Dossier d’œuvre architecture IA04001856 | Réalisé par
  • inventaire topographique
  • enquête thématique régionale, architecture militaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur
maison, puis ouvrage d'entrée dit Tour du Pont Neuf, puis Porte de France, puis Porte Nationale puis Porte de France puis Porte Royale
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Entrevaux
  • Commune Entrevaux
  • Lieu-dit le Bourg
  • Cadastre 1816 G 109, 343 ; 2006 G 139, 181
  • Dénominations
    maison, ouvrage d'entrée
  • Appellations
    Tour du Pont Neuf, Porte de France, Porte Nationale, Porte Royale
  • Destinations
    ouvrage d'entrée
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    forge

Porte principale sud de la ville dite Tour du Pont Neuf (1690 et avant), Porte de France (1693-1814), Porte Royale (1814- )

L'ouvrage d'entrée proprement dit (n°4) paraît résulter de l'adaptation, en 1655-1658, d'une maison existante dont une travée de rez-de-chaussée a été aménagée en passage d'entrée voûté en berceau, avec arcades d'entrée et de sortie en plein-cintre percées en façade, passage dont l'axe est dévié à gauche par rapport à celui du pont pour prolonger la rue qui monte sur la place Saint Martin. A l'étage au dessus du passage était aménagé un corps de garde de nuit au moins dès 1690. Le pont-levis à flèches, avec tablier aussi large que la chaussée du pont s'encastrant dans une feuillure en façade, y a été aménagé à une date inconnue, soit 1658, soit 1690. La bretèche sur trois corbeaux à trois ressauts en quart de rond calée entre les rainures des flèches du pont-levis n'est probablement pas antérieure à 1690, et pourrait être contemporaine de la redoute de tête de pont (n°2), compte tenu de la ressemblance avec les mâchicoulis de cette redoute, aussi couverts d'arceaux. Son état actuel est une reconstitution de 1985, la bretèche d'origine ayant été supprimée vers 1920 pour aménager une fenêtre. Portes 1, 6. Bastille 2, pont 3 et portes 4, 5, 6 vus de l'ouest.Portes 1, 6. Bastille 2, pont 3 et portes 4, 5, 6 vus de l'ouest.

Qualifié de "tour" jusqu'en 1690, ce corps d'entrée était plus élevé à l'origine que dans l'état actuel de la valeur d'un étage, atteignant niveau du toit des tours circulaires (n°5) qui l'encadrent. En effet, la forme irrégulière de la partie supérieure de ces tours au-dessus du toit actuel du corps central prouve qu'elles ont été adossées sur toute leur hauteur aux murs de ce corps central au moment de leur construction. Construites en 1690 dans le contexte du début de la remise en état de défense de la place-forte, ces deux tours s'inspirent de modèles du XVIe siècle auxquels fait référence le cordon soulignant le premier étage. Prises en charge par la communauté des habitants, elles ne doivent sans doute rien aux desseins de l'ingénieur Niquet. Les cylindres de maçonnerie de tout-venant enduite de ces tours s'ancrent bas sur les excroissances du rocher de part et d'autre de la culée du pont, en sorte qu'il a été possible d'y aménager un étage de soubassement voûté en coupole grossière. Le rez-de-chaussée de ces tours abrite un petit local circulaire desservi par une petite porte ouverte directement sur le passage d'entrée. Ces locaux étaient affectés (en 1751) au corps de garde de jour, l'un (ouest) pour les soldats, simple annexe du corps de garde principal dès l'appropriation à cet usage de la travée de maison attenante vers 1705 (porte d'accès direct percée alors entre le rez-de-chaussée de la maison et la tour). L'autre tour (est) était le corps de garde pour les officiers, mais à aussi eu un usage de cachot. Ces locaux de rez-de-chaussée n'avaient donc pas vocation de participer à la défense et n'étaient percés que d'une petite fenêtre de jour au sud. Par contre, le local d'étage des deux tours est percé en capitale d'une embrasure d'action frontale utilisable pour une petite pièce d'artillerie, la fonction défensive de l'étage étant complété par la bretèche au dessus du pont-levis, percée d'un créneau de fusillade. L'enduit couvrant de la façade d'entrée comportait un décor peint (date inconnue) de fausses pierres d'encadrement pour les flèches du pont-levis et les embrasures d'étage, simulant de part et d'autre de ces embrasures des créneaux de fusillade en trompe l'œil. La restauration de 1985 a restitué l'enduit et ce décor, étendu au rez-de-chaussée sur foi de traces résiduelles.

Le corps de garde installé dans la travée de maison (n°6) attenant à l'ouest au passage d'entrée comporte une cheminée (remaniée, actuel local de l'office du tourisme). Il a été percé d'une porte de communication vers le chemin de ronde de la "nouvelle enceinte" (n°6 à 7) vers 1836. L'étage de cette travée, réuni à celui du corps central de la porte forme un appartement qui avait été aménagé pour le portier concierge de la place-forte au XIXe siècle, au détriment de l'usage défensif de la bretèche et des tours. La tour ouest a alors été privée de son plancher pour accueillir la cage d'un escalier tournant distribuant l'appartement, d'où modification de la fenêtre du rez-de-chaussée de cette tour, repercée plus haut que l'ancienne.

Les toits des tours revêtus de tuiles-canal sont en appentis versant au sud qui correspond peut-être à la forme de l'ancien toit du corps central. Il est possible que ce mode de couvrement corresponde à un état second, les tours ayant pu être couvertes à l'origine de toits semi-coniques à faible pente. Porte 3 - 5. Pont sur le Var, porte 4-5, redan du chemin de ronde 25.Porte 3 - 5. Pont sur le Var, porte 4-5, redan du chemin de ronde 25.

L'ouvrage d'entrée paraît tirer parti d'une maison préexistante. Entre 1655 et 1658, une de ses travées en rez-de-chaussée a en effet été utilisée pour percer une voûte en berceau ménageant un passage entre le pont et la montée vers l'ancienne place Saint-Martin. Dès 1690 au moins, c'est-à-dire dès la construction des deux tours qui flanquent le corps central, l'étage au-dessus du passage reçut un corps de garde qui perdit sa fonction défensive au cours du 19e siècle pour servir d'appartement au portier concierge de la place forte. Le corps de garde, devenu local de l'Office du tourisme communal, a également accueilli la forge de Marius Grac, maréchal-ferrant du village, jusque dans les années 1960 (témoigange oral). L'état actuel de l'ouvrage d'entrée résulte d'une restauration réalisée en 1986 sous l'autorité de Francesco Flavigny, Architecte en chef des Monuments Historiques, sur la foi de traces résiduelles et d'un document ancien (carte postale). La porte a pris plusieurs appellations au fil de l'histoire : Tour du Pont Neuf à partir de 1690, puis Porte de France entre 1693 et 1814, avec un bref intermède révolutionnaire où elle prit le vocable de Porte Nationale (1792), et Porte Royale depuis 1814.

  • Période(s)
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 2e moitié 17e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle

L'ouvrage se présente sous la forme de deux tours arrondies qui prennent modèle sur les exemples du 16e siècle, ce dont témoigne le cordon soulignant le premier étage, encadrant un corps d'entrée central. Ce dernier contient un pont-levis à flèches et une bretèche sur trois corbeaux à trois ressauts en quart de rond qui rappelle la mise en œuvre de la redoute de tête de pont. A l'origine ce corps d'entrée était plus haut d'un étage, arrivant au niveau du toits des tours circulaires. L'étage au-dessus du passage tenait lieu de corps de garde de nuit. Construites en régie par des maçons locaux, accusant un retard de plus d'un siècle sur les techniques de défense militaire, les tours furent critiquées par Vauban qui ne parvint cependant pas à les faire remplacer par la "façade toute droite de pierre de taille d'ordre toscan" qu'il préconisait dans son mémoire de 1700, comme le rappelle Roger Greaves. Elles prennent appui suffisamment bas sur les excroissances du rocher de part et d'autre de la culée du pont pour aménager un étage de soubassement voûté en coupole grossière. De part et d'autre du passage voûté en berceau chaque tour dispose en rez-de-chaussée surélevé d'une pièce circulaire directement accessible sans vocation défensive servant de corps de garde de jour, pour les soldats à l'ouest, pour les officiers à l'est mais aussi ponctuellement de cachot dans ce dernier cas. L'étage carré des deux tours en revanche jouait pleinement son rôle défensif avec en position centrale une embrasure d'action frontale utilisable pour une petite pièce d'artillerie, renforcée au même niveau du corps central par une bretèche percée d'un créneau de fusillade. Par ailleurs ceux qui flanquent l'embrasure de chaque tour sont feints : ils font partie du décor de fausses pierres d'encadrement peints dans l'enduit. La tour ouest, inscrite dans une ancienne maison, est prolongée par un corps de garde accueillant aujourd'hui l'office du tourisme de la commune. C'est là que se tenait la forge, encore en place : la cheminée avec sa hotte métallique et son soufflet de forge. La pièce communique par une porte avec le rempart depuis 1836 environ. L'ancien appartement du concierge de la place forte au premier étage carré, aménagé au 19e siècle, nécessita la mise en place d'un escalier tournant dans cette même tour ouest. Le plancher séparant les deux niveaux fut donc détruit, et une fenêtre en rez-de-chaussée surélevé repercée plus haut que l'ancienne pour éclairer la cage d'escalier distribuant l'appartement. Les toits des deux tours - deux pans uniques versant au sud et recouverts en tuile creuse - traduisent peut-être la modification d'un mode de couvrement original semi-conique à faible pente.

  • Murs
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1921/03/19

Documents figurés

  • Entrevaux. Le Pont-levis. Vieille porte d'entrée. Ligne du sud de la France. / Carte postale noir et blanc, édition Giletta, Nice, avant 1904, n° 1142. Collection particulière.

Date d'enquête 2003 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général