Dossier d’œuvre architecture IA06003901 | Réalisé par
Albertini Cécilia-Eléna (Rédacteur)
Albertini Cécilia-Eléna

Chercheur de l'inventaire, opération de recensement de l'architecture de villégiature de Nice.

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Prédal Christophe (Rédacteur)
Prédal Christophe

Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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  • recensement du patrimoine balnéaire, patrimoine de la villégiature de Nice
maison de villégiature (villa balnéaire) dite Fort Thaon, actuellement bâtiment communal
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Ville de Nice
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Nice - Nice
  • Commune Nice
  • Lieu-dit Mont-Boron
  • Adresse 10 avenue Banco
  • Cadastre 2019 IZ 0305
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de villégiature, villa balnéaire
  • Destinations
    établissement de bienfaisance, centre d'action sociale

L'époque de la famille Thaon

On retrace, grâce à une plaque commémorative sur le bâtiment, l’histoire de Fort Thaon. Celle-ci remonte à 1744, pendant la guerre que mènent conjointement le roi de France Louis XV et le roi Philippe V d'Espagne (armée gallispane) contre Marie-Thérèse d'Autriche. Le roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne, de Piémont, de Savoie et du Comté de Nice s'est rallié à l'Autriche devenant ainsi ennemi de la France et l'Espagne. Le comté de Nice deviendra ainsi un passage obligatoire de l'armée gallispane pour atteindre l'Italie du Nord et l'Autriche. L'armée gallispane a décidé de prendre le fort du Mont-Alban mais plus bas sur le flanc de colline, se situe la cassine (petite maison isolée dans la campagne) d'un négociant de la ville Guillaume Thaon, qui avait invité des amis pour un dîner et une partie de chasse le lendemain. La présence de deux armées ne semblait pas les déranger, même si le capitaine Haller, défenseur du fort de Mont-Alban, était descendu les prévenir que leur présence était risquée. Ne pouvant redescendre sur Nice, ils décidèrent de défendre le fort de Mont-Alban et la cassine devint le théâtre d'une bataille qui dura toute la nuit contre six cents grenadiers espagnols. Si la bataille fut gagnée par les Espagnols, les défenseurs de Fort Thaon reçurent les honneurs militaires pour leur bravoure, ayant fait croire par leurs mouvements et bruits dans la nuit à la présence d'un nombre d'hommes bien plus important (ce récit détaillé provient de MAZON,A. Nice en 1861, guide de l'étranger. Paris : Franck ; Nice : Jougla, 1861, p.64). Une plaque a été apposée en 1876 par l'un des descendants de Guillaume Thaon pour commémorer le fait d'armes qui a eu lieu à cet endroit dans la nuit du 19 au 20 avril 1744. Le texte est en italien et la traduction en est la suivante :"Des murs de ce château en combattant valeureusement le 20 avril 1744, Guglielme Thaon avec seize vétérans piémontais et autres ... obtint de plus de six cents grenadiers espagnols, une sortie libre et honorable émerveillant l'ennemi de tant d’héroïsme. Le chevalier Luigi Thaon major dans l’armée italienne en l'honneur de la patrie de sa famille comme exemple pour la postérité apposa ce mémorial le 20 avril 1876." Cette demeure reste dans la famille Thaon jusqu'en 1879.

Un lieu de visite

Cette "bastide" comme la nomme Elisée Reclus (in Les villes d'hiver de la Méditerranée et les Alpes-Maritimes, édition 1864) est citée dans les guides avec le fort du Mont-Alban, bien avant la pose de la plaque commémorative. On en trouve référence par exemple aussi en 1826 dans le guide de Rosalinde Rancher Guide des étrangers à Nice ou dans les tablettes du libraire Visconti. Il semble que la transformation en lieu de cure de tuberculeux ait fait tarir les visites.

L'époque de la famille Roissard du Bellet

Cette "maison des champs" ou "campagne" est rachetée par le baron Roissard du Bellet, gendre de M.Friedland. Ce dernier avait légué,par testament, une somme de 200 000 francs pour fonder et entretenir un sanatorium à l’usage des enfants du sexe masculin, scrofuleux ou rachitiques. Cet établissement fut connu sous le nom de l'asile Friedland ou Établissement du Mont-Boron. Ainsi, le baron Roissard du Bellet, acheta l’ancienne maison dite du Fort Thaon, assez proche de la mer et pouvant aider à la guérison des tuberculeux, avec le petit terrain couvert d’orangers et de citronniers qui l’entourait. Il fit exécuter les travaux nécessaires à sa transformation. Ils lui coûtèrent 60 000 francs. Il en restait encore 140 000 dont la rente, jointe au produit des dons et des quêtes, devait suffire à l’entretien de l’hospice et des douze petits garçons. Ce sanatorium était dirigé par les frères Saint-Jean de Dieu ; M. Roissard du Bellet les a remplacés par des sœurs de Saint-Vincent de Paul. En 1888, d’après un article sur les hôpitaux marins datant de 1890 issu de la Revue des deux mondes, le baron fit une transformation plus importante. Au lieu de garçons malades nécessitant des soins médicaux liés aux bains de mers, il n’y admet plus que des petites filles, assez peu malades pour ne suivre aucun traitement. Elles sont occupées à la cueillette des oranges et des olives. En 1931, le fils du baron de Roissard de Bellet, baron lui même, fit don au bureau de bienfaisance de Nice (actuel Centre communal d'action sociale) de la propriété qui continua l'œuvre sous le nom de "Fondation de Bellet". A partir de 1938, des transformations furent apportées jusqu’en 1969 avec de nombreuses modifications. Depuis 2009, l’école de sage-femme de Nice ainsi que d'autres organismes liés à l'éducation et la santé occupent les locaux.

Ancienne résidence de campagne désigné Fort Thaon suite à un épisode héroïque contre les troupes franco-espagnoles en 1744. Cette propriété, par les faits historiques qui s'y sont déroulés, est une destination de visite pour les premiers villégiateurs, référencée dans de nombreux guides de voyage de la moitié du 19ème siècle. En 1879, elle est acquise par la famille Roissard du Bellet pour l’accueil des enfants tuberculeux et rachitiques qui bénéficient de la proximité de la mer. En 1931 les Roissard du Bellet font don de leur fondation au bureau de bienfaisance de la ville de Nice. Il semble que le lieu soit devenu un orphelinat sans soins médicaux. Le bâtiment originel est successivement agrandi et surélevé à partir de 1938 par l'architecte Marius Deporta puis encore après la Seconde Guerre mondiale. Il accueille en 2018 des services sanitaires.

Les cadastres anciens laissent voir un bâtiment rectangulaire, exposé Est-Ouest. La photographie de la fondation de Bellet présente un bâtiment percé de fenêtres rectangulaires à la façade plane. Celle-ci pouvait avoir reçu un décor architectonique feint, peint à la fresque comme souvent dans les bâtiments de campagne destinés à la résidence d'été. L'agrandissement et surélévation de 1938 (architecte inconnu) aboutit à un bâtiment en forme de "L" de 3 étages sur rez-de-chaussée. Les allèges des baies conservent des traces de décor en relief (sgraffite ?). Des décors de fausses balustrades en demi-relief servent de garde-corps à des baies. Un large bandeau sous toiture recevait peut-être un décor peint. Toiture terrasse pour la villa originelle surélevée, pans en tuiles plates mécaniques pour l'extension de 1938. Escaliers dans oeuvre.

Demeure sans doute du premier état de la villa une niche en maçonnerie de briques, fabrique de jardin, ayant pu accueillir de la statuaire. Deux bustes à l'antique, en pierre marbrière (avec repeint) surmontaient les piédroits du portail principal, peut-être des membres de la famille Thaon. Deux têtes, vraisemblablement plus récentes, semblent avoir été rajoutées sur un portail secondaire après l'achat par la famille de Bellet. Le jardin a été amputé d'une partie et sert de parking.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ciment en couverture, tuile plate mécanique
  • Étages
    3 étages carrés
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans croupe
    • toit en pavillon
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
    • vitrail
  • Précision représentations

    Vestiges de peintures en sgraffite sur bâtiment de 1943

    Bustes sur les piliers du portail principal (peut-être guillaume Thaon et un autre personnage qui se sont illustrés lors de la bataille de 1744).

    Têtes sur les piliers d'un portail secondaire (peut-être Eugène père Roissard de Bellet et Jean, son fils)

    Vitrail intérieur de l'ancienne chapelle ("Laissez venir à moi les petits enfants")

Z Nice repérage

  • 01-DENO maison
  • 02-CHRONO avant 1860
  • 03-CARACTERE
  • 04-TENDANCES
  • 05-INTEGRITE réduite
  • 06-VISIBILITE bonne
  • 07-SITUATION isolé
  • 08-IMPLANTATION en retrait
  • 09-MATERIAUX non
  • 10-MACONNERIE enduit avec parements
  • 11-SUR FACADE
  • 12-ENTREE portail
  • 13-TOIT toit debordant
  • 14-COMBLES
  • 15-DOME
  • 16-BELVEDERE non
  • 17-FRISE
  • 18-CERAMIQUE
  • 19-MATERIEUX GROS OEUVRE
  • 20-SITE dimension paysagère
  • 21-LOTISSEMENT
  • 22-PERGOLA non
  • 23-JOINTS
  • 24-CLOTURES oui
  • 25-AGREMENTS non
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • ROCHARD, Jules. Les hôpitaux marins. Dans Revue des deux mondes. 1890, tome 100.

    les hopitaux marins

Documents d'archives

  • Nice, demande de permis de construire pour l’extension et surélévation 1969. Archives communales, Nice : 4w 1886

Bibliographie

  • La construction du vaste preventorium du bureau de bienfaisance s'achève au Mont-Boron. Dans L'éclaireur, octobre 1938.

  • ISNARD, Marguerite et Roger. Per carriera : dictionnaire historique et anecdotique des rues de Nice. Nice : Serre, 2003. 359 p. ; 32 cm.

    P 144

Documents figurés

  • Camp de Nice à l'assemblée de l'armée. 1745 / plan, taille douce par Guillaume Delahaye. 1747. 36 x 22,5 (cuvette). Archives communales, Nice : 2Fi 200.

  • Fond Baron de Bellet - asile pour enfants débiles - ancien Fort Thaon - Vieux chemin du Mont Alban [Nice]. Planche imprimée [circa 1930]. Dans : Bureau de bienfaisance et œuvre de la miséricorde de Nice, compte administratif de 1932. Nice : imprimerie de "L'Eclaireur de Nice" , 1933. Bibliothèque de Cessole, Nice : Ces br 1125

Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2019
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
(c) Ville de Nice
Albertini Cécilia-Eléna
Albertini Cécilia-Eléna

Chercheur de l'inventaire, opération de recensement de l'architecture de villégiature de Nice.

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Prédal Christophe
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Responsable de la cellule "inventaire du patrimoine architectural et paysager" à la ville de Nice, depuis septembre 2018.

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