Dossier d’œuvre architecture IA00064497 | Réalisé par
Gontier Claudie (Contributeur)
Gontier Claudie

Ingénieur d'étude-chercheur au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1974 à 2015.

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  • inventaire topographique
Commanderie, Château Fort de Templiers dit le Château Vieux
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Dracénie Provence Verdon agglomération - Vidauban
  • Commune Vidauban
  • Lieu-dit Astros
  • Cadastre 1834 A 80 à 83  ; 1951 A 183, 184
  • Dénominations
    commanderie, château fort
  • Genre
    de chevaliers de la milice du Temple
  • Appellations
    le Château Vieux
  • Destinations
    ferme
  • Dossier dont ce dossier est partie constituante
  • Parties constituantes non étudiées
    étable à chevaux, grange, colombier, chai, aire à battre, bassin, parc, aqueduc, hangar agricole

I. HISTORIQUE

1. Le domaine : un ensemble

Le Château Vieux est une constituante du domaine des châteaux d'Astros situé au nord de Vidauban, juste après l'Argens. Celui-ci se compose d'un territoire de 850 hectares en partie cultivé (vignes et pommiers) sur lequel est construite une bastide du 17e siècle, appelée le château vieux, par opposition au château du 19e siècle, le château neuf, un peu plus au sud. Au nord-est de la bastide, se trouve la chapelle Saint-Lambert, près de laquelle surgissait une source miraculeuse, guérissant les maladies de peau, vénérée depuis au moins le 16e siècle. L'origine de cet ensemble est une bastide attestée dès 1237, possession des Templiers, puis des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qui l'érigèrent en commanderie en 1631. Dès lors, les différents commandeurs contribuèrent à l'augmentation du domaine et de ses revenus, à commencer par le seigneur de Guitaud qui fit construire le château vieux et son pigeonnier en 1637-1638. Plusieurs bâtiments agricoles et logements de fermiers environnaient alors le château, dont la plupart subsistent encore.

Le Château Vieux présente un plan en L, avec ouvertures en croisées. Une aile de communs, anciennes écuries et greniers, ainsi qu'un logement de fermier accessible par un escalier extérieur, sont placés au nord, constituant une cour jadis fermée par un mur crénelé. Le portail d'entrée, sur l'aile ouest, ouvre sur un escalier entièrement voûté. Au rez-de-chaussée, à droite, une cuisine et une resserre. A gauche, dans l'aile sud, une grande salle entre deux petites pièces. Tout le niveau est voûté. A l'étage, plusieurs chambres et au-dessus des greniers. Au 18e siècle, une pièce située entre la cuisine et la chambre au-dessus servait de prison et l'extrémité de l'aile nord d'auditoire de justice. Une petite chapelle, dédiée à saint Jean-Baptiste, était accolée à l'aile sud du château. L'intérieur du pigeonnier semble avoir été refait au 18e siècle.

Le château est maintenu en état au long des 17e et 18e siècles, hormis la transformation de la grande salle en moulin à huile, jusqu'à sa vente en 1792 comme bien national. Il est alors acheté par un notaire marseillais qui le revend en 1802 à un fabricant de savon, également marseillais, Maximin Martin. Celui-ci fait construire en 1824 les deux ponts-aqueducs qui permettent au canal d'irrigation (déjà existant au 17e siècle) de franchir deux vallons, dont celui de Saint-Lambert.

2. Le domaine du Château Vieux

a. L'Ancien Régime

La bastide d'Astros est attestée en 1237 parmi les possessions des Templiers1. Elle dépend de la commanderie du Ruou et est portée sur le compte des décimes de 12742. Elle devient ensuite propriété des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et dépend du grand prieuré de Saint-Gilles. En 1496, le notaire de Lorgues, Antoine Talamer est nommé baile et greffier pour les juridictions de Lorgues, Astros et Salègues3. La famille Talamer restera dans ces fonctions jusqu'à la fin du 17e siècle.

En 1612, le membre d'Astros, dépendant de la commanderie de Marseille, est tenu par le commandeur François de Vintimille d'Ollioules et fait l'objet d'une visite générale, le 8 décembre4. Celle-ci a pour but de vérifier l'état du domaine, de ses bâtiments et d'en améliorer le rapport pour l'ordre des Hospitaliers. Cette visite très détaillée nous apprend que le terroir est de forme ronde, d'une lieue de diamètre environ et contient une chapelle champêtre et quatre métairies. La plus basse (c'est-à-dire la plus proche de Vidauban) est celle du Pist, une maison sans cheminée et une grande bergerie, qui fait encore partie du domaine aujourd'hui.

La deuxième métairie visitée est appelée « la Bastide haute », consistant en deux maisons où logent les métayers, dont l'une comporte une grande écurie voûtée surmontée par deux chambres, sans cheminée. Les deux édifices sont en très mauvais état, sans portes ni fenêtres « qui vaillent » et des planchers et couvertures à refaire. Ce sont très probablement les bâtiments qui ont précédé l'actuel Château Vieux.

En mai 1631, une requête est adressée au Grand Commandeur et chapitre général des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, afin que le membre d'Astros soit érigé en commanderie5. En effet, à cette date dans la Langue de Provence, le nombre des chevaliers est si grand qu'ils ne peuvent être pourvus d'une commanderie qu'après trente-cinq ou quarante ans d'ancienneté et les chapitres des prieurés de Saint-Gilles et de Toulouse demandent à ce que plusieurs commanderies soient démembrées. Une seule demande peut être acceptée et il est proposé d'ériger en commanderie le membre d'Astros dépendant de la commanderie de Marseille, et d'y adjoindre le membre de Saint-Pierre de Camp Public (près de Beaucaire) et les censives de Beaucaire dépendant du prieuré de St Gilles6.

Il est également précisé que le frère Jacques de Lanségur, secrétaire de son Altesse, qui possède le membre d'Astros « y veut bastir une maison iusques à la valeur de mille cinq cens escus de quatorze tarins pièce, à condition de iouir sa vie durant dudit membre en titre de commanderie ».

La demande d'érection en commanderie est acceptée le 18 mai suivant, mais le frère de Lanségur n'accède pas au titre de commandeur puisque lors de la visite générale de 1634, c'est Pierre de Guitaud qui possède Astros7. Le domaine ne paraît pas avoir changé depuis trente ans et les constructions mentionnées en 1612 sont toujours en mauvais état, mis à part les couvertures en tuiles.

Il faut attendre le 12 septembre 1637 pour que soit donnée à prix-fait la construction de la « maison seigeuriale ou château » de la commanderie d'Astros, nommée « des Trous » dans ce document8. L'écuyer Honoré Talamer, de Lorgues, mandataire du commandeur Charles de Comminges, sieur de Guitaud (par ailleurs gouverneur du roi aux Iles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat), passe contrat avec Jean-Louis et Jacques Deydier père et fils, Antoine Minasse, Jean et Jacques Proual, frères, et Jean Burle, tous maîtres-maçons de la ville de Lorgues, devant le notaire cannois Blaise Calvi.

Il faut refaire les quatre murs du château, avec des murs en maçonnerie d'un mètre d'épaisseur et des chaînes d'angle en pierre de taille, plus larges jusqu'au premier plancher qu'en haut.

Les fenêtres à encadrement de pierre de taille seront garnies de grilles en fer au niveau inférieur dit les « offices plus bas ».

L'escalier en pierre de taille sera à double repos, avec une rampe à balustres9 ; il sera couvert d'une voûte. La porte de la salle sera également en pierre de taille, sur le dessin fait par le sieur de Guitaud.

Le premier étage (en fait le rez-de-chaussée) doit être voûté d'arêtes retombant sur des piliers en pierre de taille et les murs des « offices » en dessous, en maçonnerie propres à les soutenir jusqu'au premier plancher. Une cave, située au sud entre le rocher et une bergerie, sera également voûtée pour venir à « plan pied des offices plus bas ». Il est aussi question d'abattre les vieux murs et une étable qui se trouvait contre le mur nord (du château ?).

Enfin, il faudra fermer la basse-cour du côté est par un mur crénelé. Ceci nous indique que la bastide présentait déjà un plan en U, dont le seul côté ouvert était celui de l'accès à l'est. La fermeture des baies inférieures par des grilles de fer et la clôture de la cour sont les témoins de l'insécurité qui régnait alors, accrue par l'isolement d'Astros.

Le contrat précise que la pierre de taille proviendra d'une « mine » située près de la bastide du Pist, au sud. Cette bastide est I 'une des deux métairies installées sur le domaine, avec celle des Iscles. Car la commanderie est un immense domaine agricole destiné à assurer de confortables revenus à l'Ordre et au commandeur. Tout est exploité, bois, prés, vignes, oliviers, figuiers, troupeaux etc. et le privilège seigneurial de la détention d'un pigeonnier contribue aux recettes.

Le 31 juillet 1638, le juge Balthazar Talamer donne à prix-fait à trois des maîtres-maçons qui ont travaillé au château, Antoine Minasse, Louis Deydier et Jean Burle, de reconstruire un pigeonnier « Sive collombier... à cousté dudit chasteau des Trous aux qualités suivantes »10.

Le pigeonnier sera rond en forme de tour avec un diamètre intérieur de quatorze pans, soit entre 2,80 et 3,50 m. Les murs s'élèveront à 4 cannes de hauteur (8 m.) et les « maisons des pigeons », au moins trois cents, seront placées à 2 m. au-dessus du sol et faites avec des lauzes carrées sur chaque côté. Il sera entièrement blanchi à la chaux, intérieur et extérieur.

Des ouvertures circulaires seront percées pour l'entrée et la sortie des pigeons, sur les deux niveaux. La porte d'entrée sera en pierre de taille et aura trois pans de largeur et sept pans de haut.

Au-dessus du toit couvert de tuiles, une murette de deux pans et demi de hauteur sera établie sur la moitié du pigeonnier.

Les travaux devront être terminés en deux mois et demi et coûteront 980 livres, somme importante puisqu'elle représente plus du cinquième de celle de prévue pour la construction du château.

Le domaine de la commanderie continue à être doté de sources de revenus avec la plantation d'une vigne de quarante-cinq fosserées et de 1300 oliviers, ainsi que de plusieurs figuiers.

L'ensemble sera entouré de murs en pierre, hauts de 1,25 m. et épais de 75 cm.

La somme globale est de 1450 livres et c'est Talamer le prixfacteur, le 12 novembre 163811.

La visite générale de 1649 (voir en Annexe) donne une description par le menu des nouvelles constructions, qui font l'admiration des deux visiteurs et correspondent exactement à ce qui subsiste aujourd'hui : deux corps de logis « en forme de potance », avec en bas une salle basse entre deux chambres, une cuisine (munie d'un four) et une réserve, le tout voûté ; au premier étage, des chambres et au dernier, un grenier ; une grande cave voûtée. Les étages sont desservis par un bel escalier en pierre de taille et les pièces sont munies d'une « quantité de fenestres en croisières toutes vittrées et de belles portes ». Le tout aurait coûté 20.000 livres au commandeur de Guitaud12

Contre le sud du château, une grande bergerie et, à l'est, plusieurs bâtiments pour le logement des métayers et de leurs bêtes, ainsi que des fenils. La vigne plantée par le commandeur, entourée d'un mur de pierres sèches, comporte aussi 1500 oliviers et a coûté 6000 livres. L'ensemble du domaine procure alors une rente annuelle de 3000 livres.

En 1692, les seules réparations mentionnées pour le château sont le renouvellement de quatre portes et la réfection ou la création de fenêtres à croisées, ainsi que l'entretien des toitures. Le commandeur Anselme de Cays a également fait faire sans obligation « trois cent cannes de murailles pour former un chemin du château à la chapelle Saint-Lambert »13. Cette chapelle bénéficie de toute son attention car il vient de la faire reconstruire (référence du dossier = IA00064525).

De plus, pour satisfaire à l'ordonnance de la visite de 1688, il a fait creuser trois cannes et demi dans le rocher pour faire un canal pour arroser les prés, et il a fait réparer et nettoyer le reste du canal. C'est la première mention de ce canal d'arrosage encore en usage et qui a contribué à augmenter les revenus de la commanderie de 400 livres comme l'indique la visite suivante.

La visite du 18 mai 170614 nous apprend l'existence d'une chapelle « pour la comodité dudit sieur comandeur », à l'entrée du château, à l'est. Elle est dédiée à saint Jean Baptiste et ornée d'un tableau représentant ce saint, avec les armoiries du commandeur de Cays, et d'un autre représentant la Sainte Vierge.

Les réparations concernent surtout les bâtiments agricoles et l'on mentionne la construction d'une aire à battre pavée de 564 cannes carrées. Le pigeonnier est bien garni.

Le canal a été entretenu, mais les eaux charrient du sable qui est néfaste aux prés et le commandeur propose de faire construire un réservoir alimenté par une source qui arrose déjà des près et « chenevières ». Mais sa proposition est refusée car le débit d'eau est insuffisant pour les deux usages.

Le domaine a considérablement augmenté en un siècle et contient « terres labourables, prés, vins et bois remplis de quantités de chaines vert et pins, où il y a diverses éminences, couteaux et vallon de très grande étendue et pouvant contenir environ quatre lieues de circuit ».

En 1732, sont refaits le four de la cuisine et une « étable à pourceaux », près de l'étable des boeufs ; une grande « étable des chèvres » est également réparée. Cette mention est intéressante, car l'autorisation d'élever des chèvres n'était pas donnée facilement à cause des dégâts qu'elles occasionnaient aux bois. Dans le but d'optimiser les cultures, de nombreux murs de soutènement des terres en coteau sont construits et ceux de l'enclos vigne-oliviers sont refaits à neuf15.

La vigne et les oliviers de « l'enclos du château » sont encore mentionnés dans la visite de 1740 et en 1742 : « un claux considérable agrégé d'oliviers, de vignes vieilles et figuiers. ».

En 1742, un procès verbal d'arpentage et de bornage d'Astros donne une description précise du château, ainsi que du domaine16

La porte d'entré du château est à l'est ; elle donne sur un escalier par lequel on descend à une cave « tournant vers le septentrion » ; sur le côté sud, un grenier à blé et une pièce contiguë à l'ouest. L'ensemble est voûté, de même que l'escalier entier, garni de marches en pierre.

Au rez-de-chaussée entièrement voûté, côté nord, il y a la cuisine et une pièce, avec côté est, un petit cabinet non voûté. Sur le côté sud, une grande salle est encadrée par deux pièces.

Les deux étages supérieurs ne sont pas voûtés et comportent plusieurs chambres. Sur le côté est, d'un petit cabinet fort étroit, on descend par une échelle en bois dans un second cabinet « qu'on appelle les prisons ».

Il y a également une chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste à l'extrémité est du château et, non loin, un four à pain.

Sur le côté nord, est accolé un bâtiment composé d'une écurie et grenier, mitoyen avec un second qui comporte deux pièces accessibles par un escalier extérieur, à l'est. Ces deux pièces sont au-dessus de deux écuries voûtées, une grande et une petite.

En contrebas du côté sud, un long bâtiment abrite trois bergeries dont les entrées sont au sud. A une vingtaine de mètres à l'est de ces bergeries, se trouvent deux écuries surmontées de greniers à foin et une porcherie.

Enfin, à une centaine de mètres du château, se dresse un pigeonnier de forme ronde et, au nord, une aire à battre de forme carrée, construite en 1702.

L'irrigation du domaine agricole est toujours assurée par le captage des eaux de l'Argens près de la bastide des Iscles et par un canal. De plus, une fontaine au-dessous du château permet d'arroser les terres qui doivent l'être.

Les visites de 1769 et de 178417 ne mentionnent pas grand changement, si ce n'est l'aménagement de la grande salle basse en moulin à huile, dont subsiste encore la chapelle du pressoir. Les pièces de l'extrémité est de l'aile nord sont appelées « auditoire de justice ». La visite de 1784 est encore plus détaillée que celle de 1742.

Le plan de bornage de 1769 détaille toutes les parties du domaine, avec en marge, les représentations du château, du pigeonnier et de la chapelle Saint-Lambert.

La carte de Cassini, dressée à la fin du 18e siècle, signale simplement la commanderie d'Astros.

b. Après la Révolution

A la suite de la confiscation des biens des Hospitaliers, le domaine d'Astros est acheté le « sept messidor an quatre » par le notaire marseillais François Seytres qui ne peut le payer et doit le revendre en 1802, à Maximin Martin, fabricant de savon marseillais, pour la somme de 75.000 F18.

Le domaine consiste alors en « sept millions deux cent mille mètres quarrés » : « terres cultes et incultes, pré, vignes, oliviers, chênes verts, glandage, pins, avec les bâtimens y contenus ; il confronte du levant la terre de Taradel, du midi et couchant, la rivière d'Argens et du nord le territoire de Lorgue ». Il était légèrement moins important que le domaine actuel, qui comporte 850 hectares.

En 1824, Monsieur Martin reçoit par une ordonnance royale l'autorisation de déplacer en amont la prise d'eau établie sur l'Argens pour l'irrigation de son domaine « afin d'obtenir une plus grande quantité d'eau et d'y établir des usines par la suite ». Cette autorisation est donnée sous réserve que le concessionnaire fasse réaliser dans un délai de deux ans les travaux nécessaires à l'irrigation de son domaine19. C'est donc de cette époque que datent les deux ponts-aqueducs encore visibles sur le domaine.

Le plan cadastral de 1834 révèle la présence d'un grand réservoir d'eau au sud du vieux château.

Après l'achèvement du nouveau château vers 1865, le vieux château sert d'exploitation agricole. Le salon de l'extrémité est de l'aile sud est aménagé en cuve vinaire. Dans les années 1930, l'ancienne bergerie du sud est détruite pour installer une cave vinicole. L'édifice a été rendu à l'usage d'habitation dans les années 1950 et a subi quelques modifications : transformation d'une fenêtre en porte-fenêtre dans la grande salle et création de la terrasse sur laquelle elle ouvre ; adjonction d'un larmier au-dessus de cette ouverture et de sa voisine. Ouverture ou modification de deux portes dans l'étage de soubassement, sur la façade ouest. Le cordon séparant deux niveaux semble avoir été refait. Une cheminée a été ajoutée dans la grande salle. Certaines pièces ont été réduites par un faux-plafond, les menuiseries de portes changées.

Le domaine du vieux château était la propriété de M. Christian Maurel jusqu'à son décès, avant de revenir à son cousin M. Bernard Maurel, le août 2007. Celui-ci est la septième génération de la même famille propriétaire des deux domaines du Château et du Vieux Château d'Astros qui se retrouvent réunis comme à l'origine.

II. DESCRIPTION

1. Situation

Le château vieux, en fait une bastide, est située au nord-ouest du château neuf, dans un petit vallon. Les deux ensembles sont séparés par la butte du Deffenson, siège de l'ancien bourg castral d'Astros.

2. Description

L'édifice principal se compose de deux ailes en équerre, une troisième aile ayant été ajoutée au nord, délimitant une petite cour d'entrée ouverte sur le côté est.

Le portail d'entrée est situé sur la façade est de l'aile ouest ; il donne sur un petit vestibule occupant la largeur de la cage d'escalier rampe sur rampe avec mur d'échiffre. Ce vestibule est couvert par une double voûte d'arêtes retombant sur des culots sculptés en gypserie (tout le rez-de-chaussée est voûté d'arêtes retombant au sol). Au-dessus de la porte fermant la volée descendant à un étage de soubassement (non visité), sont disposés quatre balustres en plâtre. Côté nord, une cuisine et côté sud un salon ouvrant à l'est sur une grande pièce (double voûte), celle-ci communiquant avec un autre salon de plan carré. Contre le mur nord de la grande pièce, une niche de pressoir est aménagée grâce à un doublement de la paroi.

Les baies sont ébrasées en segment à l'intérieur. Une porte-fenêtre a été ouverte dans une ancienne fenêtre au milieu de la grande pièce.

Les volées d'escalier sont couvertes en berceau avec cordon mouluré à la base : les paliers sont couverts de doubles voûtes d'arêtes sur culots sculptés. de part et d'autre d'un petit berceau. Les marches sont en pierre, monolithes ; les encadrements des portes en pierre, rectangulaires, à forts claveaux.

A l'étage, côté sud, la porte ouvre sur un étroit couloir distribuant quatre chambres (une seule visitée) ; le couloir et les chambres sont couverts de plafonds à la française.

Côté nord, l'appartement (une cuisine et une petite chambre) conserve son aménagement du 19e siècle, avec faux-plafonds à voussures.

Le second étage n'a pas été visité.

L'aile nord se compose d'une grande écurie voûtée en berceau à pénétrations, sous un fenil auquel on accède par l'extérieur, au nord. Contre elle, une petite écurie voûtée en berceau en petit appareil (aménagée en salle de chasse) est surmontée par un logement accessible par l'est.

a. Elévations

Les façades extérieures des deux ailes principales sont ordonnancées, malgré les modifications apportées au premier niveau. Ce premier niveau est séparé des autres par un cordon fortement mouluré.

Aile sud

- Façade sud : quatre fenêtres à meneau dont les deux centrales ont été modifiées, l'une en porte-fenêtre, l'autre sans meneau. Un larmier a été ajouté au-dessus de ces baies. La petite terrasse et l'escalier sont également des adjonctions relativement récentes.

Deuxième niveau : quatre croisées, celle de l'extrémité est ayant été modifiée en une baie simple.

Troisième niveau : quatre petites fenêtres à meneau.

- Façade nord : trois petites baies dont une en segment, sur les niveaux supérieurs. L'encadrement d'une baie obturée est partiellement visible au rez-de-chaussée ; il peut correspondre à la transformation d'un salon en cuve à vin au début du 20e siècle.

- Façade est : deux niveaux supérieurs : une travée de fenêtres à meneau. Le premier niveau est masqué par une construction en appentis.

Aile ouest

- Façade ouest : elle a subi quelques modifications.

La travée centrale, éclairant l'escalier, est décalée d'un demi-niveau par rapport aux deux travées latérales ; l'encadrement de la porte est relativement récent, mais elle existait au 18e siècle. L'encadrement de la porte de l'étage de soubassement, qui donne dans une cave, a également été modifié. Plusieurs reprises de maçonnerie au ciment sont visibles sous les baies de cette travée.

- Façade est :

Premier niveau : portail sculpté en pierre calcaire blanche, simplement décoré de moulures. Une arcade en plein cintre est flanquée de deux pilastres plats portant un fronton triangulaire interrompu. L'arcade retombe sur des pilastres placés dans l'encadrement. Une grande pierre rectangulaire dans le fronton portait un décor qui a été bûché. Le décor sculpté de la clé d'arc est illisible. A droite, une fenêtre à meneau donne dans la cuisine. Au-dessus du portail, une fenêtre rectangulaire (probablement modifiée) éclaire le palier du premier étage. Au dernier niveau, la fenêtre à meneau de l'escalier est dans l'alignement du portail et, à droite, une fenêtre à meneau a été bouchée.

- Façade nord :

Côté gauche, une travée analogue à celles de la façade sud ; côté droit, une travée de petites fenêtres rectangulaires. Le bandeau du premier niveau est en très mauvais état.

Aile nord

- Façades sud :

La pièce située au-dessous du logement ouvre par une porte en plein cintre et l'écurie mitoyenne par une porte en segment. Les ouvertures du premier étage ont été refaites.

Le logement placé à l'extrémité de l'aile est accessible par un escalier extérieur.

- Façades nord : une petite travée d'ouvertures simples contre l'aile ouest. Deux petites fenêtres.

L'ancienne écurie est éclairée par une petite baie rectangulaire à linteau monolithe. L'accès au fenil qui la surmonte se fait par un grand degré extérieur.

Près du château vieux, au bord du chemin, st trouve un puits couvert, auquel a été ajoutée dans la partie postérieure une petite construction abritant une pompe. Devant le puits, un petit bassin rectangulaire, monolithe.

1A. D. Bouches-du-Rhône, 56 H 8, f°4.2Edouard Baratier, Georges Duby, Ernest Hildesheimer, Atlas historique de Provence carte n° 68. 3A. D. Bouches-du-Rhône, 56 H 8, f° 3.4Ibidem, 56 H 129, f° 147 à 150.5Archives de la langue de Provence conservées à Malte. Procès-verbaux de vérification des améliorissements (1576-1723), registre 5285, f° 17. Signalé dans : A. D. Bouches-du-Rhône, 56 H, f° 17.6Ibidem : « à condition que le prieuré de St Gilles venant à vacquer, le revenu du membre de Camp Public et cencives de Beaucaire seront jouyes par la langue de Provence iusques atant que ledit Astros s'esmutira sans préjudice pourtant du droit de monsieur le grand commandeur Vanterol sur ledit membre de Camp Public et cencives de Beaucaire ».7Ibidem, 56 H 131, f° 145 à 149.8Archives de la langue de Provence conservées à Malte. Procès-verbaux de vérification des améliorissements (1576-1723), registre 5285, f° 18. Signalé dans : A. D. Bouches-du-Rhône, 56 H, f° 18 et dans la documentation préliminaire du dossier Inventaire général, établi par Claudie Gontier en 1986.9C'est le seul élément du prix-fait qui ne correspond pas à ce qui est visible aujourd'hui, l'escalier comportant un mur d'échiffre.10A. D. Bouches-du-Rhône, 56 H 1, f° 13.11A. D. Bouches-du-Rhône, 56 H 1, f° 11.12Ibidem, 56 H 134, f° 1003 à 1012, le 22 mars 1649.13Ibidem, 2 H 226, pièce non foliotée, le 9 octobre 1692.14Ibidem, pièce.15Ibidem, pièce, le 27 avril 1732.16Ibidem, 56 H n° 4215.17Ibidem, 2 H 226, pièces.1822 Acte du 12 frimaire an 11, passé à Marseille, chez le notaire Ponsard. Archives privées de la famille Martin-Maurel.1923 Ordonnance de Louis XVIII, le sept avril 1824, signé du ministre de l'Intérieur Corbière. Archives privées de la famille Martin-Maurel.

Le vieux château d'Astros était une ancienne commanderie de templiers, toponyme Bastida del Strols attesté 1ère moitié 13e siècle ; élévations percées de fenêtres à meneaux probablement du 16e siècle ; il a été en grande partie reconstruit milieu 20e siècle. Le domaine des châteaux d'Astros, comprenant le Château Vieux, le pigeonnier, la chapelle Saint-Lambert, deux ponts-aqueducs, le Château Neuf et une partie de son parc, a fait l'objet en 2008 d'une demande de protection au titre des monuments historiques en Commission Régionale du Patrimoine et des Sites (désormais Commission Régionale du Patrimoine et de l'Architecture), aboutissant à une inscription en date du 17 avril 2009.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 13e siècle
    • Principale : 16e siècle , (incertitude)
    • Principale : milieu 20e siècle
  • Dates
    • daté par travaux historiques
  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan symétrique en U
  • Étages
    3 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • État de conservation
    restauré
  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2009/04/17
  • Précisions sur la protection

    Le vieux château et ses dépendances (cad. OA 184) ; le pigeonnier (cad. OA190) ; la chapelle Saint-lambert (cad. OA196) ; les parties du canal d'irrigation, y compris les ponts-aqueducs (cad. OA 138 à 142, 144, 145, 190 à 195, 197 à 199, 202, 203, 207, 208, 223 à 225, 234, 236, 237, 277, 281 à 284) ; le château neuf et ses dépendances (cad. OA 147) ; le parc du château neuf, y compris son mur de clôture et le square des Quatre-Saisons (cad. OA 101, 148 à 163, 165, 168 à 172, 174, 178, 179) ; l'allée de platanes bordant la départementale n° 48 (cad. OA 90 à 92, 94 à 98, 115, 164, 248) ; les parties du canal d'irrigation (cad. OA 121, 146 à 148, 150, 151, 153 à 157, 162, 166 à 169, 171 à 173) : inscription par arrêté du 17 avril 2009.

  • Référence MH

Maison de maître mitoyenne des bâtiments d'exploitation, constitue une aile dans un plan en U.

Documents d'archives

  • Archives de la langue de Provence conservées à Malte. Procès-verbaux de vérification des améliorissements (1576-1723). Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 1.

  • Archives de la langue de Provence conservées à Malte. Procès-verbaux de vérification des améliorissements. Prix-fait pour la construction de la maison seigneuriale ou château de la commanderie d'Astros, 1637. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 1, f°18 à 22.

  • Archives de la langue de Provence conservées à Malte. Procès-verbaux de vérification des améliorissements. Prix-fait pour la construction d'un pigeonnier dans la commanderie d'Astros, 1638. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 1, f°13 à 15.

  • Visite de la commanderie d'Astros dépandant du grand prieuré de Sainct Gilles.... 22 mars 1649. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 134.

    F° 1003 à 1012. Voir extraits en Annexe.
  • Visite de la commanderie d'Astros, 1649. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 134 f°100 à 1012.

  • Verbal de visite pour la commanderie d'Astros fait en 1740 pour marquer les réparations nécessaires, mai 1740. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H n°203.

  • Verbal d'arpentage et de bornage d'Astros [contenant la description des bâtiments], 1742. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H n°4215, f°100v° à 120.

  • Ordonnance touchant la visite générale du membre d'Astros [...], août 1786. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H n°203.

  • Verbaux d'accomplissement des préceptes de la dernière visite de la commanderie d'Astros fait en 1788 avec les pièces justificatives. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H n°203.

  • REYNIER, Françoise. Domaine des châteaux d'Astros, dossier de protection au titre des Monuments Historiques, 2008. Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Direction de la Culture, Service Inventaire et Patrimoine, Marseille.

Documents figurés

  • Plan des bois D'astros/1769 [Plan de la commanderie avec les croquis de ses différents éléments bâtis constitutifs]. / Dessin à l'encre et à l'aquarelle, 1769. Archives départementales des Bouches-du-Rhône, Marseille : 56 H 4215.

  • Plan cadastral de la commune de Vidauban, 1834 / Dessin à l'encre sur papier par Fouque Léandre, Granet, Henry et Sabatier père, 1834. Archives départementales du Var, Draguignan : 3PP_148 / 01 à 39.

Annexes

  • Transcription (extraits) de la "visite de la commanderie d'Astros dépandant du grand prieuré de Sainct Gilles, de laquelle est comandeur monsieur frère Charles de Cominges Guitaud, 1649".
Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Gontier Claudie
Gontier Claudie

Ingénieur d'étude-chercheur au service régional de l'Inventaire général de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1974 à 2015.

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