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présentation du canton d'Orcières
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    Orcières

Présentation géographique :

Situé au sud-est du massif de l'Oisans et des Écrins, le canton d'Orcières occupe la terminaison méridionale du sillon alpin. Il est constitué par trois communes : celle de Champoléon correspond à la vallée du Drac Blanc, celle d'Orcières à la vallée du Drac Noir. Ces deux torrents se rejoignent au pont de Corbières pour former le Drac. La commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas à laquelle la commune de Chabottonnes fut réunie en 1964 s'étend en aval sur les deux rives du Drac.

Les communes d'Orcières et Champoléon ont des caractères montagnards très accusés : vallée étroite et encaissée, pentes fortes, cours d'eau torrentiels, étagement de la végétation, fort contraste entre l'adret ensoleillé et l'Ubac couvert de mélèzes. Elles sont limitées par des sommets qui peuvent dépasser 3000 mètres (3327 mètres à la pointe de Verdonne, 3117 mètres au Pic Brun). Leur richesse est constituée surtout à Orcières par la présence de vastes pâturages d'altitude qui furent l'enjeu de bien des luttes entre les habitants du pays et leur seigneur et entre communautés paysannes.

Au contraire Saint-Jean-Saint-Nicolas appartient déjà au Bas-Champsaur. En aval des Ricous la vallée du Drac, modelée en forme d'auge par l'érosion glaciaire, s'évase largement et offre un terroir propre à la céréaliculture. Par contre la commune est dénuée de pâturages d'altitude.

Le Haut-Champsaur est limitrophe du Valgaudemar au nord, du Haut-Embrunais à l'est. Il communique avec ces vallées par des cols dont l'accès paraît aujourd'hui difficile mais qui furent très utilisés au Moyen-Age et à l'époque moderne (par exemple le col de Freissinières à 2782 mètres pour se rendre dans la commune du même nom ou le col des Tourettes à 2582 mètres vers Châteauroux-les-Alpes et Embrun). La commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas ouvre sur le Bas-Champsaur qui débouche sur une voie de passage dont l'importance est bien connue : la "grande route" de Gap à Grenoble par le col Bayard qui est devenue la route Napoléon.

Présentation historique :

(d'après J. Roman, Dict. hist. des H.A., p. 66-67 et 75 à 79 et Répert.arch. des H.A. col. 81 à 84).

Le canton d'Orcières appartient à la vallée du Champsaur qui correspond à peu près aux limites des actuels cantons d'Orcières et Saint-Bonnet.

Une occupation antique est attestée sur la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas (découverte d'un dolmen et de sépultures "gauloises" aux Rorenches, d'un collier à Montorcier).

Le nom de la vallée apparaît pour la première fois dans les textes médiévaux en 739 sous le nom de Campania ; en 1027 il est nommé Camsaurus. Dès 940 les comtes d'Albon plus tard dauphins de Viennois y ont pris pied. En 1177 les comtes de Forcalquier leur contestent cette possession.

En 1260 les nobles du Champsaur se reconnaissent hommes-liges du dauphin. Les trois communes de l'actuel canton d'Orcières appartenaient au mandement de Montorcier lui-même divisé en de nombreuses seigneuries. Le château delphinal dont on voyait encore les ruines au XIXe siècle se trouvait au-dessus de l'actuel hameau de Montorcier (commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas).

Le mandement de Montorcier était constitué de six paroisses, mentionnées dans les textes ecclésiastiques dès la fin du Xe siècle ou le début du XIe siècle : l'Assomption à Chabottes (aujourd'hui commune du canton de Saint-Bonnet), Saint-Benoit à Chabottonnes, Saint-Vincent à Champoléon, Saint-Laurent à Orcières, Saint-Jean et Saint-Nicolas.

En mai 1611 le Champsaur fut érigé en duché en faveur du connétable de Lesdiguières. Une grande partie de la population se convertit au protestantisme et un temple exista à Orcières jusqu'en 1685.

Evolution démographique et économique :

La plus grande partie des villages habités actuellement existaient déjà à la fin du XIVe siècle (P. Castela). A cette date le peuplement du Haut-Champsaur semble achevé et s'est maintenu en dépit des fluctuations démographiques dues aux famines, aux épidémies, aux guerres ou aux catastrophes naturelles. L'évolution démographique du Champsaur du Moyen-Age à nos jours n'a pas fait l'objet d'une étude systématique. Les textes en donnent parfois un aperçu, à l'occasion d'une remise d'impôt par exemple : en 1352 la commune de Champoléon est ravagée par une inondation, attaquée par des gens de guerre et décimée par la peste. Le nombre de maisons passe de 160 à 40 (J. Roman, Dict. hist. des H.A., p. 76). Le premier décompte d'habitants suffisamment fiable est celui des cahiers de doléances de 1790 (P. Guillaume, Champsaur et Valgaudemar en 1789). A cette date l'actuel canton d'Orcières comptait environ 2200 habitants dont la moitié sur la seule commune d'Orcières. La presque totalité d'entre eux étaient des agriculteurs qui pratiquaient une polyculture vivrière de faible rendement associée à un petit élevage d'ovins, de caprins et de bovins dont l'importance semble avoir varié en fonction de la pression démographique, du statut des pâturages d'altitude et des possibilités commerciales mais qui ne semble pas avoir été une activité prépondérante, la grande affaire restant la culture du seigle.

Au cours de la première moitié du XIXe siècle, la population du Haut-Champsaur s'est considérablement accrue. En 1851 la population totale de l'actuel canton était de 3282 habitants soit un tiers de plus que 50 ans plus tôt. Beaucoup d'habitants durent émigrer définitivement vers les villes proches, Lyon, Grenoble ou Marseille, ou même vers des rivages plus lointains, en particulier la Californie. Au début du XXe siècle, le canton actuel ne comptait plus que 2454 habitants. La guerre de 1914 précipita ce mouvement : la population totale n'était plus que de 1719 habitants en 1931, 1467 en 1951 soit moitié moins qu'un siècle auparavant.

Le canton d'Orcières fut le premier des Hautes-Alpes à voir sa population recommencer à croître et à rajeunir grâce à la création de la station de ski d'Orcières-Merlette en 1961. Le tourisme d'été dont l'ampleur s'est accrue à partir de 1973 avec la création du Parc National des Écrins a également créé quelques emplois.

En 1982 le canton d'Orcières comptait 2037 habitants.

Le patrimoine du canton d'Orcières

Le patrimoine du canton d'Orcières est essentiellement rural, modeste, répétitif et récent. Il n'existe dans le canton aucun édifice d'importance. Les quelques bâtiments antérieurs au XVIIIe siècle sont les "Châteaux" très dénaturés de la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas. La presque totalité du patrimoine recensé date du XIXe siècle qui apparaît comme une période d'enrichissement et de transformations.

Le patrimoine religieux est très pauvre et très standardisé. Deux chapelles sont du XVIIIe siècle (celles des Gondouins et des Rorenches). Tous les autres édifices datent du XIXe siècle même s'ils ont été reconstruits à l'emplacement d'un édifice plus ancien. Le mobilier religieux antérieur au XIXe siècle a pratiquement disparu. Quelques tableaux, statues et rares pièces d'orfèvrerie ont survécu aux rénovations du XIXe siècle puis à l'épuration du dernier concile. Mais ces trouvailles restent exceptionnelles. Les édifices XIXe ont eux-mêmes été déjà transformés. Les ensembles cohérents de verrières ou de mobilier du XIXe siècle et surtout les décors peints dont il subsiste quelques exemples intéressants sont menacés.

Le patrimoine rural présente les mêmes caractéristiques. Les maisons datées du XVIIIe siècle ne sont pas exceptionnelles mais ont très souvent été transformées au XIXe siècle (murs rehaussés, appentis construits, façade transformée). Les édifices et édicules publics (fours, fontaines...) datent pour la plupart de la deuxième moitié du XIXe siècle. Le mobilier régional a presque partout été remplacé. Il faut saluer à ce propos le musée privé de la Case à Prapic, qui présente au public quelques meubles mais surtout beaucoup d'outils et d'objets de la vie quotidienne collectés dans la commune d'Orcières. Le musée communal de Saint-Jean-Saint-Nicolas se propose les mêmes buts mais n'en est qu'à ses débuts.

Le canton ne comporte pas de véritable patrimoine industriel. Forges, scieries, moulins à farine ou à foulons semblent être restés, sauf peut-être à Pont-du-Fossé, des édifices de type artisanal. La plupart ont disparu ou ont été transformés.

Le patrimoine champsaurin ne brille pas par des œuvres prestigieuses anciennes ou originales. Ce qui fait le charme de cette région est le maintien des structures de la vie montagnarde d'autrefois. Chaque hameau avec ses maisons d'agriculteurs, son four banal, sa chapelle, ses fontaines, les anciennes terrasses de culture qui l'entourent, retient l'attention du visiteur. Ce qu'il faudrait préserver, plus que tel ou tel édifice, c'est la dimension vernaculaire de ce patrimoine, témoin d'une vie rurale en train de disparaître, c'est la qualité de ce cadre de vie cohérent, répétitif, intégré au milieu naturel, en fait c'estun paysage .

Documents d'archives

  • [Copie textuelle du registre paroissial rédigé par M. Albrand, ancien curé de Serre-Eyraud de 1841 à 1844, par Joseph Meizel, inspecteur primaire honoraire, de Serre-Eyraud.] Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : ms 401.

Bibliographie

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  • JACQUES, Louis (chanoine). Chapelles rurales des Hautes-Alpes. 1956. t.1 et t.2.

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  • CHARVET, Pierre., PONS, Paul. Les Hautes Alpes, hier, aujourd'hui, demain. Gap : Société d'études des Hautes-Alpes, 1975. 2 vol.

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  • ROMAN, Joseph. Tableau historique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie Nationale, 1887-1890. 2 vol.

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  • ROMAN, Joseph. Mémoire sur l'état de la subdélégation de Gap en Dauphiné, adressé à l'Intendant du Dauphiné Monsieur le Baron de la Bove par Pierre-Joseph Delafont, subdélégué de Gap. Dans Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 1899-1900.

Date(s) d'enquête : 1979; Date(s) de rédaction : 1988
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