'Hidcote Manor, en Angleterre, le major Lawrence Johnston achète en 1924, des terrasses agricoles et boisées sur les pentes de la Sierra della Madona, à Menton, lieu où sa mère venait déjà en villégiature. Il commence la création d'un jardin d'acclimatation pour les plantes qu'il ramenait de ses voyages en Asie et en Afrique du sud et qui ne pouvaient être acclimatées en Angleterre. Une partie de ces terres, sur lesquelles se trouvaient des constructions agricoles, appartenaient à Fortuné Ambroise Gioan, artiste peintre et conservateur du musée de Menton. Johnston agrandit la propriété jusqu'en 1928 pour atteindre les 7 hectares. En 1930, il réalise la transformation de la petite ferme qui domine les jardins en terrasses en lui adjoignant deux corps de bâtiment de part et d'autre. La décoration est en partie constituée de carreaux de Vallauris dont il ne reste que des fragments. L'intérieur est richement meublé de pièces provenant d'Espagne et d'Italie.

Au cours des années 1930 Johnston y mène une vie mondaine. Le personnel s'élève à 23 personnes (12 pour le parcs et 11 pour la villa). En été, le major partait en villégiature avec son personnel à Saint-Grat dans la vallée de la Gordolasque dans l'arrière-pays niçois, où il louait deux grandes bâtisses. De 1940 à 1944 Johnston se réfugie en Angleterre. La propriété reste à l'abandon jusqu'en 1949, époque à laquelle, diminué par la maladie, il revient y vivre. La villa et les bassins sont très endommagés par un glissement de terrain en 1952. Lawrence Johnston décède à La Madone en 1958.

Le domaine connaîtra d'autre vicissitudes. Sa légataire vend une grande partie des plantes rares, des poteries d'Anduze et des statues. L'ensemble est vendu en 1986 à une société de promotion immobilière et manque disparaître. Il est classé Monument historique en 1990 et appartient au Conservatoire du littoral depuis 1999. Il a fait l'objet d'un vaste programme de restauration en 2004-2005. C'est à présent un lieu ouvert à la visite. La villa abrite des salles d'exposition et de conférence, un espace bibliothèque et les bureaux administratifs.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 20e siècle
  • Dates
    • 1924, daté par source
    • 1930, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Johnston Lawrence
      Johnston Lawrence

      Lawrence Johnston est un Américain né en 1871 à Paris où il passe son enfance. Il quitte la France à 23 ans pour faire des études à Cambridge en Angleterre et devient sujet britannique en 1900. Passionné par l'horticulture, sa mère lui offre en 1907 une ferme dans les Cotswolds qui deviendra le jardin d'Hidcote Manor. Il s'engage dans l'armée britannique pendant la Première Guerre mondiale où il finira avec le grade de major. Après le guerre, il décide de créer un jardin à Menton pour y acclimater les plantes qu'il ramenait de ses voyages en Asie ou en Afrique du sud. Ce sera le jardin de Serre de la Madone.

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      jardinier, architecte, horticulteur attribution par source

La villa est construite en moellons de calcaire sans chaînes en pierre de taille, revêtus d'un enduit. La toiture est en tuiles creuses. La maison compte un étage au-dessus du rez-de-chaussée surélevé sur un étage de soubassement. Les élévations principales sont à travées régulières de baies. Le corps de bâtiment occidental est couvert par un toit à longs pans à croupes, le toit du corps oriental est à longs pans, au pignon couvert par une génoise. L'escalier intérieur, en maçonnerie, est tournant à retours, sans jour.

  • Murs
    • calcaire moellon sans chaîne en pierre de taille enduit
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à longs pans pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour en maçonnerie
  • Typologies
    plan-masse composite ; volumétrie composite ; élévation sans axe ; caractère régionaliste
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat, Propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1999.
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Éléments remarquables
    jardin d'agrément, fabrique de jardin, bassin, grotte
  • Protections
    classé MH, 1990/12/12
  • Précisions sur la protection

    Jardin, avec les bâtiments, fabriques, bassins, grottes, rocailles, éléments de statuaire et autres ornements qu'il contient (cad. BP 113 ; BO 6, 109) : classement par décret du 12 décembre 1990.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Agrandissement de la villa de La Serre de la Madone. [Menton]. 1930. Archives communales, Menton : 4 O 19 / PC N°1930-548.

    Commanditaire : Lawrence Johnston. 2 plans.

Bibliographie

  • BOTTIN, Frida, BOTTIN, Jean-Claude. Serre de la Madone. Enfant du Major Lawrence Johnston. Un jardin qui était oublié. Dans : Nice historique, N° 1, 1995, p. 36-43.

Documents multimédia

  • Serre de la Madone. Accès internet : <URL : http://www.serredelamadone.com/index.htm>

    Site internet de la Serre de la Madone.
Date d'enquête 2016 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général