Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).
- inventaire topographique
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Dénominationsferme
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Aires d'étudesPays Asses, Verdon, Vaïre, Var
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Adresse
- Commune : Blieux
I. Contexte de l’enquête
1. Le repérage
Ce dossier regroupe dans une même famille toutes les habitations comprenant des fonctions agricoles fortement marquées, quelle que soit leur taille ou leur mode de regroupement. Le terme de fermes correspond aux bâtiments ou ensembles de bâtiments associant des fonctions domestiques et agricoles, ces dernières occupant un espace proportionnellement plus important.
L’intérêt de l’étude vise aussi à tenter de mieux comprendre comment fonctionnaient les unités d’exploitation, qu’elles composent des ensembles autonomes sur le terroir (isolement) ou qu’elles soient intégrées à un système plus complexe reliant l’unité agricole à une « tête de pont » implantée dans un système d’habitat groupé, hameau ou village.
On ne trouve dans le repérage qu’une seule ferme en contexte aggloméré, dans le village historique de Blieux même, c’est-à-dire à l’intérieur des fortifications anciennes (REF IA04001229). Dans les autres cas, les fermes considérées sont soit isolées, soit en écart, même si elles appartenaient à des hameaux limitrophes du village : aujourd’hui par exemple le quartier des Ferrajas en fait partie intégrante. Il a même supplanté le village dans le courant du 20e siècle, recevant notamment l’école-mairie (REF IA04001272).
2. Les conditions de l’enquête
Le repérage s’est déroulé sur une campagne à l’été 2008. Le recensement s’est effectué à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1982, ainsi que du cadastre napoléonien levé en 1811 comme point de comparaison permettant d’apprécier l’évolution (inertie formelle, augmentation, diminution, apparition voire disparition) du bâti dans l’intervalle.
Le repérage, exhaustif, a par conséquent concerné l’intégralité des constructions portées sur le cadastre actuel. La différence entre les chiffres fournis par le bâti INSEE et ceux découlant du recensement effectif témoignent de l’écart induit par une prise en compte ciblée donc réduite de la famille prise en compte. En outre, le déclin général de la commune, dont les activités agricoles ont périclité, joint à l’exode rural, ont provoqué une diminution du bâti non exploité et progressivement abandonné. La totalité des bâtiments a été vue au moins depuis l’extérieur, la moitié partiellement ou intégralement dans ses intérieurs. Il faut noter que les fermes qui ne sont pas abandonnées ont parfois subi de profondes modifications qui peuvent s’avérer dénaturantes. Rares donc sont celles qui témoignent d’un état préservé. S’ajoute également le problème de l’isolement. Il n’a pas toujours été permis de savoir qui étaient les propriétaires d’une ferme sise à l’écart de tout habitat groupé. D’une manière générale des questions furent posées aux habitants afin d’obtenir des informations plus précises sur l’organisation intérieure, y compris sur son évolution le cas échéant, même lorsque la visite a été autorisée.
Le repérage s’est basé sur une grille de description morphologique prenant en considération les questions :
- d’implantation du bâti (au sol et par rapport aux autres constructions)
- de répartition des fonctions par niveau
- du nombre d’étages visibles
- de matériaux principaux et secondaire(s) employés ainsi que leur mise en œuvre
- de description des élévations et des baies
- de décor extérieur éventuel
- de mode de couvrement
- d’aménagement intérieur (escalier de distribution, organisation spatiale, cheminées, décor éventuel)
- de datation
- d’inscriptions historiques (dates portées, inscriptions éventuelles)
Cette grille de repérage a donné lieu à l’alimentation d’une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.
Le repérage est toujours confronté à la question de l’état du bâti. Les ruines, typiquement, ne sont pas automatiquement écartées dans la mesure où l’état subsistant n’empêche pas de leur restituer une lisibilité d’ensemble, sur la base des exemples présents et « intacts » observables sur le territoire. En l’occurrence, toutes les fermes repérés sur la commune sont encore debout. Ont également été repérés les bâtiment ayant subi des modifications légères n’entraînant pas de dénaturation. En revanche ceux ayant subi des transformations trop importantes, entraînant une impossibilité à lire les caractéristiques architecturales fondamentales pour l’établissement d’une typologie ont été écartés. Cela concerne les remaniements profonds et récents selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural trop éloignés de ceux de l’architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les aies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d’origine, restructuration intérieure totale ou dénaturante.
II. Les caractères historiques et socio-économiques
Sur les 38 fermes repérées 30 (peut-être 311 pour le bâtiment 1982 Fu 200 au Pointu) – soit près de 80 % – étaient portées sur le cadastre napoléonien levé en 1811 ; il est donc raisonnable de penser qu’elles remontent à la seconde moitié du 18e siècle, au moins. L’absence de documentation interdit de proposer une datation plus précoce, d’autant que l’inertie architecturale – les techniques de mise en œuvre n’ont guère changé pendant l’époque moderne – est un aspect fondamental de l’architecture rurale sur la zone.
L’économie de Blieux reposait essentiellement sur une agriculture de subsistance : céréales (essentiellement du froment). On cultivait aussi les légumes secs (lentilles) et les tubercules comme la pomme de terre en compléments des cultures potagères. La polyculture fruitière (pommes, poires et surtout prunes) ainsi que la production de noix jouait un rôle secondaire néanmoins important sur le plan économique (voir le dossier présentation de la commune, REF IA04001168). L’élevage ovin n’intervenait que pour une faible part comparativement et se limitait à l’exploitation familiale, soit à quelques têtes. La commune servait de zone de transhumance pour les troupeaux ovins.
Le territoire de Blieux est confronté à des écarts d’altitude de l’ordre du kilomètre (entre 822 et 1 930 mètres environ) et les cultures se situent entre 822 et 1 200 mètres (pour les céréales et la lavande sauvage). Cela entraîne, en fonction des lieux, des terres et des expositions, sur une zone naturellement soumise aux aléas climatiques et à des variations élevées, des conditions de production difficiles et des rendements faibles. Les progrès techniques d’ensemencement n’ont pas eu de véritable écho, dans la mesure où le territoire, depuis le second tiers du 19e siècle, a connu un dépeuplement progressif jusqu’à cessation presque totale des activités agricoles. Ne restent plus que quelques éleveurs de gros troupeaux ovins, qui résistent tant bien que mal par une intensification de leur activité. Mais les fermes sont désormais souvent devenues des résidences secondaires et ont perdu tout ou partie de leur spécificité agricole. Certaines sont abandonnées, parfois depuis peu, et menacent ruine.
III. Caractères morphologiques
39 fermes ont été repérées.
1. Implantation et composition d’ensemble
a) Implantation du bâti
Les fermes de la commune sont dans leur immense majorité situées en contexte isolé. Certaines, implantées dans des quartiers ou des hameaux (tels Brige ou les Ferrajas), sont insérées dans un contexte d’habitat groupé (1982 AB 9, 1982 AB 44-46 [non repérée car trop dénaturée], AB 174 et 176, etc…) mais cette configuration opère en définitive à la marge. Car la plupart des quartiers, évidemment agricoles, sont quasi intégralement composés de fermes : ainsi ceux du Bas et du Haut Chaudoul, de Thon ou de Planpinier.
Ceci étant posé on dénombre dans le repéré 35 fermes isolées soit près de 90 % du total repéré contre 4 fermes en écart ou en agglomération. La confrontation des cadastres napoléonien et actuel non plus que l’état des lieux des natures de bâti d’après les matrices cadastrales établies en 1839 ne permettent pas d’évaluer l’évolution de cette répartition (la distinction entre ferme et maison n’était en effet pas établie sur les registres). Mais tenant compte du fait que le maximum démographique fut atteint vers 1830, soit une vingtaine d’année après l’établissement du cadastre napoléonien, on peut raisonnablement penser que le ratio ne varia guère entre les deux dates. En outre, si des bâtiments ont bien sûr disparu en grand nombre depuis la fin du premier tiers du 19e siècle, le phénomène touche tout autant les fermes situées en hameaux que celles qui étaient isolées.
Le sens d’implantation présente une majorité de fermes perpendiculaires à la pente (25, soit près des deux tiers du total repéré) contre respectivement 7 sur terrain plat et 7 parallèles à la pente.
b) Composition d’ensemble des bâtiments
On trouve :
- la ferme à maison-bloc (toutes les fonctions sont regroupées sous le même toit), largement minoritaire puisqu’avec 5 cas elle représente à peine 13 % du total
- l’ensemble composé de bâtiments accolés et/ou disjoints (34 cas2), répartis comme suit (d’après le cadastre napoléonien) :
- sans ordre particulier (23 cas) : on notera que dans cette sous-catégorie apparaissent des bâtiments résultant de rassemblement de parcelles (le cas des fermes occupant actuellement les parcelles 1982 A3 764 ou encore 1982 A3 1129 constituant les cas les plus remarquables – respectivement 5 et 4 parcelles anciennes fusionnées)
- bâtiments disposés en enfilade (5 cas : 1982 A2 534, 1982 AB 243, 1982 AB 248, 1982 B 383, 1982 E2 540 [REF IA04001233 et fig. 19-20)])
- bâtiment en L (4 cas : 1982 AB 223, 1982 E1 144, 1982 E1 314, 1982 E1 408 et 409)
- bâtiment composé d’éléments symétriques (1 cas : 1982 Fu 200, ferme dite du Pointu, avec symétrie axiale [REF IA04001232 et fig. 21])
On constate que la forme bâtiments accolés et/ou disjoints sans ordre particulier domine (près de 70 % du total de la catégorie, et près de 60 % de l’ensemble des fermes repérées).
Dans tous les cas, des édicules (fours, puits, pigeonnier, poulailler) ou des bâtiments agricoles de grande taille (grange, étable, hangar), isolés mais proches de la bâtisse principale, peuvent compléter l’ensemble (par exemple 1982 A3 1129 et 1130). Mais dans la majorité des cas, du moins pour ce que la situation actuelle permet d’appréhender, beaucoup de fermes disposent d’adjonctions accolées au bâtiments principal, y compris modernes (par exemple 1982 A2 620 [REF IA04001226], 1982 A3 1028 [REF IA04001229] ou encore 1982 A3 1304 [REF IA04001227]).
c) Emprise au sol et volumétrie
Dans la mesure où 35 fermes sur les 39 sont en contexte isolé, tenter de distinguer l’emprise au sol et la volumétrie entre celles-ci et les fermes situées en contexte aggloméré n’a guère de sens. On remarque en outre qu’entre 1811 et 1982 l’évolution n’est pas significative ; en revanche, un tiers des fermes sont concernées par des regroupements et des fusions de parcelles anciennes. Il y a donc de ce fait augmentation mécanique de l’emprise au sol ; mais cette évolution traduit le passage d’une multipropriété à une propriété unique, du moins résultant d’une fusion de parcelles préexistantes ; elle n’induit pas de changement car il s’agit du même ensemble architectural3. Cela n’exclut pas bien sûr les adjonctions postérieures, mais il semble bien que ces dernières opèrent à la marge. Plus sûrement, ce sont les bâtiments annexes type entrepôts agricoles – et parmi ceux-ci les hangars sur piliers – qui apparaissent (par exemple pour les fermes 1982 A3 1129, 1982 AB 223, 1982 E1 374-375 ou encore 1982 E2 540). On constate un nombre important des fours privés dans les différents quartiers du village : 12 ont été effectivement observés, dont 10 réservés à des fermes, soit plus du quart des fermes repérées, alors même que leur isolement relatif n’exigeait pas toujours cette fonction (1982 A3 1028, A3 1130, A3 1189, AB 9, AB 153, B 383, C 46-51, E1 22, E1 270, E2 540). Il est fort probable d’ailleurs que cette proportion ait été plus élevée auparavant. Nous ne sommes pas toujours dans le cas d’exploitations si isolées qu’elles devaient assurer leur fonctionnement de manière autonome, à distance d’un hameau dans lequel les ressources étaient mutualisées. Il faut plus y voir un atavisme local qui dénote la complexité des relations entre quartiers. La possession d’une « tête de pont » en hameau rendait parfois caduque la nécessité d’avoir sur ses terres des constructions importantes : des bâtiments ruraux (uni ou multifonctionnels) suffisaient le plus souvent à assurer la bonne marche de l’exploitation agricole. Certaines fermes anciennes témoignent de la mutation de l’économie agricole vers l’élevage ovin intensif dans la seconde moitié du 20e siècle. Ainsi celles occupant la parcelle 1982 A2 620 (REF IA04001226) – une partie ancienne a certainement été détruite et remplacée par une bergerie récente qui occupe significativement la même emprise au sol qu’en 1811 ; celle occupant la parcelle 1982 A2 600 – à laquelle on a associé une bergerie-tunnel en fibre synthétique à quelques dizaines de mètres ; ainsi encore la ferme de la parcelle 1982 AB 223, qui dispose de 5 entrepôts agricoles à proximité immédiate dont deux bergeries – les deux plus grosses annexes – postérieures aux années 1970.
2. Matériaux et mise en œuvre
Le calcaire est omniprésent. Il intervient comme matériau unique à 32 reprises et il est dans tous les cas de figure le matériau prédominant dans la maçonnerie, le grès, le tuf et le parpaing artisanal n’intervenant que de manière complémentaire (respectivement 4 cas, 1 cas et 1 cas). Reste 1 cas indéterminé en raison de l’enduit de couvrement récent. Les murs ne présentent pas d’assise véritablement régulière et les moellons employés sont de taille modeste voire moyenne (par exemple 1982 A3 1129 et REF IA04001228). Les chaînes reçoivent la plupart du temps un traitement soigné ; il existe certes des cas expliquant ce phénomène : la ferme située sur la parcelle 1982 A3 1028 dans le village historique de Blieux (REF IA04001229), a en partie reçu en guise de maçonnerie la pierre de couvrement de l’ancienne tour de guet, laquelle servit ensuite de carrière de pierre pour le village ; la ferme occupant dans le quartier de Thon la parcelle 1982 E2 540, construite en trois étapes, 2 étant postérieures au cadastre ancien, traduit une mise en œuvre plus proche de la fin du 19e siècle, avec le recours à de plus gros moellons équarris. Mais force est de constater que d’une manière générale la chaîne d’angle répond à un type de mise en œuvre traditionnellement soigné sur la commune. Les modules sont liés entre eux par du mortier de gypse à la couleur ocre orangé caractéristique, ou bien par du mortier de chaux. En outre la mise en œuvre s’avère identique. L’enduit à pierres vues domine très largement (25 cas, et 31, soit près de 80 % du total repéré si l’on inclut les mises en œuvre hétérogènes dans lesquelles domine l’enduit à pierres vues. Restent 4 cas d’enduit récent, 3 rustique et 1 lisse.
Les encadrements des fenêtres sont le plus souvent en bois et façonnés (linteau uniquement), y compris pour les baies du logis, le reste étant façonné au mortier (31 cas). Le même traitement est appliqué aux encadrements de porte. La pierre de taille calcaire n’apparaît qu’à 4 reprises (dont 2 mêlant le bois pour le linteau). Les fermes de la commune restent donc de facture modeste. Il existe quelques exceptions toutefois, notamment à la ferme dite du Boudet (1982 B 383 [fig. 22-23])4.
3. Structure et élévation
Dans tous les cas de figure les fonctions domestique et agricole se partagent le même toit, qu’il s’agisse d’une ferme à maison-bloc ou d’une exploitation à blocs accolés.
82 % des fermes sont en pente (32 cas sur 39), ce qui induit la présence quasi systématique d’un soubassement au moins (23 cas, 9 cas avec 2 niveaux de soubassement). 7 fermes sont sur terrain plat. L’homogénéité des niveaux d’élévation est quasi parfaite : les fermes ont en effet toutes trois niveaux, à l’exception d’un cas (la parcelle 1982 E2 540)5.
Le premier niveau est occupé par l’étable, la bergerie ou l’écurie, parfois complété par une réserve alimentaire (cellier). On peut trouver aussi la remise dans la ferme proprement dite. La plupart du temps, celle-ci occupe néanmoins plus volontiers l’un des bâtiments accolés à vocation spécifiquement agricole. On trouve à 4 reprises une pièce de logis en niveau 1. Le deuxième niveau d’élévation est occupé par le logis mais il est aussi souvent accompagné de fonctions complémentaires : fenil, resserre, coffre à grains (1982 AB 153) avec communication directe par une porte intérieure. Le comble est toujours occupé par un vaste fenil qui la plupart du temps occupe la totalité du comble ; cet espace peut aussi servir de séchoir.
On notera que la complexité des adjonctions de bâtiments rend parfois complexe une classification péremptoire par fonction et par niveau, surtout lorsque des modifications ont transformé la disposition intérieure initiale (par exemple pour la ferme située sur la parcelle 1982 A3 1129, REF IA04001228).
La notion d’élévation principale n’est pas un critère pertinent si on la définit par la présence en façade de la porte du logis, car bien souvent cette porte côtoie celle(s) donnant accès aux dépendances. Lorsqu’il y a dissociation, la façade recevant l’entrée du logis n’est pas forcément celle que l’on remarque d’emblée puisqu’elle intervient plus fréquemment sur le côté ou derrière, en rez-de-chaussée surélevé, sur un replat aménagé dans la pente, ou accessible par un escalier extérieur. Les collages, quand ils ne s’inscrivent pas dans le prolongement de l’édifice initial – ce qui constitue sinon la règle du moins une tendance marquée – rendent de toute façon l’ensemble souvent hétérogène sur le plan formel. La régularité n’est pas de mise, puisqu’il faut tenir compte des contraintes topographiques. D’une manière générale les ouvertures sont placées au nord et surtout au sud – la disposition des fermes s’inscrivant dans cette orientation générale –, ce qui peut conduire à des élévations aveugles, notamment à l’ouest. À Blieux, dans le cas des ouvertures au nord, habituellement rares en contexte rural de montagne même peu élevée, car susceptibles d’apporter du froid, le facteur de l’implantation par rapport à la pente joue un rôle important.
4. Couvertures
Les toits à longs pans représentent près de 85 % du total repéré (33 cas), mais l’adjonction de bâtiments mitoyens, sauf à prolonger la pente naturelle du toit (comme au Haut Chaudoul, parcelle 1982 A2 620 ou au Pointu en 1982 Fu 200 par exemple), peuvent induire des couvrements non uniformes parfois complexes, mêlant longs pans et pan unique, dans des directions parfois différentes (3 cas, 1982 A3 1028 dans le village historique par exemple ; REF IA04001229). La tuile creuse constitue le matériau traditionnel de couvrement sur la commune, comme il apparaît encore aujourd’hui pour les fermes repérées (30 cas, soit plus des trois-quarts du total6) ; les combinaisons existent, dans lesquelles des matériaux plus récents viennent s’ajouter à la tuile canal (5 cas [tôle ondulée ou ciment-amiante] et aucun exemple de tuile plate mécanique). À quatre reprises le couvrement moderne intervient de façon unique. Le traitement des avant-toits inclut la présence de génoise sur 1 ou 2 rangs dans 18 cas (respectivement 13 et 1 cas, auquel s’ajoutent 5 combinaisons). On observe par ailleurs le faible nombre de bâtiments présentant une saillie de rive (2 cas seulement). Les rénovations et autres réfections de toitures empêchent cependant de tirer des conclusions péremptoires sans de plus amples informations sur l’histoire des bâtiments concernés. Si l’emploi de la génoise est historiquement attesté pour les fermes l’interrogation sur les proportions demeure.
5. Distribution
a) Le logis
Si l’on se limite aux fermes qu’il a été possible de visiter on dénombre un logis par exploitation agricole mais les exemples de fusion de parcelles modifient la donne et proposent parfois des dédoublements de fonctions. Ainsi la ferme de la parcelle 1982 A3 1129 en possédait au moins 2, de même que la ferme du village historique 1982 A3 1028. Le cadre général semble indiquer que la plupart du temps le logis se trouve sur un niveau unique, mais il est possible qu’une ou deux pièces complémentaires existe(nt), au niveau inférieur en plus du niveau intermédiaire (par exemple 1982 AB 74, ferme dite « le Château », 1982 E1 920 [REF IA04001235) ou bien au niveau supérieur (dans les combles, comme en 1982 A2 620). De fait les exceptions existent évidemment et la ferme sur la parcelle 1982 E2 540 en constitue le cas le plus remarquable de par l’ampleur de sa fonction de logis sur différents niveaux ou demi-niveaux (REF IA04001233). Dans la configuration sur deux niveaux et d’une manière générale la cuisine est en bas, les chambres en haut (par exemple 1982 E1 920). L’accès d’un niveau de logis à l’autre s’effectue par des escaliers intérieurs.
D’une manière plus générale, l’accès aux différents niveaux, sans distinction de fonction, reprend les mêmes principes, et les mêle parfois : escalier intérieur et accès aux parties hautes par l’extérieur grâce à la pente (par exemple 1982 AB 42, 1982 AB 74 ou 1982 AB 307). L’escalier n’est pas indispensable, lorsque la pente le permet (1982 A2 534, 1982 A2 620, 1982 A3 1028, 1982 AB 153, ferme dite des Hautes Bastides 1982 E1 408-409).
L’habitation se compose d’une cuisine qui comprend une cheminée en plâtre très simple (1982 A3 1028, 1982 E2 540, voir le dossier individuel REF IA04001233), une pile d’évier, des placards muraux avec ou sans étagères, une resserre éventuellement et parfois un potager (1982 A3 1304).
Les escaliers de distribution extérieurs sont maçonnés, jamais en bois. Les escaliers de distribution intérieur sont sommaires et maçonnés la plupart du temps, ou mixtes (bois et maçonnerie). La ferme occupant la parcelle 1982 E2 540 constitue une exception, avec un escalier rampe sur rampe (toujours en maçonnerie et bois). Cependant les cas de figure sont tellement nombreux qu’il est extrêmement délicat d’établir des tendances fortes sur un corpus si réduit : escaliers extérieurs, escaliers intérieurs, de formes diverses, avec ou sans couloir d’accès se côtoient sur le territoire communal. Il ne semble donc pas qu’il y ait de tradition architecturale dans ce domaine. En outre, certaines modifications récentes ont entraîné une difficulté de lecture du système initial (par exemple aux Ferrajas ou à Plan d’Asse avec l’escalier d’accès au rez-de-chaussée surélevé des fermes situées respectivement sur les parcelles 1982 AB 9 et AB 223).
On a pu remarquer, à la marge, la présence de coffres à grains aux parois maçonnés qui disposent d’un espace réservé. Il s’agit d’une grand contenant d’environ 1,20 mètres de haut séparé (1982 AB 153 mais il devait en exister d’autres). La hauteur devait assurer les denrées contre les rongeurs. Ces coffres, ou plutôt ces cuves, car l’ensemble n’est pas déplaçable, servaient à la conservation des grains destinés à la confection de la farine.
b) Les dépendances dans le corps de ferme
La remise : elle est très fréquente dans les fermes et de dimensions variables (par exemple en 1982 A3 1028 dans le village historique ; en 1982 AB 243 ou encore en 1982 Fu 200, où elle est importante) ; on la distingue par son système de porte charretière afin de laisser un espace d’une largeur suffisante pour sortir le matériel agricole (type charrette et autres) destiné aux cultures. Sa présence dans le corps de ferme n’empêche pas qu’une même exploitation en possède potentiellement d’autres, dans une ou plusieurs dépendances afférentes, plus ou moins éloignées de la « tête de pont » et en fonction des mutations agricoles (ainsi à la Tuilière en 1982 E1 314, et la très importante remise située sur la parcelle limitrophe 320, qui sert en grande partie même si pas uniquement à l’entreposage du fourrage pour les bêtes d’élevage).
Le fenil : il s’agit d’une pièce destinée à rentrer la récolte et à entreposer le fourrage pour les bêtes qui leur sera distribué pendant la période hivernale. De hauteur variable, il occupe un espace important qui peut équivaloir à la totalité de la surface disponible, et donc servir d’isolant à la partie logis en-dessous. Parfois, il est scindé pour laisser la place à une ou plusieurs pièce(s) d’habitation ou pour obtenir des unités spatiales aux fonctions identiques. Il arrive souvent que le fenil accueille aussi des séchoirs pour faire sécher les fruits, soit pour la consommation locale (les pommes séchées étaient par exemple très appréciées), soit pour la vente (ainsi des célèbres « pistoles » ou prunes séchées par exemple). De grandes baies fenières désignent les fenils de l’extérieur, ainsi que le treuil avec la poulie destinés à monter et à descendre les charges de céréales. On notera que l’intensification de l’élevage ovin a conduit au développement de cette fonction afin de nourrir le bétail.
Chaque ferme ou presque possédait une aire à battre, surface plane à proximité immédiate. L’absence de sol caladé explique toutefois en partie la difficulté à l’identifier parfois de façon précise.
La bergerie, l’étable et l’écurie : on les trouve systématiquement au premier niveau. Les écuries sont plus rares, car la possession d’un cheval ou d’un âne restait onéreuse. Plus sûrement d’ailleurs un même espace servait à garder les différentes bêtes, quitte à scinder le volume par une clôture de bois. Cela semble être par exemple le cas en 1982 AB 153, où tout le soubassement était occupé par les animaux. Dans les fermes plus importantes, il n’est pas rare que plusieurs pièces soient dévolues au stockage du troupeau (ainsi 2 pièces en 1982 E2 540). L’étable accueille l’ensemble du cheptel familial, traditionnellement réduit à quelques têtes, essentiellement ovines, car la vache était rare sur la zone. Les cochons, dangereux et voraces, avaient leur propre espace séparé (ainsi en 1982 E1 920, où une structure autonome attenante au corps principal est dévolue à la porcherie). Le plancher constitue la règle sur la commune de Blieux.
Le sol est en terre battue. Seule la remise-bergerie du dernier bâtiment accolé de la ferme située sur la parcelle 1982 E2 540 semble faire exception à la règle, avec une calade rudimentaire en blocage de moellons calcaire. Plusieurs étables conservent leurs râteliers mobiles en bois et certaines (des bergeries pour l’essentiel) sont encore en activité. Pour les équins, à l’encolure plus haute que les ovins, on trouve des râteliers juchés sur banquettes maçonnés (1982 AB 153). Des abat-foins parfois conservés mettent directement en relation le fenil avec l’étable (ferme du Taillet, 1982 A3 924-925).
c) Autres dépendances, physiquement séparées
Les fermes de type accolées étant majoritaires (33 cas sur 39), les dépendances sont souvent intégrées au corps de ferme (remise, bergerie, porcherie, éventuellement four à pain, voir supra). Mais il existe aussi des bâtiments dissociés ; leur proximité immédiate du corps de ferme concerné les identifie comme dépendance, mais il est certain qu’il en existait d’autres – c’est certainement encore le cas aujourd’hui –, éloignés, sur d’autres terrains relevant de la même exploitation, rattachés à la même ferme. Les exemples d’exploitation conservées avec tous leurs éléments constitutifs ne sont donc pas légion, si l’on excepte les constructions modernes de type hangar agricole comme à Plan d’Asse (1982 AB 223). On y trouve outre la ferme les différents entrepôts agricoles s’échelonnant dans le temps, toujours plus récents à mesure qu’on s’éloigne du corps principal : bûcher, poulailler, remise, les deux dernières constructions, une réserve de fourrage et une bergerie, identifiant bien la mutation de l’économie agricole locale, avec le développement de l’élevage ovin intensif dans les années 1970-19807. On observe également ailleurs des entrepôts de forme hangar sur piliers pour l’entreposage du fourrage (1982 A3 1130 [fig. 24], 1982 E1 374).
Ces entrepôts agricoles ont été repérés bien qu’ils dépendent directement et sans erreur possible d’une ferme identifiée (on ne prend en considération que les entrepôts relevant de fermes repérées) : ils recourent aux matériaux traditionnels (calcaire) lorsqu’ils sont anciens comme c’est le cas pour les dépendances de la ferme occupant la parcelle 1982 E1 920 (1982 E1 904-9058 et 918), sinon ils utilisent des matériaux modernes : parpaing artisanal (hangar agricole de la ferme en 1982 E1 374-375, de béton (en 1982 AB 223), charpente métallique (idem), couverture moderne (tôle ou ciment-amiante).
Les fermes isolées pouvaient aussi disposer d’un four indépendant du corps principal : c’est le cas au Bas Chaudoul en 1982 A3 1129, ruiné aujourd’hui, transformé en bûcher, ainsi qu’à Thon en 1982 E2 540.
6. Décor
L’habitat de la commune est très modeste. Les décors de façades sont rares et se limitent à des avant-toits avec génoise à un ou deux rangs (6 cas), mais la réfection de certaines toitures induit des décorations non originales. On ne distingue aucun décor peint sur les fermes de la commune. Un cas unique émerge de l’ensemble du corpus repéré : la ferme du Taillet (1982 A3 1924-1925, REF IA04001241), dont le soubassement de l’escalier présente une ordonnance tripartite en pierre de taille. Il s’agit d’une particularité due à la famille occupant la ferme et qui lui a donné son nom : le propriétaire étant à la fois agriculteur et tailleur de pierre, il a souhaité agrémenter sa façade d’une décoration sobre mais élégante, qui n’est plus visible aujourd’hui, puisqu’une annexe a été ajoutée et abrite la bergerie en niveau de soubassement.
Quelques fermes disposent de dates portées, notamment deux dans le quartier de Thon : en 1982 E1 920 d’abord, où 2 dates sont inscrites : "1866 G" en gouttereau au-dessus de la porte d'accès au logis ; "1864" sur façade pignon au-dessus de l'entrée de l'ancienne remise. En 1982 E2 540 ensuite où pas moins de 4 chronogrammes sont discernables en différents points de la ferme : 1854 gravé sur une pierre de cheminée, 1867 écrit à la peinture jaune, 1881 pyrogravé sur un volet en bois destiné à obturer de l’intérieur un rucher placard ; 1932 enfin, sur le pignon oriental du dernier bâtiment accolé à l’ensemble de la ferme9. Les dates ne renseignent que ponctuellement et partiellement ; elles ne donnent pas toujours une datation du bâtiment ou de la portion du bâtiment portant l’inscription. Il convient quoi qu’il en soit de les considérer avec circonspection. De même, les chronogrammes gravés sur des pierres insérées dans la maçonnerie ne sont pas des datations complètement fiables si le support recevant la date diffère du matériau employé pour la mise en œuvre globale du bâti ou si la portion de mur sur laquelle s’insère la date a fait l’objet d’une restauration, même relativement ancienne.
7. Typologie des formes d’exploitations
On peut a priori discerner trois formes d’exploitation sur la commune de Blieux :
a) L’exploitation autonome
Celle du Pointu (1982 Fu 200) ou du Boudet (1982 B 383) illustre cette catégorie de fermes isolées disposant de terrains agricoles alentours ainsi que de dépendances pour subvenir à leurs propres moyens. L’isolement ne signifie pas pour autant inaccessibilité : les deux fermes concernées sont l’une comme l’autre à proximité d’un axe de circulation : le chemin reliant le quartier de Chaudoul à celui du village de Blieux, le long de l’Asse pour le premier, le chemin de Brige pour le second. La ferme du Boudet – qui apparaît sous la dénomination « Bastide Boudée » sur le cadastre napoléonien de 1811 – possédait même un four, disparu aujourd’hui. En ce qui concerne la ferme de la Clue, le réseau élaboré d’irrigation, avec ses martelières pour arroser selon les besoins les prés de fauche et autres plantations, propose un raffinement dans le système d’exploitation essentiellement basé sur l’élevage.
Carte 1. - L’exploitation autonome : ferme du Boudet (actuellement 1982 B 383 ; 1811 B2 413, 416).
b) Le regroupement familial dans le(s) hameau(x) agricole(s)
Cette forme est notamment observable dans deux hameaux proches l’un de l’autre mais distants de plusieurs centaines de mètres du village historique : les « Bastides de Plan d’Asse » à proximité de l’Asse de Blieux, et donc sur un terrain en pente très douce menant vers le cours d’eau, d’un côté ; le hameau de Brige, situé légèrement plus en hauteur mais surtout sur un terrain plus pentu, de l’autre. La comparaison des cadastres anciens et actuels permet d’apprécier la très grande stabilité dans l’emprise au sol des constructions. Ces deux hameaux à vocation exclusivement agricole étaient composés de plusieurs fermes auxquelles il convient d’ajouter une ou deux maisons pour Brige, sans dépendances agricoles distinctes représentées en 1811, sans doute en raison de la concentration dans les fermes accolées de plusieurs dépendances agricoles intégrées. La parcelle 1982 AB 173 à Brige par exemple réunit sur 4 niveaux dont 3 de soubassement les fonctions de bergerie, d’étable, de remise et de fenil, ainsi que d’habitation dans une partie indépendante de la même parcelle bâtie. L’économie agricole évoluant, les dépendances sont apparues : on compte ainsi un hangar sur piliers pour l’entreposage du fourrage ainsi qu’une bergerie moderne en plus à Brige aujourd’hui. À Plan d’Asse, les dépendances de la ferme située en 1982 AB 223 se sont beaucoup développées (voir plus haut).
La caractéristique de ces hameaux composés essentiellement voire exclusivement (pour Plan d’Asse) de fermes (ou « bastides » sur le cadastre ancien) tient à ce que leurs propriétaires respectifs appartiennent tous à la même famille. Fait plus remarquable encore, on s’aperçoit en étudiant les matrices cadastrales que cette caractéristique s’étend aux deux hameaux – chaque parcelle bâtie appartient à un représentant de la famille Hermelin. Il est donc indubitable que ces deux rassemblements agricoles témoignent d’une forme de regroupement qui déborde le cadre du hameau unique : si chacun dispose de sa ferme ou d’un logis propre, l’ensemble « hameau » demeure la « propriété » des membres d’une même famille. Il faut donc conclure à une mutualisation des ressources, à l’échelle cette fois non pas d’un mais de deux hameaux, phénomène qui a pourrait avoir eu tendance à créer un effet « clanique » de repli sur soi entre les différents quartiers et jouer sur l’ambiance générale médiocre des relations dans la commune.
c) Proximité de fermes en contexte isolé
Il s’agit de fermes en contexte isolé mais relativement proches les unes des autres ; indépendantes sur le plan fonctionnel, elles devaient être en relations, éventuellement conflictuelles d’ailleurs, car exploitant des terres sur un périmètre réduit. C’étaient par exemple en 1811 à Thon les « bastides » Cauvin, Guichard, Audibert, ou au Bas Chaudoul les « bastides » Guichard, Bondil, Chauvin, Hermellin ou Isnard. Il faut également supposer d’autres biens fonciers agricoles éloignés de ces « têtes de pont » avec certainement une dispersion très étendue sur le territoire communal (voire extra-communal) des terres relevant des exploitations afférentes, et donc des bâtiments (granges, remises, hangars…) associés.
Carte 3. - Fermes isolées sur un périmètre réduit (quartier de Bas Chaudoul).
IV. Classification
La faiblesse du nombre de fermes en état d’être repérées sur le territoire conduit à une classification extrêmement simple comportant deux catégories sur les trois prédéfinies :
- F1 : ferme à maison-bloc à terre (0 repérée, 0 sélectionnée)
- F2 : ferme à maison-bloc en hauteur : (5 repérées, 1 sélectionnée)
- F3 : ferme à bâtiments accolés et/ou disjoints (34 repérées ; 9 sélectionnées)
Légende du tableau de repérage :
Implantation
- PA : Parallèle à la pente
- PL : Terrain plat
- PP : Perpendiculaire à la pente
Composition :
- BLOC : maison-bloc
- E : enfilade
- L : en L
- DIS : disjonction
- SOP : sans ordre particulier
- SYM : symétrie
Annexe (considérée comme dépendance distincte du corps de ferme) :
- O : Oui
- N : Non
- B : Bergerie
- Bû : Bûcher
- E : Étable
- EA : Entrepôt agricole
- F : Four
- Fe : Fenil
- H : Hangar
- L : Logis
- M : Maison
- P : Puits
- Po : Porcherie
- Pou : Poulailler
- R : Remise
- S : Séchoir
- le sigle « / » mentionne des fonctions simultanées dans une même annexe
- ? : Interrogation sur la nature de l’annexe
- italiques : désignent les annexes mentionnées sur le cadastre napoléonien et/ou mentionnées de mémoire d’homme par témoignage oral sur le terrain pendant la campagne mais désormais détruites ou dénaturées.
Beaucoup d’interrogations demeurent au terme de cette étude dont il faut souligner le caractère partiel. L’absence de recours systématique aux sources historiques, mais également les limites de la lecture architecturale et morpho-chronologique de l’évolution du bâti sur place laissent de nombreuses questions en suspens. L’impossibilité de remonter en-deçà du cadastre napoléonien (1838) ne permet pas de se faire une idée même vague de l’habitat avant la seconde moitié du 18e siècle. La volonté de statuer sur un état supposé originel est lui aussi sujet à caution dans la mesure où il apparaît presque toujours vain non pas de dater mais de simplement préciser les différentes étapes de construction du bâti (par exemple les communications intérieures, leur percement et leur éventuelle condamnation). Les informations croisées de la documentation disponible et du terrain sont indispensables pour affiner l’appréhension d’un bâti qui la plupart du temps, pour de l’architecture vernaculaire, continue à nous échapper largement. En ce sens, les hypothèses crédibles sont utiles et nécessaires, mais il convient de leur conserver ce statut, car les incertitudes continuent à dominer, et la vérité du terrain se charge d’apporter aux croyances établies, le cas échéant, des démentis qui imposent la modestie.
TABLEAU DES FERMES REPÉRÉES
(en gras et sur fond bleu les 10 fermes faisant l’objet d’un dossier Mérimée) :
Lieu-dit | Cadastre | Implantation | Composition | Annexe | Type |
Barre de l’Échelette (Sous la) | 1982 A3 1129 ; 1811 A3 2505, 2506, 2509 et 2514 | PA | DIS/SOP | O (EA : F/Bû/H/R | F3 |
Barre de l’Échelette (Sous la) | 1982 A3 1304 ; 1811 A3 2467 | PP | SOP | N | F3 |
Bas Chaudoul (le) | 1982 A3 764 ; 1811 A3 1962, 1965, 1966, 1975 et 1976 | PP | SOP | N | F3 |
Bas Chaudoul (le) | 1982 A3 779 ; 1811 A3 2105 ? | PA | DIS/SOP | O (EA : R/E ?) | F3 |
Boudet (le) | 1982 B 383 ; 1811 B2 413, 416 | PL | SOP | N | F3 |
Brige | 1982 AB 248 | PP | SOP | N | F3 |
Brige | 1982 AB 153 ; 1811 B1 203 | PP | - | O (Pou ?/F) | F2 |
Brige | 1982 AB 171 | PP | SOP | N | F3 |
Brige | 1982 AB 174 et 176 ; 1811 B1 218, 226 et 228 | PP | DIS/SOP | O (EA : B) | F3 |
Canal du Moulin (Sous le) | 1982 A3 1154 ; 1811 A3 2461 | PP | - | N | F2 |
Castelle (la) | 1982 C 46, 51 ; 1811 C 117 | PP | DIS/SOP | O (EA : B/R/F)* | F3 |
Ferrajas (les) | 1982 AB 9 ; 1811 B2 896 | PP | DIS/SOP | O (EA : R/Po/F) | |
Ferrajas (les) | 1982 AB 42 ; 1811 B2 891 | PP | SOP | N | F3 |
Ferrajas (les) | 1982 AB 74 | PP | SOP | N | F3 |
Haut Chaudoul (le) | 1982 A2 534 ; 1811 A2 1833 | PP | E | N | F3 |
Haut Chaudoul (le) | 1982 A2 600 ; 1811 A2 1900 | PP | SOP** | O (B) | F3 |
Haut Chaudoul (le) | 1982 A2 620 ; 1811 A2 1917 | PA | SOP | N | F3 |
Plan d’Asse | 1982 AB 206 | PP | BLOC | N | F2 |
Plan d'Asse | 1982 AB 223 ; 1811 B1 301 | PP | DIS/SOP | O (H : B/Bû/Po/Pou/R) | F3 |
Plan d’Asse | 1982 AB 230 ; 1811 B1 292, 296 | PP | SOP | O (H : Fe/R) | F3 |
Plan d'Asse | 1982 AB 243 ; 1811 B1 281 et 285 | PP | E | N | F3 |
Plan d'Asse | 1982 AB 248 ; 1811 B1 269-270 | PP | E | O ? | F3 |
Planpinier | 1982 E1 22 ; 1811 E1 208, 211 et 213 | PA | SOP | O (F) | F3 |
Planpinier | 1982 E1 41 | PL | SOP | N | F3 |
Planpinier | 1982 E1 84 | PP | SOP | N | F3 |
Planpinier | 1982 E1 93 ; 1811 E1 74 | PP | SOP | N | F3 |
Planpinier | 1982 E1 144 ; 1811 E1 174, 175 et 176 | PP | L | N | F3 |
Planpinier | 1982 E1 286 ; 1811 E1 564 | PL | BLOC | N | F2*** |
Pointu (le) | 1982 Fu 200 ; ? | PA | SYM | O (EA : R) | F3 |
Souche (la) | 1982 E3 761 ; 1811 E3 1299 | PA | SOP | O ? | F3 |
Taillet (le) | 1982 A3 924-925 ; 1811 A3 2323 | PA | BLOC | N | F2 |
Thon | 1982 E1 314 ; 1811 E1 675 | PL | L | O (H : Fe/R/B) | F3 |
Thon | 1982 E1 331 ; 1811 E1 601 | PP | SOP | O (H : R) | F3 |
Thon | 1982 E1 374 et 375 . 1811 E1 525, 526 et 528 | PL | SOP | O (H : Fe) | F3 |
Thon | 1982 E1 393, 394 et 395 | PL | SOP | N | F3 |
Thon | 1982 E1 408 et 409 ; 1811 E1 456 et 457 | PP | L | N | F3 |
Thon | 1982 E2 540 ; 1811 E2 733 | PP | E | O (F/H : Bû) | F3 |
Tuilière (la) | 1982 E1 904, 905, 916, 917, 918, 919, 920 1811 E1 692 et 700 | PL | BLOC | O (EA : Po/R/B E) | F3 |
Blieux (le Village) | 1982 A3 1028 ; 1811 G 21-22 | PP | SOP | N | F3 |
* anciennes dépendances de la ferme, aujourd’hui transformées en gîtes
** il y a disjonction avec l’ajout de la bergerie tunnel mail il s’agit d’une dépendance récente
*** ajout d’une remise surmontée avec toit-terrasse surmonté d’un toit qui prolonge la pente naturelle du toit du bâtiment initial, mais cet ajout est récent
****le corps de ferme principal est bien une maison-bloc en hauteur, mais les dépendances de l’exploitation la font relever de la typologie F3.
-
Période(s)
- Principale : 18e siècle
- Principale : 19e siècle
- Principale : 20e siècle
-
TypologiesF1 : ferme en maison-bloc à terre ; F2 : fermes en maison-bloc en hauteur ; F3 : fermes à bâtiuments accolés et/ou disjoints
-
Toitstuile creuse, tuile plate mécanique, ciment amiante en couverture, tôle ondulée
-
Murs
- calcaire moellon
- bois
- enduit
- parpaing de béton
-
Décompte des œuvres
- bâti INSEE 73
- repérées 39
- étudiées 12
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).
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