Dossier collectif IA04002093 | Réalisé par
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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  • inventaire topographique
entrepôts agricoles ; cabanes pastorales ; ensembles pastoraux
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    entrepôt agricole, cabane, ensemble pastoral
  • Aires d'études
    Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var
  • Adresse
    • Commune : Colmars

I. Les conditions de l'enquête

Le repérage des entrepôts agricoles sur la commune de Colmars a été effectué au cours des mois d'été 2010, auxquels s'est ajoutée une campagne dédiée aux cabanes d'estive et ensembles pastoraux en 2012 et 2013. Le recensement s'est fait à partir du cadastre le plus récent disponible, édition établie en 1983, téléchargée sur une interface GPS. Le plan cadastral dit "napoléonien", levé en 1827, a servi de point de repère et de comparaison pour les bâtiments antérieurs à cette date ; l'ensemble des états de sections de ce cadastre a été consulté. Toutes les constructions portées sur le cadastre actuel ont été vues, au moins de l'extérieur. Le repérage a été effectué à l'aide d'une grille de description morphologique propre aux entrepôts agricoles et décrivant :

- la ou les fonction(s) visible(s) du bâtiment, niveaux par niveaux,

- la mitoyenneté,

- les accès,

- les matériaux principaux et secondaires et leur mise en œuvre,

- la forme du toit, la nature de la charpente, de la couverture et de l'avant-toit,

- le nombre d'étages visibles,

- la description des élévations et des baies,

- les aménagements intérieurs (cloisons notamment…),

- les inscriptions historiques : dates portées, inscriptions…

Cette grille de repérage a donné lieu à l'alimentation d'une base de données destinée à faire un traitement statistique et cartographique. Le repérage est toujours confronté à la question de l'état du bâti. Ainsi, ont été repérés les bâtiments ayant subi quelques modifications de détail n'affectant pas leur lecture architecturale. Les bâtiments ruinés mais dont le parti pris architectural d'origine restait lisible ont également été repérés. En revanche, les bâtiments ayant subi des transformations majeures rendant illisibles leurs caractères architecturaux n'ont pas été retenus. Les bâtiments non retenus sont principalement ceux qui ont été très remaniés à une période récente, selon des normes de construction, des matériaux et un vocabulaire architectural très éloignés de ceux de l'architecture locale : élévations entièrement repercées de grandes ouvertures rectangulaires masquant les baies anciennes, utilisation de matériaux récents rendant illisible le parti d'origine, restructuration intérieure totale ou profonde…

II. Le choix du corpus : entre questions de dénomination et logiques de fonctionnement

Le rassemblement dans le même dossier de familles architecturales répondant à des nomenclatures différentes - l'entrepôt relève de l'architecture agricole quand la cabane appartient à l'architecture domestique - ne doit pas empêcher leur analyse conjointe. Le Thésaurus de l'architecture le précise d'ailleurs dans son "Principe d'organisation du Thésaurus" : la division en catégories fonctionnelles "n'a aucun caractère absolu"1. De la même manière, si la cabane constitue un spécifique du générique "architecture domestique", l'ensemble pastoral qu'elle contrôle s'inscrit dans l'arborescence "architecture agricole". En effet, il convient avant tout de considérer à la fois la famille de rattachement et les usages ainsi que les logiques de fonctionnement au sein de la propriété agricole. Dans ce dernier cas de figure, la cabane comme l'entrepôt constituent des dépendances liées entre elles. En outre, même si la cabane s'avère avant tout le logis du berger, il faut l'interpréter comme la tête de pont d'un système plus vaste qu'on appellera l'économie pastorale, dont l'importance apparaît fondamentale pour la zone d'étude considérée, qui repose sur une économie combinée : l'agropastoralisme.

Pour des raisons d'organisation, on considérera toutefois séparément les entrepôts agricoles "traditionnels" d'un côté et les cabanes de l'autre.

Présentation du corpus d'ensemble

Sur la commune de Colmars, 33 entrepôts agricoles ont été repérés, ainsi que 22 cabanes et ensembles pastoraux. 18 entrepôts sont situés en agglomération ou abord d'agglomération, dont 10 dans le chef-lieu. Autrement dit, 16 soit 47 % seulement se situent en contexte isolé. En ce qui concerne les cabanes d'estive, 22 ont fait l'objet d'un repérage ou d'une identification (pour des raisons logistiques et de temps de trajet il n'a pas été possible de toujours se déplacer in situ). Les cabanes ONF (cabanes forestières de Noncière, de l'Autapié ou de Ratery, qui fut édifiée en 1891) n'ont pas été prises en compte, non plus que celles qui ont été très transformés dans une optique touristique (ainsi de celle de la Fuchière) ou qui ont été construites d'emblée dans une optique d'accueil du public (Cabane Neuve à Ratery). Certaines d'entre elles sont par ailleurs parties constituantes d'une entité plus vaste, l'ensemble pastoral, et présentent une organisation particulière, puisque constituées d'une cabane ancienne et d'une cabane moderne. Nous y reviendrons.

Plusieurs bâtiments (13 cas relevés) portent une voire plusieurs dates parfois accompagnées de quelques lettres, qui s'échelonnent de 1789 pour la plus ancienne à 1967 pour la plus récente. 7 entrepôts agricoles sont concernés, et 6 cabanes.

Dès à présent, nous dissocions les entrepôts des cabanes et ensembles pastoraux dans l'analyse, en commençant par les premiers.

III. Entrepôts agricoles : caractères morphologiques et fonctionnels

Implantation et composition d'ensemble

Colmars présente la particularité de disposer d'un village enceint, avec des spécificités liées à la fonction militaire de la place forte dans un espace très contraint où les entrepôts sont repoussés pour l'essentiel contre les remparts (REF=IA04001880). Cela étant posé, il n'est pas nécessaire d'effectuer de distinction entre les entrepôts intra et extra-muros, malgré quelques variantes notamment en ce qui concerne le terrain d'implantation. Si l'on s'intéresse d'abord aux cas intra-villageois, la densité du bâti dans l'enceinte entraîne une mitoyenneté forte, sur trois côtés dans 7 cas sur 10, et jamais inférieure à 2. En revanche, tous les entrepôts à l'exception d'un seul à Clignon Haut sont isolés, y compris en hameau. Dans le cas des entrepôts compris dans l'enceinte, le premier niveau correspond à un rez-de-chaussée dans 90 % des cas (9 sur 10), alors qu'il s'agit d'un étage de soubassement (qui peut en comporter deux) près de 9 fois sur 10 (21 cas sur 24, soit 87,5 %) pour les entrepôts hors la ville. De même, les entrepôts villageois comportent davantage d'étages qu'ailleurs sur la commune, comme le tableau comparatif ci-dessous le montre :

niveaux

entrepôts intra-muros

1

2

3

4

-

niveaux

entrepôts extra-muros

1

2

3

4

-

niveaux

entrepôts (commune)

1

2

3

4

occurrences

0

1

6

3

-

occurrences

2

15

7

0

-

occurrences

2

16

13

3

% age

0 %

10 %

60 %

30 %

-

% age

8,5 %

62,5 %

29 %

0 %

-

% age

6 %

47 %

38 %

9 %

Représentation du nombre de niveaux des entrepôts agricoles intra-muros, extra-muros, et à l'échelle communale, et proportions respectives.

Pour les entrepôts dispersés dans le terroir, sur les zones de cultures, l'accès s'effectue la plupart du temps par une route ou un sentier situé à proximité immédiate, jamais à plus de quelques dizaines de mètres. Le hameau de Clignon Haut disposait de deux petits quartiers d'entrepôts, Gaudillon Haut et Gaudillon Bas, dont il subsiste quelques éléments déjà portés sur le cadastre dit napoléonien de 1827 pour le premier : il s'agissait d'une zone de cultures consacrées aux emblavures. les entrepôts situés à Gaudillon Bas, les dates portées l'attestent, ont été édifiées après la levée cadastrale.

Matériaux et mise en œuvre

Sans surprise, on a recouru aux matériaux locaux pour édifier les entrepôts agricoles, et le grès - ainsi que le calcaire gréseux en complément - s'avère omniprésent, utilisé sous la forme de moellons tantôt parallélépipédiques tantôt très aplatis, sous forme de dalles, liés au mortier de chaux grumeleux et de sable, où la terre n'est pas absente, ce qui conduit à une mise en oeuvre très rudimentaire souvent d'ailleurs lessivée par les intempéries au fil du temps. La maçonnerie est donc de piètre qualité. Il n'y a pas de différence notable entre les entrepôts du village et ceux situés hors les murs sur ce point. Le mélèze, sous la forme de planches essentiellement pour les pignons, intervient de façon représentative d'une mise en oeuvre que l'on observe par ailleurs dans le haut Verdon sur l'architecture agricole : 17 entrepôts sont en effet concernés (soit 50 % des cas). Les chaînes d'angles sont renforcées par des moellons plus gros et mieux équarris. Cependant, il existe une alternative à ce mode de mise en oeuvre, grâce à la qualité du grès qui met à disposition des dalles de pierre pierres dont la pose sur le lit permet d'assurer une bonne cohérence à la maçonnerie par ailleurs médiocre en renforçant le chaînage.

Trois entrepôts construits en planches uniquement ont été repérés sur le territoire communal, deux à Chaumie Bas, un à Clignon Haut. La morphologie de ce dernier, ouvert sur un mur-pignon et de forme hangar sur piliers accolé à un bâtiment préexistant avec cloison en planches et piliers antérieurs remontés en parpaing de béton, ainsi que son emplacement proche d'une aire à battre peut faire penser à une remise d'aire à fouler, qui relève d'une typologie identifiée dans le haut Verdon et la vallée du Coulomp plus au sud. Il est particulièrement imposant puisqu'il dispose de deux niveaux de fenil. Si l'on exclut les entrepôts du village, qui peuvent recevoir un traitement particulier en lien avec leur emplacement propre au sein d'une agglomération (4 cas sur les 10 répertoriés), un seul cas de couverture par enduit (lisse, en l'occurrence), a été observée. L'enduit à pierres vues existe bien, mais il présente un aspect souvent si altéré qu'il ne subsiste plus qu'à l'état lacunaire, contribuant à accélérer la dégradation des bâtiments.

Les encadrements des ouvertures (portes et fenêtres) sont bruts de maçonnerie. On n'a relevé que deux cas de façonnage dont un extra-muros. Les linteaux sont en bois, et les portes ne présentent que très rarement piédroits et seuils en bois formant avec le linteau une unité structurelle qu'on appelle "bloc-porte" ayant vocation à renforcer la maçonnerie là où elle est par nature fragilisée. Très rares également, pour les ouvrages de second-oeuvre, sont les cas d'huisseries portant feuillure : il s'agit, comme à Gaudillon haut et Bas d'une mise en oeuvre plus tardive et usinée datable du tournant du 20e siècle, afin d'obtenir, pour la porte ou le jour éclairant l'intérieur de l'entrepôt, d'assurer une fermeture plus hermétique.

Aucune voûte n'a été repérée. Les rares cas de cloisons identifiés donc en place (4) sont en maçonnerie (3) ou en planches (1), ce qui n'exclut pas par ailleurs le recours à des cloisons mobiles en planches selon l'usage choisi de l'espace disponible, et qui auraient disparu. L'adaptation était la règle : c'est par exemple le cas pour quelques planchers dans les étages de combles particulièrement volumineux et élevés, qui pouvaient être modulés par des étages intermédiaires mobiles en fonction de la quantité de fourrage stocké.

Structure, élévation, distribution

Hormis le village, comme précisé plus haut, l'implantation dans la pente impose au moins un étage de soubassement (un seul cas d'entrepôt avec deux étages de soubassement). Les bâtiments considérés sont des blocs en hauteur, plus hauts dans le chef-lieu qu'ailleurs sur la commune (voir le tableau ci-dessus) : en effet, si 90 % des entrepôts intra-muros font au moins trois niveaux, 7 sur 10 extra-muros ne dépassent pas 2 niveaux (même si près du tiers en font trois). Il n'y a cependant pas d'autre différence significative, la fonction logement intervenant à la fois dans les deux contextes (5 cas à Colmars, 6 ailleurs sur la commune), même si elle s'avère proportionnellement deux fois plus représentée dans le chef-lieu. En revanche, on remarquera que la fonction logis intervient hors les murs essentiellement dans le terroir (un seul cas répertorié en contexte aggloméré, à Chaumie Haut). Dans un espace marqué par le relief et la dispersion des dépendances agricoles, disposer d'un logement ponctuel apparaît logique.

fonctions

niveaux

étable

remise

fenil

séchoir

logement

1

22

16

0

0

1

2

1

3

24

2

10

3

0

0

16

1

1

4

0

0

2

0

0

Les différentes fonctions en fonction des niveaux.

Les fonctions d'étable et de remise sont les plus représentées au premier niveau, de même que celle de fenil aux étages supérieurs : cette représentation indique toutefois que l'étable intervient dans 60 % des cas "seulement", et dans moins de 50 % (45 %) en ce qui concerne la fonction remise. Dans le village, cela peut s'expliquer par la présence importante d'une étable dans les maisons elles-mêmes, mais hors les murs, cela paraît plus surprenant, puisque le ratio est proche de celui constaté dans le village, à savoir 16 cas sur 24, soit les deux tiers (66,7 %). En réalité, il faut ici distinguer l'entrepôt dans le hameau et l'entrepôt isolé : ce dernier comporte une étable dans 10 cas sur 12, soit 83 % des cas, un chiffre plus en conformité avec les travaux des champs et la nécessité de disposer d'un animal de bât pour aller jusqu'à la zone de culture. La fonction fenil est omniprésente ou presque, puisque deux entrepôts seulement s'y soustraient : cela concerne des bâtiments à niveau unique, une étable et une remise. La plupart des mangeoires dans les étables sont constituées de planches dont celle montée sur chant peut avoir des trous pour attacher les animaux. Colmars étant une commune où apparaît l'élevage bovin, il existe aussi des étables à vaches (voir l'entrepôt 2019 A 637, avec un râtelier en bois) et une rigole servant à l'évacuation des eaux souillées de façon à laisser le bétail à pied sec.

En toute logique, l'accès à l'intérieur de l'entrepôt s'effectue neuf fois sur dix sur le mur gouttereau dans le village. En effet, il s'agit dans la majorité des cas de la façade principale du bâtiment, et d'ailleurs de son unique façade. Un seul cas d'accès orthogonal a été relevé, c'est-à-dire deux accès disposés l'un en pignon, l'autre en gouttereau. Extra-muros, la répartition s'avère plus équilibrée, puisque la répartition s'effectue comme suit : 8 accès sur le mur gouttereau, 13 sur le mur-pignon et 3 accès orthogonaux. La fonction de logement saisonnier (encore que le qualificatif puisse se discuter au sein du village même) intervient à 5 reprises intra-muros, et à 6 reprises extra-muros dont cinq cas en contexte isolé. Le logis ponctuel revêt des aspects différents, du plus rudimentaire, côtoyant sur un même niveau des fonctions agricoles, à un espace dédié plus élaboré, disposant d'un confort élémentaire. Ainsi à Lamberet, zone de cultures et d'élevage des habitants de Clignon Haut, on trouve une "cabane" dans laquelle l'étage de soubassement se partage entre une pièce très étroite avec une entrée propre sur le pignon, séparée de la vaste étable et bergerie (avec sa propre entrée sur le gouttereau) par une cloison à claire-voie en planches. Quelques étagères permettent de stocker du matériel et l'on distingue un point de chauffe avec pierre à feu au-dessus d'un trou d'aération pour l'évacuation de la fumée, dispositif peu efficace laissant s'accumuler la suie sur le mur (2015 B 417). Au Tuve en revanche, un entrepôt sur trois niveaux consacrait un étage entier (rez-de-chaussée surélevé) au logis saisonnier, avec fenêtre de grandes dimensions au lieu du jour modeste et une cheminée façonnée autorisant un tirage respectable - autant que dans l'âtre d'une maison "urbaine" modeste observable sur la commune et alentour. Les entrepôts disposent tous ou presque d'une baie fenière, à l'exception des bâtiments à niveau unique ou d'un ou deux exemplaires dont l'état de délabrement ne permet pas d'identifier la présence d'une ouverture spécifique. Dans le village, la baie fenière se situe en toute logique sur l'élévation principale, puisque la plupart des entrepôts sont mitoyens d'autres bâtiments sur trois de leurs côtés. Hors les murs le rapport s'inverse : deux cas contre 15 (soit près de 90 % de baie fenière sur une autre élévation que la principale, c'est-à-dire sur la façade postérieure, directement accessible par le jeu de la dénivelée.

Couverture

A Colmars même, la toiture à pan unique l'emporte sur celle à longs pans (6 cas contre 4). On ne dénombre qu'un cas de toiture à pan unique à l'extérieur du village (contre 21 à longs pans, soit près de 90 % du corpus extra-muros) et deux cas à longs pans avec demi-croupe. Dans la majorité des bâtiments, la charpente est à pannes (panne faîtière, pannes intermédiaires, mais aussi panne sablière, cette dernière venant sommer la maçonnerie des murs et assurer la stabilité du bâtiment. Dès lors la toiture devient une structure autonome reposant sur les sablières solidaires. De rares exemples de fermes ont été identifiés, lorsque le volume du comble est important (comme à Lamberet en 2019 B 417 ou en 2019 B 81, avec entrait retroussé). Les avant-toits sont traités en saillie de rive sur le débord de la charpente.

Les matériaux de couverture sont à 80 % en tôle dans le village, où l'on dénombre aussi un cas de bac acier et un autre de ciment-amiante. Hors les murs, on comptabilise 14 couvertures en tôle (58,5 %), 9 en planches de mélèze (37,5 %), et 1 mixte (mélèze + tôle, soit 4 %), ce qui est beaucoup moins déséquilibré. Cela témoigne surtout d'un progressif abandon des entrepôts agricoles isolés, qu'on ne restaure pas en leur laissant leur couverture traditionnelle.

Typologie

Il n'y a pas lieu de séparer les entrepôts agricoles intra- et extra-muros dans la mesure où les proportions sont similaires,

1 – ENTREPOTS AGRICOLES UNIFONCTIONNELS

1.1 – Entrepôt agricole uni-fonctionnel : fenil (0% du corpus) (0 repéré ; 0 sélectionné) un ou deux niveaux ; fonction unique de fenil sous-type hangar : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

1.2 – Entrepôt agricole uni-fonctionnel : remise ou étable (6 % du corpus) (2 repérés ; 0 sélectionné) un ou deux niveaux ; fonction unique de remise ou d'étable sous-type hangar : structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

2 – ENTREPOTS AGRICOLES MULTIFONCTIONNELS

2.1 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : fenil sur étable (23,5 % du corpus) (8 repérés ; 2 sélectionnés) deux niveaux ou plus ; fonction double : étable + fenil

2.2 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : polyvalent avec fenil (70,5 % du corpus) (23 repérés ; 3 sélectionnés) deux niveaux ou plus ; fonctions multiples + fenil sous-type hangar : possibilité d'un seul niveau ; structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

2.3 – Entrepôt agricole multi-fonctionnel : polyvalent sans fenil (0 % du corpus) (0 repérés ; 0 sélectionné) un à plusieurs niveaux ; fonctions multiples + absence de fenil sous-type hangar : possibilité d'un seul niveau ; structure porteuse à piliers (éventuellement cloisonnée)

Interprétation de la classification

La question de la typologie ne fait pas intervenir de différence significative que l'on se trouve dans le village ou non, ou en contexte aggloméré ou isolé, même si la représentativité est légèrement plus marquée à l'extérieur des remparts (avec la présence de 2 entrepôts uni-fonctionnels). L'entrepôt agricole multi-fonctionnel polyvalent avec fenil domine très largement puisqu'il dépasse les 2/3 du corpus. Il y a donc une forte homogénéité. La présence du fenil, rendu quasi impérative dans ce contexte montagnard, explique que le type 2.3 n'ait pas été repéré sur la commune.

Typologie

1.1

1.2

2.1

2.2

2.3

occurrences

0

2

8

24

0

% age

0 %

6 %

23,5 %

70,5 %

0 %

Typologie des entrepôts agricoles colmarsiens d'après le repérage.

La fonction logis est bien représentée, puisqu'elle concerne 11 entrepôts, soit le tiers du corpus, dont 5 en contexte isolé. Dans le village, cette fonction apparaît même à plusieurs niveaux. Or, pour les cas considérés de logis ponctuels en contexte isolé, il est intéressant de remarquer que ladite fonction n'est pas tant conditionnée à un éloignement important (en terme de temps) du domicile, mais aussi sans doute (en tout cas est-ce une hypothèse recevable) à un mode d'activité de type pendulaire : lorsqu'on est sur le lieu de production agricole, on y séjourne quelques jours au moins afin d'être immédiatement opérationnel sur place. C'est évident par exemple à Lamberet, site qui jouxte d'ailleurs un autre site au nom sans équivoque : " les Cabanes du Maître", malheureusement toutes ruinées donc impossibles à repérer. Toutefois, l'appellation désigne un point de fixation lié aux activités agropastorales justifiant un stationnement certes ponctuel mais prolongé dans une saison.

Ce site retient l'intérêt parce qu'il propose aussi une forme d'hybridation dans le modèle de l'entrepôt agricole "classique" et de la cabane d'estive ou de l'ensemble pastoral. En effet, il présente des structures agricoles et pastorales dissociées en fonction de l'étagement - il n'y a donc pas mélange au sens propre mais contiguïté ou proximité. Cependant, la présence dans l'un des entrepôts d'une complémentarité des fonctions désigne bien une forme d'hybridation à l'oeuvre : à l'étage de soubassement on trouve un espace dédié au logis saisonnier séparé de l'étable-bergerie, à l'étage de comble un vaste fenil scindé lui aussi en deux moitiés inégales par une cloison en bois avec la présence de lits de bergers solidaires de la charpente donc pérennes dans la partie couchage plus réduite (en plus de matériel de berger tel que filet de type ancien pour former un enclos amovible), et le bâti est agrémenté d'un enclos en pierre sèche attenant. L'exception ne fait pas la règle, mais plusieurs exemples comparables et distincts géographiquement tendent à faire émerger l'hypothèse d'une tendance ponctuelle à l'hybridation selon des critères spécifiques, propres à certaines zones d'activités agropastorales. Or, on retrouve, certes adapté de manière différente, une telle mixité dans la forme et dans l'organisation pour l'ensemble pastoral du Grand Paul (REF=IA04002381), où la cabane d'estive, accompagnée de plusieurs enclos, est également complétée par un grand entrepôt agricole certes en partie ruiné mais qui disposait d'une remise et d'un étable en plus d'un fenil destiné à stocker la production d'herbe et le produit des cultures environnantes. L'ensemble appartenait d'ailleurs à un villars-colmarsien, commune où l'on observe pareille hybridation et/ou complémentarité dans les formes et les fonctions (REF=IA04002088) sur certaines zones d'exploitation mixtes. L'ensemble agricole situé au lieu-dit Clot de Touron apporte une autre illustration de cette configuration particulière(REF=IA04002394).

IV. CABANES D'ESTIVE ET ENSEMBLES PASTORAUX

Il est difficile de dresser un compte des bâtiments pastoraux car une cabane d'estive peut se présenter comme un édifice structurellement indépendant, ou faire partie d'une entité plus importante qu'on appelle "ensemble pastoral", constitué par exemple d'une ou de plusieurs cabanes, d'un ou de plusieurs enclos, ainsi que de différents édicules tels que fontaine, niche, et dans la pâture, pierres et greniers à sel liés à la pratique de l'estive. De sorte qu'un ensemble de deux cabanes ne saurait être décomposé en deux bâtiments distincts sur le plan statistique, mais devra être appréhendé comme un "ensemble pastoral". De plus en plus fréquemment, on observe ce type de groupement de deux cabanes, l'une ancienne, correspondant au logis précédent du berger, et une nouvelle, répondant aux standards actuels du confort minimal de façon à accueillir le berger et éventuellement un aide dans des conditions décentes. L'ancienne cabane devient dès lors une sorte de remise pour le matériel durant le temps du séjour sur l'estive, ce qui constitue par ailleurs le meilleur moyen - en la changeant d'affectation - d'assurer la pérennité d'une structure devenue obsolète sur le plan de l'habitabilité. La commune de Colmars comporte plusieurs binômes de cabanes : sur le massif de l'Encombrette, sur l'Adroit des Muletiers, en contrehaut du ravin de Bressenge ("Cabane de Bressange", où l'ancienne cabane continue à servir de logis pour le berger), au Clot de l'Aï ("Cabane du Clot de l'Aï"), au pied de la Tête de Mouriès ("Cabanes de Mouriès"), au bord du lac de Lignin. Le repérage a permis d'établir l'existence de 22 cabanes d'estive et d'ensembles pastoraux, sans tenir compte des ensembles ruinés qui ne sont plus entièrement identifiables mais attestent la densité et le caractère historique de l'activité d'élevage à Colmars. Cette densité, précisément, empêche parfois de nommer les différentes cabanes : c'est le cas des cabanes dites du Tapi sur le massif de l'Autapie, où l'on dénombre pas moins de quatre édifices encore en place sur un périmètre limité, et d'autres ruinés donc non repérables.

Les cabanes anciennes

Elles ne sont jamais antérieures au début du 19e siècle et pour la plupart datent du 20e siècle, même s'il existe des vestiges d'ensembles plus anciens (ainsi l'ensemble pastoral de la Mole sur l'unité pastorale de Mouriès-Lignin, constitué d'une cabane et d'un enclos à moutons) qui remontent au plus tard au 18e siècle2. De fait, si l'usage d'une estive est avéré depuis plusieurs siècles les cabanes furent peu à peu reconstruites au fur et à mesure de leur dégradation (liée aux conditions climatiques rudes à ces altitudes, aux éventuelles avalanches ainsi qu'à des modes de construction caractéristiques d'un habitat précaire), alors même que les cabanes abandonnées car détruites partiellement continuaient à émailler l'unité pastorale (ainsi pour les cabane de la Faripone et de la Barre sur Mouriès-Lignin). On notera que Colmars est concerné par l'élevage bovin, ce qui n'a pas d'incidence sur les fonctions et la morphologie des cabanes, si ce n'est que les vaches divaguent et ne sont pas parquées dans des enclos, ce qui limite les aménagements afférents à leur présence dans l'estive.

Implantation, mise en oeuvre, organisation d'ensemble et distribution

Toutes les cabanes repérées à l'exception de la cabane du Carton (contrairement d'ailleurs aux cabanes récentes, pour lesquelles l'implantation est davantage équilibrée) s'inscrivent dans la pente, et présentent un étage de soubassement. Construites avec les matériaux traditionnels locaux (grès et calcaire gréseux) liés au mortier de chaux sans enduit de couverture, elles se déploient la plupart du temps sur deux niveaux (12 cas sur les 15 cabanes anciennes repérées encore debout, soit 80 % du corpus, contre 2 sur trois niveaux et une seule à niveau unique). Le pignon présente une cloison en planche à près de 75 % (11 cas sur 15). La charpente est à pannes, une seule est à ferme (cabane au Clot de Touron), car la longueur de ce bâtiment nécessite un soutien structurel en son milieu, qui correspond d'ailleurs à l'emplacement d'une cloison en bois séparant le fenil du coin couchage. L'entrée s'effectue principalement sur le mur-pignon (à 60 %), l'accès par le mur-gouttereau n'intervenant que dans 1 cas sur trois, et l'on recense un cas d'entrée mixte, à la fois sur le pignon (logis) et le gouttereau (étable) au même niveau (encore à la cabane au Clot de Touron). Les pentes sont fortes, ce qui est logique dans le haut Verdon, et à ces altitudes supérieures à 1 500 m. Une seule toiture de cabane fait exception, près du ravin de Guingorier, mais il s'agit d'une réfection qui concerne d'ailleurs toute une partie du bâti qui a été remonté. Le moellon de calcaire blanc sur lequel est gravée la date 1789, placé sur la chaîne d'angle et au sein d'une maçonnerie de grès de couleur plus chaude, correspond à un remploi classique. La couverture traditionnelle en planche voire en essentôle3 de mélèze continue à dominer (7 cas soit 47 %), la tôle représente 1 cas sur trois et le bac acier un seul cas (6,5 %). Les deux cabanes restantes reçoivent une couverture en planche de mélèze sur du bac acier puisqu'elles s'inscrivent dans la charte paysagère du parc national du Mercantour (cabane de l'Encombrette et sur l'Adroit des Muletiers).

On notera que les anciennes cabanes de Bressange et de l'Encombrette ont été restaurées. Celle de Bressange contient une date portée indiquant 10/6/84 : à l'intérieur, le sol correspond à une dalle de béton et les murs ont été intégralement enduits au ciment. Celle de l'Encombrette reçoit une charpente neuve en pin à pannes et le sol est entièrement dallé de pierres plates. Certaines cabanes contiennent des éléments de datation par le biais de dates portées. La plus ancienne (1789), mentionnée ci-dessus - qui prend place sur une cabane ayant fait l'objet d'une restauration importante bien que partielle, est évidemment sujette à caution : sa crédibilité demeure douteuse. On trouve d'autres dates portées beaucoup plus convaincantes, autour de 1860 (3 occurrences) puis dans la première moitié du 20e siècle (2 occurrences). La cabane de Grand Paul doit ici être mise en exergue car elle est un exemplaire particulièrement remarquable d'ensemble pastoral, avec la cabane proprement dite, qui contient une étable à mulet voûtée en plein-cintre, une dépendance agricole à proximité, en partie ruinée mais qui comportait une remise pour le travail agricole surmontée d'un vaste fenil (car le site servait à la fois de zone d'estive et de culture céréalière et fourragère) ainsi que trois enclos pour parquer le troupeau la nuit. Le mobilier de la cabane mérite toute l'attention (voire ci-dessous) et le bâtiment comporte des graffiti figuratifs de bergers.

cabanes

implantation

niveaux

enclos attenant (O/N)

autres fonctions

(O/N)

traitement du pignon

planche (O/N)

couverture

entrée

date(s) portée(s) : O/N

Adroit des Muletiers

étage de soubassement

2

N

O

(étable à mulet dans la pièce de logis)

O

mélèze sur bac acier

pignon

N

Grand Paul

étage de soubassement

3

O

O

(étable à mulet à l'étage de soubassement, fenil à l'étage de comble + dépendance agricole disjointe)

N

mélèze

pignon

O (22.9.34)

Encombrette

étage de soubassement

1

N

N

O

mélèze sur bac acier

pignon

N

Lamberet

étage de soubassement

2

O

O

(étable à mulet dans l'adjonction extérieure au logis)

O

mélèze

pignon

O (1861)

Eichanet

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

O

mélèze

gouttereau

O (1948)

Bressange

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

N

tôle ondulée

pignon

N

Mouriès

étage de soubassement

2

O

O

(fenil, remise + logis [lit])

O

tôle ondulée

gouttereau

N

Clot de Touron

étage de soubassement

2

N

O

(fenil, remise + logis [lit] dans une pièce dédiée de l'étage de comble)

O

tôle plate

pignon et gouttereau

N

Pont de la Serre

étage de soubassement

3

O

O

(fenil et remise ?)

O

bac acier

gouttereau

N

ravin de Guingorier

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

N

tôle plate

pignon

O (1789 remploi)

Sui

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

O

mélèze

gouttereau

N

Allègre

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

O

mélèze

pignon

N

Tapi (1)

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

O

tôle plate

pignon

N

Tapi (2)

étage de soubassement

2

N (mais bergerie couverte)

O

(fenil et remise)

O

mélèze + tôle

gouttereau

O (1860)

Tapi (3)

étage de soubassement

2

N

O

(fenil et remise)

O

mélèze

pignon

O (1860)

Carton

en rez-de-chaussée

1

O

N

N

bac acier

pignon

O (1976)

Principales caractéristiques des anciennes cabanes d'estive colmarsiennes (I)

L'aménagement intérieur et le mobilier

L'intérieur des cabanes reste très sommaire, comme le montre le tableau ci-dessous. La pièce, unique, même si elle peut être cloisonnée, reçoit un sol en terre battue dans 2 cas sur 3, l'éclairage naturel est réduit la plupart du temps à la présence d'un simple jour, qui peut d'ailleurs (c'est la forme minimale) s'inscrire dans la porte d'entrée. Dans 40 % des cas l'espace demeure aveugle. Evidemment, il n'y a ni électricité ni eau courante (un point d'eau prend parfois place à proximité, par le biais d'une source ou d'un ravin). Aucun puits n'a été repéré. Le chauffage s'avère indispensable, et seules quatre (et peut-être cinq) cabanes y échappent. Cette absence s'explique par les modifications apportées à l'intérieur. Ainsi à l'ancienne cabane de Bressange et à celle de l'Encombrette qui ont fait l'objet d'une réfection, ou à celle de Mouriès, non restaurée mais réaménagée : le lieu de vie avec le couchage n'est plus à l'étage de soubassement, qui sert désormais de remise, mais à l'étage de comble, qui contient une gazinière). L'état de délabrement (cabanes du Sui et à Lamberet) doit également être pris en compte. Le point de chauffe prend trois formes : le poêle, (avec 6 occurrences, soit 40 % du corpus, c'est l'option la plus fréquente), la cheminée, plus élaborée, intervient dans 20 % des cas, et l'on observe un cas d'âtre, forme rudimentaire, avec un trou d'aération pratiqué dans le mur surmonté d'une dalle qui sert (sans grand succès) à éviter la propagation de la fumée dans la pièce de vie en la dirigeant vers l'extérieur. Le poêle manufacturé (le fameux "trèfle"), plus efficace que la cheminée, plus récent aussi, est progressivement venu remplacer celle-ci.

Le mobilier, modeste, présente toutefois une réelle unité stylistique. Le lit tout d'abord : il constitue un objet fondamental du logis du berger. Il s'agit la plupart du temps d'une caisse faite de planches de bois ajointées avec des hauts-bords, dont la structure est parfois solidaire d'un poteau monoxyle fiché dans le sol et fixé au plafond. Ce principe intervient ponctuellement aussi pour les étagères, avec des plateaux fixés à un poteau (ainsi dans la troisième cabane du Tapi), mais ces dernières sont essentiellement des planches reposant sur des chevilles ancrés dans la maçonnerie. La barre suspendue au plafond, qui permet d'étendre les vêtements et de les faire sécher, est un élément récurrent du mobilier intérieur du berger. Les tables sont souvent manufacturées, de même que le garde-manger en bois avec grillage pour aérer la nourriture et empêcher l'intrusion des insectes, mais il existe des tabourets spécifiques, étroits, qui semblent déterminer un style propre (cabane de Mouriès et de Bressange, un autre exemplaire a été repéré dans l'ancienne cabane du Vallonet, sur la commune limitrophe d'Allos). En ce qui concerne la préservation du mobilier, les cabanes de Grand Paul et d'Allègre sont les plus intéressantes. L'abandon général de ce corpus (malgré la réaffectation ponctuelle et heureuse, sous forme de remise, de certaines anciennes structures) entraîne cependant une dégradation rapide et la menace d'une destruction inexorable et préjudiciable sur le plan patrimonial, notamment sur le plan des aménagements intérieurs et du mobilier, méconnu. Ces derniers méritent assurément une analyse d'ensemble dédiée approfondie en vue de la préservation des éléments les plus remarquables d'un mode de vie qui a en définitive peu évolué malgré l'amélioration indispensable des conditions d'accueil des bergers (voir sur ce point REF=IA04002770).

Fonctions

cabanes

nature du sol

point de chauffe

O/N

éclairage naturel

O/N

mobilier

O/N

nombre de pièce(s)

Adroit des Muletiers

terre battue

O

(poêle)

O

(jour)

O

(étagère)

1

Grand Paul

terre battue

O

(poêle)

O

(jour)

O

(lit, tables, étagère)

1

Encombrette

dallé

N

N

N

1

Lamberet

terre battue

NSP

(pièce effondrée)

N

N

1

Eichanet

terre battue

O

(âtre)

N

N

1

Bressange

dalle de béton

N

O

(jour)

O

(table, tabouret de berger, armoire)

1

Mouriès

plancher

N

N

O

1 (mais pièce cloisonnée,

le second espace servant de remise)

Clot de Touron

partiellement empierré dans bâtiment principal

+ terre battue dans l'adjonction

O

(poêle)

O

(jour)

O

(table, tabouret, armoire, étagère)

2 (pièce cloisonnée, le second espace servant d'étable) +

1 adjonction en bois sous appentis fermé servant de logis avec le mobilier et le poêle

Pont de la Serre

ciment

O

(poêle)

O

(jour + fenêtre)

NSP

1 pièce de logis + une adjonction agricole dans le prolongement

ravin de Guingorier

terre battue

O

(cheminée)

O

(jour)

O

(étagères)

1

Sui

terre battue

N

N

N

1

Allègre

terre battue

O

(poêle)

O

(jour dans la porte)

O

(lit, table, étagère suspendue)

1

Tapi (1)

terre battue

O

(cheminée sur estrade empierrée)

O

(2 jours)

N

1

Tapi (2)

terre battue

O

(poêle à l'étage de comble)

N

O

(lit à l'étage de comble)

1

(le logis est à l'étage de comble)

Tapi (3)

terre battue

O

(cheminée)

O

(jour dans la porte)

O

(1 lit en bois sur structure bois qui forme une cloison ouverte mais séparative, étagères)

1

(mais pièce cloisonnée,

le second espace servant de remise)

Principales caractéristiques des anciennes cabanes d'estive colmarsiennes (II)

Les cabanes récentes

On ne s'attardera pas sur les cabanes récentes, qui répondent à des schémas de construction et de distribution standardisés. Elles peuvent être sur un (cabane du Carton) ou plus souvent deux niveaux (cabane sur l'Adroit de Chabrimand, sur l'Adroit des Muletiers, cabane de Bressange, de l'Encombrette, des Juges, de Lignin, de Mouriès), le premier répondant à la fonction logis, parfois divisé en deux pièces (cuisine-salon et chambre indépendante pour des raisons de confort (à l'Encombrette), l'étage de comble servant de lieu de stockage pour le matériel voire de lieu d'accueil pour les randonneurs en cas d'intempérie par exemple : ce second niveau reste la plupart du temps ouvert, notamment hors période d'estive, et sert d'abri de fortune sûr. Les deux niveaux peuvent communiquer par le biais d'une échelle (cabane de l'Encombrette). Les deux niveaux peuvent aussi prendre place dans le même volume : le second tient alors lieu de mezzanine pour le couchage. Les matériaux de construction sont de deux sortes : soit une maçonnerie traditionnelle en pierre locale (moellons de grès et calcaire en complément) avec un liant au ciment ; soit parpaing de béton avec enduit au ciment. Le point de chauffage (poêle) est systématique. La couverture varie (bac acier, tôle), mais la première option prédomine. La charte paysagère en vigueur dans le parc national du Mercantour impose une réglementation spécifique pour une meilleure intégration des bâtiments au contexte naturel : c'est ainsi que les deux cabanes de la commune situées sur le territoire du parc reçoivent chacune une couverture en planches de mélèze sur du bac acier. L'entrée s'effectue principalement sur le mur-pignon (cabane sur l'Adroit de Chabrimand, cabane de Bressange, du Carton, du Clot de l'Aï, de Lignin, des Juges), même si l'on trouve aussi des accès par le mur-gouttereau (cabane sur l'Adroit des Muletiers, cabane de l'Encombrette, de Mouriès).

Typologie

I – CABANES UNIFONCTIONNELLES

Ia1 – Cabane avec logis, enclos attenant (1 occurrence ; 1 sélectionnée (100%))

Ia2 – Cabane avec logis, enclos disjoint (0 occurrence ; O sélectionnée (0%))

Ib – Cabane avec logis, sans enclos (1 occurrence ; 1 sélectionnée (100%))

II – CABANES A MAISON-BLOC EN HAUTEUR

IIa1 – Cabane avec bloc en hauteur, enclos attenant (2 occurrences ; 1 sélectionnée (50%))

IIa2 – Cabane avec bloc en hauteur, enclos disjoint (1 occurrence ; 0 sélectionnée (0%))

IIb – Cabane avec bloc en hauteur, sans enclos (6 occurrences ; 3 sélectionnées (50%))

III – CABANES AVEC DEPENDANCES

IIIa1 – Cabane avec dépendance agricole accolée et/ou disjointe, enclos attenant (6 occurrences ; 3 sélectionnées (50%))

IIIa2 – Cabane avec dépendance agricole accolée et/ou disjointe, enclos disjoint (1 occurrence ; 0 sélectionnée (0%))

IIIb – Cabane avec dépendance agricole accolée et/ou disjointe, sans enclos (4 occurrences ; 2 sélectionnée (50%))

Interprétation de la classification

La typologie retenue à partir des cabanes et ensembles pastoraux repérés appelle plusieurs remarques au regard des cas qui l'illustrent :

- 1/ Les cabanes présentant l'unique fonction de logement - le cas le plus simple - sont relativement rares : 2 occurrences sur les 22 du corpus d'étude, soit 9%. Comment expliquer la faiblesse de la représentation ? Plusieurs facteurs peuvent entrer en compte. D'abord la destruction de ce type de cabanes, plus petites car sans dépendance. Mais certains vestiges dont ceux de la cabane de la Mole, bien conservés, datant du 18e siècle, montrent qu'il existait aussi des cabanes avec dépendances anciennement. Aussi cette hypothèse ne saurait jouer qu'un rôle secondaire. Par déduction, il s'ensuit que plus de 90% des cabanes repérées sont soit des blocs en hauteur, soit des logements qu'accompagnent une ou plusieurs fonctions agricoles dans des dépendances, la répartition s'effectuant de manière équilibrée. Le modèle "complexe" prédomine donc. On observe cependant que l'évolution joue un rôle évident dans l'appréhension de la cabane ou de l'ensemble pastoral. En effet, l'ancienne cabane de l'Encombrette, présentant la seule fonction de logement sur un niveau unique, a changé de typologie avec la construction récente d'une cabane dédiée à l'accueil des bergers et des randonneurs (REF=IA04003121) : de Ib, l'ensemble est devenu IIIb, l'ancienne cabane devenant dépendance agricole de la nouvelle cabane.

-2/ La question de la présence ou non d'un enclos - et de son emplacement - constitue un point important de la typologie. On n'a repéré que deux cas d'enclos disjoints (soit 17% environ des 12 ensembles pastoraux avec enclos). C'est relativement peu, mais s'explique notamment par la difficulté de déterminer la distance raisonnable permettant de considérer si un enclos est isolé ou directement dépendant d'une cabane. Un enclos dissocié d'une cabane de quelques dizaines de mètres, voire au-delà, ne sera pas pris en compte, alors qu'il participe de la compréhension de l'économie d'usage d'un quartier ou plus largement d'une unité pastorale. Certains enclos étaient aménagés puis abandonnés, remplacés par d'autres, ce qui crée un espace-palimpseste ponctué d'édicules tour à tour utilisés puis laissés en déshérence. L'usage des enclos mobiles, grâce à des filets amovibles - ce dès le moyen âge - complique encore la donne car par définition il n'est pas pérenne. Cela explique qu'il est délicat d'identifier la formule "enclos disjoint" dans les faits, comme par exemple dans le cas de l'ensemble pastoral dit cabane de berger de l'Encombrette cité plus haut (REF=IA04003121) : on lit en effet les vestiges d'un enclos potentiel, amovible, à une quinzaine de mètres devant l'ancienne cabane. Dès lors, les typologies bougeraient : de Ib à IIIb, l'identification pourrait être de Ia2 à IIIa2 : on le voit, parfois, l'incertitude est une donnée sur laquelle on bute sans qu'il soit possible de toujours la lever. C'est la raison pour laquelle seuls les enclos fixes ont été pris en considération pour l'établissement de la typologie. L'Encombrette appartient donc au type IIIb.

En revanche, on constate qu'il existe une proportion non négligeable de cabanes sans enclos : avec 10 occurrences, c'est près de la moitié du corpus (45%). Deux hypothèses à ce propos. La première reprend celle avancée plus haut : l'isolement de certains enclos et l'usage de filets amovibles entrent en ligne de compte. A cela s'ajoute une localisation précise des cabanes dépourvues d'enclos, en tout cas pour beaucoup d'entre elles : sur le massif de l'Autapie pour les deux tiers d'entre elles (7 sur 10). Il faut y voir une double pratique de l'estive : ovine et bovine. L'élevage bovin commence à prendre une importance réelle à Colmars (de même qu'à Allos), et les pentes du col des Champs continuent à accueillir une mixité de troupeaux d'une nature ou d'une autre. Or les vaches divaguent librement et n'ont pas besoin d'être parquées comme le sont les moutons, d'où l'absence d'enclos.

1"Thésaurus de l'architecture", Monique Châtenet et Hélène Verdier (dir.), éditions du patrimoine, coll. "Documents et Méthodes", n° 7, 2000, note 1 p. 8.2Une unité pastorale correspond à l'"ensemble délimitant une pâture, composé de quartiers et de secteurs". L'unité pastorale "contient une ou plusieurs cabanes, et tous les aménagements afférents à la bonne pratique de la pâture" (Dans : Habiter l'alpage. Cabanes d'estive au fil du Verdon", p. 88.. 3Assemblage de planches longues d'environ deux mètres et juxtaposées sur toute la largeur du pan de toit à couvrir. Ces planches peuvent être rainurées pour faciliter l'écoulement de l'eau.

La plupart des cabanes et ensembles pastoraux datent du 20e siècle, certains s'appuyant sur une base plus ancienne qui ne remonte jamais en-deçà du 18e siècle. La cabane traditionnelle est progressivement remplacée par la cabane récente présentant les éléments essentiels du confort standardisé. Dans ce cas, l'ancienne cabane peut ne pas être abandonnée et servir de dépendance à la nouvelle cabane.

  • Période(s)
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 19e siècle
    • Principale : 20e siècle
  • Typologies
    1.1 : entrepôt agricole unifonctionnel : fenil ; 2.1 : entrepôt agricole multifonctionnel : fenil sur étable ; 2.3 : entrepôt agricole multifonctionnel : polyvalent sans fenil ; Ib : logis sans enclos ; IIb : bloc en hauteur sans enclos ; Ia1 : logis avec enclos attenant ; IIIa1 : dépendance agricole accolée et/ou disjointe avec enclos attenant ; IIIb : dépendance agricole accolée et/ou disjointe sans enclos
  • Toits
    acier en couverture, fer en couverture, bois en couverture, bardeau, ciment amiante en couverture
  • Murs
    • calcaire moellon
    • grès moellon
  • Décompte des œuvres
    • repéré 55
    • étudié 15
Image non communicable

Bibliographie

  • DEL ROSSO, Laurent, MOSSERON, Maxence. Habiter l'alpage. Cabanes d'estive au fil du Verdon. Collection Parcours du Patrimoine, n° 396. Lyon : Lieux Dits, 2015, 88 p.

Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2011
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Mosseron Maxence
Mosseron Maxence

Chercheur au Service régional de l'Inventaire de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur (2007-2022).

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