Dossier d’œuvre architecture IA84000469 | Réalisé par ;
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique
hôtel de Pérussis ou d'Arbaud puis tribunal
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cavaillon - Cavaillon
  • Commune Cavaillon
  • Adresse 1er hôtel place Philippe-de-Cabassol
  • Cadastre 1832 G1 643  ; 1982 CK 788
  • Dénominations
    hôtel
  • Appellations
    hôtel de Pérussis ou d'Arbaud
  • Parties constituantes non étudiées
    logement

HISTORIQUE

D'après Guy Jau, cette demeure a été construite en 1747 pour la famil­le Pérussis, originaire de Florence, établie dans la ville depuis le XVIe siècle. Il a servi de résidence à Valère Martin Marie, archéo­logue et historien ainsi qu'à sa fille, épouse du poète provençal Joseph d'Arbaud.

La propriété a été traversée à la fin du XIXe siècle par la rue Liffran liée à l'opération d'urbanisme du passage Vidau.

DESCRIPTION

Situation

Au sud de la ville cet hôtel particulier est implanté entre la place Philippe de Cabassole, le passage Vidau et la rue Liffran, à proximité de la cathédrale et de l'Hôtel de Ville. Il est voisin de la grande mai­son de la place Philippe de Cabassole.

Composition d'ensemble

Actuellement son plan est presque carré avec deux décrochements au sud qui rendent cette façade plus étendue que la façade principale au nord.La composition inclut deux cours rectangulaires contre les bords est et ouest.

La comparaison avec le plan cadastral de 1832 permet de constater que l'hôtel possédait un grand jardin au sud qui a disparu lors du per­cement de la rue Liffran. A son emplacement ont été construites les mai­sons du lotissement, tandis que la nouvelle rue s'est alignée sur la fa­çade côté jardin de l'hôtel de Pérussis.

De même on remarque un décrochement à l'ouest plus étroit que celui du plan actuel qui l'a incorporé et prolongé tandis qu'à l'est les limites du bâtiment sont différentes.

De petits cabanons dont l'un à usage de sanitaires ont été construits dans les deux cours dont le plan au sol est donc réduit.

Matériaux

- Façade nord en pierre de taille calcaire blanche.

- Façade sud en maçonnerie enduite, encadrements en pierre de taille calcaire blanche.

- Escalier, arcs du vestibule et de la cage d'escalier en pierre cal­caire blanche.

- Mur ouest sur passage recouvert d'un enduit rustique au premier niveau, lisse au-dessus.

- Encadrements de baies sur cours en pierre de taille calcaire blanche.

- Escalier, murs et arcs de la cave en pierre de taille calcaire coquillier jaune.

Structure

Cette demeure possède deux étages carrés sur le rez-de-chaussée plus un étage de caves voûtées sous (Aa), (Ac) et (Ba) et un étage de com­bles sur (C) ; elle est triple en profondeur et comprend quatre pièces en largeur ; elle dispose de deux escaliers directement accolés aux cours :

- contre la cour est, se trouve l'escalier principal de plan rectan­gulaire (1) qui ne distribue que le premier étage.

Escalier, vue prise du premier repos.Escalier, vue prise du premier repos.

- contre la cour ouest, un escalier secondaire de même plan mais ré­duit (2) ; qui conduit jusqu'au deuxième étage et aux combles.

Élévations extérieures

-Élévation principale nord : s'élevant sur trois niveaux elle se compose de trois travées de type 31 M encadrées par des pilastres à re­fends et d'une travée supplémentaire à l'est ayant les mêmes encadre­ments.

A la travée principale ouvrent la porte, avec une menuiserie sculptée et une imposte en bois et fer forgé décorée de guirlandes de fleurs, et une porte-fenêtre couronnée par un fronton cintré. Cette porte-fenêtre ouvre sur un balcon de fer forgé que soutiennent deux colonnes galbées. Leurs chapiteaux sont d'ordre ionique, ceux des pilastres du deuxième niveau sont composites. Le tympan du fronton, devait contenir une sculp­ture qui a été martelée.

Toutes les baies en arc segmentaire avec clé sculptée sous forme de feuillages ou d'agrafes différentes selon les niveaux ont un appui mouluré excepté celle du premier niveau de la travée droite transformée en porte cochère.

Les deux fenêtres du premier niveau à gauche de la porte sont munies de barreaux. Entre chaque niveau court un bandeau mouluré plat ; l'ensemble de la façade est couronné par une corniche à modillons. Une plaque de marbre est fixée à la travée gauche.

- Élévation sud : cette façade plus large s'étend sur sept travées et trois niveaux couronnés par une corniche saillante que surmonte un attique.

La partie centrale de cinq travées est encadrée par des pilastres à refends ainsi que les deux travées latérales. Elévation rue Liffran.Elévation rue Liffran.

La travée centrale est de même composition qu'en façade nord avec balcon de fer forgé et fronton triangulaire contenant une coquille, sur un encadrement sculpté.

Les fenêtres, toutes en arc segmentaire, sont ornées d'une clé sculp­tée dont les motifs sont alternés au premier niveau puis différents aux deuxième et troisième ni veau.

Les modénatures des bandeaux horizontaux sont différentes de celles de la façade opposée.

- Élévation ouest sur le passage Vidau : quatre niveaux le mur pignon n'est percé que de deux lucarnes qu deuxième niveau. Les ni veaux étaient soulignés par des bandeaux peints en blanc sur l'enduit ocre, qui sont presque effacés.

Un balcon en légère saillie et une plinthe en aggloméré de cailloux s'étirent tout le long de la façade jusqu'à la partie couverte du pas­sage.

- Élévations est : les parties nord et sud forment deux murs pignons distincts - n'ayant que de rares percements.

-2- élévation nord sur cour est : une travée sur deux niveaux avec une fenêtre en arc segmentaire et une rectangulaire.

-3- élévation sud sur cour est : le bas est masqué par les constructions. Au dernier niveau on observe deux fenêtres dont une en arc segmen­taire.

-4- élévation nord sur cour ouest : quatre niveaux avec une tra­vée centrale avec fenêtres rectangulaires et une porte décalée. Encadre­ments et cordon moulurés aux deuxième et troisième niveaux.

-5- élévation ouest sur cour ouest : à trois niveaux. Au premier apparait la trace d'un arc en plein-cintre de calcaire coquillier contre la maison (p.787).

-6- élévation sud sur cour ouest : deux travées comprenant deux fenêtres en arc segmentaire au premier niveau et deux fenêtres rectan­gulaires au deuxième niveau. Les élévations sur la cour ouest sont cou­ronnées par des chevrons.

Couverture

Charpente de bois composée de poutres à section ronde et de solives. L'ensemble de l'hôtel possède des toitures discontinues, d'un seul ver­sant sur la partie nord et de deux pans sur la partie sud, et deux cou­vertures différentes sur la partie centrale. Toutes ces toitures sont couvertes de tuiles creuses.

Distribution intérieure

- Rez-de-chaussée : la porte principale donne accès à un vestibule en deux-parties (Aa) et (Ba), séparées par un arc en plein-cintre. En (Aa), deux portes rectangulaires donnent accès à des pièces qui sont des­tinées à l'est à un cabinet d'architecture avec cloisonnement récent et à l'ouest à un garage. Le sol du vestibule est fait de dalles de pierre.

Dans la deuxième partie, s'ouvre à l'ouest une porte en arc surbaissé, divisée par le montant d'une cloison qui donne sur la cour, et à l'est un arc en plein-cintre signalant le départ de l'escalier principal (Bb). C'est un escalier tournant autour d'un jour vers la gauche en cinq volée de 3, 6, 10, 6 et 7 marches de pierre.

Le limon est mouluré ainsi que l'encadrement de la porte de la cave, sous la quatrième volée. Sa rampe est en ferronnerie de belle qualité et son plafond (fait d'un lattis de bois et de plâtre présentant des fissu­res) est orné d'une large rosace et de gypseries d'angle avec têtes de lions.

Le mur est contre la cour est percé de deux fenêtres en arc segmentai­re dont l'une est condamnée.

L'escalier de la cave comporte trois volées droites dont la dernière est couverte d'un arc.

Une cloison récente coupe le volume initial de la deuxième partie du vestibule dont le plafond est mouluré.

Au sud se trouve une série de pièces en enfilade éclairées sur la rue, occupées par des bureaux, et qui présentent un décor de gypseries abon­dant et varié.

Dessus de porte est de la pièce 2 au rez-de-chaussée.Dessus de porte est de la pièce 2 au rez-de-chaussée.

La première pièce à l'est (Ca) n'a pas de décor ; c'est la suivante (Cb) qui possède le plus intéressant, permettant par son thème de repla­cer ici la salle à manger. En effet les deux dessus-de-portes et le tru­meau de la cheminée (dont le manteau a disparu) figurent des dessertes présentant une série de plats.

La pièce centrale (Cd) possède également des dessus-de-porte représen­tant en vis-à-vis les emblèmes de l'amour à l'ouest, et à l'est un bâton de bergère, son chapeau et un panier de fruits.

Les pièces (Ce) et (Cf) n'en formaient qu'une à l'origine comportant un dessus-de-porte à l'est au thème guerrier et dans l'angle sud-est la seule gypserie conservée évoquant les moissons.

Les plafonds anciens moulurés avec rosaces centrales n'ont été préser­vés qu'en (Cb), (Cd) en partie et (Ce). Les autres pièces ont un faux plafond.

L'escalier secondaire a une première volée de marches au bout d'un couloir venant de la maison voisine (p. 787).

- Premier étage : on y accède par les deux escaliers débouchant sur le même palier. Le deuxième renforcé par une structure métallique, tour­ne vers la gauche, autour d'un jour étroit. Ses marches avec nez en bois sont recouvertes de carreaux de céramique, sa rampe en fer forgé possède des barreaux alternativement droits et ondulés.

Au nord dans le bâtiment (A) s'étend un appartement de quatre pièces en enfilade, la pièce centrale disposant du balcon, et possédant une che­minée de brêche rouge. Les deux pièces qui l'encadrent ont également une cheminée du même matériau.

Au sud dans (C), quatre pièces principales, certaines divisées par des cloisons, sont séparées par un couloir central au sol constitué par un parquet, au plafond mouluré et éclairé au sud par la porte-fenêtre.

La première porte à gauche du couloir est en plein-cintre. La premiè­re pièce à droite (ouest), aujourd'hui la salle d'audience du tribunal, a conservé un trumeau d'une cheminée disparue au décor, peint en gris et beige, d'un style assez raide datant des années 1820. Cheminée du premier étage.Cheminée du premier étage.

Toutes ces pièces ont un parquet et un plafond mouluré.

-Deuxième étage et combles : l'escalier secondaire se poursuit jus­qu'à l'étage supérieur, qui comprend plusieurs appartements au sud, non visités, puis jusqu'aux combles en partie aménagés.

CONCLUSION

Il s'agit ici d'une des plus belles et des plus grandes demeures de Cavaillon. Sa date de construction peut se déduire du type de son archi­tecture. En effet ses façades et ses décors (escaliers, gypseries) parais­sent dater du milieu du XVIIIe siècle. Néanmoins l'ensemble de la de­meure présente des irrégularités, notamment entre les corps de bâtiment nord et sud. Il semble, si l'on observe le plan, que la demeure reste inachevée, faute d'avoir pu acheter ou occuper la parcelle 787 bâtie à l'an­gle nord-ouest. De ce fait la façade antérieure nord est incomplète, ne possédant pas la cinquième travée qui ferait le pendant de la première. Cette disposition est d'ailleurs celle de la façade sud sur le jardin, parfaitement homogène et symétrique.

On observera également que les deux façades ont reçu une ordonnance aussi riche et ornée l'une que l'autre. La façade sur le jardin est traitée comme une façade antérieure, avec une travée centrale monumentale. On peut toutefois la rapprocher de façades équivalentes bien que moins ornées dans Cavaillon, ouvrant, non sur la rue, mais sur cour ou jardin : le premier hôtel de la Grand'Rue et le logis (F) du Couvent Saint-Benoît.

Le style des gypseries du rez-de-chaussée est plus figé, moins souple et libre que celui du décor de la cage d'escalier qui appartient de façon certaine qu style Louis XV. Ces deux ensembles sont peut-être contempo­rains mais de mains différentes.

Quant à la disposition générale de la demeure, elle est celle des hô­tels aixois du quartier Mazarin dont il semble qu'on se soit inspiré :

- disposition entre rue et jardin au sud.

- module de 24 m de longueur pour 21 m de profondeur.

- pièces principales en enfilade sur le jardin.

- deux corps de bâtiments parallèles que relie la cage d'escalier.

- cage d'escalier de grandes dimensions associée à un escalier de ser­vice.

- apparence d'un édifice-bloc lisse.

- nombre d'étages important : deux au nord, trois au sud.

- jardin (régularisé) de prés de 500 m2.

Cependant quelques détails, d'ailleurs de peu d'importance, apportent quelques différences :

- l'entrée est abritée sous une travée en ressaut ornée de colonnes. Mais ne doit-on pas la rapprocher du dispositif comparable de l'Hôtelde Villars, cours Mirabeau à Aix ?

- la cage d'escalier prend jour sur une cour et non au moyen d'un lanternon.

- le vestibule est double en profondeur, donnant à l'escalier une place à la fois centrale et latérale.

- enfin se pose la question des communs dont on n'a plus trace aujour­d'hui : au sud-est sur la rue Pélident ; au nord-ouest contre l'actuel passage ; à l'est dans les maisons voisines reconstruites ?

Cette demeure a été construite en 1747 pour la famille Pérussis, originaire de Florence et établie dans la ville depuis le 16e siècle. Il a servi de résidence à Valère Martin Marie, archéologue et à sa fille, épouse du poète provençal Joseph d'Arbaud. La propriété a été traversée à la fin du 19e siècle par la rue Liffran, liée à l'opération d'urbanisme du passage Vidau : la façade sur jardin s'est donc retrouvée en bordure de rue.

Hôtel particulier entre rue et jardin (détruit depuis par une opération d'urbanisme). Le plan en est presque carré, sans l'emprise de l'immeuble qui occupe sur la façade à peu près la place d'une travée, empêchant de ce fait la symétrie et la régularité (quatre travées régulières et la porte d'entrée décentrée), symétrie qui existe par ailleurs sur la façade postérieure, sur le jardin (cinq travées régulières avec porte axiale) ; la composition inclut deux cours rectangulaires contre les bords est et ouest. La façade nord est en pierre de taille, avec balcon en fer forgé sur la travée de la porte, supporté par deux colonnes ioniques ; la baie principale est encadrée par deux pilastres et surmontée d'un fronton plein-cintre ; les autres baies sont en arc segmentaire surmonté d'un cartouche ; les niveaux sont séparés par des bandeaux moulurés. Côté jardin, la façade comporte un étage d'attique supplémentaire souligné par une corniche. Les deux travées extérieures sont séparées par un chaînage et la travée axiale également soulignée par un balconnet en fer forgé et la baie surmontée d'un fronton triangulaire. L'hôtel est triple en profondeur ; au rez-de-chaussée se trouvent quatre pièces en enfilade sur la façade antérieure, derrière un vestibule donnant à gauche sur le grand escalier et à droite sur l'escalier secondaire et une courette. A l'arrière sur le jardin, cinq pièces en enfilade. Les pièces sur le devant servent à un garage (porte cochère sur la façade) et à un cabinet d'architecte, celles sur le jardin (aujourd'hui des bureaux) étaient les pièces de réception : salons, salle à manger ; celle-ci a conservé des décors de gypseries, comme deux autres pièces. Au premier étage, un appartement occupe la façade sur rue. La salle d'audience du tribunal occupe la pièce à l'ouest sur la façade postérieure et les autres, divisées, sont des bureaux reliés par un couloir central. Le grand escalier a une place à la fois centrale et latérale et prend jour sur une cour ; il est en pierre, avec volées tournant autour d'un espace rectangulaire, une rampe en fer forgé ; plafond mouluré, rosace centrale complexe et cartouches dans les angles.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • pierre de taille
    • moellon
    • maçonnerie
  • Toits
    tuile creuse
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvertures
    • toit à deux pans
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en maçonnerie
  • Techniques
    • décor stuqué
  • Représentations
    • fruit
    • poisson
    • oiseau
    • pichet
    • panier
    • lion
    • carquois
  • Précision représentations

    Série de dessus-de-porte et trumeau dans l'ancienne salle à manger : dessertes rondes (avec sou sans nappe) présentant des plats chargés de biscuits, de giblier, de fruits, de poisson, bouteilles, burettes. Dans une autre pièce, en vis-à-vis dans les angles : un bâton de bergère, un chapeau et un panier de fruits et l'emblème de l'amour (carquois et arc, avec deux coeurs entrelacés) ; ailleurs encore un trophée et les moissons (faucille, gerbe), les seuls préservés dans l'angle sud-est.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Protections
    classé MH, 1984/12/31
  • Précisions sur la protection

    Façades et toitures ainsi que l'escalier avec sa cage et sa rampe en fer forgé (cad. CK 788) : classement par arrêté du 31 décembre 1984.

  • Référence MH
Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
Dossiers de synthèse
Articulation des dossiers