Dossier collectif IA00049645 | Réalisé par
  • inventaire topographique
fermes
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  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    ferme
  • Aires d'études
    Orcières

Observations générales

1. Conditions de l'enquête

Le pré-inventaire de l'habitat du canton d'Orcières a été réalisé en 1979 dans le cadre d'un contrat passé entre le Parc national des Écrins et le Service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur et grâce à un crédit du FIDAR. Un mois d'enquête de terrain a été imparti aux trois contractuels chargés de l'étude : Luc Bazin, ethnologue ; Isabelle Lucot, architecte D.P.L.G. et Marie-Pascale Mallé, historienne, conservateur à l'Inventaire depuis 1981.

L'ensemble du bâti a été vu, au moins de l'extérieur, mais n'a pas fait l'objet d'un repérage systématique au sens défini dans la méthode du pré-inventaire normalisé : définition de paramètres valables pour l'ensemble du bâti et présentés sous forme de tableau en vue d'un traitement statistique. Afin de rendre la documentation conforme aux normes de l'Inventaire, des tableaux de repérage présentés dans les dossiers collectifs communaux MAISONS ont été établis a posteriori à partir des notes des chercheurs et des photographies prises en 1979. Ceci explique le petit nombre de "repérés". Par ailleurs les directives données par le Parc National des Écrins, essentiellement intéressé par l'architecture rurale "traditionnelle", et les délais impartis à l'étude ont conduit les enquêteurs à délaisser les transformations récentes, les formes d'habitat non rurales et les "châteaux" qui n'ont fait l'objet que d'un repérage photographique.

2. Identification du bâti et problèmes de dénomination

La presque totalité du bâti du canton d'Orcières est constituée de maisons d'agriculteurs, qui correspondent à la définition que le dictionnaire d'architecture donne d'une ferme : édifice comprenant un logis et des dépendances pour l'exploitation agricole 1. Mais, pour les raisons suivantes, nous avons cependant éprouvé une certaine répugnance à qualifier de FERME ces constructions :

- le mot FERME n'est absolument pas usité dans cette région. Les habitants parlent de leur "maison".

- les constructions montagnardes du canton d'Orcières n'évoquent absolument pas l'image d’Épinal de la ferme.

- il paraissait difficile de qualifier de FERME les chalets d'estive, qui sont des dépendances de l'habitation principale et non le siège d'une exploitation agricole, mais pour lesquels il n'existe pas actuellement de dénomination.

- dans l'état actuel du bâti il est impossible sans documentation de distinguer les maisons d'agriculteurs de celles des autres professions attestées dans les villages et hameaux du canton aux XVIIIe et XIXe siècles : artisans, commerçants, notaires, notables. Toutes sont construites sur le même modèle, comportent une étable et une grange, et ne présentent aucun local particulier voué à d'autres activités (boutique, atelier, étude de notaire, ...). Dans le canton d'Orcières il n'existe d'ailleurs pas de maison 2, à l'exception des constructions du début du XXe siècle à Pont-du-Fossé et de deux bâtiments ayant appartenu aux Jésuites du collège d'Embrun que nous avons faute de mieux qualifiés de maison.

Il nous a donc paru préférable de qualifier les maisons d'agriculteurs du canton d'Orcières de MAISON-FERME, comme nous l'avions déjà fait pour le canton de La Grave, ce qui a l'avantage d'attirer l'attention sur l'aspect artificiel de la dénomination. Les chalets d'estive ont été également dénommés MAISONS-FERMES, "Chalet d'estive" apparaissant en précision sur la dénomination, forest (appellation locale) en appellation.

Les communes d'Orcières et Champoléon ne comptent que des maisons d'agriculteurs. Les deux "Châteaux" de Champoléon, aux Borels et aux Gubias, ne sont que de grosses fermes surmontées d'un pigeonnier. Mais la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas est caractérisée par une présence nobiliaire qui annonce le Bas-Champsaur (cf. dossier collectif DEMEURES du canton de Saint-Bonnet). Nous avons repéré sur la commune 6 demeures se démarquant des maisons-fermes par leur ancienneté et leur allure générale. Certaines sont citées dans le Répertoire archéologique de Joseph Roman 3 et qualifiées de "Château" (le Rivail, XIVe siècle et les ruines du château féodal de Montorcier, XIIIe siècle ?) ou de "manoir". (Prégentil, début XVIe siècle) selon leur date de construction. Trois de ces demeures ne sont pas documentées : la Tour, Saint-Jean et Montorcier . Nous avons réservé la dénomination CHATEAU aux édifices qui furent de façon certaine une demeure seigneuriale. Les autres (par exemple l'actuel "Château" de Montorcier pour lequel nous n'avons aucune certitude) de DEMEURE DITE CHATEAU.

Saint-Jean-Saint-Nicolas. Le manoir de Prégentil. Vue prise du nord.Saint-Jean-Saint-Nicolas. Le manoir de Prégentil. Vue prise du nord.

Ces six bâtiments très dénaturés et peu documentés forment, avec les constructions équivalentes du canton limitrophe de Saint-Bonnet, un corpus qui mériterait d'être étudié.

3. Datation

La presque totalité des hameaux d'agriculteurs du canton d'Orcières sont attestés depuis la fin du Moyen-Age. (Seul Pont-du-Fossé dans la vallée du Drac est une création récente). Mais les maisons qui constituent ces hameaux sont difficiles à dater. Les inscriptions sont rares, les formes empruntées à l'architecture savante exceptionnelles, et réservées aux "Châteaux" et à leurs dépendances. Le cadastre napoléonien, réalisé pour le canton d'Orcières en 1809, permet heureusement de distinguer les bâtiments antérieurs au XIXe siècle des constructions postérieures, mais rien ne permet une datation plus précise. Par ailleurs les constructions existant sur le cadastre de 1809 ont souvent été modifiées dans le courant du XIXe siècle : les agrandissements en plan sont faciles à identifier en comparant le cadastre de 1809 et le cadastre actuel, mais pas les surélévations (fréquentes) ni les réfections de façade.

On peut considérer globalement que l'architecture vernaculaire du canton date des XVIIIe et XIXe siècles, mais il existe certainement des parties plus anciennes (rez-de-chaussée, murs...) qu'il est très difficile d'identifier.

4. Répartition de l'habitat

Sur la commune d'Orcières la répartition de l'habitat est analogue à celle des vallées du nord des Hautes-Alpes (cantons de La Grave, Monêtier-les-Bains, L'Argentière ou Aiguilles). Les maisons d'agriculteurs sont groupées en villages et hameaux de taille sensiblement égale qui possèdent chacun leur terroir, leurs pâturages d'altitude, leur groupement de chalets d'estive, leurs édifices publics (four banal, chapelle, fontaines) et leur organisation collective. Pour reprendre l'expression d'André Allix pour l'Oisans 4 la commune est "une véritable fédération de villages permanents". Cette situation se retrouve dans une certaine mesure à Champoléon et Saint-Jean-Saint-Nicolas, mais de façon moins contraignante. Les hameaux d'agriculteurs sont de taille moins importante, les maisons sont plus espacées les unes des autres. Certains hameaux (Saint-Jean, Montorcier...) ne sont que des écarts de quelques maisons alors que les quatre villages permanents de l'adroit d'Orcières en comptent chacun une vingtaine de maisons.

Les maisons d'agriculteurs : description

Le canton d'Orcières apparaît comme une zone charnière entre le domaine nord-alpin d'une part et le Bas-Champsaur et le Gapençais d'autre part. L'architecture vernaculaire de chacune des trois communes du canton d'Orcières présente des caractères propres qui ont été détaillés dans les dossiers collectifs communaux FERMES. Nous nous contenterons ici d'un rappel général.

Champoléon. Les Fermonds, p. 279. Ferme avec logis à l'étage et façade en mur-pignon.Champoléon. Les Fermonds, p. 279. Ferme avec logis à l'étage et façade en mur-pignon.

Situation

A Orcières où les pentes sont fortes, les maisons ont en général une façade en mur-pignon et comportent un ou deux niveaux de soubassement. Les maisons à façade en mur-pignon sont indépendantes des maisons voisines desquelles elles sont séparées au moins par une étroite ruelle en pente. Dans le village d'Orcières, dans la basse vallée de Champoléon et dans certains hameaux de Saint-Jean-Saint-Nicolas, on rencontre des maisons à façade en mur-gouttereau qui sont la norme dans le canton limitrophe de Saint-Bonnet. Ces maisons que l'on rencontre dans des zones plus planes sont souvent moins enterrées dans la pente et peuvent être mitoyennes par le pignon par groupe de deux ou trois.

Toutes les façades regardent vers le sud ou le sud-est. Les maisons qui s'étagent sur la pente ont l'air de se tourner le dos, les façades principales des unes ayant en vis à vis les façades nord presque aveugles des maisons construites en contrebas.

Dans les vallées montagnardes d'Orcières et Champoléon les maisons ouvrent directement sur l'espace public. Mais à Saint-Jean -Saint-Nicolas, elles sont parfois séparées de la rue par une cour privée parfois limitée par un mur qui annonce le Bas-Champsaur (voir à Chabottonnes, Les Ricous, Les Rorenches).

Les matériaux et leur mise en œuvre

a. Les murs :

Les murs sont construits en moellons de pierre grossièrement équarris, hourdés à la terre ou au mortier de chaux. Les pierres peuvent être laissées apparentes. C'est parfois le cas dans les hameaux les plus reculés (haute vallée de Champoléon, Ubac d'Orcières). Mais les murs, ou tout au moins la façade principale, sont généralement enduits à la chaux. Les maisons restaurées à la fin du XIXe siècle (à Prapic par exemple) comportent des enduits lisses peints.

Les cloisons intérieures sont en pan-de-bois, avec un remplissage de cailloux, de chaux et de paille. Dans les pièces d'habitation elles sont recouvertes d'un lattis de bois et plâtrées.

Orcières. Les Audiberts, p. 558. Cloison intérieure en pan-de-bois.Orcières. Les Audiberts, p. 558. Cloison intérieure en pan-de-bois.

Les cheminées sont souvent construites contre un mur-gouttereau et la souche s'élève jusqu'au niveau du faîtage. Les conduits de fumée paraissent construits indépendamment du mur, comme si l'on avait construit d'abord la cheminée, puis la maison autour. Dans les villages en ruines seules les cheminées sont encore debout.

b. Les pignons :

Les pignons qui correspondent au niveau de grange doivent permettre une bonne ventilation de cet espace. Certains sont construits en moellons et percés d'oculi ou de trous de boulins. Mais beaucoup ne sont fermés que par des cloisons légères qui peuvent être mobiles. Différentes solutions ont été repérées : les bardages de planches, les cloisons de branches de saule entrelacées entre des montants, les empilages de fagots, l'essentage de chaume ou les pans-de-bois. Un certain nombre de maisons d'Orcières cumulent plusieurs de ces procédés.

Orcières. Serre-Eyraud, p. 295. Ferme avec logis au rez-de-chaussée et façade en mur-pignon.Orcières. Serre-Eyraud, p. 295. Ferme avec logis au rez-de-chaussée et façade en mur-pignon.

c. Les couvrements :

Les étables sont couvertes d'un plafond en planches posées sur des solives apparentes supportées par une ou deux grandes poutres qui traversent toute la pièce. Des poteaux de bois (dit couronnes) couronnés de chapiteaux de bois (les sommiers) supportent les poutres. Ce plafond en planches est recouvert d'une couche de terre qui isole la grange des dégagements d'amoniac du troupeau, et parfois d'un deuxième plancher ou d'un dallage de lauzes.

A Champoléon ont été recensées deux maisons dont le plafond de l'étable est supporté par deux arcs en pierre. Ce sont les deux seuls cas de couvrements de ce type rencontrés dans le canton.

Les pièces d'habitation peuvent avoir un plafond en planches sur solives apparentes ou un plafond plâtré sur un lattis de bois. Les voûtes sont constituées par un blocage de moellons hourdé à la chaux. Elles sont enduites à la chaux.

d. Les sols

Les sols des pièces d'habitation sont des parquets de mélèze.

Le sol de l'étable est le plus souvent en terre à l'exception du trottoir pour les vaches construit en moellons.

e. Les escaliers :

Les escaliers intérieurs sont en mélèze. Ils sont enfermés dans une cage d'escalier en planches fermée par une porte. Les escaliers extérieurs sont généralement en bois mais peuvent également être construits en pierre de taille sur un arc en moellons.

Structure

La presque totalité des maisons repérées à Orcières sont entièrement plafonnées. Même les resserres dites cellier sont le plus souvent simplement couvertes d'un plafond. On n'a dénombré que deux étables voûtées d'arêtes à Prapic, et quelques petites caves voûtées en berceau sous les montages (plan incliné d'accès à la grange) et à l'arrière des cuisines Les Ratiers, Maison-Ferme 3). A Champoléon et Saint-Jean-Saint·Nicolas, les voûtements restent exceptionnels et concernent essentiellement les étables (voir par exemple aux Fermonds, au Rochas, au Clapieraux, Clots), et 1 es resserres à provision ("grenier" voûté à l'étage sur le modèle du Bas-Champsaur à Méollion).

Élévation

A Orcières les baies ont généralement un linteau en bois. Les portes d'étable et les portes charretières des granges peuvent être couvertes d'un linteau en bois ou d'un arc en moellons.

Orcières. Les Ratiers, p. 131. Porte du logis.Orcières. Les Ratiers, p. 131. Porte du logis.

A Champoléon les baies sont fréquemment encadrées de blocs de grès grossièrement équarris *. On rencontre un certain nombre de portes d'étable en pierre de taille avec linteaux à soffite surélevé. A Saint-Jean-Saint-Nicolas on voit apparaître les chambranles en pierre de taille soigneusement taillés et appareillés, sculptés de dates et de motifs décoratifs ou symboliques qui caractérisent le Bas-Champsaur.

Les maisons comportent un ou deux niveaux. Les fermes les plus anciennes sont en rez-de-chaussée, mais un certain nombre de constructions ont été surélevées au XIXe siècle pour augmenter le volume de la grange et construire des chambres à coucher à l'étage. Certaines maisons de Prapic reconstruites après l'incendie de 1867 comportent même deux niveaux de grange percés de fenêtres à volets qui ne sont jamais ouvertes.Ces fenêtres ne sont là que pour respecter l'ordonnance de la façade. Les façades ordonnancées sont la norme pour les constructions de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe. Les maisons construites ou restaurées pendant cette période adoptent également des enduits lisses colorés et des faux-appareils peints.

L'accès à la grange qui occupe le niveau supérieur du bâtiment et le comble se fait de plain-pied lorsque la maison est suffisamment enterrée dans la pente, par un plan incliné appelé "montage" dans le cas contraire.

Toiture

La presque totalité des maisons du canton d'Orcières ont un toit à deux longs pans. Seules les constructions de la fin du XIXe siècle ont un toit à croupe ou demi-croupe.

Les fermes de charpentes traditionnelles sont constituées de deux arbalétriers assemblés à mi-bois croisés sous la poutre faîtière, moisés à l'autre extrémité dans un entrait. L1extrémité des entraits est pincée entre deux pannes sablières posées ou maçonnées au sommet des murs gouttereaux.

Saint-Jean-Saint-Nicolas. Chabottonnes, p. 185. Pignon en chaume. Vue prise dans la grange. Noter les fagots mis à sécher à la partie supérieure du pignon.Saint-Jean-Saint-Nicolas. Chabottonnes, p. 185. Pignon en chaume. Vue prise dans la grange. Noter les fagots mis à sécher à la partie supérieure du pignon.

Le matériau de couverture dominant était encore au début du XXe siècle la paille de seigle. Avec l'abandon de la céréaliculture et les exigences des sociétés d'assurance contre l'incendie le chaume a été progressivement remplacé par des ardoises produites au Pont-de-Corbières, par des planches de mélèze ou des morceaux de tôle, puis par de la tôle ondulée.

A Chabottonnes les habitants ont adopté la tuile en écaille produite dans le Gapençais qui caractérise tout le Bas-Champsaur.

Les pignons sont recouverts par la toiture qui déborde largement au-dessus de la façade lorsque celle-ci est en mur-pignon. Dans le cas des façades en mur-gouttereau on ne rencontre pas aujourd'hui dans le canton d'Orcières les pignons découverts à rampants lisses qui caractérisent les fermes à toit de chaume du canton de Saint- Bonnet (cf. Dossier collectif MAISONS). On ignore s'ils ont été détruits lors de l'adoption d'un autre matériau de toiture ou s'ils n'ont jamais été en vigueur.

Au-dessus des murs-gouttereaux l'avant-toit, peu débordant, n'est généralement pas fermé. A la fin du XIXe siècle et au début du XXe certaines constructions ont adopté les génoises à deux ou trois rangs des fermes du Bas-Champsaur.

Distribution intérieure

A une exception près (les Gubias, à Champoléon), toutes les exploitations agricoles du canton sont des "maisons-blocs" réunissant sous le même toit l'étable, la grange et le logis.

a. Le logis :

Dans les maisons les plus modestes (et peut-être les plus anciennes) le logis est constitué d'une pièce unique servant à la fois de cuisine et de chambre à coucher. Dans la cuisine se trouve la cheminée. Dans trois maisons de Champoléon, un four à pain partageait avec l'âtre la hotte de la cheminée. Au nord de la cuisine, enterrée dans la pente, se trouve une petite resserre plafonnée appelée cellier, qui contient un coffre en pierre scellé dans le sol, l'arche à fromages. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle ou au début du XXe, les maisons de ce type ont souvent été agrandies : une véritable chambre à coucher reliée à la cuisine par un escalier intérieur a été construite à l'étage (cf . Maison-ferme 1 à Serre-Eyraud, Maison-ferme 3 à Montcheny, Maison-ferme à Chabottonnes).

Orcières. Montcheny, p. 818. Escalier intérieur réunissant la cuisine au rez-de-chaussée et la chambre à l'étage.Orcières. Montcheny, p. 818. Escalier intérieur réunissant la cuisine au rez-de-chaussée et la chambre à l'étage.

Dans les maisons construites ou restaurées dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les chambres à coucher sont plus nombreuses. L'escalier intérieur peut occuper le centre du bâtiment, dans un vestibule, et isoler le logis de la partie réservée à l'exploitation. Bien souvent les chambres à coucher à l'étage servaient également de resserre.

b. L'étable :

L'étable appelée écurie (au masculin) abrite les vaches, les brebis, le mulet, les poules et parfois les pigeons. Les maisons du Haut-Champsaur ont été construites pour de petits troupeaux. En 1789 à Orcières les bêtes qui passent l'hiver à l'étable représentaient en moyenne par famille deux bêtes de trait (vaches ou mulet) et une dizaine de brebis 5. Les habitants achetaient au printemps des bêtes qu'ils engraissaient sur les pâturages d'altitude et qu'ils revendaient à l'automne.

A la fin du XIXe siècle l'élevage a pris le pas sur la céréaliculture, mais les animaux qui passaient l'hiver à l'étable sont restés peu nombreux.

Les étables sont des pièces petites, basses de plafond et mal éclairées. Vaches et mulet sont placés sur un trottoir qui occupe toute la longueur d'un mur et sont attachés à la mangeoire surmontée d'un râtelier. Les brebis qui se tassent dans le reste de la pièce ont des crèches mobiles.

Certaines étables comportent un placard en planches appelé fourestier qui sert d'abat-foin.

d. La grange :

La porte charretière ouvre sur l'aire à battre intérieure, constituée par un solide plancher de mélèze. Ce niveau communique avec la rassaou, partie du niveau inférieur non plafonné dans lequel on jette le foin en vrac. Sur les fermes de charpente sont fixées des claires-voies réservées au stockage des gerbes de céréales.

c. Typologie

Le canton d'Orcières est une zone de transition entre le domaine des maisons à logis à l'étage (type IBl) et les maisons à logis au rez-de-chaussée et entrée distincte pour les hommes et les animaux (type IAl) 6.

Dans la haute vallée de Champoléon, en amont des Borels, le rez-de-chaussée des maisons est entièrement occupé par l'étable. Le premier étage se divise entre le rasaou et le logis auquel on accède par un escalier extérieur. Le niveau supérieur et le comble sont occupés par la grange. Ce modèle qui caractérise la Vallouise et l'Embrunais avec lesquels la vallée de Champoléon communique par des cols d'accès difficile mais qui furent à l'époque médiévale et moderne très fréquentés, se retrouve de façon très ponctuelle à Orcières et Saint-Jean-Saint-Nicolas. Certaines demeures apparaissent même comme d'anciennes maisons à logis au rez-de-chaussée transformée en maison à logis à l'étage (cf. par ex. Orcières, les Estaris, MAISON-FERME 3).

Champoléon. Les Clots, p. 36. Maison-ferme à logis à l'étage et façade en mur pignon. Noter l'auvent au-dessus du balcon et les trois oculus dans le pignon.Champoléon. Les Clots, p. 36. Maison-ferme à logis à l'étage et façade en mur pignon. Noter l'auvent au-dessus du balcon et les trois oculus dans le pignon.

Mais dans la presque totalité des fermes du canton le logis se trouve au rez-de-chaussée à côté de l'étable. Ces deux pièces qui communiquent parfois ont chacune leur accès propre. Il n'existe aucune communication intérieure verticale.

III . Les chalets d'estive

Seule la commune d'Orcières possède de véritables chalets d'estive. Les actuels chalets d'estive de Champoléon sont d'anciennes maisons permanentes abandonnées réutilisées comme habitat saisonnier (Méollion, l'Aupet).

A l'Adroit de la commune d'Orcières, les chalets sont groupés en hameau. Chaque village permanent possédait son groupement de chalets appelés forests : les forests des Marches, les forests des Estaris...

A l'Ubac les chalets sont des bâtiments isolés construits à la limite supérieure de l'étage forestier (chalet de Girardet...).

Les chalets de l'Ubac sont en ruines ou ont été restaurés. Seuls ceux de l'Adroit présentent encore un aspect "traditionnel" en particulier les forests des Marches (cf. dossier ECART et MAISON - FERME dite chalet d'estive).

Ce sont de petits bâtiments profondément enterrés dans le sol, aux murs sans enduit et au toit couvert d'ardoise. L'étable occupe le rez-de-chaussée, le logis, constitué d'une seule pièce, l'étage. On y accède souvent de plain-pied grâce à la pente. Le comble est utilisé comme fenil. (Sur les pratiques d'estivage cf . dossier ECART au Forest-des-Marches).

IV . Les maisons

Cf. Dossier collectif communal DEMEURES de Saint-Jean-Saint-Nicolas. IA00049646.

V. Les presbytères

Les sept presbytères repérés dans le canton sont des constructions de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ils comportent tous un étage, une façade ordonnancée sur trois à cinq travées, des chambranles en pierre de taille. La distribution entre le rez-de-chaussée divisé entre la cuisine, la salle à manger et un grand salon-bureau et les trois ou quatre chambres à coucher à l'étage se fait par un escalier intérieur en bois. Les toits à longs pans ou à croupes (Saint-Jean, Serre-Eyraud) sont soulignés par une génoise et étaient à l'origine couverts d'ardoise.

1Principes d'analyse scientifique. Architecture - méthode et vocabulaire.- Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France. Paris, Imprimerie nationale, 1972, T. I, col. 231.2"Demeure sans qualification secondaire connue". Architecture,méthode et vocabulaire, op. cit., T. I, col. 228.3ROMAN (Joseph) . Répertoire archéologique des Hautes-Alpes.- Paris,Imprimerie nationale, 1888, col . 81 à 84.4GUILLAUME (Paul). Le Champsaur et le Valgaudemar en 1789.- Gap : Imp. Jean et Peyrot, 1912, p. 755GUILLAUME (Paul). Le Champsaur et le Valgaudemar en 1789.- Gap : Imp. Jean et Peyrot, 1912, p. 75.6M.-P. MALLE. L'Inventaire de l'architecture rurale dans les Hautes-Alpes. Problèmes méthodologiques et premiers résultats. Dans : Le Monde alpin et rhodanien, n° 4 bis, 1983, p. 12 à 15.

Châteaux des 16e et 17e siècles ; maisons fermes des 18e et 19e siècles ; presbytères du 19e siècle.

  • Période(s)
    • Principale : 16e siècle
    • Principale : 17e siècle
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
  • Toits
    ardoise, tuile en écaille, bois en couverture, métal en couverture
  • Murs
    • calcaire
    • schiste
    • granite
    • grès
    • moellon sans chaîne en pierre de taille
    • appareil mixte
  • Décompte des œuvres
    • étudié 82
    • repéré 156

Bibliographie

  • DALLA-NORA, Stéphane. Développement et extension d'un village du Champsaur : Pont-du-Fossé, commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas. Diplôme d'Ecole d'Architecture. Grenoble : Ecole Nationale d'Architecture, décembre 1981. Non publié. 2 vol.

  • ARBOS, P. La vie pastorale dans les Alpes françaises. Paris : Armand Colin, 1921.

  • BAZIN, Luc, LYON-CAEN, Jean-François. Ordonnancement, ouvertures et décoration de l'habitat des vallées du Champsaur et du Valgaudemar. Lyon : Presses du Centre de Documentation Pédagogique, 1983.

  • BLANCHARD, Raoul. Les Alpes occidentales. Tome V : Les grandes Alpes françaises du sud. Grenoble et Paris, B. Arthaud : 1950, 2 volumes. 1018 p., ill.

  • CASTELA, Paul. D'Orcières à Merlette. La mutation du Pays du Drac Noir. Edité pour le compte de l'Office du Tourisme d'Orcières-Merlette. Nice : Imp. Gamba, 1984.

  • CASTELA, Paul. Au Pays du Drac Noir. Draguignan : Association des hauts-alpins de Toulon et du Var, 1958.

  • CASTELA, Paul. La vie pastorale dans le Haut-Champsaur. Dans Revue de Géographie Alpine, tome XLVI, fasc. III, 1958.

    P. 508 et sq.
  • GUILLAUME, Paul (abbé). Recueil des réponses faites par les communautés de l'élection de Gap au questionnaire envoyé par la commission intermédiaire des États du Dauphiné (fin 18e siècle). Dans Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, 1908.

  • ISOARD, Roger. Habiter la montagne. Des maisons et des hommes dans le massif des Ecrins et le Haut-Dauphiné. Lyon : La Manufacture, 1987.

  • LADOUCETTE, Jean-Charles-François de. Histoire, topographie, antiquités, usages, dialectes des Hautes-Alpes. Paris : Fantin, Carilhan Goeury, Delaunay, Rey et Gravier, 1834, XVI-664 p.

  • MALLE, Marie-Pascale. L'architecture rurale du Champsaur. Dans Le Monde alpin et rhodanien, n° 4, 1983.

    P. 29-76.
  • MALLE, Marie-Pascale. L'inventaire de l'architecture rurale dans les Hautes-Alpes. Problèmes méthodologiques et premiers résultats. Dans Le Monde alpin et rhodanien, n° 4bis, 1983.

    P. 9-28.
  • MOUTARD, P., WAGNER, P. Construire en Champsaur et Valgaudemar. D.D.E. des Hautes-Alpes. Gap : Imp. Louis-Jean, 1974.

  • ABBE RANGUIS. Histoire du mandement de Montorcier. Grenoble, 1905.

  • RAULIN, Henri. L'architecture rurale française. Corpus des genres, des types et des variantes. Dauphiné. Paris : musée national des arts et traditions populaires, Berger-Levrault éditeur, 1977.

  • ROBERT, Jean. La maison rurale permanente dans les Alpes françaises du nord. Grenoble : Imp. Allier, 1939.

  • ROMAN, Joseph. Répertoire archéologique du département des Hautes-Alpes. Paris : Imprimerie nationale, 1888.

  • VALENTIN DU CHEYLARD, Roger. La population des taillabilités du Dauphiné en 1868. Dans Bulletin de la Société départementale d'Archéologie et de Statistique de la Drôme. Valence, t. XXXIX, 1905, t. XLX, 1907, t. XLII, 1908.

Documents figurés

  • Les Auberts. [Le hameau des Auberts emporté par le Drac en 1926. A noter les toits en chaume et bardeaux. Un seul est en ardoises.]. Phototype, 1896. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : Z Guill. 8503.

Annexes

  • Liste des édifices étudiés.
Date(s) d'enquête : 1979; Date(s) de rédaction : 1987
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général