Commentaire historique
Le cadastre par confronts de 1699 ( AD05 3 E 6470) mentionne une terre et un pré au quartier de « Lydanne », confrontés à l'ouest par le béal de la Chapelle (f° 161 v°).
Vue de situation prise du nord-est.
Vue d'ensemble prise du nord-est.
Dans le cadastre de 1839, aucune construction n'existe à cet emplacement, qui se trouve au milieu d'une grande parcelle de terre labourable et arrosable (E11 70, 1,9 hectares), appartenant à Pierre Bernard, gendre Jean Hugues. Celui-ci possède également diverses terres agricoles avoisinantes, mais aussi aux quartiers de la Passière, le Buisson, la Longeagne, la Vourgie, les Rosières, etc., ainsi qu'une maison (F1 261) et un bâtiment agricole (F1 295) au bourg de Rosans.
En 1856, ses terres de Lidane passent à Jacques Peyre, qui déclare sur cette parcelle la « construction nouvelle » d'une « maison » en 1860, comptant 3 ouvertures imposable et enregistrée dans la 7e classe et avant-dernière classe fiscale. Puis, en 1867, il déclare la construction d'une « tuillerie » ; il est dès lors désigné comme « fabricant de tuiles » dans les documents cadastraux.
D'après les matrices cadastrales, en 1868, la grande parcelle irriguée est partagée deux parts égales, une restant à Jacques Peyre et l'autre passant à Victor Sanchon puis, en 1874, à André Bernard et, en 1890, à son fils Baptiste Bernard. En 1870, à la suite d'une crue du torrent de Lidane, une partie de la terre restée à Jacques Peyre est déclassée en « graviers ». Une partie de ses biens passent en 1899 à Victor et Joséphine Mourenas, indivis à Montclus.
La tuilerie est déclarée démolie en 1901 et, en 1906, la maison devient la propriété de Joseph Grimont. Le quartier est alors appelé « La Dame ».
D'après un acte du notaire Martel de Serres, conservé dans les archives de la famille Brely, actuels propriétaires de la ferme de Lidane, c'est le 26 septembre 1897 qu'à eu lieu la vente de la ferme de Lidane. Elle est vendue par Alexandre Roman, « propriétaire et maçon » et son épouse Louise, née Peyre, demeurant à Saint-André-de-Rosans. Les biens proviennent de la succession de Jacques Peyre, « en son vivant propriétaire et tuilier à Rosans » et décédé en 1894, passés à Louise Peyre après son décès en 1894. Jacques Peyre les détenait lui-même d'une succession de sa première épouse, Elisabeth Bernard, décédée en 1854, mais il n'est pas précisé que c'est lui qui a fait bâtir les premières constructions.
Les acquéreurs sont Mourenas « frère et sœur, propriétaires cultivateurs » demeurant à Montclus. L'ensemble est décrit comme « un petit domaine ayant son centre d'exploitation au quartier de Lidane, comprenant bâtiment d'habitation et d'exploitation, cour, jardin, pré, labours, bois, landes, pâturages et dépendances ». La propriété est complétée par un ensemble d'objets : un pétrin, deux « bois de lit en sapin et bois blanc », une horloge, un placard, un « redressoir » et « quelques canisses ». Le prix de la vente est de 640 francs.
L'actuel ensemble bâti est le résultat de diverses extensions et adjonctions, réalisées entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e siècle. La tradition familiale rappelle qu'Emile Bertoldo – immigré italien – a bâti lui-même la plupart des bâtiments actuels dans les années 1920, après son mariage avec Ida Mourenas.
Le petit tracteur de marque Massey-Harris, conservé dans la dépendance occidentale, a été acquit en 1958 grâce au produit de la vente d'une remarquable récolte de prunes Reine-Claude.
Plan de masse d'après le cadastre de 2021, section 000E. Echelle d'origine 1/500e.
Dépendance agricole occidentale. Rez-de-chaussée, remise ouverte. Vue de volume prise du nord-est.
Description architecturale
Cette ferme est isolée approximativement à 2 kilomètres au sud-est du bourg de Rosans, à une altitude d'environ 580 mètres, proche du torrent de Lidane. Elle est composée de trois ensembles bâtis disjoints : le bâtiment du logis (ou bâtiment principal), la dépendance agricole orientale et la dépendance agricole occidentale. Une dernière petite dépendance disjointe est installée au sud-ouest.
Une cour, limitée par un muret maçonné, se développe au pied sud du bâtiment principal. Une très grande aire à battre, plantée de noyers, occupe l'espace libre du côté nord. Une source captée à plusieurs centaines de mètres au nord-est de la ferme servait à son alimentation en eau, grâce à une conduite enterrée.
Vue d'ensemble prise du sud-est.
Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Plan de localisation des différents bâtiments.
Fonctions et aménagements intérieurs
Bâtiment principal
Il s'agit à l'origine du bâtiment du seul logis, progressivement complété par d'autres constructions. Construit en au moins quatre étapes, cet ensemble bâti est doté d'un plan en L. Il comporte un étage de soubassement, un rez-de-chaussée surélevé et un étage de comble.
Plan schématique du bâtiment principal : étage de soubassement.
Plan schématique du bâtiment principal : rez-de-chaussée surélevé.
Bâtiment principal : étapes chronologiques de l'agglomération du bâti.
La partie orientale est réservée au logis sur ses deux premiers niveaux. La cuisine (étage de soubassement) conservait anciennement un potager-cendrier. Les chambres (rez-de-chaussée) sont desservies par un escalier, droit et en menuiserie, originellement placé à l'extérieur du bâtiment (façade nord) et ensuite intégré à l'intérieur après l'adjonction d'une nouvelle construction.
Bâtiment principal, partie du logis. Elévation sud.
Bâtiment principal, partie du logis. Elévation sud, travée est. Premier niveau, porte du logis.
Bâtiment principal, partie du logis. Elévation sud, travée est. Second niveau, fenêtre.
L'étage de soubassement de la partie occidentale accueille une étable et une remise, cette dernière étant ouverte jusqu'au toit. Le rez-de-chaussée surélevé est réservé au fenil.
Bâtiment principal, partie agricole. Vue d'ensemble prise du sud-est.
Bâtiment principal, partie agricole. Pignon ouest, porte de la remise et baie du fenil.
Bâtiment principal, partie agricole. Elévation nord.
Bâtiment principal, partie agricole. Etage de soubassement, remise. Vue de volume prise du sud.
Bâtiment principal, partie agricole. Rez-de-chaussée surélevé, fenil. Vue de volume prise du nord.
La partie nord correspond à une remise ouverte, installée de plain-pied face à l'aire à battre et bâtie sur d'épais piliers maçonnés.
Bâtiment principal. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Dépendance agricole orientale
Orienté nord-sud, cet ensemble bâti possède un plan rectangulaire allongé. Il se compose de cinq parties accolées – celle du cellier-cuvage étant la plus ancienne – couvertes par un toit à longs pans.
Dépendance agricole orientale. Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
Dépendance agricole orientale, bâtiment du cellier. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.
Dépendance agricole orientale. Elévation ouest.
La partie sud était manifestement à l'origine un hangar sur piliers maçonnés, plus tard fermé par des murs. Elle comporte un rez-de-chaussée et un étage. Le rez-de-chaussée est occupé par un cellier-cuvage et une resserre (extrémité sud), séparés par une cloison en briques pleines. Dans la resserre, le sol est en carreaux de terre cuite carrés. Dans le cellier, une cuve de fermentation est adossée au mur nord. De forme rectangulaire, elle est maçonnée et son parement intérieur est enduit. L'étage est occupé par un fenil-séchoir.
Dépendance agricole orientale, bâtiment du cellier. Rez-de-chaussée, resserre. Sol en carreaux de terre cuite.
Dépendance agricole orientale, bâtiment du cellier. Rez-de-chaussée, cellier. Vue de volume prise du nord-ouest.
Dépendance agricole orientale. Rez-de-chaussée, cellier. Vue de volume prise du sud.
Dépendance agricole orientale. Rez-de-chaussée, cellier. Mur nord, cuve vinaire occidentale.
Dépendance agricole orientale, bâtiment du cellier. Etage, séchoir. Vue de volume prise du nord.
La partie centrale correspond à une remise ouverte, construite avec des piliers en béton. Elle est prolongée du côté nord par une remise fermée, bâti en parpaings de béton.
Une autre remise ouverte, sur piliers en béton et poteaux en bois, est adossée à la façade est de la partie sud.
Enfin, un lavoir était installé contre le pignon sud, couvert par un toit à un pan.
Dépendance agricole orientale. Vue d'ensemble prise du sud-est.
Dépendance agricole orientale, remise ouverte est. Poteau en bois et pilier en béton.
Dépendance agricole occidentale
Orienté nord-sud, le bâtiment possède un plan barlong massif et semble avoir été bâti en deux temps : d'abord la partie sud, ensuite la partie nord – entraînant manifestement la surélévation partielle de la partie sud. Il comporte un rez-de-chaussée et un étage et est couvert par un toit à longs pans.
Dépendance agricole occidentale. Vue d'ensemble prise du nord-est.
Dépendance agricole occidentale. Vue d'ensemble prise du sud-ouest.
La partie nord-est du rez-de-chaussée correspond à une remise ouverte, où sont installés des clapiers à lapins maçonnés. La partie nord-est et la partie sud sont occupées par des étables. Dans la partie sud, le couvrement est en voûtains de briques creuses sur poutrelles métalliques, ailleurs il s'agit d'un plancher sur solives. Dans les étables, des mangeoires sont installées le long des murs, comprenant une banquette maçonnée et un râtelier en bois. Au-dessus, des trappes d'abat-foin sont percées dans les voûtains. Le sol est pavé, avec une rigole maçonnée pour l'évacuation des purins.
L'étage est occupé par un fenil séchoir, desservi par des baies fenières. La partie nord est en outre aérée par de large baies horizontale.
Dépendance agricole occidentale. Rez-de-chaussée, étable. Mur est.
Dépendance agricole occidentale. Rez-de-chaussée, étable. Vue de volume prise du nord-est.
Dépendance agricole occidentale. Rez-de-chaussée, étable. Sol pavé avec rigole centrale pour l'évacuation du purin.
Matériaux et mise en œuvre
Les bâtiments sont construits en maçonnerie de moellons calcaires et de grès, avec l'usage ponctuel de galets. Les chaînes d'angles sont en moellons équarris. Les élévations reçoivent un enduit à pierres vues ou restent brutes de maçonnerie. Les encadrements des ouvertures disposent très majoritairement de piédroits montés en moellons, avec un linteau droit en bois. Toutefois, sur la façade sud du bâtiment du logis, on observe l'emploi ponctuel de la pierre de taille de grès (appui, linteau) et de la brique pleine (appui, piédroits, couvrement). Quelques fenêtres conservent leurs contrevents anciens en planches croisées.
Dépendance agricole orientale, bâtiment du cellier. Elévation ouest, chaîne d'angle sud-ouest, collage de maçonnerie et porte de la resserre.
Bâtiment principal, partie du logis. Elévation sud, travée est. Second niveau, fenêtre.
Les toits sont à longs pans, complétés d'une croupe pour la partie ouest du bâtiment principal. Les charpentes sont à pannes, confortées par une ferme à poinçon dans la dépendance orientale, et par des chevrons dans le bâtiment principal. La couverture est en tuiles creuses, posées sur des chevrons taillés en quartons (dépendance est) ou sur des plaques ondulées de fibro-ciment. Les avant-toits sont constitués du simple débord des tuiles de couverture sur les dépendances. Sur le bâtiment principal, ils consistent en un rang de génoise qui se prolonge en saillie de rive. Le passage est angle est traité en éventail. Ces génoises sont peintes en blanc.
Dépendance agricole orientale, remise centrale. Charpente à pannes sur chevrons.
Dépendance agricole orientale, bâtiment du cellier. Charpente à pannes sur ferme.
Bâtiment principal, partie agricole. Charpente de la croupe.
Dépendance agricole orientale, remise centrale. Couverture en tuile creuse.