Ce retable est celui de l'ancienne chapelle du Rosaire. Sur une photographie de 1949, le tableau d'autel est d'ailleurs encore une Donation du Rosaire à saint Dominique de Guzman et sainte Catherine de Sienne (mentionné dans l'Inventaire de 1905). Lors de la restauration de l'ensemble (toujours en cours au moment de l'enquête), une toile roulée a été retrouvée derrière l'autel, elle n'a pu être déroulée en raison de son état catastrophique mais il pourrait bien s'agir de la toile d'origine du tableau d'autel.
D'après son style, ce retable pourrait dater de la 2e moitié du 17e siècle mais le prieur Laurensi mentionne sa fabrication (peu après la réalisation de la chapelle du Rosaire) par le prieur Antoine Sisteron, prieur entre 1619 et 1626. Il s'agit de toutes façons d'une oeuvre composite, issue d'un remontage. Dans la visite pastorale de 1697, l'évêque qui détaille pourtant bien l'autel de la confrérie du Rosaire ne mentionne qu'un tabernacle sur l'autel ainsi qu'une statue de la Vierge en bois doré. En revanche, lors de la visite de 1707, l'évêque mentionne cette fois un bon état de décence pour l'autel et pour ses meubles soit notamment "un tableau de la sainte Vierge régulier et un retable bien fait, un tabernacle". Ainsi le tabernacle architecturé pourrait effectivement dater de la 1ère moitié du 17e siècle mais le retable, et peut-être le tableau d'autel de la Donation du Rosaire qui s'y trouvait à l'origine, pourraient, eux, avoir été réalisés entre 1697 et 1707.
Le prieur Laurensi mentionne plusieurs fois ce retable pour des restaurations ou peut-être des ajouts : en 1784, mention de la peinture faux-marbre de l'autel du Rosaire et des "deux portes de chaque côté de l'autel" peintes de même. Ensuite en 1785 : "l'autel a été doré en partie, à savoir : le tabernacle et les gradins par le sieur Genti, d'Annot". Puis en 1787, en réparations faites à l'église, Laurensi mentionne : "la Gloire du Rosaire travaillée par le sieur Genti (ou Genis ?), d'Annot, 36 lives". Il pourrait s'agir du couronnement. En 1788, l'autel du rosaire est "peint en marbre et doré en or de vernis par le sieur Combe [ou Lacombe] de Nice [et] fait à Eoulx par le sieur Rolland, de même que le marchepied".
Le retable tel qu'il a pu être étudié n'était pas entièrement remis en place après restauration : il manquait les ailerons, les pots-à-feu et le couronnement. Visiblement l'ensemble a été remonté : les bases des colonnes ne sont pas d'origine, l'entablement semble avoir été exhaussé, l'autel est sans doute 19e siècle, le tableau d'autel n'est pas aux bonnes dimensions.
Photographe de l'Inventaire, région Sud-Paca.