Dossier d’œuvre architecture IA84000462 | Réalisé par ;
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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  • inventaire topographique
hôtel de Crillon puis immeuble à logements
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Cavaillon - Cavaillon
  • Commune Cavaillon
  • Adresse rue du Commerce
  • Cadastre 1832 G1 560  ; 1982 CK 554
  • Dénominations
    hôtel
  • Appellations
    hôtel de Crillon
  • Destinations
    immeuble à logements

HISTORIQUE

Une plaque apposée sur la façade principale donne le nom de cette demeure et signale qu'y est né Joseph d'Ortigue en 1802.

DESCRIPTION

Situation

C'est une demeure qui borde une des principales rues commerçantes située au centre de la ville.

L'hôtel s'étend sur la majeure partie nord de l'îlot 60.

Composition d'ensemble

Le corps de bâtiment est entièrement massé sur la rue où il pré­sente une large façade ; jardin et cour sont au sud, séparés des mai­sons voisines, à l'est et à l'ouest par des murs de clôture, au sud par un b8timent étendu ayant servi de communs.

Actuellement la demeure est partagée en deux logements à l'ouest, à l'est que sépare, côté cour, un mur mitoyen. Les appartements se chevauchent au rez-de-chaussée et au premier étage.

Sur le cadastre napoléonien la parcelle est plus étendue vers l'est alors qu'il s'agit visiblement d'une autre maison. On accède à la cour par un passage à l'extrémité ouest. Au sud du premier étage s'étend une première terrasse à laquelle mène un escalier droit extérieur placé contre la maison voisine (p. 558 à l 'est et au deuxième contre la partie ouest.

Matériaux

Murs en matériaux et appareil non déterminés, recouverts d'un en­duit frotté neuf. Encadrements de baies en pierre calcaire blanche fine. Escaliers en vis de (A) et escalier de (B) en pierre calcaire. Bâtiment des communs en moellons avec encadrements de baies et es­calier en pierre de taille calcaire coquillier jaune.

Structure

On se trouve en présence d'une structure complexe où l'on peut d'emblée reconnaitre une trame profonde qui se développe d'est en ouest sur six travées de quatre mètres environ.

- la première travée (à l 1 est) est double en profondeur et abrite en son centre un grand escalier.

- La deuxième et la troisième sont doubles en profondeur, la partie antérieure (Al) étant commune aux deux travées.

- La quatrième est triple en profondeur.

- La cinquième est double en profondeur. Entre la quatrième et la cinquième, en arrière de la partie antérieure commune se trouve un escalier en vis.

- La sixième, plus étroite que les autres, sert de passage vers la cour qui s'étend au sud. L'ensemble n'a qu'un étage carré sur le rez-de-chaussée et un éta­ge à surcroît.

On a appelé (A) les parties qui paraissent les plus anciennes et (B) tout ce qui y a été ajouté. Ainsi est inclue dans la partie (A) la pièce sur rue (A4) qu'entoure le mur-maître délimitant cette par­tie ancienne.

Façade, détail : croisée du deuxième niveau avec blason.Façade, détail : croisée du deuxième niveau avec blason.

Élévations extérieures

- Élévation antérieure : les trois niveaux sont couronnés par des chevrons de bois différents dans les parties est et ouest.

- Partie est : à côté d'une vitrine moderne entourée de carreaux de céramique se trouve la porte à encadrement mouluré et sculpté, pos­sédant une imposte en verre et fer forgé. Le deuxième niveau comprend une fenêtre à encadrement chanfreiné, appui mouluré et corniche et une croisée à meneau, croisillon et lar­mier couronnée par un blason. Au dernier niveau seule la baie de gauche a un encadrement de pierre.

- Partie ouest : la majeure partie du premier niveau est occupée par une large vitrine de marbre gris ; une porte en anse de panier dont l'arc est mouluré ouvre le passage à l'extrémité ouest. Au deuxième niveau on trouve une croisée et une demi-croisée murée reliées par un larmier retourné et au troisième deux fenêtres à en­cadrement chanfreiné.

- Elevation postérieure sur cour : à l’ouest (c'est-à-dire d'un côté du mur mitoyen) n'appartient qu'une travée sur trois niveaux avec une porte-fenêtre, une fenêtre et une lucarne. La tourelle d'escalier n'est plus visible extérieurement et a perdu son couronnement. A l'est, sur trois niveaux également, les deux travées sont consti­tuées d'une porte-fenêtre et d'une fenêtre, de deux fenêtres et d'une lucarne. Au centre du deuxième niveau, il y a un cadran solaire daté 1843 ou 1848. Sur l'ensemble de la façade toutes les baies sont iden­tiques, en forme d'arc segmentaire, sauf les lucarnes ; les fenêtres du deuxième niveau ont un appui mouluré. Le couronnement est constitué par une génoise à deux rangs.

Couverture

Combles non visités. Toiture à deux pans. Tuiles creuses.

Distribution intérieure

- Ouest (A) : au rez-de-chaussée une seule grande pièce sur rue est occupée par un commerce. En fond de boutique une porte ouvre sur l'escalier (1) en vis sur noyau de pierre tournant à gauche qui pré­sente une surépaisseur du noyau à partir de la quatorzième marche. On compte 16 marches jusqu'à la première marche palière orientée vers le nord. A ce niveau une fenêtre éclaire l'escalier côté cour. Ses marches sont recouvertes de carreaux de céramique jusqu'au premier étage et sont en pierre au-delà.

Contre le mur-maître (entre (A2) et (A3) au premier étage) une porte conduit, vers le sud, à deux pièces (cuisine et salle à manger, celle-ci ouvrant par une porte-fenêtre sur la cour et possédant un décor mural et plafonnant de gypserie ainsi qu'une cheminée de marbre gris).

Depuis la cuisine on accède à un escalier (2) tournant vers la droi­te en une volée, aux marches étroites et hautes recouvertes de car­reaux de céramique.

- Premier étage : à partir de l'escalier (1) la marche palière au nord débouche sur une porte murée à encadrement chanfreiné. A la dix septième marche une porte ouvre à l'ouest sur quatre pièces (A5 àA8) ; A5 donne sur une terrasse.

L'escalier (2) conduit à deux grandes pièces dont la première est partagée par une cloison (Al - A2) ; la deuxième (A3) éclairée par une croisée sur la rue se trouve sur la partie est du rez-de-chaussée. Elle communique avec les autres pièces de (B), possède une cheminée en plâtre à hotte moulurée avec un décor en relief doré sur fond blanc. Le plafond est à solives apparentes, le sol en carreaux de céramique rouge. La pièce (A4) séparée de (A3) par une cloison est accessible par l'escalier est ; elle ouvre sur la rue par une fenêtre rectangu­laire à encadrement chanfreiné.

Sur le palier du premier étage, l'escalier (2) est relayé par un nouvel escalier (4) tournant vers la gauche autour d'une vis hélicoï­dale avec le même type de marches.

- Deuxième étage : l'escalier (1), 14 marches après le premier étage, ouvre à nouveau sur une porte murée au nord et deux marches après sur des pièces à l'ouest avec une fenêtre sur cour. Dans la pièce au­ dessus de (A5)apparaît le larmier couronnant la tour d'escalier en vis avec l'emprise d'une gargouille sciée.

Les combles accessibles par l'escalier (4) n'ont pas été visités.

- Est (B) : le rez-de-chaussée est également occupé par un commerce s'étendant jusqu'à la cour dans une pièce couverte de solives apparentes. L'escalier est placé au bout d'un couloir, contre la cour ; la cage est éclairée par une grande baie ouvrant sur la terrasse. Sous la volée de droite, un passage et une porte conduisent à la cour.

C'est un escalier de pierre tournant à droite autour d'un jour rec­tangulaire en trois volées droites jusqu'au premier étage. La première volée de 8 marches est recouverte de ciment, les autres sont en pierre. Le plafond est orné d'une corniche moulurée et d'une rosace cen­trale en gypserie. Sur le palier un autre escalier, droit, conduit au deuxième étage (non visité). La pièce (B1) du premier étage est aveugle ; entre (B1), (B2) et (B3) se trouvent deux réduits identiques. En (B2) se trouve une cheminée de brèche rouge, en (B4) une cheminée de marbre gris.

Porte principale.Porte principale.

CONCLUSION

Il s'agit ici d'une demeure exceptionnelle par sa taille, son an­cienneté et les éléments de décor et de structure qui la composent.

L'examen de son plan révèle avant tout la présence de ce qui pourrait être la trame parcellaire ancienne, la demeure s'étant constituée par additions successives. Cette trame reste ici très lisible au travers des modifications de distribution qui se sont calées sur un rythme constant de 4 mètres environ.

L'édifice le plus ancien se compose des parties (Al), (A2), (A3), (A4). La structure du plan montre qu'il y a eu à l'origine un corps de bâtiment (A2 - A7 - A8) (partie droite de la façade) desservi, au centre de sa façade sur cour, par une tourelle d'escalier en vis hors-œuvre. L'entrée de la demeure a disparu avec la création du commerce ; deux solutions se présentent : soit l'entrée se trouvait en façade avec une communication intérieure vers l'escalier ; soit la tourelle avait une porte d'entrée sur la cour à laquelle on accède toujours par le portail ouvrant en (A8).

Par la suite on construisit (A5) (qui masque la corniche de la tou­relle au deuxième étage) et (C). Le problème que pose (A3 - A4) ne peut être résolu en l'état actuel de l'édifice : on ne peut savoir s'il s'agit d'une demeure indépendante qui aurait possédé son propre escalier (en vis ?) ; mais alors pour­quoi aurait-il disparu ? Par ailleurs il est possible que nous ayons là un simple agrandissement de la demeure précédente, ce qui explique­rait l'absence d'escalier mais pas les différences de hauteur sous pla­fond au premier étage entre (Al) et (A2). Ces deux parties sont de toute façon proches chronologiquement, aux alentours de 1500 :(A2 - A7) à la fin du XVe siècle ; (A3) au tout début du XVIe siècle (fenêtres individualisées ; fenestrons de la façade avec une corniche d'esprit classique). Quant aux autres parties, elles sont venues s'ajouter au début du XVIIIe siècle, soit directement sur les cours qui s'étendaient au centre de l'îlot, soit sur un substrat déjà occupé anciennement, ce qui expliquerait facilement la trame régulière. La porte d'entrée est une des plus belles de Cavaillon.

Rappelons qu'une des particularités les plus remarquables de cette demeure est de présenter sur la rue une série de croisées du XVIe siècle liées à l'existence d'un escalier à vis puisque dans tous les autres cas de maisons de même époque à Cavaillon ont disparu soit l'escalier (ex. Hôtel Place aux Herbes, le seul à posséder le même type de baies), soit l'élévation sur rue, les baies conservées étant côté cour (ex. Hôtel rue Poissonnerie. De plus la croisée de la partie (A3) est la seule avec la tour du deuxième hôtel place Philippe de Cabassole à présenter un blason sculpté celui-ci étant certainement celui de la famille de Crillon au sujet de laquelle nous n'avons trouvé aucun document historique.

ANNEXES

Sur la plaque de marbre blanc est gravé :

ANCIEN HOTEL DES CRILLON MAISON NATALE DE JOSEPH D'ORTIGUE LITTERATEUR, COMPOSITEUR CRITIQUE MUSICAL 1802 - 1866.

Demeure exceptionnelle par sa taille, son ancienneté et les éléments de décor et de structure qui la composent, constituée par additions successives, trame lisible au travers des modifications de distribution qui se sont calées sur un rythme constant de 4 mètres environ. Le noyau le plus ancien au centre, desservi par la tourelle d'escalier en vis hors-œuvre date de la fin du 15e siècle ou du début du 16e siècle. Les autres parties sont venues s'ajouter au début du 18e siècle, soit directement sur les cours qui s'étendaient au centre de l'îlot, soit sur un substrat déjà occupé anciennement, ce qui expliquerait facilement la trame régulière. La porte d'entrée est une des plus belles de Cavaillon. Une de ses particularités les plus remarquables est de présenter sur la rue une série de croisées du 16e siècle liées à la présence de l'escalier en vis, alors qu'ailleurs, soit l'escalier a disparu, soit elles n'ont été préservées que côté cour. Il n'y a pas de document historique concernant la famille de Crillon dont le blason figure sur la façade.

Corps de bâtiment entièrement massé sur la rue où il présente une longue façade. Jardin et cour au sud avec derrière un bâtiment de communs. Structure complexe qui se développe d'est en ouest sur six travées. Première travée double en profondeur avec le grand escalier ; deuxième, troisième et cinquième doubles ; la cinquième triple avec, entre elle et la quatrième, un escalier en vis ; sixième travée servant de passage vers la cour. Elévation sur rue hétérogène : entrée à gauche avec encadrement sculpté et imposte, vitrines de magasins au rez-de-chaussée, fenestrons et fenêtres à meneaux reliées par un larmier retourné vers l'ouest, lucarnes carrées sous l'avancée du toit, avec encadrement de pierre pour une seule d'entre elles. Sur la cour : une seule travée à l'ouest et à l'est sur trois niveaux avec porte-fenêtre et lucarne. La tourelle d'escalier n'est plus visible actuellement et a perdu son couronnement. La distribution intérieure a des communications complexes, avec trois escaliers : le grand escalier tournant à l'est avec rampe de fer forgé, qui ouvre sur des pièces dans trois directions différentes, l'escalier en vis qui distribue certaines pièces dans l'angle ouest, doublé par un escalier tournant qui ouvre sur la partie ouest de la façade. Beaucoup des pièces communiquent entre elles, sans couloir de dégagement. Certaines comportent un décor de gypserie mural et/ou plafonnant, avec une cheminée de marbre.

  • Murs
    • calcaire
    • enduit
    • pierre de taille
    • moellon
    • maçonnerie
  • Toits
    tuile creuse
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier en vis en maçonnerie
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour
  • Typologies
    tour d'escalier ; fenêtres à meneau
  • Techniques
    • sculpture
    • décor stuqué
  • Représentations
    • armoiries
  • Précision représentations

    Armoiries de la famille de Crillon sous le larmier de la baie de la troisième travée. Présence d'une plaque de marbre sur la façade : Ancien hôtel des Crillon. Maison natale de Joseph d'Artigue, littérateur, compositeur, critique musical, 1802-1866.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
Date d'enquête 1986 ; Date(s) de rédaction 2002
(c) Région Provence-Alpes-Côte d'Azur - Inventaire général
Fray François
Fray François

Conservateur du Patrimoine au service régional de l'Inventaire de Provence-Alpes-Côte d'Azur de 1968 à 2004.

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