HISTORIQUE
La maison étudiée, aujourd'hui isolée en contrebas du hameau, faisait partie, en 1809, d'un groupe de trois maisons. Les deux autres sont en ruines.
La maison étudiée existait en 1809, mais a été modifiée. Le tracé de la façade nord-ouest est différent et a peut-être été refait en 1842, date inscrite sur le linteau de la porte du logis. L'angle sud qui contient actuellement l'escalier grange-étable a été construit postérieurement à 1809, de même que le four à pain, édicule situé au nord de la maison. La menuiserie de la porte de la grange porte la date 1826, qui est peut-être celle de la construction de l'auvent.
Porte d'entrée. Le linteau porte l'inscription 1842. Demoiselle au-dessus de la porte de la grange.
La chambre à coucher occupant l'angle ouest du rez-de-chaussée aurait été construite vers 1930 (information des propriétaires). Auparavant cet espace servait de rasaou et communiquait avec la grange.
DESCRIPTION
Situation
Cette maison est située un peu à l'écart du hameau des Ratiers, en contrebas de la route. C'est actuellement la seule maison ancienne isolée du hameau, mais il en existait une autre, aujourd'hui en ruine, entre celle-ci et le gros du hameau. Du fait de son isolement, cette maison serait la seule à ne pas avoir brûlé dans l'incendie qui a détruit le hameau à la fin du XIXe siècle 1.
La maison se trouve au bord d'un chemin de terre qui mène de la route au Drac. Elle ne possède pas à proprement parler de cour, mais les abords de la maison sont aménagés. Face à la maison, de l'autre côté du chemin, se trouve un four, profondément enterré dans le sol2, et un jardin potager, clos de barrières de bois. A l'ouest de la maison se trouve une fontaine traditionnelle formée d'une borne en pierre et d'un "bacchal" 3de bois. Un banc a été placé près de la porte d'entrée.
La maison porte deux dates :
- 1826, sur le ljnteau de la porte de la grange
- 1812 F M, sur une planche clouée sur le linteau de la porte d'entrée.
Matériaux
Les murs sont construits en gros moellons de pierres locales, mal équarris et calés par des pierres plus petites, et hourdés à la chaux. Il sont grossièrement crépis.
Le pignon nord-ouest est bardé de planches de mélèze.
Les sols de la cuisine et de la chambre sont un plancher.
Structure
La façade en mur-pignon regarde le nord-ouest c'est-à-dire la vallée. La maison comporte deux étages de soubassement, si bien que le sol se trouve à l'arrière au niveau du pignon sud-est.
Les deux étages sont couverts d'un plafond à solives apparentes. Celui de l'"écurie" est soutenu par le "sommier" et la "couronne" traditionnels (Cf. IA00049645). Le plafond de l'"écurie est très bas. La hauteur de la pièce est d'environ 2 mètres à 2, 20 mètres.
L'écurie. Noter les différents espaces délimités par des barrières de bois.
Élévation
La plupart des ouvertures sont situées sur Ja façade principale qui présente une certaine ordonnance, voulue à l'origine. Les deux fenêtres ouest ouvraient dans la grange. Il s'agirait donc de sortes de "fenêtres de parade" comme dans le Bas-Champsaur. La fenêtre ouest du premier étage, qui ouvre toujours dans la grange, est d'ailleurs aujourd'hui bouchée par des planches.
Les quatre fenêtres sont surmontées d'un linteau en bois. Elles ne présentent pas d' encadrement, mais le tour des trois fenêtres des pièces d'habitation est peint en blanc chaque année au printemps 4.
La fenêtre de la cuisine est protégée par des grilles de fer forgé.
La porte d'entrée a conservé une menuiserie ancienne mais qui ne comporte aucun motif décoratif ou symbolique comme c'est l'habitude (cf. les autres portes du hameau ou celles de Prapic).
Une grosse pierre sert de seuil.
L'escalier intérieur n'est pas éclairé par une imposte vitrée, mais par une petite fenêtre carrée, percée au-dessus du linteau. Un oculus, percé dans le mur de façade, et communiquant avec le "rasaou", abritait un pigeonnier 5.
Le bardage du pignon nord-ouest est percé de deux petites ouvertures en losange destinées à l'aération de la grange.
La porte de la grange, dans le mur-pignon sud-est, est protégée par une "demoiselle" de forme inhabituelle : il s'agit d'un auvent fixé sur des poteaux, qui prolonge le toit ; la "demoiselle" sert également d' abri pour les charrettes. Pour protéger de l'humidité la porte de l'"écurie" dans le mur-gouttereau sud-ouest, on a disposé verticalement une rangée d'ardoises contre le bas de la partie dormante de la porte.
Couverture
Le toit à deux longs pans est couvert de tôle à l'exception de la "demoiselle" couverte de bardeaux, comme le four. Il déborde largement sur la façade nord-ouest, formant auvent au-dessus de la porte d'entrée.
La charpente est traditionnelle : chaque ferme est formée de deux arbalétriers croisés sans poinçon sous la poutre faîtière.
Un triangle de tôle écarte la neige de part et d'autre de la cheminée.
Distribution et circulation intérieure
Le rez-de-chaussée est séparé en deux par un escalier intérieur sur lequel ouvre la porte d'entrée. Au nord se trouve la cuisine, qui communique avec l'"écurie" par une porte placée sous l'escalier, et à l'ouest une chambre aménagée récemment dans le "rasaou" qui occupait donc deux étages.
Dans l'angle sud·du bâtiment se trouve l'"écurie", divisée par des barrières de bois en plusieurs "box", réservés aux cochons, aux vaches ou aux moutons.
Dans l'"écurie" se trouve un escalier identique à ceux qui, habituellement, font communiquer la cuisine et la chambre du premier étage et qui permet d'aller chercher le foin dans la grange sans passer par l'extérieur. Il porte le nom de " pasturier" comme les trombes, greniers à foin et autres dispositifs de ce type rencontrés dans le Champsaur Cf. par exemple les Gubias à Champoléon). Mais c'est le seul exemple de circulation intérieure grange-écurie que nous ayons rencontré dans la région.
Le pasturier, escalier intérieur allant de l'écurie à la grange.
La moitié nord-est de l'étage est occupée par une chambre et par la "miane".
Le quart ouest constituant le "rasaou" ouvert sur la grange, qui occupe les combles.
Au-dessus de la "miane", devant l'entrée de la grange se trouve un plancher qui servait d"'aire à battre".
CONCLUSIONS
L'exploitation
La maison est habitée par un couple d'une cinquantaine d'années, aidé au moment des gros travaux par leurs deux fils célibataires. Ils pratiquent un élevage traditionnel. Ils ont totalement abandonné l'agriculture, à l'exception d'un jardin potager. Les terrains environnants, autrefois labourés, sont devenus des prés de fauche.
Le troupeau permanent est petit, 8 à 10 vaches, et une trentaine de moutons, un ou deux porcs pour la consommation familiale. L'été les propriétaires prennent des vaches supplémentaires en pension. Le troupeau est alors envoyé dans les alpages, au-dessus de Girardet, et gardé par des clôtures électriques. Pendant les saisons intermédiaires les vaches sont gardées par l'un des habitants du hameau dans les prés de moyenne altitude. En hiver il reste à l'étable.
Les exploitants ne possèdent pas de machines agricoles car les pentes ne le permettraient pas. Ils fauchent à la faux, et utilisent, pour le transport, le traîneau en bois tiré par un âne. Malgré l'importance prise par l'élevage l'étable n'a pas été agrandie, mais les propriétaires utilisent la grange d'une maison inhabitée des Ratiers.
Les exploitants travaillent l'hiver à la station de ski de Merlette.
Le mobilier
La cuisine est meublée d'une grande table, d'une armoire ancienne et d'un buffet moderne, ainsi que d'une machine à laver le linge et d'une télévision. Un poêle a remplacé la cheminée. Dans l'angle ouest se trouve l'évier et près de la fenêtre le téléphone.
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.