Opératrice de saisie Inventaire.
-
Heller MarcHeller Marc
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.
-
Roucaute GérardRoucaute Gérard
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
-
Dénominationshôtel
-
Aires d'étudesCavaillon
-
Adresse
- Commune : Cavaillon
Définition
Hôtel ou maison ?
Les constructions désignées sous la dénomination d'HOTEL répondent à un ensemble de critères de description présentés dans le tableau récapitulatif. Ces critères tiennent compte, d'une part de la morphologie (dimensions, étages, surface, type de l'escalier) et d'autre par de la qualité (présence de la pierre de taille, nature du décor). La convergence des différents paramètres liée aux indications de la datation nous a permis d'attribuer cette dénomination aux édifices étudiés.
Dans le cadre de la vieille ville de Cavaillon, seules de rares habitations présentent sur la rue des motifs représentatifs des hôtels : grandes façades ordonnancées de l'hôtel Pérussis ; croisées de l'hôtel Crillon ; tours d'escaliers des 3e et 5e hôtels de la Grand'rue, jardins du 4e hôtel de la Grand'rue et de l'hôtel Liffran. Ces éléments de grande ampleur et de belle qualité architecturale peuvent passer pour incontestables.
Il était nécessaire d'aller plus loin et d'utiliser des notions de surface et de distribution.
La surface paraît être un critère essentiel bien que pas toujours pertinent. En effet, sur 16 hôtels étudiés dans le centre, 7 ont une surface au sol bâtie située entre 200 et 300 m2, 5 entre 400 et 450 m2, un seul a une surface de 600 m2, 3 ont moins de 200 m2. Certaines de ces surfaces pourraient être celles de simples maisons. Il faut donc tenir compte de la surface totale de la parcelle ou des terrains associés à l'hôtel. On se situe ainsi sur des surfaces, certes plus grandes en général mais dont l'éventail est aussi plus large : de 125 m2 à3150 m2 ! La plupart (9) se situent entre 500 m2 et 1000 m2.
Le rapport entre la surface bâtie, c'est-à-dire pour l'essentiel, l'hôtel lui-même et la surface des terrains libres - cours et jardins - est de l'ordre du simple au double. Ce qui permet grosso modo, dans l'état actuel des parcelles de distinguer les hôtels les plus anciens (XVe-XVIe siècles) de ceux de la période suivante (XVIIe au XIXe siècle), c'est la présence de jardins dont les surfaces considérables conditionnent l'organisation de ces édifices. L'absence de jardins pour les hôtels de la première catégorie ne tient qu'à l'état actuel de ces édifices dont les espaces libres ont pour la plupart été recouverts par des constructions ajoutées au fil des siècles. Peut-être est-ce pour cela qu'ils tiennent une place centrale dans les tableaux 2 et 3 avec des surfaces assez moyennes.
En résumé, on peut observer que
- les hôtels des XVe-XVIe siècles n'ont pour espace non bâti que des cours (existantes ou reconnaissables),
- les autres hôtels ont cours et jardins. Néanmoins ces derniers n'appartiennent pas au type classique des hôtels entre cour et jardin, faute de parcelles assez grandes, faute sans doute aussi de modèles : les références sont plutôt à rechercher dans l'hôtel provençal ou aixois entre rue et jardin. On construit plus volontiers des hôtels entre cour et jardin au XIXe siècle dans les faubourgs, en terrain libre, sur un parcellaire plus vaste et certainement moins cher et contraignant qu'en ville. Mais on n'en trouve qu'un petit nombre (2 d'entre eux ont été sélectionnés). Ce processus centrifuge avait d'ailleurs touché les grandes parcelles antérieures au XIXe siècle, puisque les grands hôtels de la période classique se trouvent tous dans les îlots périphériques de la vieille ville, les jardins étant en outre rejetés vers les lices. Seule exception, l'hôtel de la rue Raspail, en plein centre, s'inscrit dans le parcellaire le plus dense, avec un jardin en cœur d'îlot.
Une autre particularité que l'on doit souligner, est la disposition du 1er Hôtel de la Grand'rue. Construit au XVIIe siècle, il forme un corps de bâtiment massif dont la façade antérieure est perpendiculaire à la rue ; elle ouvre sur un espace mixte, cour d'accès et jardin. Cette disposition, due ici à la mauvaise orientation de la rue (nord sud), sera reprise systématiquement au XIXe et au début du XXe siècle pour quelques maisons du centre édifiées sur des parcelles assez grandes (cours Sadi Carnot, rue Bel Air) et pour nombre des maisons des faubourgs.
Nous allons maintenant considérer la disposition du bâti lui-même sur ces espaces. L'élément déterminant en sera la position et le type de l'escalier ; la position de l'escalier joue sur l'opposition hors-œuvre et dans-œuvre.
Lorsque l'escalier est hors-œuvre, il ne peut être placé, dans la parcelle, que sur la cour. Il s'agit toujours d'escaliers en vis, dont la succession des révolutions permet la desserte d'un ou plusieurs corps de bâtiments, mitoyens ou séparés. Généralement, il s'agit de deux ailes perpendiculaires (3e Hôtel de la Grand'rue ; place du Commerce) ; occasionnellement ici, une coursière relie la vis à un autre corps de bâtiment placé à l'opposé de la cour (rue Poissonnerie). Dans tous les cas, la tour d'escalier a une entrée directe sur la cour, apparemment jamais sur la rue.
Ces escaliers accompagnent des constructions de deux étages sur le rez-de-chaussée, élevées sur des caves dans 10 cas sur 18 ; l'escalier commence alors au sous-sol et s'élève dans le même mouvement jusqu'au dernier étage (sauf dans le 2e Hôtel place Ph. de Cabassole et l'Hôtel place Aimé Boussot où l'accès à la cave est décalé).
Parmi les 10 tours intactes, une est de plan circulaire (Hôtel Crillon), 2 sont de plan carré, et 7 de plan polygonal. Le noyau de l'escalier présente une surépaisseur à la base dans la maison p. 561 îlot 61 et au sommet dans l'Hôtel de la place Boussot, le 3e Hôtel de la Grand'rue et l'Hôtel de la rue Poissonnerie. On rencontre dans 4 tours (p. 732, 786, 561 et 565) un couvrement constitué de dalles de pierre reposant sur un réseau de poutres se rejoignant sur le noyau. Des volées supplémentaires, en surplomb sur l'extérieur, conduisent sur la terrasse qui couronne ces tours.
Lorsque l'escalier est dans œuvre, la disposition du bâti est tout autre. On peut encore avoir un escalier en vis (place Aimé Boussot) desservant deux ailes, mais il semble qu'on se trouve là dans une disposition tardive (escalier de plan carré ; décor classique). La disposition majoritaire intègre donc l'escalier, désormais rampe-sur rampe ou à jour central, dans le corps de logis lui-même, le faisant précéder le plus souvent d'un vestibule. Cette disposition moderne simplifiera donc toute la structure de l'édifice et permettra un plus grand développement à l'escalier et en conséquence sa monumentalisatio1 qui s'accompagne du développement du décor - gypseries, peinture, ferronnerie - et de l'apparition du type dit en rez-de-chaussée ; celui-ci doit obligatoirement être secondé par un escalier de service reliant la totalité des étages. Ce sont donc ces derniers caractères qui permettent de reconnaître un hôtel d'une maison.
Enfin d'autres critères de qualité s'ajoutent aux précédents. Ils ne permettent pas à eux seuls de distinguer un hôtel, mais confirmeront la désignation. Ces critères concernent le décor :
- façade antérieure ordonnancée, avec présence de la pierre de taille partielle ou complète et de la sculpture- autres élévations répondant à ces critères-volume du vestibule et de la cage d'escalier
- sculpture intérieure présente dans le vestibule et 1'escalier (en général en pierre de taille au rez-de-chaussée - arcs, mur d'échiffre ; en gypserie pour les plafonds)
- décors de gypserie et décors peints dans les pièces d'habitation.
Les édifices que nous avons sélectionnés sous la dénomination d'HOTEL répondent tous à plusieurs de ces critères. Mais si les 8 hôtels des XVe-XVIe siècles à tour d'escalier en vis constituent un groupe assez homogène, chacun des 8 autres est un cas particulier, formant un échantillonnage disparate de l'habitat dans la période moderne.
Tableau 1.
Datation | Surface bâtie | Surface totale | |
Grand'rue - hôtel 1 - hôtel 2 - hôtel 3 - hôtel 4 - hôtel 5 | XVIIe-XVIIIe XVIIe-XIXe XVIe XVIIIe XVe | 250 m2 290m2 450 m2 300 m2 300 m2 | 700 m2 750 m2 500 m2 1400 m2 625 m2 |
Impasse Romarin - hôtel | XVIIe | 250 m2 | maxi : 750 m2 |
Rue Poissonnerie - hôtel | XVe | 250 m2 | 300 m2 +? |
Place du Commerce - hôtel | XVe | 65 m2 | 125 m2 +? |
Rue du Commerce - hôtel Crillon | XVe | 200 m2 | 750 m2 |
Place aux Herbes - hôtel | XVe | 400 m2 | 500 m2 |
Place Aimé Boussot - hôtel | XVIe | 165 m2 | 200 m2 |
Place Ph. de Cabassole - hôtel 1 Pérussis - hôtel 2 Liffran | XVIIIe XVe-XVIIIe-XIXe | 400 m2 600 m2 | 1250 m2 3150 m2 |
Place Voltaire - hôtel Ravel | XIXe | 450 m2 | 1250 m2 |
Place Abbé Béranger -(hôtel)-Maison | XVe-XIXe | 180 m2 | 500 m2 |
Rue Raspail - hôtel | XVIIe | 450 m2? | 1000 m2 |
164 cours Bournissac - hôtel | XIXe | 192 m2 | 690 m2 |
90 av. de Stalingrad - hôtel | XIXe | 276 m2 | 1800 m2 |
Tableau 2.
0 à 500 m2 | 500 m2 à 1000 m2 | 1000 à 1500 m2 | au-delà de 1500 m2 |
125 | 625 | 1250 | |
200 | 690 | 1250 | 1800 |
300 | 700 | 1400 | 3150 |
500 | 750 | ||
500 | 750 | ||
500 | 750 1000 | ||
Total : 6 | 7 | 3 | 2 |
Tableau 3.
100 m2 | 200 m2 | 300 m2 | 400 m2 | 500 m2 | 600 m2 | |
65 | 165 180 192 | 250 290 250 250 200 276 | 300 300 | 450 400 400 450 450 | 600 | |
Total 1 | 3 | 6 | 2 | 5 | 1 |
Tableau 4.
Parcelle | Structure | Couverture | Couronnement | Décor extérieur | Décor intérieur | Etat |
Grand'rue 3e hôtel - 732 | Hexagonale Tourne à gauche. noyau plus épais au sommet. Distribue cave et deuxième étage. Pierre | Dalles et poutres de pierre | Parapet Terrasse | Cordons moulurés | Culot dans l'angle nord- ouest | Intact. Marches parfois recouvertes de carreaux de céramique |
Grand'rue 747 | Polygonale. Distribue le premier étage. Tourne à droite. Pierre | Noyau épaissi au plâtre. Marches refaites. | ||||
Rue Paul Bert 607 | Polygonale. Sur la rue. Distribue cave et deuxième étage. Tourne à droite. Pierre. | Marches cimentées | ||||
Grand'rue 5e hôtel 765 | Octogonale. Distribue cave et deuxième étage. Relais extérieur. Tourne à droite. Pierre. | Terrasse Parapet | Crénelage. Porte à couronnement mouluré. | Trompe sculptée (chouette). | Intact. Marches parfois recouvertes de carreaux de céramique. | |
Rue Poissonnerie 565 | Hexagonale. Distribue les deux étages. Relais extérieur. Tourne à droite. Pierre | Dalles et poutres de pierre | Terrasse Parapet | Cordons moulurés. Porte avec blason et larmier | Culots sculptés | Intact |
Place du Commerce hôtel - 561 | Octogonale. Distribue cave et 3e étage. Relais extérieur. Tourne à droite. Noyau plus épais entre rez-de-chaussée et premier étage. Pierre | Dalles et poutres de pierre | Terrasse Parapet | Gargouilles Cordons moulurés. Créneaux arasés. | Intact. Marches parfois recouvertes de carreaux de céramique. | |
Place Abbé Béranger - 581 | Escalier détruit. Tourelle hors- oeuvre. Plan carré puis rond du deuxième au troisième étage. Pierre. | |||||
Rue du Commerce hôtel - 554 | Ronde. Tourne à gauche. Distribue deux étages. Pierre | Parapet arasé | Cordons Gargouilles coupées. | Manque le couronnement et l'accès initial. | ||
Place aux Herbes 547 | Hexagonale. Distribue le deuxième étage et le comble. Tourne à gauche. Pierre puis plâtre. | Trompes avec têtes sculptées : indien et homme ailé | Manque le couronnement. Marches recouvertes de carreaux de céramique | |||
Place Ph. de Cabassole 2e hôtel 786 | Octogonale. Tourne à gauche. Distribue les deux étages. Relais extérieur. Pierre | Dalles et poutres de pierre | Terrasse Parapet | Cordons Crénelages Gargouilles Blason | Intact sauf relais refait. | |
Rue Pélident 1058 | Ronde. Distribue deux étages et cave. Tourne à droite. Pierre | ? | Terrasse Parapet | Marches refaites entre rez-de-chaussée et premier étage | ||
Rue Raphaël Michel 527 | Carrée. Distribue la cave et le comble. Tourne à droite. Noyau plus étroit à la base. Pierre | |||||
Place Aimé Boussot hôtel 514 | Carrée. Distribue les deux étages. Tourne à droite. | Toit en appentis | Porte d'entrée dans travée toscane. Cordons moulurés. Fenêtres chanfreinées. | Manque le couronnement. | ||
Rue Michelet 48 | Polygonale. Distribue les deux étages. Tourne à gauche. | Escalier refait. | ||||
Rue Raspail 212 | Tournait à gauche Distribuait la cave et deux étages. | Ne subsiste que le noyau. | ||||
Rue Lamartine 196 | Tourne à droite. Distribue deux étages | |||||
Rue du Four Neuf - 164 | Octogonale. Distribue la cave et le 2e étage. Tourne à gauche. Pierre. | Parapet mouluré. | Refait. | |||
Rue Joseph Guis - 1210 | Polygonale. Distribue deux étages et le comble. Tourne à gauche. |
-
Période(s)
- Principale : Fin du Moyen Age
- Principale : Temps modernes
Les seize constructions désignées sous la dénomination d'hôtel répondent à un ensemble de critères de description. Tout d'abord la surface, qui paraît être un critère essentiel, que ce soit celle au sol ou celle des terrains, même si elle est assez disparate, puisque cela va du simple au décuple, de 112 m2 à 3150 m2 ; la plupart se situent entre 500 et 1000 m2. Cela permet de distinguer deux périodes : les hôtels du 15e et 16e siècles qui n'ont que des cours comme espace non bâti. Les autres hôtels ont cours et jardins, mais sans forcément appartenir au type classique entre cour et jardin, faute de place mais sans doute aussi faute de modèles : celui-ci va se développer surtout au 19e siècle, dans les parcelles moins chères et plus vastes de la périphérie. Un hôtel de la Grand'Rue, du 17e siècle, possède d'ailleurs la particularité d'avoir la façade antérieure perpendiculaire à la rue, donnant sur un espace mixte, cours d'accès et jardin et il servira de modèle pour nombre de constructions. Un autre élément déterminant est la position et le type de l'escalier. Lorsqu'il est hors-oeuvre, il ne peut être placé que sur la cour ; il s'agit toujours d'escalier en vis, avec une entrée sur cour uniquement, desservant plusieurs corps de bâtiment, mitoyens ou séparés. Il commence au sous-sol quand il y en a un ; on compte ainsi 10 tours d'escaliers intactes, de plans variés (circulaire, carré, polygonal). Lorsque l'escalier est dans oeuvre, il est rampe-sur-rampe ou à jour central, dans le corps de logis lui-même, avec un vestibule qui le précède : on va vers une simplification de la structure des bâtiments et une monumentalisation de l'escalier, qui s'accompagne du développement du décor : gypseries, peinture, ferronnerie. Souvent, il va ne desservir que le premier étage, impliquant alors la création de l'escalier de service reliant la totalité des étages. D'autres critères de qualité s'ajoutent, en particulier le décor : façade antérieure ordonnancée, présence de pierre de taille partielle ou complète et de sculpture et, même chose pour les autres façades, sculpture intérieure présente dans le vestibule et l'escalier ; décors de gypserie et décors peints dans les pièces d'habitation. Les 14 édifices sélectionnés répondent tous à plusieurs de ces critères. Si les 3 hôtels des 15e et 16e siècles constituent un groupe assez homogène, chacun des autres est un cas particulier, formant un échantillonnage disparate de l'habitat de la période moderne.
-
Toits
-
Décompte des œuvres
- repérés 16
- étudiés 14
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.
Opératrice de saisie Inventaire.
Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.