Opératrice de saisie Inventaire.
- inventaire topographique
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Heller MarcHeller Marc
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1970 à 2006.
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Roucaute GérardRoucaute Gérard
Photographe au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2005.
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Dossier non géolocalisé
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Aire d'étude et canton
Cavaillon - Cavaillon
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Commune
Cavaillon
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Dénominationsville
I. CENTRE INTRA MUROS
1. Situation
Cavaillon, à l'extrémité sud, sud-ouest du département de Vaucluse est située au bord de la Durance, sur la rive droite, et au pied de la colline Saint-Jacques s'élevant à l’ouest.
La ville s'est entièrement développée sur un site de plaine.
A Cavaillon, convergent les routes de Saint-Rémy, Pertuis, Apt, l'Isle-sur-Sorgue et Avignon; d'autre part, l'autoroute A7 longeant la Durance passe à proximité de la ville.
2. Plan
Le centre ancien est délimité par les cours Ernest Rena, Gambetta, Victor Hugo, Bournissac et Sadi Carnot.
Sa forme générale est celle d'un trapèze dont la base est à l’ouest. Les boulevards extérieurs - appelés cours l'entourent ; la place du Clos le borde au sud-ouest. Ses dimensions sont de 400 mètres dans sa plus grande largeur et de 460 mètres du point extrême nord au sud.
En l'absence de fouilles archéologiques nombreuses, anciennes et systématiques, on ne connait presque rien de la ville romaine. L'observation du plan actuel donne l'illusion d'un tracé orthogonal axé du nord au sud. Mais ce tracé n'est pas suffisamment net, comme à Carpentras par exemple, pour qu'on y reconnaisse la marque du programme antique. Peut-être s'agit-il tout au plus d’un ensemble dont les directions orthogonales générales se sont vaguement conservées au gré du gommage progressif depuis cette époque comme à Apt.
Peut-être peut-on voir dans le tracé courbe de la rue Lamartine prolongée à l’ouest par la rue Agricol Perdiguier jusqu'à la place Cabassol, et au nord par la rue Jean-Jacques Rousseau et l'oblique de l'ancien Hôtel-Dieu, l’empreinte d'un noyau resserré autour de la cathédrale, comme c'est le cas, très net à Carpentras. Ce n'est là qu'une hypothèse qui permettrait d'expliquer ces irrégularités. La ville se serait donc développée au-delà de ce noyau marquant le cœur de la ville antique : on y trouve la cathédrale et l'emplacement d'origine de l'arc romain considéré jusqu’à présent comme arc de carrefour.
Les quelques documents figurés semblent nous indiquer que la ville a dû très tôt avoir sa configuration actuelle. Le dessin du 16e siècle paraît en effet renvoyer aux mêmes éléments que le plan de 1788. On distingue nettement sur ce plan le tracé des remparts qui entouraient la ville jusqu'à ce que les derniers vestiges disparaissent en 1908.
Ces remparts étaient percés de 6 portes dont le nom nous est connu par ce document. Deux d'entre elles se trouvent à proximité d’ouvrages fortifiés :
- à l’est de la porte e (de la Brèche) apparaît une tour ronde,
- au nord de la porte I (de Saint-Michel) il s'agit d'une avancée de plan carré.
Sur le dessin coloré de Michel Jouve, un fossé ou un cours d'eau (en bleu) borde toute la portion sud-est de la ville y compris une zone à l’est, de forme triangulaire, indiquée en vert. Il s'agit vraisemblablement de marais dont l'emprise de forme géométrique régulière reste inexpliquée.
De 1788 à nos jours se sont multipliés les axes perpendiculaires, souvent par prolongation des impasses en cœur d'îlots.
Les grands axes se sont maintenus (Grand rue, rue Michelet, de la République Joseph Guis) mais on assiste au début du 20e siècle à la création d'un nouvel axe nord-sud formé par la voie qui porte successivement les noms de Pasteur Waldeck-Rousseau, Castil Blaze, Raspail et Aimé Boussot. Il donne à la ville cette division très nette en quatre quarts (que l'on a conservée pour le repérage) marqués aussi par l'axe perpendiculaire Paul Bert-République.
Les autres voies Est-Ouest partent toutes de la Grand'rue ou du quartier de la cathédrale. Les principaux édifices de la ville - hormis la synagogue élevée au centre d'un secteur marginal plus à l’est -sont lié s à ces axes et à ce centre. Ainsi les deux grandes chapelles du Couvent et de l’Hôpital s'alignent sur la Grand’rue de même que l'école Castil Blaze, tandis qu'autour de la place Philippe de Cabassole se réunissent Hôtel de Ville, école et ancienne halle.
Actuellement, on note une orientation générale des rues nord-sud convergeant à la place J. Bastide et des rues transversales vers la place Gambetta, toutes deux d'anciennes portes de ville. La trame sous-jacente est liée aux trois pôles initiaux nord, est et sud et on peut penser que le tracé direct du cours Gambetta fut en fait conçu pour relier directement les deux points est et nord. Depuis 1788, la formation des boulevards extérieurs a permis l’alignement des franges de la ville.
En fait, dans ses grandes lignes le plan de Cavaillon évoque beaucoup plus celui d’Apt que celui de Carpentras ou Avignon. Sa caractéristique est bien l'absence d'un centre et d'un schéma directeur, peut-être par la dilution progressive d'un tracé trop ancien (antique) et faute d'un regroupement urbain bien défini au tour d'un pôle d'attraction. Son évolution reste à déterminer par des recherches plus approfondies.
3. Voirie
a- Les rues et passages
Les rues principales aboutissant aux portes de la ville se nomment sur le cadastre de 1832 :
- rue Porte Saint
- rue Michel à l’est (actuelle rue Michelet),
- rue de la Brèche au sud-est (même nom actuel),
- rue de la Porte du Clos au sud (actuelle rue R. Michel),
- rue de Notre-Dame à l’ouest (actuelle rue Diderot),
- Grand’rue qui se poursuit au sud en "rue royale".
En trois points stratégiques, les anciennes portes correspondent aujourd'hui à de grands carrefours, vers Avignon au nord, vers Apt à l'est, vers la Durance et les Bouches-du-Rhône au sud.
Tous les boulevards cernant la vieille ville portent le nom de cours alors que sur le cadastre de 1832 le cours Gambetta s'appelle boulevard de la Ville.
Avenue Jean Jaurès, vue d'ensemble d'est en ouest.Cours Gambetta, banque (ancien café), vue d'ensemble.
On a vu avec l'étude du plan la formation de la voirie et il faut souligner le tracé noueux de la rue de la République formant en son centre un coude issu de la présence d'un îlot pointu orienté nord-sud visible sur le document de 1788. De plus, une particularité est à signaler ici ; il s'agit du grand nombre d'impasses que l'on rencontre partout dans la ville. En général, elles desservent les cœurs d'îlots de grande taille (et beaucoup depuis 1788 sont devenues des rues) et sont nombreuses dans la partie ouest.
L'îlot 2, spécialement, a la particularité remarquable d'être traversé par trois impasses parallèles disposées en "tuyaux d’orgue" de taille décroissante (environ 75, 50 et 45 mètres) et deux d'entre elles (de l’Oubli et Lagnel) sont couronnées à leur extrémité par un arc en anse de panier, tandis que le départ de la première est couvert d'une construction portée par quatre arcs. Il est curieux de noter que sur le dessin de Michel Jouve n'apparaît pas la seconde de ces impasses.
Au nord-est, la rue Emile Zola forme également une impasse dans l'îlot 8 et correspond à l'extrémité sud du triangle tardivement urbanisé.
La largeur des rues,est inégale selon leur emplacement et leur fonction. Les impasses sont les plus étroites (3-4 mètres), les boulevards extérieurs les plus larges (de 12 mètres pour le cours Carnot à 25 mètres pour le cours Gambetta).
En moyenne, les rues du centre ont de 6 à 8 mètres mais une même rue peut subir des variations, s’élargissant ou se rétrécissant selon les alignements et les destructions.
Les plus importantes de ces variations sont dues à un élargissement volontaire de rues atteignant ainsi presque la dimension de places dont elles ont parfois pris le nom : c'est le cas de l'axe principal nord-sud (rue Pasteur à A. Boussot) obéissant peut-être à un tracé antique obstrué retrouvé au 19e siècle. Ainsi l'étroite rue Saint-Etienne est devenue la rue Raspail s'étendant sur 20 mètres environ.
Les rues de Cavaillon sont toutes de nos jours recouvertes de bitume excepté l'impasse de l'Oubli qui conserve une belle calade alors que toutes les rues de la ville étaient encore faites ainsi au début du 20e siècle.
Quant aux passages, rues ou portions de rues couvertes, ils sont peu nombreux. Il y a ceux de l'impasse de l'Oubli et celui de la synagogue élargi en 1900 par déplacement vers l'ouest de l'escalier de la synagogue ; les ensembles de galeries couvertes des places Castil-Blaze et aux Herbes seront décrits dans le chapitre suivant.
Début de l'impasse de l'Oubli, couvert d'une construction sur quatre arcs. Impasse de l'Oubli.
b- Les places
Elles sont toutes localisées dans la partie sud de la ville.
Comme dans la plupart des villes provençales, les places de Cavaillon apparaissent comme des espaces résiduels, résultant de la démolition de maisons ou d'îlots entiers, et non d'un programme urbain précis. Les plus anciennes, qui figurent sur le plan de 1788 sont les places du Commerce, Joseph Guis, du 4 septembre, Joseph d’Arbaud. Les plus récentes ont été créées au 20ème siècle, vers 1930 (rue Waldeck-Rousseau), vers 1960 (emplacement du cloître Saint-Benoît et de la gendarmerie), quartier du Fangas où la reconstruction a permis l'aménagement de parkings. L'élargissement de la rue de la République, après disparition de l'extrémité d'un îlot, crée 2 espaces juxtaposés, temps de repos dans le tracé de la rue qui constituent presque des places.
Certaines places cependant sont des créations volontaires : la place Voltaire est en fait le parvis de la Cathédrale.
Deux places méritent une mention particulière : la place aux Herbes et la place Castil-Blaze (ancienne place des Dominicains). Toutes deux orientées nord-sud, elles étaient encadrées de deux rangs de maisons sur galeries ouvertes. Quelles que soient les péripéties de leur création, ces deux espaces étaient dévolus à des activités commerciales, disposition que l'on rencontre dans de nombreuses villes dès le Moyen Age.
Quant aux deux édifices principaux de la ville, la cathédrale et l’Hôtel de Ville, ils sont dégagés sur trois côtés par des places. Les dimensions de ces places restent modestes (en moyenne 15 à 20 mètres de côté, 65 mètres pour la plus longue, Aimé Boussot). Aucune ne présente de composition architecturée, mais pratiquement toutes sont plantées d'arbres, essentiellement de platanes.
Place Voltaire, vue prise du nord-est. Place Castil Blaze, arcades.
4. Tissu urbain et parcellaire
Le tissu urbain est dans l'ensemble plus dense autour de l’emplacement des portes de la ville, plus lâche entre elles, et en particulier dans des secteurs encore vierges en 1832, au sud et à l’ouest où se trouvent la majorité des jardins.
La ville compte 41 îlots, en tenant compte de l’îlot 58 détruit, de la formation de deux îlots distincts 30 et 31 depuis la disparition d’une partie des bâtiments conventuels et de la distinction également de deux îlots de part et d’autre du passage, sous la synagogue de la rue Hébraïque. Ces îlots sont de forme et de taille très irrégulière et comprennent d’une (îlot 9) à une quarantaine de parcelles.
Dans le premier quart nord-ouest, ils s'ordonnent de chaque côté de la Grand’rue, allongés d’est en ouest à gauche. Dans la portion nord-est, ils se répartissent dans une forme triangulaire et ont des formes géométriques simples, carrées, rectangulaires et triangulaires. Le plus petit îlot qui n'est fait que d'une parcelle (îlot 9) est une particularité compte tenu de son emplacement contre l'ancienne porte de la Couronne.
Les plus grands îlots qui contiennent en général un tissu resserré de petites parcelles sont percés d'impasses. Nous l'avons vu pour les îlots 2, 29 et 28 du premier quart nord-ouest mais c’est le cas également dans les îlots 33, 55 et 39.
Les parcelles sont en majorité de taille rectangulaire et de forme assez régulière, s’enfoncent à l’intérieur de l’îlot et présentent sur la rue leur petit côté qui mesure en moyenne 5 à 8 mètres pour le petit parcellaire (types à 1 et 2 travées).
A l’intérieur d’un même îlot, les petites parcelles peuvent coexister avec les grandes qui appartiennent aux demeures de formation relativement récente (18e siècle pour les première et quatrième maisons de la Grand'rue, la première rue Dupuy Montbrun, 19e siècle pour la maison place Voltaire, la 6e maison de la Grand’rue, etc.).
Au nord, dans l’îlot 2, la très grande parcelle 682 appartient au garage Peugeot qui s’est agrandi vers l’est par récupération de petites parcelles. On trouve assez souvent de petites parcelles identiques, étroites, groupées par deux qui ont été formées par division de plus larges parcelles (ex. : îlot 37 p. 140, 141, îlot 52, p.593, 594, îlot 40, p. 342, 343) mais qui sont en majorité de formation ancienne et inversement des parcelles carrées en regroupant deux petites (ex. îlot 29 p. 723).
La juxtaposition de parcelles longues et étroites apparaît très nettement sur les franges sud et est de la ville en particulier en ce qui concerne les îlots 23, 47, 39, 10 et de 8 à 4.
Le long du cours Gambetta les îlots 5, 6 et 7, créés récemment sur un espace vierge de forme triangulaire, sont composés de parcelles disposées en éventail.
Essentiellement regroupés dans la partie centrale de la ville, certains découpages arrondis de parcelles trahissent la présence de tours dont certaines sont facilement visibles dans le paysage urbain (ex. : p. 732, îlot 29, p. 786, îlot 25, p. 581, îlot 51, p. 561, îlot 61, p. 164, îlot 56). Dans chaque îlot (mais plus rarement dans les îlots limitrophes 5, 6, 7, 1l, 23), le milieu bâti est aéré par d’assez nombreuses cours et quelques grands jardins (p. 636, îlot 3, p. 74 5, îlot 28, p. 1235, îlot 25).
Ilots 58 et 38, vue prise de l'ouest. Ilot 60 et hôtel de ville, vue d'ensemble prise de la colline Saint-Jacques.
5. Espaces libres et volumes
La hauteur moyenne des maisons sur l’ensemble de la ville est de 3 niveaux sur rue mais ces niveaux n’ont pas les mêmes proportions selon leur localisation.
L'alignement le long de l’impasse de la Glacière, voie très étroite, culmine environ à 7 mètres mais présente des décrochements nombreux (appentis, portails).
Le long de la Grand’rue, les façades sont plus élevées, 9 mètres en moyenne, mais leur taille paraît minimisée par le voisinage de l’immense façade de la Chapelle Saint-Benoît.
De même, surgissant sur la rue Raspail dans un quartier où les maisons à trois niveaux ne sont pas très élevées, le bâtiment de l’ancienne Caisse d’Epargne étire ses étages aux larges proportions.
Sur les boulevards extérieurs, cette moyenne de trois niveaux correspond à des édifices atteignant 12 mètres. La possibilité de recul influe sur la conception de ces façades plus ordonnancées et décorées, aspect particulièrement frappant à l’angle des cours Hugo et Bournissac où se dresse la grande maison à la façade composée en 3 pans.
Les hauteurs du bâti culminent dans les quartiers rénovés, au sud-est de la ville (îlots 10, 38 et 57), dont le dégagement depuis la disparition de l’îlot 58 accentue le caractère imposant.
Les deux sommets s'élevant nettement au-dessus de la ville sont le clocher de la cathédrale et la chapelle Saint-Benoît.
6. Matériaux
Alors que la majorité des maisons sont construites en maçonnerie de moellons enduits, la pierre de taille est réservée à certaines parties de l’habitat urbain et aux édifices publics.
On trouve ainsi fréquemment employée pour les édifices les plus anciens la pierre calcaire jaune dite coquillier qui a servi à construire les tours d'escaliers et la cathédrale. Mais elle est également présente dans les galeries, celles de la place aux herbes et celles de la place Castil-Blaze. Enfin on peut noter qu'elle apparaît comme élément d'urbanisme marquant dans la travée de la maison de la Grand’rue placée dans l’axe de la rue Castil-Blaze (le reste de la façade est enduit).
La pierre de taille de nature calcaire blanc fin constitue le matériau de base des grandes demeures du centre et des maisons relativement récentes bordant les boulevards extérieurs, mais est employée également pour les modénatures de la plupart des autres maisons (portes, encadrements de baies...). Elle se distingue au centre de l’agglomération sur les grands édifices publics et religieux des 17e et 18e siècles.
En premier lieu et de façon saisissante, elle apparaît à la chapelle Saint-Benoît où cette pierre fine est particulièrement sculptée, ensuite à la chapelle de l’Hôtel-Dieu et sur les vestiges de l’Hôpital, enfin à l'Hôtel de Ville, y compris son agrandissement et l’ancien dispensaire.
A quelques mètres de là dans la rue Raspail, la grande façade de l’ancienne Caisse d’Epargne a été réalisée dans le même matériau au début ,du 20e siècle.
En ce qui concerne des constructions plus récentes en pierre il faut citer la série des immeubles des années 1960-1970 qui couvrent les îlots 57 et 38 où la nature et l'origine de cette pierre blanche associée au béton n'ont pu être déterminées.
Les deux écoles de la ville - et le bâtiment de l'ancienne halle inclus dans l'école Signoret - sont bâties avec les mêmes moellons de calcaire blanc ou gris disposés selon un appareil polygonal.
La brique rouge a très peu été utilisée dans Cavaillon sauf pour l'étrange galerie de la place Joseph Guis pour les pavillons d’entrée de la maison du cours Bournissac et pour quelques parties de maisons.
7. Le paysage urbain
Nous n’avons comme unique vestige des remparts que la porte dite d'Avignon ou du moulin, à l’extrémité nord de la Grand’rue.
Les principaux édifices publics et religieux sont localisés dans la partie ouest de la ville.
Au 19e siècle, s'est développé un intérêt pour le sud de la ville qui a transformé sa physionomie.
En effet, c'est près de la place du Clos que l'on a replacé l’arc romain qui, tout comme le passage Vidau à proximité, dont l’entrée est sculptée fait presque office d'une porte de ville.
Les abords de la ville sont soignés, les places se constituent, avec les éléments marquants, édifices publics ou cafés, et l'angle sud-est bénéficie d'un traitement d'urbanisme particulier avec l’érection d’une grande maison à trois pans, épousant la forme du boulevard, caractéristique du traitement des angles de rues au 19e siècle.
Par ailleurs il existe, toujours dans ce quartier sud, deux opérations d'urbanisme datant vraisemblablement de la fin du 19e siècle. Cette date est attestée en ce qui concerne la première, réalisée par Charles Vidau et concernant les îlots 23, 24 et 48, et plausible par rapprochement pour la deuxième qui se situe le long de la rue Joseph Guis. A l'angle nord-ouest de l'îlot 39, les maisons occupant les parcelles 1251, 1250 et 321 présentent des caractéristiques communes : composition d'ensemble avec maison au nord, jardin et garage à l'extrémité sud, similitude des percements aussi bien côté rue que côté jardin et mêmes portes à imposte en fer forgé.
Il faut rappeler ici, dans le cadre du paysage urbain la présence des passages couverts formés, en bordure de la Place Castil-Blaze et de la place aux Herbes par une série de couverts.
En ce qui concerne la première, une grande partie a disparu au cours du siècle dernier entre 1832 et 1894 puisqu'à cette date fut érigé le buste de Castil-Blaze et que sur le cliché où il figure à sa place initiale ne subsistent déjà plus que les 5 arcades que l'on peut voir encore aujourd'hui. Elles sont couvertes de solives en bois comme celles de la place aux Herbes, conservées également sur le côté est, tandis que le côté ouest, visible sur des cartes postales anciennes, n’a été totalement détruit qu’il y a une vingtaine d'années.
Il existe des galeries de ce type à Tarascon mais dans l’ensemble cette forme de passages est assez rare dans notre région. Ce qui est frappant à Cavaillon c'est l'absence de clocher ou de beffroi et surtout de fontaines publiques. La seule grande place aménagée avec une fontaine est la place Gambetta ; l’autre monument de ce type est celui consacré à Castil-Blaze qui se dresse dans la rue Waldeck-Rousseau. C'est à cet endroit qu’a lieu tous les lundis un marché à la volaille traditionnel, prolongement du marché de grande importance qui s’étend au sud de la ville sur la place du Clos, le cours Bournissac et jusqu’à la rue Raspail.
Cette partie sud connaît également le plus grand nombre de commerces -absents des îlots résidentiels du quart nord-ouest- activité dont la longue rue de la République forme l’axe principal aujourd'hui piétonnier.
Rue de la République et début de la rue Lamartine.Rue de la République angle de la rue du Four Neuf.
Le cours Carnot faisant face à la colline Saint-Jacques est à cet égard beaucoup moins fréquenté que les cours Gambetta et surtout Victor Hugo et Bournissac, l'activité s'étant déplacée vers le sud est en raison des voies de communication et de l’emplacement de la gare. Liés à la présence du marché hebdomadaire se sont développés sur ces deux derniers, de nombreux cafés et cercles de rencontre. Quelques-uns de ces grands cafés sont restés (principalement le "Fin de siècle" au décor abondant et coloré) mais la plupart ont été transformés en banques (ex. cours Gambetta) ou en grands magasins, ce qui est le cas du Monoprix (ancien Café des Négociants). Ces établissements ont abrité à la fin du siècle dernier des cercles à caractère social, politique ou ludique dont le grand nombre était une des ,caractéristiques de l’activité de Cavaillon.
Le développement agricole exceptionnel du terroir a occasionné la fondation de nombreuses maisons effectuant l'expédition de fruits et légumes. Ces grandes maisons étaient plutôt établies le long du cours Sadi Carnot au début du siècle ce qui apparaît encore à travers l’enseigne peinte de l’Hôtel Place Voltaire. Enfin, certaines maisons ou constructions du centre semblent avoir abrité des entrepôts ; c'est peut-être la fonction de cette mystérieuse galerie de briques, place Joseph Guis, au fond de laquelle se trouve une cheminée, tandis que la deuxième maison rue Lamartine a pu servir d’entrepôt à chardons ainsi que l'a transmis la tradition orale.
II. FAUBOURGS
Progressivement réunis à la ville après la démolition des remparts dans le courant du 19e siècle, les faubourgs de Cavaillon occupent un vaste territoire de plaine. Répartis sur 15 sections cadastrales, ils se sont essentiellement développés vers l’est. La Durance au sud et son affluent le Coulon au nord ne leur ont permis qu'un développement limité dans ces deux directions. Principale frontière naturelle, la colline Saint-Jacques qui domine la ville d'un aplomb de 60 mètres a empêché toute extension à l’ouest. C'est donc au pied de la colline et tout autour du noyau de la vieille ville que s’est faite l’urbanisation des faubourgs selon un schéma rayonnant imposé par les vieux chemins ruraux. Entre ces chemins, aménagés à la périphérie du centre-ville en larges boulevards et avenues, se répartissent sur une ligne courbe nord-ouest/sud-ouest ,les quartiers suivants :
- Les Vergers (AZ),
- Notre-Dame du Mont Ravel (AZ, CO, CN),
- Le Ratacan (CO, BT),
- Les Condamines (CO, CN),
- Les Basses-Ferrailles (BT, CM),
- Les Hautes-Ferrailles (BX, BY),
- La Clède (BY),
- Les Ravaou (BX),
- Les Basses-Arcoules (BZ),
- Les Hautes-Arcoules (BZ),
- Le Camp (AX, CD),
- Boscodomini (AX, CD, CH),
- Les Grands Jardins (CH, CI, CE),
- La Tour-Neuve (CE),
- Le Cagnard (CI).
L'ensemble est traversé par un axe nord-sud que suivent les deux principales voies de circulation : la route nationale 538 et la ligne du chemin de fer, qui toutes deux enjambent la Durance. Le canal Saint Julien, qui traverse toujours la ville, suit également cet axe dans sa partie septentrionale (il longe la route d’Avignon).
1. Les cours d'eau
Les cours d'eau qui délimitent ou traversent la ville ont joué un rôle important dans son développement économique, mais sont aussi les principaux responsables de son évolution topographique. La Durance avec ses redoutables crues n'a autorisé l’urbanisation de la partie méridionale de la ville qu'après la construction d’une digue au début du 20e siècle. Un premier pont monumental fut jeté sur la rivière en 1931 qui, détruit en 1944, fut définitivement reconstruit en 1956, assurant à nouveau la liaison de la ville avec la rive gauche et avec le département des Bouches-du-Rhône. Aujourd'hui, la ville a rejoint la Durance qui en constitue ainsi la frontière sud.
Au nord, le Coulon a au contraire permis par le drainage précoce de la plaine l'implantation d'une activité agricole importante, encore attestée aujourd'hui part de nombreuses fermes.
Dans la ville même, deux canaux ont favorisé la création d'entreprises artisanales ou industrielles. Le canal Saint-Julien continue de s’écouler à l'air libre à quelques mètres du cours Gambetta et le long du quartier des Condamines.Maintenant recouvert, le canal Crillon traversait autrefois le quartier de la Tour Neuve au sud du cours Bournissac et alimentait essentiellement le moulin Crillon qui se situait à l'emplacement de l'actuel conservatoire (rue de l'abattoir, CK 837). Enfin de nombreux petits canaux et fossés d’écoulement sillonnaient les faubourgs dont les seuls témoins sont aujourd'hui les canaux d'irrigation qui bordent les allées du quartier des Grands Jardins.
2. Le chemin de fer
La vocation agricole et surtout maraîchère de la ville nécessitait un important réseau de communication. Aux nombreuses routes joignant les villages et bourgs satellites de Cavaillon (Les Vignières, Les Taillades, Cheval-Blanc, etc.), à la route nationale 538 (autrefois chemin d’Avignon et chemin d'Orgon du nord au sud), le chemin de fer est venu s'ajouter dans la seconde moitié du 19e siècle : la ligne Cavaillon-Gap fut mise en service en 1872. Comme dans la plupart des villages, la construction de gare fut à Cavaillon à l'origine de la création d'un nouveau quartier : situé au sud-est de la place Gambetta, il s’organise autour des deux avenues Maréchal Joffre et Paul Doumer qui comptent parmi les rares créations de la ville en matière de voirie.
3. La voirie
La voirie des faubourgs de Cavaillon se compose autour de la ceinture des cours héritée du 18e siècle d'un ensemble de larges boulevards et avenues sur lequel ouvrent impasses et allées.
La confrontation du plan actuel de la ville avec le plan de 1788 dessiné par Michel Jouve avec le cadastre de 1832 fait apparaître une grande stabilité des structures urbaines. L’ensemble des cours qui entouraient autrefois l'enceinte de la cité et qui s’articulent autour des trois places du Clos au sud, Jean Bastide au nord et Gambetta à l'est a été très exactement conservé ; le paysage n'y est modifié que par la suppression des rangées de platanes qui ornaient ce tour de ville et dont les cartes postales du début du 20e siècle ont gardé l'image. Les seules innovations concernent le quartier du Clos : affectés au marché hebdomadaire de la ville, la place et ses environs ont nécessité à plusieurs reprises des taux d'aménagement toujours dans le but de désengorger le marché. Ainsi après une décision du Conseil municipal en 1862, la place François Tourel est établie sur l'emplacement de l'ancien cimetière, qui, créé en l’an III, avait été désaffecté dès 1846 pour cause d'insalubrité ; la croix située devant l'hôtel du Parc en est le seul vestige. Le cimetière juif qui lui faisait suite à l'ouest et dont une plaque sur le rocher de Saint-Jacques rappelle l'existence, ne fut désaffecté qu'en 1902. D'autres travaux d'agrandissement du Clos furent entrepris à la fin du 19e siècle. Un plan de 1889 conservé aux Archives départementales mentionne le dégagement de l'angle nord-ouest de la place. Enfin, en 1941, fut créée au sud de l’esplanade du Clos la place Roger Salengro, après expropriation des jardins de la villa Joséphine et de la maison appartenant au musée Calvet.
A la périphérie immédiate de la vieille ville, l'ouverture de nouvelles voies est un phénomène limité. Elle concerne essentiellement les quartiers de la gare et de l’ancienne Charité. En 1876, l'avenue de la Gare actuellement Maréchal Joffre, est construite suite à la proposition de plusieurs propriétaires cavaillonnais de céder gratuitement à la ville l'emplacement nécessaire à la ,création d'une avenue de 150 mètres de long et de 18 de large. Quelques années plus tard, la nécessité d’une communication directe entre la place Gambetta et la place de la Gare conduit à la création d’une nouvelle avenue, l'avenue Paul Doumer, dont le tracé fut établi dès 1924 (plan conservé aux Archives départementales), n’est percée qu’en 1931 d’après les plans de l’architecte départemental Olagnier ; on attribue son tracé courbe et son aboutissement légèrement au nord de la place de la Gare à la volonté de ménager la susceptibilité de propriétaires réfractaires.
C'est immédiatement après la désaffection de l'ancien hôpital-hospice de la ville que fut prise la décision d'établir un boulevard sur les terrains de la Charité. En 1907, les travaux sont adjugés à l'entrepreneur Véran Dublé qui doit réaliser deux boulevards formant entre eux un angle droit, prenant naissance dans l'avenue des Ecoles (aujourd'hui Victor Basch) et aboutissant au cours de la Charité (cours Victor Hugo). La portion axée nord-sud du boulevard Emile Zola sera modifiée quelques années plus tard avec la création de l'avenue Paul Doumer (voir ci-dessus).
Ces quelques créations mises à part, l'aménagement des faubourgs de Cavaillon a consisté dans la transformation des chemins vicinaux en voies urbaines. La superposition des cadastres ancien et rénové permet ainsi de retrouver les chemins de :
- Orgon, avenue Gabriel Péri, puis de Verdun,
- Marseille, avenue Victor Basch,
- Gordes, avenue Sarriete puis Kennedy,
- Lagnes, boulevard Faubourg des Condamines,
- Avignon, avenue Clémenceau,
- Robion, boulevard Coty,
- Taillades, boulevard Albin Durand,
- Saint-Jean, avenue Berthelot,
- La Planque ou de la Barque, avenue de Stalingrad.
Le chemin du Cagnard et la route de Pertuis au tracé légèrement modifié ont conservé leur nom.
Voie rectiligne traversant le quartier des Condamines, l'avenue du Général de Gaulle qui, établie entre l’avenue Clémenceau et le boulevard des Condamines, dessert cimetière, groupe scolaire et lotissements, constitue la seule percée récente à proximité du centre ancien.
Autour de ce réseau relativement ancien on trouve deux types d'aménagements :
- le système traditionnel de rues reliant entre elle les grandes artères concerne essentiellement la frange encore très urbanisée qui entoure les vieux cours,
- au fur et à mesure qu'on s'éloigne du vieux noyau urbain se rencontre un système original d'impasses et passages, desservant habitats collectifs ou individuels et espaces de production.
Ces passages se trouvent généralement percés dans des séquences d’habitat construites à la fin du 19e ou au début du 20e siècle le long de larges avenues : ils donnent sur des espaces libres, cours ou jardins, de plus en plus souvent construits de garages ou de modestes villas.
Les impasses, parfois publiques mais le plus souvent privées, sont de plusieurs sortes. Dans les quartiers proches du centre, elles desservent généralement des bâtiments qui, situés en cœur d'îlot, abritent différents types d'ateliers ou lieux de production : l’impasse prenant sur la rive nord de l'avenue Victor Basch et celle longeant la façade est de l'ancienne Banque de France, avenue Maréchal Joffre, conduisent à des garages (section CL) ; sur le cours Bournissac (CK), une impasse privée conduit au vaste ensemble de la parcelle 364, groupant habitations, entrepôts et anciennes écuries. Les maisons d'expédition constituées de plusieurs bâtiments sont fréquemment desservies par une impasse privée. Le cas le plus fréquent est cependant celui d’une impasse distribuant une ou plusieurs habitations généralement orientées au sud : impasse prenant dans l’avenue Edouard Herriot dont un portail situé à l'entrée accentue le caractère privatif; impasse située à l’angle des rues de la Durance et Célestin Mouret ; traverse des Casernes prenant dans l'avenue de Verdun ; impasse qui, s'ouvrant par un portail sur l’avenue de Stalingrad, dessert un ensemble maison-magasin de commerce, etc... Il faut enfin signaler que de nombreuses voies portant le nom de rue ou boulevard, notamment dans les quartiers urbanisés autour des années 1930, ne sont autres que des impasses : rue Paul Langevin (CE), rues du Docteur, Chabert et Honoré de Balzac dans le quartier du Cagnard (CI), boulevards Agnély et Beausoleil (CM).
Depuis quelques années, l’urbanisation de la ceinture extérieure des faubourgs qui se fait surtout sous la forme de lotissements concertés délaisse ce système d’impasses qui, s'il ne correspondait pas à un schéma vraiment urbain, présentait au moins l’avantage d’une disposition régulière du bâti. Aujourd'hui, une organisation de l'espace toute différente consiste à faire serpenter au cœur de vastes résidences une ou plusieurs circulations au tracé en boucle, parfois même en spirale, qui n'ont pas d'autre but que de permettre à chacun de joindre son logement (lotissements de Boscodomini en CH " des Hautes-Arcoules en BZ, du Clos du bon puits et du Ratacan en BT...) ; autour de cette trame, le parcellaire connaît un découpage arbitraire qui, obéissant à une volonté d’individualisation de l’habitat, ne se conforme à aucun plan d’orientation bien défini. De tels aménagements posent un problème de redéfinition de la voirie : celle-ci n'a plus vocation à faire communiquer entre eux les différents quartiers des faubourgs, mais seulement à desservir de vastes ensembles d'habitation qui, tout en étant juxtaposés les uns aux autres, n'en sont pas moins isolés et comme clos sur eux-mêmes. A long terme, cette évolution pourrait s'avérer négative : dans l'hypothèse d’une nouvelle extension de la ville et donc de l'incorporation de la ceinture actuelle des lotissements, un plan d’urbanisme s'imposerait nécessairement, qui verrait la réintroduction de structures urbaines aujourd'hui niées et en premier lieu d'un réseau de communication logique et efficace.
Seule la partie située à l’extrémité sud de la ville et construite à partir des années 1930 échappe aujourd'hui à ce phénomène de désintégration des structures urbaines : dans le quartier des Grands Jardins (CI et CE) la conciliation s'est faite entre un habitat pavillonnaire et un tracé rigoureux d'avenues entre lesquelles se dessinent clairement des îlots à la parcelle irrégulière. D'une texture plus dense, la partie nord du quartier Boscodomini (CD) urbanisée dans les mêmes années fut aménagée de manière originale : caractère demi-urbain des boulevards sur leur rive nord par une succession de jardins citoyens, sur leur rive sud d'un alignement continu de pavillons mitoyens. Le même système se retrouve dans la partie méridionale de la section CE située à proximité, autour des avenues Fouquet et Bougnas Véran.
4. Les activités
L'urbanisation des faubourgs de Cavaillon est un phénomène relativement neuf qui explique d'ailleurs leur réunion récente à la ville : en effet la démolition des remparts qui ne présentait pas un caractère d’absolue nécessité ne fut achevée qu'en 1907. Sur le plan de la fin du 18e siècle signé par Michel Jouve, un très petit nombre de constructions est signalé en dehors du périmètre urbain : outre la Charité, les Capucins et les 2 moulins situés sur les canaux Crillon et Saint-Julien, ce sont seulement une demi-douzaine de maisons qui s’alignent le long des actuels cours Bournissac et Ernest Renan. Quelques 50 ans plus tard les choses ont peu évolué : le cadastre de 1832 indique un habitat légèrement moins clairsemé sur les cours qui ceinturent la vieille ville ; pour le reste le territoire des faubourgs est quasiment vierge exception faite des quelques établissements bordant le canal Saint-Julien et des nombreuses fermes qui, établies dans les quartiers nord-est des Condamines, du Cabédan ou des Hautes-Ferailles, soit nous sont parvenues, soit ont été reconstruites.
En fait, on peut difficilement faire remonter l'urbanisation réelle des faubourgs de Cavaillon au-delà du dernier quart du 19e siècle. Cette urbanisation a connu 3 temps forts. Une première poussée qu'on peut situer entre 1890 et 1914 voit le débordement du centre-ville sur le périmètre extérieur des vieux cours : le quartier des Expéditeurs au sud, le quartier de la Gare à l'est, le quartier traversé par le canal Saint-Julien au nord (section CM) prennent leur actuelle configuration. La période de l’entre-deux-guerres se caractérise par un dé placement de la ville vers le sud : après la construction de la digue de la Durance les quartiers du Cagnard et des Grands Jardins, jusque-là inondables, se construisent et affirment leur vocation surtout résidentielle. Depuis les années 1960 enfin, l’extension se fait le long des axes nord et est : zones d’habitation et de production au périmètre bien dé fini viennent renouveler un espace jusqu'alors essentiellement rural, n'ayant connu qu'une faible implantation industrielle autour du canal Saint-Julien.
La répartition des activités, qu'une cartographie permet de mieux cerner, détermine pour les faubourgs de Cavaillon 3 zones en partant du centre-ville :
- un premier secteur franchement urbain, qui rassemble l'ensemble des activités socio-professionnel les caractérisant la ville, entoure les cours Bournissac, Victor Hugo, Gambetta : sections CK, CE, CL et partie méridionale de CM,
- une seconde ceinture déjà moins urbaine comprend des zones d'habitat alternant avec des zones de production ; elle s’étend sur les sections cadastrales CI, CH, CD, CM (partie nord J, CN, BY, BZ, CO et partie nord de AZ (partie située au pied de la colline Saint-Jacques),
- enfin les sections BT, BX et AX encore complètement rurales il y a peu de temps commencent à être grignotées sur leur frange occidentale par des lotissements et des équipements.
C'est au tour des activités du marché et de l'expédition que s'enclenche dans la seconde moitié du XIXème siècle le processus d'urbanisation du faubourg de la Tour Neuve ; faubourg qui en retrait des places François Tourelet du Clos, du cours Bournissac, devient le quartier des expéditeurs. En façade il présente outre quelques demeures bourgeoises (CK 1094, 346, 385) un ensemble d’immeubles dont les rez-de-chaussée abritaient les nombreux cafés du marché, les marchands d’emballages ou de fournitures pour expéditeurs. D'autres aménagements étaient liés au marché :
- les écuries qui à l’angle de l’avenue de Stalingrad et du boulevard Crillon occupaient la vaste parcelle 492 ; celles qui sont encore visibles en bordure orientale de la parcelle 364,
- des fabriques d’emballages : fabrique Jacquet sur l’avenue Vidau, aujourd'hui reconstruite en immeuble à appartements (parcelle 845) ; fabrique dont les entrepôts sur la parcelle 364 entourent toujours les 3 côtés d'une cour accessible par une impasse privée depuis le cours Bournissac (en bordure de l’impasse une remise revêtue d’un lambris extérieur ouvragé semble avoir appartenu à l’ensemble).
Cours Bournissac, maisons, immeuble.
Aujourd'hui de nombreux cafés, commerces et fabriques pour expéditeurs ainsi qu'un certain nombre de maisons d'expédition ont cessé leur activité. Bordé par un jardin public que longe l'avenue du Cagnard, le quartier a désormais surtout une vocation d'habitat : maisons ouvrières, pavillons soignés, immeuble récents s'y juxtaposent ; un secteur résidentiel s'y est développé dès les années 1930 autour du boulevard des Acacias et de la rue du 8 mai 1945. Sur sa façade nord les commerces se sont diversifiés. Le Bazar du gaspillage, grand magasin du début du siècle (parcelle 1097) est actuellement désaffecté. S'ouvrant sur l’avenue Jean Jaurès une ancienne ferme atteste avec celle conservée impasse Descartes (CI, 55) l'ancienne diversité de ce quartier qui englobe la frange bâtie au pied de la colline Saint-Jacques en bordure du cours Carnot et la partie nord de la section CE.
A l’est du centre-ville, les sections CL et CM (portion comprise entre le cours Gambetta et l'avenue Véran Dublé) présentent un caractère plus urbain encore : dynamisés par la traversée de la route d’Orgon à Avignon (la nationale 538 suit en effet les cours Gabriel Péri, Victor Hugo et Gambetta) et par la présence de la gare, ces quartiers ont une activité économique plus variée et surtout moins dépendante du marché et de l'expédition ; quelques rares entrepôts commerciaux, dont celui situé rue Pomme d’Or, ont généralement été reconvertis. Dans le quartier de la gare la plupart des immeubles construits au début du XXème siècle pour abriter des maisons de commerce sont devenus le siège de bureaux: sur l’avenue Maréchal Joffre notamment se succèdent notariats, agences immobilières, compagnies d’assurance, etc. ; l’immeuble du Bitter Africain, construit vers 1885 pour abriter la fabrication et la commercialisation de l’apéritif qui lui a donné son nom, est l’un des rares bâtiments à abriter encore une activité commerçante.
Le caractère artisanal et industriel qu'avait autrefois ce secteur tend au contraire à s'effacer :
- Le long du canal Saint-Julien ne restent que des vestiges de la filature Guende ; le moulin Saint-Julien n'existe plus et seule la minoterie Cari toux (CM 74) reste en activité.
- Les 2 grands garages des années 1930, le garage Mattéi et celui situé rue Pomme d’Or sont aujourd'hui désaffectés.
- Sur la route des Courses l’ancienne usine Vinatie a été démolie au début de 1987.
En revanche la vocation commerçante du quartier ne cesse de s’affirmer : sa façade sur les cours présente un alignement continu de boutiques. On y note aussi la présence de nombreux établissements bancaires : Crédit Agricole (ancienne Banque de France) sur l'avenue Joffre Caisse d’Epargne sur la place Gambetta; Société Générale et Banque Populaire sur le cours Gambetta.
Traditionnellement présentes dans ce quartier, les activités de lois bien qu'encore nombreuses connaissent un certain recul ; cafés, hôtels, restaurants, cinémas s'intercalent toujours entre les boutiques mais les établissements les plus prestigieux ont disparu parmi lesquels on peut mentionner :
- sur la place Gambetta le Grand Hôtel Moderne dont l’immeuble abrite aujourd'hui une banque,
- l’Hôtel de la Pomme d'Or détruit vers 1910, sur l’emplacement duquel fut bâti l'immeuble de la Société Générale et percée la rue de la pomme d’Or,
- le Grand Café d'Orient sur le cours Victor Hugo dont aucun élément de décor n'est conservé dans la boutique qui l'a remplacé ; au premier étage de l’immeuble se trouve toujours le Billard Club ; au rez-de-chaussée l'arrière-salle faisait office de théâtre et de casino,
- le Grand Café Moderne dont l'immeuble situé à l'angle de la place Gambetta et de l'avenue Abel Sarnette abrite toujours un restaurant au premier étage.
Sont conservés :
- sur le cours Gambetta l’Hôtel Toppin, ancien Grand Hôtel Arnaud,
- le cinéma La Cigale,sur l'avenue Joffre qui était autrefois le music-hall de la ville,
- le Café La Fourmi, autrefois Guibert, sur la place Gambetta.
La création toute récente du Centre Culturel à proximité de la gare (CL 48) semble marquer la volonté de redonner à ce quartier une part de l'animation qu'il avait lors que fonctionnait l'ensemble de ses salles de spectacle : le cinéma situé sur le cours Gambetta (CM307) toujours en activité ; les 2 cinémas-salles de spectacle du cours Victor Hugo et de l'avenue Maréchal Joffre (CL 237 et 92).
Pour en finir avec le chapitre des loisirs tout en sortant des quartiers jusqu’ici étudiés il faut mentionner l’implantation dans les années 1970 d'une Maison de la Jeunesse et de la Culture (CN 65) sur l’avenue du Général de Gaulle, c’est-à-dire dans un quartier neuf mais encore à proximité du centre-ville autour duquel se regroupe l'ensemble des institutions culturelles. Les équipements à caractère sportif traditionnellement implantés dans les faubourgs sud continuent de s'y développer :
- dans le quartier du Cagnard se trouvent les anciennes arènes (CI356), le boulodrome (CK 871), le stade Pagnetti (CI 162) construit dans les années 1950 sur les terrains de l'ancienne propriété Guende,
- dans le quartier Boscodomini un centre nautique (AX 2) a été récemment construit au nord- ouest de l'hyppodrome (AX 162)* établi au début du 20e siècle en bordure de la route de Cheval -Blanc.
Isolé, le stade municipal des Ravaou (BX 749) est implanté au cœur des faubourgs est de la ville, zone des lotissements récents de la Clède et des Hautes-Ferailles.
Au-delà de la zone encore très urbaine précédemment étudiée, les faubourgs présentent 3 secteurs bien caractérisés.
Cours Gambetta, banque (ancien café), vue d'ensemble.
Au nord, traversées par la route d’Avignon, les sections CN, CO et la partie septentrionale de AZ qui s’étirent au pied de la colline Saint Jacques constituent la zone industrielle de Cavaillon. La présence du canal Saint-Julien y a logiquement favorisé dès le 19e siècle la formation d’un tissu industriel : un maigre patrimoine est par venu jusqu'à nous se signalant surtout par les 2 hautes cheminées en brique des anciennes tanneries Chabaud (CN 54) d’une part, d’une ancienne conserverie de tomates d’autre part (CN 15). Les établissements plus récents consistent en un grand nombre d’ateliers (pour la plupart des garages), d’entrepôts commerciaux (parmi lesquels ne figurent que 2 maisons d’expédition) enfin d’entreprises de matériaux divers, d’électricité, etc. Entre ces bâtiments professionnels, s'intercalent quelques modestes pavillons généralement construits autour de 1960-70, mais surtout un grand nombre de résidences : notamment le groupe des Condamines, premières habitations à loyer modéré construites à Cavaillon ; la résidence du Docteur Ayme (CO), plus grosse concentration de logements; collectifs de la ville. Tout en constituant un secteur d'activités essentiel, cette zone présente du point de vue du parcellaire une texture relativement lâche: les ensembles professionnels ou habitats étalent le long de larges avenues ; dans les résidences importance des espaces collectifs, enfin le cimetière établi dans le quartier des Condamines au milieu du XIXème siècle et plusieurs fois agrandi depuis constitue une enclave non négligeable.
Malgré la condensation de la quasi- totalité des bâtiments industriels dans ce quartier nord, on note l'implantation précoce de quelques entreprises dans d'autres secteurs de la ville : sur l’avenue Albin Durand (SY 206) usine des années 1930 aujourd'hui convertie en coopérative sur l’avenue Germain Chauvin (CD 124) une ancienne usine d'engrais, remarquable par sa couverture voûtée en béton et construite à la même époque, abrite actuellement une fabrique de pneus. A proximité d'autres établissements aujourd’hui démolis (usine Vinatie sur la route des Courses usine de bois Pape sur l'avenue du Pont, CD 20) ont donné à ce quartier sud-est de la ville une vocation économique importante récemment confirmée par l’implantation du Marché d’Intérêt National.
Au Midi, accessible par l'avenue du Cagnard, le quartier des Grands Jardins comprenant la section CI et la partie sud de la section CE était exclusivement constitué jusqu’à son urbanisation à partir des années 1930 de jardins potagers régulièrement distribués de part et d’autres de rues axées nord-sud. Tout au long de ces voies de petits canaux d'irrigation, dont certains sont encore visibles (notamment à l'allée Guende), permettaient l'arrosage des jardins. Au centre des potagers se trouvait généralement un cabanon : parfois une simple cabane à outils mais souvent aussi une pièce aménagée constituant un habitat temporaire. L'urbanisation qui se poursuit encore aujourd'hui si est faite dans le sens d'un habitat pavillonnaire lotissements modestes comme celui construit en 1933 en bordure de l'avenue du Cagnard, maisons plus cossues s'ouvrant au sud sur un jardin relativement important dans le secteur des boulevards Sébastiani et Léon Colombier. Malgré une vocation d’abord résidentielle, toute activité économique n'est pas absente de ce quartier : elle se compose pour l'essentiel de maisons d'expédition et à l’extrémité nord-est d'un ensemble d'ateliers s'ouvrant sur l’avenue Berthelot et l'impasse Lavoisier.
Au Nord-Est les faubourgs du Ratacan, des Basses et des Hautes Ferrailles, du Jas constituent le vieux secteur agricole de la ville les fermes, qui pour la plupart figurent déjà sur le cadastre de 1832, y sont encore nombreuses ; elles ont toutes la même orientation au Midi et s'ouvrent généralement sur de vastes prés. Néanmoins, le pays rural tend à s'effacer devant la construction massive de lotissements concertés qui dans l'ensemble ne remontent pas au-delà de 1980 (seul l'ensemble compris entre les avenues des Romarins et Raoul Follereau, BX 34 à 56, appartient aux années 1960-70). Ils s'accompagnent de l'implantation de groupes scolaires importants qui, tel celui du Ratacan apparaissent comme des points de repère dans le processus d’extension de la ville.
Cette extension amorcée dans les années 1960-1970 a d'abord intéressé les faubourgs de la Clède et des Arcoules, situés légèrement plus au sud (sections BY et BZ). Ces quartiers avaient déjà connu un début d'urbanisation : quelques immeubles (immeubles à logements) bordant le départ des avenues René Coty et Albin Durand y marquaient les limites de la ville 1900 ; de nombreux pavillons furent construits pendant la période de l’entre-deux-guerres. Depuis une trentaine d'années sont venus s'y ajouter villas individuelles ou petits immeubles d’habitation, lotissements concertés, résidences d’habitations à loyer modéré. Si ces secteurs ont perdu leur caractère rural, pourtant on y note toujours la présence de nombreux prés (BY 636, 422, 423, 18 2, 187, etc.) et même d'une ferme toujours en activité à l'extrémité de la rue Louis Gassin.
5. Le Paysage urbain
On ne peut parler de paysage urbain au sens strict du terme que pour la partie des faubourgs ceinturant la vieille ville. Le paysage qui s’y est composé dans le dernier quart du 19e siècle et dans premières années du 20e siècle a peu évolué : certes, de nombreuses marquises ont été supprimées pour laisser place à des devantures de boutiques plus modernes ; d'autre part quelques immeubles ont été construits, notamment dans les années 1930, généralement pour abriter banques ou administrations (cf. immeuble de la poste, sur le cours Bournissac, parcelle 1000). Ces quelques innovations n’ont pas altéré l’homogénéité d’alignements bien caractérisés selon leur situation topographique.
Ainsi les immeubles implantés le long des rives sud du cours Bournissac et des cours Victor Hugo et Gambetta, se sont-ils élevés en harmonie avec ceux qui constituent la façade extérieure de vieux centre urbain. Les gabarits y sont généralement de 3 niveaux et en moyenne de 3 travées. Le décor d'architecture, se détachant en pierre sur des murs enduits, consiste essentiellement en bandeaux et corniches, pilastres d'angle à refends, cadres moulurés autour de baies sommées d'une clé, le plus souvent en pointe de diamant ; un balcon à rampe en fonte ou ferronnerie souligne parfois l'étage noble ou la travée médiane des maisons ; les portes, fréquemment précédées d'un degré, comportent généralement un cartouche sculpté et une imposte en ferronnerie au-dessus de la menuiserie. L’unité de ce décor ne doit rien à un parti général, mais correspond plutôt à la répétition en chaîne de quelques modèles, à l’origine desquels se trouvent vraisemblablement les 2 ou 3 entrepreneurs cavaillonnais auteurs des rares ensembles urbains des faubourgs.
A la charnière des 19e et 20e siècles, Charles Vidau a participé à la plupart des chantiers importants de la ville : outre la construction de demeures bourgeoises sur les cours (villa Popoli 283 cours Sadi Carnot, maison 164 cours Bournissac) il fut associé au réaménagement des terres-pleins entourant l’art monumental de la place du Clos, à la construction de l’immeuble du Crédit Lyonnais. On lui doit 2 ensembles urbains également situés sur le tour de ville : celui encadrant l’entrée de la rue Raphaël Michel avec façade sur la place du Clos ; celui constitué par les 2 maisons qui, établies sur les parcelles 1245 et 999 en bordure du cours Bournissac, encadrent une impasse privée. Bien que de proportions différentes, les façades de ces maisons sont identiques dans leur composition ; le décor est le même, consistant en bandeaux délimitant les niveaux, cadres moulurés des baies avec clés en pointe de diamant, et crossettes seulement sur le niveau médian. Cependant la ressemblance s'arrête au décor ; la maison de la parcelle 1245, d’une superficie double et construite par Vidau pour lui-même, a fait l’objet d’un traitement privilégié : la façade est en pierre de taille tandis que l’autre est simplement enduite.
Un autre ensemble de qualité se trouve sur le cours Victor Hugo. Il se compose des 2 immeubles qui encadrent l’entrée de la rue Emile Zola, percée en 1907 par Véran Dublé, entrepreneur auquel on doit également l’urbanisation du quartier situé à l’est du cours Gambetta, et compris entre le boulevard Agnély et l’avenue Abel Sarnette. Les immeubles du cours Victor Hugo se constituent de boutiques au premier niveau, seul celui de la parcelle 117 a conservé ses 3 devantures d’origine - et$ appartements au-dessus. Le vocabulaire ornemental comprend pour l’essentiel les éléments déjà cités pour les constructions de Vidau ; s’y ajoutent pilastres superposés à refends délimitant les travées, allèges de fenêtres ornées d’un décor d’applique en céramique, rampes en fonte des portes- fenêtres. Le traitement des 2 angles en pans coupés, sur lequel sont percées les entrées de boutiques, témoigne d’une volonté de composition du paysage urbain ; conception qui se retrouve identique à proximité, sur l’immeuble situé à l’angle de la place Gambetta et de l’avenue Abel Sarnette, probablement construit par le même entrepreneur.
Cours Victor Hugo, magasin Rayne, façade.
Au-delà des cours, le paysage est sensiblement le même si ce n’est qu’immeubles et maisons y présentent des façades moins ornées. Dans ces alignements monotones du début du XXème siècle s’insèrent quelques immeubles récents qui, malgré leurs 4 à 5 niveaux, s’intègrent dans le paysage sans faire rupture. Seule l’avenue Maréchal Joffre, construite pour l’essentiel entre 1900 et 1930 échappe à cette uniformité, en partie à cause de la diversité des bâtiments qui s’y juxtaposent sur 150 mètres : une banque, un cinéma, des maisons bourgeoises, enfin plusieurs immeubles ayant autre fois abrité des maisons de commerce et dont les façades ont fait appel à des styles éclectiques. A proximité, dans le quartier de la gare urbanisé autour de 1930l gabarit des constructions est déjà plus le même : les maisons, dont plusieurs furent construites par de Philippe (l’entrepreneur cavaillonnais en vogue pendant la période de l’entre-deux-guerres), se contentent généralement d’un seul étage au-dessus du rez-de-chaussée.
En effet, au-delà d’une zone intermédiaire où s’intercalent constructions à 2 et 3 niveaux (le boulevard Crillon par exemple), les alignements qui bordent les avenues et boulevards conduisant aux quartiers périphériques sont constitués de constructions à 2 niveaux ; les exemples sont nombreux : avenue de Verdun, avenues Berthelot et Charles Péguy, rue Paul Langevin et du Languedoc. Dès qu’on s’écarte de ces voies le paysage change radicalement. Ainsi, encore tout près du centre-ville, l’extrémité nord du faubourg du Cagnard (partie comprise entre la place François Taurelet et l’avenue Berthelot) présente-t-elle un aspect de banlieue : le long de rues étroites et dépourvues de trottoirs se juxtaposent pavillons du début du 20e siècle et d’autres tout récents ; des maisons remaniées dont on n’a pas même pris soin de traiter les façades pourtant exposées au regard des passants. Également proche de la ville, l’ancien faubourg de la Tour Neuve (partie nord de la section CE) est une zone peu caractérisée, dont le paysage, constitué d’habitations d’époques et de types différents, d’espaces de production, d’ateliers, ne présente aucune homogénéité.
Au contraire, dans les faubourgs sud urbanisés à partir de 1930 s’est constitué un bâti cohérent. Au sud-ouest, le quartier des Grands Jardins comprend presque exclusivement des pavillons isolés au centre de jardins. Au sud-est, sur les sections CH, CD, système original de villas mitoyennes qui présentent sur la rive sud des avenues une suite d’alignements à caractère urbain, sur la rive nord une succession de jardins conférant au paysage un aspect plus rural.
Bien caractérisée aussi, la partie nord des faubourgs présente depuis le début de l’avenue Georges Clémenceau un paysage industriel traditionnel, encore dominé par quelques cheminées en brique de la fin du XIXème siècle, et dans lequel se juxtaposent maisons ouvrières ou résidences d’habitations à loyer modéré, usines, entrepôts, garages, etc.
Enfin la périphérie des faubourgs, malgré les lotissements de plus en plus nombreux, est encore franchement rurale zone de prés et de cultures, parcourue de chemins ruraux et bâtie de quelques fermes.
C'est la colline Saint-Jacques qui a été le premier lieu d'habitat dès l'époque néolithique. La tribu celte des Cavares vint ensuite y établir un oppidum dont les relations commerciales avec Massalia (Marseille) sont attestées par de nombreuses pièces de monnaie trouvées sur ce site. Le nom de Cavaillon à l'époque des Cavares, Cabaillon ou Cabellio devient Cabellio civitas avec l'occupation romaine qui crée une nouvelle ville au pied de la colline, dont le seul vestige visible est l'arc (on ne connaît presque rien de la ville romaine). Après la période des invasions barbares, Cavaillon passa successivement dans le domaine des rois de Bourgogne, des comtes d'Arles et de Provence puis au 12e siècle sous la dépendance des comtes de Toulouse. Enfin elle devint partie intégrante du Comtat Venaissin annexé à la France en 1791. Cité épiscopale depuis le 4e siècle, la ville conservera ce titre jusqu'à la Révolution. La ville possédait de nombreuses maisons religieuses, 3 confréries de Pénitents et comptait parmi les 4 communautés juives du département. La renommée de la ville tient essentiellement à son activité agricole. La fertilité de cette région est due à la présence des eaux de la Durance (dont le droit de déviation pour les riverains remonte à 1171) et à un important système d'irrigation perfectionné au 19e siècle. Cavaillon, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Apt, comptait 7431 habitants en 1857, 14831 en 1961 et 21530 aujourd'hui. Au 19e siècle s'est développé un intérêt pour le sud, qui a transformé sa physionomie : les abords de la ville sont soignés, les places se constituent avec des éléments marquants ; époque également de deux opérations d'urbanisme : création du passage Vidau et d'une partie de la rue Joseph Guis.
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Période(s)
- Principale : Néolithique
- Principale : Antiquité
- Principale : Moyen Age
- Principale : Temps modernes
- Principale : Epoque contemporaine
La ville, à l'extrémité sud/sud-ouest du département de Vaucluse est située au bord de la Durance et s'est entièrement développée sur un site de plaine. Le centre ancien est délimité par les cours Renan, Gambetta, Victor-Hugo, Bournissac et Carnot. Il est possible que le noyau cathédral se soit développé au-delà des limites de la ville antique. Les quelques documents figurés semblent indiquer que la ville a dû avoir très tôt sa configuration actuelle. Un dessin du 16e siècle paraît renvoyer aux mêmes éléments que le plan de 1788. On distingue nettement sur ce plan le tracé des remparts qui ont disparu définitivement en 1908. Les grands axes se sont maintenus au 19e siècle (Grand'Rue, Michelet, République et Joseph-Guis) mais les axes perpendiculaires se sont multipliés et on assite au début du 20e siècle à la création d'un nouvel axe nord-sud de la rue Pasteur à la rue Aimé-Boussot. Les principaux édifices de la ville (hormis la synagogue, plus marginale) sont liés à ces axes et à ce centre. La caractéristique de son plan est l'absence d'un centre et d'un schéma directeur, peut-être par la dilution progressive d'un tracé trop ancien (antique) et faute d'un regroupement urbain bien défini autour d'un pôle d'attraction. Les anciennes portes correspondent à de grands carrefours : Avignon au nord, vers Apt à l'est, vers la Durance et les Bouches-du-Rhône au sud ; un grand nombre d'impasses se rencontre partout dans la ville. Les places sont toutes localisées dans la partie sud de la ville ; comme dans la plupart des villes provençales, les places apparaissent comme des espaces résiduels et restent modestes, résultant de la démolition de maisons ou d'îlots entiers et non d'un programme urbain précis. Seules quelques unes sont des créations volontaires : la place Voltaire et les deux places particulières que sont les places à vocation commerciale encadrées de deux rangs de maisons sur galeries ouvertes. Aucune ne présente de composition architecturée mais toutes sont plantées d'arbres (platanes). Le tissu urbain est dans l'ensemble plus dense autour de l'emplacement des portes de la ville. La ville compte 41 îlots, de forme et de taille très irrégulière, dont les parcelles petites ou grandes peuvent cohabiter ; le milieu bâti est aéré par d'assez nombreuses cours et quelques grands jardins. Les principaux édifices publics et religieux sont localisés dans la partie ouest de la ville. La partie sud connaît le plus grand nombre de commerces, absents des îlots résidentiels du quart nord-ouest ; cette activité s'est déplacée vers le sud-est par la suite en raison de la création de la gare.
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Statut de la propriétépropriété privée
- (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
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Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.
Opératrice de saisie Inventaire.
Chargée d'études documentaires DRAC/CRMH. 1er quart 21e siècle.