Dossier d’œuvre architecture IA05001588 | Réalisé par
Van Bost Nathalie (Rédacteur)
Van Bost Nathalie

Chercheur pour le patrimoine industriel à l'Inventaire Nord-Pas-Calais de 1991 à 2018 (DRAC puis Région Nord-Pas-Calais dès 2007 et Hauts-de-France suite à la réforme des collectivités en 2016). Puis chercheur à l'Inventaire Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir de 2018.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • enquête thématique régionale, hameaux de forestage de Harkis en Provence-Alpes-Côte d'Azur
Hameau de forestage de Harkis de Rosans, actuellement village de vacances Paul Bert
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Rosans
  • Commune Rosans
  • Lieu-dit Quartier de Pigranier
  • Adresse D 325
  • Cadastre 2020 F 02 683
  • Dénominations
    écart
  • Précision dénomination
    hameau de forestage

Lors de la séance du Conseil municipal du 10 avril 1963, le Maire informe ses conseillers de "la possibilité d'implanter des Harkis dans la commune à condition de fournir un terrain susceptible d'être aménagé pour installer des baraquements". Le choix se porte sur la parcelle 481bis de la section F d'une superficie de 80ha, sise au quartier Pigranier. La propriétaire, Mme Faure Rosa la cède à la commune pour le prix de 2500F. La transaction est reconnue d'utilité publique. Ce terrain est mis à la disposition du Ministère des Rapatriés en mai 1963 qui va y réaliser les aménagements nécessaires aux logements des Harkis. En juillet 1963 un marché sur appel d’offres avec concours est passé entre le Ministère des Rapatriés, représenté par le Préfet du département des Hautes-Alpes et René Dassé, pour l’exécution des travaux de construction et la mise en place de 7 baraquements préfabriqués, 6 de type A et 1 de type Abis soit 28 logements pour un coût estimé à 278230F. Le cahier des charges stipule le délai de 75 jours pour la réalisation des travaux. Le marché de fourniture des matériaux divers pour l’équipement des foyers familiaux est attribué à l’entreprise TIPI basée à Aubervilliers. En juin 1963 les travaux de nivellement des terrains et les tranchées d’amenée des conduites d’eau sont en cours d’exécution. Le montage des baraquements préfabriqués fournis par la Société Dassé de Dax ne commence que le 22 novembre et devrait se terminer le 20 décembre 1963. Les branchements pour l’alimentation en eau, l’électricité et le déversement à l’égout restent à entreprendre. En janvier 1964 l’aménagement est presque terminé, il reste quelques finitions à réaliser par les Harkis eux-mêmes. En février 1964 une convention de servitude doit être passée avec EDF pour l'installation électrique au village de Harkis. Durant l'été la commune sollicite une subvention de 10000F auprès du Ministère de l'Intérieur (qui reprend les missions du Ministère des Rapatriés) pour le financement et demande le concours du Génie Rural pour la réalisation d'un réseau d'égouts au hameau. La réception définitive est signée le 29 mars 1965. En octobre, de nouveaux crédits de construction sont délégués pour l’aménagement du hameau visant à l’amélioration des terrassements et des allées, l’installation de l’éclairage public, la construction de celliers et la pose de compteurs d’eau et d’électricité. Le 27 février 1964, 28 familles arrivent en gare de Serre, accueillies par l’inspecteur des chantiers de forestage Y. Durand et le maire de la commune R. Hugues et transportées en car jusqu’au hameau. « Leur installation s’est déroulée sous le contrôle du Secrétaire Général et du Directeur des Finances et de l’Administration des Collectivités Locales de la Préfecture, de l’Ingénieur en chef du Génie Rural, du Conservateur des Eaux et Forêts et du Directeur de la Population et de l’Action sociale. […] Ce dernier a fait procéder à une distribution de vêtures aux familles qui sont arrivées avec le minimum de bagages vestimentaires. Les effectifs du hameau représentent 102 personnes, se composant de 24 hommes, 25 femmes et de 53 enfants. Toutes les démarches utiles ont été entreprises pour l’aménagement d’une salle de classe dans le rez-de-chaussée de l’école de Rosans en vue de la scolarisation des enfants […]. » Cette classe supplémentaire est mise en service à la rentrée de septembre 1964 ; un second instituteur y est affecté pour la scolarisation de 36 enfants en primaire. Lors d'une séance de délibérations d'août 1963, le conseil municipal avait proposé de mettre à disposition du Ministère de l'Education Nationale une parcelle de terrain dans le quartier des Basses-Graves pour l'installation d'une salle de classe destinée aux enfants de Harkis. L’accueil des familles et leur prise en charge médicosociale devrait être confiée à une assistance sociale du département dès juin 1963. En décembre, une monitrice d’action sociale doit être recrutée pour l’ouverture du chantier. Les crédits de fonctionnement du hameau est de 2000F au 4e trimestre 1965. En baisse par rapport au précédent, cela entraine la résiliation de la police d’assurance du camion de l’Administration des Eaux et Forêts affecté au transport à titre privé des anciens supplétifs ; en décembre 1965, le hameau est habité par 21 familles, 132 personnes, soit 7 personnes de plus qu’en septembre. Le chantier forestier sera en moyenne constitué de 25 Harkis. Outre les activités de débroussaillage, d’entretien, de boisement et d'aménagement du domaine forestier, les Harkis sont également employés à la défense de la forêt (fig.8 et 16). En juin 1964, 18 hommes dont 16 Harkis sont réquisitionnés pour participer à la lutte contre un incendie sur la commune de Villebois dans la Drôme. En décembre 1964 de la même année, la commune a le projet d’acquérir un terrain au quartier Sainte-Catherine dans le but d'y construire un Centre artisanal de tissage (comme à Lodève) qui emploierait une partie de la main-d’œuvre harkie moins occupée pendant l'hiver. Au printemps 1966, on recense 93 personnes vivant au hameau, soit 39 de moins qu'en décembre de l'année précédente. Début 1971 la commune envisage la création de 2 classes supplémentaires dans le préau de l'école compte-tenu de la présence des familles harkies et de l'ouverture imminente d'un institut médico-pédagogique. En 1974 la résorption du hameau devient une priorité pour le Ministère qui met en place un programme de construction de logements. Tenant compte de l'état d'insalubrité des logements dans lequel vivent les familles, le Conseil municipal décide d'acquérir en mai 1975 le terrain de Mme Truphémus situé au lieu-dit "les Basses-Graves" pour la somme de 70000F. Et décide de contracter un emprunt pour la construction de 20 pavillons (dont 16 destinés aux Harkis) par l'office des H.L.M. des Hautes-Alpes au quartier du Suquet, inauguré en 1978. De source orale, les familles sont relogées dans des villas (dont elles sont propriétaires) sur un autre terrain de la commune et financées au titre des indemnisations. L'ancien hameau forestier est réhabilité (1982-1986) pour devenir un centre de vacances géré par l'association lyonnaise Patronage Laïque Villette Paul Bert. Un film documentaire réalisé en 2011 par Rémi Nelson-Borel retrace l'histoire commune des Harkis et de Rosans. Une stèle en hommage aux Harkis et à leur famille a été installée par l'ONAC-VG le 25 septembre 2016 devant l'ancien hameau converti depuis en village de vacances. Le parcours des Harkis et de leurs familles est mis à l'honneur dans une salle de l'écomusée "Terres du Sud : culture et savoir-faire".

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 20e siècle , daté par source
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1963, daté par source
    • 1986, daté par source
  • Auteur(s)
    • Auteur :
      Société de constructions Dassé
      Société de constructions Dassé

      L'usine et le siège social de l'entreprise sont basés rue Georges Chaulet à Dax dans les Landes et des bureaux demeurent à Paris rue du Faubourg-Saint-Honoré dans le 8e arrondissement. La Société de constructions Dassé, spécialisée dans les constructions préfabriquées démontables, est sollicitée par le Ministère des Rapatriés pour la construction de baraquements préfabriqués destinés à loger les anciens Harkis employés par l'O.N.F. dans les hameaux de forestage des départements des Alpes-Maritimes et du Var. Inscrite au registre du commerce depuis le 12 janvier 1955, elle est dirigée au début des années 1960 par Dassé René, Gabriel, Vincent né 31 décembre 1925, Dassé Henri, Marie né le 11 septembre 1915 et Dassé André, Léon né le 29 mai 1922 à Dax.

      Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
      entrepreneur attribution par source

Le hameau était composé de 7 baraquements de chacun 4 logements. Couverts de toits à longs pans en tôle ondulée de ciment amiante, les bâtiments constitués de panneaux préfabriqués en ciment amiante garnis d'un isolant, sont montés sur des plateformes en béton. Ils sont désignés par les lettres de l'alphabet de A à F inscrites à la peinture sur les murs pignons et sous forme de lettres en bois appliquées sur les corniches. Tous ont été réhabilités.

  • Murs
    • ciment amiante
  • Toits
    ciment amiante en couverture
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    remanié
  • Techniques
    • peinture
    • menuiserie
  • Représentations
    • monogramme
  • Statut de la propriété
    propriété d'une association

Documents d'archives

  • Acquisition d'un terrain pour installation des Harkis. 10 avril 1963. Archives communales, Rosans.

  • Instructions (1962) chantier de forestage de Rosans. Marché passé avec les Constructions Dassé à Dax, construction de logements préfabriqués pour les anciens supplétifs musulmans (1963-1965). Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Hameaux de forestage : Rosans et Montmorin. 1963 - 1967. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 6994.

  • Commune de Rosans, construction et installation de logements pour Harkis, société de construction Dassé, ordre de service de début de travaux, 3 août 1963. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Situation juridique des terrains sur lesquels ont été implantés des villages de forestage dans les Basses et Hautes Alpes. 14 avril 1964. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 15 W 72.

  • Programme des chantiers forestiers de Montmorin et Rosans, 2e semestre 1964. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 6994.

  • DEMARD, Fernand. Rosans, un exemple (national) de solidarité agissante envers nos compatriotes français musulmans. Coupure de presse non identifiée, 2 octobre 1978.

Bibliographie

  • LUCAS, Gérald. Mohammed Bouihi, dernier Harki de Rosans. Dans Le Dauphiné Libéré, 2 août 2018.

Documents figurés

  • [Le village de Harkis en construction, entre la route de la chapelle et le chemin étroit, vers 1963-1964.] / Carte postale, édition Lapie, [vers 1963-1964]. Collection particulière.

  • [Le village de Harkis en construction, entre la route de la chapelle et le chemin étroit, vers 1963-1964.] / Carte postale, édition Lapie, couleur, [vers 1963-1964]. Collection particulière.

  • Bâtiment pour Harki, plan type A [façade antérieure, dessin joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Façade postérieure [plan type A, dessin joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Pignon [plan type A, dessin joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Pignon, coupe [plan type A, dessin joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Pignon, coupe [plan type A, dessin joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • [Plan de baraquement de type A, 4 logements, joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Bâtiment pour Harki, plan type Abis, société de construction Dassé, Dax, plan [dessin joint au devis descriptif de la Société Dassé, 29 juin 1963]. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 242 W 7006.

  • Edifiée dans un minimum de temps, la cité d'urgence qui permit d'accueillir les harkis et leurs familles à Rosans en 1964. / Photographie de coupure de presse non identifiée. Dans : "Rosans : Harkis ou Hara-kiri" / P.A. RUILLIER, 28 octobre 1976.

  • [Vue aérienne en juillet 1971.] / Photographie, Institut Géographique National (IGN), 1971. Institut Géographique National, Saint-Mandé.

  • [Vue aérienne en juillet 1978.] / Photographie, Institut Géographique National (IGN), 1978. Institut Géographique National, Saint-Mandé.

    Institut Géographique National, Saint-Mandé

Documents multimédia

  • NELSON-BOREL, Rémi. Rosans, miel amer. La forge aux utopies, 2011 (prod.). 1 film (1h00m20s). Accès Internet : <https://vimeo.com/255864882>

  • Rencontre avec le plus vieil Harki de Rosans. DICI TV, 2016 (prod.). 1 film (3m49s). Accès Internet : <https://www.harkisdordogne.com/2016/02/d-ci-tv-rencontre-avec-le-plus-vieil-harki-de-rosans.html>

Annexes

  • Délibération du Conseil municipal de la commune de Rosans, 1955-1979
  • Extraits de l'arrêté d'utilité publique en faveur de l'acquisition de terrain pour la construction de bâtiments destinés au logement des Harkis en date du 25 juin 1975
  • Extrait de l'article intitulé Rosans, un exemple (national) de solidarité agissante envers nos compatriotes français musulmans, Fernand Demard, 2 octobre 1978
  • Extraits du Dauphiné Libéré du 27 avril 2011
Date d'enquête 2020 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Van Bost Nathalie
Van Bost Nathalie

Chercheur pour le patrimoine industriel à l'Inventaire Nord-Pas-Calais de 1991 à 2018 (DRAC puis Région Nord-Pas-Calais dès 2007 et Hauts-de-France suite à la réforme des collectivités en 2016). Puis chercheur à l'Inventaire Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir de 2018.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.