• recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
restaurant dit La Réserve, ou Roc Beach
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Ville de Nice

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Mont-Boron
  • Adresse 60 boulevard Franck Pilatte
  • Cadastre 2016 KI 1
  • Dénominations
    restaurant
  • Appellations
    La Réserve , Roc Beach
  • Parties constituantes non étudiées
    kiosque

La Réserve compte parmi les édifices emblématiques de la corniche de Nice, autant pour son service de restaurant que pour sa situation privilégiée. Située sur le domaine maritime, La Réserve a connu de nombreuses étapes de constructions.

À l’origine un vivier et une baraque en bois

Jean Goisco, ancien marin, obtient en janvier 1862 du ministère de la Marine la concession temporaire d’un dépôt de coquillages près de l’ancienne poudrière du Lazaret. À proximité, il construit un cabanon-restaurant en bois qu'il dénomme La Réserve - sur le modèle d’établissements marseillais - afin d’y servir les fruits de mer frais issus des viviers construits en contrebas. La même année, il est autorisé à édifier un pavillon en bois sur le rocher d’Aubray, relié au restaurant par une passerelle.

Le Restaurant de La Réserve

L'affaire est reprise par le restaurateur Antoine Balestre. Le restaurant est reconstruit et arbore l'enseigne "Restaurant de la Réserve". Le Journal de Nice du 8 octobre 1868 informe qu' "Un chalet nouvellement construit sur un rocher en pleine mer lui est adjoint". Le 10 mars 1869, Antoine Balestre rachète à l’État les 220 m2 de terrains sur lesquels est bâti le restaurant et reprend la concession du grand rocher d’Aubray. Il dépense plus de 3000 francs pour édifier un grand mur de soutènement supportant une terrasse et obtient la concession de terrains contigus afin d’étendre le restaurant.

Le pavillon sur le grand rocher d'Aubray

Le chalet, de plan hexagonale pour une surface d’environ 40 m2 est distribuée sur deux niveaux. Elle adopte le caractère éclectique propre aux buvettes et kiosques du Second Empire : un toit en zinc décoré de lambrequins, un bulbe sommital orientalisant, des ferronneries ouvragées, des baies fermées par des persiennes. Un radier maçonné est établi sur le rocher, la structure intègre un plancher et un escalier extérieur en béton. Le plateau central se prolonge de balcons circulaires sur deux niveaux, des piliers de fonte portent le toit en zinc. Les garde-corps ouvragés des balcons, de l’escalier et des passerelles sont en fonte. L’implantation de cette gloriette, annexe du restaurant, sur un récif à l’entrée du port, devient l’une des curiosités architecturales de Nice.

Les aménagements de la décennie 1870

Le 1er septembre 1875, le petit rocher d’Aubray est concédé à Antoine Balestre par les Domaines afin qu’un autre pavillon soit créé et relié aux autres constructions. Construit en ciment, il présente la forme et les gréements très originaux d'un voilier. Nommé « L’Inflexible », il sert de petite terrasse au restaurant, le pavillon proposant des salons fermés. Ces deux gloriettes donnent un nouvel attrait à l’établissement qui devient une adresse réputée.

Le 29 mars 1876 Antoine Balestre soumet à la ville de Nice le projet de l'architecte niçois Vincent Levrot d'un restaurant en maçonnerie qui occupe l'intégralité de la parcelle avec 19 m de façade alignée sur le boulevard de l'Impératrice (Franck Pilatte actuel). La physionomie générale du bâtiment s'inspire des palais néo baroques italiens à colonnades, rotonde, toit terrasse et belvédères.

Le second pavillon

Vers 1900, le pavillon en bois sur le grand rocher d'Aubray est remplacé par un nouveau kiosque, plus imposant. L'ancienne maçonnerie est modifiée afin qu'une fausse grotte en rocailles soit aménagée sur le récif avec un balcon donnant sur le port. La passerelle d'accès au rivage est également traitée en faux rochers et garde-corps en rocailles. La passerelle permettant l'accès depuis le restaurant est en métal riveté. La ferronnerie de ses équerres de soutien est d'inspiration art nouveau. La gloriette reprend la distribution sur deux niveaux de la précédente, mais sur un plan octogonal. Son ossature est entièrement faite de bois ainsi que le plancher et la charpente du toit. De hauts vitrages sont posés entre les fines colonnettes et piliers d'angles qui supportent les niveaux afin d'offrir une vue à 360° aux convives. Les quatre oriels installés sur les grands côtés de l'étage toit extrême orient, Guimet, expos universelle, jetée prom

Un Roc Beach à l’Américaine

Après plusieurs changements de propriétaires et faillites durant l’entre-deux-guerres, la Réserve est acquise dans les années1930 par une SARL formée par plusieurs actionnaires niçois et intitulée Roc Beach. Elle charge l’architecte niçois René Livieri de transformer l’établissement afin d’attirer une clientèle plus sportive et festive, notamment celle qui fréquente les casinos de la Côte d'Azur. L’Amérique est à la mode, aussi la Réserve est-elle équipée d’un water chute – un toboggan donnant sur la mer – d’une grande terrasse côté mer et surtout d’un diving board, le plongeoir installé à la place du voilier en ciment, qui connaîtra un grand succès. Une terrasse inférieure est également ouverte dans le soubassement en pierres sur la façade sud. Le pavillon et le bateau en ciment ont été supprimés, les modénatures en façade du restaurant sont supprimées au profit de corniches et encadrements simples. Les anciennes consoles en fer forgé art nouveau, les garde-corps et la grotte en rocaille du grand rocher d'Aubray sont conservés. Pour compléter cette offre, la direction tente en vain d’obtenir l’autorisation d’ouvrir un casino.

L'établissement Roc Beach fait faillite, il est saisi en juin 1952. Le bâtiment est alors transformé afin que ses deux étages soient vendus en appartements. Une surélévation est ajoutée offrant un troisième niveau. Un restaurant, de nouveau nommé "La Réserve", se situe aujourd'hui au sud-est du bâtiment. Les deux rochers d'Aubray restent la propriété du Domaine maritime qui concède l'exploitation commerciale du site nommé "Le plongeoir", redevenu un bar et restaurant en 2017.

Le 4 janvier 1862, le restaurateur Jean Goisco obtient du ministère de la Marine la concession temporaire d’un vivier près de l’ancienne poudrière du Lazaret. En complément, il est autorisé à construire de façon précaire un restaurant dénommé La Réserve pour y servir les fruits de mer frais, puis à élever un pavillon en bois sur le rocher d’Aubray, relié au restaurant par une passerelle. En 1876, un projet de Vincent Levrot associe au restaurant un établissement de bains de mer. L'édifice est modifié dans les années 30, puis vers 1950 par René Livieri qui modifie les façades et procède à une surélévation. A cette date le bâtiment est transformé en copropriété.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle , daté par source
    • Secondaire : 3e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1862, daté par source
    • 1876, daté par source
    • 1962, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Levrot Vincent
      Levrot Vincent

      Architecte niçois. Vincent Levrot est né le 25 février 1837 à Nice, fils de Laurent Levrot cordonnier. Il obtient un diplôme à l'Université de Gênes, en 1856, et il s'installe d'abord comme géomètre à Nice avant l'annexion. Il travaille un temps pour l'architecte Victor Sabatier. Il devient professeur de dessin, succédant dans cet emploi au peintre Garracci dans la Nice française. Il est membre fondateur de la Société des Architectes des Alpes-Maritimes constituée en 1875. En 1878, il fait partie, avec Sébastien Marcel Biasini, François Brun et Albert Bérenger, du jury qui doit désigner les élèves architectes envoyés par la ville à l'exposition universelle. En 1881, il est nommé membre du conseil d'administration de l'Ecole Nationale d'Art Décoratif. En 1884, assistant au congrès international d'architecture, il fait adopter une motion qui demande la création de syndicats mixtes comprenant ouvriers, entrepreneurs, architectes et ingénieurs. Il se préoccupe de la condition des travailleurs du bâtiment. Il entre à la Société Centrale des architectes en 1889. Il habite 7 rue Gioffredo puis 19 rue Alberti en 1881 puis 60 rue Gioffredo dans l'immeuble qu'il a construit pour lui. Il meurt à Nice le 10 décembre 1911. Il a reçu les palmes académiques (1881). Il a formé l'architecte Louis Castel. Il est l'oncle de l'architecte Jules Febvre. (Véronique Thuin)

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    • Auteur :
      Goisco Jean
      Goisco Jean

      Ancien marin marseillais, il ouvre le restaurant La Réserve en 1862 à Nice.

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    • Auteur :
      Balestre Antoine
      Balestre Antoine

      Restaurateur niçois, il reprend le restaurant La Réserve à Nice vers 1867-1868.

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    • Auteur :
      Livieri René
      Livieri René

      Architecte, Nice, 20e siècle. Il est formé à l'École Nationale des Arts Décoratifs de Nice. Il a travaillé essentiellement à Nice où il est l'auteur d'un nombre très important de réalisations de 1934 à la fin des années 1970. Influencé par l'Italie, il s'inscrit au début de sa carrière dans le courant Art Déco pour évoluer vers le Mouvement moderne dans ses réalisations postérieures à la deuxième guerre mondiale.

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Bâtiment rectangulaire, avec enduit blanc, terminé par deux rotondes en demi-cercle à chaque extrémité. L'aspect actuel du bâtiment traduit les importantes modifications réalisées, notamment vers 1950. Du bâtiment originel de Vincent Levrot de 1876, outre le plan masse général, demeurent le soubassement en grand appareil de pierre ainsi que, côté mer, le balcon du 1er étage sur corbeaux de pierre et ses ferronneries. D'autres ferronneries originelles demeurent sur la façade nord. Les transformations des années 1930 et 1950 ont simplifié le décor pour le mettre en conformité avec les goûts de l'époque. Avec la surélévation des années 1950 de deux étages a été perdue la silhouette cantonnée de quatre tourelles. Des tuiles creuses débordent de la corniche et du toit, simple élément décoratif puisque ce dernier est un toit terrasse. Un auvent en béton court côté boulevard. Un bâtiment adventice a été accolé dans les années 1930 à l'Est. Il ne demeure aucun élément intérieur d'origine.

  • Murs
    • enduit
    • pierre moyen appareil
  • Toits
    ciment en couverture
  • Étages
    étage de soubassement, 3 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Précisions sur la protection

    Protection au titre du PLU n°434

Image non consultable

Bibliographie

  • STEVE, Michel. Histoire de l'architecture à Nice de 1830 à nos jours. Nice : Institut d'études niçoises, 2018. 280 p.

    p. 124

Documents figurés

  • Nice le restaurant La Réserve, [circa 1900]. / Tirage photographique sur papier argentique Ilford à partir de la plaque de verre. Jean Giletta photographe. [circa 1900]. Bibliothèque de Cessole, Nice.

  • Plan des terrains concédés à la société des bains de mer de Nice en 1875 par le gouvernement Sarde et au sieur GoIsco en 1862 pour un dépôt de coquillages. / Plan imprimé. Service maritime des Alpes-Maritimes. 30 septembre 1867. Archives départementales des Alpes-Maritimes, Nice : 2 Q 417.

  • [La Réserve et le château de l'Anglais au cap de Nice, circa 1862]. / photographie noir et blanc, Charles Nègre. [circa 1862]. Théâtre de la Photographie Charles Nègre, Nice.

  • Nice - Le Lazaret et ruines de l'ancienne poudrière. 1873. / Tirage photographique au charbon (détail). Théodore Walburg de Bray et Jean Gilletta. 1873. Bibliothèque de Cessole, Nice

  • [Le restaurant et le pavillon de La Réserve, l'entrée du port de Nice vus depuis le chemin du Lazaret, circa 1875]. / Tirage photographique sur papier albuminé. Aristide Montel. [circa 1875]. Bibliothèque de Cessole, Nice

  • [Le restaurant et le pavillon de La Réserve, l'entrée du port de Nice vus depuis le chemin du Lazaret, circa 1875]. / Tirage photographique sur papier albuminé. Aristide Montel. [circa 1875]. Bibliothèque de Cessole, Nice

  • Plan et élévation du restaurant La Réserve soumis au service voirie de la ville de Nice par le propriétaire Antoine Balestre le 29 mars 1876. / Dessin à l'encre établi par l'architecte Vincent Levrot . 1876. Archives communales, Nice : 2 T 48/111

  • Nice Restaurant de La Réserve 343 G.J, [circa 1900] / Tirage photographique sur papier albuminé. Jean Giletta photographe. [circa 1900]. Bibliothèque de Cessole, Nice.

  • La Réserve de Nice, grand restaurant, attractions. Une curiosité sur la mer., [circa 1892] / Affiche lithographiée en couleurs. Anonyme. Imprimée par Emile Lévy à Paris. h 93 x L 130 cm. [circa 1892]. (D.L.).

  • Restaurant de La Réserve Nice, Antoine Balestre propriétaire, boulevard de l'Impératrice de Russie, [circa 1880]. / Affiche lithographiée par J. Dalmet à Nice, vers 1880. Collection particulière.

  • Restaurant de la Réserve, Nice, [vue intérieure, circa 1890]. / Carte postale anonyme. Non datée [circa 1890]. Collection particulière.

  • [Nice le restaurant La Réserve, circa 1900]. / Tirage photographique sur papier argentique Ilford à partir de la plaque de verre. Jean Giletta photographe. Non daté [circa 1900]. Bibliothèque de Cessole, Nice

  • [Le restaurant et établissement de bains Roc Beach, façade sud-ouest avec le plongeoir et le toboggan, vus depuis la mer, vers 1949]. / Carte postale anonyme. Editeur Wilco, n°106. Non datée [vers 1949]. Collection particulière.

  • [Le restaurant et établissement de bains Roc Beach, façade sud-est, vers 1945-1946]. / Tirage photographique sur papier argentique anonyme. Non daté [vers 1945-1946]. Collection particulière.

  • [Le restaurant et établissement de bains Roc Beach, façade sud-est, vers 1945-1946]. / Tirage photographique sur papier argentique anonyme. Non daté [vers 1945-1946]. Collection particulière.

  • [Le restaurant et établissement de bains Roc Beach, façade nord, vers 1945-1946]. / Tirage photographique sur papier argentique anonyme. Non daté [vers 1945-1946]. Collection particulière.

Date d'enquête 2016 ; Date(s) de rédaction 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
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