Dossier d’aire d’étude IA04001371 | Réalisé par
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présentation de la commune d'Ubraye
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Dossier non géolocalisé

  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Ubraye

Habitat antique et médiéval

Il est fort probable que les pâturages de la Bernarde, du Picogu et de Vauplane ont été utilisés dès le Néolithique.

Ubraye a sans doute été occupé par quelques villae dès l'Antiquité, comme les vallées voisines. Ubraye est situé sur une ancienne voie de communication entre Castellane et Entrevaux par le col de La Sagne et le col de Saint-Jean-du-Désert (localement dit le "Grand Chemin").

Au lieu-dit "Brayette", on trouve de très nombreux vestiges de tuile creuse et de tegulae, ainsi qu'un ensemble de terrasses d'habitation qui pourraient dater de la fin de l'Antiquité ou du début du Moyen-Age ; un possible site castral pourrait se situer sur le sommet en contre-haut.

Le castrum de Ubraia est mentionné dès le début du 13e siècle. Le village d'Ubraye est encore à son emplacement médiéval, dominé par la colline "du Château" où quelques vestiges d'une construction militaire (pans de murs écroulés, glacis en pierre sèche, fossé…) sont encore visibles. Le plan cadastral de 1830 indique d'ailleurs "La Tour", qui sert de point de référence pour les mesures topographiques. En outre, une ferme ruinée située au nord d'Ubraye porte le toponyme de Saint-Martin ; ce nom pourrait traduire un ancien site d'habitat de l'Antiquité tardive ou de l'époque médiévale.

En face du hameau de Rouainette, le cadastre de 1830 indique un toponyme "le Château", qui concerne l'extrémité ouest de la crête de la Lare, ainsi que les parcelles situées en contrebas, au sud ; il pourrait s'agir du site castral de Rouainette, cependant, aucun vestige n'a pu être repéré à cet emplacement, par ailleurs très érodé. Le cadastre de 1830 indique également un quartier de "Sainte Brigue" sur le versant de cette même crête de la Lare. Enfin, il est possible qu'un autre site médiéval se soit trouvé au sud-ouest de Rouainette, au niveau du col situé entre le sommet du Vieil Artaud et celui de la Plaine.

A l'est du hameau du Touyet, le cadastre de 1830 indique le toponyme "le Chastellard", situé en rive droite de la Bernarde, sur une éminence qui domine la confluence entre cette rivière et le ravin de la Palud. Il pourrait s'agir du site castral du Touyet.

A l'ouest du hameau de Laval, le même cadastre indique le toponyme "la Mote", au bord de l'ancien chemin dit "de la Colle ou Draye", sans qu'il soit possible de préciser d'avantage. En revanche, le hameau de Jaussiers ne semble pas posséder de site castral.

Jusqu'à la Révolution de 1789, Ubraye dépendait de la Viguerie d'Annot.

L'abbé Féraud, en 1861, précise que le territoire d'Ubraye "est entouré de deux torrents qui l'enlacent et se réunissent ensuite. Ces deux ruisseaux fournissent l'eau nécessaire pour l'arrosage et les moulins. L'air y est sain et le climat tempéré. La montagne pastorale d'Ubraye est une ressource précieuse pour le pays. Elle est assez élevée pour qu'on puisse de son sommet apercevoir la mer". Il précise en outre que la commune est divisée en deux paroisses (Ubraye et le Touyet) et que le hameau de Rouainette est rattaché à la paroisse de Rouaine, alors que le hameau du Touyet est rattaché à la paroisse d'Ourges. La paroisse du Touyet fut érigée en succursale par le dernier évêque de Glandève et fut définie comme paroisse en 1807. A cette époque, il y a une école primaire à Ubraye et une autre au Touyet. L'abbé Féraud décrit ensuite les armoiries d'Ubraye : "d'azur à une fleur de lis d'or, couronnée du même, avec deux plumes d'argent en sautoir, et une en pointe du même".

Population

Le plus vieux recensement date de 1278, il indique 5 maisons nobles et 100 maisons roturières pour un total de 82 hommes aptes à porter les armes. En 1303, le recensement indique 85 feux de queste et 75 en 1315, soit une population totale que l'on peut estimer à environ 430 habitants. En 1471, il y a 21 foyers imposables. En 1504, 50 maisons sont habitées, 100 maisons sont habitées en 1540. En 1698, on compte 107 maisons pour 107 familles. En 1728, se sont 134 maisons qui sont habitées par 160 familles. En 1765, 140 maisons abritent une population totale de 637 habitants1

Au 19e siècle, le maximum démographique est atteint en 1811 avec une population de 617 habitants. Dès lors, la commune n'a cessé de perdre des habitants (330 habitants en 1911, 280 en 1921, 89 en 1965, 43 en 1982). Depuis la fin du 20e siècle, la population tend à augmenter de façon irrégulière : le recensement de 1990 fait état de 104 habitants, celui de 1999 mentionne 85 habitants et celui de 2006 indique une population de 110 habitants.2

Localisation et géographie

La commune d'Ubraye appartient au canton d'Annot. Elle est limitrophe au nord avec la commune d'Annot; au nord-est avec la commune de Saint-Benoît ; à l'est avec la commune d'Entravaux et les anciennes communes de Villevielle et de Montblanc (actuelle commune de Val-de-Chalvagne) ; au sud avec les communes de Soleihas et de Briançonnet (département des Alpes-Maritimes) ; à l'ouest avec la commune de Vergons.

L'altitude minimale est de 710 mètres (rives de la Galange sous le Pont Saint-Joseph), l'altitude maximale est de 1941 mètres, au sommet de la Bernarde. Le village d'Ubraye est à une altitude moyenne de 1000 mètres, le hameau du Touyet est à 1220 mètres d'altitude environ, celui de Rouainette est à 910 mètres, celui de Jaussiers est à 900 mètres et le hameau de Laval est à une altitude de 1060 mètres.

Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, avec des étés chauds et secs, des hivers froids et secs et des intersaisons plus humides. Le régime hydrique est de type orageux et torrentiel. La neige est fréquente en hiver (jusqu'à plusieurs mètres cumulés).

Le sous-sol est de nature calcaire, avec quelques poches de grès à Rouainette. Il est parfois très bouleversé par les phénomènes tectoniques. Certains versants marneux sont stériles et profondément creusés par les ravins. Les phénomènes naturels d'érosion, accentués par un défrichement presque total du couvert forestier à l'époque moderne, ont d'ailleurs posé de nombreux problèmes à l'économie locale dès le 17e siècle.3

Ecart du Touyet et la haute vallée de la Bernarde. Au fond les alpages de Vauplane. Vue prise de l'est.Ecart du Touyet et la haute vallée de la Bernarde. Au fond les alpages de Vauplane. Vue prise de l'est.Le territoire communal est marqué par un relief important, très cloisonné, avec de forts dénivelés et de nombreux sommets au-dessus de 1300 mètres d'altitude. Les pentes sont drainées par des torrents à hydrologie saisonnière qui alimentent le torrent de la Bernarde. Ce cours d'eau rejoint le Riou de l'Iscle en contrebas de Rouaine pour devenir la Galanche, laquelle traverse les clues de Rouaine avant de rejoindre la Vaïre. De nombreuses sources et résurgence se situent au niveau des ruptures de pentes. Ces sources, ainsi que les ruisseaux ont souvent été captés et détournés par des canaux d'irrigation. Afin de contenir les violentes crues d'intersaisons, les rives des torrents sont parfois bordées de digues en pierre sèche ou en maçonnerie.

La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de hêtres sur les ubacs et d'une végétation de maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les pentes raides à l'adret offrent une végétation de landes à lavande et thym. Les sommets, au-dessus de 1400 mètres d'altitude, sont couverts de pelouses d'altitude qui offrent des pâturages d'estive renommés. Les pentes douces des fonds de vallées sont cultivées en champs, les pentes raides bien exposées sont aménagées en terrasses de culture grâce à des murs de soutènement en pierre sèche. Un maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts recouvre les parcelles agricoles aujourd'hui abandonnées. Les fonds de ravin et les bords des cours d'eau sont occupés par une végétation de type ripisylve avec saules, peupliers, noisetiers, aulnes, etc.

En 2008, les zones agricoles en terrasses sont presque partout abandonnées et embroussaillées ou boisées ; les pelouses d'altitude sont toujours pâturées.

Carte de Cassini et cadastres

La Carte de Cassini date de 1780-1782 pour la Viguerie de Castellane. Elle indique le village d'Ubraye, le hameau de Rouainette (succursale) avec la chapelle Saint-Joseph, le hameau du Touyet (succursale), le hameau de Laval est mentionné avec une chapelle. En revanche, le hameau de Jaussiers n'est pas mentionné. Deux granges sont indiquées aux "Cabanes de Valplanne". La "Montagne de Fond Froumaye" est mentionnée eu sud du Touyet ; le torrent de la Bernarde est nommé "la Galange".

L'étude du plan cadastral de 1830 indique que l'organisation du territoire était la même que celle observable aujourd'hui, même si des opérations de remembrement parcellaire agricole ont été réalisées. En revanche, sa comparaison avec le plan cadastral de 1988 montre de façon notable que nombre d'entrepôts agricoles isolés ont été abandonnés et sont ruinés.

Réseau viaire

Le territoire de la commune d'Ubraye est traversé par la R.D. 10, qui relie Rouaine à Montblanc. Cette route est très sujette aux éboulements et elle a connu quelques modification de son tracé, avec notamment l'abandon du pont de Loule. L'ancienne route passait légèrement en contre-haut, elle est encore bien visible au niveau du ravin de Chambre-Fache.

La R.D. 310 relie Ubraye au hameau du Touyet. La partie située entre Ubraye et la R.D. 10 date des années 1930. La partie qui rejoint le hameau du Touyet date de 1954. Le prolongement de cette route vers le village de La Sagne (département des Alpes-Maritimes) a été entamé puis abandonné.

La R.D. 510 dessert le hameau de Rouainette. Son tracé date des années 1910. Une route carrossable, comportant des lacets très serrés, part du Pont Saint-Joseph et rejoint les hameaux d'Ourges et de Jaussiers.

Chemin d'Ubraye à la Sagne, dit le grand chemin.Chemin d'Ubraye à la Sagne, dit le grand chemin.L'ancien chemin de Castellane à Entrevaux passe par le col de Saint-Jean-du-Désert et par le col de La Sagne (actuel G.R. 4). Cet itinéraire est localement appelé le "Grand Chemin" et il servait de "caraïre" (ou draille) pour les troupeaux transhumants. Ce chemin est aménagé en calade au niveau du quartier de Brayette.

En face du hameau de Jaussiers, un chemin muletier vertigineux traverse la falaise pour rejoindre le plateau d'Educh (commune de Saint-Benoît) par le biais de rampes en pierre sèche et d'escaliers taillés dans la roche.

De nombreuses voies communales et vicinales desservaient les hameaux, les quartiers agricoles ainsi que les zones d'estive. Il s'agit généralement de chemins muletiers construits à flanc de pente, avec des murs de soutènement en pierre sèche, dont la largeur est généralement de un à deux mètres. Ces chemins, lorsqu'ils ne servent pas de sentier de randonnée, sont pour la plupart abandonnés voire ruinés en 2008.

Organisation du bâti

Outre le village d'Ubraye, la commune comporte quatre hameaux : Le Touyet, Rouainette, Jaussiers et Laval. La vallée de Laval est occupée par de nombreuses fermes isolées qui disposent pour la plupart d'un four à pain sur le cadastre de 1830. Ailleurs, on trouve également quelques fermes dispersées (Saint-Martin, les Bastides, Villaron, etc.). Sur l'ensemble du territoire communal, on note de nombreux entrepôts agricoles isolés, localement appelés "bastide" ou "bastié", qui sont presque systématiquement accompagnés d'une aire à battre. Des abris et des cabanes en pierre sèche sont construits dans les zones agricoles les plus éloignées.

Le Touyet

Ecart du Touyet. Vue de la place du village, prise depuis le sud-ouest.Ecart du Touyet. Vue de la place du village, prise depuis le sud-ouest.Ce hameau domine le torrent de la Bernarde en rive gauche. Il est composé de trois quartiers, le Touyet-haut, le Touyet-bas et un quartier intermédiaire désigné sous les noms de "le Labre" et "Pichotis". Le Touyet-haut est composé de quelques bâtiments d'habitation et agricoles, agglomérés en trois îlots ("Pré du Tresse", "la Pounche", "Aco de Gras"). Le Touyet-bas est organisé autour d'une place centrale (emplacement de l'ancienne église Saint-Pons). Il est constitué de quelques îlots de bâtiments mitoyens ("Pré du Four" pour la partie haute, "le Claus" pour la partie ouest). On note également deux petits îlots de bâtiments légèrement isolés ("Aco de Madame" au nord, "Sainte-Colombe" à l'est). On trouvait un four à pain en propriété collective au Touyet-haut et au Touyet-bas, les deux sont détruits. Ce hameau est également pourvu d'une église et d'un cimetière. Des aires à battre sont situées à proximité des différents îlots du Touyet-haut.

Au Touyet-bas, on trouve les aires à battre en contre-haut et en contrebas du hameau, ainsi que sur la place de l'église. Quelques jardins sont mitoyens des bâtiments, mais la plupart sont regroupés à proximité d'une source abondante qui jaillit en contrebas du Touyet-bas. Ces jardins sont installés sur une impressionnante concrétion de tuf ("le Fournas", "Jardins du Fournas", "la Baume"). (Les noms des quartiers donnés entre guillemets sont ceux mentionnés sur le cadastre de 1830).

Rouainette

Ecart de Rouainette, une rue.Ecart de Rouainette, une rue.Ce hameau est situé sur un replat dominant la rive gauche de la Bernarde. Il est organisé autour de deux rues principales en îlots denses de bâtiments mitoyens. Le cadastre de 1830 mentionne les noms des quartiers : "les Aires" (au nord-ouest) ; "le Pré", "le Pré de la Fontaine", "le Pré de la Font", "Lappré", "la Ferraye" (à l'ouest) ; "le Vignon" au sud ; "les Maisons" (au sud et à l'est) ; "la Place" (au centre) ; "le Coulet" (au nord-est) ; "Saint-Martin" (au nord, sur le chemin de la chapelle Saint-Joseph). Le quartier de "la Place" est presque exclusivement constitué de maisons d'habitation. Les autres quartiers sont mixtes mais on peut noter qu'en grande majorité, les bâtiments agricoles sont situés aux entrées du hameau, notamment au quartier de "Lappré".

Les rues du hameau étaient pavées de blocs de grès. Ce hameau possède un four à pain communal, une chapelle dédiée Saint-Joseph, une église et un cimetière. L'ancien presbytère a été transformé en école. Des aires à battre sont situées au nord-ouest du hameau (quartier cadastral "les Aires", une trentaine de parcelles concernées). Les jardins sont situés en contrebas du hameau, au sud et à l'est (quartiers cadastraux du "Vignon" et du "Coulet").

Jaussiers

Ecart de Jaussiers. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.Ecart de Jaussiers. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.Ce hameau est situé sur une pente douce, il est constitué de quelques petits îlots de bâtiments mitoyens, adossés à la pente. Le quartier des bâtiments agricoles se trouvait à l'ouest. Ce hameau possédait un four à pain en propriété collective. L'église (ruinée) et le cimetière étaient situés en contrebas du hameau. Une ferme (ruinée) se trouvait également à cet emplacement. Le cadastre de 1830 mentionne un grand bâtiment à l'ouest de Jaussiers, désigné comme "le Prieuré" – ce bâtiment est totalement ruiné en 2008.

Laval

Ce hameau est situé à quelques centaines de mètres du torrent de Laval, en rive droite. Il est composé de quelques maisons et bâtiments agricoles agglomérés en deux îlots. L'îlot situé au nord-ouest du hameau porte le nom de "le Jas" sur le cadastre de 1830. Dans ce hameau on trouve un four à pain en propriété collective (ruiné) et une chapelle dédiée à saint Barthélemy. Des jardins étaient situés à la confluence entre le ravin du Coulet et le torrent de Laval, ainsi qu'au sud du hameau, aux lieux-dits cadastraux "le Jardin de la Fouent" et "la Fouent de Pandous"

Evolution de l'organisation du bâti en 2008

Jaussiers ne compte plus d'habitant permanent. Quelques résidences secondaires sont installées en contrebas du village d'Ubraye.

Les fermes isolées, ainsi qu'un grand nombre de bâtiments agricoles dispersés sont ruinés et abandonnés.

Economie rurale

Pré de fauche en fond de vallon, lieu-dit Fouent Fromay.Pré de fauche en fond de vallon, lieu-dit Fouent Fromay.L'ancienne économie agricole était basée sur la polyculture vivrière, avec des zones de cultures sèches et des secteurs "à l'arrosage". Ces derniers étaient irrigués par des canaux de dérivation des cours d'eau (le long de la Bernarde, notamment au Gourc et à la Dévendue, ainsi qu'en aval du Pont de Loule) ou par la surverse des sources et des fontaines (Rouainette, Jaussiers, le Touyet, Laval, etc.).

On cultivait des céréales (blé, orge, avoine), des pommes de terre, des légumineuses (lentilles et pois chiche) sur les parcelles non irriguées. Les parcelles à l'arrosage étaient utilisées pour la production de betterave, de carotte, de choux, de tomate et de haricots, souvent aussi pour les prés de fauche. Les arbres fruitiers étaient également nombreux : cerisiers, noyers, poiriers, pommiers, pruniers, cerisiers, cognassiers notamment. La culture du chanvre est attestée sur le cadastre de 1830 par un toponyme situé à proximité du moulin d'Ubraye : "Chenebier". Elle est également mentionnée par la tradition orale sur les rives de la Bernarde, au Pré du Prayre.

Les pentes les mieux exposées étaient aménagées en terrasses de culture, soutenues par des murs en pierre sèche. Le fond de la vallée était occupé par des champs délimités par des haies de haute futaie, mélangeant arbustes et arbres (fruitiers, frênes, sorbiers…).

L'aménagement du territoire pour son exploitation agricole, avec notamment l'épierrage des parcelles, a conduit à l'édification de pierriers, mesurant parfois plusieurs mètres de longs ou de haut.

Au alentours de hameau de Rouainette, le cadastre de 1830 mentionne les toponymes "Vignon" et "la Vigne), en contrebas du hameau, sur les deux rives du ravin de l'Abeouron. Ce même cadastre mentionne le toponyme "les Vignes" sur le versant sud de la crête de la Lare, ainsi que le toponyme "la Vignasse" sur la rive droite de la Bernarde, en amont du Pont de Loule. Cependant, aucune vigne n'est mentionnée dans les états de section. La tradition orale mentionne la culture de la vigne à Jaussiers.

Les sommets de la Bernarde et du Picogu étaient utilisés comme pâturages d'estive pour les troupeaux d'ovins.

La cueillette de la lavande a marqué la charnière entre le 19e siècle et le 20e siècle et a été une activité importante jusqu'aux années 1960-1970. La récolte se faisait principalement sur les lavandes sauvages, mais quelques champs ont également été plantés en lavande et lavandin, notamment à Rouainette et à Ubraye. La distillation des fleurs de lavande était principalement faite en famille sur de petits alambics. Distillation de la lavande sur un alambic portatif au Touyet en 1933.Distillation de la lavande sur un alambic portatif au Touyet en 1933.

Le quartier de La Palud, situé au sud du hameau du Touyet, est une petite dépression marécageuse. En 1830, il est principalement exploité en prés et en pâtures. Pendant toute la première moitié du 20e siècle, les habitants du Touyet allaient y faire la cueillette des narcisses (aux alentours du 15 mai) qui étaient ensuite vendues aux parfumeurs de Grasse.

De nombreuses "oseraies" sont mentionnées dans le cadastre de 1830, principalement aux abords des sources et le long des cours d'eau.

Outre le bois de chauffage et de cuisson, les arbres étaient aussi utilisés pour nourrir le bétail. Les chênes (dits "aglaniers") servaient pour la récolte des glands et pour les ramées (le cadastre de 1830 mentionne un toponyme "les Glaniers" en rive gauche du ravin de Fonfredes, en contrebas du col de Laval ; la tradition orale indique des "aglaniers" au "Coustar" près de Jaussiers). Les frênes, les pins et le gui servaient également aux ramées. Les baies des sorbiers servaient notamment à nourrir les volailles (le cadastre de 1830 mentionne de nombreux toponymes "la Sourbière", notamment dans la vallée de Laval ou au Touyet). Les genêts étaient également coupés pour servir de litière dans les étables.

Un quartier forestier, situé au sud-ouest du hameau de Laval, porte le nom de "Charbonnier" sur le cadastre de 1830 ; il est fort probable que des activités de fabrication de charbon de bois ont eu lieu également ailleurs dans les forêts de la commune.

Sur le plan cadastral de 1830, on note quelques "bois communaux", au-dessus du hameau de Rouainette, aux Mortisses (au sud du col de Sint-Jean) et au lieu-dit "le Bosquet" (au nord de la crête de Fenacil).

La tradition orale rapporte que chaque famille possédait un rucher. Ces ruchers étaient répartis dans la campagne, souvent à la limite entre les terres cultivées et les zones sauvage, de manière à multiplier les sources de nourriture pour les abeilles. Ces ruchers étaient souvent composés d'un simple alignement de ruches monoxyles ou en planches, posées sur des lauzes et recouvertes d'une lauze (à Jaussier, au Touyet, à Ubraye, etc..). Cependant, quelques ruchers aménagés avec des murs en pierre sèche (ruchers fermés ou semi-fermés) ont pu être repérés : un grand rucher fermé au lieu-dit cadastral "lou Rouchas" (nord-ouest de Rouainette), et un rucher semi-fermé dans la vallée de Laval. En outre, le cadastre de 1830 mentionne un toponyme "l'Appi" (au nord-est du quartier des Bastides, en rive gauche du ravin de la Basse), que la tradition orale indique comme étant un rucher fermé. D'après l'abbé Féraud (en 1861), le miel du Touyet était réputé pour être "exquis".

Sur le cadastre de 1830, un "bâtiment moulin à eau" est mentionné en contrebas du hameau de Rouainette, en rive droite de la Bernarde, sous la crête de la Lare ; ce moulin était alimenté en eau par un canal de dérivation prit sur la Bernarde. Un autre moulin à eau se trouvait en contrebas du village d'Ubraye, il était alimenté par une dérivation de la Bernarde – son activité a cessé au début du 20e siècle. Un moulin à eau se trouvait en contrebas du hameau du Touyet, il n'existe pas en 1830.

Ce même cadastre indique également une activité de préparation des draps et des tissus à proximité du moulin d'Ubraye, avec le toponyme "lou Paraïre" ou "lou Parayre".

Le cadastre ancien localise un "bâtiment moulin à huile" (section D, parcelle 328) au hameau de Rouainette. La tradition orale indique également un moulin à huile de noix à Rouainette, mais à un emplacement différent de celui de 1830 (les meules sont encore visible dans un jardin). La tradition orale rapporte que la fabrication locale de l'huile de noix a duré jusqu'aux années 1930, et que ces moulins servaient également pour presser des pommes ou des poires en vue de l'élaboration de cidre. En 1830, à Ubraye, est mentionnée une "maison et moulin", sans plus de précision.

La fabrication des tuiles, des carreaux de terre cuite et des briques était indispensable à la construction et à l'entretien des bâtiments. La commune d'Ubraye possédait de nombreuses zones d'extraction de l'argile (le plus souvent situées au niveau d'affleurement de marnes blanches ou grises localement appelées "roubines") et de transformation. Il semble cependant que cette activité ne nécessitait pas nécessairement de construction importante et pérenne. Le cadastre de 1830 mentionne ainsi plusieurs toponymes"la Tuillière" ou "la Thuillière". A une exception près, aucun bâtiment n'accompagne ce toponyme. A Jaussiers, une tuilerie se trouve au sud du hameau, à la confluence entre le ravin de Regral et le ravin des Combes. Le cadastre de 1830 localise une autre tuilerie dite "Tuillière du Villaron", en rive droite de la Bernarde, au niveau de la confluence avec le ravin du Villaron (ravin de Sorbière sur la carte IGN). Une autre tuilerie est mentionnée au quartier de "la Grande Terre", aux sources du ravin du Riou ("ravin de la Thuilière" sur le plan cadastral de 1830). Une tuilerie est également mentionnée dans la combe de Laval, au nord du ravin de Combe Garnier ; cette tuilerie, qui est la seule mentionnée avec un "bâtiment four à thuiles" et une "thuilerie", est la propriété de la commune d'Ubraye en 1830. Enfin, une autre "tuillière" est mentionnée au quartier des Bastides, entre le ravin de Pra Premier et le ravin des Jardins. En outre, les vestiges de deux autres tuileries (non mentionnées en 1830) ont été repérés lors de la campagne de terrain : une au sud du hameau du Touyet (lieu-dit "Baisse de la Coulette" sur la carte IGN) ; une autre à Jaussiers, sur la rive droite du ravin des Combes (au niveau de "l'Aire des Bruns" sur le plan cadastral de 1830).

Le cadastre de 1830 mentionne deux toponymes "le Four", qui renvoient probablement à des emplacements de fours à chaux. Un de ces toponymes se situe au bord de l'ancien chemin d'Ubraye à Jaussiers, au nord du Sommet de la Vignole. L'autre toponyme se trouve au nord-est de la chapelle de Notre-Dame-des-Neiges. Enfin, les vestiges d'un four à chaux en pleine terre avec des murs en pierre sèche ont été repérés à l'est de Rouainette (lieu-dit Clot Disson sur la carte IGN).

Ce même cadastre mentionne un quartier nommé "la Gipière", situé en contrebas du hameau du Touyet, à la confluence entre le ravin du Farney (lieu-dit de la carte IGN, "ravin de la Gipière" sur le cadastre de 1830). Cependant, aucune trace d'activité de transformation du gypse en plâtre n'a été trouvé, bien que ce matériau ait été employé dans la construction des bâtiments (pour les enduits notamment).

En 2008

L'économie agricole est devenue marginale : quatre exploitations agricoles sont encore en activité (élevage de moutons, de chèvres, de vaches et d'ânes) à Laval et au Touyet. Les sommets de la Bernarde et du Picogu sont pâturés par plusieurs troupeaux d'ovins. Il n'y a plus d'activité artisanale notable.

1(d'après E. Baratier, la démographie provençale du 13e au 16e siècle, avec chiffre de comparaison pour le 18e siècle, Paris, SEVPEN, 1961).2(Archives Départementales 04, 6 M 192 ; recensement 1820-1936 ; données INSEE)3(J. Cru, Histoire des Gorges du Verdon, Edisud, 2001).

Ubraye a sans doute été occupé par quelques villae dès l'Antiquité, comme les vallées voisines. Au lieu-dit Brayette, on trouve de très nombreux vestiges de tuile creuse et de tegulae, ainsi qu'un ensemble de terrasses d'habitation qui pourraient dater de la fin de l'Antiquité ou du début du Moyen-Age. Au début du 13e siècle, les sources mentionnenet le castrum de Ubraia mais plusieurs sites de la commune ont pu être fortifiés sous l'Ancien Régime comme en témoignent les toponymes du cadastre de 1830 : le Château en face du hameau de Rouainette, (extrémité ouest de la crête de la Lare). le Chastellard, situé sur une éminence qui domine la confluence entre la Bernarde et le ravin de la Palud au Touyet, la Mote à l'ouest du hameau de Laval. Le hameau de Jaussiers ne semble pas posséder de site castral. Jusqu'à la Révolution de 1789, Ubraye dépendait de la Viguerie d'Annot. L'abbé Féraud, en 1861, précise que la commune est divisée en deux paroisses (Ubraye et le Touyet) et que le hameau de Rouainette est rattaché à la paroisse de Rouaine, alors que le hameau du Touyet est rattaché à la paroisse d'Ourges. Les armoiries d'Ubraye étaient : d'azur à une fleur de lis d'or, couronnée du même, avec deux plumes d'argent en sautoir, et une en pointe du même. Le plus vieux recensement date de 1278, il indique 5 maisons nobles et 100 maisons roturières pour un total de 82 hommes aptes à porter les armes. Au 14e siècle, on peut estimer la population à environ 430 habitants. En 1504, 50 maisons sont habitées, 100 maisons sont habitées en 1540. En 1698, on compte 107 maisons pour 107 familles. En 1765, 140 maisons abritent une population totale de 637 habitants. Au 19e siècle, le maximum démographique est atteint en 1811 avec une population de 617 habitants. Dès lors, la commune n'a cessé de perdre des habitants (330 habitants en 1911, 280 en 1921, 89 en 1965, 43 en 1982). Depuis la fin du 20e siècle, la population tend à augmenter de façon irrégulière : le recensement de 1990 fait état de 104 habitants, celui de 1999 mentionne 85 habitants et celui de 2006 indique 110 habitants.

La commune d'Ubraye appartient au canton d'Annot. L'altitude minimale est de 710 mètres, l'altitude maximale est de 1941 mètres. Le village d'Ubraye est à une altitude moyenne de 1000 mètres, le hameau du Touyet est à 1220 mètres d'altitude environ, celui de Rouainette est à 910 mètres, celui de Jaussiers est à 900 mètres et le hameau de Laval est à une altitude de 1060 mètres. Le climat est de type moyenne montagne méditerranéenne, le régime hydrique est de type orageux et torrentiel. La neige est fréquente en hiver (jusqu'à plusieurs mètres cumulés). Le sous-sol est de nature calcaire, avec quelques poches de grès à Rouainette. Il est parfois très bouleversé par les phénomènes tectoniques. Le territoire communal est marqué par un relief important, très cloisonné, avec de forts dénivelés et de nombreux sommets au-dessus de 1300 mètres d'altitude. Les pentes sont drainées par des torrents à hydrologie saisonnière qui alimentent le torrent de la Bernarde. La végétation naturelle est composée de forêts de pins sylvestres et de hêtres sur les ubacs et d'une végétation de maquis arbustif à chênes pubescents, buis et genêts sur les adrets. Les sommets, au-dessus de 1400 mètres d'altitude, sont couverts de pelouses. Le territoire de la commune d'Ubraye est traversé par la R.D. 10, qui relie Rouaine à Montblanc. La R.D. 310, qui relie Ubraye au hameau du Touyet date de 1954. La R.D. 510 dessert le hameau de Rouainette, elle date des années 1910. L'ancien chemin de Castellane à Entrevaux (actuel G.R. 4). est localement appelé le Grand Chemin et il servait de draille pour les troupeaux transhumants. Ce chemin est aménagé en calade au niveau du quartier de Brayette. De nombreux chemins muletiers desservaient les hameaux et les quartiers agricoles. Outre le village d'Ubraye, la commune comporte quatre hameaux : Le Touyet, Rouainette, Jaussiers et Laval. La vallée de Laval est occupée par de nombreuses fermes isolées. Ailleurs, on trouve également quelques fermes dispersées. Sur l'ensemble du territoire communal, on note de nombreux entrepôts agricoles isolés, localement appelés bastide ou bastié, qui sont presque systématiquement accompagnés d'une aire à battre. Des abris et des cabanes en pierre sèche sont construits sur les zones agricoles les plus éloignées. L'ancienne économie agricole était basée sur la polyculture vivrière, avec des zones de cultures sèches et des secteurs à l'arrosage. Les pentes les mieux exposées étaient aménagées en terrasses de culture, soutenues par des murs en pierre sèche. L'aménagement du territoire pour son exploitation agricole, avec notamment l'épierrage des parcelles, a conduit à l'édification de pierriers, mesurant parfois plusieurs mètres de longs ou de haut. Les sommets de la Bernarde et du Picogu étaient utilisés comme pâturages d'estive pour les troupeaux d'ovins. La cueillette de la lavande (et des narcisses à La Palud) a marqué la charnière entre le 19e siècle et le 20e siècle et a été une activité importante jusqu'aux années 1960-1970. Sur le plan cadastral de 1830, on note quelques bois communaux, au-dessus du hameau de Rouainette, aux Mortisses (au sud du col de Sint-Jean) et au lieu-dit le Bosquet (au nord de la crête de Fenacil). La tradition orale rapporte que chaque famille possédait un rucher. La plupart de ces ruchers étaient composés d'un simple alignement de ruches. Cependant, quelques ruchers aménagés avec des murs en pierre sèche (ruchers fermés ou semi-fermés) ont pu être repérés. On trouvait un moulin à eau en contrebas du village d'Ubraye, mais également au Touyet et à Rouainette. Un moulin à huile de noix se trouvait au hameau de Rouainette. Plusieurs tuileries étaient installées sur la commune : (Jaussiers, le Villaron, les Bastides, Grande Terre, Laval, Baisse de la Coulette). Des fours à chaux sommaires se trouvaient également dans la campagne. En 2008, l'économie agricole est devenue marginale, les sommets de la Bernarde et du Picogu sont pâturés par plusieurs troupeaux d'ovins et il n'y a plus d'activité artisanale notable.

Bibliographie

  • BARATIER, Edouard. La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle. Paris : S.E.V.P.E.N. , 1961, 255 p.

  • FERAUD, Jean-Joseph-Maxime. Histoire, géographie et statistique du département des Basses-Alpes. Digne : Vial, 1861, 744 p.

Documents figurés

  • [Ecart du Touyet. Vue d'ensemble prise de l'est.] / Photographie noir et blanc, années 1920. Collection particulière

  • [Ecart du Touyet. Procession du 15 août 1937.] / Photographie noir et blanc, 1937. Collection particulière

  • [Ecart du Touyet. Travaux agricole : la fenaison.] / Photographie noir et blanc, Années 1950. Collection particulière

  • [Troupeau de mouton sur les alpages du Picogu.] / Photographie noir et blanc, années 1950. Collection particulière

  • [Ecart du Touyet. Travaux agricole : le transport du foin.] / Photographie noir et blanc, années 1950. Collection particulière

  • [Village d'Ubraye. Bravade devant l'église]. / Photographie noir et blanc, 1909. Collection particulière

  • [Ecart du Touyet. Distillation de la lavande sur un alambic portatif.] /Photographie noir et blanc, 1933. Collection particulière

Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2008
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