Dossier d’œuvre architecture IA84000976 | Réalisé par
Masson-Lautier Maïna (Contributeur)
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

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  • inventaire topographique
Hôtel-Dieu
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Carpentras - Carpentras
  • Commune Carpentras
  • Adresse place Aristide-Briand
  • Cadastre 2020 CH 247, 248
  • Dénominations
    hôtel-Dieu

Historique

Lors de la construction de l’hôtel-Dieu, Carpentras est encore la capitale du Comtat Venaissin, fief indépendant de celui d’Avignon, formant avec lui deux enclaves distinctes dans le royaume de France et ressortissant l’un et l’autre directement au Saint-Siège.

L’édification de cet hôpital participe d’un mouvement général ayant alors cours en France et en Europe, de mise en place d’un réseau hospitalier d’un genre nouveau. Les décennies de 1730 à 1750 correspondent aussi aux périodes d’engouement pour d’importants engagements sociaux. Certains grands projets en faveur d’activités humanitaires se multiplient en prévision du jubilé de 1750 à Rome. À telle enseigne, Charles III de Bourbon crée, à Naples, le Réal Albergo dei Poveri, gigantesque bâtisse dessinée par l’un des meilleurs architectes de l’époque, Fuga, afin d’offrir un palais pour les pauvres. Son architecture monumentale inspire par la suite de nombreux édifices hospitaliers, notamment l’hôtel-Dieu de Lyon, dont la façade est élevée par Soufflot.

L’hôpital de Carpentras est dû à la générosité de Dom Malachie d’Inguimbert (1683-1757). Avant sa nomination au siège épiscopal de Carpentras en 1735, ce prélat a passé vingt-six ans en Italie. Il n’a donc pu rester indifférent à cette effervescence créatrice. Évêque soucieux des devoirs de son ministère pastoral, d’Inguimbert s’est toujours inquiété du sort des indigents de son diocèse. Il témoigne de cet esprit de charité chrétienne en édifiant ce vaste hôtel-Dieu. Il manifeste aussi de manière durable sa volonté d’étendre et de partager les bienfaits de l’instruction et de la culture. Il dote ainsi Carpentras d’une riche bibliothèque-musée, ouverte au public dès 1745 et bénéficiant encore aujourd’hui d’une réputation internationale.

Le projet initial de l’hôpital est connu grâce à une élévation de la façade principale signée J. B. Dupuy et à deux dessins in plano de 1750, sans indication d’auteur, figurant l’un le rez-de-chaussée, l’autre le premier étage. Bien que son nom ne figure sur aucun de ces documents, la paternité de ce programme revient à l’architecte carpentrassien Antoine d’Allemand. Toutefois, les plans d’origine n’ont pas été complètement suivis ; des modifications ont été apportées au cours de la construction, notamment la disposition de l’escalier d’honneur. La première pierre de l’hôtel-Dieu est posée le 18 septembre 1750 par les consuls de Carpentras et le chanoine d’Allemand, représentant l’évêque alors à Rome. Les nombreux contrats passés avec les entrepreneurs de la région témoignent de l’attention portée par d’Inguimbert à son chantier et à la qualité des matériaux utilisés, notamment pour les pierres provenant des carrières de Villeneuve-lès-Avignon, d’Oppède, de Caromb, de Beaumes-de-Venise et de Saint-Didier. Il engloutit dans cette entreprise trois cent cinquante mille livres.

La conception résolument moderne de l’hôpital de Carpentras achevé en 1762 illustre la spécialisation de ce type d’établissement au XVIIIe siècle. Dès l’origine, un personnel médical et soignant (les sœurs Augustines) lui est attaché avec des médecins et des chirurgiens, astreints aux visites quotidiennes des malades.

Étude architecturale

Un louable souci d’hygiène a présidé à l’implantation de l’hôtel-Dieu, sur un terrain acheté par l’évêque, aux portes de l’ancienne ville, en bordure d’un plateau face au Mont Ventoux.

Le monument qui impressionne par sa taille (plus de 10 000 m2 de surface), possède une longue façade principale au couchant. Couronné d’une balustrade et de six grands pots-à-feu, l’avant-corps central comprend deux étages de colonnes encadrant une entrée solennelle, ornée d’un balcon et d’un fronton triangulaire. Le bâtiment est composé d’ailes situées autour d’une cour centrale, se prolongeant et cantonnant de petites cours au nord et une grande au sud. Cet agencement permettait de disposer de vastes espaces, notamment dans les ailes du midi, percées au sud de baies, larges et hautes. Selon la volonté du fondateur, ces fenêtres diffusaient la lumière et l’air dans les salles destinées aux malades.

À l’exception des façades du corps central et de la cour d’honneur, le décor architectural de l’édifice s’impose par une très grande sobriété. Quelques espaces intérieurs se signalent, toutefois, par leur majesté ou la richesse de leur décor : le grand vestibule orné d’une remarquable collection de « donatifs » ; l’escalier monumental, chef-d’œuvre architectonique ; les grandes salles des malades situées au sud ; la salle du conseil d’administration animée par les portraits des bienfaiteurs ; la chapelle dont l’autel aux marbres polychromes et la table de communion en ferronneries dorées évoquent le goût italien ; enfin, l’apothicairerie aux boiseries peintes alternativement de paysages bleus et de singeries jaunes – œuvres attribuées respectivement à Duplessis et à Peyrotte – et sa collection intacte de faïences, comparable à celles des hôtels-Dieu de Lyon et de Beaune.

Réhabilitation

Classé monument historique, l’hôtel-Dieu de Carpentras fait l’objet d’un vaste programme de réhabilitation depuis que l’hôpital en est parti en 2002. À terme, cet édifice accueillera, en vue de son redéploiement, l’ensemble des collections bibliographique et muséographique de la ville, aujourd’hui à l’étroit dans les locaux de la bibliothèque Inguimbertine. À ce jour, parmi tous les projets culturels municipaux, celui de Carpentras est sans doute l’un des plus ambitieux par son envergure. Ce chantier est en cours sous la direction de Didier Repellin, architecte en chef des monuments historiques. L’aménagement intérieur a été confié à l’Atelier Novembre. Conçu à l’origine comme « un palais pour les plus démunis », cet édifice offrira un écrin idéal pour valoriser le patrimoine carpentrassien sous toutes ses formes, tous supports confondus, et permettre sa large diffusion auprès des publics, suivant en cela les généreuses dispositions testamentaires de monseigneur d’Inguimbert.

L'hôtel-dieu de Carpentras a été réalisé d'après les plan de l'architecte carpentrassien Antoine d'Allemand, sur une commande de Mgr Malachie d'Inguimbert, évêque de Carpentras. Sa construction débute en 1750, elle est achevée en 1762.

  • Période(s)
    • Principale : 3e quart 18e siècle
  • Dates
    • 1762, daté par travaux historiques
  • Auteur(s)

L'hôtel-dieu se trouve à l'extérieur du centre ancien de Carpentras.

Une longue façade principale, tournée vers l'ouest, ouvre sur la ville. Le bâtiment est composé d’ailes situées autour d’une cour centrale, se prolongeant et cantonnant de petites cours au nord et une grande au sud. Cet agencement permettait de disposer de vastes espaces, notamment dans les ailes du midi, percées au sud de baies, larges et hautes : les salles des malades. D'autres espaces sont particulièrement bien conservés : le grand vestibule orné d'un grand nombre de "donatifs" permet l'accès à l'escalier monumental. La chapelle et son décor sont également remarquables, tout comme l’apothicairerie aux boiseries peintes et sa collection intacte de faïences.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    tuile creuse
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier à double révolution
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    classé MH, 1862
  • Précisions sur la protection

    Classement par liste de 1862.

  • Référence MH
  • DELMAS, Jean-François. L'hôpital en France : histoire et architecture, dir. LAGET, Pierre-Louis, LAROCHE, Claude. Lyon : Lieux-Dits, 2012

Date(s) d'enquête : 2012; Date(s) de rédaction : 2017
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Masson-Lautier Maïna
Masson-Lautier Maïna

Conservateur en chef du patrimoine en poste au Service régional de l'Inventaire à la DRAC de Poitiers de 2002 à 2005, puis au Service de l'Inventaire de la DRAC d'Aix-en-Provence. En poste au Service de l'Inventaire et du patrimoine, région Provence-Alpes-Côte d'azur depuis 2008.

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