Dossier d’œuvre objet IM04002885 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Retable à panneau compartimenté : Vierge à l'Enfant entourée de saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Evangéliste, Dieu le Père et Annonciation, Eglise paroissiale Saint-Jacques
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays Asses, Verdon, Vaïre, Var - Annot
  • Commune Méailles
  • Emplacement dans l'édifice Nef, mur ouest.
  • Dénominations
    retable
  • Titres
    • Vierge à l'Enfant entourée de saint Jean-Baptiste et saint Jean l'Evangéliste
    • Dieu le Père et Annonciation

Historique

Un cartel manuscrit, au pied de la Vierge, donne un certain nombre d'informations, il est cependant aujourd'hui difficilement lisible. Si la date l'est assez clairement : 1513, on ne peut que faire retranscrire la découverte du restaurateur Robert Baudoin qui, en 1961, déchiffrait également Draguignanem, le retable pourrait donc avoir été réalisé à Draguignan, ville qui est, au 16e siècle, un des principaux foyers artistiques de la Provence. D'après Raymond Collier, ce primitif relève par ailleurs stylistiquement de l'école niçoise.

On pourrait relever pour cette datation tardive, certains archaïsmes tels que la forme même du triptyque à panneaux compartimentés avec réseau de boiseries, le vocabulaire ornemental des décors de bois caractéristiques du gothique flamboyant, les fonds d'or ou encore les positions hiératiques des personnages. Cependant, selon MC Léonelli, dans son ouvrage sur La peinture en Provence au XVIe siècle, la pratique des retables sur fonds d'or se maintient en Provence fort avant dans le 16e siècle et ce n'est pas un signe d'archaïsme mais plutôt de fidélité à un modèle ancien, recherché par les commanditaires et, le plus souvent, répondant à un souhait formulé clairement par ces derniers dans les prix-faits.

Restauration

En 1960, Robert Baudoin, restaurateur à Paris, établit un devis pour la restauration du tableau, son diagnostic et ses préconisations sont les suivants : "La boiserie est extrêmement abîmée et la dorure est entièrement repeinte. Tous ces fonds d'or seront à dégager. Les personnages sont également repeints très grossièrement. La cimaise formée d'angelots et de motifs décoratifs est très vétuste et à consolider. Les colonnettes dorées ont été également repeintes en noir et il est difficile de juger de l'état de l'or".

Le retable est ainsi restauré en 1961 par ce même restaurateur. Une de ses lettres, écrite le 12 novembre 1961, (dossier Conservation Régionale des Monuments Historiques, CRMH), mentionne les avancées de ses travaux, il écrit : "sous les couches de véritables badigeons épais, nous avons eu la chance de retrouver presque intacte toute la peinture ancienne [...] ainsi que les fonds or. [...] Nous avons mis au jour, aux pieds de la Vierge du panneau central, un petit cartouche à l'inscription microscopique et dont nous n'avons pu déchiffrer que Draguignanem ... anno Dei 1517".

Ainsi les fonds d'or de la partie architecturée sont restitués par dorure à l'eau sur bol d'Arménie ; le dégagement des repeints permet également de mettre à jour le sol en damier. il consolide également l'ensemble et traite le bois au revers. Entre les photographies conservées par la CRMH et datées de 1955, on observe que la clairevoie, au-dessus du superciel, était ornée d'angelots, tout comme les clés pendantes ; ils sont aujourd'hui remplacés par de petits pinacles, ils ont peut-être été retirés lors de cette restauration car considérés comme anachroniques.

En 1987, le restaurateur J Bourgoin fait un nouveau diagnostic : "le panneau est en bon état, il présente dans le panneau représentant saint Jean Baptiste (panneau de droite), un soulèvement de la peinture et du gesso".

Description

Le retable est un retable fixe constitué d'un panneau compartimenté en trois éléments verticaux et d'un superciel concave également en trois parties selon les mêmes axes. Au registre principal, la division est réalisée par la superposition, sur la couche picturale, d'un réseau de bois sculpté et doré, appelé crète, formant trois niches architecturées de style gothique flamboyant : les colonnettes à la délicate modénature soutiennent des arcs en accolade surbaissée ornée de choux frisés, les arcs sont pourvus de redents intérieurs et surmontés un décor ajouré, en orbevoie, imitant des lancettes.

Les subdivisions du superciel sont également marquées par de fines colonnettes engagées, concaves, suivant la forme du support, elles s'achèvent, aux deux extrémités, par des clés pendantes. Le superciel est par ailleurs surmonté d'une petite galerie ajourée de motifs à redents, désignée dans les textes par le mot de clairevoie, sur laquelle étaient posés des angelots en ronde-bosse portant peut-être les instruments de la Passion, à leur place de petits pinacles ont été placés.

Les boiseries ont été dorées à la feuille sur assiette rouge et apprêt blanc.

Les panneaux de bois ont été peint à tempera avec parfois des parties dorées : tunique de l'ange Gabriel ou de la Vierge de l'Annonciation, orfroi du manteau de Dieu le Père, tunique de l'Enfant ou inscriptions du registre principal. L'or est également utilisé pour les traditionnels fonds d'or des retable de la fin du Moyen Age, ici au registre principal.

La composition est également assez traditionnelle : au registre principal trois personnages nimbés dans des panneaux différenciés et au superciel Dieu le Père avec de part et d'autre une Annonciation, ce thème est un thème souvent prescrit dans les prix-faits pour figurer à cet endroit.

Au centre du registre principal, une Vierge à l'Enfant en trône de sagesse a été peinte : la Vierge assise tient l'Enfant jouant avec un chapelet sur genoux et compulse un livre. A sa droite, saint jean Baptiste, debout, vêtu de la melote et d'un manteau rouge, désigne de le main droite l'Agneau vexillifère couché sur le Livre. A sa gauche, saint Jean l'Evangéliste, également debout, bénit la coupe empoisonnée d'où le venin s'échappe sous la forme d'un petit dragon rouge. Ces personnages sont placés sur fonds d'or et pavement en damier dans la conception duquel on observe une ébauche de perspective.

Il faut rappeler que l'église de Méailles est, comme le rappellent Achard en 1788, sous le titre de la Vierge. Saint Jacques est alors le saint patron du village. Ce qui explique sans doute la place centrale de la Vierge dans le triptyque.

Au registre supérieur, la place centrale, en correspondance avec la Vierge à l'Enfant, est occupée par le Dieu le Père, représenté en buste dans une mandorle ourlée, bénissant de la main droite et tenant l'orbe crucifère dans la main gauche. Les rayons entre Dieux le Père et la colombe du Saint-Esprit, au lieu d'être verticaux, s'ouvrent en éventail vers la droite, la colombe de l'Esprit Saint étant également celle de l'Annonciation, elle est peinte sur le petit panneau de droite à hauteur du visage de la Vierge agenouillée. Sur le petit panneau de gauche, répondant à la Vierge de droite, l'ange Gabriel, également agenouillé, délivre son message à la Vierge.

Relevé des inscriptions

Les inscriptions sont d'une part fragmentaires car placées sur les phylactères ou manteaux et donc suivant les plis du tissus, ou illisibles car effacées.

Registre principal :

Panneau de gauche (saint jean Baptiste) :

- sur le pourtour du nimbe : SANCTE IOHANNES BAPTISTA PRO

- sur l'orfroi du manteau : IANS BAP / ORA

- au-dessus de la main droite désignant l'Agneau mystique : ECCE [pour Ecce Agnus Dei]

Panneau central (Vierge à l'Enfant ) :

- sur le pourtour du nimbe : SANCTE MARIA ORA PRO NOBIS AD

- sur l'orfroi du manteau : MARIA / SALVE REGINA MISERI / TA DULCEO / SPES [...]

- sur l'encadrement derrière le trône : INTEMERATA ET IN ETERNI / BENEDI / SINGULARIS / INCOMPARABILIS VIRGO DEI GENIT /

Panneau de droite (saint Jean l'Evangéliste) :

- sur le pourtour du nimbe : SANCTE IOHANES EVANGELISTA

- sur l'orfroi du manteau : IOHANNES AD

Registre supérieur : les inscriptions sont peintes sur les phylactères, elles sont quasi illisibles sur celui de la Vierge, sur celui de l'ange : AVE / ORA.

Triptyque réalisé en 1513, peut-être à Draguignan (si la lecture du cartel est correcte).

Restauré en 1961 par Robert Baudoin.

Retable fixe composé de trois panneaux au registre principal et d'un superciel également divisé en trois compartiments selon les mêmes axes. Des éléments de sculpture sont posés sur la couche picturale, de manière à compartimenter le retable, et au-dessus du superciel.

Peinture à la tempera sur bois, fonds d'or, dorure à la feuille sur assiette rouge pour les parties sculptées.

  • Catégories
    sculpture, peinture
  • Structures
  • Matériaux
    • bois, support tempera à l'oeuf, fond d'or
    • bois, taillé, doré à la feuille
  • Précision dimensions

    Dimensions non prises.

  • Précision représentations

    Au registre principal sur les trois panneaux sont successivement figurés : saint jean Baptiste, la Vierge à l'Enfant en trône de sagesse et saint jean l'Evangéliste. Saint Jean Baptiste désigne de la main droite l'Agneau couché sur le Livre ; saint jean l'Evangéliste bénit la coupe empoisonnée.

    Au registre supérieur, une Annonciation est représentée de part et d'autre de Dieu le Père en buste bénissant et tenant l'orbe crucifère de la main gauche.

  • Inscriptions & marques
    • inscription concernant le lieu d'exécution, manuscrit, latin, sur l'oeuvre (incertitude)
    • date, manuscrit, latin, sur l'oeuvre
    • inscription, manuscrit, latin, sur l'oeuvre (non identifié)
    • inscription, peint, sur l'oeuvre
  • Précision inscriptions

    Au pied de la Vierge à l'Enfant se trouve un petit cartel portant une inscription manuscrite en lettres gothiques, en latin, l'ensemble n'a pour la plupart pas pu être déchiffré à l'exception, aux quatrième et cinquième lignes : Draguignanem [?] pinx anno / dei 1513.

    De nombreuses inscriptions sont également peintes ou dorées sur les nimbes, orfrois des vêtement ou phylactères : pour les relevés voir la synthèse.

  • État de conservation
    • oeuvre restaurée
  • Précision état de conservation

    En 1960, Robert Baudoin, restaurateur à Paris, établit un devis pour la restauration du tableau, son diagnostic et ses préconisations sont les suivants : "La boiserie est extrêmement abîmée et la dorure est entièrement repeinte. Tous ces fond d'or seront à dégager. Les personnages sont également repeints très grossièrement. La cimaise formée d'angelots et de motifs décoratifs est très vétuste et à consolider. Les colonnettes dorées ont été également repeintes en noir et il est difficile de juger de l'état de l'or".

    Le retable a été restauré en 1961 par ce même restaurateur. Une lettre de ce restaurateur (dossier CRMH) mentionne les avancées de ses travaux, il écrit : "sous les couches de véritables badigeons épais, nous avons eu la chance de retrouver presque intacte toute la peinture ancienne [...] ainsi que les fonds or. [...] Nous avons mis au jour, aux pieds de la Vierge du panneau central, un petit cartouche à l'inscription microscopique et dont nous n'avons pu déchiffrer que Draguignanem ... anno Di 1517". Les fonds d'or de la partie architecturée sont restitués par dorure à l'eau sur bol d'Arménie. il consolide également l'ensemble et traite le bois au revers.

    En 1987, le restaurateur J Bourgoin fait un nouveau diagnostic : "le panneau est en bon état, il présente dans le panneau représentant saint Jean Baptiste (panneau de droite), un soulèvement de la peinture et du gesso".

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Intérêt de l'œuvre
    À signaler
  • Protections
    classé au titre objet, 1956/03/25
  • Référence MH

Documents d'archives

  • Délibération en date du 15 juin 1960 : le conseil municipal décide de faire restaurer le retable et de participer aux frais engagés.
  • Devis de restauration. Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, Digne-les-Bains : 62 W 97

    Devis réalisé par Robert Baudoin, retaurateur à Paris, le 5 février 1960 pour un montant de 4540 francs.
  • Les dossier comprend tous les documents liés à la restauration de 1961 par Robert Baudoin.

Bibliographie

  • ACHARD, Claude-François. Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la principauté d'Orange, du comté de Nice etc. Aix-en-Provence : Pierre-Joseph Calmen, 1788, 2 vol.

    p. 116 : "l'église paroissiale dédiée à la Ste Vierge, sous le titre de la Visitation, est desservie par un curé et un vicaire. Le patron de Méailles est S Jacques".
  • COLLIER, Raymond. La Haute-Provence monumentale et artistique. Digne: Imprimerie Louis-Jean, 1986, 559 p. : ill.

    p. 2477 : "[parmi les primitifs], le premier d’entre eux, le seul peut-être qui mérite véritablement ce nom, constitue l’ornement insigne de l’église paroissiale Saint-Jacques de Méailles ; nous avons eu le plaisir de le repérer et de le faire classer (25 mars 1956). Il date de la fin du 15e siècle. […]Les coloris sont vifs, le dessin bon, la composition bien ordonnée. Sans doute, ce primitif relève-t-il de l’école niçoise".
  • LEONELLI, Marie-Claude, PICHOU, Hélène, Vial, Marie-Paule. La peinture en Provence au XVIe siècle. Marseille : Editions Rivages, Musées de Marseille, 1987.

Date d'enquête 2011 ; Date(s) de rédaction 2014
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général