Le journal Le Méridional du 3 mai 1963 annonce la décision d'installer 2 camps de Harkis en contrepartie "pour construire la route du grand Luberon entre Cucuron et Auribeau". (AD84 746W591 3 mai 1963 note aux ingénieurs en chef du GR il est prévu la construction de 28 logements de type A, Gunz). En octobre 1963, la commune a contracté deux emprunts sur 20 ans, l'un à la Caisse des dépôts et consignation, l'autre à la caisse régionale du crédit agricole d'Avignon pour régler l'acquisition des terrains d'une superficie de 5ha appartenant à M. Joseph Bertrand pour la somme de 256 000F. La commune louera le terrain au Ministère des rapatriés pour l'implantation du hameau. Dans la transaction validée en juillet 1963, il est question de construire 2 classes préfabriqués et un terrain de sports. Les frais seront pris en charge par un loyer versé par le Ministère des Rapatriés.
Le rapport sur l'état d'avancement des travaux dans le Vaucluse rédigé le 26 août 1963 par Emile Bouleau, inspecteur interdépartemental des chantiers et hameaux de forestage des départements de l'Ardèche, la Drôme et le Vaucluse précise que le tracé, le piquetage et le terrassement des emplacements des futurs locaux sont réalisés par le génie rural à la date du 25 août mais que le chantier n'est pas commencé par l'entreprise Gunz, chargée du montage des logements (AD84 176 W 591) suite à la passation de marché signée le 21 juin 1963. L'entreprise Gabriel Rey d'Apt est choisi pour exécuter les travaux de terrassements qui doivent être terminés fin août 1963. Les travaux d'alimentation en eau potable et l'assainissement sont effectués par l'entreprise S.A.D.E. de Toulon. La société Montel de Marseille est désignée pour l'installation électrique qui doit être finalisée en août 1963. Les familles de Harkis en provenance du camp de transit de Saint-Maurice-l'Ardoise, arrivent à Apt le 28 novembre 1963 alors que le chantier n'est pas terminé. Dans le projet il est prévu de faire réaliser certains travaux d'aménagements complémentaires ou de finitions (chemin d'accès, espaces verts, étendoirs, celliers, jardins) par les Harkis eux-mêmes durant l'année 1964, c'est le cas pour les celliers pour un coût de 19188F. En avril 1964 Gunz réalise d'autres travaux de finitions avant réception définitive.
En 1970 21 familles y séjournent encore. Une commission composée du maire Santoni, son adjoint M. Etienne et de M. Raoult, inspecteur des hameaux forestiers visite le site en février 1971. Les préfabriqués construits au départ pour une période de 5 ans sont devenus trop petits pour accueillir les familles nombreuses dans de bonnes conditions, la mairie envisage la construction de bâtiments en dur avec la possibilité d'accéder à la propriété. Un rapport préconise le relogement dans des logements individuels mitoyens de type cité de travailleurs (EDF, SNCF). La même année un groupe de Harkis rédige une pétition pour le maintien du camp dont la fermeture est programmée pour la fin de l'année. Le hameau sera fermé à l'été 1972. En 1975 ce sont encore 14 familles qui attendent d'être relogées dans 14 pavillons construits sur le site de l'ancien hameau au quartier Saint-Antoine. La construction de logements spécifiques est agréée par la Commission nationale pour le logement des Immigrés en début d'année 1978 et les travaux débutés par Vaucluse-Logements. Les baraquements sont détruits en majorité à partir de 1985, le dernier est détruit en 2007 (?).
La salle du quartier Saint-Antoine, dédiée au photographe Mohamed Boucherit, est construite sur l'emplacement du dernier préfabriqué consolidé en béton (il y abritait le logement du chef de camp, M. Lagaly, la salle des fêtes et la salle TV) et inaugurée le 12 mars 2010. Une plaque "à la mémoire des rapatriés, anciens membres des formations supplétives et assimilés ou victimes de la captivité pour les sacrifices qu'ils ont consentis" est apposée au monument aux morts de la commune le 25 septembre 2008. Une plaque dédiée à la mémoire des familles harkies, "mémorial en hommage aux hommes, femmes et enfants de Harkis de la ville" est installée sur le site en juin 2013 ; une seconde stèle commémorative de l'ONAC y est inaugurée en avril 2016.
La photographe Martine Franck a réalisé 4 photographies montrant la vie du hameau forestier en 1975.
Chercheur pour le patrimoine industriel à l'Inventaire Nord-Pas-Calais de 1991 à 2018 (DRAC puis Région Nord-Pas-Calais dès 2007 et Hauts-de-France suite à la réforme des collectivités en 2016). Puis chercheur à l'Inventaire Provence-Alpes-Côte d'Azur à partir de 2018.