L'histoire de la maison est en partie retracée par Alain Collomp à partir de 1640 où la famille des Henry y est installée. Cette famille est, tout au long du 17e siècle, en pleine ascension sociale, intégrant la bourgeoisie de Saint-André jusqu'à une alliance avec la noblesse locale. Le bâtiment est décrit dans les inventaires comme une "grosse maison" ou "grande maison", très bien meublée, situé sur La Place (et non La Placette comme elle n'est nommée aujourd'hui ce qui donne une idée de son importance), le long de la rue des Sueilles (actuel chemin de la Sapinière), avec un jardin potager se trouvant de l'autre côté de cette même rue. En 1751, un des héritiers de la famille Henry épouse Marie-Françoise de Chailan, fille de Jean-Baptiste de Chailan, cadet des seigneurs de Moriez (qui n'aura pas d'héritier mâle mais deux filles). Des travaux sont sans doute entrepris peu après puisque la maison porte la date de 1760. Sur la Carte des Frontières Est de la France, établie entre 1764 et 1778, un bâtiment rectangulaire, isolé apparaît à l'emplacement de la maison actuelle. Elle n'aurait donc pas été, à l'origine, prise aussi étroitement dans le bâti, assez dense aujourd'hui, de cette zone mais érigée en limite du village.
Le bâtiment est toujours dans les mains de la famille de Chailan au moment de la Révolution. Il apparaît ensuite sur le cadastre napoléonien sous la désignation "le Château", allusion à son importance et à son appartenance d'origine noble. Les états sections du cadastre de 1838 mentionne Tartanson comme nom de propriétaire pour cette parcelle, or il s'agit du nom d'épouse de l'héritière des Chailan de Saint-André (et dernière du nom de cette branche cadette). Un membre de cette même famille aurait été élu juge de paix peu après la Révolution et, corrélativement, son domicile serait devenu prétoire de la justice cantonale, et ce pendant 120 ans.
Il reste peu de vestiges de la grande maison des Henry de Saint-André passé par succession aux mains des Chailan de Moriez : la porte d'entrée en pierre de taille ou encore le bloc de pierre portant la date de 1760 pris dans le chaînage d'angle. Certaines baies, les fenêtres en arc segmentaire, peuvent peut-être également être d'origine. La maison a en effet, depuis l'époque de sa construction, subit divers remaniements sans doute dans le courant du 20e siècle : modification et agrandissement de la baie centrale du rez-de-chaussée, ajout d'un balcon et d'une véranda au 2e étage, réfection de l'enduit extérieur. La génoise horizontale est brutalement interrompue ce qui peut suggérer une modification de la toiture, dont la pente semble par ailleurs un peu trop importante.