• enquête thématique régionale, ponts et aménagements du Rhône en Provence-Alpes-Côte d'Azur
tour-vigie du Tampan dite Tourvieille
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton bassin du Rhône - Arles
  • Hydrographies le) ; Japon Vieux Rhône
  • Commune Arles
  • Lieu-dit Salin de Giraud, Faraman, Tourvieille
  • Adresse route de Faraman
  • Dénominations
    édifice fortifié
  • Précision dénomination
    tour-vigie
  • Appellations
    tour du Tampan, Tourvieille

HISTORIQUE

Dès la chute de l'Empire Romain, le territoire arlésien, situé à la porte d'entrée de la Méditerranée, est sujet aux grandes invasions. Les villes d'Avignon et d'Arles sont prises par les Arabes en 735, puis délivrées par les armées de Charles Martel. Cependant, les troupes musulmanes ne seront repoussées définitivement qu'en 972. C'est à partir de cette époque que des ouvrages fortifiés sont installés au delta du Rhône. Mais le lit du fleuve se déplaçant continuellement, il est nécessaire de reconstruire régulièrement ces ouvrages de défense. De nombreuses tours seront ainsi élevées jusqu'au 17e siècle. Ces dernières auront également un rôle de repère pour la navigation maritime (ROUQUETTE, p. 1-2).

Quand la tour du Baloard (ou tour du Lion), édifiée en 1470 par le Roi René d'Anjou à l'embouchure principale du Rhône, s´est trouvée trop loin de cette dernière (à la suite d'une crue du Rhône survenue en 1587 : FASSIN, p. 237), il a été décidé de la remplacer (BOYER, p. 2 ; Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles, page Histoire).

Le 3 septembre 1607, les Consuls d'Arles octroient au maître maçon arlésien Barthélémy Juran la construction de la tour à prix-fait, tour qui devait se situer ''au bord de la rivière du Rhosne proche du Tampan'' (FASSIN, p. 236 ; MAP / Doc. Imm 13004-4-024 ; BOYER, p. 2 ; voir DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, Annexes, p. 46-48 : Prix-fait à Juran).

Ce nom de ''Tampan'' viendrait du souvenir d´une ancienne saline, puisqu'il désigne les compartiments où se forme le sel (FASSIN, p. 237).

''L'entrepreneur s'engageait à bâtir un ouvrage de plan rectangulaire en pierre de taille de 5

cannes de long sur 4 de large, soit environ 10 m sur 8, comportant deux étages de salles

voûtées desservis par un escalier à vis latéral. Le bâtiment devait être couronné de créneaux

soutenus par des mâchicoulis [de peu de saillie] comme sur la porte du Port de la ville d'Arles. Au-dessus de la porte d'entrée, défendue par un pont-levis, étaient prévus des cartouches portant les armoiries du Roi et de la ville'' (BOYER, p. 2 et aussi MAP / Doc. Imm 13004-4-024).

Les plans de ce bâtiment communal, de même que la direction du chantier, sont confiés à l'architecte de la ville Antoine Borel (BOYER, p. 3).

Selon une ancienne inscription placée au sommet de l'édifice, le tailleur de pierres Antoine Bonnaud a lui aussi travaillé en tant qu'associé et caution de l'entrepreneur Barthélemy Juran (idem, p. 5).

La tour devait être achevée au mois d'avril 1608. Mais les travaux sont interrompus probablement pour des raisons financières, et repris seulement en 1614. L'édifice est livré le 4 décembre de cette dernière année (voir DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, Annexes, p. 48 : Rapport de réception des travaux par Antoine Borel).

Juran touche la somme de 5.616 livres et 8 sols, et le maître charpentier Abraham Sabonnadière se voit allouer 110 livres pour toutes les menuiseries (idem, p. 2 et 3 et DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, p. 15-16).

Le 8 juin 1615, le Conseil de la Ville décide d'acheter une cabane proche de la tour afin de loger plus confortablement le capitaine. Un terrain de six cesterées au pied de l'édifice lui est également offert afin qu'il puisse y élever quatre chevaux et trente moutons pour son usage personnel (BOYER, p. 3 ; DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, p. 16).

L'escalier extérieur d'accès à la porte d'entrée de la tour située au premier niveau, n'est achevé qu'en 1616, alors que le capitaine du lieu avait déjà investi les lieux depuis le printemps 1615 et installé armes à feu et pièces d'artillerie (BOYER, p. 3).

Selon Fassin, le capitaine commandait une garnison de quatre hommes (FASSIN, p. 238).

Construit par Antoine Bouche (ou Bouchet) et Pierre Bergeret, maîtres maçons d'Arles (voir DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, Annexes, p. 48 : Prix-fait), l'escalier extérieur en maçonnerie et pierre de taille devait être monumental, avec ''deux volées en retour d'équerre : la première, parallèle à la façade de la tour, formant un plan incliné de 10 m de long sur 1,50 m de large, la seconde, en angle droit, étant portée par une arcade épaulée de contreforts'' (BOYER, p. 3).

Un plan en couleur du 8 juillet 1647, réalisé par le géomètre Claude Gondran, nous présente l'édifice crénelé de plan rectangulaire entouré d'un jardin, séparé du fleuve par des rangées de saules (idem, p. 3-4).

Mais très vite, les dépôts alluvionnaires du Rhône éloignent la tour du Tampan de la mer (FASSIN, p. 239).

L'édifice ne remplit alors plus sa double fonction de défense et de repère maritime. En mai 1656, le Conseil de la Ville décide de la construction d'une nouvelle tour, plus proche du lit du Rhône et met en vente la tour abandonnée (BOYER, p. 4).

Selon Rouquette, la tour de garde du Tampan, qui se trouve sur le parcours de l'ancien Bras de Fer - futur canal du Japon (Référence : IA13004110) -, a joué un rôle considérable dans la reconquête du delta, et a favorisé la remise en culture des terres qui étaient alors protégées.

Détrônée par la tour de Saint-Genest établie plus au sud, la tour du Tampan a cependant continué à assumer une fonction de repère dans le paysage (ROUQUETTE, p. 2).

L'écuyer François Duport (ou du Port), propriétaire du domaine de la Vignole, en fait l'acquisition, ainsi que les terrains environnants, pour 3.000 livres ; la vente a lieu le 19 mai 1656 (Fassin donne la date de 1659).

Devenue partie intégrante du domaine agricole de la Vignole, la tour prend le nom de mas de la Vignole ou de Tourvieille. En 1684, un document souligne les transformations de l'ouvrage de défense : l´escalier a été flanqué d´une écurie et un pigeonnier a été installé sur la terrasse supérieure (FASSIN, p. 240 ; BOYER, p. 4 ; DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, p. 17 ; Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles, page Description).

Au 18e siècle, la famille Vernon acquiert le mas de Tourvieille auprès de la famille Duport pour 11.178 cesterées. Les bâtiments, qui ne comptent que pour 4 cestérées, apparaissent sans grande valeur comparés aux terrains alentours comprenant jardins, vignes, ''terres semables'', marais, étangs, forêts et herbages (BOYER, p. 4). Ces derniers sont exploités jusqu'au début du 20e siècle (Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles, page Histoire).

En 1821, le mas acquis par Madame de Grille, née du Bouchage, sort de la famille Duport (BOYER, p. 4 ; DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, p. 17 et ibidem).

Une importante restauration est effectuée au 19e siècle par le marquis d'Aulan. Un étage est ajouté et une tourelle est élevée dans l'angle sud-est de la bâtisse. C'est à la même époque que la rampe d'accès est supprimée, la façade orientale dégagée et le crénelage rétabli (MAP / Doc. Imm 13004-4-024 ; BOYER, p. 5 ; DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, p. 18 ; Site internet Patrimoine de la Ville d'Arles, page Description).

La tour est inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 23 juin 1933 (MAP / Doc. Imm 13004-4-024, arrêté d'inscription).

L´immeuble à usage d´habitation et les bâtiments de ferme ont été fortement endommagés pendant la Seconde Guerre mondiale. L'entreprise Pechiney (ancienne Compagnie des Produits Chimiques d´Alais et de la Camargue), qui en est alors propriétaire, propose d'assumer les travaux de restauration de l'habitation communément appelée le ''Château''. Selon le ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme, ces travaux s'élèvent à 3 millions de francs. Les mesures prises par les établissements Pechiney ne sont que conservatoires (MAP / Doc. Imm 13004-4-024).

En 1970, la tour en ruine et les terrains environnants sont vendus par Pechiney à l'entreprise des Salins du midi et des Salines de l'Est (idem).

L'ouvrage est aujourd'hui propriété du Conservatoire du littoral. ''Seuls demeurent encore en partie debout les quatre murs de la tour et quelques pans de façade du bâtiment qu'on avait par la suite appuyé contre elle'' (BOYER, p. 5).

Les anciens bâtiments ont été dépouillés de leur matériau de construction.

''C'est ainsi qu'a disparu il y a quelques années l'inscription commémorative placée au-dessus de la porte d'entrée de la tour'' connue grâce à une photographie. Il s'agissait d'une plaque de marbre sculptée par Simon Mamet, relatant l'achèvement de la tour sous Louis XIII. Les noms des consuls de l'année 1614 y étaient gravés. Cette plaque, une ancienne inscription antique réutilisée, était enchâssée dans un encadrement de volutes (BENOIT, p. 44 ; MAP / Doc. Imm 13004-4-024 ; BOYER, p. 5 et DELATTRE, NAVETAT, vol. de texte, p. 15).

D'après Fernand Benoît, l'inscription était accompagnée de la devise "Cingit et Obstat" et avait été élevée par Barthélemy Juran, ''pour arraisonner les bateaux montant et descendant le Rhône'' (BENOIT, p. 44 ; MAP : 0081/013/0036, document 0081/013/0143). Il s'agit sans doute de l'inscription latine, datée des années 1650 et dite scellée sur la façade sud au-dessus d'un blason (probablement celui du Roi d'Arles), dont a été signalé le vol en septembre 1968 (MAP : 0081/013/0036, Procès-verbal du 30 septembre 1968). Son emplacement est toujours visible (Fig. 9).

Selon Boyer, une autre inscription, datée de 1614 et gravée sur un bloc de pierre de Beaucaire, était autrefois placée au sommet de l'édifice. Celle-ci, aujourd'hui conservée dans les collections du musée [de la Camargue] du Pont de Rousty, comprenait le nom du maître maçon arlésien Antoine Bonnaud et un ensemble de signes compagnoniques (BOYER, p. 5).

Constituant une porte d'entrée dans le territoire, le delta du Rhône a été doté d'ouvrages fortifiés. La tour de garde du Tampan est édifiée à partir de 1607. L'édifice remplace la tour du Lion, élevée au 15e siècle, alors trop éloignée de l'embouchure. L'architecte Antoine Borel en dessine les plans. La construction est octroyée à Barthélémy Juran et le maître charpentier Abraham Sabonnadière conçoit les menuiseries. L'ouvrage est livré en 1614. Un escalier est mis en place deux années plus tard par Antoine Bouche et Pierre Bergeret, maîtres maçons d'Arles. Utilisée comme poste de douane, la tour de défense, qui apparaît sur la carte de Cassini (Fig. 2) et sur les minutes de la carte d'Etat-Major (Fig. 3), adopte également une fonction de repère maritime. Mais le lit du Rhône se déplace à nouveau ; l'édifice ne remplit plus sa double fonction. En 1656, elle devient partie intégrante d'un domaine agricole. Transformée pour cet usage, elle prend le nom de "mas de la Vignole" ou ''de Tourvieille". Au 18e siècle, le mas de Tourvieille passe entre les mains de grandes familles d'agriculteurs. Restaurée en partie au 19e siècle, la tour a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 23 juin 1933. Elle n'échappe pas aux destructions de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui en ruine, l'édifice est propriété du Conservatoire du littoral.

L'ancienne tour-vigie du Tampan, dite aujourd'hui Tourvieille, se situe à hauteur du lieu-dit Faraman, à l'ouest de Salin de Giraud, sur la commune d'Arles. Elle se trouve au débouché de la route de Faraman (route privée), en rive droite de l'ancien bras du Rhône dit Bras de Fer, actuel canal du Japon (Référence : IA13004110). La tour primitive devait consister en un bâtiment rectangulaire en pierre de taille de 10 m sur 8, composé de deux niveaux voûtés en berceau plein cintre desservis par un escalier en vis logé dans l'angle sud-est de l'édifice. L'ouvrage percé par des ouvertures rectangulaires ou en plein cintre était également doté de meurtrières. Son couronnement crénelé était supporté par des mâchicoulis peu saillants, sur le modèle de l'une des portes de la ville d'Arles. Le blason du Roi d'Arles était d'ailleurs scellé à l'entrée de l'édifice (Fig. 9). En façade orientale, un escalier maçonné monumental à deux volées en retour d'équerre permettait d'accéder à la porte d'entrée située au deuxième niveau. Cet escalier a disparu. Il reste néanmoins ''in situ'' d'importants vestiges de l'ancienne tour actuellement en ruine.

  • Murs
    • pierre
    • maçonnerie
    • pierre de taille
  • Couvrements
    • voûte en berceau plein-cintre
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier en vis
    • escalier de distribution extérieur : escalier en équerre en maçonnerie
    • escalier intérieur
  • État de conservation
    vestiges
  • Techniques
    • maçonnerie
    • sculpture
  • Statut de la propriété
    propriété d'un établissement public de l'Etat
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

Repérage terrain. Ruines d'une ancienne tour se trouvant à hauteur de Faraman (à l'ouest de Salin de Giraud, commune d'Arles), au débouché de la route du même nom (route privée) ; sur le tracé du Vieux Rhône, actuel canal du Japon. Propriété : Conservatoire de l'espace littoral et des rivages lacustres (Rochefort).

Documents d'archives

  • Dossier de protection de la tour-vigie du Tampan Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine , Charenton : 0081/013/003 ; Doc. Imm. : 13004-4-024

Bibliographie

  • Benoit, Fernand. La Camargue. Paris : H. Laurens, 1933

    p. 44-45
  • Fassin, Emile. Le Vieil Arles. La Tour du Tampan. Dans Bulletin de la Société des amis du Vieil Arles, avril 1907 (4e année, n° 4).

    p. 236-240

Documents figurés

  • Arles, Salin-de-Giraud. La Tourvieille : Etat ancien avant les dommages de guerre 1944. 1 photogr. pos. : n. et b. Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Paris : 96/25/135.

  • Arles, Salin-de-Giraud. La Tourvieille : Etat en 1954 / 1 photogr. posn et bb, . Colas, photographe. 1954. : diathèque de l'architecture et du patrimoine, Paris : 96/25/135.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2012