Dossier collectif IA84000526 | Réalisé par
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
hôtels
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    hôtel
  • Aires d'études
    Cavaillon
  • Adresse
    • Commune : Cavaillon

Définition

Hôtel ou maison ?

Les constructions désignées sous la dénomination d'HOTEL répondent à un ensemble de critères de description présentés dans le tableau récapitulatif. Ces critères tiennent compte, d'une part de la morphologie (dimensions, étages, surface, type de l'escalier) et d'autre par de la qualité (présence de la pierre de taille, nature du décor). La convergence des différents paramètres liée aux indications de la data­tion nous a permis d'attribuer cette dénomination aux édifices étudiés.

Dans le cadre de la vieille ville de Cavaillon, seules de rares habitations présentent sur la rue des motifs représentatifs des hôtels : grandes façades ordonnancées de l'hôtel Pérussis ; croisées de l'hôtel Crillon ; tours d'escaliers des 3e et 5e hôtels de la Grand'rue, jar­dins du 4e hôtel de la Grand'rue et de l'hôtel Liffran. Ces éléments de grande ampleur et de belle qualité architecturale peuvent passer pour incontestables.

Il était nécessaire d'aller plus loin et d'utiliser des notions de surface et de distribution.

La surface paraît être un critère essentiel bien que pas toujours pertinent. En effet, sur 16 hôtels étudiés dans le centre, 7 ont une surface au sol bâtie située entre 200 et 300 m2, 5 entre 400 et 450 m2, un seul a une surface de 600 m2, 3 ont moins de 200 m2. Certaines de ces surfaces pourraient être celles de simples maisons. Il faut donc tenir compte de la surface totale de la parcelle ou des terrains associés à l'hôtel. On se situe ainsi sur des surfaces, certes plus grandes en général mais dont l'éventail est aussi plus large : de 125 m2 à3150 m2 ! La plupart (9) se situent entre 500 m2 et 1000 m2.

Le rapport entre la surface bâtie, c'est-à-dire pour l'essentiel, l'hôtel lui-même et la surface des terrains libres - cours et jardins - est de l'ordre du simple au double. Ce qui permet grosso modo, dans l'état actuel des parcelles de distinguer les hôtels les plus anciens (XVe-XVIe siècles) de ceux de la période suivante (XVIIe au XIXe siècle), c'est la présence de jardins dont les surfaces considérables condition­nent l'organisation de ces édifices. L'absence de jardins pour les hôtels de la première catégorie ne tient qu'à l'état actuel de ces édifices dont les espaces libres ont pour la plupart été recouverts par des constructions ajoutées au fil des siècles. Peut-être est-ce pour cela qu'ils tiennent une place centrale dans les tableaux 2 et 3 avec des surfaces assez moyennes.

En résumé, on peut observer que

- les hôtels des XVe-XVIe siècles n'ont pour espace non bâti que des cours (existantes ou reconnaissables),

- les autres hôtels ont cours et jardins. Néanmoins ces derniers n'appartiennent pas au type classique des hôtels entre cour et jardin, faute de parcelles assez grandes, faute sans doute aussi de modèles : les références sont plutôt à rechercher dans l'hôtel provençal ou aixois entre rue et jardin. On construit plus volontiers des hôtels entre cour et jardin au XIXe siècle dans les faubourgs, en terrain libre, sur un parcellaire plus vaste et certainement moins cher et contraignant qu'en ville. Mais on n'en trouve qu'un petit nombre (2 d'entre eux ont été sélectionnés). Ce processus centrifuge avait d'ailleurs touché les grandes parcelles antérieures au XIXe siècle, puisque les grands hôtels de la période classique se trouvent tous dans les îlots périphériques de la vieille ville, les jardins étant en outre rejetés vers les lices. Seule exception, l'hôtel de la rue Raspail, en plein centre, s'inscrit dans le parcellaire le plus dense, avec un jardin en cœur d'îlot.

Une autre particularité que l'on doit souligner, est la disposition du 1er Hôtel de la Grand'rue. Construit au XVIIe siècle, il forme un corps de bâtiment massif dont la façade antérieure est perpendiculaire à la rue ; elle ouvre sur un espace mixte, cour d'accès et jardin. Cette disposition, due ici à la mauvaise orientation de la rue (nord­ sud), sera reprise systématiquement au XIXe et au début du XXe siècle pour quelques maisons du centre édifiées sur des parcelles assez grandes (cours Sadi Carnot, rue Bel Air) et pour nombre des maisons des faubourgs.

Nous allons maintenant considérer la disposition du bâti lui-même sur ces espaces. L'élément déterminant en sera la position et le type de l'escalier ; la position de l'escalier joue sur l'opposition hors­-œuvre et dans-œuvre.

Lorsque l'escalier est hors-œuvre, il ne peut être placé, dans la parcelle, que sur la cour. Il s'agit toujours d'escaliers en vis, dont la succession des révolutions permet la desserte d'un ou plusieurs corps de bâtiments, mitoyens ou séparés. Généralement, il s'agit de deux ailes perpendiculaires (3e Hôtel de la Grand'rue ; place du Com­merce) ; occasionnellement ici, une coursière relie la vis à un autre corps de bâtiment placé à l'opposé de la cour (rue Poissonnerie). Dans tous les cas, la tour d'escalier a une entrée directe sur la cour, apparemment jamais sur la rue.

Ces escaliers accompagnent des constructions de deux étages sur le rez-de-chaussée, élevées sur des caves dans 10 cas sur 18 ; l'escalier commence alors au sous-sol et s'élève dans le même mouvement jusqu'au dernier étage (sauf dans le 2e Hôtel place Ph. de Cabassole et l'Hôtel place Aimé Boussot où l'accès à la cave est décalé).

Parmi les 10 tours intactes, une est de plan circulaire (Hôtel Cril­lon), 2 sont de plan carré, et 7 de plan polygonal. Le noyau de l'es­calier présente une surépaisseur à la base dans la maison p. 561 îlot 61 et au sommet dans l'Hôtel de la place Boussot, le 3e Hôtel de la Grand'rue et l'Hôtel de la rue Poissonnerie. On rencontre dans 4 tours (p. 732, 786, 561 et 565) un couvrement constitué de dalles de pierre reposant sur un réseau de poutres se rejoignant sur le noyau. Des volées supplémentaires, en surplomb sur l'extérieur, conduisent sur la terrasse qui couronne ces tours.

Lorsque l'escalier est dans œuvre, la disposition du bâti est tout autre. On peut encore avoir un escalier en vis (place Aimé Boussot) desservant deux ailes, mais il semble qu'on se trouve là dans une disposition tardive (escalier de plan carré ; décor classique). La disposition majoritaire intègre donc l'escalier, désormais rampe-sur­ rampe ou à jour central, dans le corps de logis lui-même, le faisant précéder le plus souvent d'un vestibule. Cette disposition moderne simplifiera donc toute la structure de l'édifice et permettra un plus grand développement à l'escalier et en conséquence sa monumentalisatio1 qui s'accompagne du développement du décor - gypseries, peinture, fer­ronnerie - et de l'apparition du type dit en rez-de-chaussée ; celui-­ci doit obligatoirement être secondé par un escalier de service reliant la totalité des étages. Ce sont donc ces derniers caractères qui per­mettent de reconnaître un hôtel d'une maison.

Enfin d'autres critères de qualité s'ajoutent aux précédents. Ils ne permettent pas à eux seuls de distinguer un hôtel, mais confirmeront la désignation. Ces critères concernent le décor :

- façade antérieure ordonnancée, avec présence de la pierre de taille partielle ou complète et de la sculpture- autres élévations répondant à ces critères-volume du vestibule et de la cage d'escalier

- sculpture intérieure présente dans le vestibule et 1'escalier (en général en pierre de taille au rez-de-chaussée - arcs, mur d'échif­fre ; en gypserie pour les plafonds)

- décors de gypserie et décors peints dans les pièces d'habitation.

Les édifices que nous avons sélectionnés sous la dénomination d'HOTEL répondent tous à plusieurs de ces critères. Mais si les 8 hôtels des XVe-XVIe siècles à tour d'escalier en vis constituent un groupe assez homogène, chacun des 8 autres est un cas particulier, formant un échantillonnage disparate de l'habitat dans la période moderne.

Tableau 1.

Datation

Surface

bâtie

Surface

totale

Grand'rue - hôtel 1

- hôtel 2

- hôtel 3

- hôtel 4

- hôtel 5

XVIIe-XVIIIe

XVIIe-XIXe

XVIe

XVIIIe

XVe

250 m2

290m2

450 m2

300 m2

300 m2

700 m2

750 m2

500 m2

1400 m2

625 m2

Impasse Romarin - hôtel

XVIIe

250 m2

maxi : 750 m2

Rue Poissonnerie - hôtel

XVe

250 m2

300 m2 +?

Place du Commerce - hôtel

XVe

65 m2

125 m2 +?

Rue du Commerce - hôtel Crillon

XVe

200 m2

750 m2

Place aux Herbes - hôtel

XVe

400 m2

500 m2

Place Aimé Boussot - hôtel

XVIe

165 m2

200 m2

Place Ph. de Cabassole

- hôtel 1 Pérussis

- hôtel 2 Liffran

XVIIIe

XVe-XVIIIe-XIXe

400 m2

600 m2

1250 m2

3150 m2

Place Voltaire - hôtel Ravel

XIXe

450 m2

1250 m2

Place Abbé Béranger -(hôtel)-Maison

XVe-XIXe

180 m2

500 m2

Rue Raspail - hôtel

XVIIe

450 m2?

1000 m2

164 cours Bournissac - hôtel

XIXe

192 m2

690 m2

90 av. de Stalingrad - hôtel

XIXe

276 m2

1800 m2

Surface bâtie et estimation de l'emprise au sol ancienne des hôtels étudiés

Tableau 2.

0 à 500 m2

500 m2 à 1000 m2

1000 à 1500 m2

au-delà de 1500 m2

125

625

1250

200

690

1250

1800

300

700

1400

3150

500

750

500

750

500

750

1000

Total : 6

7

3

2

Récapitulation des surfaces bâties

Tableau 3.

100 m2

200 m2

300 m2

400 m2

500 m2

600 m2

65

165

180

192

250

290

250

250

200

276

300

300

450

400

400

450

450

600

Total 1

3

6

2

5

1

Récapitulation des surfaces bâties

Tableau 4.

Parcelle

Structure

Couverture

Couronnement

Décor extérieur

Décor intérieur

Etat

Grand'rue

3e hôtel - 732

Hexagonale

Tourne à gauche.

noyau plus épais

au sommet.

Distribue cave et

deuxième étage.

Pierre

Dalles et

poutres de

pierre

Parapet

Terrasse

Cordons moulurés

Culot dans

l'angle nord-

ouest

Intact. Marches

parfois recouvertes

de carreaux de

céramique

Grand'rue

747

Polygonale.

Distribue le

premier étage.

Tourne à droite.

Pierre

Noyau épaissi au

plâtre.

Marches refaites.

Rue Paul Bert

607

Polygonale.

Sur la rue.

Distribue cave et

deuxième étage.

Tourne à droite.

Pierre.

Marches cimentées

Grand'rue

5e hôtel

765

Octogonale.

Distribue cave et

deuxième étage.

Relais extérieur.

Tourne à droite.

Pierre.

Terrasse

Parapet

Crénelage. Porte

à couronnement

mouluré.

Trompe sculptée

(chouette).

Intact. Marches

parfois recouvertes

de carreaux de

céramique.

Rue

Poissonnerie

565

Hexagonale.

Distribue les deux

étages. Relais

extérieur.

Tourne à droite.

Pierre

Dalles et

poutres de

pierre

Terrasse

Parapet

Cordons

moulurés.

Porte avec

blason et

larmier

Culots sculptés

Intact

Place du

Commerce

hôtel - 561

Octogonale.

Distribue cave et

3e étage. Relais

extérieur. Tourne

à droite. Noyau

plus épais entre

rez-de-chaussée

et premier étage.

Pierre

Dalles et

poutres de

pierre

Terrasse

Parapet

Gargouilles

Cordons

moulurés.

Créneaux

arasés.

Intact.

Marches parfois

recouvertes de

carreaux de

céramique.

Place Abbé

Béranger - 581

Escalier détruit.

Tourelle hors-

oeuvre. Plan

carré puis rond

du deuxième au

troisième étage.

Pierre.

Rue du

Commerce

hôtel - 554

Ronde. Tourne à

gauche.

Distribue deux

étages. Pierre

Parapet arasé

Cordons

Gargouilles

coupées.

Manque le

couronnement

et l'accès initial.

Place aux Herbes

547

Hexagonale.

Distribue le

deuxième étage

et le comble.

Tourne à gauche.

Pierre puis plâtre.

Trompes avec

têtes sculptées :

indien et homme

ailé

Manque le

couronnement.

Marches

recouvertes de

carreaux de

céramique

Place Ph. de

Cabassole

2e hôtel 786

Octogonale.

Tourne à gauche.

Distribue les deux

étages. Relais

extérieur. Pierre

Dalles et

poutres de

pierre

Terrasse

Parapet

Cordons

Crénelages

Gargouilles

Blason

Intact sauf relais

refait.

Rue Pélident

1058

Ronde. Distribue

deux étages et

cave. Tourne à

droite. Pierre

?

Terrasse

Parapet

Marches refaites

entre

rez-de-chaussée

et premier étage

Rue Raphaël

Michel 527

Carrée. Distribue

la cave et le

comble. Tourne à

droite. Noyau plus

étroit à la base.

Pierre

Place Aimé

Boussot hôtel

514

Carrée. Distribue

les deux étages.

Tourne à droite.

Toit en

appentis

Porte d'entrée

dans travée

toscane. Cordons

moulurés.

Fenêtres

chanfreinées.

Manque le

couronnement.

Rue Michelet

48

Polygonale.

Distribue les deux

étages. Tourne à

gauche.

Escalier refait.

Rue Raspail

212

Tournait à gauche

Distribuait la

cave et deux

étages.

Ne subsiste que

le noyau.

Rue Lamartine

196

Tourne à droite.

Distribue deux

étages

Rue du Four

Neuf - 164

Octogonale.

Distribue la cave

et le 2e étage.

Tourne à gauche.

Pierre.

Parapet

mouluré.

Refait.

Rue Joseph

Guis - 1210

Polygonale.

Distribue deux

étages et le

comble. Tourne

à gauche.

Récapitulation des escaliers en vis appartenant ou pouvant avoir appartenu à des hôtels

  • Période(s)
    • Principale : Fin du Moyen Age
    • Principale : Temps modernes

Les seize constructions désignées sous la dénomination d'hôtel répondent à un ensemble de critères de description. Tout d'abord la surface, qui paraît être un critère essentiel, que ce soit celle au sol ou celle des terrains, même si elle est assez disparate, puisque cela va du simple au décuple, de 112 m2 à 3150 m2 ; la plupart se situent entre 500 et 1000 m2. Cela permet de distinguer deux périodes : les hôtels du 15e et 16e siècles qui n'ont que des cours comme espace non bâti. Les autres hôtels ont cours et jardins, mais sans forcément appartenir au type classique entre cour et jardin, faute de place mais sans doute aussi faute de modèles : celui-ci va se développer surtout au 19e siècle, dans les parcelles moins chères et plus vastes de la périphérie. Un hôtel de la Grand'Rue, du 17e siècle, possède d'ailleurs la particularité d'avoir la façade antérieure perpendiculaire à la rue, donnant sur un espace mixte, cours d'accès et jardin et il servira de modèle pour nombre de constructions. Un autre élément déterminant est la position et le type de l'escalier. Lorsqu'il est hors-oeuvre, il ne peut être placé que sur la cour ; il s'agit toujours d'escalier en vis, avec une entrée sur cour uniquement, desservant plusieurs corps de bâtiment, mitoyens ou séparés. Il commence au sous-sol quand il y en a un ; on compte ainsi 10 tours d'escaliers intactes, de plans variés (circulaire, carré, polygonal). Lorsque l'escalier est dans oeuvre, il est rampe-sur-rampe ou à jour central, dans le corps de logis lui-même, avec un vestibule qui le précède : on va vers une simplification de la structure des bâtiments et une monumentalisation de l'escalier, qui s'accompagne du développement du décor : gypseries, peinture, ferronnerie. Souvent, il va ne desservir que le premier étage, impliquant alors la création de l'escalier de service reliant la totalité des étages. D'autres critères de qualité s'ajoutent, en particulier le décor : façade antérieure ordonnancée, présence de pierre de taille partielle ou complète et de sculpture et, même chose pour les autres façades, sculpture intérieure présente dans le vestibule et l'escalier ; décors de gypserie et décors peints dans les pièces d'habitation. Les 14 édifices sélectionnés répondent tous à plusieurs de ces critères. Si les 3 hôtels des 15e et 16e siècles constituent un groupe assez homogène, chacun des autres est un cas particulier, formant un échantillonnage disparate de l'habitat de la période moderne.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérés 16
    • étudiés 14
Date d'enquête 1988 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
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Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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