1132 W 30 : relogement des Harkis, projet de construction de 17 maisons individuelles groupées par 2 ou 3 sur un terrain offert par la commune en lisière du hameau actuel, réalisation par la société HLM Vaucluse-Logements terminé en février (1975-1981).

1042 W 614 : l'activité des hameaux forestiers harkis dans le Vaucluse, décembre 1963-décembre 1966, rapport rédigé par R. Maury : origine, situation, organisation des hameaux forestiers harkis, vie dans hameaux, démographie, travaux exécutés par commune, photographies des hameaux d'Apt et Cucuron.

1042 W 613 : acquisition du terrain, constructions et aménagements 1963-1965 ; récapitulatif montants des travaux effectués par les entreprises Gautier, COPBD, Macia, Bergier, Pardigon, Trindel, Lécorché, Cie générale des goudrons et bitumes, blancolor, EDF, plan coté, novembre 1965.

746 W 68 : travaux de finitions réalisés par l'entreprise Schroth (huisseries, plafonds, dauphins, vitres...) avril 1964 ; travaux d'aménagements réalisés par la main-d'oeuvre musulmane sous la direction des Eaux et Forêts en accord avec le chef de hameau : chemin d'accès et de desserte des bâtiments, plantations, cour de l'école, étendoirs, évacuation des eaux pluviales, dégagement des pignons pour la construction de celliers, 25 février 1964, plan ; marché de travaux pour l'alimentation en eau potable et assainissement effectués par la Coopérative Ouvrière de Production de Bâtiments, à Cadenet, avec plan coté.

176 W 591 : crédits 1963-1965 ; rapport de l'ingénieur en chef du Génie Rural sur le dépassement des dépenses (28 août 1963) ; rapport d'Emile Bouleau, inspecteur interdépartemental des hameaux forestiers, sur l'état d'avancement du chantier (octobre 1963), divers travaux d'aménagements à réaliser en partie par les Harkis ; articles de presse automne 1963.

176 W 592 : location par l'Etat de terrains communaux servant d'implantation aux villes harkis, octobre 1964 ; bail de location d'un terrain appartenant à la commune, 15/01/1966.

1141 W 42 : programmes d'activités des travaux, 1970-1980 ; articles de presse 1976 ; relogement des familles.

2 doc 56 : articles des journaux "Le Provençal" de novembre 1963 et "Le Méridional" de janvier 1964.

1255 W 4 : articles du journal "Le Méridional", mars et octobre 1963.

"Chaque commune accueillant les Harkis dans son giron n'accomplit pas seulement un acte de philanthropie...Ces harkis sont très intéressants pour les finances locales. En effet cet apport de population nouvelle va permettre aux conseils municipaux de "toucher" la réalisation de certains projets endormis par manque de crédits. Ainsi, par exemple, Cucuron aura sa route luberonienne, Sault ses maisons pour estivants, une fois que les Harkis auront fini leurs tâches dans le Ventoux pour le compte des Eaux et Forêts, Pertuis compte sans doute voir sortir très rapidement son projet d'école maternelle numéro deux, Apt d'autre chose...et tout à l'avenant, car il est normal que les Pouvoirs publics se montrent généreux pour les villes qui les aident à résoudre ce problème dramatique du reclassement des Harkis. Ceux-ci d'ailleurs ne resteront probablement pas plus de 4 ou 5 ans dans les villes précitées. le temps de s'adapter à la métropole, de trouver des emplois stables, de se former professionnellement... Après leur départ, les villes garderont les maisons en préfabriqués dur, qui vont se construire pour loger les Harkis...et ce sera autant de gagné. A Cucuron, ainsi que nous avons déjà eu l'occasion de l'écrire, l'installation des Harkis est désiré par le Conseil municipal qui voit d'un bon oeil prendre forme le projet de réalisation de la route du Grand Luberon grâce à la prochaine présence des Harkis qui la construiront."

"Comme suite à votre lettre en date du 12 novembre 1965 concernant le coût du terrain d'assiette de hameau de Harkis de Cucuron et le montant des travaux réalisés pour son aménagement...

- acquisition du terrain sur les fonds libres de la commune :

• parcelle Boyer Gilbert : 3220F
• parcelle Job Paul : 3000F

- aménagement du hameau : travaux financés par le Ministère des Rapatriés puis, à sa suppression, par le Ministère de l'Intérieur (service des Rapatriés)

• facture Gautier, Cadenet : construction d'un ponceau 3674,51F
• décompte C.O.P.B.D., Cadenet : travaux d'alimenation en eau potable, assainissement 61039,17F
• décompte C.O.P.B.D., Cadenet : travaux d'assainissement 34711,60F
• facture Gautier, Cadenet : suppléments pour socle 3447,71F
• facture Bergier, Cadenet : fourniture et épandage de graviers 2390,00F
• facture Pardigon, Cadenet : terrassement 6880,00F
• décompte Lécorché : bâtiments 282663,00F
• décompte Trindel : électrification 15922,67F
• mémoire électricité de France 3086,16F
• mémoire C.O.P.B.D., Cadenet : construction d'un mur de soutènement 8551,99F
• décompte Blancolor, Villeneuve : travaux de peinture 9076,70F
• facture Bouyer, Pertuis : fournitures de matériel pour peinture 65,61F
• mémoire Compagnie générale des Goudrons et Bitumes : revêtement voie d'accès et circulation 9992,00F
• décompte Macia, Rousillon : construction de celliers 20022,90F
• frais de déplacement, surveillance des travaux 268,17F
• crédit de 7840F remplacement des 112 portes extérieures des hameaux de Pertuis et Cucuron 3920,00F
• total 465742,00F

Séance du 28 mars 1963 folio 210-211

Projet d’installation d’un camp de Harkis à Cucuron en vue de la création de la route du Luberon. Le maire Léonce Brieugne fait connaître qu’en vue de la création d’une route franchissant le Luberon, entre Cucuron et Auribeau, il a demandé à l’administration, il a demandé à l’administration des Eaux et Forêts de prendre en charge l’exécution de ce projet. L’Ingénieur en chef d’Avignon a reçu des instructions en vue d’étudier un projet en détail de cette voie. Des agents sont venus déterminer le tracé de la route qui emprunterait la chaussée de l’ancien chemin d’Apt par Bellevue, la Figuière et la Tuilière pour s’écarter ensuite vers l’Ouest en passant par le Rocher du Curet pour aboutir sur la crête du Luberon près du point culminant. Le projet d’exécution de la route doit être communiqué au service des Ponts et chaussées qui serait chargé des opérations de mise en état en vue de transformer la route forestière en voie touristique « par le goudronnage de la chaussée ». Le dossier de l’affaire serait alors présenté au Conseil Général pour avis favorable et financement de la première tranche des travaux. Les conseillers sont informés de la venue récente à la mairie de l’Ingénieur en chef des Eaux et Forêts, d’un ingénieur du Génie Rural et d’un officier chef de regroupement des Harkis. Le représentant des Eaux et Forêts a confirmé que le principe de la création de la route du Luberon est acquis et que les travaux de piquetage sont terminés, toutefois en vue de l’exécution plus rapide des travaux, il a pensé soumettre à l’examen de la municipalité le projet d’établissement, sur le territoire de la commune d’un certain nombre de travailleurs anciens Harkis avec leurs familles. L’officier régional a donné toutes les explications nécessaires pour l’étude de cette proposition. Il s’agirait environ de 25 ouvriers qui représenterait avec leurs familles « épouses, enfants et ascendants » un total de 100 à 120 personnes. Le camp devrait être établi à proximité du village, sur un terrain même démuni de toute construction, approvisionné en eau et ou le courant électrique pourrait être amené aisément.Le maire demande aux membres du Conseil leur avis sur l’installation de ces familles. Il fait savoir qu’une étude a déjà été préparée au sujet des terrains qui pourraient convenir. Toutefois, il convient d’obtenir l’approbation de principe du Conseil. Il est fait observer que le logement de ces ex-Harkis serait assuré par la construction de préfabriqués et que le service du Génie Rural s’occuperait du ravitaillement en eau et de la liaison avec EDF pour l’extension des lignes électriques existantes. En plus du travail principal de la création de la route du Luberon, les travailleurs ex Harkis pourraient être utilisés, le cas échéant, comme ouvriers agricoles et pour la réfection de certains chemins ruraux.La question fait l’objet d’un débat entre les membres du Conseil. En présence de l’hésitation de certains membres, le Maire propose, préalablement au vote d’une décision de principe, d’aller visiter les camps de Harkis installés à Ongles « Basses-Alpes » et à Sault, en vue de se rendre compte des détails de l’installation et de faire une enquête discrète auprès de la population, sur les résultats et les conséquences de l’aménagement d’un camp de cette nature. Trois conseillers accompagneront le maire au cours de sa visite. Un compte rendu sera donné au conseil lors d’une prochaine réunion.

Séance du 19 avril 1963 folio 214 à 216

Le maire expose aux membres du Conseil qu’un projet d’installation de camp d’ex-Harkis sur le territoire de la commune est en cours d’examen ainsi qu’il a été précisé au cours de la séance précédente. Le recrutement de ces travailleurs a été prévu par les soins de l’administration des eaux et Forêts en vue de la création de la route du Luberon qui doit établir la liaison entre Cucuron et Auribeau et Apt avec la possibilité d’accéder au point culminant du massif. Les détails de l’installation sont assurés par le représentant du ministère avec le concours de l’administration du Génie rural.Au cours des deux visites sur place des délégués des administrations intéressées, deux emplacements ont été prévues pour la mise en place des constructions préfabriquées destinées a loger les travailleurs ex Harkis.D’une part un terrain inculte situé à proximité immédiate des réservoirs des eaux de la ville, en déclivité légère, avec possibilité d’accès sur le chemin rural de l’Ermitage, d’autre part, des parcelles également incultes situées en bordure du chemin rural de Bellevue, à environ 800 m de l’agglomération. Pour chacun de ces terrains, il existe une possibilité de ravitaillement en eau potable : soit par la source de St-Cyr, soit par les eaux de la source de la Figuière après amélioration des captages. En outre une extension du réseau électrique ne donne lieu a aucune difficulté. Toutefois, le choix pourrait se porter plutôt sur l’emplacement du chemin de Bellevue, mieux abrité et dans un quartier facilement accessible.Le maire rend compte des visites effectuées au camps d’ex-Harkis situés à Ongles et à Saint-André-les-Alpes « Basses Alpes ». L’impression recueillie aux cours de ces visites a été satisfaisante. Les rapports entre les travailleurs algériens et la population n’ont donné lieu a aucune difficulté. L’installation des préfabriqués a été assurée par l’administration du Génie rural ainsi que l’adduction d’eau. En outre l’EDF a exécuté tous les travaux nécessaires pour l’éclairage électrique. En ce qui concerne l’instruction des enfants des ex-Harkis, un préfabriqué à usage de locaux scolaires a été mis en place à St André, à proximité des écoles. A Ongles, tous ces enfants sont groupés dans le même groupe scolaire avec les garçons et les filles des habitants. En outre des renseignements recueillis auprès de la mairie de Jausiers permettent d’établir que le village d’ex Harkis établi à proximité de cette localité a été favorablement accueilli par la population et fonctionne dans de bonnes conditions. Une enquête effectuée à Sault permet d’affirmer que le camp à installer auprès du village donnera toute satisfaction. Le maire ajoute, pour compléter l’information des conseillers qu’un fonctionnaire sera designer pour encadrer les travailleurs harkis, en outre, une assistance sociale doit être mise à disposition du camp, avec résidence sur place pour s’occuper des foyers, en particulier des femmes et des enfants. Il résulte des enquêtes effectuées et tous les renseignements recueillis que l’installation du camp sur le territoire de la commune ne doit présenter aucun inconvénient mais au contraire, apporter des avantages certains pour les travaux forestiers notamment pour l’aménagement de la route du Luberon, pour la réparation de certains chemins communaux le cas échéant, et éventuellement pour des travaux agricoles. Le Conseil, à la suite de plusieurs demandes d’explications et certains échanges d’idées décide d’approuver l’installation d’un camp de Harkis sur le territoire de la commune. Il demande à M. le Maire de se mettre en rapport avec les représentants des Administrations intéressées en vue de déterminer l’emplacement qui parait devoir être retenu « chemin de Bellevue » et de fixer les détails de la mise en place.

Séance du 20 septembre 1963 folio 235-236

Le maire fait connaitre aux membres du Conseil la nature des travaux qui se poursuivent sur le terrain du Collet Blanc appartenant à Mr BOYER Gilbert à Cucuron. En vue de l’installation d’un village de Harkis. La parcelle de terre sur laquelle l’installation devait avoir lieu « au nom d’Arsene PICOLET » n’a pu donner satisfaction. D’ailleurs le choix de cet emplacement, un peu écarté et proche de la ferme de Bellevue avait donné lieu à une pétition signée par une quarantaine de personnes, en vue d’autres possibilités d’implantation.Certains conseillers ayant fait remarquer que le Conseil n’avait pas été tenu au courant du choix du terrain de M. BOYER, le maire fait savoir que ce dernier a agi à titre personnel, donnant son terrain à bail au profit du Préfet de Vaucluse représentant le Ministère des Rapatriés. La commune n’ayant pas eu à intervenir au cours de ces rapports personnels, le Conseil municipal n’a pas été convoqué, et ne devait pas être, normalement, être réuni à ce sujet.Il y aura lieu, dans un bref délai de se prononcer sur le point de savoir si la commune désire acquérir le terrain en question, conformément à une promesse de vente souscrite par M. BOYER. Des avantages réels découleraient pour la commune. Plus-value en résultant pour l’emplacement – possibilité de prendre en charge les préfabriqués lors du départ des Harkis, à un prix avantageux, en vue de la location à des estivants ou colonies de vacances, etc. Ce projet d’acquisition par la commune fera l’objet d’un prochain débat.

19 octobre 1963 : Lettre N° 4049/Cabinet du Préfet du Vaucluse aux maires : objet - emploi d’anciens supplétifs algériens sur les chantiers de travaux publics des collectivités locales. Conscient que le seul justificatif de travaux de forestage ne pourra perdurer dans le temps, Jean Escande, Préfet en charge du dossier vauclusien informe ses interlocuteurs élus locaux que dans le cadre des dispositions prévues pour faciliter l’intégration dans la vie et l’économie française des anciens supplétifs algériens de l’Armée et fort du constat que les solutions adoptées sous l’emprise des circonstances et qui consistent à organiser les chantiers forestiers, ne peuvent être que provisoires. Très rapidement, il faudra assimiler ces populations qui ont fait confiance à la France. Il invite ses interlocuteurs élus à intégrer, toutes les fois que cela est possible, dans les cahiers des charges qu’il est susceptible de constituer, un article prévoyant l’emploi de cette main d’œuvre chaque fois que les projets à mettre en adjudication ou à traiter de gré à gré revêtiront une certaine importance.

Séance du 23 novembre 1963 folio 241-242

Le Maire fait connaitre aux membres du Conseil que l’installation de ces ex Harkis, en provenance d’un camp de St Maurice de l’Ardoise doit avoir lieu au hameau de Cucuron mercredi prochain 27 novembre vers 11h. Les travaux d’aménagement du hameau se poursuivent très activement mais il est à craindre que tout ne soit pas complètement terminé le jour de l’installation. Aussi un sursis de huit jours a-t-il été demandé à M. le Préfet mais aucun délai n’a pu être accordé étant donné que le camp de l’Ardoise doit être dissous au début décembre.En ce qui concerne l’adduction d’eau potable, la source de St Cyr (alimentant les fontaines) a été utilisée pour une partie. Une canalisation spéciale a été placée pour alimenter le hameau, dans la même tranchée ont été posés des tuyaux de 80 mm destinés à remplacer l’ancienne canalisation en pierre utilisée pour les fontaines publiques (conduite romaine). La pose de ces tuyaux devra être poursuivie pour une 2ème tranche, l’été prochain, pour arriver jusqu’aux réservoirs de la ville. Pour le tout à l’égout, des puits perdus ont été prévus provisoirement, au bas du hameau. Un réseau de collecteur sera vraisemblablement installé pour raccorder l’installation avec la station d’épuration municipale. Les différents travaux concernant les préfabriqués, l’installation électrique etc... sont exécutés sous la direction du service du Génie Rural. Le maire invite les membres du Conseil à venir accueillir les familles des ex-Harkis mercredi prochain. Une délégation d’anciens combattants sera présente. Des dames volontaires ainsi que les déléguées du Secours Catholique viendront allumer les cuisinières, préparer une soupe chaude et répartir entre les familles des denrées alimentaires offertes par le Secours Catholique et la commune.

Séance du 18 juin 1964 folio 285 à 287

Acquisition par la commune du terrain où est installé le hameau forestier de Harkis. Le maire rappelle aux membres du Conseil que par engagement sous seing privé du 13 juin 1963, M. Gilbert BOYER, propriétaire de la parcelle de terre à Cucuron sur laquelle est installé le hameau de forestage quartier le Collet Blanc, cadastrée Section A n° 488 pour 1ha 63ares 30ca, a consenti à louer au profit de M. le Préfet de Vaucluse, représentant le Ministère des Rapatriés, ou le cas échéant, au profit de la commune de Cucuron, pour une durée de 3-6-9 ans, à compter du 15 juillet 1963, une partie de la dite parcelle, moyennant le prix annuel de 80F ainsi que la parcelle, même quartier, section A n° 491, de 13ares 60ca. En outre l’intéressé s’est engagé à vendre à la commune de Cucuron, la partie de la parcelle sus-désignée ainsi que la totalité de la deuxième parcelle section A n°491.La délimitation de la partie de la parcelle, section A n 488 effectuée par M. Baylocq, géomètre-expert, correspondant aux besoins du hameau fait apparaitre une contenance de 93ares 74ca à acquérir par la commune, le restant de la parcelle 69ares 56ca, en déclivité accentuée n’étant pas utilisable. En définitive, la commune aurait intérêt à devenir propriétaire :

1) De cette fraction de la parcelle section A n° 488 de 93ares 74ca

2) De la totalité de la parcelle A n° 491 en bordure de la voie publique de 13a 60ca

3) Au total 1ha 7a 34ca

Le maire fait apparaitre aux membres du conseil les avantages de l’acquisition de ces parcelles moyennant le prix de 3000 francs l’hectare, accepté par le propriétaire dans son engagement du 13 juin 1963. Les membres du Conseil se référant aux documents d’arpentage et à l’esquisse dressée par le géomètre Baylocq approuve l’acquisition par la commune des parcelles susvisées pour un montant de 3200F à prélever sur les fonds libres de la commune à mandater sur le budget 1964. Ils donnent tous pouvoir au maire pour signer l’acte d’acquisition qui devra être passé devant notaire.

Classe préfabriquée pour les enfants de Harkis.

Le maire expose qu’il a reçu des services préfectoraux une décision d’attribution, au profit de la commune d’une classe légère préfabriquée, subventionnée à 50%. Ce local scolaire préfabriqué pourrait être installé au hameau de forestage, en vue de l’utilisation pour l’instruction des enfants de Harkis. Il résulte des renseignements recueillis et de l’enquête effectuée que la dépense restant à la charge de la commune pour l’acquisition de ce préfabriqué et son installation s’élèverait à 15 000F environ. Cette proposition fait l’objet d’un échange de vues entre les conseillers. Les éléments d’informations réunis permettent d’affirmer que cinq enfants Harkis pourront être intégrés lors de la prochaine rentrée scolaire, dans les écoles publiques du village. Compte tenu de ce départ et de la prise en charge de nouveaux enfants d’âge scolaire, le nombre des élèves du hameau de forestage ne sera pas plus élevé qu’actuellement. Ainsi, l’enseignement pourrait continuer à être donné à ces enfants Harkis dans le même local commun, en tenant compte qu’un logement étant actuellement vacant à la suite du départ d’une famille Harkis pourrait servir de lieu de réunion. Dans ces conditions, les membres du Conseil considérant que la classe préfabriquée n’est actuellement pas utile pour l’enseignement des enfants des familles Harkis, décident qu’il n’y a pas lieu d’accepter la proposition de fourniture et d’installation de cet élément préfabriqué.

Séance du 28 octobre 1964 folio 306 à 308

Service d’enlèvement des ordures ménagères au hameau de forestage (Harkis) : M. le Maire expose aux membres du Conseil que les ordures ménagères sont provisoirement jetées dans des trous aménagés pour chaque bâtiment. Cette situation ne peut être prolongée par suite de l’insuffisance de l’installation et des dangers qui en résultent, pour l’hygiène notamment. Il n’est pas possible d’utiliser, pour le ramassage des ordures le camion des Eaux et Forêts dont l’emploi régulier, en vue des travaux d’aménagement de la route du Grand Luberon, ne peut être détourné pour un autre usage. Après diverses prises de contact avec l’Inspecteur des hameaux et M. Alonzo chef du hameau de Cucuron, il a été envisagé un service spécial de ramassage organisé par la municipalité. En vue de réduire les dépenses de fonctionnement de ce service, il serait possible de prévoir un seul jour d’enlèvement par semaine, à la suite d’une des tournées dans l’agglomération, le samedi par exemple, sous réserve de l’installation par les soins du chef de hameau, pour chaque foyer, d’une poubelle fermée de dimensions suffisantes pour contenir les ordures de chaque semaine. Le conseil, après discussion, accepte la proposition de M. le Maire. Transfert des locaux scolaires prévus pour les enfants des Harkis du hameau de forestage à l’école des filles : le maire fait connaitre aux membres du conseil qu’il a été saisi par l’Inspecteur des hameaux forestiers, le capitaine BOULEAU, d’une demande d’intégration immédiate des enfants Harkis avec les élèves des écoles publiques et privées. Il est rappelé que lors de la dernière rentrée scolaire, quatre enfants Harkis ont été affectés à l’une des écoles publiques. Les autres enfants du groupement forestier ont, jusqu’ici, continué à fréquenter le local scolaire fonctionnant au hameau, sous la direction de M. Estelrich. Renseignements pris auprès de M. le Sous-Préfet, et après consultation par ce dernier des services de l’Académie, l’intégration entière ne saurait être réalisée actuellement alors que l’année scolaire a commencé. Elle sera assurée à la prochaine rentrée. Toutefois il est possible de transférer dès à présent le local scolaire installé au hameau de forestage dans une pièce à aménager dans l’une des écoles publiques. Cette initiative demandée par l’inspecteur des hameaux forestiers, à défaut d’une intégration immédiate non acceptée par les services compétents, est encouragée par M. le Sous-Préfet. Le maire fait savoir, qu’après une visite détaillée des lieux, une solution acceptable consisterait à aménager une pièce à l’école publique (ex filles) actuellement inutilisée et servant autrefois de cantine. Il suffirait d’agrandir la fenêtre, de niveler le parquet et d’installer un radiateur de chauffage. Les membres du Conseil, après un échange de vues approuvent la remise en état de ce local à l’usage des enfants harkis conformément aux propositions de M. le Maire.

Séance du 2 décembre 1964 folio 315-316

Réquisition par la commune du terrain où est installé le hameau de Harkis, demande de déclaration d’utilité publique : M. le Maire rappelle que par délibération du 18 juin 1964 approuvé le 19 octobre, le Conseil municipal a décidé l’acquisition pour la commune des parcelles suivantes sises au quartier « le Collet Blanc » sur lesquelles est installé le hameau forestage …moyennant la somme de 3220F. Il propose que la présente vente par M. Gilbert Boyer soit déclarée d’utilité publique. Proposition validée par le sous-préfet d’Apt le 15 décembre 1964. Séance du 4 février 1965 folio 326Acquisition de parcelles attenantes au hameau de Harkis : le terrain cédé par M. Boyer peut être agrandi du côté ouest par l’incorporation de 2 parcelles appartenant à M. Paul Job à Cucuron en vue de l’aménagement de constructions et dépendances des habitations préfabriquées. Ce dernier a consenti à vendre à la commune les 2 parcelles envisagées : section A n°515 de 29a 40 et 516 de 14a 30 soit 43a 70 moyennant la somme de 3000F. Le Conseil valide cette offre payable sur les fonds libres de la commune à mandater sur le budget 1965.

Séance du 3 juin 1965 folio 346

Projet de location, par l’Etat, du terrain communal des Harkis : la commune a contracté une dépense de 6220F outre les frais accessoires, somme prises sur les fonds sans emprunt. Il convient d’envisager la location par l’Etat (Ministère de l’Intérieur, service des Rapatriés). A cet effet, un projet de bail a été établi par le service des domaines et a reçu l’accord de principe du ministre de l’Intérieur. Le texte du projet est présenté au Conseil municipal qui l’adopte sous les réserves suivantes concernant les propriétés des constructions et installations : le Conseil propose de remplacer le 2e paragraphe de ce titre ainsi libellé « à l’expiration de la location ou en cas de résiliation anticipée, les dites constructions et aménagements demeureront la propriété de l’Etat, sans que le bailleur puissent exiger leur démolitions et la remise des lieux dans leur état primitif. L’Etat aura alors la faculté de demander au bailleur propriétaire du sol, soit la vente à son profit du terrain objet du présent bail, soit le renouvellement du bail. Il pourra également, si bon lui semble, enlever en totalité ou en partie, les constructions, installations et aménagements effectués au cours du bail et ce qui restera sur le terrain loué deviendra la propriété du bailleur, sans indemnité de part et d’autre sans qu’on soit tenu de remettre les lieux dans l’état primitif » par le texte suivant : « A défaut par l’Etat de demander le renouvellement du bail, les constructions, installations et aménagements restant sur le terrain deviendront la propriété du bailleur sans indemnités à sa charge». Le Conseil propose un loyer annuel de 500F compte-tenu des dépenses engagées par la commune (acquisitions des terrains et facilités pour l’adduction d’eau et l’assainissement).

Séance du 24 aout 1965 folio 363-364

Le projet de location par l’Etat du terrain communal des Harkis et les réserves émises ci-dessus sont validés par les services du Ministère de l’Intérieur en ce qui concerne la clause sur l’avenir des constructions et installations pouvant rester sur le terrain, à l’expiration du bail. Par contre ils précisent ne pas favorables à la fixation d’un loyer relativement élevé pour les motifs suivants : la commune est appelée à bénéficier à plus ou moins longue échéance des investissements qui ont été réalisés sur le hameau, celle-ci a bénéficié d’un accroissement de population dont les effets ne doivent pas être négligeables sur les taxes locales. Le maire fait observer que la propriété des installations adviendra dans un délai plus ou moins lointain, que la commune a pris en charge les travaux d’alimentation en eau potable et qu’elle été avisée par lettre (11 mai 1964) que la population actuelle ne pouvait bénéficier de l’apport complémentaire résultant de la présence des Harkis. Le maire précise d’autre part a fait l’acquisition des terrains complémentaires pour permettre aux familles de bénéficier de dépôts de bois, d’étendoirs…Les membres du Conseil décident de proposer un loyer de 250F annuel.

Séance d’octobre 1965 folio 374

Projet de location, par l’Etat, du terrain communal des Harkis : la durée du bail est consentie pour une durée de 3, 6 ou 9 ans et que les constructions, installations et aménagements divers effectués par l’Etat pendant le cours du bail seront sa propriété…et reviendront à la commune à la résiliation du bail…

Séance du 17 janvier 1968 folio 460-461

Recensement de la population. Demande de prise en compte des familles harkies qui ne saurait être considérée comme temporaire depuis leur installation en novembre 1963 et de l’intégration des enfants dans les classes de l’école communale (aménagement de locaux scolaires supplémentaires).

Séance du 11 octobre 1971 folio 20-21

Hameau de forestage, collaboration des Harkis : le Maire rend compte des difficultés à obtenir l’aide des Harkis en ce qui concerne certains travaux de la voirie communale ou autres travaux peu importants à réaliser en dehors d’un programme de l’ONF et à exécuter gratuitement en contrepartie des avantages qui ont été accordés à ces Harkis…En réponse l’Ingénieur en chef des Eaux et Forêts propose que les travaux demandés aux Harkis fassent l’objet d’une convention. Finalement un arrangement est pris pour permettre de réaliser tout travail d’entretien, travaux qui ne seront pas de longue durée et quand les Harkis seront disponibles.

Séance du 24 octobre 1972 folio 63-64

Renouvellement du bail qui vient à expiration le 1er décembre 1972, pour un loyer de 1000F par an. Les membres du Conseil émettent la condition de bénéficier de la participation des travailleurs du hameau forestier à des travaux de débroussaillage et de réparation de la chaussée une fois par semaine.

Séance du 1er février 1973 folio 77-79

La participation des Harkis aux travaux communaux n’est pas validée.

Séance du 8 juin 1976 folio 8-9

Construction de logements en dur, relogement des Harkis : il est prévu la construction de 18 logements en dur par l’Office Départemental des H.L.M.. Le Maire est chargé de trouver un terrain de 80a. Il est entré en contact avec Mme Bulkeley pour procéder à un échange de terrain de 3ha 78a 80c sis au « Collet Blanc », section A n° 474, 483 à 487, que celle-ci céderait à la commune en contrepartie de celui où sont situées les barques des ex-Harkis avec la possibilité de construire un lotissement de 6 maisons. Rédaction d’un nouveau bail de 3, 6, 9 ans pour un loyer annuel de 2000F.

Séance du 1er juillet 1977 folio 33-34

Acquisition d’une parcelle Mme Bulkeley au « Collet Blanc » : le maire fait connaître qu’à la suite de l’opération tiroir en ce qui concerne le logement des Harkis, l’emplacement de la pépinière actuelle va être occupé par des maisons en dur et qu’il y a lieu de prévoir l’acquisition d’une parcelle de terrain à proximité du camp en vue d’implanter la nouvelle pépinière. A cet effet M. le Maire a contacté Mme Bulkeley qui consent à vendre pour un franc symbolique un terrain de 90ares section A.

Séance du 2 décembre 1977 folio 43-44

Relogements des Harkis, prise en charge de l’aménagement du chemin communal rejetée par le Conseil. Il est demande que les travaux de l’office HLM se fassent rapidement.

Séance du 9 décembre 1977 folio 45-46

Relogement des Harkis, participation consentie par la commune pour la somme de 58882F-30272 au titre de la taxe locale d’équipement. Le chantier est prévu pour 3 ans.Garantie d’emprunt de la commune pour l’office HLM pour relogement des Harkis. Maisons en location simple.

Séance du 3 mars 1978

Acquisition d’une parcelle appartenant à Louis Rigaud au « Collet Blanc », section A 507, pour le hameau forestier.

Séance du 16 mars 1979

Relogement des Harkis, construction en cours des 18 villas qui doit se terminer à la fin de l’année 1979.

Séance du 23 avril 1979

Demande d’utiliser les Harkis pour des travaux communaux.

Séance du 21 juillet 1989

Accession à la propriété au hameau du Collet Blanc, demande formulée par les Harkis qui se basent sur des opérations de ce genre en cours dans d’autres communes.

"Dans sa montagne des Maures, Capelude est de ces premiers chantiers de forestage hâtivement installés, loin d'un village, en des endroits souvent difficiles d'accès. (C'est le cas aussi de La Pradelle dans l'Aude, de Chadenet et de Meyrueis dans la Lozère). On était justement impatients de dégager les camps de Rivesaltes, du Larzac, de Saint-Maurice-l'Ardoise. On avait guère le temps de creuser les problèmes sociologiques que pose d'un coup l'intégration de près de six-mille familles venues pour la plupart du fond du Bled : cinquante-cinq ou soixante-mille personnes - des enfants dans la proportion des deux-tiers...L'expérience aidant, nous avons fait mieux, depuis...Nous avons appris qu'il est préférable d'être loin du lieu de travail - le rendement dût-il en souffrir - que loin du village et de l'école...Ainsi s'exprimait en toute loyauté ce matin à Cucuron, l'un des collaborateurs de M. Perony, l'ancien préfet d'Oran qui dirige les service d'accueil et de reclassement des musulmans français. Nous venons de découvrir à la Roque-d'Anthéron les bâtiments d'un nouveau hameau forestier prêt à recevoir 25 familles de Harkis : sous les pins, tout près du bourg, et près de la Durance domptée, et de l'admirable abbaye cistercienne de Sylvacane. - notre conseiller général se met en quatre pour les Harkis, nous avait dit un cultivateur du voisinage...A Cucuron où les habitant ont la gentillesse provençale la plus ouverte, le maire M. Brieugne, est tout acquis à la cause de ces Français musulmans, souvent endeuillés parfois meurtris dans leur chair, qui ont tout perdu par fidélité à la France, bref, à l'égard de qui nous avons contracté de si lourdes dettes.

Un instituteur pied-noir : le hameau forestier de Cucuron est posé sur une éminence - parmi les oliviers mutilés par les terribles hivers de 1956 et de l'an dernier - à la frange même de cette belle cité de vieille pierre et de tuile romaine, toute chargée d'histoire. (Pour le moment, les habitations neuves des Harkis rompent l'harmonie du paysage toscan au pied du noble Luberon. Une teinte neutre, bien choisie, assourdira bientôt, souhaitons-le, l'offense de l'aggloméré gris et des toitures de fibro-ciment). "Nous avons fait mieux depuis"...Il est réconfortant que les Harkis et leurs familles chargées d'enfants en bas âge, sont bien logés dans les hameaux plus récents que celui de Collobrières - à quelques centaines de pas d'un village charmant, de son école, de ses magasins, de son marché, de son cinéma-salle des fêtes...Et que ces logis clairs sont tenus avec un soin méticuleux. Dans une pièce en bout de bâtiment, la télévision. C'est là, dans la journée, qu'une jeune monitrice (elle fut assistante sociale en Algérie) enseigne à la petite population féminine l'art d'être bonne ménagère et mère vigilante. A l'autre extrémité une salle de classe : une vingtaine d'élèves, garçons et filles de 5 à 14 ans. Leur maître me dit : -Seuls l'aîné et les touts-petits n'avaient jamais fréquenté une école, ils y prennent goût, mais il me faut leur parler en arabe parfois pour leur traduire mon enseignement. Six garçons seraient déjà mêlés aux petits Provençaux du cours complémentaire, si l'école de Cucuron n'était archicomble, ils y seront à la rentrée d'octobre : une subvention va permettre de doter le village d'une classe préfabriquée...en attendant l'extension depuis longtemps espérée du groupe scolaire...

Une heure plus tard nous pénétrions dans la cité de Jouques : un millier de musulmans qui ont opté pour la France, vivent là, à l'orée des bois de pins, dans les habitations qu'avaient construites l'EDF pour son personnel lors des travaux d'aménagement de la Durance. Grande école, dispensaire, bâtiment d'administration, épicerie, coiffeur, rien n'y manque. Les chefs de famille travaillent dans les conserveries de fruits et de légumes des environs et dans les fermes ou à l'usine de Cadarache..."

"Hameau de Cucuron : la configuration particulière du terrain choisi pour l'installation du chantier qui se trouve sur une butte et tout en longueur a nécessité des travaux relativement importants de terrassement malgré la proximité d'un chemin de desserte. L'éclairage du hameau par 5 lampes et l'alimentation en courant B.T. des logements nécessitent la confection d'une ligne de raccordement M.T. de plus de 100m et d'un transformateur H61. L'alimentation en eau potable sera assurée par un branchement sur la galerie d'amenée aux fontaines publiques de Cucuron et une amenée par tuyaux de 1000m de longueur. Le réseau d'assainissement comprendra un collecteur de 200m avec chasse automatique et regards d'entretien, une petite station d'épuration d'eaux usées. Après traitement, les eaux usées seront dans un puits perdu, aucun ruisseau à proximité ne pouvant recevoir ces eaux traitées. la rue sera empierrée et recevra une semi-imprégnation, ce qui permettra d'éviter des érosions et un état par trop boueux en temps de pluie de la rue de ce hameau, comme des rues des hameaux installées dans les autres communes."