Dossier collectif IA04001172 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
maisons
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Blieux

I. Contexte de l’enquête

1. La problématique du repérage : la famille concernée

Ce dossier concerne les maisons sur l’ensemble du territoire communal de Blieux. Ont été pris en compte dans cette famille les édifices dont les fonctions domestiques prédominent par rapport aux fonctions agricoles. Les bâtiments présentant un premier niveau (soubassement ou rez-de-chaussée) occupé en partie par une étable, une écurie, un cellier, une remise voire un commerce entrent dans la catégorie « maison ».

On notera à ce titre que les fonctions commerciales sont la plupart du temps très délicates à lire, dans la mesure où cette activité a très souvent disparu et a été remplacée par une fonction agricole de remise ou autre, qui a pu modifier la disposition des lieux. Dans ce cas précis, le recours aux matrices cadastrales mais aussi les témoignages oraux constituent un apport essentiel dans le décryptage des différentes fonctions du bâti. Une constante en effet réside dans le changement récurrent d’affectation d’un même espace. Une pièce peut ainsi servir d’épicerie, puis de remise, voire d’écurie, ou alors devenir pièce d’habitation. Tous les cas de figure existent et l’inertie fonctionnelle demeure une exception. S’ajoutent à ces difficultés inhérentes au terrain les transformations récentes témoignant des mutations dans la façon d’occuper les lieux : l’économie agricole a totalement périclité, les commerces, bien souvent, ont disparu, et l’adaptation contemporaine s’est faite dans le sens d’une modification intérieure vers les fonctions d’habitation exigeant un confort qui bien souvent entre en contradiction avec les dispositions spatiales traditionnelles. Cependant, les traces existent encore de l’architecture rurale vernaculaire, suffisamment en tout cas pour dresser une synthèse de l’habitat traditionnel.

Ont été écartés du corpus d’étude les bâtiments s’inscrivant dans la famille mais contrevenant par trop aux critères d’appréciation établis dans la grille de repérage, soit qu’ils présentent des dénaturations trop profondes (transformations ayant radicalement modifié la cohérence du parti original telle que repercement de baies, utilisation de matériaux et mise en œuvre différents de la tradition locale, vocabulaire architectural incongru, aménagements intérieurs dénaturants), soit qu’ils s’inscrivent dans un cadre temporel trop récent et présentent des caractéristiques étrangères à l’architecture vernaculaire (lotissements de pavillons standardisés ou implantations d’« hapax » exogènes à la zone d’étude).

2. Les conditions de l’enquête

Le repérage de l’habitat s’est déroulé sur une campagne durant l’été 2008. Le recensement s’est effectué à partir du cadastre le plus récent disponible, édition mise à jour pour 1982, ainsi que du cadastre napoléonien levé en 1811 comme point de comparaison permettant d’apprécier l’évolution (inertie formelle, augmentation, diminution, apparition voire disparition) du bâti dans l’intervalle.

Le repérage, exhaustif, a par conséquent concerné l’intégralité des constructions portées sur le cadastre actuel. La différence entre les chiffres fournis par le bâti INSEE et ceux découlant du recensement effectif témoignent de l’écart induit par une prise en compte ciblée donc réduite de la famille considérée. En outre, le déclin général de la commune, auquel le village n’a pas échappé, a provoqué une diminution du bâti non exploité et progressivement abandonné (voir le dossier village correspondant). La majorité des bâtiments a été vue au moins depuis l’extérieur. Il a été possible d’entrer dans une dizaine de maisons. La fonction de village de villégiature de Blieux par exemple, n’a pas facilité la tâche, certaines maisons, par définition, n’étant occupées qu’une période limitée de l’année, parfois de façon irrégulière. D’une manière générale des questions ont été posées aux habitants afin d’obtenir des informations plus précises sur l’organisation intérieure, y compris sur son évolution le cas échéant, même lorsque la visite a été permise.

Le repérage s’est basé sur une grille de description morphologique prenant en considération les questions :

- d’implantation du bâti (au sol et par rapport aux autres constructions)

- de répartition des fonctions par niveau

- du nombre d’étages visibles

- de matériaux principaux et secondaire employés ainsi que leur mise en œuvre

- de description des élévations et des baies

- de décor extérieur éventuel

- de mode de couvrement

- d’aménagement intérieur (escalier de distribution, organisation spatiale, cheminées, décor éventuel)

- de datation

- d’inscriptions historiques (dates portées, inscriptions éventuelles)

Cette grille de repérage a donné lieu à l’alimentation d’une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique.

II. Caractères morphologiques

32 maisons ont été repérées, selon le tableau de répartition ci-dessous :

Typologie

(répartition des fonctions)

1. En village (Blieux)

2. En écart (les Ferrajas, Plan d’Asse, Brige)

Total

16

16

A1

2

2

A2

0

0

A3

14

13

B

0

1. Implantation et composition d’ensemble

Toutes les maisons se situent en habitat groupé, mais pas uniquement dans le chef-lieu Blieux (le village historique, 16 maisons), puisque trois hameaux ou écarts sont aussi concernés : les Ferrajas (10 maisons), Plan d’Asse (4 maisons) et Brige (2 maisons). Eu égard à l’histoire de l’occupation du territoire communal, composé d’un chef-lieu ainsi que de nombreux hameaux qui pouvaient autrefois être d’anciens villages (par exemple La Melle), cela n’est pas surprenant. La proportion très élevée du bâti ruiné voire disparu ne permet toutefois pas de montrer l’ampleur du phénomène (ainsi de La Melle ou de Culmignosc, totalement détruits). La Melle présentait une organisation en hameaux, au moins trois parfaitement identifiables sur le cadastre de 1811, comprenant, sans compter l’habitat isolé, au moins 34 parcelles bâties.

La date précoce de levée du cadastre napoléonien (1811) permet d’avancer pour les édifices portés sur ledit cadastre et toujours en place une datation au plus tard dans la deuxième moitié du 18e siècle, parfois avant, notamment à Blieux même.

a) Comparaison village-écarts

Il est impossible de tenter d’établir une distinction détaillée pertinente entre le village (cas 1) et les différents quartiers (cas 2) car la masse critique des éléments en place s’avère trop réduite. Toutefois, le critère de la surface au sol, discernable grâce au plan cadastral ancien et actuel, laisse l’opportunité de remarquer, dans le village, la présence de bâtiments – correspondant à des maisons – de taille plus importante qu’ailleurs. Les parcelles anciennes G 7, 43, 59, 65, 75, 99, 143 ou encore 1591 montrent des emprises au sol déterminant un bâti de proportion supérieure en moyenne à celui que l’on trouve dans les écarts. Malheureusement les correspondances sont aujourd’hui délicates à établir car les anciennes parcelles 7, 99 et 159 (respectivement A3 1007, 1084-1085 et 960-961) ont été soit amputées, soit très modifiées soit fusionnées. Quant aux anciennes parcelles G 43, 59, 65, 75 et 143 (respectivement 1003, 987, 1036 et 1048, elles ont purement et simplement disparu. D’autres grosses entités sont apparues, résultat de réunions de parcelles anciennes : c’est le cas des parcelles A3 1049 (non repérée car dénaturée), 1050, 1088 ou encore 1089 (respectivement fusion des anciennes parcelles G 79-80, 112-113-114, 169-170 et 167-168).

Dès lors, à Blieux même, entre les parcelles subsistantes (16 maisons) et celles qui ont été détruites s’insère un décalage car les anciennes parcelles de taille importante sont quasiment toutes ruinées (seule la parcelle G 7 demeure, actuelle A3 1007 amputée) et celles qui sont observables aujourd’hui résultent de réunion de parcelles anciennes. Mais au-delà de ces remarques subsiste le fait objectif durable qu’un nombre non négligeable même si minoritaire de maisons possèdent une emprise au sol supérieure en moyenne dans le village par rapport aux autres maisons encore en place ailleurs sur le territoire communal2. Il devait s’agir de maisons de notables ou de commerçants aisés. Georges Gayol montre du reste, à travers la ventilation des professions répertoriées à Blieux, qu’on y trouvait au fil de son histoire des consuls, lieutenants de juge, chirurgiens, officiers de santé, notaires et bourgeois3, dont les demeures, sûrement, se démarquaient des autres maisons plus simples.

La très importante diminution du bâti dans le village ne permet pas de mettre en avant d’autre caractéristique. On remarque cependant certaines mutations sur les constructions relatives aux maisons, de quatre types :

• la diminution ou l’augmentation du bâti par transformation : cela concerne la parcelle A3 1007 dont l’emprise au sol a fortement diminué par rapport au cadastre napoléonien de 1811 ; inversement la parcelle A3 1087 (ancienne parcelle 174) a été rehaussée d’environ 80 cm. au début des années 2000 de façon à ajouter une terrasse couverte. Il est vrai que la maison, dont le troisième niveau s’est ainsi vu entièrement réaménagé, possédait à l’origine 4 niveaux. Dans ce cas, l’augmentation intervient après une diminution ancienne.

• Le lotissement : c’est le cas pour les parcelles A3 960-961 (ancienne parcelle 159 et auberge Audibert)

• La réunion de parcelles : les 4 anciennes parcelles indépendantes G 167, 168, 169 et 170 forment aujourd’hui deux propriétés, A3 1088 (169 + 170) et A3 1089 (167 + 168) ; la configuration se retrouve pour la parcelle A3 985 actuelle qui réunit les deux anciennes parcelles G 56 et 57

• le changement de fonction : la maison sise sur l’ancienne parcelle G 44 (actuelle A3 998) relève aujourd’hui de la famille des entrepôts agricoles, avec étable en soubassement et fenil en rez-de-chaussée surélevé. Mais le bâtiment a perdu un niveau et le rez-de-chaussée surélevé servait auparavant de logis. Autre exemple : les deux maisons des anciennes parcelles G 21 et 22 (actuelle parcelle A3 1028) se sont transformées en ferme avec deux logis indépendants après l’adjonction d’une dépendance tenant lieu de remise et d’étable, qui communique en soubassement avec les parties basses des deux anciennes parcelles. On notera que pour ces deux derniers exemples la mutation fonctionnelle s’accompagne d’une mutation du bâti lui-même (perte d’un niveau dans un cas [A3 998], fusion de parcelles et ajout d’un élément dans l’autre [A3 1028]).

Mais encore une fois, la faible masse critique (16 maisons) ne permet pas de tirer de conclusion générale au-delà de ces constats généraux pour le village.

Les maisons observables dans les écarts offrent moins de prise car sur les 16 repérées, 8 soit la moitié n’existaient pas en 1811. Que sur le total 12, soit 75 %, reviennent au quartier des Ferrajas, ancien quartier de l’Église, n’est pas surprenant, dans la mesure où il s’agit, après le village auquel il a été englobé par la suite, de l’écart le plus résidentiel qui comporte d’ailleurs l’église paroissiale de la commune (voir le dossier individuel correspondant, REF IA04001483).

Sur les 8 maisons mentionnées dès 1811, l’emprise au sol ne révèle aucun ou très peu de changements. Il semble donc que l’inertie architecturale soit de mise pour les écarts contrairement à la situation dans le village « intra muros ».

b) Implantation

La totalité des maisons sont adossées à la pente, ce qui explique la présence systématique du soubassement, sur un ou deux niveaux. Seules les maisons du village présentent ce dernier cas de figure (6 parcelles à 2 niveaux de soubassement), schéma logique dans la mesure où le village est construit sur la roche qui parfois affleure même dans les maisons (ainsi pour les parcelles A3 1049 et 1050). Aucune maison n’a été repérée en milieu plat (Planpinier, Thon…), à vocation exclusivement agricole. Il est vrai que ces espaces sont très réduits sur la commune (voir dossier présentation de la commune, REF IA04001168).

D’une manière générale au village et dans les quartiers, les maisons sont implantées parallèlement à la pente mais il existe quelques exceptions dont les trois exemples les plus remarquables sont la parcelle bâtie A3 1043 (non repérée), l’ancienne parcelle G 75 (actuelle A3 1048) aujourd’hui détruite et surtout la parcelle A3 1049, mitoyenne de la précédente, construite perpendiculairement à la roche. Aux Ferrajas, la maison dénommée « Hermeline » constitue une exception, de même que la parcelle bâtie 87 qui était jusqu’à la fin des années 1950 une bergerie surmontée d’un fenil, date à laquelle le bâtiment fut rehaussé et l’ensemble réaménagé en maison d’habitation.

2. Matériaux et mise en œuvre structurelle - datation

La totalité des maisons est traditionnellement construite avec de petits moellons de calcaire non équarris qui doit provenir de la Barre de l’Échelette elle-même, extraite en morceaux saillants à peine travaillés qui conservent par conséquent leur aspect brut. Aucun autre matériau n’a été recensé dans les maisons répertoriées (2 maisons recouvertes d’enduit récent ne dévoilent pas leur maçonnerie sous-jacente). Les murs sont montés en assises peu régulières voire sans assise. Le principe de la construction locale repose sur l’emploi des matériaux disponibles sur place pour des raisons évidentes d’économie d’argent et de temps. D’une manière générale la mise en œuvre est peu soignée, ce qui explique en partie l’état ruiné du village, dont les maisons inhabitées donc non entretenues s’effondrent rapidement, une fois la toiture tombée et le mortier servant de liant aux murs porteurs lavé par les pluies. Le chaînage d’angle est néanmoins systématique car indispensable à la tenue des constructions, même s’il présente des caractéristiques rudimentaires (A3 998 par exemple). Même les habitations plus récentes et plus imposantes (le presbytère [AB 85] et l’« Hermeline » [AB 36]) ne témoignent pas d’une mise en œuvre structurelle plus solide sur le plan de l’appareillage. En revanche, significatif de la période de construction – la seconde moitié du 19e siècle – l’ « Hermeline » (1862) a reçu un chaînage d’angle en gros blocs de calcaire équarri qui renforce l’ensemble. Quant au presbytère, il reçoit un contrefort pour pallier la faiblesse structurelle d’un chaînage modeste. Un procédé identique s’observe pour les maisons G 56 et 57 (actuelle parcelle A3 985).

Une exception relative au village ressort de l’ensemble considéré : le remploi ponctuel mais qui a dû être plus étendu que ce qui en subsiste aujourd’hui du matériau de parement de la tour de guet et d’une partie des remparts anciens. Il s’agit de moellons calcaire dûment équarris et taillés de façon à présenter une surface régulière de petit et moyen appareil. Les restes de la tour de guet (voir dossier fortifications correspondant, REF IA04001201) montrent la mise en œuvre – fourrage et parement du système défensif – encore en place à proximité, dans la partie sud-occidentale du village et désignent la source de la présence unique et ponctuelle en façade sud de la ferme occupant la parcelle A3 1028, ancienne maison G 21, d’un matériau inusité ailleurs sur la zone (voir dossier correspondant, REF IA04001229).

La maçonnerie recevait la plupart du temps un enduit à pierres vues fait d’un mortier de chaux gris qui a très largement disparu au fil du temps. De ce fait, l’enduit à pierres vues est souvent à peine perceptible, et l’enduit de protection courant qui s’appuyait sur cette couche lacunaire a tout simplement entièrement disparu. On trouve ponctuellement, pour certains encadrements d’ouvertures, un enduit de gypse de couleur jaune ou rouge orangé caractéristique provenant du massif du Grand Mourre au sud-ouest de la commune. Les enduits rustiques ou récents restent limités (6 cas sur 32, soit moins de 20 % du total). Le village et ses alentours conserve donc une unité visuelle remarquable qui prend la couleur de la pierre calcaire locale.

Dans les élévations ayant conservé une mise en œuvre traditionnelle les encadrements des fenêtres sont le plus souvent en maçonnerie façonnée au mortier, avec un linteau en bois apparent. Les encadrements de porte reçoivent majoritairement un linteau à l’exception de 5 cas (dont 3 au village), soit à peine plus de 15 % du total (4 arcs segmentaires, 1 arc en plein-cintre). Dans un cas l’arc segmentaire est façonné au mortier de gypse sous un linteau monoxyle droit (AB 85, le presbytère), dans un autre il est en pierre mais récent (AB 57), dans un autre l’enduit récent au ciment interdit de déterminer s’il s’agit d’un façonnage ou si la pierre est employée (la remarque vaut pour les piédroits de la porte, parcelle A3 1088). Pour les 2 autres cas recensés, l’arc segmentaire de la porte d’entrée sur la parcelle A3 1007 est en grès (piédroits en pierre de taille calcaire), et l’arc en plein-cintre est en pierre de taille calcaire ainsi que l’encadrement de la porte (maison sur la parcelle A3 958). On dénombre également un linteau monolithe pour la porte donnant sur la rue mais sur la façade postérieure de l’ « Hermeline » (AB 36), dont l’encadrement est constitué de gros blocs de calcaire taillés, ainsi qu’un autre encadrement en pierre de taille calcaire surmonté d’une plate-bande (l’ensemble est un aménagement postérieur de la seconde moitié du 19e siècle utilisant un calcaire plus gris que l’appareillage) pour la « Chambrette » (parcelle A3 965), réalisation du tailleur de pierre du village.

Deux piédroits en pierre calcaire surmontés chacun d’un chapiteau grossièrement sculpté avec modillons et désignant une porte sont insérés dans la maçonnerie du mur de la maison parcelle A3 1088 (ancienne parcelle G 170 qui était autrefois une maison indépendante).

On ne trouve que 3 chronogrammes sur l’ensemble des maisons repérées, le plus ancien indique 1819 sur l’arc en plein-cintre de l’entrée de la maison parcelle A3 958, le second 1836 gravé sur une pierre rapportée du pignon nord-est de l’ancien presbytère (le bâtiment existait déjà au 18e siècle, il est mentionné sur le cadastre ancien de 1811 [parcelle B1 23]), le troisième 1862 sur la façade postérieure de l’ « Hermeline » (AB 36) ; il semble dater la construction de l’édifice (voir le dossier correspondant, REF IA04001224).

3. Structure, élévation, distribution

Les bâtiments considérés sont des blocs en hauteur avec des façades tournées vers la rue. On remarque également que presque chacune d’entre elles dispose d’une entrée latérale réservée à l’étable ou à l’écurie ; en conséquence que les espaces agricoles en partie basse et les espaces de logis au-dessus, lorsque cette configuration se présente, ne communiquent pas directement et sont donc indépendants. En revanche les parties logis et agricoles supérieures communiquent la plupart du temps.

On relève une différence entre les maisons en village et celles qui sont implantées en écart sur le plan du nombre de niveaux. La répartition s’effectue comme suit :

Niveaux

Maisons

2

3

4

5

6

Nombre (Village)

1

4

9

1

1

%age

6,25

25

56,25

6,25

6,25

Nombre (écarts)

2

13

1

0

0

%age

12,5

81,25

6,25

0

0

Total (Village et écarts)

3

17

10

1

1

%age total

9,375

53,125

31,25

3,125

3,125

Il est impossible de prendre en compte de façon statistique le nombre des maisons ayant perdu un niveau, car c’est le plus souvent le témoignage oral qui permet, ponctuellement, de le signaler, rare étant les occasions de déterminer sur place à partir des bâtiments subsistants. L’ancienne maison sur la parcelle A3 998 constitue à ce titre une exception. En outre, la diminution a été signalée pour le village, mais pas dans les écarts. Il faut donc rester prudent et s’en tenir à la réalité actuelle, telle que consignée dans le tableau ci-dessus. On remarque que les maisons à trois et quatre niveaux prédominent largement sur la commune : plus de la moitié disposent de trois niveaux, près du tiers en présentent quatre, ce qui signifie qu’à peine plus de 15 % des maisons n’entrent pas dans ces catégories. Mieux : plus des 9/10e des maisons disposent d’au moins trois niveaux. Il convient pour autant de signaler une inversion significative entre le village et les écarts, même si le pourcentage total cumulé de ces deux catégories y reste dans les mêmes proportions relatives (entre 80 et 90 %). Dans le chef-lieu historique en effet les maisons à quatre niveaux sont plus nombreuses que celles à trois niveaux (plus du double : 56 % contre 25), alors que dans les écarts la tendance non seulement s’inverse, mais révèle une surreprésentation des maisons à trois niveaux par rapport à celle de quatre (le rapport est de 13 contre 1, 81 % contre 6, et dans ce cas les maisons de deux niveaux sont deux fois plus nombreuses que celles de quatre).

Le tiers environ des maisons a pu être visité. Sur les 32 maisons repérées, 17 conservent leur mystère : la présence d’un escalier n’a pu être attestée ou réfutée par l’observation extérieure, mais le nombre des maisons concernées ainsi que les niveaux à desservir imposent son existence ; 4 n’en possèdent pas : il s’agit de l’ancienne maison devenue entrepôt agricole (parcelle A3 998), de la maison sur la parcelle A3 985 résultant de la réunion de deux anciennes parcelles mitoyennes G 56 et 57 ainsi que de la maison sur la parcelle A3 959 (G 160), mais elle communique avec la parcelle mitoyenne A3 958 (G 161) qui, elle, en possède un. Une cinquième maison (parcelle A3 960) n’en dispose pas mais elle résulte d’un lotissement – les actuelles parcelles 960 et 961, cette dernière pourvue d’un escalier, faisaient autrefois partie de la même parcelle (G 159). Dans deux cas l’escalier n’est pas significatif car il a été ajouté à une période récente (A3 1049, AB 82), témoignant d’une transformation du bâti et pour partie de l’aménagement intérieur. Restent 9 cas avérés d’escaliers de distribution, tous intérieurs et de forme variée (en vis, tournant, droit et même un cas en L).

Les pièces sont toutes couvertes par un plancher sur solives. Quelques exemples de voûtement ont été repérés dans le village, ce qui s’explique par l’implantation sur le rocher. Cela étant, il s’agit de pièces non habitables tenant lieu de resserre ou de remise (A3 1008), de cellier (A3 1050) voire de porcherie (A3 1049).

Il n’y a pas de bâtiment emblématique subsistant qui témoignerait d’une fonction particulière ou qui aurait été le siège identifiable d’un notable au village, et seuls deux bâtiments se détachent parmi ceux recensés sur la commune : la maison dite L’ « Hermeline » (AB 36) qui présente une façade régulière de type B3b ainsi que le presbytère de type B4b. La maison occupant la parcelle AB 37 présente aussi une façade régulière (B3b) mais il s’agit d’une ancienne bergerie ruinée reconstruite à l’identique pour servir de maison d’habitation exclusivement au milieu des années 1950.

La répartition des fonctions fait nettement ressortir la quasi exclusivité des maisons avec des fonctions agricoles (près de 97 % du total) , comme le montre le tableau ci-dessous :

Type

A1

A2

A3

B

Nombre

4

0

27

1

%age

12,5

0

84,4

3,1

La forme spécifique de type A3 (maison avec parties agricoles en parties basse et haute), avec remise et/ou étable et/ou écurie (éventuellement agrémentée d’un poulailler ou d’une étable à cochons) au premier niveau, surmontée du logis, lui-même surmonté d’un fenil ou d’un séchoir est un classique de l’architecture en milieu rural et s’impose comme le modèle dominant sur le territoire communal. Il atteint à Blieux près de 85 % du total.

Dans le type A1 (maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse) il est complexe de déterminer la présence d’un commerce quand les enseignes ont disparu (souvent même dans les petits villages n’existaient-elles pas). À ce titre seuls les témoignages oraux peuvent identifier la présence passée d’un café-restaurant sur la parcelle A3 1088 (anciennes parcelles G 169-170) ou de l’agence postale sur la parcelle A3 1089 mitoyenne (ancienne parcelle G 167) dans le village. À l’intérieur des remparts la parcelle A3 1089 abritait autrefois (jusqu’au milieu des années 1950) un café et une mercerie (anciennes parcelles G 79 et 80). L’actuelle « Chambrette » (parcelle A3 965, ancienne parcelle G 154) servait aussi de café.

L’absence de maison de type A2 (maison avec partie agricole en partie haute) s’explique par l’importance des fonctions agricoles en milieu rural. La possession d’un animal voire de plusieurs (chèvre, cochon, poule, âne et plus rarement cheval), en plus des resserres et autres celliers, était très répandue. La partie haute de la maison servait de fenil et à Blieux, où la prune était un facteur complémentaire de la vie économique, très souvent de séchoir. Il n’en reste presque plus trace aujourd’hui, suite aux aménagements des habitations, dans la mesure où la prune, ayant disparu, tout comme l’activité agricole dans son ensemble, ne constitue plus une ressource. Le séchoir n’avait dès lors plus d’utilité fonctionnelle.

Le type B (maisons sans partie agricole, commerciale ou artisanale) n’intervient qu’une fois. Il est donc presque inexistant (3%) dans un espace où l’économie traditionnelle reposait essentiellement sur les ressources agricoles. Il s’agit dans le cas présent d’une ancien entrepôt transformé en maison d’habitation (AB 307) dans le courant du 20e siècle : comme la maison appartient à un regroupement de plusieurs bâtiments agricoles dans le quartier de Plan d’Asse elle a pu se dispenser de cette fonction et témoigne à cette date avancée d’une mutation économique et du déclin de l’activité agricole dans le secteur.

Le tableau typologique en fin de document montre qu’une majorité d’élévations sont irrégulières (famille A – portes et baies non alignées – : 20 occurrences, soit près des deux-tiers du total repéré). Dans cet ensemble, les maisons présentant une façade tellement irrégulière qu’il est impossible de préciser le champ typologique s’élèvent au quart (5 cas) : les dénaturations expliquent en grande partie ce phénomène. On recense au sein des 20 façades mentionnées 5 cas à travée unique et 8 à deux travées. L’irrégularité domine donc mais une façade de type A peut présenter parfois une certaine harmonie. On notera qu’il existe aussi 3 façades pour lesquelles la façade principale ne correspond pas à l’entrée du logis (dans le cas de la parcelle AB 83 la façade principale présente pourtant une réelle harmonie – deux travées sur deux niveaux avec ouvertures superposées). Il convient d’insister sur le fait que les modifications architecturales rendent la lecture malaisée, notamment lorsqu’une façade résultant d’une fusion ou d’une scission parcellaire transforme irrémédiablement la donne initiale : c’est par exemple le cas, parmi d’autres, de la parcelle E 83.

4. Couverture

La forme à longs pans domine, comme il apparaît sur le tableau ci-dessous :

Couverture

Longs pans

1 pan

Longs pans

+ 1 pan

Occurrences

19

12

1

%age

59,4

37,5

3,1

On rencontre la tuile creuse comme mode de couvrement dans 28 cas, mais à 12 reprises sur un matériau moderne type ciment-amiante. Les couvertures anciennes représentent donc tout de même la moitié du total. Quatre maisons présentent une toiture en ciment-amiante (12,5 % du total repéré).

Le traitement des avant-toits fait intervenir la génoise dans 26 cas (soit plus de 80 % du total), mais il arrive que celle-ci ait été refaite récemment sans qu’il soit possible d’y voir autre chose qu’une tendance décorative (ainsi parmi d'autres, au quartier des Ferrajas, de la maison sur la parcelle AB 83, d’autant plus qu’il s’agit du mur pignon). On dénombre, au sein de ces 26 occurrences, 2 cas de génoise à deux rangs, 1 cas de génoise à deux et un rang).

5. Décor

Il demeure quasi inexistant. L’absence d’enduit de couvrement extérieur dans une très large mesure permet de l’expliquer, même si d’une manière générale on peut avancer qu’il ne devait être qu’exceptionnel sur la commune. Ponctuellement toutefois on observe des mises en œuvre soignées, qui dans cette plate-forme d’un balcon dont le garde-corps a disparu, œuvre du tailleur de pierre du village dans la seconde moitié du 19e siècle (A3 965), qui dans ces deux piédroits avec chapiteau grossièrement sculpté déterminant une ancienne entrée murée (A3 1088, ancienne parcelle G 170), qui dans ces encadrements de fenêtres en tuf avec feuillure et, au moins au second niveau, des plates-bandes avec clef pendante de la maison « Hermeline » (AB 36).

Les intérieurs restent pas ou peu décorés. Seule exception remarquable même si rudimentaire dans les demeures qui ont pu être visitées, la parcelle A3 998 (ancienne parcelle G 44), qui présente un ensemble de fleurs tombantes de forme étoilée avec tige dessinées à la mine de plomb sur l’enduit lacunaire (voir dossier individuel correspondant, REF IA04001225).

III. Typologie

A1 : Maison avec partie agricole, commerciale ou artisanale en partie basse (4 repérées, 1 sélectionnée)

A2 : Maison avec partie agricole en partie haute (0 repérée ; 0 sélectionnée)

A3 : Maison avec parties agricoles en parties basse et haute (27 repérées ; 4 sélectionnées)

B : Maison sans partie agricole, commerciale ou artisanale (1 repérée ; 0 sélectionnée)

3 maisons ont été sélectionnées sur la commune (dont 4 dans le village historique), soit 9,3 % du total repéré.

TABLEAU DES MAISONS REPÉRÉES

(en gras, les 5 maisons faisant l’objet d’un dossier Mérimée) :

Lieux-dits

Références cadastrales

Parties constituantes

Niveaux

Types de façade

Typologie fonctionnelle

Bourg (le)

1982 A3 958 ;

1811 G 161

étable, fenil, resserre

4

B1

A3

Bourg (le)

1982 A3 959 ;

1811 G 160

étable, fenil, resserre

4

A1

A3

Bourg (le)

1982 A3 960-961 ;

1811 G 159

étable, fenil, resserre

4

A2b

A3

Bourg (le)

1982 A3 965 ;

1811 G 154

étable, fenil, boutique, resserre

4

B1

A1

Bourg (le)

1982 A3 965 ;

1811 G 155

étable, fenil, remise

4

B1

A3

Bourg (le)

1982 A3 985 ;

1811 G 56

étable, fenil, resserre, poulailler

3

C

A3

Bourg (le)

1982 A3 985 ;

1811 G 57

étable, fenil, resserre, poulailler

3

C

A3

Bourg (le)

1982 A3 998 ;

1811 G 44

étable, fenil

2

A

A1

Bourg (le)

1982 A3 1007 ;

1811 G 7

étable à cheval, fenil, séchoir

6

A

A3

Bourg (le)

1982 A3 1043 ;

1811 G 136

étable, fenil

4

A

A3

Bourg (le)

1982 A3 1049 ;

1811 G 79-80

étable, remise, café, boutique, resserre, porcherie, pigeonnier

5

A2a

A3

Bourg (le)

1982 A3 1047 ;

1811 G 174

étable, fenil, séchoir

4

A

A3

Bourg (le)

1982 A3 1088 ;

1811 G 169

étable, fenil, remise, café

3

A2

A3

Bourg (le)

1982 A3 1088 ;

1811 G 170

étable, restaurant, fenil, remise, séchoir

3

A1a

A3

Bourg (le)

1982 A3 1089 ;

1811 G 167

étable, boutique, fenil

4

A2

A3

Bourg (le)

1982 A3 1089 ;

1811 G 168

étable, fenil, remise

4

A1a

A3

Brige

1982 AB 173 ;

1811 B1 229 et 231

étable à cheval, fenil

3

A1

A3

Brige

1982 AB 175 ;

1811 B1 222

étable à cheval, fenil

3

A2

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 36

étable à cheval, fenil

3

B3b

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 37

SANS OBJET (auparavant bergerie, fenil)

3

B3b

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 56 ;

1811 B 1

étable, fenil

3

B3b

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 57

étable, fenil

3

B1

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 58 ;

1811 B1 1, 2, 3

étable

2

B1

A1

Ferrajas (les)

1982 AB 61 ;

1811 B1 5

étable, fenil

3

A1

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 62 ;

1811 B1 5-6

étable, fenil, remise

3

A2a

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 82

étable, fenil, séchoir à loggia

3

A3a

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 83

étable à cheval, étable, fenil

3

C

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 85 ;

1811 B1 23

étable, fenil

4

B4b

A3

Ferrajas (les)

1982 AB 87

remise, boutique

2

A2

A1

Ferrajas (les)

1982 AB 88

étable à cheval, fenil

3

A2

A3

Plan d’Asse

1982 AB 225 ;

1811 B1 300

étable à cheval, fenil

3

A

A3

Plan d’Asse

1982 AB 307

-

3

A2b

B

1Georges Gayol, dans Histoire de Blieux, un village des Alpes de Haute-Provence, édité par l’Association du Patronyme Deblieux, 2008, p. 27, mentionne que l’ancien numéro de parcelle 159 correspond à l’auberge tenue par Honoré Audibert. En 1830, elle était la seule maison à présenter 6 ouvertures sur trois façades.2Il s’agissait au 19e siècle des maisons disposant de 3 ouvertures et plus (les propriétaires payaient un impôt supplémentaire au-delà de deux ouvertures, institué par le Directoire, pendant la Révolution française, le 4 frimaire an VII [24 novembre 1798] et supprimé en 1926). Naturellement, ces maisons étaient minoritaires.3Gayol, op. cit., p. 76-79.
  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    A1 : maison avec partie agricole, artisanale ou commerciale en partie basse ; A3 : maison avec parties agricoles en partie basse et haute ; B : maison sans partie agricole, artisanale ou commerciale
  • Toits
    tuile creuse, ciment amiante en couverture
  • Murs
    • calcaire moellon
    • grès moellon
    • tuf
    • enduit
    • pierre de taille
  • Décompte des œuvres
    • bâti INSEE 73
    • repérées 32
    • étudiées 5

Documents d'archives

  • Arrondissement de Castellane. Enquête sur le nombre de maisons de l'arrondissement couvertes en chaume ou en bois, 6 avril 1922. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 2 Z 39.

Date d'enquête 2008 ; Date(s) de rédaction 2008
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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