Dossier d’œuvre architecture IA84001086 | Réalisé par
Bonan Aurélie (Contributeur)
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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  • opération ponctuelle
Cimetière juif
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Avignon - Avignon
  • Commune Avignon
  • Dénominations
    cimetière
  • Précision dénomination
    cimetière juif

Localisation, caractéristiques générales et particulières

Situé en dehors des remparts, dans le quartier de Champfleury, le cimetière juif d'Avignon contient environ 600 sépultures réparties dans un polygone irrégulier d'une superficie de 2 000 mètres carrés. Ses hauts murs sont percés d'un portail d'entrée à deux vantaux (à l'ouest) et à une porte secondaire (à l'est), tous deux métalliques. Des ornements aujourd'hui tronqués surmontaient les deux piliers de l'entrée principale. Le cimetière se divise en plusieurs zones délimitées par une allée principale est-ouest et plusieurs allées ou chemins nord-sud, souvent difficilement ménagés entre les tombes.

Vue du mur d'enceinte et du portail d'entrée du cimetière depuis l'ouest.Vue du mur d'enceinte et du portail d'entrée du cimetière depuis l'ouest.Vue de l'allée principale du cimetière, l'allée est-ouest, depuis l'entrée (ouest).Vue de l'allée principale du cimetière, l'allée est-ouest, depuis l'entrée (ouest).

La majorité des tombes sont orientées (facilitant le départ des corps vers Jérusalem dans les Temps messianiques), d'autres occidentées. Les tombes ne sont pas strictement rangées par ordre chronologique, les parents décédés sont fréquemment regroupés. Le quart nord-ouest regroupe les tombes les plus récentes, toutefois des dalles plus anciennes y affleurent. La zone la plus dense est située au sud-est. Le sol s'y affaisse particulièrement et ses mouvements inclinent les sépultures.

Vue de l'affaissement du terrain de la partie sud-est du cimetière.Vue de l'affaissement du terrain de la partie sud-est du cimetière.

Pour la plupart, les tombes sont composées d'une dalle et d'une stèle. Si la dalle est presque toujours un simple prisme droit, la stèle peut être en plein cintre, double (Tables de la Loi), rectangulaire, à ressaut, à fronton triangulaire, chanfreinée, moulurée etc. Un petit nombre de tombes présente une dalle sans stèle (tradition séfarade) ou une stèle sans dalle (majoritairement des patronymes comtadins). Toutefois, au sein d'une même famille, la typologie de la tombe peut varier en fonction de la date d'inhumation (Puget, Fresco). De rares enclos individuels en fer forgé encadrent un petit nombre de tombes. Les tombes de Cohen peu nombreuses ne sont pas regroupées et ne disposent pas d'une iconographie spécifique.

Vue de la partie sud-est du cimetière : stèles ornées d'une couronne.Vue de la partie sud-est du cimetière : stèles ornées d'une couronne.Vue de la partie sud-ouest du cimetière.Vue de la partie sud-ouest du cimetière.Vue d'un enclos individuel en fer forgé, au centre du cimetière.Vue d'un enclos individuel en fer forgé, au centre du cimetière.

Le cimetière comporte également un monument aux morts dédiés aux "martyrs de la foi d'Israël" morts durant la Deuxième guerre mondiale (1940-1944), deux mausolées (Valabrègue et Naquet) et une cinquantaine de caveaux (principalement non familiaux) mais aucun enclos familial contrairement aux cimetières juifs contemporains de Carpentras et de L'Isle-sur-la-Sorgue.

Vue du mausolée Valabrègue (au premier plan) et du mausolée Naquet (au second plan), partie nord du cimetière.Vue du mausolée Valabrègue (au premier plan) et du mausolée Naquet (au second plan), partie nord du cimetière.Vue du monument aux morts et du mausolée de la famille Naquet depuis l'ouest (partie nord du cimetière).Vue du monument aux morts et du mausolée de la famille Naquet depuis l'ouest (partie nord du cimetière).

Deux regroupements de tombes d'enfants se localisent le long des murs ouest et est. Le long du mur ouest, une quinzaine d'enfants ont été ensevelis - une tombe est marquée d'une colonne tronquée (seconde moitié du 19e siècle) mais la plupart sont des stèles d'applique, encastrées dans le mur. Certaines inscriptions sont illisibles. Un cippe brisé est fiché dans le mur en remploi. A l'opposé, le long du mur est, se dénombrent sept tombes d'enfants - deux d'entre elles datent de la fin 19e siècle et du début 20e siècle (les autres inscriptions ne sont pas lisibles).

Vue du mur d'enceinte ouest et des stèles d'applique (stèles d'enfant), partie nord.Vue du mur d'enceinte ouest et des stèles d'applique (stèles d'enfant), partie nord.Vue des stèles à colonne brisée (stèles d'enfant) à proximité du mur est du cimetière.Vue des stèles à colonne brisée (stèles d'enfant) à proximité du mur est du cimetière.Vue des stèles d'applique du mur d'enceinte ouest et d'une colonne tronquée (stèles d'enfant), partie sud.Vue des stèles d'applique du mur d'enceinte ouest et d'une colonne tronquée (stèles d'enfant), partie sud.Vue de stèles en remploi dans le mur d'enceinte ouest, partie sud.Vue de stèles en remploi dans le mur d'enceinte ouest, partie sud.

Chaque pierre tombale dispose d'une épitaphe plutôt brève en hébreu et en français, composée des mentions habituelles (nom, prénom, date de naissance et de mort, parfois l'âge et une courte dédicace).

A l'angle nord-est se trouvent une ancienne fontaine à ablutions et une chape en béton (gueniza ou emplacement de l'ancien dépositoire ?).

Quelques arbres, des épicéas notamment, sont complanté ; des arbustes bordent le mur est.

Historique

Le cimetière juif de Saint-Roch fut précédé par le cimetière du quartier de la Pignotte (vers 1235-1710) puis par le cimetière de la paroisse Saint-Symphorien, porte de la Ligne (1700-1791), dont il ne reste pas de vestiges.

Par acte reçu devant Maître Jouvence, en date du 29 octobre 1792, la communauté juive a acquis d'Esprit Mouton une éminée1 de terre au lieu dit de Champfleury pour y tenir lieu de cimetière, sur l'emplacement d'un verger, voisin du cimetière communal, aujourd'hui déplacé. Le cimetière juif ne doit pas être confondu avec ce grand cimetière Saint-Roch qui accueillit les pestiférés dès 1348 et fut érigé en nécropole municipale en 1791. Ce dernier, situé un peu plus au nord et contigu de la caserne de cavalerie, était facilement inondable et fut rapidement jugé trop exigu. En 1833, les ossements qui y étaient inhumés furent déplacés au cimetière Saint-Lazare (actuellement cimetière Saint-Véran).

Lors de sa création, le cimetière juif n'est entouré d'aucune clôture pour le défendre des tentatives de violation de sépultures. C'est contraire à la législation en vigueur (décret du 29 prairial an XII) ; cette dépense obligatoire incombe aux mairies selon la loi de juillet 1837. Ainsi en 1842, la communauté adresse à la municipalité une demande de subvention pour clôturer son cimetière.

Le 5 mai 1874, Joseph Valabrègue, président de la Commission administrative du culte israélite à Avignon et délégué du Consistoire de Marseille auprès de la communauté d'Avignon, donne un terrain contigu au cimetière, d'une superficie identique, permettant de passer de 1 000 à 2 000 mètres carrés. La communauté est décrite peu nombreuse et pauvre. Une subvention de 1 200 francs est accordée par la municipalité pour surseoir aux frais d'agrandissement du cimetière. La somme mandatée au notable Valabrègue contribue au prolongement du mur de clôture, chiffré à 2 800 francs. La partie est du cimetière est ainsi la partie la plus récente.

En 1895, une nouvelle demande de subvention de la communauté concerne la réalisation de chemins en gravier.

En 1904, une demande de désaffectation du cimetière israélite avorte. Les 198 pétitionnaires du quartier de Champlfleury désiraient le transfert des tombes au cimetière municipal de Saint-Véran en vertu de l'application de la loi du 14 novembre 1881 qui abroge les cimetières confessionnels. Outre l'argument égalitaire sont avancés deux arguments :

- un argument hygiéniste (le cimetière déjà densément occupé et soumis aux inondations serait insalubre)

- un argument urbanistique : le cimetière freinerait le développement du quartier.

Le caractère privé du cimetière et le coût du déplacement des tombes, soulignés par la délibération municipale préparatoire, ajoutés aux principes de la loi juive qui interdit les exhumations, ont conduit au refus de la demande. Afin de surseoir aux inondations, le sol du cimetière a été exhaussé à une date inconnue, peut-être au début du 20e siècle.

Le 15 avril 1924, une subvention de 1 000 francs pour la remise en état du cimetière israélite est votée aux termes de débats dus au caractère privé du cimetière.

En 1927, est refusée une subvention de 4 000 francs pour l'entretien du cimetière. Y sont signalés nécessaires diverses réparations à la maçonnerie du dépositoire (aujourd'hui disparu), le remplacement de la pompe à eau et la remise en état du terrain.

En 1976, le cimetière confessionnel est saturé et la municipalité choisit de ne pas entrer dans de lourdes procédures dérogatoires visant à l'agrandir.

Vue de la partie centrale du cimetière.Vue de la partie centrale du cimetière.Vue de la partie est du cimetière depuis le portail secondaire.Vue de la partie est du cimetière depuis le portail secondaire.Vue depuis l'angle nord-ouest du cimetière, vers l'est.Vue depuis l'angle nord-ouest du cimetière, vers l'est.

L'actuel lieu d'inhumation de la communauté juive avignonnaise est le cimetière municipal de Montfavet (il jouxte le cimetière catholique de Saint-Véran), sous le contrôle de l'association cultuelle juive. Un carré juif y fut instauré par délibération communale dès le 26 février 1972, sans référence ou dénomination particulière officielle pour satisfaire aux obligations de la législation funéraire. Les regroupements de fait sont autorisés notamment depuis la circulaire du ministère de l'intérieur du 28 novembre 1975, relative à l'inhumation des Français de confession islamique.

1mesure agraire d'une valeur d'environ mille mètres carrés

Acheté par la communauté juive en 1792, un terrain voisin de l'ancien grand cimetière Saint-Roch (cimetière municipal de 1791 à 1833) est aménagé en cimetière. Il fait alors une éminée de terre (un peu moins de 1 000 mètres carrés).

En 1874, le notable juif Joseph Valabrègue donne un terrain contigu au cimetière juif, d'une éminée également, pour l'agrandissement de celui-ci.

Désormais, ce cimetière où les inhumations sont rares est un lieu de mémoire (cimetière dormant).

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 18e siècle , daté par travaux historiques
    • Principale : 3e quart 19e siècle , daté par source
  • Dates
    • 1792, daté par source
    • 1874, daté par source
  • Auteur(s)

Situé dans le quartier de Champfleury, le cimetière juif d'Avignon s'étend sur 2 000 mètres carrés. Enceint de hauts murs en moellons partiellement enduits et pierres de taille aux angles, il forme un pentagone irrégulier. Il comporte environ 600 sépultures, auxquelles s'ajoutent deux mausolées et une cinquantaine de caveaux.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit partiel
    • calcaire pierre de taille
  • Couvrements
  • Précision représentations

    Le registre iconographique se compose de motifs végétaux - rosaces, branches mais aussi couronnes de laurier tressées, de pots à feux, de colonnes tronquées (pour des vies achevées très tôt) ou encore de Tables de la Loi et d'étoiles de David pour la seconde moitié du 20e siècle. Plus exceptionnellement, une forme géométrique (losange ou carré) est sculptée sur une dalle et des cocardes ornent la tombe de résistants. De nombreuses tombes de la fin du 19e ou de la première moitié du 20e siècle sont pourvues de plaques émaillées ovales reproduisant le portrait du défunt. Unicum, la figure humaine n'étant en général pas représentée : une représentation figurée de Moïse, en pied, tenant les Tables de la Loi, surmonte une dalle érigée en 2020.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une association cultuelle

Documents d'archives

  • Morts en temps de peste enterrés au cimetière Saint-Roch, 1721-1722. Archives communales, Avignon : GG 381.

    p. 1-3
  • Travaux communaux. Commune d'Avignon. 1808-1821. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 2 O 7/40.

    Cimetière Saint-Roch
  • Travaux communaux au cimetière de Saint-Roch. Commune d'Avignon, 1817-1833. Archives communales, Avignon : 2 M 4.

  • Convocation des administrateurs du Mont-de-Piété au service funèbre célébré à l'occasion du transfert au cimetière Saint-Lazare des ossements du cimetière Saint-Roch. 1er juillet 1833. Bibliothèque municipale, Avignon : Ms 2973.

    Fol. 296
  • Travaux communaux au cimetière israélite. Commune d'Avignon, 1842-1927. Archives communales, Avignon : 2 M 10.

  • Délibérations du Conseil municipal de la commune d'Avignon, 1904. Archives communales, Avignon : 1 D 70.

    p. 233-234, 7 octobre 1904
  • Délibérations du Conseil municipal de la commune d'Avignon, 1924. Archives communales, Avignon : 1 D 84.

    p. 472-474, 15 avril 1924
  • Dossier documentaire d'histoire locale sur le cimetière juif de Saint-Roch. Archives communales, Avignon : 13 DHL 148.

Bibliographie

  • DECOMPS, Claire. Cimetières juifs d'Alsace : un patrimoine à préserver, dir. Bernadette Schnitzler et Frédérique Boura, Strasbourg : Société savante d'Alsace - Association pour la connaissance et l'étude du patrimoine de l'Alsace, 2012, 158 p.

    p. 103-128
  • GAGNIERE, Sylvain. Les cimetières d'Avignon aux XVIII et XIXe siècles. Avignon : Imprimerie Rullière frères, 1948, 40 p.

  • PANSIER, Pierre. Le cimetière et la chapelle de Champfleury. Dans : Annales d'Avignon et du Comtat Venaissin, 14e année, 1928, p. 91-100.

  • PREVOT, Philippe. A travers la carrrière des juifs d'Avignon. Avignon, 5701.

    p. 71-84

Documents figurés

  • Plan de cadastral de la commune d'Avignon. / Dessin à l'encre sur papier par Guillon père, géomètre en chef, et par les géomètres Frédéric Légier et Alphonse Rouvière, 1819-1820. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 3 P 2-007/1 à 3 P 2-007/55.

    3 P 2-007/24
  • Plan du cimetière israélite. Travaux communaux. Commune d'Avignon. 1874. Archives départementales de Vaucluse, Avignon : 2 O 7/40.

Date d'enquête 2020 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Bonan Aurélie
Bonan Aurélie

Chercheur Inventaire Région Sud, à partir de février 2013.

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