La vallée de la Chalvagne, à la jonction des trois anciennes communes. Vue prise depuis l'Hubac d'Amirat.La commune de Val-de-Chalvagne existe depuis le 1er janvier 1974, à la suite de la fusion des trois anciennes communes de Montblanc, Castellet-Saint-Cassien et Villevieille.
Les origines
Le site du plateau de l'Eiguier est propice à une occupation humaine dès la Préhistoire. Effectivement, la falaise qui borde le côté sud de ce plateau, et qui domine la rive gauche de La Ribière, est ouverte par de nombreuses baumes et abris sous roches qui conservent des vestiges d'installations humaines. En outre, le poudingue qui constitue ce plateau renferme de nombreux nodules de silex et les sources et ruissellements sont abondants dans ce secteur, d'où le toponyme de L'Eiguier. Ce lieu-dit est nommé L'Abragon sur le cadastre de 1817 et à cette époque, on y trouvait encore des terres et des prés à l'arrosage, aménagés sur le fort versant en contrebas des falaises, ainsi que lieu-dit Le Colombier. D'après les archéologues de l'IPAAM, une partie du site du Monestier (entre Villevieille et Fontantige) correspond sans doute à un site d'oppidum avec une enceinte sommitale.
Au quartier du Fenacil (Clot des Ferriers sur la carte IGN), au sud de Montblanc, un structure circulaire creuse, en pierre sèche, a été repérée au bord du sentier. Il pourrait s'agir d'un fond de cabane.
Entre les fermes de Fontantige et le hameau du même nom, on remarque une petite colline aménagée avec de nombreux murs en pierre sèche, qui porte le nom de Chastia à l'état des section du cadastre de 1817 (parcelles 1817 C 538 et 547). Il pourrait s'agir d'un petit site fortifié de l'Antiquité tardive. Un fond de cabane de cette époque a été fouillé à proximité immédiate de ce site, par l'ethnologue Garidel (laboratoire d'ethnologie de Nice) dans les années 1980. Des tessons d'écuelle et de pichet, ainsi qu'une petite meule et une pièce de monnaie datant de Claude le Gothique (3e siècle ap J.C.) ont été découverts.
Les vestiges d'une construction rectangulaire, en moellons équarris et assisés, datant peut-être de l'Antiquité tardive, ont été localisés au sud de la chapelle Saint-Nicolas (Villevieille), à mi-hauteur du versant à une quarantaine de mètres en contrebas de la borne côtée à 1118 mètres. Des restes de fibules, de pointes de flèches et des graines carbonisées y ont été retrouvés (déposés au musée de Grasse).
Une ancienne voie importante rejoignait Briançonnet (possiblement premier siège de l'évêché et ville de garnison) à Entrevaux et à l'évêché de Glandèves, par le Col du Buis et le Col de Félines. J.-A. Durbec précise avoir localisé un miliaire anépigraphe au sommet du Col du Buis. En outre, une ancienne piste rejoignait La Penne au Col de Félines par le col d'Avenos et Besseuges.
L'établissement des seigneuries au Moyen Age
En 814, il est fait mention de la Villa Vergonis (Vergons) comme possession de l'abbaye Saint-Victor de Marseille. Cette villa possédait des colonies à Ruanicis (Rouaine), à Baione (Bay) et à Tanagobia (Val de Chanan). D'après J.-A. Durbec, la colonie de Baione pourrait correspondre au site du Monestier de Villevieille. Cette hypothèse semble renforcée par la présence du toponyme L'Aire de Blay (ou de Bay), au village de Villevieille. Cependant, il est également possible qu'une partie de cette colonie ait été située à proximité du plateau de l'Eiguier, où se trouve également l'ancien castrum de Saint-Pierre, non loin de l'actuel hameau de Bay.
L'Ubac d'Amirat (dont sera détaché le Castellet-Saint-Cassien au 11e siècle) pourrait avoir été un manse de cette colonie de Baione. Cette hypothèse s'appuie sur la similitude du saint tutélaire, Saint-Cassien, lequel a été le fondateur de l'abbaye de Saint-Victor vers 420.
Fragment de tegulae trouvé en contre-haut de la ferme de la Fortune.De nombreux sites à tegulae ont été repérés sur la commune. Ainsi, des fragments de tegulae ont été notés à la ferme des Calots (Montblanc), y compris une tegulae entière utilisée en remploi comme pierre d'évier. A La Fortune (en contrehaut de l'ancienne école de Montblanc), de très nombreux fragments de tegulae, ainsi que des os et des fragments de crânes humains, ont été mis à jour dans un chablis dans les années 1980 ; il s'agit très probablement d'un ancien cimetière de l'antiquité tardive.
Au hameau des Bions (Castellet-Saint-Cassien), quelques fragments de tegulae ont été noté en remploi dans la maçonnerie. A Fontantige (Villevieille), on note également des fragments en remploi dans la maçonnerie ainsi que de nombreux fragments au bord de la RD 610, entre les deux lacets de la routes. D'autres fragments ont été retrouvés à Toundoulet (Villevieille) ou au-dessus de l'oratoire du moulin de La Serre. Toutes ces tegulae portent une marque de fabrique inscrite dans un cercle digité. Il est probable qu'un certain nombre de ces sites correspondent à des implantations de la colonie de Baione.
Le nom de Calvania (Chalvagne) est mentionné dans un texte vers l'an 1000.
Le Cartulaire de l'abbaye Saint-Victor de Marseille mentionne qu'en 1043, Audibert [de Lacoste, de la famille de Castellane], sa femme Ermengarde, son fils Garac et ses filles Foi et Amance donnent à Saint-Victor l'église Saint-Cassien située dans le diocèse de Glandèves, sous le castrum d'Amirat, avec son domaine ainsi délimité : d'un côté le torrent qui descend de la montagne d'Avène et rejoint la Chalvagne ; d'un autre côté, le chemin public qui descend de la même montagne jusqu'à la Chalvagne, incluant le moulin avec ses dépendances ; à l'est, le ruisseau qui descend du castrum situé au dessus de l'église Saint-Cassien jusqu'au torrent déjà nommé. Outre ce domaine, ils donnent deux manses.
Ecart du Castellet-Saint-Cassien. Vue de situation prise de l'est.Ce même document précise que le cellam Sancti Cassiani est confirmé comme possession de l'abbaye par le pape Grégoire VII en 1079, par le pape Pascal II en 1135 et par le pape Innocent II en 1113. Les évêques de Glandèves possédèrent certainement des biens à Castellet-Saint-Cassien, mais la disparition des archives de cet évêché empêche toutes précisions à ce sujet.
L'habitat autour de Saint-Cassien se développa au cours des 12e et 13e siècle. La mention de Villevieille et de Montblanc n'apparaît qu'au milieu du 13e siècle, mais leur fondation est antérieure.
En 1232, Pierre de Glandevès (dit Balb), partagea ses possessions entre ses deux fils. Anselme reçut Villevieille, Saint-Cassien (castrum de Sancto-Cassiano) et Avenos. Jean obtint Collongues, La Rochette, Puy-Figette, La Penne, etc.
Au milieu du 13e siècle, le Comte de Provence possède des droits de queste majeure ainsi que le merum imperium à Castellet-Saint-Cassien. A cette époque, le village est nommé Castelletum de Sancto Cassiano. Au 13e siècle, il est mentionné que les Templiers possèdent des droits d'albergue à Villevieille. Vers 1250, Montblanc et Amirat sont affranchis de l'albergue. Peu avant le milieu du 13e siècle, le castrum de Montblanc avait brûlé, peut-être suite à un incendie accidentel ou suite à un acte de guerre consécutif au refus de reconnaître le Comte de Provence comme suzerain.
Pour ce qui est des seigneurs des localités de la commune au cours des siècles, on notera qu'en 1343, Isnard Féraud est seigneur du castrum de Castellet-Saint-Cassien. A la fin du 14e siècle, Degane Rostang de Peiresc (1387-1424) est signalée comme dame du Castellet. Raimond de Mauvans vend ses terres du Castellet le 12 novembre 1413. En 1413 également, c'est Bertrand de Grasse qui est signalé comme seigneur d'Amirat, de Montblanc et de Saint-Cassien. En 1421, Erigius de Montblanc rend hommage pour ses terres au Castellet. De 1384 environ à 1789, la famille de Glandevès fut seigneur de Castellet-Saint-Cassien. L'abbé Féraud précise que la famille des Villages fut le premier seigneur de Villevieille.
Les troubles du 14e siècle au 16e siècle
Le 14e siècle fut marqué par plusieurs crises qui entraînèrent un très important déclin de la population dans toute la région de la vallée du Var. Effectivement, suite aux intempéries de 1337, les terres et les cultures du bailliage de Puget-Théniers furent ruinées. En 1343, à Montblanc, ce souvenir est encore très présent puisqu'il est alors écrit : « A sex annis citra in territorio dicti castri invaluerunt tempestates et habuerunt sterilitas plurimas fructuum ». Aux autres catastrophes naturelles qui surviennent à cette époque, s'ajoute l'épidémie de la Peste Noire qui atteint la région vers 1350. De plus, en 1388, l'acte de Dédition du Comté de Nice de la Provence au profit du Comte de Savoie fut suivie d'importants troubles militaires et de pillages perpétrés par les bandes de routiers. De nombreuses localités furent dès lors abandonnées et désertées pour longtemps.
Lors de la grande enquête comtale menée en 1471, il est précisé que Castellet-Saint-Cassien et Villevieille étaient toujours inhabités ; à Montblanc, on ne comptait plus alors que cinq familles.
Le repeuplement de Villevieille eu lieu au 16e siècle, celui de Castellet eu lieu plus tard, au 17e siècle. Cette nouvelle population était constituée d'hommes « libres », uniquement soumis à l'obligation de travailler les terres seigneuriales en plus des leurs. C'est sans doute dans ce contexte de repeuplement pionner que les fermes de Montblanc furent installées selon leur disposition actuelle.
Avant la Révolution
Cependant, la position frontalière des villages de la région fit persister des troubles militaires ponctuels. Ainsi, en 1704, une bataille opposa les miliciens d'Ubraye et d'Annot aux troupes sardes du duc de Savoie. Ces dernières arrivèrent de Saint-Pierre par la vallée de Montblanc et, victorieuses, pillèrent Rouainette, Rouaine et Annot et rançonnèrent les habitants d'Ubraye. Les fermes de Montblanc et de Castellet-Saint-Cassien subirent certainement des exactions à cette occasion.
Malgré tout, la population continua d'augmenter et de nouvelles terres furent peu à peu colonisées et déboisées. Cette expansion a laissé des toponymes que l'on retrouve dans le cadastre ancien : Grand Eyssard au Castellet, L'Issart à Montblanc, Le Grand Eissart au quartier de la Plaine de Villevieille. Mais ces défrichements ont entraîné de graves problèmes d'érosion et d'éboulement.
Au premier quart du 18e siècle, le seigneur du Castellet possédait, outre le château et la ferme du Petit Château, quatre bastides : La Bastide du Seigneur, La Colle d'Avenos, Le Coulet (bergerie) et La Bastide de Gourdan (Bastide Neuve).
Suite aux mauvaises récoltes agricoles des années 1780, le cahier de doléance de Castellet-Saint-Cassien (rédigé le 31 mars 1789) précise que le « terroir est situé dans les montagnes et sur les collines : il est extrêmement en pente et on ne peut le retenir par des murailles, attendu le défaut de pierres : il est conséquemment exposé à de fréquents éboulements et à des dégradations des eaux pluviales. Ce terrain ne produit que du blé, il n'y a ni vigne, ni olivier attendu que le pays est extrêmement froid, il ne produit pas la moitié du blé nécessaire pour la subsistance des habitants qui sont tous travailleurs, ils ne vivent que du travail de leur main et en faisant valoir les fonds du seigneur. » Après la liste des taxes imposées, il est précisé que les habitants « sont dans le cas d'un entier déguerpissement si le gouvernement ne vient pas à leur secours ». 1
Lors de la confiscation des biens des émigrés en 1792, il est fait mention des anciens seigneurs : « l'émigré Glandevès » au Castellet-Saint-Cassien et « l'émigré Sabran » à Montblanc et à Villevieille. En 1840, puis en 1842, les habitants de Montblanc réclament qu'un ensemble de terres vagues ayant appartenu à M. de Sabran soient partagées entre les habitants.
Vers la fusion des trois anciennes communes
Jusqu'en 1854, la commune de Montblanc faisait partie du canton d'Annot. Sur la demande du conseil municipal, elle a ensuite été rattachée à celui d'Entrevaux.
En 1845, un premier projet de fusion (émanant du Préfet des Basses-Alpes) entre les communes de Villevieille et Castellet-Saint-Cassien est rejeté par les deux conseils municipaux qui avancent que les ressources ne sont pas suffisantes, notamment pour l'entretient des chemins vicinaux. En 1942, le projet de fusion entre les communes de Montblanc, Villevieille et Castellet-Saint-Cassien est à nouveau rejeté, du fait « qu'il faudrait être tout le temps par chemin à perdre des heures pour les déclarations et feuilles d'alimentation ». Le 1er janvier 1974, la fusion des trois communes est réalisée et la nouvelle commune prend le nom de Val-de-Chalvagne.
Analyse de la cartographie
Carte de Provence des Ingénieurs Géographes militaires2
La Carte de Provence des Ingénieurs Géographes militaires, au 1/14 000e environ, date de 1764-1765 pour les planches concernant la commune (une partie du territoire du Castellet est également repris sur une planche datant de 1778-1779).
Carte des frontières est de la France : Castellet-Saint-Cassien.Pour l'ancienne commune du Castellet-Saint-Cassien, on note la mention du Castelet de St-Caßian, avec le dessin du château et de ses deux tours, de l'ancienne église (actuel cimetière) et du Petit Château. Le grand réservoir est également dessiné, ainsi que le pigeonnier de plan circulaire. Le jardin est figuré, accompagné d'un autre réservoir alimenté par une source. On note également la mention de la Bastide de M. de Glandevès (La Colle du Trébuchet), des Audiberts des Bions, du Logis du Castelet (La Serre). Le Moulin à farine de La Serre est également figuré. De très nombreuse sources sont localisées : Fouan de S-Jacques (entre les Audiberts et la Bâtie Neuve), Fouan de Gourin (en contrebas de la Bâtie Neuve, au nord), La Fontale (au bord de la RD 10, entre La Serre et le Castellet, aujourd'hui détruite), une source en contre-haut de La Serre (aujourd'hui aménagée en fontaine), etc. L'oratoire Saint-Laurent (La Serre) est également localisé et nommé.
Pour l'ancienne commune de Montblanc, le village est dessiné avec ses quelques maisons et le château. Les fermes sont figurées mais pas nommées, hormis La Peyroue. On note le Moulin à farine, alimenté par la Font de Tuve. Des sources sont localisées : La Fouan du Tuvé, une source entre le village et le moulin, d'autres au départ de la Chalvagne.
Pour l'ancienne commune de Villevieille, le plan du village est similaire à l'actuel, de même que pour hameau du Champ avec ses trois quartiers. On note la mention de la Bastide de La Chaume, de Jatière, de Fouantantige (le hameau et les fermes), du Villar et de la Chapelle Saint-Nicolas. Le Toundoulet est dessiné comme ruine. Le château de Villevieille est dessiné avec sa demi-tour qui flanque le bâtiment principal et avec sa dépendance et ses deux tours. Le Moulin du Champ est figuré. Des sources sont localisées : à Villevieille, à Fontantige, au Villar, à Jatières, etc. Le toponyme de Colle St-Pierre est également localisé à l'extrémité du plateau de l'Eiguier.
La Carte de Cassini
Elle date des années 1780 pour cette région.
Pour l'ancienne commune de Castellet-Saint-Cassien, elle mentionne Le Castellet de Glandève, ainsi que les fermes des Bions, des Audiberts, de La Bastide du Seigneur (La Bastide, au départ de la RD 10 vers le Col du Trébuchet), d'Avenos Bas (La Colle du Trébuchet) et du Cabaret (La Serre). Le moulin à farine n'apparaît pas sur ce document.
Pour l'ancienne commune de Montblanc, on note que la présence du château de Montblanc, de quelques fermes (Costerane, La Peyroné, Le Pigeonnier, L'Intendante, Les Cognas). Le moulin du village est figuré, ainsi qu'un second moulin, plus en aval.
Pour l'ancienne commune de Villevieille, le village et le château sont figuré, ainsi que le hameau du Champ. On note la mention des fermes de Fontentige, du Villar, des Jacquières, de La Chaume et des Cabanons. Le moulin du Champ est localisé, ainsi que la chapelle Saint-Nicolas.
Le cadastre ancien
Les anciens cadastres datent de 1817 (Castellet-Saint-Cassien et Villevieille) et de 1830 (Montblanc).
Le dépouillement systématique des états de section de ces cadastre permet de relever les nombreux toponymes qui désignent les différentes éléments du territoire. Outre les noms des fermes et des écarts, on trouve aussi la mention des moulins, des aires à battre, des chapelles, etc.
Mais, parmi ces noms de lieux, certains sont très précis et portent le souvenir d'une réalité historique ancienne. On notera dans cette catégorie le quartier de Saint-Pierre (Villevieille, parcelles 1817 B 248-249 située à l'extrémité du plateau de L'Eiguier), site d'un probable castrum de l'Antiquité tardive. Il est d'ailleurs notable que ce toponyme, qui ne s'applique qu'à deux parcelles, ait donné son nom à la planche entière du cadastre concerné. Dans le même secteur, sous les falaises de L'Abragon, il est fait mention du Colombier (1818 B 323 à 325). Au-dessus du village de Villevieille, le nom de Mounestier est donné à deux parcelles situées à proximité de la chapelle Saint-Nicolas. Mais les ruines médiévales communément désignées ainsi portent le nom des Preys. A proximité du manoir de Villevieille, il est fait mention d'une parcelle dénommée Sainte-Anne (1818 E 50). Au quartier de Fontantige, deux parcelles portent le nom de Chastia (1818 C 538 et 547). Au hameau du Champ, le souvenir d'une ancienne église, située sur le replat au-dessus du quartier d'en haut, se retrouve à travers le lieu-dit La Para (= terre sacrée, 1818 C 294-295, 470-471, 478-479).
La toponymie
Un grand nombre de ces toponymes concernent la végétation, naturelle ou cultivée : buissières, champs, prés et prades, etc. sont fréquents, mais d'autres sont plus spécifiques.
Dans les nom de lieux-dits relatifs aux cultures, on note la présence de La Grosse et de La Petite Froumentière (Les Bions), La Vigne (en rive gauche de La Ribière, sous la ferme de La Martine), La Vigne et Les Vignes (sur la crête en contrebas du hameau du Champ), La Vignasse (sous Fontantige), La Vigne (à Montblanc, en rive gauche de La Chalvagne), La Magnane (mûriers, en rive gauche de La Ribière, au niveau de l'ancien pont) Le Verger (Castellet), Le Jardin (Castellet), Les Jardins (Les Bions), Le Grand Jardin (Castellet), Cheneviers (chanvre, un grand quartier de jardins au hameau du Champ).
D'autres toponymes font références à des arbres remarquables ou à des arbres sauvages utiles, on note le quartier de La Sorbière (Castellet), Le Noyer au Bas (aux Bions), Noyer Eteint (Jatières), Tête du Noyer (Les Cabanons), Les Noyers (Le Villar), Noyeron et Noyer des Buis (Champ de Laval), Noyer Nayron (vallée de Montblanc) L'Ormeau (Les Cabanons), Poirier Aigre (hameau du Champ), Perier Aigre (sous Villevieille), Poirier de la Nière (La Terrasse), La Rourée (bois de chênes, au-dessus de La Fortune, Montblanc), etc.
Parfois, on peut trouver la trace d'une activité agricole de manière indirecte. Ainsi, le Pré du Raï à Montblanc (situé à la confluence du ravin de la Pinée et de La Chalvagne) laisse supposer que c'est là que se faisait le rouissage du chanvre. Il en va de même pour certaines zones qui servaient de passage pour les troupeaux : La Carraïre, localisée de part et d'autre du hameau du Champ, en rive gauche de La Ribière (1818 B 85) et en rive gauche de La Chalvagne (1818 C 164).
Quelquefois, c'est une particularité géologique utile qui est mise en avant : Le Tuve (tuf) ou L'Argilier (au pont du village de Montblanc).
La plupart des sources et points d'eau sont également rappelés dans la toponymie communale. Parmi les nombres fonts mentionnées, on notera celles-ci : Fontette à Castellet ; Font d'Enguien, Fontfreye, Le Fontanil à Montblanc ; Fontanouge, La Fontaine, Font du Tric à Villevieille. En outre, il faut mentionner ici l'existence d'un quartier de L'Abreuvage au bord du ravin de Gueidon, ainsi que celle du plateau de L'Eiguier.
A titre anecdotique, on signalera les lieux-dits imagés du Purgatoire (Jatières), ainsi que celui de la Balme des Porcs (falaises de L'Abragon).
Population : historique et évolution
D'après E. Baratier, voici l'évolution de la population depuis le 13e siècle.
En 1263, neuf feux d'albergue sont recensés au Castellet (soit une population d'environ 48 personnes), il n'y a pas de décompte pour Montblanc et dix-sept feux sont comptés à Villevieille (soit environ 2 habitants). En 1315, on dénombre 13 feux de queste au Castellet (soit une population estimée à 70 habitants), 46 feux à Montblanc (environ 248 habitants) et 31 feux à Villevieille (environ 167 habitants).
Après les intempéries de 1337, on ne dénombre plus, en 1344, que 5 feux de queste au Castellet (soit une population d'environ 27 habitants, 26 feux à Montblanc (environ 140 habitants), aucune données pour Villevieille à cette date. Avec les troubles des 14e et 15e siècle, la déprise humaine est encore plus notable en 1471, date à laquelle on ne dénombre plus aucun foyer imposable au Castellet, seulement 5 à Montblanc et aucune données pour Villevieille à cette date.
Au 16e siècle, la reprise est en cours et, même si en 1540 on ignore le nombre de maisons habitées au Castellet, il y a à cette date 10 maisons habitées à Montblanc et 14 à Villevieille. En 1698, au Castellet 4 maisons sont habitées par 4 familles, à Montblanc 31 maisons sont habitées par 28 familles et à Villevieille 45 maisons sont habitées par 45 familles. Sauf au Castellet-Saint-Cassien, la population chute au cours du 18e siècle. En 1728, 6 maisons habitées par 6 habitants au Castellet, 26 maisons habitées par 26 familles à Montblanc et 44 maisons habitées par 44 familles à Villevieille. En 1765, on compte au Castellet 10 maisons habitées par 75 personnes, à Montblanc 24 maisons occupées par 155 habitants et à Villevieille 37 maisons habitées par 159 personnes.
Au 19e siècle, les recensements de la population indiquent une belle augmentation de la population. Au Castellet-Saint-Cassien, le maximum démographique est atteint dès 1804, avec 197 habitants. A Montblanc et à Villevieille, ce maximum est atteint en 1831, avec respectivement 178 et 236 habitants. Ensuite, la population baisse partout progressivement. En 1901, on recense 81 habitants au Castellet, 96 à Montblanc et 129 à Villevieille.
Au 20e siècle, le déclin démographique se confirme et le minimum démographique est atteint en 190, avec seulement 38 habitants sur la commune de Val-de-Chalvagne. Depuis cette date, la population remonte très légèrement, avec 63 habitants en 2006.
Localisation et géographie
Vue sur la vallée de Montblanc (à gauche) et le site de Villevieille (à droite).La commune de Val-de-Chalvagne appartient au canton d'Entrevaux, arrondissement de Castellane. Elle est limitrophe au nord avec la commune d'Entrevaux ; à l'est avec la commune de La Rochette ; au sud avec les communes de Briançonnet et d'Amirat (Alpes-Maritimes) ; à l'ouest avec la commune d'Ubraye.
L'altitude minimale est de 600 mètres (au pont de la RD 610 sur la Ribière), l'altitude maximale est de 1541 mètres (au Pic de Chabran). Le Castellet-Saint-Cassien est à une altitude de 860 mètres. Les ruines du village de Montblanc sont à 950 mètres. Le village de Villevieille est à 1090 mètres environ et les trois quartiers du hameau du Champ s'étagent entre 760 et 730 mètres d'altitude.
Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, avec des étés chauds et secs, des hivers froids et secs et des inter-saisons plus humides. Le régime hydrique est de type orageux et torrentiel. La neige est fréquente en hiver, souvent abondante ; la vallée de Montblanc est réputée pour la rudesse de son climat.
Le sous-sol est principalement de nature calcaire, avec des zones de marnes stériles parfois étendues (roubines). Les couches géologiques sont souvent bouleversées. Des résurgences fortement minéralisées forment des gangues de tuf en certains endroits : Font de Tuve à Montblanc, résurgence au pont de Montblanc, etc.
Le territoire communal est marqué par un relief raide, avec des vallées encaissées : vallée de Montblanc et vallée de la Chalvagne. Il est fermé à l'ouest par le Col de Laval, au sud par le Col du Buis et à l'est par le Col du Trébuchet et le Col de Félines. Seul le côté nord débouche sur la vallée du Var par la clue de la Chalvagne. Les versants sont drainés par de nombreux ruisseaux à hydrologie saisonnière, dont le plus important est La Ribière, qui alimentent la Chalvagne, laquelle prend sa source à l'ouest de Montblanc.
La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de bois à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les ubacs de la Montagne de Chabran et ceux qui dominent Montblanc sont couvert de hêtraies. Les pentes raides à l'adret offrent une végétation de landes à lavande et genets. Sur les pentes les mieux exposées, des terrasses de culture sont installées grâce à des murs de soutènement en pierre sèche. Un maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts recouvre les parcelles agricoles aujourd'hui abandonnées. Les fonds de ravin et les bords des cours d'eau sont occupés par une végétation de type ripisylve avec saules, peupliers, noisetiers, aulnes, etc.
En 2009, les zones agricoles en terrasses sont abandonnées et embroussaillées ou boisées. La vallée de Montblanc est principalement cultivée en foin, pomme-de-terre et céréales, ainsi que les terres autour du Castellet, autour du village de Villevieille et autour des hameaux du Champ et de Fontantige. Les versants de la Montagne de Gourdan sont pâturés par un important troupeau de moutons. Une chasse privée, basée à La Chaume, occupe une grande partie de la Montagne de Villevieille.
Réseau viaire
Deux anciens axes principaux parcourent la commune. D'une part l'ancienne voie romaine de Glandèves (Entrevaux) à Briançonnet, par le Col de Félines et le Col du Buis. D'autre part, l'ancienne piste de crêtes reliant la vallée du Var à celle du Verdon par le Col de Trébuchet et le Col de Laval.
L'ancien axe Entrevaux-Briançonnet était dénommé « ligne de grande communication n° 5 » au 19e siècle. Le pont de Combe Croix est construit en 1891 (La Serre). Il est aujourd'hui emprunté par la RD 911, dont la portion comprise entre le pont de Montblanc et Briançonnet, fut aménagée comme projet de Route Nationale n° 221, avant d'être ouvert à la circulation en 1972 sous sa dénomination actuelle. Dès cette date, il est prévu que le déneigement de ce tronçon très raide ne sera pas assuré en hiver.
L'actuelle RD 10, qui relie Rouaine à Saint-Pierre, traverse la commune d'ouest en est, du Col de Laval à celui du Trébuchet. Au milieu du 19e siècle, un document rapporte que ce chemin ne mesurait qu'un mètre de large, dans sa partie comprise entre Montblanc et La Serre. Le pont sur la Chalvagne, qui permet de rejoindre la route du Col du Buis a été construit vers 1854, et en 1858, un parapet est construit sur le pont de l'Hubagon. La portion en lacets entre Castellet-Saint-Cassien et le Col du Trébuchet a été construite dans les années 1890.
Le chemin de Castellane à Montblanc par La Sagne a été tracé vers 1790, il a été classé chemin vicinal en 1846.
Dès 1903 il fut question d'une route reliant le pont de Montblanc et Entrevaux. Elle fut réalisée en 1964 (RD 710). La RD 610 fut faite un peu avant.
L'ancien chemin de Villevieille à Entrevaux traversait La Ribière en contrebas du Champ, par un pont dont les culées étaient courbes. Les vestiges de cet ouvrage sont encore bien visibles.
Chemin de Villevieille à Saint-Nicolas : mur en pierre sèche et haie de buis.En outre, de nombreux chemins anciens, vicinaux ou non, existaient pour rejoindre les quartiers ruraux de la commune. En 1856, le chemin de Chautabric (Village) au hameau de Jattières est classé chemin vicinal. Ces anciens chemin sont généralement des chemins muletiers, d'environ 1 à 2 mètres de largeur, soutenu par endroit par des murs en pierre sèche. Au village de Montblanc, le départ du chemin vers La Sagne en est un bon exemple. Dans les zones plus planes, des murs en pierres, voir des pierriers bordent ces chemins (Fontantige, Les Audibert...). A Villevieille, le chemin de Saint-Nicolas est bordé d'une allée de buis.
L'entretien des chemins vicinaux et de grande communication était fourni par les habitants, à travers des journées de prestations qui ne furent supprimées qu'en 1963.
Organisation du bâti
La commune de Val-de-Chalvagne est occupée par de nombreuses fermes isolées et disséminées sur le territoire. L'abbé Féraud indique, en 1861, que la population du Castellet est « toute disséminée » et que celle de Montblanc « est disséminée dans vingt hameaux ou bastides ». Cette remarque souligne le fait que, partout sur la commune, il est parfois malaisé de distinguer une ferme d'un hameau. Les cadastres anciens montrent bien que ce qui apparaît aujourd'hui comme une ferme était alors partagé en plusieurs propriétaires. C'est le cas par exemple de la Bastide Neuve, des Bions, des Audiberts, de La Blachière, des Cognas, du Villar, de Fontantige, etc.
Cependant, on peut distinguer le village du Castellet, de Montblanc et de Villevieille, ainsi que le hameau du Champ.
Les villages
Le village du Castellet-Saint-Cassien est constitué du château, de l'église, d'une ferme nommée le Petit Château et de quelques bâtiments agricoles.
En 1788, Achard écrit que « les promenades et l'allée qui est au devant du Château du Seigneur font un ornement pour ce village ». Féraud précise que cette construction est le fait des barons de Glandèves. Ce château ne semble pas antérieur au 16e siècle. Les gypseries datent du premier tiers du 17e siècle, une cheminée décorée d'une scène de chasse, d'un port et d'une scène d'embarquement porte la date de 1638.
Une toute petite église (parcelle 1818 B 76) était située à l'emplacement du cimetière actuel. Ses chaînes d'angle en tuf sont encore bien lisibles dans le mur d'enceinte du cimetière, dont l'encadrement de porte est sans doute celui de l'ancienne église. D'après l'abbé Féraud, elle a été détruite vers 1840. L'église actuelle date de cette même époque.
Village de Montblanc. Vue de situation prise de l'ouest.Dans sa description du village de Montblanc, Achard précise en 1788 qu'il « se nommoit autrefois Montfleuri, Mont Floridus, si l'on en croit le tradition orale des habitants du pays ».
Le village de Montblanc est un village perché, dont ne subsiste que quelques ruines ainsi que l'église et le cimetière. En 1830, on y comptait une demi-douzaine de maisons, dont le presbytère et son jardin (1830 B 331-332), quelques bâtiments agricoles, une ruine et un four à pain (1830 B 316). L'extrémité ouest est occupée par les vestiges de l'ancien château des Sabran et par sa large terrasse, qui était alimentée en eau par un canal qui existait encore à la fin du 18e siècle.
Le site d'origine du village de Villevieille se trouve au Monestier. Il s'agit d'un site d'oppidum, réutilisé à l'époque médiévale, qui se trouve sur une échine rocheuse orientée nord-sud, située entre la chapelle Saint-Nicolas (Villevieille) et Fontantige. Il conserve des ruines importantes, principalement constituées de pans de murs en petit appareil, conservés sur quelques mètres de hauteur. On note également des aménagements de plate-formes, soutenues par des murs en pierre sèche. Il pourrait s'agir des restes d'un castrum ou d'un prieuré fortifié.
La chapelle Saint-Nicolas est également d'origine médiévale, comme en témoigne son pignon ouest en petit appareil, ainsi que la présence d'une crypte funéraire. L'église de Villevieille date de la fin du 17e siècle puisqu'en 1685 il est fait mention de « l'église nouvelle ».
Le manoir de Villevieille date sans doute du début du 17e siècle, il aurait été restauré vers 1705. D'après l'abbé Féraud, il s'agirait d'une ancienne maison de plaisance construite par les barons de Glandèves. Sur le cadastre de 1817, les parcelles situées au nord du manoir portent le nom de Château Neuf, celle située immédiatement à l'ouest est dénommée Le Jardin, celle au sud s'appelle Le Claux et on note également la présence du toponyme Sainte-Anne à proximité immédiate.
Village de Villevieille. Vue d'ensemble prise de l'ouest.Jusqu'au 18e siècle, l'actuel village de Villevieille est nommé Chautabric, toponyme que l'on ne retrouve pas sur le cadastre de 1818. Ce village est en réalité une agglomération d'une demi-douzaine de fermes accompagnées de leurs bâtiments agricoles.
Les écarts
Le hameau du Champ est constitué de deux quartiers principaux, séparés de quelques centaines de mètres, ainsi que du quartier du Plan, où se trouvent quelques fermes et bâtiments agricoles, ainsi que des jardins. Le quartier haut du hameau, où se trouve la chapelle, est nommé L'Aire sur le cadastre de 1818. A cette époque, on y trouvait deux fours à pain privés. Sur ce même cadastre, le quartier bas était nommé La Teye du Champ.
Une ancienne église devait se trouver en contrehaut du quartier haut, son souvenir se retrouve dans le toponyme La Para.
Le bâti isolé
Vallée du Payon. Fermes isolées et dispersées.Les fermes isolées sont très nombreuses. Elles possèdent toutes au moins un jardin et une aire à battre mitoyenne, et la plupart possèdent également un four à pain. Une source aménagée, parfois complétée par un petit canal d'arrosage, se trouve généralement à proximité. Les terres agricoles sont en partie réunies autour de la ferme, en partie disséminées sur le territoire afin de multiplier les possibilités de cultures.
Cette forte implantation de fermes isolées explique que l'on trouve peu de bâtiments agricoles dispersés.
Évolution de l'organisation du bâti en 2009
Le village de Montblanc est entièrement ruiné, hormis l'église. Quelques fermes sont également ruinées ou abandonnées (Bastide Neuve, Les Audiberts, Le Villar, La Montagne, Jatières et Prades, etc.).
Quelques maisons pavillonnaires sont construites au quartier du Plan, entre le Champ et le Villar, en face du village de Villevieille ainsi qu'à proximité du château du Castellet. Un grand centre de vacance est installé sur une ancienne ferme aux Cougnas (Montblanc). La ferme de La Chaume est le centre d'un grand domaine de chasse privée ; un projet de village provençal factice y est en cours.
Economie rurale
A la fin du 18e siècle, Achard écrit que les habitants de Castellet « sont laborieux, robustes et adroits à la chasse des loups et des sangliers ». Il précise que les hommes de Montblanc « descendent en hiver dans la Basse-Provence et en reviennent au mois de mars ». A Castellet, « le sol produit des grains de toute espèce. Les montagnes sont couvertes de bois de hêtres, de chênes et de pins. On y fait un commerce du bois pour la charpente et des bestiaux. On vend aussi les fruits et le blé. (…) Une petite rivière et trois ruisseaux nommés Ubagon, Le Pestre et Franquelance, arrosent le territoire ». Il ajoute que lors de la fête de la Saint-Laurent, « le soir est consacré à la danse et à la distribution des prix pour les courses des hommes, des filles et des petits enfants enfermés dans des sacs ». A Montblanc, « le sol produit du blé, des légumes, des pommes-de-terre, des champignons, etc. Les arbres fruitiers y sont abondans. Les montagnes sont couvertes de pins, de chênes et de hêtres fort hauts, dont on se sert pour la charpente. L'angélique croit à foison aux pieds de ces arbres. Le seul commerce du lieu consiste à la vente des grains, des bestiaux et des fruits. Le Seigneur à une scie à eau pour faire des planches. (…) Au dessus du Village est une autre source abondante qui sert au moulin et à arroser les terres. Elle forme en partie la rivière de Chervagne, qui reçoit dans son lit Rieoulas, Mountalas, Lou Gau, et quelques autres ruisseaux ou torrens ».
En 1861, l'abbé Feraud, qui reprend les descriptions précédentes, précise qu'à Villevieille, le sol « fournit aux besoins des habitants qui n'ont d'autre occupation que l'agriculture » et qu'il y a une école primaire.
L'ancienne économie agricole était basée sur la polyculture vivrière, avec des zones de cultures sèches et des secteurs "à l'arrosage". L'importance de l'eau est effectivement primordiale dans l'économie agricole méditerranéenne. Importance que l'on retrouve d'ailleurs dans la diversité des catégories de qualité de terres agricoles utilisées pour élaborer l'imposition sur les cadastres de 1817 (Castellet-Saint-Cassien et Villevieille). Il y est fait la distinction entre terre labourable, terre labourable arrosable, terre labourable en partie arrosable, pré, pré arrosable, etc. Le cadastre de Montblanc, qui date de 1830, est moins précis quant à ce sujet, mais il mentionne en revanche les oseraies.
Il apparaît assez logiquement que les terres à l'arrosage étaient implantées en fond de vallon, à proximité des cours d'eau ou à proximité d'une source importante. Elles étaient irriguées par des petits canaux alimentés par la dérivation d'un ruisseau ou d'une source. Cependant, sur les cadastres anciens, seul le canal du Champ est figuré, ainsi que les dérivations des moulins. Il n'y avait pas de syndicat d'arrosage, chaque riverain devait une participation aux travaux d'entretien, renégociée chaque année. On y plantait des haricots, des betteraves, des pommes-de-terre, de la salade, etc. On trouvait aussi des prés de fauche à l'arrosage, où l'on pouvait faire une seconde coupe sur le regain. Dans les années 1950, en plus des prés naturels, de grandes surfaces étaient consacrées au prairies artificielles (luzerne, trèfle, sainfoin).
Vestiges d'oliveraie, en contrebas du hameau du Champ.Les arbres fruitiers étaient nombreux : beaucoup de noyers, des pruniers, des cognassiers, des poiriers et des pommiers qui servaient à faire du cidre. Ces fruitiers étaient parfois plantés en verger. On trouvait aussi quelques vignes (Vinière, Le Champ, etc.) et certaines familles possédaient quelques oliviers à Entrevaux. On produisait surtout du blé, de l'avoine, de l'orge, des lentilles (à Villevieille), des pois-chiches (au Castellet), des haricots (en grande quantité, pour la vente), des pommes de terre, des betteraves. Dans le Val-de-Chalvagne, le méteil était composé du mélange d'orge et de blé. On plantait les céréales une année sur deux : blé, orge et avoine. Ces cultures étaient parfois aménagées en terrasses de pierre sèche, localement appelées faïsses. En revanche, il semble qu'il n'y a pas eu de production d'huile de noix, l'huile d'olive étant relativement aisément importée d'Entrevaux. Des amandiers poussaient aux Audibert.
Le blé était foulé sur une aire à battre avec des mulets, puis passé au crible, lavé et séché. La première batteuse mécanique est passée au Castellet en 1936, en 1946 elle allait de fermes en fermes, jusqu'en 1970. Une moissonneuse-batteuse a ensuite été employée, la dernière fois en 1998.
Chaque ferme possédait une ou deux vaches, un troupeau de brebis, une paire de bœufs (parfois en mitoyenneté) des chevaux ou des mulets, des lapins, des cochons. Les feuilles des betteraves et les petites pommes-de-terre servaient pour la soupe des cochons, les betteraves étaient données aux vaches en hiver.
Jusqu'au 20e siècle, le hêtre et le chêne servaient comme bois de chauffage, les troncs de pins servaient à fabriquer des piquets qui étaient expédiés en train pour les mines de Gardanne (Bouches-du-Rhône). Le débardage se faisait avec des mulets et des chariots (des camions à partir de 1950) assuraient le transport jusqu'à la gare d'Entrevaux. Un câble partait de la montagne de Montblanc jusqu'à Entrevaux, un autre câble partait de la montagne de Villevieille jusqu'à la route de Félines. Vers 1950, il y avait un exploitant forestier au Castellet-Saint-Cassien. Les chênes servaient aussi à fabriquer du charbon, d'abord en charbonnière en tas, puis à partir de 1945 dans des charbonnières en tôle. Les branches de pin gras servaient à faire des torches pour l'éclairage et à allumer le feu. Jusqu'à la fin des années 1950, les souches de pin gras étaient envoyées à Annot comme matière première pour la fabrication de bonbons et de produits pharmaceutiques. Les premiers tracteurs ont été achetés à la fin des années 1950, tant pour les travaux agricoles que pour le débardage.
La lavande était coupée sur Montplan au-dessus du Castellet, à Colle Basse, à la Peyrière et à Toundoulet. Elle était distillée sur place et vendue à un marchand de Moriez. Il y avait une distillerie à La Serre et une à La Peyroue. Pour le secteur de Villevieille, la distillation se faisait à Bay. Dans les jardins potagers, il y avait un endroit consacré à la culture des simples : sauge, camomille, menthe, cironelle, verveine, guimauve... Chaque ferme et village possédait aussi un ou plusieurs « tihulier » et on en trouvait aussi dans les bois.
La présence de chènevières au bord de la Chalvagne est attestée par plusieurs actes notariés, ces jardins à l'arrosage où l'on cultivait le chanvre étant alors très convoités.
Il y avait un distillateur de lavande à Villevieille jusqu'aux années 1900, un débit de boisson à Villevieille en 1906-1907. En 1841, il y avait un menuisier à Montblanc.
Pour compléter la nourriture en hiver, des stocks de ramées étaient fait. C'est principalement le chêne qui était exploité pour cet usage ; ces arbres étaient taillés en cépées et coupés tous les trois ans. Des ramées de gui étaient parfois données aux agneaux pour les engraisser. Certains grands chênes à larges branches servaient principalement pour les glands, ils étaient alors appelés aglaniés. Le buis était haché pour servir de litière. Les sorbes étaient uniquement ramassées pour les confitures.
Chaque famille possédait quelques ruches, destinée à la consommation familiale. Les ruches (brusc) étaient construites en planches de pin assemblées. Elles étaient posées sur des lauzes.
Il y avait plusieurs tuileries sur la commune : à la ferme de La Terrasse (Montblanc), à la ferme de La Serre (Castellet) et au hameau de Fontantige (Villevieille). Des moules à tuiles en bois ont été conservés dans les deux premiers cas. A Fontantige, il s'agit de deux petits fours assez atypiques par leurs aménagements, mais le principe de cuisson reste le même que dans toutes les tuileries de la région. A savoir une ou deux galeries de chauffe, enterrées et surmontées par un espace de cuisson aérien.
D'après un livre terrier de 1725, il y avait alors un four à chaux au Champ. Au 18e siècle, une scierie à eau était installée sur la Chalvagne, en aval de Montblanc.
Jusqu'en 1960, l'école du Castellet-Saint-Cassien était installée dans un pièce du rez-de-chaussée du château, ainsi que la mairie (jusqu'en 1972). A Villevieille, elle occupait l'ancien presbytère, à Montblanc il y a avait une « véritable école ». L'école de Villevieille a été fermée en 1960
A Villevieille, l'électricité a été installée en 1955, l'adduction d'eau en 1963 et la route a été goudronnée en 1965. Au Castellet-Saint-Cassien, l'eau courante est installée en 1974. A Montblanc, une canalisation de 5 kilomètres a été créée en 1980, elle amène l'eau de la source des Tuves jusqu'aux fermes. En 2004, la source de Mourrefred à été captée.
Dès 1834, et jusqu'aux années 1950, des enfants des hospices ou de l'Assistance sont placés dans les fermes de la commune.
En 2009
L'agriculture est devenue marginale, et elle se cantonne dans la vallée de Montblanc, autour du Castellet-Saint-Cassien, sur le replat de Villevieille et autour du Champ. Du reste se sont principalement des prés de fauche et de pomme-de-terre qui sont cultivés. Un troupeau de moutons, basé à Avenos, mange les versants du Gourdan qui dominent le Castellet-Saint-Cassien.
La grande majorité des fermes et des maisons servent aujourd'hui de résidences secondaires ou de gîtes saisonniers. Un grand centre de vacance est installé aux Cougnas et un élevage de chevaux se trouve à Montblanc.