Dossier d’œuvre architecture IA04002419 | Réalisé par
Masson-Lautier Maïna (Contributeur)
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique
Église paroissiale puis chapelle Saint-Thomas
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Allos-Colmars
  • Commune Thorame-Basse
  • Lieu-dit Château-Garnier
  • Cadastre 1827 D1 615, 616  ; 2016 D 505, 506
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Thomas
  • Destinations
    chapelle
  • Parties constituantes non étudiées
    cimetière

Hypothèses historiques

Carte de Cassini : St Thomas succursale, 1782.Carte de Cassini : St Thomas succursale, 1782.D'après les visites pastorales, il existe une église Saint-Thomas à Thorame-Basse en 1552 : en 1712, on trouve en effet mention d'un litige entre l'évêque et les habitants des hameaux au sujet de cette chapelle dont il est précisé qu'il dure depuis 1552. Les raisons de ce litige sont explicitées ainsi "leur chapelle de St Thomas construite par les susdits habitants au milieu des deux hameaux pour leur comodité sans information ni permission precedente des Eveques pour cet édifice demeure que sans aucune dotation pour l'entretien et sans sentence juridique des Evêques avec les formalités du droit pour aucun service". En effet, en 1552, bien que la paroisse de Saint-Thomas comprenne alors "huit cent communians", il n'y a "nul prêtre résident" désigné par l'évêque et il n'y a "aucun fonds baptismaux à st Thomas". Pour autant, en 1602 "il appert que par la visite de Mgr Martin il constate que les habitants entretenoient à leurs frais un prêtre résident à Chateaugarnier pour les deux hameaux mais que ce prêtre n'administroit aucun sacrement".

La construction de la chapelle ainsi que la présence d'un prêtre semble donc être le fait des habitants des deux hameaux, sans autorisation expresse de l'évêque. Cette "commodité" pour le culte est également liée à l'emplacement du cimetière. Dans un questionnaire sur l'état des paroisses, envoyé par l'évêché aux desservants autour de 1840, le curé de la paroisse écrit en effet : "on sait que le cimetière qui se trouve auprès de l'église paroissiale et qui était beaucoup plus vaste autrefois est très ancien. La tradition du pays porte qu'on venait y enterrer d'Argens et de Tartonne qui se trouvent à deux lieues. Il paraît que l'église actuelle était autrefois une petite chapelle construite pour motif de convenance au milieu du cimetière qui se trouvait à 10 minutes du village". Le premier édifice est donc sans doute une petite chapelle funéraire, ce qui explique que l'on n'en trouve pas mention dans les pouillés.

Si l'on ajoute à cette information, d'une part, que l'ancienne abside (aujourd'hui sacristie) possède un appareil qui pourrait faire remonter sa construction au 13e siècle et, d'autre part, que les peintures qui ornent le cul-de-four datent (d'origine ou en forte reprise) du 16e siècle, on peut émettre une première hypothèse. Il existe un édifice médiéval à cet emplacement, dont on ne conserve que l'abside, cet édifice est sans doute agrandi au milieu du 16e siècle (peut-être autour de 1552).

Ensuite, toujours dans les visites pastorales Ancien Régime, la chapelle est également mentionnée plusieurs fois. En 1697, "l'églize saint Thomas, succursale dudit Thorame la Basse ou nous avons trouvé ladite églize toute propre". En 1712, lors de la visite pastorale, l'évêque se dit "mal édifié de ce que les habitants de la Batie et de Chateaugarnier n'ont point paru dans notre visite", il les considère alors comme "schismatiques et se séparant de leur premier Pasteur". La chapelle, écrit l'évêque, "nous a paru avoir une coquille [cul-de-four au-dessus de l'autel] gatée par les eaux du toit au dessus de l'autel. La voute du reste aussi penetrée des eaux en 4 ou 5 endroits. Le sol mal pavé et fort inégal."

D'autres informations complètent la description de la chapelle : peut-être un plan en croix latine puisqu'il est question à plusieurs reprises de "la petite chapelle sous le nom de St Antoine et de St Sebastien qui est dans celle de St Thomas" en 1712, ou encore, en 1745, de "la chapelle St Antoine du côté de l'Evangile [qui] est en mauvais état". Bien plus tard, en 1858, "il existe deux chapelles latérales en mauvais état".

On apprend également, toujours dans la visite de 1745, que l'on enterre les morts dans la chapelle pendant l'hiver (le sol étant gelé à l'extérieur) : "la bas de l'église qui est planché parce qu'on y enterre les morts pendant l'hiver est en mauvais état".

Plan de masse et de situation d'après le cadastre napoléonien de 1827 (section D1, parcelles 615, 616).Plan de masse et de situation d'après le cadastre napoléonien de 1827 (section D1, parcelles 615, 616).Au milieu du 18e siècle a visiblement lieu un nouvel agrandissement de l'église, puisqu'en 1768, toujours lors de la visite pastorale il est dit que : "le sanctuaire, le corps de l'église et tout le pavé [sont] en bon état. Le toit de la partie de l'église qui a été augmentée n'a pas été bien fait." Dans le questionnaire de 1840 le curé confirme ces deux agrandissements : "Plus tard elle aurait reçu un agrandissement et on y avait même elevé une tribune qui a disparu à l'époque du dernier agrandissement qui eut lieu au milieu du 17e siècle".

Au moment où est dressé le cadastre napoléonien, en 1827, l'édifice, sans doute médiéval, qui est figuré a déjà été modifié au moins deux fois : vraisemblablement autour de 1550 puis vers 1760, il s'agit alors d'une chapelle de plan en croix latine.

Cette église est une paroissiale, succursale de Thorame-Basse, pour les hameaux de Châteaugarnier et La Bâtie jusqu'en 1859, date de la construction de la nouvelle église Notre-Dame-de-la-Nativité de Châteaugarnier (Référence IA04002350) qui prend alors le statut de paroissiale.

A partir de cette date, l'édifice est plus ou moins laissé à l'abandon, on observe sa dégradation au fil des visites pastorales. Si, en 1858, les murs sont encore "solides", la toiture "laisse à désirer", le pavé est "passable", quant à la "propreté intérieure : [elle] laisse beaucoup à désirer à cause de la grande humidité qui la dégrade". Une nouvelle église paroissiale va être construite au chef-lieu les travaux d'adjudication sont donnés. C'est ce qu'on pouvait faire de mieux pour le bien religieux de la paroisse et pour la santé des habitants. En 1869, les toiture et voûte sont à réparer, l'ensemble est en mauvais état, tout comme les objets contenus dans l'édifice.

L'attachement à la chapelle demeure réel puisqu'en 1905 une nouvelle chapelle est entièrement reconstruite, à l'exception de l'abside et de ses peintures qui sont conservées en l'état. Une plaque de marbre à l'intérieur porte cette inscription : " cette chapelle a été érigée en 1905 sur les ruines de l'antique église paroissiale de St-Thomas par M. Ripert né à la Bâtie et par souscription des habitants, sous la direction de M Boyer, ingénieur et M. Vial, maçon. La bénédiction a été célébrée le 22 avril 1908 par MC Barnaud, curé délégué de Mgr Castellan assisté de M Jaubert curé doyen de Colmars et de plusieurs prêtres".

Au cours de 20e siècle, des travaux de modernisation et de restauration sont effectués. Entre 1960 et 1962, la chapelle est électrifiée. En 1966, le cimetière est agrandi, en doublant quasiment la surface, par déplacement et reconstruction du mur sud. En 1972, les fresques du cul-de-four de l'ancienne abside sont restaurées. La réfection de la toiture est réalisée à deux reprises : en 1977-1978 puis en 1997.

Description

Vue générale depuis le nord.Vue générale depuis le nord.La chapelle Saint-Thomas est une chapelle isolée, accolée à un assez vaste cimetière. Elle se trouve quasi à mi-chemin entre le hameau de Châteaugarnier (au nord) et celui de La Bâtie (au sud), sur la route de Saint-André-les-Alpes à Thorame-Basse.

L'édifice actuel est construit en moellons de grès, visibles en façade occidentale, couverts d'un enduit sur les autres côtés. Trois contreforts rythment les façades nord et sud. Orientée, la chapelle présente un plan simple à nef unique à deux travées prolongé d'un choeur semi-circulaire. A l'arrière, à l'est, accessible par une porte perçant le chevet, se trouve une abside semi-circulaire, servant de sacristie, partiellement couverte d'une voûte en cul-de-four reposant sur une moulure en quart-de-rond faisant saillie. La nef est voûté de "simili-arêtes" (Collier) ne se rejoignant pas et retombant sur des culots. Elle est éclairée par deux baies en plein cintre dans le choeur et par l'oculus se trouvant au-dessus de la porte d'entrée. Le pavement est constitué des traditionnels mallons de terre cuite. L'ensemble est couvert de tuiles creuses sur deux rangs de génoises. Un petit clocher peigne à une seul baie se trouve à l'aplomb de la façade occidentale.

Le cimetière, toujours utilisé par les habitants de Chateaugarnier et La Bâtie, s'étend au sud-est de la chapelle. Il est divisé en deux, la partie la plus ancienne se trouvant contre le chevet.

La chapelle a été reconstruite en 1905 à l'emplacement d'un édifice, probablement médiéval, lui-même partiellement reconstruit ou agrandi sous l'Ancien Régime. L'actuelle sacristie conservant un décor peint est sans doute un vestige de la partie médiévale.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle , (incertitude)
    • Principale : 1er quart 20e siècle
  • Dates
    • 1905, porte la date

La chapelle Saint-Thomas est une chapelle isolée, accolée à un assez vaste cimetière. Elle se trouve quasi à mi-chemin entre le hameau de Châteaugarnier (au nord) et celui de La Bâtie (au sud), sur la route de Saint-André-les-Alpes à Thorame-Basse.

L'édifice, construit en moellons, est de plan simple, à nef unique, voûtée d'arêtes à lunettes. Contre le chevet, se trouve la sacristie, voûtée en cul-de-four et ornée d'un décor peint (Référence IM04003029). L'ensemble est couvert de tuiles creuses.

  • Murs
    • grès moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
    • voûte d'arêtes, à lunettes
    • cul-de-four
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH partiellement, 1991/03/14
  • Précisions sur la protection

    Ancienne abside (sacristie actuelle) (cad. D 506) : classement par arrêté du 14 mars 1991.

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez. 1697-1707. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 17.

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1708-1723. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 18.

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Senez, 1745-1753, 1764 à 1768, 1775, 1779 à 1781, 1785 à 1788. Registre tenu successivement par Louis Jacques François de Vocance (évêque de Senez de 1741 à1756), Antoine-Joseph D'Amat de Volx (évêque de Senez de 1757 à 1771), Étienne François Xavier des Michels de Champorcin (évêque de Senez de 1771 à 1773), Jean-Baptiste Charles Marie de Beauvais (évêque de Senez de 1774 à 1783), Sixte-Louis-Constance Ruffo (Roux) de Bonneval (évêque de Senez de 1783 à 1784), Jean-Joseph-Victor de Castellane-Adhémar (évêque de Senez de 1784 à 1788). Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 G 19

  • Questionnaire sur l'état des paroisses du diocèse de Digne, cantons d'Allos à Colmars, vers 1840. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 76

  • Procès-verbaux de visites pastorales, évêché de Digne, doyennés de Castellane, Colmars, Digne et Entrevaux, 1840 - 1879. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 V 87

  • Agrandissement du cimetière de la chapelle Saint-Thomas, Thorame-Basse. 1958-1966. Archives communales, Thorame-Basse : AC 218 / 008W44.

  • Dossier de restauration de la chapelle Saint-Thomas, Thorame-Basse. 1960-1997. Archives communales, Thorame-Basse : non coté.

Bibliographie

  • COLLIER, Raymond. La Haute-Provence monumentale et artistique. Digne: Imprimerie Louis-Jean, 1986, 559 p. : ill.

    p. 148, 485
  • COLLIER, Raymond. Monuments et art de Haute-Provence. Digne : Société Scientifique et Littéraire des Basses-Alpes, 1966, 225 p.

    p. 74
  • VERLHAC, Josette, VIRE, Marie-Madeleine. Monuments d'hier et d'aujourd'hui. Dans : Annales de Haute-Provence ; le Haut-Verdon, n°306, 2e trimestre 1988, p. 221-271.

    p. 226-228
  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

    p. 494 : "paroisse de Chateau-Garnier, [...] elle se compose du village du Château-Garnier, des hameaux de Saint-Thomas et la Bâtie. [...] L'église paroissiale est sous le titre de saint Thomas, apôtre".
  • LACROIX, Jean-Bernard. Trésors d'art. Dans : Annales de Haute-Provence ; Le Haut-Verdon, n° 306, 2e trimestre 1988.

    p. 275.
  • GEAN, Jacky, GIORDANENGO, Jean. A l'ombre du clocher. Histoire d'un pays entre Var et Verdon. Breil-sur-Roya : Les Editions du Cabri, 1997. 207 p. : ill.

    p. 96
  • NOEL, Bernard. Dictionnaire des églises de France. tome II, Centre et Sud-Est, Paris : Robert Laffont, 1966.

    p. 155.

Documents figurés

  • Carte de France dite carte de Cassini. / Dessin à l'encre par César-François Cassini de Thury, seconde moitié du 18e siècle. Bibliothèque nationale de France, Paris.

    Carte de Cassini, feuille n°153, 1782 : Thorame-Basse.
  • Cartes des frontières Est de la France, de Colmars à Marseille. / Dessin à l'encre sur papier, par Jean Bourcet de La Saigne et Jean-Claude Eléonore Le Michaud d'Arçon, 1764-1778. Echelle 1/14000e. Cartothèque de l’Institut Géographique National, Saint-Mandé : CH 194 à 197.

    Feuille 194-16bis.
  • Plan cadastral de la commune de Thorame-Basse / Dessin à l'encre sur papier par Beaudun, Corriol et Ricard, 1827. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 105 Fi 218 / 001 à 022.

    Section D1, parcelles 615 et 616 (105 Fi 218/015).
Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2016
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Masson-Lautier Maïna
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Articulation des dossiers