Dossier collectif IA04001176 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
entrepôts agricoles ; cabanes ; ensembles pastoraux ; bergeries
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    entrepôt agricole, cabane, bergerie, ensemble pastoral
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Blieux

I. Contexte de l’enquête

1. Le repérage

Ce dossier comprend les entrepôts agricoles de l’actuelle commune de Blieux. Le terme d’entrepôt agricole correspond aux édifices destinés à stocker des denrées agricoles (foin notamment, produits de culture consommables tels que des fruits si l’entrepôt intègre un séchoir) ou de l’outillage (remise) et qui souvent possèdent une partie dévolue au bétail (étable, bergerie, écurie…)

Les dépendances de fermes ne sont pas intégrées à cette catégorie lorsque la relation est avérée puisqu’il s’agit d’étudier les entrepôts isolés dans le terroir. Ceux qui dépendent d’une exploitation agricole ont été le cas échéant traités dans le dossier collectif relatif aux fermes de Blieux (REF IA04001174). Cependant les lacunes documentaires et l’absence de certitude sur place entraînent dans les faits la possibilité d’une prise en compte ponctuelle d’éléments qui pourraient dépendre d’une exploitation agricole. Mieux : il serait surprenant qu’un entrepôt entièrement autonome existât sur le territoire, mais l’incapacité à le rattacher à une entité définie en tant que ferme implique un traitement spécifique. Selon ces considérations, la prise en compte des entrepôts isolés tente notamment d’établir si formellement, fonctionnellement et/ou matériellement une ou des différence(s) est/sont perceptible(s) avec les entrepôts à proximité immédiate des fermes.

2. Les conditions de l’enquête

Le repérage s’est déroulé sur une campagne durant l’été 2008. Le recensement s’est effectué à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1982, ainsi que du cadastre napoléonien levé en 1811 comme point de comparaison permettant d’apprécier l’évolution (inertie formelle, augmentation, diminution, apparition voire disparition) du bâti dans l’intervalle.

Le repérage, exhaustif, a par conséquent concerné l’intégralité des constructions portées sur le cadastre actuel. La différence entre les chiffres fournis par le bâti INSEE et ceux découlant du recensement effectif témoignent de l’écart induit par une prise en compte ciblée donc réduite de la famille concernée. En outre, le déclin général de la commune, dont les activités agricoles ont périclité, joint à l’exode rural, ont provoqué une diminution du bâti non exploité et progressivement abandonné.

La totalité des bâtiments a été vue au moins depuis l’extérieur. Les entrepôts ont été visités dans la mesure du possible, le problème ne se présentant pas pour les hangars, ouverts par définition, à moins qu’une cloison en planche ne masque leur intérieur. La plupart sont encore en activité. D’une manière générale des questions furent posées aux habitants afin d’obtenir des informations plus précises sur l’organisation intérieure, y compris sur son évolution le cas échéant.

Le repérage s’est basé sur une grille de description morphologique prenant en considération les questions

- d’implantation du bâti (au sol)

- de répartition des fonctions par niveau

- du nombre d’étages visibles

- de matériaux principaux et secondaire(s) employés ainsi que leur mise en œuvre

- de décor extérieur éventuel

- de mode de couvrement

- d’aménagement intérieur (organisation spatiale, décor éventuel)

- de datation

- d’inscriptions historiques (dates portées, inscriptions éventuelles)

Cette grille de repérage a donné lieu à l’alimentation d’une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.

Le repérage est toujours confronté à la question de l’état du bâti. Les ruines n’ont pas été automatiquement écartées dans la mesure où l’état subsistant n’empêchait pas de leur restituer une lisibilité d’ensemble, sur la base des exemples présents et « intacts » observables sur le territoire. Ont également été repérés les bâtiments ayant subi des modifications légères n’entraînant pas de dénaturation. En revanche ceux ayant subi des transformations trop importantes, entraînant une impossibilité à lire les caractéristiques architecturales fondamentales pour l’établissement d’une typologie ont été rejetés. Cela concerne les remaniements profonds et récents selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural trop éloignés de ceux de l’architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les aies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d’origine, restructuration intérieure totale ou dénaturante.

II. Les caractères historiques et socio-économiques

Les données documentaires manquent pour comprendre l’évolution des entrepôts agricoles sur la commune, mais la comparaison entre les cadastres ancien et actuel permet de mettre en évidence la pérennité de 12 bâtiments depuis 1811 sur les 28 que comprend le repérage, soit environ 36 % (auxquels s’ajoutent peut-être 2 autres entrepôts pour lesquels il n’a pas été possible de certifier l’existence à cette époque). Cela signifie donc inversement aussi qu’une majorité d’entrepôts sont apparus depuis le début du 19e siècle. Il est par ailleurs certain qu’un nombre très important d’entrepôts a disparu, totalement ou trop ruinés pour pouvoir faire l’objet d’un repérage convenable. La comparaison des deux cadastres de référence (napoléonien et actuel) en témoigne.

La position géographique de la commune, entourée de montagnes et accusant une forte dénivelée positive entre ses niveaux bas et haut (environ 1 000 m) ont entraîné l’implantation de cabanes d’alpage ou d’estive, mais une seule véritablement demeure, et elle n’a malheureusement pas pu être directement observée. Il s’agit de la cabane d’alpage dite de Peire Naisse, située à 1 550 m d’altitude, légèrement à l’écart du chemin menant à l’observatoire du Chiran. Construite en moellons calcaire elle se déploie sur deux niveaux dont un en rez-de-chaussée surélevé contient un logis saisonnier. Elle est sommée d’un toit à longs pans sur pannes qui reçoit un couvrement en tuile creuse. Elle dispose d’un enclos pour le parcage nocturne des bêtes et a fait l’objet d’une campagne de restauration à l’été 2006. La commune possède de nombreuses bergeries sur son territoire qui n’ont pas été recensées en tant qu’entrepôts, soit parce qu’elles sont trop transformées, soit parce que leurs dimensions et leurs fonctions les rattachent plus à la famille des fermes. Certaines constructions peuvent d’ailleurs rassembler ces deux caractéristiques, comme aux Uègres (1 120 m d’altitude, au nord-ouest du village).

Hormis la cabane de Peire Naisse le plus haut entrepôt repéré est une bergerie située au quartier du Bourbens à 1 047 m d’altitude (REF IA04001239). En outre la présence de la plaine de l’Asse, arrosée par le cours d’eau éponyme, réserve des surfaces propres à la culture historiquement céréalière pour l’essentiel : les entrepôts conservés servent donc essentiellement d’étable, de remise et de fenil, également de séchoir pour la production fruitière développée, surtout la prune, la poire et la pomme dans ce secteur, ces fonctions pouvant toutes se combiner dans un seul bâtiment. Les mutations de l’économie rurale ont fait apparaître une forme spécifique d’entrepôt destiné à l’entreposage du fourrage pour l’élevage intensif qui a tendu à se développer dans le courant du 20e siècle : le hangar sur piliers. Quoi qu’il en soit les disparitions totales ou partielles (ruines) dominent en nombre. Certains vestiges permettent toutefois d’être fonctionnellement identifiés, donc repérés : ils constituent les exemples les plus isolés, qu’ils se situent en altitude et/ou soient perdus dans la végétation (par exemple dans le quartier de Champ Rougier au nord du village, exposé à l’adret).

III. Caractères morphologiques

28 entrepôts ont été repérés.

1. Implantation et composition d’ensemble

La notion de bâti isolé est parfois complexe à appréhender pour les édifices relevant de la sphère d’influence directe du chef-lieu ou du hameau sans y être totalement intégré. On a choisi de prendre cette acception au sens géographique large pour dénombrer 14 entrepôts de ce type, soit la moitié du corpus d’étude exactement. Dans les 14 entrepôts restants en milieu aggloméré, 5 sont implantés en village même (Blieux), les 9 autres en écarts (soit respectivement 18 et 32 %). La question de la surface au sol et de la volumétrie en milieu isolé et en milieu aggloméré apparaît complexe car il faut inclure dans ce dernier des édifices à la lisière du village mais déjà dans le terroir agricole qui borde Blieux (ainsi l’entrepôt situé au quartier des Ferrajas, 1982 AB 9, sur trois niveaux). Il convient également de faire une distinction entre les entrepôts situés en village, généralement de dimensions plus modestes, et ceux situés en écart, donc en contexte d’habitat groupé, à connotation plus spécifiquement agricole. La comparaison risque par là-même d’être quelque peu faussée. D’une manière générale cependant, pour le bâti vernaculaire, les volumes et l’emprise au sol semblent tout de même légèrement plus importants en contexte isolé, parmi lesquels les bergeries (telle qu’au quartier du Bourbens (1982 section E3, non cadastré, même sur un étage unique ; la fonction de rassemblement d’un voire de plusieurs troupeaux nécessite des dimensions plus vastes) ou les entrepôts servant de remise et de fenil tel qu’à Plan d’Asse (1982 AB 273, et ce même sans le doublement récent en parpaing de béton). Notons aussi que les entrepôts très modestes, simples remises d’un niveau destinées à recevoir le petit matériel agricole émaillaient par ailleurs le territoire, en contexte isolé c’est-à-dire sur les terrains cultivables ou non. Isolés par essence, il convient de les mentionner même si la plupart ont disparu, car il faut éviter de scinder les bâtiments agricoles en fonction de leurs dimensions génériques respectives selon le critère géographique d’implantation (contexte isolé ou d’habitat groupé). La taille dépend avant tout de la ou des fonction(s) à remplir. Il est évident qu’une bergerie demandera plus de volume qu’un entrepôt à remiser l’outillage et directement situé sur le terrain d’exploitation. De la même manière, la fonction de logis ponctuel déterminera plus sûrement un bâtiment isolé, à l’écart de l’habitat groupé. La forme hangar intervient à 11 reprises soit dans près de 40 % des cas. Elle est davantage représentée en contexte groupé qu’isolé (7 cas contre 4). C’est aussi une forme plus moderne, qui ne semble pas remonter au-delà du début du 20e siècle.

68 % des bâtiments présentent un soubassement (19 cas, dont un cas unique présentant deux étages de soubassement) et sont donc implanté contre la pente. Ce sont généralement des blocs en hauteur en contexte aggloméré. Même en contexte isolé les adjonctions ponctuelles sont rares (1982 E1 39, deux hangars accolés, dont un récent) ou ont disparu : les formes sont simples et répondent à des besoins prédéfinis et stables ne nécessitant pas d’aménagement ultérieur significatif sur le plan formel. Ce qu’on observe en revanche c’est le développement des bergeries (ainsi aux Basses Bastides E1 384) consécutif à l’essor de l’élevage ovin intensif).

2. Matériaux et mise en œuvre

Le calcaire est le matériau traditionnel le plus employé (13 cas + 2 cas combiné avec du parpaing de béton et 1 cas avec des planches, soit 57 %) et en ce qui concerne les hangars il intervient à 3 reprises. Un autre entrepôt, recouvert d’enduit récent (1982 E1 313), doit sûrement avoir reçu une maçonnerie en calcaire. Pour le restant, on trouve 5 entrepôts dont les murs sont montés en planches dressées et 5 autres en parpaing (1 artisanal et 4 en béton, dont 2 en combinaison avec du calcaire). 4 enfin sont des hangars sans murs : pour ces derniers, les piliers en bois, calcaire, parpaing et même métal sont employés. Dans les cas de construction avec du calcaire l’appareillage est fruste et les murs montés en moellons de petite voire de moyenne taille, plus rarement de grande taille (ainsi à Champ Rougier, 1981 B non cadastré) avec une assise le plus souvent irrégulière. Les matériaux constitutifs sont liés entre eux par un mortier de chaux et de sable, qui a pu être presque entièrement lavé par les pluies lorsque ces bâtiments sont désaffectés. La mise en œuvre à pierre sèche peut aussi intervenir pour les entrepôts de petites dimensions, mais de façon plus rare. Des chaînes d’angle renforcent la structure, recourant à des moellons équarris, grossièrement (Champ Rougier B 485) ou régulièrement (les Ferrajas, AB 9 ou 273).

Les maçonneries anciennement enduites sont inexistantes1 : on compte certes 13 enduits à pierres vues, mais les autres entrepôts en sont dépourvus (murs en planches ou parpaing et hangars sur piliers). Finalement, aucune structure ne reçoit d’enduit de protection historique, l’enduit à pierres vues étant très vraisemblablement recouvert au moins pour certains individus d’une couche plus propre à assurer la pérennité de la construction, laquelle devait être refaite régulièrement. On a peu observé de mise en œuvre en pierre sèche mais certains entrepôts, fortement lessivés par les pluies, ont vu leur mortier de liaison pratiquement voire totalement disparaître, l’ensemble n’étant plus soutenu que par le contact entre le(s) matériau(x) de construction (Brige, AB 146 ; REF IA04001238).

Les encadrements de fenêtres faisant intervenir la combinaison traditionnelle bois-façonné (avec emploi du mortier de gypse), ou seulement le façonné, sont largement minoritaires (10 cas, soit moins de 36 %).

L’idée générale qui ressort de ces questions de mise en œuvre est la remarquable adéquation, pour l’essentiel, des maisons, fermes et entrepôts agricoles. On ne constate pas sur ce plan de différence majeure ni de traitement spécifique entre les différentes familles étudiées pour ce qui est de la construction traditionnelle, à la différence des encadrements, minoritaires pour les entrepôts agricoles.

3. Structure, élévation, distribution

Les entrepôts agricoles présentent dans leur majorité un voire deux niveaux :

Niveaux

1

2

3

Nbe total d’entrepôts

17

9

2

En milieu aggloméré

8

4

2

En milieu isolé

9

5

0

% age (aggloméré / isolé)

47/53

44,4/55,6

100/0

Les entrepôts à niveau unique représentent 61 % du total, à 2 niveaux 32 % et à 3 niveaux 7 %. L’intérêt est dans la répartition entre milieu aggloméré et isolé. On constate en effet une remarquable homogénéité pour les entrepôts à niveaux simple et double. En revanche, malgré l’écart maximal pour les entrepôts à 3 niveaux, les chiffres ne sont pas véritablement significatifs car sur une masse critique si faible il est difficile de tirer des conclusions pertinentes.

Tous les entrepôts d’au moins 2 niveaux reçoivent un plancher sur solives. Les cloisons, lorsqu’elles existent (12 cas recensés, soit 43 % du total) et qu’on a pu visiter les édifices (2 incertitudes demeurent pour cette raison), sont réalisées en maçonnerie (6 cas), en bois (planches : 5 cas) ou avec des matériaux mixtes (maçonnerie + bois : 1 cas). Là encore donc domine l’homogénéité. On remarque ainsi une légère tendance à construire des entrepôts à pièce unique par niveau (l’usage possible de cloisons amovibles en bois peut également être possible, mais il n’en reste trace que dans les 5 cas répertoriés ci-dessus si cela fut le cas). Dans 1 cas de bergerie le volume important est assuré par un pilier central (quartier du Bourbens,1982 E3 non cadastré, REF IA04001239) ; cela permettait de regrouper le maximum de têtes sans devoir recourir à des modes de couvrement de type voûtement.

Les accès sont majoritairement aménagés en pignon (12 cas dont 1 d’ouvertures doubles, soit 43 % du total contre 7 cas dont 3 d’ouvertures doubles soit 25 % en gouttereau). Il convient d’y ajouter 3 cas d’ouvertures orthogonales, 1 cas d’ouvertures affrontées, 5 cas sans objet (hangars) et 1 cas indéterminé suite à des modifications dénaturantes sur les ouvertures (quartier de Thon, 1982 E1 313).

4. Couverture

La répartition toits à longs-pans, toits à pan unique apparaît significative puisqu’on dénombre de part et d’autre 8 et 20 cas (soit 28,6 contre 71,4 %). La couverture s’appuie très majoritairement sur des pannes (2 systèmes de fermes seulement). Le traitement des avant-toits est des plus sommaires : 1 cas de saillie de rive et 1 autre de génoise à rang unique. Les modes de couvrement sont très variés : outre la tuile creuse archétypale (9 cas, chiffre le plus important mais représentant moins du tiers du total repéré), à laquelle s’ajoute la tuile plate mécanique dans 1 cas. La combinaison tuile creuse/matériau moderne (ciment-amiante ou tôle) intervient à 4 reprises. Quant aux couvrements entièrement modernes, ils représentent la moitié du total, répartis comme suit : 6 cas en tôle ondulée, 1 en tôle plane et 6 cas en ciment-amiante. La prise en compte des entrepôts ruinés évoqués plus haut ferait évidemment la part belle aux matériaux traditionnels (tuiles creuses) si les toitures étaient encore en place. D’autre part, les couvertures modernes remplacent souvent des mises en œuvre plus anciennes (tuile creuse bien sûr mais aussi tuile plate mécanique au 20e siècle).

IV. Typologie

1. ENTREPÔTS AGRICOLES UNIFONCTIONNELS

1.1 – Entrepôt agricole uni-fonctionnel : fenil (2 repérés ; 0 sélectionné)

Un ou deux niveaux ; fonction unique de fenil

Sous-type hangar : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

1.2 – Entrepôt agricole uni-fonctionnel : remise ou étable (16 repérés ; 4 sélectionnés)

Un ou deux niveaux ; fonction unique de remise ou d’étable

Sous-type hangar : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

2. ENTREPÔTS AGRICOLES MULTIFONCTIONNELS

2.1 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : fenil sur étable (4 repérés ; 0 sélectionné)

Deux niveaux ou plus : étable + fenil

2.2 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : polyvalent avec fenil (5 repérés ; 1 sélectionné)

Deux niveaux ou plus : fonctions multiples + fenil

Sous-type hangar : possibilité d’un seul niveau : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

2.3 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : polyvalent sans fenil (1 repérés ; 0 sélectionné)

Deux niveaux ou plus : fonctions multiples sans fenil

Sous-type hangar : possibilité d’un seul niveau : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

TBLEAUX DES ENTREPÔTS REPÉRÉS

(en gras, les 5 objets faisant l’objet d’une notice Mérimée) :

Lieux-dits

cadastre

Niveaux

N1

N2

N3

Hangar

Implantation

Typologie

Bas Chaudoul (le)

1982 A3 (non cadastré)

2

remise

fenil

s.o.

O

2.2

isolé

Basses Bastides (les)

1982 E1 384

1

bergerie ; fenil ; remise

s.o.

s.o.

O

1.2

en écart

Blieux Village (le)

1982 A3 1008 ;

1811 G 36

2

cellier

remise

s.o.

N

2.3

en Village

Blieux Village (le)

1982 A3 1060 ;

1811 G 126 et 129

1

étable à cheval ; four

s.o.

s.o.

N

1.2

en Village

Blieux Village (le)

1982 A3 1085 ;

1811 G 96-97

2

remise

fenil

s.o.

O

2.2

en Village

Blieux Village (le)

1986 A3 395 ;

1838 A3 67

1

remise

s.o.

s.o.

N

1.2

en Village

Bouisse (la)

1982 A3 (non cadastré)

1

bûcher ; remise

s.o.

s.o.

N

1.2

isolé

Bourbens (le)

1982 section E3 (non cadastré)

1

bergerie ; remise-logis

s.o.

s.o.

N

1.2

isolé

Brige

1982 AB 146

1

remise

s.o.

s.o.

N

1.2

isolé

Brige

1982 AB 168

1

fenil

s.o.

s.o.

O

1.1

en écart

Brige

1982 AB 173 ;

1811 B1 220

3

remise

fenil

fenil

N

2.1

en écart

Brige

1982 AB 184

1

bergerie

s.o.

s.o.

O

1.2

isolé

Champ Rougier

1982 B 482 ;

1811 B2 963 ?

2

remise ; étable ; poulailler

fenil

s.o.

N

2.2

isolé

Champ Rougier

1982 B 485 ;

1811 B2 970, 971 et 974 ?

1

remise

s.o.

s.o.

N

1.2

isolé

Champ Rougier

1982 B (non cadastré)

1

remise

s.o.

s.o.

N

1.2

isolé

Clot Rouvier

1982 B 249 ;

1811 B2 522

2

étable

fenil

s.o.

N

2.1

isolé

Demandous

1982 B (non cadastré)

1

remise

s.o.

s.o.

N

1.2

isolé

Ferrajas (les)

1982 AB 9 ;

1811 B2 930 ?

3

étable à cheval

fenil

logement

N

2.2

en écart

Plan d’Asse

1982 AB 224 ;

1811 B1 300

2

remise

fenil

s.o.

N

2.1

en écart

Plan d’Asse

1982 AB 231

1

remise

s.o.

s.o.

O

1.2

en écart

Plan d’Asse

1982 AB 232

1

remise

s.o.

s.o.

O

1.2

en écart

Plan d’Asse

1982 AB 257

1

remise

s.o.

s.o.

O

1.2

isolé

Plan d’Asse

1982 AB 273

2

remise, étable

fenil

s.o.

N

2.2

isolé

Planpinier

1982 E1 39

1

fenil

s.o.

s.o.

O

1.1

isolé

Roumégières (les)

1982 E2 545

1

remise ; poulailler

s.o.

s.o.

O

1.2

en écart

Taillis (le)

1982 A3 947 ;

1811 A3 2410

1

bergerie

s.o.

s.o.

N

1.2

en écart

Thon

1982 E1 313 ;

1811 E1 660

2

étable

fenil

s.o.

N

2.1

en écart

Thon

1982 E1 331

1

remise

remise

s.o.

O

1.2

en écart

Interprétation de la classification

La répartition s’effectue comme suit : 14 entrepôts en habitat groupé (5 en village et 9 en écart), 14 en habitat dispersé.

On remarque d’abord la forte présence de l’entrepôt agricole de type hangar sur piliers : 11 soit 39 % du total repéré : ils servent pour 8 d’entre eux soit pour plus de 70 % de remise agricole (1.2), fonction qui il est vrai domine sur le territoire communal pour la famille générique des entrepôts, même si de façon moins nette (17 cas soit près de 61 %). Par comparaison, si l’on se penche sur les entrepôts directement dépendants de fermes on constate que la forme hangar se détache sensiblement (12 sur 15 soit 80 %) et que la fonction bergerie est très présente également, consécutive au développement de l’élevage ovin intensif qui a pris le pas sur l’agriculture antérieure, plus axée sur la polyculture vivrière et céréalière. Les dimensions de ces hangars de conception récente dépassent le format habituel des entrepôts vernaculaires : ils servent de ce fait à entreposer du matériel plus encombrant (de type tracteur) relatif à l’exploitation de terrains plus importants.

La fonction remise intervient dans 20 cas soit dans plus de 70 % du corpus repéré et dans 9 cas il s’agit d’une fonction partagée sur un même niveau (avec un poulailler, une étable, une bergerie ou un bûcher). L’entrepôt servait avant tout à ranger (« remiser ») du petit matériel agricole pour les travaux des champs. Si les tracteurs, remorques et autre matériel moderne ont désormais tendance à prendre place dans les remises et autres hangars dépendant des exploitations agricoles (voir le paragraphe ci-dessus), les entrepôts autonomes conservent encore leur fonction de rangement dans le terroir, sur place, de l’outillage traditionnel aux dimensions plus modestes. Notons aussi que la fonction remise apparaît plus développée en habitat groupé (village ou écart) ; en contexte isolé, la fonction étable ou bergerie occupe une place plus considérable.

On la rencontre de fait à 10 reprises, 4 fois en contexte groupé, 6 en isolé. Sur un nombre d’occurrences si faible, il apparaît délicat de tirer des conclusions, sauf à considérer que ce chiffre est significatif (plus de la moitié du corpus).

La fonction fenil revient de façon avérée à 11 reprises (soit environ 39 %), ce qui là encore semble modeste au regard des activités rurales traditionnelles de la commune, mais les modifications ont certainement entraîné une perte sur ce plan. La répartition amplifie la curiosité de ce faible nombre : 6 cas en habitat groupé, et seulement 5 en contexte isolé, ce qui paraît très peu.

La culture fruitière (pommes, poires, pêches et surtout prunes) était très bien représentée, mais on n’a trouvé aucun exemple identifiable dans le repérage. Cela ne reflète assurément pas la réalité ancienne, manifestement très modifiée (même en village et dans les fermes où cette fonction apparaît rarement). Il faut y donc voir un bouleversement radical, une modification des modes de culture (les fruits en général, la prune en particulier ont périclité à la fin des années 1920 sur la zone) et aussi (sans doute) des bâtiments aux fonctions multiples soumis à une répartition des espaces fluctuante au cours de l’histoire, même sur une échelle temporelle réduite. La disparition de nombreux entrepôts délaissés puis ruinés joue également un rôle important, n’en doutons pas.

En somme, la règle attribuant un espace à une fonction déterminée ne s’applique pas, dans une large mesure, au territoire étudié. Le fait qu’on ne rencontre que 4 fois le type 2.1 (entrepôt agricole multi-fonctionnel : fenil sur étable) révèle que même les formes multifonctionnelles, lorsqu’elles correspondent à deux fonctions distinctes superposées, sont rares dans une zone où l’on a coutume d’associer et de souvent faire varier plusieurs fonctions sur un même niveau.

Il convient donc de retenir la grande adaptabilité des entrepôts à des fonctions évolutives. Cela n’engage pas tant obligatoirement des changements structurels (car quoi de plus simple que de monter une cloison en planches et un grillage pour faire office de poulailler ou des claies d’osier sur des tréteaux pour installer un séchoir) : en effet, les besoins agricoles étant relativement simples, il était très facile de modifier une fonction sans modifier l’espace d’accueil qui n’exigeait le plus souvent que des aménagements légers pour ce faire. Cette réalité du terrain incite à ne surtout pas figer le bâti dans des fonctions spécifiques, lorsque manifestement il lui arrivait de les décliner très aisément.

De façon plus significative encore, on a remarqué à plusieurs reprises un glissement typologique intervenu dans le courant du 20e siècle voire plus récemment (période contemporain), et dans deux sens opposés : de la maison vers l’entrepôt d’un côté, l’entrepôt développant des fonctions de logement d’autre part. Dans le village tout d’abord, la parcelle 1982 A3 998, autrefois maison, a perdu son troisième étage et le niveau de logis en rez-de-chaussée surélevé, au-dessus de l’étable, est devenu fenil. Inversement l’entrepôt situé au quartier de Plan d’Asse (1982 AB 273) a été doublé d’une construction symétrique et attenante en parpaing de béton destinée à abriter un logement pour la location (l’opération a avorté)2. Autre exemple, à la sortie du village historique, l’ancien entrepôt agricole situé en contrebas sur la parcelle ancienne 1811 A3 2436 (actuelle parcelle 1982 A3 1102) a été transformé en maison dans le courant du 20e siècle (pas avant les années 1930)3. Ces changements d’affectation et ces transformations nécessitent immanquablement des modifications d’aménagement à l’intérieur et parfois aussi à l’extérieur.

Plus que jamais la prudence est de mise car ce type de bâti agricole, dans des zones profondément et traditionnellement rurales, est soumis à des attributions fluctuantes au fil du temps.

13 entrepôts reçoivent un enduit récent, dont 1 combiné avec la technique à pierres vues.2On remarquera au-dessus du linteau monoxyle donnant accès à la remise en soubassement la présence du seul chronogramme porté pour les entrepôts agricoles repérés sur la commune (fig. 12). La date – 1907 – est en outre encadrée par des initiales, certainement celles du propriétaire (« H » et « F »). Dans la mesure où l’entrepôt n’existait pas en 1811 lorsque le cadastre napoléonien fut levé pour Blieux, elle indique un terminus ante quem et peut-être la date d’édification du bâtiment.3Il n’a pas été possible de procéder à son repérage.
  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    1.1 : entrepôt agricole unifonctionnel : fenil ; 1.2 : entrepôt agricole unifonctionnel : remise ou étable ; 2.1 : entrepôt agricole multifonctionnel : fenil sur étable ; 2.2 : entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent avec fenil ; 2.3 : entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent sans fenil
  • Toits
    tuile creuse, tuile plate mécanique, ciment amiante en couverture, tôle ondulée
  • Murs
    • calcaire moellon
    • grès moellon
    • brique creuse
    • ciment
    • bois
    • enduit
    • parpaing de béton
  • Décompte des œuvres
    • repérés 28
    • étudiés 5
Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2008
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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