Dossier d’œuvre architecture IA84000644 | Réalisé par
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
;
  • inventaire topographique
couvent de dominicains puis théâtre actuellement banque et immeuble à logements
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Carpentras - Carpentras
  • Commune Carpentras
  • Adresse 25 août 1944
  • Cadastre 1983 CE 442 à 445, 448, 450, 451, 1412 à 1414
  • Dénominations
    couvent, théâtre
  • Genre
    de frères prêcheurs
  • Appellations
    de dominicains
  • Destinations
    banque, immeuble à logements
  • Parties constituantes non étudiées
    église

HISTORIQUE

Le couvent des Dominicains fut fondé à Carpentras en 1312 : il se trouvait alors extra-muros, près de la porte méridionale de l'enceinte (porte Notre-Dame-du-Grès démolie en 1647). Entre 1357 et 1391, la construction d'un nouveau rempart sur l'0rdre d'lnnocent IV situe le couvent à l'intérieur du nouveau périmètre urbain, à proximité de la nouvelle porte Notre-Dame qui en est la limite sud.

De la première église des Prêcheurs, on ne sait rien si ce n'est que sa reconstruction au début du XVe siècle intervint probablement après un incendie. On ne connaît pas non plus la date précise du début des travaux, mais on peut la situer antérieurement à l'0uverture du chantier cathédral en 1404 ; d'ailleurs une messe fut célébrée en l'église des Dominicains par le pape Benoît XIII dès 1403, ce qui laisse supposer que la construction était déjà bien avancée. Le chantier qui se poursuivait d'est en ouest (le chœur et les trois dernières travées de nef correspondaient à la partie la plus ancienne de l'église) s'éternisa cependant jusqu'à la fin du siècle : de 1492 à 1497, l'architecte Blaise Lécuyer achève l'église. Elle fut consacrée le 24 février 1500 par Arnaud de Calvero, évêque d'Ancône.

La reconstruction définitive des bâtiments conventuels est plus tardive : en 1642-43, un nouveau cloître fut élevé grâce aux libéralités de l'archevêque de Bordeaux, Henri de Sourdis, exilé à Carpentras par Richelieu ; le couvent principalement constitué par un long corps de bâtiment flanquant le chœur de l'église au sud (actuel théâtre) fut réaménagé au XVIIIe siècle. Entre 1722 et 1730, une correspondance entre les Prêcheurs et Franque (cf . bibliothèque d'Avignon ms 1299) indique que l'architecte avignonnais intervînt au moins en tant que conseiller pour l'aménagement du couvent.

Les Dominicains quittèrent leur couvent en 1791. Dès 1803, la nef de l'église fut démolie pour faire place à des habitations ; il ne reste aujourd'hui que le chœur et la chapelle Notre-Dame du Rosaire qui lui fut accolée au nord (chapelle édifiée en 1650 aux frais de la confrérie des Sœurs du Rosaire).

Le couvent après avoir abrité les casernes fut partiellement aménagé en théâtre entre 1820 et 1822 par l'architecte départemental : la salle de spectacle n'occupait en effet que le rez-de-chaussée du bâtiment, les étages continuant d'abriter une garnison. Elle fut complètement réaménagée en 1862 par un entrepreneur-décorateur local, Baldouin. En 1902 une restauration s'imposa dont fut chargé l'architecte de la ville, Bonnaud : il reconstruisit la galerie appuyée contre la façade ouest qui menaçait ruine. Actuellement, le théâtre est complètement ruiné.

DESCRIPTION

Situation

L'ensemble couvent-théâtre-maison occupe un vaste espace à l'extrémité sud de la ville : les bâtiments sont disposés sur les côtés nord et est de la place du 25 août 1944 qui correspond à l'emplacement de l'ancien cloître des Prêcheurs.

Seul vestige de la construction du XVe siècle, le chœur de l'église aujourd'hui enclavé s'ouvre sur une médiocre cour est.

Occupant la majeure partie de la parcelle 451, le théâtre, qui présente une façade antérieure ouest sur la place, est installé dans l'aile principale A-B de l'ancien couvent.

La maison située sur la parcelle 448 , avec entrée au nord sur la rue du Vieil Hôpital, est l'une des habitations construites au début du XIXe siècle en remplacement de la nef D de l'église des Dominicains.

A. LE COUVENT

Composition d'ensemble

Le couvent se composait :

- d'une église axée ouest-est dont le chœur C était encadré au nord par la chapelle E Notre-Dame-du-Rosaire (aujourd'hui incorporée dans une maison privée, cette chapelle n'a pu être visitée) ; au sud par la sacristie A.

- d'un corps de bâtiment A-B en retour d'équerre au sud qui abritait l'essentiel du couvent (théâtre). Vue de volume depuis le sud-est.Vue de volume depuis le sud-est.

- d'un ensemble de constructions H qui donnait sur un vaste jardin est ; ces bâtiments qualifiés de cuisines et dépendances sur le plan conservé à la bibliothèque sont en partie démolis.

Matériaux

- Chœur de l'église : maçonnerie en pierre de Caromb, décor sculpté en pierre .

- Ancien couvent : maçonneries enduites, portes d'entrée en pierre, voûtes en pierre dans la partie extrême-occidentale du rez-de-chaussée, peinture murale en grisaille.

Structure

L'église avait une nef unique D de six travées bordée au nord et au sud par autant de chapelles intercalées entre de puissants contreforts. Elle était vraisemblablement couverte d'une voûte qu'épaulaient ces contreforts, selon le type des nefs uniques du Midi. Longue de 48 m pour une largeur de 24 m (profondeur des chapelles comprise) cette nef s'achevait par un chevet carré C.

Seul élément conservé, le chœur C (9 m de long sur 9 de large) est couvert d'une voûte d'ogives quadripartite avec clé en forme de médaillon. La retombée des différents arcs est interrompue par quatre culots ornés au-dessous desquels seules les ogives se poursuivent. Ce chœur a été subdivisé en étages : au rez-de-chaussée, il s'ouvre par une porte récente sur la cour est ; les étages sont accessibles par la tour d'escalier sud. La vis en pierre Ad (vis tournant à gauche sur un noyau) est relayée au deuxième étage par un escalier rampe sur rampe en plâtre, situé en Ab, qui conduit à l'étage placé directement sous la voûte. Cet étage conserve deux fenêtres hautes ébrasées en arc brisé : l'une d'elles est obturée, sur le mur nord ; celle de l'est reste ouverte.

Actuellement ce chœur est accessible depuis la place du 25 Août1944 par le vestibule Aa, et par le couloir Ab qui assurait la liaison entre l'église et le couvent.

Le couvent était principalement constitué par le corps de bâtiment parallélépipédique nord-sud à deux étages carrés au-dessus du rez-de-chaussée. De sa structure initiale ne reste que le vestibule Aa composé de deux travées carrées couvertes de voûtes plates classiques à la stéréotomie soignée, la première sur plan circulaire, la seconde sur plan carré, et séparées par un large doubleau retombant sur des impostes moulurées. Voûte plate du vestibule.Voûte plate du vestibule.

Élévations

- Élévations du chœur de l'église

Sur l'arrachement occidental, le grand arc triomphal par lequel la nef s'ouvrait sur le chœur est parfaitement visible.

L'élévation est n'a pas été vue.

Sur les élévations intérieures en grand appareil régulier se trouvent de nombreuses marques de tâcheron.

- Élévations du couvent

Façades enduites, à trois niveaux séparés par des bandeaux, qui ont été modifiées lors de la transformation de l'édifice en théâtre.

Néanmoins, les deux portes d'entrée du XVIIIe siècle ont été conservées sur les travées extrêmes : ces portes bâtardes, en arc segmentaire, avec chambranle mouluré et inscrites dans une travée de pilastres ioniques que couronne un fronton, sont bien dans la manière de l'architecte avignonnais Franque.

Couverture

Le chœur est couvert en appentis. Le couvent a un toit à longs-pans. Tuiles creuses.

Distribution intérieure

- Rez-de-chaussée

Dans le vestibule Aa et le couloir Ab, dallage fait de carreaux disposés en diagonale ; murs enduits.

- En Aa, les deux portes en vis à vis s'ouvrant l'une sur Ad, l'autre sur l'ancien couvent ont des chambranles moulurés à crossettes. Les deux voûtes plates sont séparées par un large bandeau de pierre, mouluré et orné de tables rentrantes carrées ; elles reposent sur un ensemble d'arcs segmentaires retombant sur des impostes.

- Un arc en plein-cintre avec clé et impostes introduit à Ab,voûté d'un berceau. Vers Ac et Ad, portes en pierre Louis XIV identiques à celles de Aa. La porte s'ouvrant sur la tour d'escalier Ae est en anse de panier.

- En Ac, dallage de pierre, murs en grand appareil régulier (à l'exception de la paroi ouest, en blocage, qui correspond à l'obturation récente du chœur), plafond à la française. Sur le mur sud sont conservés: - une porte gothique dont la partie supérieure de l'arc brisé a été tronquée par la construction du plafond moderne ; au niveau des impostes, vestige de chapiteaux à crochets

- une niche dont le linteau est orné d'un arc trilobé inscrit dans un arc brisé avec écoinçons sculptés de motifs végétaux. La porte donnant sur la cour est est en arc en plein-cintre.

- Deuxième étage

- En Ac se trouvent les quatre culots sculptés qui reçoivent les nervures de la voûte d'ogives du chœur. Ces culots sont figurés mais leur mauvais état de conservation ne permet pas d'identifier une iconographie par ailleurs peu courante (représentation de deux personnages couronnés : figures de l'Ancien Testament ?).

- Dans la pièce Ac, vestiges d'un décor peint sur plâtre en grisaille, du XVIIe siècle : - sur le mur nord, porte inscrite dans une travée de pilastres couronnée par un fronton cintré interrompu sur les rampants duquel étaient placés des putti

- dans l'angle à pan coupé sud-est frise de rinceaux

- Étage de la voûte du chœur

Clé de voûte ornée d'un médaillon rond sculpté d'une Annonciation.

Chapelle, choeur, clé de voûte sculptée d'une Annonciation.Chapelle, choeur, clé de voûte sculptée d'une Annonciation.

B. LE THÉÂTRE

Composition d'ensemble

La salle de spectacle, que son délabrement n'a pas permis de visiter, occupe le rez-de-chaussée de l'ancien couvent des Dominicains. Elle est encadrée à l'est et à l'ouest par deux corps de bâtiment longitudinaux F et G qui, construits en 1820-22, contiennent les dégagements du balcon. Ce bâtiment occidental F, couvert en terrasse, constituait en outre l'entrée du théâtre.

Matériaux

Maçonnerie enduite et reliefs en pierre de l'élévation antérieure.

Structure

Le théâtre, dont l'entrée se faisait par les deux portes aujourd'hui obturées de F, comprend une salle encadrée par le foyer Ba au nord, la scène Be au sud, des dégagements à l'ouest et à l'est.

Dans l'entrée Ba un grand escalier à deux volées tournant à droite autour d'un jour conduisait au premier étage, tandis que deux escaliers plus modestes contenus dans les angles nord de Bb permettaient l'accès au balcon. Le parterre et l'orchestre légèrement inclinés vers la scène étaient accessibles de Ba et de F et G.

Au premier étage, s'ouvraient 7 loges à l'italienne disposées face à la scène. La scène située au niveau de la place comprend un accès direct sur celle-ci : porte qui est aujourd'hui le seul accès du théâtre. Façade ouest du théâtre, pavillon M se détachant de l'avant-corps.Façade ouest du théâtre, pavillon M se détachant de l'avant-corps.

Élévations

L'élévation de F sur la place du 25 Août 1944 constitue véritablement la façade du théâtre. Façade à trois travées de baies en plein-cintre (aujourd'hui obturées) contenues entre deux avant-corps latéraux dans lesquels s'ouvraient des portails d'entrée. L'ensemble est couronné au-dessus d'une corniche moulurée par une balustrade sculptée en pierre.

Sur les avant-corps encadrés de pilastres d'angle à bossage, les portails en plein-cintre sont inscrits dans une travée de pilastres,entourés de refends, sommés d'une clé en pointe de diamant ; couronnement par un entablement sur la frise duquel est gravée l'inscription THEATRE MUNICIPAL. Des tables en pierre sculptées du monogramme R.F. encadrent par ailleurs ces deux portails dont les menuiseries ont cédé la place à un trompe-l’œil.

Couverture (Cf. supra.)

Distribution intérieure

Un dessin de la salle de spectacle signé par le décorateur Baldouin en 1862 est conservé aux archives départementales de Vaucluse.

C. LA MAISON

Composition d'ensemble

La grosse maison bourgeoise qui s'ouvre au 133, rue du Vieil Hôpital occupe une parcelle traversante parfaitement régulière, correspondant à une partie de l'ancienne nef des Dominicains. Elle se compose de deux corps de bâtiment disposés en équerre autour d'une cour sud-est, laquelle s'ouvre par un portillon sur la place du 25 Août 1944.

Matériaux

Maçonnerie enduite avec reliefs en pierre des élévations.

- Dallage du vestibule Aa en pierre ; aux étages tomettes rouges.

- Escalier principal en pierre de taille revêtu d'une mosaïque au début du XXe siècle. Escaliers secondaires en plâtre et bois.

- Cheminées de marbre avec hottes ornées de gypseries.

Structure

La maison comporte deux étages carrés au -dessus d'un rez-de-chaussée et d'un étage de caves ; la partie nord comprend en outre un troisième étage situé au-dessus du toit.

Le corps de bâtiment principal, triple en largeur, s'ouvre sur un long vestibule-cage d'escalier Da-b, qu'encadrent deux remises De et Dd. L'escalier est en rez-de-chaussée, à deux volées suspendues en retour à gauche autour d'un jour ; sous le repos se trouve la porte de la cave et une porte d'accès à la cour. La pièce De a une entrée indépendante sur la cour : porte précédée d'un degré de plusieurs marches et située dans l'axe du portillon. Au rez-de-chaussée Df est annexé par la banque occupant la parcelle mitoyenne ouest.

La maison : cage d'escalier vue du rez-de-chaussée.La maison : cage d'escalier vue du rez-de-chaussée.

Au premier étage, le palier de Da s'ouvre à l'est et à l'ouest sur deux vestibules Dcl et Ddl qui à l'origine comportaient des escaliers exactement identiques permettant l'accès aux étages supérieurs. Celui de Dcl est conservé : escalier à éclairage zénithal d'une volée suspendue par étage (24 et 19 marches), tournant à gauche autour d'un jour. L'autre a été reconstruit sur un plan différent : Ddl a une structure particulière : ce vaste vestibule paraît avoir constitué au départ une pièce ouverte au-dessus de la cage d'escalier de laquelle il est aujourd'hui séparé par une construction en bois comprenant deux baies vitrées et la porte d'entrée séparées par un ordre de colonnes toscanes. Il distribue les pièces de Df.

Élévations

- Élévation antérieure nord

Façade de type 71 M à trois niveaux que séparent des bandeaux et couronnée par une génoise à trois rangs. Les fenêtres, rectangulaires, ont appuis et cadres moulurés. Elles sont encadrées par une superposition de pilastres d'angle à refends. Au premier niveau s'ouvre une porte bâtarde à chambranle mouluré, inscrite dans une travée de pilastres doriques et dont l'entablement supporte un balcon en pierre bordé d'une rampe en fonte. Menuiserie dont les vantaux ornés de panneaux rectangulaires sont séparés par un pilastre cannelé au-dessous d'une imposte vitrée à grille. De part et d'autre de la porte, les remises s'ouvrent par un portail rectangulaire à cadre appareillé et clé.

- Élévations postérieures sud

Élévations semblables à trois niveaux couronnés par une génoise, comptant quatre travées en A et trois travées en B.

Clôture de la cour par un mur bas supportant une grille et dans lequel s'0uvre un portillon en fer forgé. Une pergola métallique s'appuie contre le mur ouest de la cour.

Couverture

Tuiles creuses.

Distribution intérieure

Rez-de-chaussée :

- En Aa et Ab, dallage de pierre dont les carreaux sont disposés en diagonale. Sur les murs, un décor peint comprend une plinthe en faux marbre jaune foncé au-dessus de laquelle un faux appareil est simulé par des traits jaunes sur un fond crème. L'escalier dont les marches et contre-marches ont été revêtues d'une mosaïque a un départ en volute, sur le limon à la française rampe en fer à barreaux droits sous une main-courante en bois. Le mur d'échiffre est orné d'une table saillante et dans sa partie arrondie d'un pilastre cannelé. Sous le repos, un arc en anse de panier, sculpté d'une tête de lion à la clé, retombe sur des pilastres doriques ; il est fermé par une menuiserie vitrée à cadre dormant.

Premier étage :

- Sur le palier de Ab s'ouvrent trois portes en plein-cintre avec impostes vitrées rayonnantes ; les menuiseries Restauration ont panneaux inférieurs à losanges et panneaux supérieurs rectangulaires. Le décor de la cage d'escalier se complète de la structure en bois formant le vestibule ouest qui comprend des baies à imposte rayonnante inscrites dans une travée de minces pilastres cannelés, et qu'encadrent deux colonnes toscanes placées dans des niches.

- Ac1 : escalier au départ en volute dont les marches sont revêtues de carreaux de terre cuite avec nez-de-marche en bois ; sur le limon à l'anglaise, rampe en fer à barreaux droits et main-courante en bois ; le mur d'échiffre est orné d'une table en creux.

- L'ensemble des pièces du premier étage ont un décor modeste : tomettes de terre cuite ; plafond à compartiments ; quelques cheminées de marbre (marbre blanc en Ad1) dont certaines ont leur hotte décorée de gypseries, généralement une travée de pilastres couronnée par une frise de rinceaux.

CONCLUSION

En l'état actuel, le couvent et le théâtre n'appellent pas de commentaires supplémentaires ; seules une visite et une recherche documentaire plus approfondies permettraient une meilleure connaissance des bâtiments.

L'habitation construite dans le premier quart du XIXe siècle sur l'emplacement de la nef de l'église des Dominicains est une grosse maison bourgeoise qui par certains éléments se donne des allures d'hôtel : notamment par l'escalier en rez-de-chaussée et le traitement du palier avec un ordre de colonnes. Cependant la simplicité du reste de la distribution, la médiocrité générale des décors la font classer parmi les maisons.

Le couvent des dominicains fut fondé à Carpentras en 1312 ; il se trouvait alors extra-muros. La première église a connu une très longue construction : commencée au tout début du 15e siècle, elle ne s'achève qu'en 1597 sous la direction de l'architecte Blaise Lécuyer. Érection d'un nouveau cloître en 1642-43 grâce aux libéralités de l'archevêque de Bordeaux, Henri de Sourdis, exilé à Carpentras par Richelieu. Le principal bâtiment, au sud du chœur de l'église, fut réaménagé entre 1722 et 1730, sur les conseils de l'architecte Franque (correspondance). Les dominicains quittèrent le couvent en 1791. Dès 1803 la nef est démolie pour faire place à des logements ; une grosse maison bourgeoise a été construite au début du 19e siècle sur l'emplacement de la nef. Il ne reste aujourd'hui de l'église que le chœur et la chapelle Notre-Dame-du-Rosaire édifiée en 1650 aux frais de la confrérie des Sœurs du Rosaire. Le couvent a abrité des casernes, en même temps que le rez-de-chaussée était transformé en théâtre entre 1820 et 1822 et réaménagé en 1862 par un entrepreneur décorateur local, Baldouin. Une restauration s'imposa en 1902, par l'architecte de la ville Bonnaud : il reconstruisit la galerie appuyée sur la façade ouest qui menaçait de s'écrouler ; actuellement le théâtre est complètement ruiné.

Les bâtiments restants du couvent sont disposés sur deux côtés de la place, qui correspond à l'emplacement de l'ancien cloître. L'église avait une nef unique à chevet carré, bordée de six travées de chapelles intercalées entre de puissants contreforts. Le choeur est couvert d'une voûte d'ogives ; il a été subdivisé en étages accessibles par un escalier en vis en pierre puis par un escalier rampe-sur-rampe. Les voûtes retombent sur quatre culots sculptés ; vestiges d'une peinture monumentale ; clé de voûte ornée d'un médaillon. Le couvent était principalement constitué par un corps de bâtiment parallélépipédique à deux étages carrés ; de sa structure initiale il ne reste que le vestibule composé de deux travées de voûtes plates classiques, la première sur un plan circulaire, la seconde sur plan carré. Elévations intérieures du choeur en grand appareil, celles du couvent en maçonnerie enduite, à trois niveaux séparés par des bandeaux. Les deux portes d'entrée ont été conservées sur les travées extrêmes ; portes en arc segmentaire inscrites dans une travée de pilastres ioniques que couronne un fronton. La salle de théâtre occupe le rez-de-chaussée de l'ancien couvent, encadré de part et d'autre de deux bâtiments longitudinaux avec deux pavillons en ressaut sur la façade, qui contiennent les dégagements du balcon ; celui sur la place servait également d'entrée ; le foyer se trouve au nord, la scène au sud. Un parterre, un balcon et sept loges face à la scène, accessibles par un grand escalier dans le foyer et deux escaliers plus modestes dans les angles de la salle. La façade antérieure est surtout constitué par l'aile basse construite pour le théâtre : façade à trois travées de baies en plein-cintre (aujourd'hui obturées et peintes en trompe l'oeil) contenues entre deux avant-corps latéraux dans lesquels s'ouvraient des portails d'entrée. L'ensemble est couronné, au-dessus d'une corniche moulurée, par une balustrade en pierre. Avant-corps : chaînes d'angle à bossages adoucis, et portails plein-cintre inscrits dans une travée de pilastres entourés de refends et sommés d'une clé en pointe de diamant. Couronnement par un entablement portant l'inscription THEATRE MUNICIPAL.

  • Murs
    • enduit
    • moellon
    • maçonnerie
    • pierre de taille
    • grand appareil
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • voûte plate
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier en vis en maçonnerie
    • escalier tournant
  • État de conservation
    vestiges, restauré, remanié
  • Techniques
    • peinture
    • sculpture
  • Représentations
    • rinceau
    • pilastre
    • fronton
    • putto
    • tête
    • homme
    • roi
    • médaillon
    • ange
    • Vierge
  • Précision représentations

    Peintures dans le choeur : porte inscrite dans une travée de pilastres, couronnée par un fronton cintré interrompu sur les rampants duquel étaient placés des putti. Deuxième étage du choeur : culots sculptés d'une tête d'homme couronnée. Médaillon de la clef de voûte : Annonciation.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Protections
    inscrit MH, 1932/06/09
  • Précisions sur la protection

    Choeur de l'église : inscription par arrêté du 9 juin 1932.

  • Référence MH

Bibliographie

  • AMEYE, abbé H. Histoire des communautés religieuses à Carpentras. Les Dominicains. Dans Rencontres, n° 23, novembre 1960.

  • MONTAGNES, B. Architecture dominicaine en Provence. Paris : Éditions du CNRS, 1979.

Documents figurés

  • Carpentras. Le théâtre municipal. Brun et Cie (éditeur). Carte postale, sd.

Date d'enquête 1988 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Giraud Marie-Odile
Giraud Marie-Odile

Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.