DESCRIPTION

Cour, façade est, les deux premiers niveaux.

Situation

L'hôtel occupe une vaste parcelle de forme à peu près carrée au centre de l'îlot 10. Longé par une impasse au nord, il présente une façade antérieure ouest sur l'étroite rue du Château ; il est mitoyen sur ses deux autres côtés.

Composition d'ensemble

Il se compose de quatre corps de bâtiment A-B-C et D entourant une cour. Au sud, une cage d'escalier E qui appartient à la maison voisine dessert le deuxième étage.

Matériaux

- Maçonnerie enduite avec relief en pierre des élévations.

- Escalier principal et escalier de C en pierre de taille ; escalier de E en plâtre et bois.

- Décor de gypserie et peinture sur plâtre.

- Cheminées de marbre.

Structure

L'hôtel comprend deux étages carrés sur un rez-de -chaussée et un étage de caves (A et B ont un troisième étage récemment ajouté). Entrée par le corps de bâtiment A simple en profondeur : un vaste vestibule Aa s'ouvre dans l'axe du portail sur la cour et au nord sur la cage d'escalier Ab dont il est séparé par un arc. Escalier en rez-de-chaussée, à cinq volées suspendues de 5, 6, 5, 6 et 5 marches en retour à gauche ; chaque repos distribue des pièces et sur le cinquième, départ d'un escalier-relais en plâtre qui s'éclaire sur l'impasse nord et comprend deux volées en retour à droite rampe sur rampe. Sous le troisième repos de l'escalier principal, se trouve la porte de la cave constituée d'un ensemble de pièces voûtées ; en Ab départ modifié d'un escalier en vis du XVIe siècle. Départ de l'escalier.

Les ailes en retour sur la cour B et D sont constituées par une enfilade de pièces. A l'est, le corps de bâtiment C peu profond comprend dégagements et débarras ; percé d'une niche centrale avec fontaine, il s'ouvre sur une cage d'escalier (escalier en pierre à moitié tournante sur un mur-noyau) laquelle est encadrée de cours à ciel ouvert. La cage d'escalier E accessible par une porte d'entrée sur la rue du Château ne dessert actuellement que le deuxième étage de l'hôtel et paraît être une adjonction récente. Escalier suspendu à trois volées en retour à gauche autour d'un jour.

Élévations

- Élévation antérieure sur la rue du Château

Façade ouest à trois niveaux couronnée par une génoise à trois rangs et à cinq travées de baies en arc segmentaire. Un bandeau de pierre sépare les deux premiers niveaux. Entre la deuxième et la troisième travée, le portail à chambranle mouluré et clé est inscrit dans une travée de pilastres ; il est couronné par un fronton interrompu en appui sur deux consoles rocaille.

La façade fait retour au sud sur deux travées. Au second niveau, sur le trumeau, une niche en cul de four inscrite dans une travée de pilastres et placée sous un fronton cintré abrite une statue de la Vierge à l'Enfant du XVIIIe siècle.

- Élévations sur cour

Ordonnance régulière de façades à trois niveaux de baies en arc segmentaire qui ont des cadres appareillés et des mascarons pour celles du premier niveau. A et C ont trois travées, R et D en ont quatre. Sur la travée médiane de A, porte à chambranle mouluré, clé à coquille et corniche. En C, une niche en arc segmentaire couronnée d'un gros cartouche sculpté dont le mascaron est orné de symboles de marine (ancre, filets, canne à pêche, cordages) contient une fontaine au-dessus d'une vasque godronnée et sculptée d'un mascaron, buffet couronné d'une corniche moulurée et d'un attique avec deux putti. Cour intérieure, façade, mascaron.

Couverture

Tuiles creuses.

Distribution intérieure

Aménagé en centre médical, l'hôtel ne conserve que peu d'éléments de décor visibles : au rez-de-chaussée, la cage d'escalier ; au deuxième étage, l'0rnementation des pièces du corps de bâtiment D.

- Rez-de-chaussée

Dans la cage d'escalier Ab dallage en pierre fait de carreaux de 50 cm de côté disposés en diagonale. L'escalier au départ en volute a un limon à la française et une rampe en fer forgé alternant panneaux et pilastres ; sur le second panneau un cartouche couronné enferme le monogramme M. Le mur d'échiffre est à deux pans sculptés de tables saillantes moulurées ; traitement identique de l'angle arrondi. La porte de la cave, rectangulaire, est entourée d'une mouluration. Le plafond de la cage est orné d'une rosace au centre d'un panneau dont les angles ont un motif chantourné. L'escalier-relais revêtu de tomettes et avec nez-de-marche en bois à la même rampe en ferronnerie que l'escalier principal ; il est couvert d'un plafond avec rosace quadrilobée.

- Premier étage

Agencement modifié pour la création de bureaux dans lesquels des faux-plafonds masquent un décor de gypserie.

- Deuxième étage

L'aile D conserve quelques décors. Les sols sont revêtus de tomettes et les menuiseries à panneaux chantournés presque toutes en place. Le vestibule Dc auquel introduit la cage d'escalier E a un décor de gypserie relevé de peintures polychromes sur plâtre. La porte vers Db est surmontée d'un panneau dont le cadre chantourné et couronné par un cygne entoure un paysage marin avec personnages au premier plan. Au plafond la voussure comprend quatre cartouches d'angle à l'intérieur desquels sont peints des putti.

Deuxième étage, vestibule, dessus de porte.

La pièce Db a conservé son sol du XVIIIe siècle à petits carreaux de terre cuite. La cheminée en marbre blanc veiné de gris est incrustée de tables colorées (marbre rouge et vert) ; les piédroits sont sculptés de consoles rocaille, et le linteau d'une coquille. Sur la hotte, décor du XIXe siècle comprenant une glace et un dessus de hotte avec lyre dans une composition de palmettes. Plafond à compartiments ornés de panneaux chantournés.

En Ac, cheminée du XIXe siècle en marbre gris et de style Louis XV. La hotte comprend des pilastres corinthiens couronnés par une frise de rinceaux et qui autrefois encadraient une glace ; sur le dessus de hotte, composition géométrique de palmettes et enroulements.

CONCLUSION

Hôtel du milieu du XVIIIe siècle reconstruit sur une structure ancienne dont témoigne le départ d'escalier en vis dans la cave. Le plan à quatre ailes entourant une cour est relativement rare dans les hôtels carpentrassiens du XVIIIe siècle qui, pour la plupart, ne comprennent que deux corps de bâtiments articulés en L. Comme à l'hôtel de Jocas (rue Moricelly), cette structure a permis de soigner l'ordonnance de la cour intérieure dont les façades se signalent surtout par leurs mascarons. Il faut d'autre part remarquer la structure curieuse de l'aile C qui a vocation de liaison entre B et D et ne comporte finalement qu'un couloir et une cage d'escalier qu'entourent des cours à ciel ouvert. Cette aile qui au rez-de-chaussée est creusée d'une niche avec fontaine participe par ailleurs à la mise en scène de la cour. A l'intérieur, le traitement de la cage d'escalier et les quelques éléments de décor que nous avons pu voir au deuxième étage de D (décor Louis XV repris dans certaines pièces dans le premier tiers du XIXe siècle) attestent également la qualité de cette demeure.