Commentaire historique
Le terme de bourneau dérive de l'occitan borno qui désigne un creux ou une cavité. En provençal, un bourneù ou borneù est un « tuyau de conduite » ou le « goulot d'une fontaine, d'une jarre ou d'une cruche » (F. Mistral, 1879). Si ces tuyaux en terre cuite étaient avant tout destinés aux canalisations d'eau, leur usage a pu être détourné : il est fréquent de les observer employés comme aération dans les celliers et les séchoirs des bâtiments ruraux. Ils ont également pu servir d'évacuation pour les piles d'évier ou des descentes de gouttière (voir dossier IA05001531).
L'origine de ces trois bourneaux n'est pas connue, mais il est possible qu'ils servaient à l'adduction des fontaines de Rosans. Leur fabrication remontent sans doute au 19e siècle ou au début du 20e siècle, les bourneaux n° 2 et 3 étant probablement plus anciens que le bourneau n° 1.
D'après les archives, l'usage de canalisations en terre cuite est attestée à Rosans au moins depuis le début du 17e siècle. En effet, un acte du 28 avril 1612 passé entre les consuls représentant la communauté et le maître Antoine Chambon de Rosans, prévoie que celui-ci assure le transport d'environ 70 mètres linéaires (« quarante canes ») de tuyaux de canalisation appelés « borneaulx ». Ils devront être fabriqués avec « de la terre du Dieulefit bien et àt cuyre et recepvable bonne et cappable ». Cette canalisation pourra « estre appliquée a la fontayne de ladite communauté a présent rompue a la font plus basse ». Le voyage est convenu pour un coût de 10 sous la « canne carée a la forme que (..) mesure audit Dieulefit », la livraison devra être faite avant le 20 mai 1612.
Un siècle et demi plus tard, un acte de 1747 (D. Faure-Vincent, 2019) concerne un albergement que fait le seigneur Jaques Dize au maître potier Jacques Tournasse. Lui aussi originaire de Dieulefit, il prend en location une maison située au bourg de Rosans (maison seigneuriale appelée le Liotier, voir dossier IA05001560), avec l'aire adjacente « où il se trouve de construire un four pour une poterie de terre ». Une partie de la redevance annuelle est prévue en nature : des tuiles creuses et des tuiles plates vernissées, mais aussi « six cannes tuaux de fontaine » sans doute assez similaires à ceux étudiés ici.
Description
Fabriqués dans une pâte jaune, ces tuyaux présentent une forme générale similaire, avec un corps de section tronconique qui conserve à l'intérieur des traces de vernis ou glaçure assurant l'étanchéité du conduit. Toutefois quelques différences permettent de les classer en deux types.
Vue d'ensemble des trois bourneaux prise de trois-quarts.
Bourneau n° 1. Vue de dessus.
Bourneau n° 2. Vue de dessus.
Bourneau n° 2. Vue de volume.
Ainsi, la grande extrémité du bourneau n° 1 possède un méplat saillant et régulier et l'intérieur du conduit est rainuré afin de faciliter l'accroche du mortier de scellement. La grande extrémité des bourneaux n° 2 et n° 3 est simplement évasée et l'intérieur du conduit reste lisse. En revanche, sur les trois tuyaux la petite extrémité comporte des rainures extérieures.
Bourneau n° 1. Grande extrémité.
Bourneau n° 3. Vue de trois-quarts.
Bourneau n° 1. Petite extrémité, rainures externes.
Bourneau n° 2. Petite extrémité, rainures externes.