L'ensemble de bâtiments accolés se situe à mi-pente entre l'ancien village (village haut) et le bas du vallon, à proximité des écarts des Granges ou des Coustelles.Vue générale depuis le sud-ouest.
Le bassin central, le plus ancien (porte la date 1612), est placé sous une voûte maçonnée en plein cintre, il est constitué de trois dalles monolithes jointives placées verticalement. Le bassin de droite (au sud-est du précédent) est construit vers 1860 (datation par source) dans le prolongement quoiqu'un mur percé d'une ouverture au bas les sépare ; moins haut, il est sans doute destiné à servir également d'abreuvoir. L'ensemble est placé sous un toit en bâtière couvert de tuiles creuses.
Le lavoir, en pierre de taille est érigé en 1904 (porte la date) perpendiculairement aux deux précédents et à découvert. Il est composé de deux bassins.
Le fournil est construit perpendiculairement à l'alignement des trois bassins, à l'arrière de ceux-ci et parallèlement à la pente. Le bâtiment est en moellons de calcaire et couvert d'un toit à longs pans avec tuiles creuses mécaniques. Le four est situé en rez-de-chaussée surélevé, et précédé d'une grande salle éclairée par une unique fenêtre au sud.
Ces bâtiments accolés à multiples fonctions portent ainsi différentes dates, témoignages des modifications et agrandissements.
L'approvisionnement en eau
La date la plus ancienne est partiellement illisible : 15[.]8 (peut-être 1598), elle se trouve sur une pierre au-dessus du bassin à l'extrême sud-est. Il pourrait s'agir d'une pierre de remploi vu sa forme et son emplacement. Lavoir, bassin de droite, détail : date (?).
Une petite source située à cet emplacement préexiste sans doute à toute forme de construction maçonnée, il s'agit probablement du seul point d'eau du castrum situé au-dessus. En 1612 (date portée sur une pierre de l'arcade), elle est canalisée et un bassin de rétention construit, l'ensemble est couvert d'une voûte maçonnée en plein cintre. Dans un document de 1774, est mentionnée la difficulté d'approvisionnement en eau pour les habitants de Courchons : il est précisé qu'il n'y pas de fontaine dans le village et que "les habitants sont obligés d'aller assez loin pour prendre de l'eau à une très petite source et en hiver sont obligés de faire fondre de la neige pour en boire et pour abreuver leurs bestiaux".
On retrouve cette fontaine et son bassin sur le cadastre napoléonien de 1838 : il s'agit d'une forme rectangulaire bleue non cadastrée. A cette date, le fournil à l'arrière n'existe pas.Arcade du bassin central, détail : date, 1612.
Au 19e siècle, la pénurie d'eau se fait toujours sentir, notamment l'été. Aussi le conseil municipal décide de capter et de canaliser une source plus importante, celle du Teil, distante de 2 kilomètres. D'après le témoignage d'une ancienne habitante du village, retranscrite dans le bulletin municipal : "L'eau était conduite par des canalisations en terre cuite jusqu'à la seconde fontaine, bâtie à côté de la première, celle qui a simplement une toiture". Ce témoignage est confirmé par une délibération du conseil municipal de 1857 : "le conseil municipal après avoir examiné les besoins les plus pressants de la commune, sont tous bien aise de voter pour le creusage de la reconstruction du canal de la fontaine publique du Teil, qui s'est éteint depuis une douzaine d'années [...] et ainsi trouver par ce moyen un soulagement aux misères qui pèsent déjà sur cette malheureuse commune privée en été de toute ressource jusque d'un peu d'eau, car l'été dernier bien que l'autre canal ait été reconstruit, ceci n'empecherait pas que l'été prochain nous nous trouvions encore aux mêmes misères à l'égard de l'eau". Ainsi, vers 1860, un nouveau bassin est construit au sud-est du précédent, et couvert d'une toiture à un pan. En 1887, le conseil vote une subvention pour la "réfection du canal d'arrosage du Tey [sic] servant aussi d'abreuvoir public".
Dans les années 1900, c'est grâce à l'argent de Boniface de Castellane, soucieux de son électorat (il est député des Basses-Alpes depuis 1898), que les habitants de Courchons peuvent à nouveau améliorer leur approvisionnement en eau. Un canal cimenté, recouvert de dalles, remplace alors les "bournaux" (canaux en terre cuite) trop fragiles. Le lavoir en pierre de taille, non couvert, construit perpendiculairement et à au nord-ouest des autres bassins, est réalisé en 1904 (porte la date). Abreuvoir, détail de la date : 1904.
Une boîte aux lettres a été aménagée en 1931 (porte la date) dans l'épaisseur du mur sud-est de l'abreuvoir.
Le four à pain
Un ancien four existait au village haut. En 1744, le procès-verbal de situation de la communauté de Courchons le décrit ainsi : "la communauté ne possède qu'un four à cuire le pain au taux de trois pains par fournée". Il est ensuite mentionné dans les matrices cadastrales du cadastre de 1838 en parcelle 51 (section A1), à l'extrémité sud du vieux village, en-dessous de l'église. Dans une délibération de 1858, le conseil municipal vote le budget pour "réparations et changement du plan" car "le four à pain communal se trouve dans un état tout à fait pitoyable de dégradation, il est plus qu'urgent de faire réparer attendu que les habitants sont obligés d'aller cuire ailleurs".
Cependant, le four, sans doute faute d'entretien, ne cesse de se dégrader. Concomitamment, le haut village se dépeuple, les habitants se déplacent vers le fond du vallon, les hameaux situés plus bas se développent. En 1910 on expose au conseil municipal "le mauvais état du four actuel, le danger que représente la cheminée pour les personnes qui l'approchent, [...] la difficulté qu'ont certains habitants à venir faire leur pain un four éloigné de leur demeures, [...] les frais élevés que nécessiterait la réparation de ce bâtiment communal", on propose donc "de le déplacer ou lieu de le réparer sur place. On le construirait alors au centre de la localité, près de la fontaine publique où chacun l'aurait à une distance à peu près égale". Le conseil vote alors "la construction d'un nouveau four au centre du village" et décide "d'employer tous les matériaux utilisables du four en ruines : tuiles, pierres, etc. [...] le transport des matériaux permettra aux nombreux habitants nécessiteux de la commune de gagner quelque argent".Vue générale depuis le nord-est.
Le 9 janvier 1911 : "le conseil délibère et prie Monsieur le Préfet de vouloir bien l'autoriser à exécuter en régie les travaux de confection d'un four communal". Le sous-préfet donne son accord le 25 février 1911 pour la construction du four et "l'achat d'une partie de la parcelle n°93, section A4, d'une surface de 14 m²".
Le fournil a été restauré en 1998.
L'agrandissement et le regroupement de ces bâtiments est indissociable de l'histoire du village de Courchons : en construisant le fournil à cet emplacement (plutôt qu'en le restaurant dans le vieux village), le conseil municipal place ainsi les équipements indispensables à vie de la communauté de Courchons, au nouveau centre du village, c'est-à-dire non plus dans le village haut, progressivement abandonné mais vers le bas du vallon, à proximité des hameaux qui, au 19e siècle, prospèrent.
Conservateur du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.