Données historiques et morphologiques

Les entrepôts agricoles sont aujourd’hui peu nombreux à Barrême. Dans le village, beaucoup d’entre eux ont été transformés en maisons, dans la campagne, la plupart sont détruits ou en trop mauvais état pour pouvoir être étudiés. Les autres doivent presque tous leur conservation à leur adaptation aux mutations agricoles des 19e et 20e siècles (mécanisation des travaux, remplacement de la polyculture vivrière traditionnelle par des productions de rapport, céréales, fruits séchés, lavande et élevage ovin intensif).

Les bâtiments qui correspondent à l’ancien mode de production sont, par définition, polyvalents. Dans le village comme à l’extérieur, ils se caractérisent par leurs petites dimensions (souvent moins de 50 m², rarement plus de 100 m²), leur construction en matériaux locaux (moellons de calcaire, mortier de gypse, tuiles creuses, bois de charpente) et leur structure en hauteur, qui superpose un fenil et/ou séchoir à une étable et/ou remise parfois utilisée, dans les quartiers éloignés du village, comme logement occasionnel.

Les transformations les plus fréquentes et les nouvelles constructions répondent à deux besoins induits par la modernisation de l’agriculture : l’accueil de troupeaux d’ovins importants, le stockage des machines et de grandes quantités de fourrage.

Dans cette perspective, on notera le faible recours à la forme hangar (sauf constructions préfabriquées très récentes, non étudiées ici), mais aussi la rareté des édifices unifonctionnels : 4 remises, 2 fenils. Même les constructions neuves restent fidèles à la polyvalence traditionnelle combinant le plus souvent le fenil à l'étable ou la remise (21 cas).

Les techniques de construction ont évolué tardivement, sans doute avec l’arrivée du chemin de fer qui a permis d’acheminer poutres métalliques, briques et tuiles de fabrication industrielle.

Eléments d'analyse de quelques entrepôts non étudiés individuellement

Village H 29

Entrepôt d’assez grandes dimensions créé par fusion et remaniement de deux petits entrepôts figurés sur le plan cadastral de 1838 ; une partie du gros-œuvre ancien a été réutilisé, reconnaissable à son blocage de moellons bruts liés au mortier de gypse ; les murs surélevés en briques creuses ont été évidés au centre de l’élévation antérieure, au sud, d’une très large porte cochère que prolonge, simplement séparée par l’épaisseur du plancher, une loggia de même largeur ; le toit à un pan est couvert de tuiles plates mécaniques ; l’étage de soubassement sert de remise, le rez-de-chaussée de fenil.

Village H 206

Petit entrepôt traditionnel figuré sur le plan cadastral de 1838, mitoyen sur 3 côtés, composé d’une étable-remise en rez-de-chaussée et d’un fenil en comble à surcroît ; la baie fenière, au dessus de la porte cochère, a conservé la potence en bois qui servait à monter le foin.

Village H 217 et 218

Déjà divisé en deux parcelles au cadastre de 1838, ce bâtiment assez grand est situé à l’extrémité d’un îlot et accompagné au nord d’une petite cour sans clôture ; l’étage de soubassement, ancienne étable, a été transformé en cellier et sa porte cochère, au sud, murée ; le rez-de-chaussée, accessible au nord par une porte cochère, sert encore de remise ; l’étage est éclairé sur 3 côtés par les hautes fenêtres caractéristiques des séchoirs ; le comble partiel, ajouré au sud en loggia, abritait le fenil.

Village H 259

Mitoyen sur 3 côtés, figuré sur le plan cadastral de 1838 ; de construction et de structure traditionnelles, il comporte un étage de soubassement servant d’étable et de remise (porte cochère) et un rez-de-chaussée, desservi par un escalier intérieur droit en bois (porte piétonne), directement sous le toit en appentis, servant de fenil, avec sa baie fenière équipée d’une potence à poulie métallique.

Village H 266

En 1838 est fusionné avec l’entrepôt voisin H 267 ; petit bâtiment traditionnel à 3 étages, le rez-de-chaussée servant d’étable et de remise, l’étage carré et le comble à surcroît de séchoir et de fenil.

Village H 267

Structure identique au précédent.

Village H 291

Construit après 1838 ; de construction traditionnelle, composé d’une remise en soubassement et d’un fenil au rez-de-chaussée.

Le Village. Entrepôt agricole H 291, 292. Vue d'ensemble prise du sud-ouest.

Village H 292

Voisin du précédent et de structure identique, construit comme lui après 1838.

Village H 299

Construit après 1838 ; mitoyen sur 2 côtés ; bâtiment unique de construction traditionnelle adossé à la pente, contenant à l’étage de soubassement une étable-remise accessible par la rue à l’ouest, au rez-de-chaussée un fenil accessible par une porte à l’est.

Basse Palud A 724

Petit bâtiment traditionnel à 2 étages, le rez-de-chaussée servant d’abri occasionnel pour les hommes et les bêtes, l’étage de fenil. Basse-Palud. Entrepôt agricole A 724. Vue d'ensemble prise du sud-est.

Iscles de l’Estagnet B 52

Construction traditionnelle, figurée sur le plan cadastral de 1838, adossée à la pente et comportant 3 étages, remise en soubassement accessible à l’ouest, petit logement occasionnel, avec cheminée en plâtre, et séchoir au rez-de-chaussée accessible à l’est, fenil et/ou séchoir dans le comble à surcroît desservi par une échelle de meunier ; ce petit bâtiment est aujourd’hui englobé dans une porcherie industrielle construite dans les années 1960 et aujourd’hui désaffectée.

Iscles de l’Estagnet B 55

Petit bâtiment construit après 1838, composé d’une remise en soubassement accessible au sud et d’un fenil en rez-de-chaussée accessible au nord.

Iscles de Lieye D 883

Entrepôt ancien figuré au cadastre de 1838, de construction traditionnelle, à 3 étages, remise en soubassement, logement occasionnel et séchoir au rez-de-chaussée, fenil dans le comble à surcroît ; agrandi ultérieurement vers le nord d’une autre remise surmontée d’un fenil aux murs en agglomérés de ciment et toit en appentis en fibro-ciment.

Iscles de Lieye. Entrepôt agricole D 883. Vue d'ensemble prise du sud-est.

Saint-Pons D 31

Dans la zone de jardins et de prés, adossé au versant sud de la butte de Saint-Pons, édifice composé de 2 bâtiments : à l’ouest, le plus grand et le plus récent contient en soubassement une remise, au rez-de-chaussée un fenil ; l’autre, à l’est, existait en 1838 ; de facture un peu plus soignée (enduit lisse et génoise), il comporte une remise en soubassement, un séchoir et un pigeonnier à grille d’envol entourée de plaques de fer au rez-de-chaussée.

Saut du Loup A 26

Isolé dans un vallon, entrepôt de 2 étages aujourd’hui en très mauvais état (sans plancher ni toit) ; dans son dernier état, avec des enduits et des reprises de maçonnerie au ciment, le rez-de-chaussée servait probablement de bergerie (porte cochère et série de jours en fente), l’étage de fenil avec peut-être un logement occasionnel (baie fenière, une fenêtre équipée d’un chassis à vitre, les autres de barreaux métalliques).