Bien qu’elle ne soit pas mentionnée dans les pouillés, la chapelle Saint-Christophe pourrait dater du 12e siècle. Dans son historique sur la Villa Rovagonis, Jacques Cru date son érection au 11e ou au début du 12e siècle. Cette hypothèse d'un édifice primitif médiéval semble être confirmée par la présence d'un petit appareil à assise régulière observable au chevet de la chapelle, vestige sans doute de ce premier édifice. Un autel médiéval a de plus été récemment mis à jour sous l'autel maçonné 19e siècle.
Ce premier édifice est sans doute laissé à l'abandon à la fin du Moyen Age. Dans la visite pastorale de 1582 en effet, il est écrit que "l’église qu’est dans led. simetière, [...], est toute descouverte et, si promptement ons ne y mect remède, viendra a ruine à faulte dud. couvert, n’y ayant aulcunes portes seures, demeurant ouverte nuict et jour" ; le cimetière n'est pas en meilleur état puisqu'il n'est pas clos et que "le bestailh y entre libérallement". Dans la visite pastorale de 1616, la chapelle n'est pas mentionnée mais les consuls de la communauté sont mis en demeure "à peine d'excommunication" de faire clore le cimetière.
Après une progressive dégradation de la chapelle, la communauté décide une reconstruction que Raymond Collier propose de dater à la fin du 17e siècle ou au début du 18e siècle. Cependant plusieurs éléments concourent à proposer une datation un peu moins tardive : peut-être la 2e moitié du 17e siècle. Il s'agit tout d'abord du voûtement : en voûte d'arête brisée sur arc doubleau, choeur en berceau brisé, ou encore du type de pavement (mallons de terre cuite partiellement vernissés selon un motif en croix) mais aussi de l'encadrement de la porte sud (en pierre de taille en plein cintre à clé décentrée), aujourd'hui murée, ou des petites baies au sud également en plein cintre ; on peut également s'interroger sur la datation des grilles, en ferronnerie, des oculi de part et d'autre de la porte ouest (porte plus tardive sans doute, probablement du 18e siècle).
Au 18e siècle, la chapelle apparaît sur la carte militaire dressée entre 1764 et 1769. Ce qui est certain c'est que la chapelle est débout avant 1772 : en effet, la pierre d'autel retrouvée dans la table d'autel porte le sceau de consécration de l'évêque de Riez (dont dépend la paroisse de Rougon jusqu’en 1801), François de Clugny, nommé en 1772. En 1788, Achard mentionne la chapelle Saint-Christophe en précisant que saint Romain en est le second titulaire. En 1796, lors de l'estimation des biens nationaux, la chapelle est décrite comme en très bon état, le cimetière se trouve, comme aujourd'hui, à l'est et au sud.
En revanche, en 1849, le curé desservant écrit "la chapelle bâtie dans un joli style est toute dégradée". En 1804, le conseil municipal ayant déjà noté cet état, avait décidé de réparer le toit pour "prévenir la ruine [de la chapelle]". En 1925, des travaux sont effectués sur le mur du cimetière : reprise de la maçonnerie, crépi, placement d'une porte en fer à double battant. En 2005 le conseil municipal décide la réfection de la chapelle.
En 2007, une première campagne de restauration concerne la toiture, en 2009, la seconde phase a consisté en la restauration de l'intérieur ainsi que des enduits extérieurs (porche couvert). Les travaux ont été assez intrusifs : les murs ont été enduits (enduit à la chaux coloré) et les peintures monumentales qui les ornaient, datées par Raymond Collier de la 2e moitié du 18e siècle, ont été masquées. La baie qui éclairait le chœur, jusque-là murée, a été dégagée. Les décors de gypseries ont été restaurés par Pierre Caron, plâtrier à Meyrargues (13), un médaillon de gypserie a été créé et placé sur l'arc triomphal.
il est à noter que dans le village (Référence : IA04001909) se trouve une ancienne chapelle, la chapelle Notre-Dame-du-Rochasson, actuellement entrepôt agricole, qui présente une façade tout à fait similaire à celle de la chapelle Saint-Christophe : porte d'entrée avec de part et d'autre deux occuli, surmontée d'une niche.
Conservateur du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.