Dossier d’œuvre architecture IA05001425 | Réalisé par
  • inventaire topographique, Inventaire du parc naturel régional des Baronnies provençales
ferme dite Le Château des Îles
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
  • (c) Inventaire général, Région Provence-Alpes-Côte d'Azur

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Parc naturel régional des Baronnies Provençales - Laragne-Montéglin
  • Commune Val Buëch-Méouge
  • Lieu-dit le Château des Îles
  • Adresse
  • Cadastre 1984 E1 1724, 1725  ; 2018 000E 1724, 2174 à 2178
  • Précisions anciennement commune de Ribiers
  • Dénominations
    ferme
  • Appellations
    Le Château des Îles
  • Parties constituantes étudiées
  • Parties constituantes non étudiées
    étable, resserre, cellier, cuvage, four à pain, remise agricole, fenil, séchoir, chapelle, cour, aire à battre

Les Îles du Buëch jusqu'aux années 1830

Les bords du Buëch sont naturellement constitués d'îlots de graviers entrelacés des tresses très fluctuantes de la rivière, éventuelles réserves de bois taillis ou possibles prairies marécageuses. Cette portion du territoire est traditionnellement appelée les Îles et a eu un rôle historiquement important en tant que biens communaux.

C'est à partir du 17e siècle qu'émerge l'idée d'y aménager un domaine seigneurial, idéalement placé au pied du château, entre le village et le Buëch.

Sur le plan terrier de 1755 (plan 7), cette propriété appartient au marquis de Muy, comte de Ribiers, seigneur féodal. Elle est désignée comme « le parc et la prairie » (parcelle 815). Ce parc est traversé par une allée plantée d'arbres très bien représentés sur le dessin du plan (parcelle 816), qui abouti au nord à une construction dessinée comme une porte monumentale et désignée comme « pigeonnier en mazure » (parcelle 804). Cet édifice s'inscrit au sein de la « vieille muraille du parc en ruine » (parcelle 805, « lavée en rouge » sur le dessin), bordée à son pied nord par les graviers du Riou (parcelle 801) à travers lesquels s'écoule l'eau du « béal venant des moulins » (parcelle 803).

Mais ce mauvais état de la clôture semble provisoire, puisque le plan précise un « ouvrage nouveau proposé à faire » et une « nouvelle muraille en partie faite, le restant proposé à faire, laquelle environe l'Enclot » (parcelle 807), tout deux « lavés en jaune » sur le dessin. Une dérivation est également prévue pour l'aménagement d'un « nouveau canal des eaux des moulins pour l'arrozage du parc » (parcelle 808), qui traversera l'angle nord-est du parc.

Situé immédiatement à l'aval de la rive droite de la confluence du Riou de Clarescombes et du Buëch, le parc est protégé des effets dévastateurs des crues par une « première fortification » (parcelle 802). Le dessin suggère une construction en poutres croisées et remplissage de blocs rocheux. D'autres constructions similaires sont installées parallèlement à la rive du Buëch : la « deuxième fortification » (parcelle 810), la « cinquième fortification faite depuis peu, laquelle a été emportée par le Buech au mois de Xbre 1755 » (parcelle 813) et une « autre fortification et continuité de cette dernière proposée à faire » (parcelle 814). Les troisième et quatrième fortifications (parcelles 811 et 812) sont quant à elles implantées perpendiculairement à la rivière, en épi.

Les propriétés seigneuriales comprennent aussi les graviers en bord de Buëch (parcelle 809) et une « islle » à l'extrémité sud de la prairie.

Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Détail du plan 7 : l'aménagement du parc seigneurial.Plans visuels de la terre et seigneurie du Bourg de Ribiers, 1755. Détail du plan 7 : l'aménagement du parc seigneurial.

Le 25 septembre 1787, un acte est passé « dans une des salles du château » de Ribiers, entre Mme de Crequy seigneur de Ribiers et Louis-Antoine Long pour « construire une digue pour préserver son parc seigneurial de Ribiers des irruptions du Buëch & du torrent de Clarescombes ». En échange de ces travaux, M. Long obtient un bail emphytéotique pour la possession et l'usage des « iscles, graviers & terrains non cultivés situés au levant du parc de Ribiers », il est affranchi des charges seigneuriales sur ses récoltes et son habitation, et il est autorisé à installer un service de bac pour traverser le Buëch.

Toutefois, ces travaux ne sont pas terminés lorsque survient la Révolution. La communauté de Ribiers, estimant que les terrains concédés à M. Long étaient des biens communaux spoliés par le pouvoir féodal, occupe ces terres et les redistribue aux habitants. Dès 1792, un procès débute à ce sujet entre la communauté et M. Long, et l'affaire se termine seulement en 1815 au bénéfice de la veuve de M. Long, Victoire Périnet remariée avec Maurice Esménard. 1

En 1823, le plan cadastral du village et de sa rive (sections E1 et E2) montre comment l'espace entre le village et le Buëch a évolué depuis 1755. Aux Bas Prés, les changements sont liés au partage de l'ancienne terre seigneuriale en 1793, qui est désormais partagée en plus de 300 petites parcelles. Au quartier des Iles, entre le canal et le Buëch, le processus de conquête de terrains est encore en cours. La digue contre la rivière est largement prolongée par rapport à son état de 1755, bordant de façon continue la partie inférieure du Riou de Clarescombes en rive droite, se prolongeant sur la rive droite du Buëch pour s'interrompre un peu en amont de la confluence du Torrent des Faïsses. Mais ici, les parcelles tenues par des particuliers, sont encore très grandes et peu ou pas cultivables. Elles sont mentionnées de façon imprécise – leur étendue est sans doute irrégulière selon les débordements – comme « marais », « bois taillis », « landes », avec quelques parties en « terre labourable » et « clapiers » d'épierrement. Les seules bonnes « terres labourables » sont situées au contact du « Grand Canal de l'Isle ».

Dans ce document cadastral, Martial Esménard possède 9 parcelles (parcelles 1823 E1 01 à 03 et 06 à 10bis) couvrant plus de 50 hectares, dont 25 ha en bois et 14 ha en landes ou graviers, le reste en terre labourable.

Les années 1830 : la création du domaine agricole des Îles

Le 24 janvier 1835, chez le notaire Magnet de Ribiers, Marie Marguerite Esménard, héritière de Victoire Périnet par son père, vend à Dominique Laurent Gauthier et Frédéric Gauthier, pour moitié chacun « toute une propriété territoriale (…) appelée les Isles sous l'ancien château (...) tel que le tout est détaillé dans le cadastre du dit Ribiers sur la côte de M. Joseph Martial Esménard (…) La dite propriété confronte au levant la rivière du Buëch contre laquelle elle est protégée par une forte digue ; au midi le torrent des Faisses et les hoirs Chabus, au couchant le quartier appelé les Bas Prés dont la propriété qui fait l'objet de la vente est séparée par un large fossé, et au nord le ruisseau ou torrent de Clarescombes ». Le prix est conclu pour 30 000 francs, et le domaine comprend environ 17 hectares, dont 3 ha de prés ou terres labourables, 2 ha de bois taillis, 5 ha de landes et graviers et un jardin.

L'acte précise aussi l'existence de plusieurs constructions. Il s'agit principalement de dépendances agricoles : « une petite écurie et grenier à fourrages couverts en tuilles, une bergerie y attenante couverte en gerbes de jonc ». En 1835, l'actuelle maison de maître est encore en chantier puisqu'elle est mentionnée comme « un grand bâtiment dont les constructions ne sont que commencées ». Enfin, « une fabrique de tuilles et briques » est également mentionnée, sans que l'on sache si cet établissement était uniquement destiné à produire les matériaux nécessaires au chantier, ou si il produisait également pour la vente.

En octobre 1842, les époux Gauthier donnent procuration au notaire Abel, de Ribiers, pour « vendre le dit domaine des Iles, en totalité ou en partie ». Et effectivement, entre le 9 et le 20 juillet 1843, ce notaire traite la vente ou l'échange de 18 parcelles pour une superficie totale d'environ 21 hectares. La plupart de ces parcelles sont désignées comme terres labourables, terres incultes et oseraies. Chaque vente précise que l'acquéreur s'engage à supporter la participation aux frais d'entretien de la digue, des canaux, prises d'eau et martelières. Lorsque la parcelle borde un canal, l'acheteur possède un droit d'arrosage, mais il s'engage également à « purger les dits canaux en temps et lieu de manière à ce que l'eau ait toujours un libre cours, pour l'irrigation et le limonage des propriétés inférieures ».

Ces transactions montrent que le domaine vendu comprenait des « bâtiments d'exploitation et d'habitation, autre que ceux appelés les Petits Bâtiments (…) et séparés par une basse cour ». Et il est à nouveau fait mention d'une fabrique artisanale : « petits bâtiments et tuillière confinant au nord le Buëch et le torrent de Clares Combes, au levant le Buëch, du couchant le grand canal et du midi chemin de trois mètres de largeur ».

Toutefois, ce morcellement de grandes parcelles n'a pas donné lieu à un redécoupage parcellaire cadastral, en se contentant d'une description des confronts.

La façon dont le domaine ainsi morcelé est ensuite géré au cours de la seconde moitié du 19e siècle nous est inconnue. En 1888, il appartient à Charles Guigues et son épouse, sans que l'on sache dans quelles conditions ils l'ont obtenu.2

En 1899 : le domaine du « Château des Îles »

En tout cas, à l'extrême fin du 19e siècle, le domaine est reconstitué et est administré en fermage. En effet, lorsqu'il est vendu le 14 mars 1899, l'ensemble approche les 40 hectares, soit plus du double de la superficie de 1835.

Cette vente est effectuée chez le notaire Jean-Baptiste Alphonse Milon à Aix, pour la somme de 17 000 francs et le paiement est étalé sur 15 ans. La vendeuse est Angeline Raspail, veuve de Mr Charles François Guigues, qui agit également pour son neveu, Georges Jacques Arnoux, maître d'armes au seizième bataillon de chasseurs à pied à la caserne Vandamme de Lille, lequel possède la moitié du domaine. Les acquéreurs sont Joseph Elzéard Louis Aramand et son épouse, cultivateurs à Ansouis et possédant des biens à la Tour-d'Aigues.

L'ensemble est désigné comme « Le domaine dit Château des Isles (…) consistant en maison de maître dit le Château, bâtiment de ferme séparé, terres labourables, jardins, prairies, bois taillis, futaies, pâtures, iscles et oseraies ». Il est précisé qu'il existe des parcelles enclavées dans le domaine et appartenant à des tiers.

Les acquéreurs « jouiront des droits d'arrosage et autres attachés audit domaine, ils seront aux lieux et places des vendeurs dans le syndicat de la digue et autres associations, avec toutes les charges qui en résultent » et prennent à leurs risques « tous dommages qui pourraient survenir par suite du voisinage de la rivière de Buëch, et des canaux ou rigoles au cas d'affouillement, rupture de la digue et des berges, inondations et autres causes ».

Les nouveaux propriétaires ne pourront s'y installer qu'en août 1899, à la fin du contrat de fermage pré-existant.

Le 24 février 1912, chez le notaire Borel, à Sisteron, la famille Aramand vend à Jules Liautaud « tout un domaine rural, sis sur la commune de Ribiers, dit Château des Îles ».

En 1916, une série de plans est dressée par L. Chaix, agent-voyer en chef à Gap, montrant l'extrémité sud du quartier des Îles, en rive gauche du torrent de Notre-Dame. Sur ceux-ci, les parcelles figurées possèdent un découpage très différent de celui de 1823, mais elles conservent leur numérotation d'origine agrémentée d'un P. Cette situation fait suite au morcellement du domaine en 1843 qui n'a pas été porté au cadastre, suscitant probablement, après plusieurs décennies, des conflits de limites de terrain.

Plusieurs aménagements ou détails topographiques sont dessinés, notamment des alignement de peupliers et l'emprise du « canal d'assainissement ». Un moulin est situé sur une parcelle de « marais » appartenant à Joseph Angyrany, un peu en amont de la confluence avec le Buëch, indiqué comme un « moulin en ruine ». Flanqué de « traces d'écluse », il était alimenté par une dérivation du Buëch. Aujourd'hui l'établissement a totalement disparu, si ce n'est quelques pierres de taille qui ont été sorties par un labour. Il est probable que son activité ait été courte.

Pour définir clairement les limites des parcelles, un bornage a lieu en 1920, entre Jules Liautaud et Honoré Louis, sous le contrôle du Juge de Paix de Ribiers, Jean Antoine Roux. A cette occasion, des pierres en calcaire ou en grès sont plantées en plusieurs points. Au pied de plusieurs d'entre elles, « il a été planté comme gardes [deux ou trois] morceaux d'une tuile creuse s'adaptant parfaitement entre eux ».

Au printemps 1921, après avoir obtenu l'aide de l'Etat, le Syndicat des Îles et Digues de Clares-Combes et du Buëch lance des travaux de reconstruction du canal des Bas Pré et des Îles, rendus nécessaires par un manque d'entretien durant la guerre et par le surcreusement du lit du Buëch. La réception de ce chantier, qui remet à l'arrosage le domaine agricole des Îles, a lieu le 24 août 1921.

En mai 1923, l'Assemblée Générale du même Syndicat élabore un nouveau « règlement des eaux d'arrosage ». Désormais, l'usage est réservé « du samedi du lever du soleil au mercredi au lever du soleil à M. Liautaud pour la totalité du Domaine des Îles et la totalité des eaux (…) Les nuits du mercredi, jeudi et vendredi sont réservés à M. M. Pellegrin et Clavel pour la totalité des eaux (…) Les journées des mercredi, jeudi et vendredi sont réservées aux autres arrosants ». A cette époque, les cultures du domaine du Château des Îles « alternent en blé et légumes », et les labours étaient faits avec quatre chevaux de traits bretons. Du fait de la faible pente et pour favoriser l'irrigation par gravité, les terrains sont partagés en trois niveaux de surfaces, avec un dénivelé de 30-40 cm entre chaque.

En 2018, le domaine couvre environ 40 ha montrant une certaine stabilité territoriale depuis 1899, mais la maison de maître est la seule des constructions mentionnées dans ces archives à exister encore. C'est là la preuve d'un réel dynamisme agricole au cours des 19e et 20e siècles, qui a nécessité l’adaptation des bâtiments aux progrès de la mécanisation autant qu'aux changements de productions agricoles. En effet, en 1923, les principales productions étaient les céréales et les légumes ; aujourd'hui, il s'agit de fruitiers, surtout les pommiers, et de prairies.

Le pigeonnier délabré mentionné sur le plan de 1755 a probablement été rasé lors de la construction de la digue à la fin des années 1780, en même temps que la clôture nord du parc. La fabrique de tuile évoquée en 1835 et en 1843 n'a pas été localisée.

La « petite écurie et grenier à fourrages couverts en tuilles » et la bergerie « couverte en gerbes de jonc » qui existaient en 1835 correspondent peut-être aux bâtiments d'exploitation indiqués en 1843 comme séparés de la maison d'habitation par une basse cour. Il n'est pas impossible qu'une partie des actuelles dépendances situées au nord de la maison de maîtres conservent quelques vestiges d'eux, bien que celles-ci datent principalement du 20e siècle.

De même, le colombier et le hangar disjoints qui accompagnent de nos jours le domaine ne semblent pas antérieurs, pour le premier au début du 20e siècle et pour le second au milieu de ce même siècle. Quant à la petite maison d'habitation ajoutée dans la cour, elle date du troisième quart du 20e siècle.

Aménagements architecturaux

Directement accessible depuis la route qui passe sur la digue, l'ensemble bâti du Château des Îles se compose d'une maison de maître et de dépendances disjointes plus ou moins proches. Le domaine agricole forme une large bande orientée nord-sud qui est bordée au nord et à l'est par la digue du Riou de Clarescombes et du Buëch.

A proximité immédiate du chemin d'accès, un canal d'irrigation traverse la digue au moyen d'un tunnel en plein-cintre en pierre de taille calcaire et poursuit son cours grâce à un fossé profond. A l'est de la ferme et presque au niveau du pont, un double aménagement circulaire en pierre sèche est adossé au talus de la digue, côté domaine, que la tradition orale explique comme étant d'anciens silos à légumes.

Vue de situation prise du nord-ouest.Vue de situation prise du nord-ouest. Canal de dérivation des eaux du Buëch. Sortie de la section souterraine passant sous la digue du Riou de Clarescombes.Canal de dérivation des eaux du Buëch. Sortie de la section souterraine passant sous la digue du Riou de Clarescombes. Ancien silo à légume : structure en pierre sèche circulaire engagée dans la digue du Buëch.Ancien silo à légume : structure en pierre sèche circulaire engagée dans la digue du Buëch.

On a vu que la maison de maître était en cours de construction en 1835, mais il est manifeste qu'elle a été modifiée depuis. Le couvrement de l'étable en voûtains semble correspondre à une réfection de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle ; peut-être après la vente de 1899. Le bâtiment a de nouveau été remanié dans les années 1950, perdant ses ouvertures cintrées d'origine. Celles-ci ont été rendues de nouveau visibles lors d'une importante rénovation effectuée dans les années 1970 qui a concerné tant les façades que la toiture.

Elle possède un plan rectangulaire orienté est-ouest. Un jardin arboré s'ouvre devant son élévation sud, alors que la façade nord donne sur un cour autour de laquelle s'organisent quatre dépendances agricoles mitoyennes et une maison d'habitation indépendante ; un grand platane est planté à l’extrémité occidentale de cette cour.

Bâtiment principal. Vue d'ensemble prise du sud-est.Bâtiment principal. Vue d'ensemble prise du sud-est. Bâtiment principal. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.Bâtiment principal. Vue d'ensemble prise du nord-ouest. Cour, grand platane.Cour, grand platane.

Implantée sur un terrain plat, cette maison comporte un rez-de-chaussée et un étage carré. Un petit sous-sol en demi-niveau existe au centre de la bâtisse et accueille une citerne et une resserre au sol fait de carreaux de terre cuite. Cette travée centrale possédait aussi à l'origine un étage de comble (visible sur une photo des années 1950) occupé par un pigeonnier.

[Vue d'ensemble prise du sud-ouest]. Années 1950.[Vue d'ensemble prise du sud-ouest]. Années 1950.

Le tiers oriental de ce rez-de-chaussée était réservé à une étable, accessible par deux larges portes côté nord. Les murs sont enduits et le couvrement est en voûtains, dans lesquels des trappes d'abat-foin sont pratiquées au-dessus de la mangeoire. Celle-ci, en planche, est surmontée d'un râtelier en bois. Un escalier installé dans l'angle nord-est donne accès à l'étage.

Bâtiment principal. Rez-de-chaussée, étable. Mur est, mangeoire et trappe d'abat-foin.Bâtiment principal. Rez-de-chaussée, étable. Mur est, mangeoire et trappe d'abat-foin.

Le reste du rez-de-chaussée accueillait à l'origine : un vestibule, une cuisine équipée d'une pile d'évier monolithe installée dans l'embrasure d'une fenêtre et ouvrant sur un four à pain, une petite pièce réservée pour accueillir une cuve vinaire rectangulaire - maçonnée et mallonée - un salon, une salle-à-manger, une bibliothèque équipée de trois grandes armoires en noyer et une chapelle. Le sol de cette partie d'habitation était en carreaux de ciment décorés et les murs et plafonds étaient peints avec des décors moulurés en gypserie. Au centre, un escalier à quarts tournants dessert l'étage.

Rez-de-chaussée, cuisine. Mur nord, fenêtre avec pile d'évier intégrée dans l'allège.Rez-de-chaussée, cuisine. Mur nord, fenêtre avec pile d'évier intégrée dans l'allège. Carreau de ciment de l'ancien sol du rez-de-chaussée.Carreau de ciment de l'ancien sol du rez-de-chaussée.

Le tiers oriental de l'étage accueillait le fenil, ouvert côté nord par une grande baie fenière. C'est depuis ce fenil que l'on accédait à la partie centrale abritant un pigeonnier - qui se développait en comble saillant - dont quelques boulins ont été conservés. Ce sont des mobiles en terre cuite ressemblant à des jarres, qui s'empilent les unes sur les autres.

Bâtiment principal. Etage, fenil. Mur nord, baie fenière.Bâtiment principal. Etage, fenil. Mur nord, baie fenière. Bâtiment principal. Boulin en terre cuite de l'ancien pigeonnier.Bâtiment principal. Boulin en terre cuite de l'ancien pigeonnier. Bâtiment principal. Boulins en terre cuite de l'ancien pigeonnier.Bâtiment principal. Boulins en terre cuite de l'ancien pigeonnier.

Le reste de l'étage était réservé aux chambres, équipées chacune d'une fenêtre et d'une cheminée. Le sol était originellement en parquet et a ensuite été couvert par des carreaux de ciments.

L'ensemble du bâtiment est construit en maçonnerie de moellons calcaires et de galets, avec la base des chaînes d'angle en pierre de taille calcaires. Les élévations reçoivent un enduit au ciment. Sur la façade sud, la porte centrale possède un encadrement en pierre de taille calcaire, en anse de panier, avec piédroits débordant en larges pilastres et fronton surmonté d'une corniche moulurée en entablement. Sur la façade nord, la porte occidentale de l'étable possède des piédroits en pierre de taille calcaire et un couvrement en arc plein-cintre (en partie masqué par la rénovation) en brique pleine ; cette porte est flanquée de deux petits jours en arc plein-cintre en brique. Sur cette même façade nord, la grande baie fenière orientale possède un encadrement similaire, mais partiellement masqué. Les autres ouvertures possèdent également un appui en pierre, avec un encadrement en brique pleine, en arc segmentaire au premier niveau du logis, droit ailleurs. Au premier niveau, les menuiseries des fenêtres sont à deux vantaux de petits carreaux, surmontées d'un tympan vitré rayonnant. Une treille de vigne court le long de la façade sud, sur des potences en ferronnerie.

Bâtiment principal. Elévation sud.Bâtiment principal. Elévation sud. Bâtiment principal. Elévation sud, porte centrale.Bâtiment principal. Elévation sud, porte centrale. Bâtiment principal. Elévation nord.Bâtiment principal. Elévation nord. Bâtiment principal. Elévation nord, porte de l'étable et baie fenière.Bâtiment principal. Elévation nord, porte de l'étable et baie fenière.

La charpente est à fermes avec entrait, poinçon et arbalétriers. Le toit à longs pans et croupes était couvert à l'origine en tuile écaille à crochet (encore visible sur le cliché des années 1950) avec deux grands épis de faîtage en terre cuite. La tuile écaille a été depuis remplacée par de la tuile creuse mécanique, mais quelques anciennes tuiles ont été conservées. L'avant-toit est constitué d'une voussure façonnée au mortier.

Bâtiment principal. Charpente de la croupe orientale.Bâtiment principal. Charpente de la croupe orientale. Bâtiment principal. Ancien épi de faîtage déposé.Bâtiment principal. Ancien épi de faîtage déposé. Bâtiment principal. Tuiles écailles à crochet de l'ancienne couverture, déposées.Bâtiment principal. Tuiles écailles à crochet de l'ancienne couverture, déposées.

Au nord de la cour, les bâtiments agricoles datent des années 1930 à 1970. Le plus ancien est une remise agricole, servant aujourd'hui d'atelier mécanique, bâtie sur des piliers en brique pleine qui soutiennent une charpente à ferme avec entrait, poinçon et arbalétriers couverte par un toit à longs pans en tuile plate mécanique. Les autres sont des remise accolées, bâties en piliers de béton et remplissage de parpaings de béton ou en structure métallique, couvertes par des toits à longs pans en tuile creuse mécanique ou en plaque ondulées de fibro-ciment.

Au nord-est de la cour, un poulailler disjoint, construit en parpaings de ciment, est couvert par un toit à un pan en tuile plate mécanique.

Bâtiment du logis disjoint. Vue d'ensemble prise du sud-est.Bâtiment du logis disjoint. Vue d'ensemble prise du sud-est. Bâtiment de l'atelier. Elévation sud, pilier en brique.Bâtiment de l'atelier. Elévation sud, pilier en brique. Bâtiment du poulailler. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.Bâtiment du poulailler. Vue d'ensemble prise du nord-ouest.

Un colombier est disjoint à cent mètres au nord-ouest de la ferme (voir sous-dossier dédié IA05001426), et un hangar à cinq cent mètres au sud (voir sous-dossier dédié IA05001427).

1Pour plus de détails à ce sujet, consulter l'annexe dédiée aux digues et canaux de Ribiers, insérée dans le dossier de présentation de la commune : IA05001502. 2Lettre d'Angeline Raspail veuve Guigues du 25 février 1920. Archives privées du Domaine des Îles

Le domaine du Château des Îles est tout à fait emblématique de la dynamique de conquête de terres agricoles sur le lit majeur du Buëch depuis le début de l'époque Moderne.

Ce parc seigneurial, sans doute créé dans la seconde moitié du 17e siècle, a été en partie concédé à un particulier en échange de la construction d'une digue en 1787, et pour le reste loti lors de la vente des biens nationaux en 1793.

La partie non partagée, anciennement inculte, a été aménagée en exploitation agricole à partir des années 1830 et augmentée depuis. Aujourd'hui c'est une exploitation fruitière active.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle, limite 19e siècle 20e siècle, 20e siècle
  • Dates
    • 1835, daté par source

La ferme dite le Château des Îles se trouve à environ 300 mètres à l'est du village de Ribiers, à une altitude de 495 mètres. Occupant un domaine agricole de 40 hectares, elle comprend une maison de maître et des dépendances agricoles dont un colombier et un hangar. Ces deux derniers ont chacun fait l'objet d'un sous-dossier individuel (IA05001426 et IA05001427).

  • Murs
    • calcaire galet enduit
    • calcaire moellon
  • Toits
    tuile plate mécanique
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier dans-oeuvre
  • Typologies
    F3a1 : ferme à maison-bloc à terre, à bâtiments accolés et/ou disjoints
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Bail à réparation & construction de digue et bail emphytéotique entre Mme de Crequy seigneur de Ribiers et Louis-Antoine Long, 25 septembre 1787. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • Copie de l'acte de vente passé par devant maître Magnet notaire à Ribiers de la propriété appelée les Isles sous l'ancien château, 24 janvier 1835. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • Copie des minutes du notaire Abel, à Ribiers : vente et échange de 18 parcelles du domaine des Îles, 9-20 juillet 1843. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • Vente du domaine des Iles de Ribiers entre Angeline Raspail vendeuse et Joseph Elzéard Louis Aramand et son épouse, acquéreurs par devant Jean-Baptiste Alphonse Milon, notaire à Aix-en-Provence, 14 mars 1899. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • Vente du domaine des Îles de Ribiers entre la famille Aramand, vendeuse et Jules Liautaud, acquéreur, par devant maître Borel, notaire à Sisteron, 24 février 1912. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • Extrait des minutes du greffe de la justice de paix du canton de Ribiers, bornage du domaine des Îles, 1920. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • Règlement des eaux d'arrosage du Syndicat des Îles et Digues de Clares-Combes et du Buëch, mai 1923. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

Bibliographie

  • ROMAN, Joseph. Histoire de Ribiers, chef-lieu de canton du département des Hautes-Alpes. Gap : Imprimerie J.-E. Richaud, 1892. 72 p.

Documents figurés

  • Plan de la terre et seigneurie du bourg de Ribiers, 1755 / Encre et aquarelle sur papier, 1755-1758. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : F 2214.

    Plan 7.
  • Plan cadastral de la commune de Ribiers. / Dessin, encre et lavis par Martel et Martin, géomètres, 1823. Archives départementales des Hautes-Alpes, Gap : 3 P 1167 à 3 P 1168.

  • Plans du domaine des Îles. / Dessins, par Louis Chaix, agent-voyer en chef à Gap, 1916. Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

  • [Vue d'ensemble prise du sud-ouest]. / Tirage photographique noir et blanc, sd (années 1950). Archives privées du Domaine des Îles, Ribiers, non coté.

Date d'enquête 2018 ; Date(s) de rédaction 2018
(c) Parc naturel régional des Baronnies Provençales
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général